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All those nights that we stayed up talking | Adam

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Levi Collins
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Levi Collins

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LITTLE TALKS : 343
PSEUDO : linoa
AVATAR : rudy pankow
CREDITS : orujoyk (av) alcara (sign) nasty (icon sign)
ALTER-EGO : Judson, le président des girafes, Robin la révoltée, Grace, la new-yorkaise, Danny l'extraterrestre, Eilin la fantasque et Edwin le pianiste.
ÂGE : 23
QUARTIER : ici et ailleurs, partout à redwood hills
MÉTIER : sans emploi, si vous avez un plan, contactez-le (à vos risques et périls)
COEUR : en vadrouille
INTERVENTIONS RL : oui
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MessageSujet: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptyLun 14 Aoû - 17:57


All those nights that we stayed up talking
Levi & Adam


Résolument agacé, Levi jeta un coup d’œil noir vers le ciel grisâtre, comme s’il espérait par sa seule pensée magique dissiper les nuages et empêcher l’énorme orage qui arrivait un peu trop vite à son goût. Peine perdue, la météo était mauvaise ces jours-ci et rien ni personne ne pourrait l’empêcher. Ainsi, alors qu’il dormait sous sa tente, en plein air, depuis le début de l’été ou presque, le blond devait revoir ses projets pour éviter de finir noyer sous le déluge ou mieux, électrisé par un éclair un peu trop violent. Et même s’il était un peu tête brûlée, Levi, il avait bien conscience des risques. Ainsi, il avait trouvé refuge chez l’un de ses potes à Redwood Hills, un type qui vivait dans un studio qui ne payait pas de mine au-dessus d’un commerce, mais au moins, il aurait un toit au-dessus de sa tête pour permettre à l’orage de s’éloigner et, dès le retour du soleil, il retournerait avec sa tente là-bas, quelque part en pleine cambrousse. Chez ce pote, donc, du moins c’était ce qu’il croyait. Au dernier moment, juste avant que Levi n’arrive à destination, il avait reçu un message dudit ami qui lui disait désolé, j’ai un empêchement de dernière minute, y a cette fille, là… tu sais, je t’en ai parlé, cette rousse absolument magnifique… elle a accepté un rencard chez moi, j’peux pas t’accueillir… Levi se liquéfia sur place. Son pote l’abandonnait pour une fille, ça, il le retenait. Et allait lui faire la gueule quelques jours, pour bien lui faire comprendre que non, pas question de laisser les histoires d’amour (alors que  ça n’en était même pas) prendre le pas sur l’amitié. Une amitié précaire, semble-t-il.

Heureusement, Malik lui proposait quand même un plan de secours : à quelques rues de là, un de ses potes possédait un appartement et tout était réglé, vu avec lui, il pouvait l’héberger, t’en fais pas, c’est un ami, il est fiable. Levi grimaça. La fiabilité selon Malik, tout un programme, mais il ne pouvait pas faire la fine bouche. C’était soit ça, soit l’orage. Ainsi, son énorme sac sur le dos qui lui donnait l’air d’une grosse tortue, il se remit en route dans l’autre sens jusqu’à l’endroit indiqué par son pote. Une bâtisse qui devait abriter plusieurs appartements, à en croire sa taille. Il s’engouffra à l’intérieur, chercha la porte deux et frappa quelques coups rapides. Dehors, l’orage commençait à gronder, la tempête n’était pas loin. C’était moins une, songea Levi en apposant son sac contre le mur, attendant qu’on vienne lui ouvrir. Il espérait ne pas s’être planté d’appart, ou que le type était bien là, au courant et d’accord pour lui offrir un toit temporaire. Cette situation plongeait Levi dans un léger embarras, lui qui n’avait pas pour habitude d’éprouver ce genre de sentiment. Certes, il était sociable, savait s’incruster et s’adapter partout où il passait, mais quand même… sa règle d’or était soit de squatter des bâtiments inhabités, soit chez des potes – ou des gens qu’il connaissait un minimum. Et là, il dérogeait à tous ses principes, débarquant chez un parfait inconnu qui ne vivait peut-être pas seul. Il ne connaissait même pas son nom, Malik avait omis de le lui révéler et Levi n’avait pas pensé à regarder sur la boîte aux lettres. Les grondements lointains le dissuadèrent toutefois de faire demi-tour et il attendit là, planté comme un radis, que le mystérieux copain de Malik lui ouvre. Un véritable saut dans l’inconnu, et Levi, il n’était pas certain que cette idée lui plaise.  


