— good to be —

La saison préférée de Teleny, c’était l’hiver. Ca surprenait toujours les gens quand il l’apprenait, lui qui était la personnification même de l’été voire du printemps. Mais oui, Teleny aimait l’hiver et pas n’importe lesquels. Les hivers de Nouvelle-Angleterre, du Vermont, ceux du grand Nord, avec la neige, la glace, le froid, le givre. Là où le manteau de Jack Frost recouvrait le monde, le transformant en Winter Wonderland. Et surtout, surtout, il adorait pouvoir s’adonner à sa passion en pleine liberté. Il n’y avait presque rien de mieux que cette sensation lorsqu’il enfilait ses patins et s’élançait sur un lac gelé, laissant son corps à la merci de son expertise.

Comme à son habitude, Teleny s’était réveillé assez tôt afin de pouvoir profiter du lac, il s’était amusé pendant plusieurs heures avant de s’arrêter et de retourner en ville, à la recherche de quelque chose à manger, ses patins à l’épaule. Il avait prévu de rentrer chez lui mais il fallait passer par le parc pour ça, dans ce même parc où se trouvait la patinoire. Un véritable chant de sirène pour lui, auquel il ne résista pas. Il ne s’était jamais prétendu être Ulysse après tout. Teleny enfila donc de nouveau ses patins pour se mouvoir sur la glace. Ici, avec tout le monde autour de lui, il ne pouvait pas vraiment se laisser aller aux figures et sauts qu’il effectuait lorsqu’il était seul mais il pouvait quand même se permettre quelques pirouettes au milieu de la piste, au centre du donut créer par les badauds qui tournaient en rond sur la piste. Rien de bien spectaculaire mais de quoi s’attirer quelques sourires et applaudissements et surtout, le regard émerveillé des enfants autour de lui.

Teleny effectuait un énième tour de piste, pas le moins du monde fatigué ou ennuyé par son activité du jour, quand une petite silhouette familière percuta ses jambes, utilisant ces dernières comme un bloc de freinage. L’instinct, et l’habitude après des journées entières entouré d’humains miniatures, le fit poser ses mains sur les épaules de l’enfant qui leva un sourire radieux sur lui avant de venir entourer ses jambes de ses bras. Evidemment, il la reconnut immédiatement et le sourire qu’il lui renvoya était aussi éclatant que le sien.

-Hawa ! Comment va la princess ?

Il n’en fallut pas plus pour ouvrir les vannes, la fillette se faisant une joie de lui raconter sa journée et le reste de sa vie. Evidemment, et comme ça devait être de tout façon, son père, Duncan, ne tarda pas à venir à sa hauteur, l’air un peu instable sur ses patins à glace.

-Bonjour ! Je vais très bien et vous ?

Un rire face à sa remarque.

-Oh, elle nous surpassera tous c’est certain, une vraie super héroïne !

Les gloussements de Hawa étaient la meilleure des récompenses à son humour bancal c’était certain. Avoir des favoris n’était pas vraiment la chose à faire dans le métier de Teleny, mais il y avait toujours certains élèves qui se détachaient des autres et Hawa en faisait partie. Elle avait fait partie de sa première classe, cette petite fille qui avait déjà tant vécu et qui se retrouvait à présent dans un pays inconnu à parler une langue qu’elle ne connaissait pas.

Tout au long de sa scolarité avec lui, Teleny avait été terrifié à l’idée d’échouer avec elle, de ne pas être à la hauteur de ses besoins et de son potentiel, lui qui était encore novice dans sa profession. Mais, ses méthodes d’apprentissage avaient porté leurs fruits, comme il pouvait le voir par lui-même.

Avec aisance sur ses patins, le professeur s’accroupit afin d’être à la hauteur de la fillette, écoutant ce qu’elle lui disait avec attention.

-Oh toi aussi tu me manques tu sais ? Il y a personne qui danse aussi bien que toi.

Il l’interrogea ensuite sur sa maîtresse actuelle. Il l’a connaissait, bien évidemment, et savait qu’elle avait un style bien plus vieille école que lui mais elle restait une très bonne institutrice. Il leva ensuite les yeux sur Duncan qui était toujours près d’eux.

-Et vous, qu’est-ce que vous en pensez ? Elle est si méchante ?

Une façon comme une autre de demander des nouvelles sans que de petites oreilles curieuses ne s’en rendent compte et aillent raconter à tout le campus que Monsieur Teleny aimait faire les commères derrière le dos de ses collègues. Il préférait éviter ce genre de dramas, il y en avait bien assez au sein du mystérieux bâtiment administratif où ils évoluaient tous.