La journée avait été chaude et agréable. A vrai dire, Vee ne regrettait pas une seule seconde d'avoir proposé cette sortie à Duncan au festival avec les enfants. Elle avait mis un temps fou a trouver comment lui envoyer un message depuis la sortie scolaire cet hiver mais finalement elle s'était lancée grâce a Hailee et la possibilité d'une garderie par l'église de la ville. Les enfants avaient vraiment permis ce contact et ils s'étaient parfois revus hors des rendez-vous médicaux de la rousse pour que les enfants jouent ensemble, notamment avec le retour du printemps. Mais une vraie soirée, en adulte... Non.

- J'espère que tu ne regrettes pas de venir avec moi en ayant laissé ta fille, dit-elle, légère et peut-être un peu trop enjouée alors qu'elle était au volant pour retourner vers le festival de la ville.

Retrouvés pour les enfants, ils avaient passé la journée à dépenser les deux bambins sur les activités. Et ils s'étaient éclatés, Hawa et Noa. Mais voilà, ils avaient fini par tomber de fatigue et l'ancienne pilote avait proposé de les déposer chez sa grand-mère pour profiter des animations du soir et du feu de joie. Les deux enfants endormis paisiblement dans la chambre de Noa sous bonne garde d'Evelyn Marshall, ils avaient repris la route vers le Festival, où Vee vient se garer. Non, décidément, elle est peut-être un peu trop enjouée de partager cette soirée avec Duncan. Surtout avec lui, si elle s'écoute.

Elle avait peur de s'emballer, de s'enthousiasmer un peu trop à propos de cette sortie entre adultes. C'était autre chose qu'un rendez-vous médical, autre chose qu'une rencontre pour les enfants. C'était juste eux et Vee avait ce sentiment que son coeur battait plus fort quand elle y pensait. C'est qu'elle aimait bien, parfois, avoir sa petite vie de jeune femme célibataire. Elle savait qu'elle avait eut son fils tôt, à vingt ans elle était enceinte et à vingt-et-un ans, ce petit gars comptait sur elle pour vivre. Et même si le père du garçon était présent, Vee n'avait pas autant de temps que d'autres jeunes de son âge. Quand Duncan confirme qu'il ne regrette pas sa décision, la rousse jurerait de rater un battement de coeur et son sourire s'agrandit. La rouquine n'était pas née d'hier, elle savait qu'en rentrant, elle serait très probablement cuisinée par sa grand-mère sur sa relation avec le médecin. Relation relativement interdite du fait qu'elle soit sa patiente.

- Je pense surtout qu'ils vont dormir et n'embêter personne, ils étaient crevés dit-elle avec un petit rire en se garant à la fête de la ville.

Elle descend de son pick-up - si petite femme au volant d'une si grosse voiture, ça faisait sourire - quand Duncan lui propose de trouver à manger. Elle verrouille le véhicule et le contourne pour le rejoindre en acquiesçant avec un franc sourire :

- Volontiers ! Je meeeeurs de faim !

Le jour tombé, la fête avait une allure différente, plus intimiste avec les stands éclairés qui donnaient sur le passage central et les badeaux qui erraient. Et les stands de nourriture lui donnaient tous plus faim les uns que les autres. C'est qu'une journée à surveiller un enfant de quatre ans, ça creuse ! Avisant les différents stands, la rouquine se tourne vers Duncan :

- Plutôt hot-dog ou truc local ?

En soit, elle pourrait avaler n'importe quoi à l'instant précis.  

Discussion sur les enfants se tarie et se détourne vers des sujets tout aussi important : la nourriture. Affamés tous les deux, Vee questionne le brun sur ses envies et il avoue être plus porté vers la malbouffe. La rouquine le regarde, surprise, et esquisse un sourire moqueur et taquin :

– Tout ça pour dire à tes patients de manger des légumes ? Elle lui glisse un regard amusé : Ça va je te taquine, va pour de la malbouffe.

Elle le suit près d’un stand et à son offre de l’inviter, passe commande. Elle qui pendant des années avait suivi un régime strict du à son état de santé et son statut de sportive de haut niveau - tout le monde n’accédait pas à F2, encore moins en étant une femme - elle profitait des sorties du genre pour se relâcher un peu. C’est que sinon, grand mère Marshall veillait au grain.

– Merci, qu’elle remercie son comparse de son invitation.

Elle reste auprès de Duncan, ne résistant pas à prendre une première bouchée de son repas tandis qu’ils marchent et qu’il lui indique une place près d’un feu de joie. La rousse acquiesce avec plaisir et vient s’installer sur le sable, près de lui. Mais pas trop. Elle se sentait un peu comme une adolescente en l’instant, à avoir un crush sur son médecin. La question du brun la pousse à tourner plus franchement la tête vers lui, à chercher le sens de sa question. Un sourire tendre se hisse sur les lèvres de l’ancienne pilote :

– Je sais pas… mais j’espère.

Se voir hors du cadre médical, hors de l’école, prendre du temps juste pour eux, parfois. Elle sentait une énergie apaisante quand elle était avec Duncan, un truc agréable qu’elle n’arrivait pas trop à définir, sans doute par pur déni. Mais elle sentit un élan de courage, à glisser :

– Après… ça tient qu’à nous. On est pas obligés de se voir que pour les enfants ou pour le suivi…

Elle remercie l’obscurité ambiante, parce qu’elle jurerait de sentir ses joues chauffer. Elle espère surtout ne pas avoir mal interprété sa question… sinon ce serait la honte absolue et elle n’oserait plus jamais ouvrir légèrement la voie à ce petit crush pour le médecin.