Sans qu’elle ne s’y attendre, Tristan la lâcha et fit un pas en arrière, le regard affolé. Il avait toujours tendance à tout prendre au pied de la lettre et si ça amusait beaucoup Sloane de le chambrer elle ne voulait pas lui faire — vraiment — peur, et surtout elle ne voulait pas qu’il s’éloigne d’elle et qu’Edwin remarque qu’elle avait perdu son cavalier. Tristan ne le savait pas, mais il avait un rôle très important ce soir, il était son leurre, son bouclier et son épée, tout en même temps.
— Oui je suis sûre! Elle rattrapa ses mains et les reposa sur sa taille. Faut que t’arrêtes de tout prendre au pied de la lettre tu sais… Je suis sarcastique, j’ai un humour noir et cynique et j’aime mettre les gens mal à l’aise. Ça veut pas dire que tout ce que je raconte est vrai. Mon père ne casserait jamais les jambes de n’importe qui. Ian Fraser avait un air certes un peu bourru, il était un tant soit peu sur-protecteur, mais son tempérament était aussi calme que ceux de sa femme et sa fille étaient volcaniques. En réalité, Ian Fraser ne ferait pas de mal à une mouche et Evelyn Fraser, elle, ne mettrait jamais sa fille à la porte. Sloane gloussa alors que le petit vélo dans la tête de Tristan tournait à toute vitesse, se demandant si Sloane pouvait bel et bin se retrouver à la porte et commençant même à lui proposer ce qui semblait être comme un hébergement de fortune. Tristan Earnshaw était un ami rare, il avait le coeur sur la main, et quand il se rendit vraiment compte qu’elle se moquait — gentiment — de lui, Sloane éclata d’un rire cristallin.
La soirée aurait pu continuer ainsi, dans la légèreté mais l’intervention de cette Selene avait mis une toute autre ambiance et déjà, de nombreuses personnes commençaient à prendre leurs jambes à leur cou. Sloane proposa de s’éloigner mais Tristan semblait bien décidé à partir, des yeux il cherchait déjà sa grand-mère et elle comprenait qu’il veuille la mettre en sécurité. Cette dernière, non loin des parents de Sloane leur faisaient des grands signes et Sloane croisa le regard de son père. Un regard froid et déterminé qui lui indiquait que cette soirée était terminée. Sa mère s’était éloignée et se dirigeait vers Aspen, sans doute pour conclure la soirée de sa cousine aussi abruptement que la sienne. D’un signe de tête, elle obtempéra, sentant la main de Tristan tenir fermement la sienne.
— Oui, t’as raison. On y va. C’est Tristan qui mena la danse pour une fois, il tira fermement la main de Sloane pour l’emmener dans son sillage en direction de leur famille respective. Ils se frayaient tous les deux un chemin entre les personnes encore présentes, certaines affolées par les récents événements. Sloane se cogna à de nombreuses reprises contre les gens qui bougeaient en tous sens, s’agrippant fermement à la main de Tristan jusqu’à ce que ce contact soit brisé d’un coup par un groupe de personne. Sloane trébucha, donnant un coup d’épaule à un costume sombre et alors qu’elle tombait, déstabilisée par le choc, deux bras solides la rattrapèrent. Relevant la tête pour remercier la personne l’ayant rattrapé au vol, ses yeux se retrouvèrent perdus dans deux orbites bleues. Edwin.