Elle haussa un sourcil, vexée, lorsqu'Aaron lui répondit qu'elle lui avait enfoncé trois côtes, avant de lui donner une tape sur l'épaule, même si son petit sourire en coin ne lui avait pas échappé. Cléo n'avait toujours pas bougé lorsqu'il avait repris la parole, la questionnant sur celui qui avait bousculé Aaron, les faisant tomber tous les deux. Suivant le regard de son colocataire, la brunette tourna la tête vers l'auteur du méfait, fronçant les sourcils en reconnaissant le jeune homme dont Brooklyn lui avait parlé à peine quelques minutes plus tôt, celui qui avait osé la prendre pour une prostituée.

« -Non, laisses tomber. Il n'a sans doute pas fait exprès. Il a l'air aussi à l'aise sur ses patins que toi ! »

Lui répondit-elle, taquine, en lui lançant un regard entendu, avant de lui tirer la langue, et d'enfin consentir à se redresser lentement, puis à reprendre position sur ses deux pieds. Elle tendit ensuite sa main à son colocataire, fléchissant légèrement les genoux pour être sûre de ne pas tomber une nouvelle fois, déséquilibrée en voulant aider Aaron à se lever. Au final, ils furent bien vite debout tous les deux, tandis que Cléo réajustait son bonnet sur sa tête, et regardait tout autour d'elle, suivant du regard une Brooklyn qui fonçait comme une flèche vers elle ne savait qui. Et lorsqu'elle suivit sa trajectoire, ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle reconnu celui à qui elle devait offrir son propre cadeau. Ne le quittant pas des yeux, comme si elle craignait qu'il disparaisse subitement, Cléo ouvrit la poche de son manteau, récupérant à l'intérieur de celui ci le paquet qu'elle avait acheté pour l'un des habitants de Redwood-Hills. Le levant et l'agitant devant le nez de son meilleur ami, la brunette ne put s'empêcher de lui lancer :

« -Tu vois, c'est ça qui t'as enfoncé trois côtes ! »

Dit-elle en accentuant volontairement le « ça », lui faisant un clin d’œil, avant de s'éloigner en patinant vers celui dont elle avait tiré le nom quelques jours plus tôt. Un petit groupe semblait d'ailleurs s'être formé aux alentours de l'homme en question, ce qui m'était Cléo d'autant plus mal à l'aise quant à la façon qu'elle aurait de s'introduire au milieu de ces personnes. Elle patina donc jusqu'à arriver à hauteur de celui à qui elle devait faire son cadeau, celui-ci caché dans son dos, avant d'attirer l'attention de l'homme en question.

« -Euh Anton ? Bonjour, je m'appelle Cléo. C'est moi qui ai tiré votre nom pour cette histoire de cadeau. Alors...voilà, Joyeux Noël ! »

Commença-t-elle, d'une voix légèrement hésitante, avant de lui offrir un petit sourire, tandis qu'elle lui tendait un paquet enveloppé dans un emballage bleu foncé. Si ça n'avait tenu qu'à elle, Cléo se serait arrangée pour l'éloigner un peu du monde autour de lui, craignant un peu sa réaction. Désormais, le paquet était entre les mains d'Anton, et il était trop tard pour faire marche arrière. Elle l'observa l'ouvrir sans un mot, avant de reprendre la parole, comme si inconsciemment elle cherchait à se justifier.

« -Vous allez sans doute trouver ça cliché comme cadeau. Mais ce sont les aventures de ce Monsieur qui m'ont donné ma passion pour la lecture. J'adore ces nouvelles. Et quand j'ai vu votre nom, je me suis que je pouvais décemment pas passer à côté de cette opportunité de faire partager ses enquêtes ! »

Dit-elle dans un sourire, portant son regard sur le recueil de nouvelles de Sherlock Holmes, désormais dans les mains d'Anton. Elle avouait avoir eu un peu peur de sa réaction lorsqu'elle avait acheté le fameux livre en considérant le nom de famille du jeune homme, avant de se dire que son cadeau partait d'un très bon sentiment, et qu'elle ne voulait pas faire un trait d'humour, ou se moquer de lui. Les bras dans son dos comme une enfant, Cléo attendait patiemment la réaction d'Anton, sans pouvoir nier se sentir légèrement anxieuse.

Etalé par terre, et surplombé par Cléo, Aaron pestait contre ce malotru qui avait osé les bousculer. L'idée d'aller se venger en faisant valdinguer ce garçon sur la glace lui traversa l'esprit, mais sa colocataire l'en dissuada rapidement en le taquinant une fois de plus, le poussant à lui asséner une petite tape derrière la tête en faisant mine d'être vexé. Puis, tant bien que mal, les deux amis se redressèrent sous l'impulsion de Cléo qui servit de véritable grue à un Aaron toujours aussi empoté sur ses patins. Mais après quelques secondes, le jeune homme sembla prendre ses marques. Certes, il n'allait pas se lancer dans un tour complet de la patinoire tout de suite, mais il tenait au moins debout sans avoir besoin d'aide et c'était déjà ça. D'ailleurs, après une petite référence au "compliment" que lui avait balancé son ami un peu plus tôt, Cléo l'abandonna, le laissant planté seul non loin de l'inconnu qui l'avait bousculé. Un peu à regret, il regarda sa colocataire-bouée de sauvetage s'éloigner avant de prendre son courage à deux mains pour s'élancer sur la glace en solitaire… direction l'inconnu qui l'avait percuté (Nahomé). Et alors qu'il arrivait à sa hauteur d'un pas hésitant et qu'il cherchait à s'arrêter, Aaron s'emmêla soudain les pieds. « Merde ! » En cherchant à se rattraper au malotru, il ne fit que l'envoyer valser par terre, comme ce dernier l'avait fait avec lui un peu plus tôt. Comme quoi… même si Cléo lui avait interdit de se venger, le sort l'avait fait bien malgré lui. Se fendant d'un  : « Oh pardon…» ironique, Aaron fit directement référence aux piètres excuses du jeune homme lorsqu'il les avait bousculés, Cléo et lui. Mais bien vite, il troqua son air sérieux contre un sourire et tendit la main en direction de sa "victime" pour l'aider à se redresser. Puis, lorsque ce fut chose faite, il ajouta : « Désolé… on n'a qu'à dire qu'on est quittes comme ça… » Et en tendant une nouvelle fois sa main vers lui, pour se présenter cette fois, le mécanicien déclara : « Aaron. Aaron Jenkins. »

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Même s'il ne l'avait pas fait exprès, Aaron avait finalement eu sa vengeance en envoyant valdinguer l'inconnu contre la glace. Et même si quelque part, il ressentait une pointe de satisfaction, le jeune homme ne tarda pas à proposer son aide à sa victime en lui tendant la main. Tant bien que mal, il parvint à le relever, et en profita donc pour se présenter. Puisque les filles l'avaient toutes abandonné, autant tenter de faire de nouvelles rencontres, non ? Et masculines, de préférence ! Même si ce type ne respirait pas la virilité, Aaron n'était pas mécontent de trouver un garçon parmi toutes filles bien plus à l'aise sur la glace que lui. Ce fut d'ailleurs ce que constata l'inconnu, tout en se présentant à son tour : « Ravi, Nahomé Sullivan. Je vois que tu es aussi mal à l'aise que moi sur la glace. » Là, Aaron marqua un temps d'arrêt en balbutiant : « Oh ! Euh…. hé bin… on va dire que c'est une sacrée coïncidence ! » observa-t-il en laissant échapper un petit rire. Puis, sans lui apporter la moindre explication supplémentaire, Aaron ouvrit sa veste pour farfouiller dans une de ses poches intérieures. Et après quelques secondes de bataille avec cette poche bien trop étroite pour contenir son cadeau, le jeune homme dégaina un CD, gravé par ses soins et dont la boîte ne portait pas la moindre inscription. Timidement, bien qu'amusé par ce concours de circonstances, Aaron tendit finalement le CD en direction de Nahomé en expliquant : « J'ai tiré ton nom pour cette histoire de cadeaux de Noël là… donc voilà, désolé j'ai pas trouvé de papier cadeau… » Puis, conscient que ce cadeau pouvait paraître bien mystérieux, il reprit : « Oh, c'est une sorte de compil' que j'ai faite avec mes morceaux préférés… j'espère que t'aime la guitare ! » confia-t-il en affichant finalement un sourire sincère, avant de conclure par un « Joyeux Noël ! » de circonstance.

CREDIT TO KAIJI

On l'appelle. Et lorsqu'Anton se retourne, il a l'expression de quelqu'un qu'on dérange. Aurora venait de lui montrer Annora, son élue, tout en l'incitant à aller la voir d'un coup de coude. Mais non, on l'appelle.

Et au fur et à mesure que la dénommée Cléo s'explique, les sourcils du jeune Holmes se froncent. Mais comment ça, alors lui aussi, il allait recevoir un cadeau ? Mais pourquoi ? Son expression se ramollit suite à sa gêne. « Un cadeau ? » il est sincèrement surpris. Mais pourquoi on lui ferait un cadeau à lui ? La jeune femme ne devait pas savoir à qui elle avait à faire. Ou alors c'était ce bon vieil esprit de Noël qui les rendait tous si chaleureux...

Les aventures de Sherlock Holmes. Bien sûr qu'il les avait lu et bien sûr qu'il en avait de magnifiques exemplaires chez lui, à Londres. Et bien sûr que c'était cliché. Mais pourtant... C'est un sourire timide qui se glisse aux lèvres d'Anton. « C'est... merci. On en a jamais assez, de ces œuvres là. Merci beaucoup. » il était sincèrement ému de son attention. Sincèrement ému de faire partie du « truc ».

Sourires et remerciements passés, c'était à son tour de se dévouer. Et il n'attendit qu'un bref instant avant de prendre la belle Annora Oxburry à part. « Mademoiselle ! Bonjour. Anton Holmes. » le mec le plus coincé au monde. « J'ai un cadeau pour vous. Et, voilà, je... » Il cherche quelque chose dans la poche intérieure de sa veste. Il en sort un carnet, duquel il ôte une photo. « C'est un cadeau un peu audacieux, vous m'excuserez si il ne vous plaît pas. Vous n'êtes pas obligée de le garder. » il lui tend la photo d'un jeune chat absolument adorable. « On m'a dit que vous en aviez un ? Peut-être qu'il appréciera un compagnon de jeu. Voici son carnet de santé. Voici le nom du vétérinaire qui le soignera à mes frais, et... Un bon pour trois mois de croquettes gratuites. Enfin... voilà. Joyeux Noël. » tu es un fou Anton, tu es un fou.

Et puis soudain, il y a ce chant qui s'élève. Et qui le fait frissonner. C'est étrange... Cette Rose Lunaire. Pour lui, elle a une connotation professionnelle. Une impression de bizarre le prend au ventre. Il est si proche de son but, si près de créer SA Rose Lunaire. Et ceci arrive ? Inconsciemment, il a la pensée qu'il aurait titillé la bête. Puis il se fond discrètement dans la masse en se rassurant.

Ceci n'est pas son histoire. Il n'est qu'un étranger. Il prendra ce qu'il a à prendre puis il disparaîtra. Comme un fantôme.