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Il se demandait s'il avait peur de ce qu'il aurait pu apprendre. Que tu n'as pas de destinée particulière. Ni toi, ni l'humanité.
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Adam McAllister
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-- 'Cause I'm only a crack in this castle of glass. Hardly anything there for you to see, for you to see. Bring me home in a blinding dream through the secrets that I have seen. Wash the sorrow from off my skin and show me how to be whole again
LITTLE TALKS : 2238
PSEUDO : Terra Incognita
AVATAR : Timothée Chalamet
CREDITS : Apollo (avatar) Awona (signature) druck-in-love (gifs) Castle of Glass - Linkin Park & Florence + The Machine - What Kind Of Man (lyrics) Alcara (icônes) Eden Memories (gif)
ALTER-EGO : L'escogriffe cartésien & la bibliophile revancharde.
ÂGE : 24
QUARTIER : #20 Willow Street
MÉTIER : Étudiant en troisième année d'art cinématographique à l'université de Burlington, se destine à la réalisation. Monteur vidéo et photographe à ses heures.
COEUR : All of our thoughts are misgiven.
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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptySam 26 Aoû - 14:01

All those nights that we stayed up talking
@Levi Collins & Adam McAllister

Le ciel est noir. L’orage approche. Il scrute l’horizon, penché contre le garde-corps. Les nuages sont épais, opaques, parfois semblables à des fumerolles. L’arcus engloutit peu à peu toute la ville. Ça ne lui dit rien qui vaille. Plus un ciel est sombre, plus l’orage est violent. C’est en tout cas ce qui se raconte.  Adam n’affectionne pas vraiment la foudre. Elle est juste bonne à faire de belles photos, pour peu qu’on aime le risque. C’est qu’ils finissent parfois toastés, les chasseurs d’orages…  Il ne craint pas grand-chose depuis sa fenêtre. L’averse aura au moins le mérite de rafraîchir l’atmosphère. Il n’en peut plus de cette étouffante moiteur. Ouais… Il semblerait bien qu’il en soit là, à débattre des avantages et des inconvénients d’une météo capricieuse. Adam se détache du paysage pour faire face au bordel qui jonche le sol de son appartement. Il a approximativement quinze à vingt minutes pour ramasser tout ce fatras et bourrer les placards, en espérant que les portes tiennent. Comme le ferait un gamin de dix ans qui range sa chambre… Il vit dans une porcherie, c’est un fait. Après des années passées à planquer ses affaires dans les chambres communes des foyers, il faut croire qu’il a décompensé. C’était ça ou se faire piquer ses rares effets personnels. McAllister a enfin un endroit où il se sent véritablement chez lui. Son bordel organisé lui convient assez. Qu’on le croit ou non, il parvient à s’y retrouver. Seulement voilà, Adam n’a pas pour habitude de recevoir.

L’heure est à l’action. Le vingtenaire attrape un sac poubelle, y jette à peu près tout ce qui lui passe sous la main, sans distinction aucune. Des brassées de linge sont jetées dans les tiroirs, sale ou propre peu importe. Il force sur les poignées dans l’espoir de fermer les compartiments pleins à craquer. Bien entendu, des vêtements se coincent dans les interstices et empêchent le bon coulissement des tiroirs. Un juron pas très reluisant glisse de ses lèvres. Il pousse ce qu’il peut sous le lit, puis charge les armoires d’un amoncellement désorganisé. La porte du placard claque et un bruit peu rassurant retentit. Une étagère vient manifestement de s’effondrer, son contenu avec. Tant pis. « Du moment que ce n’est pas visible. » qu’il pense. Qu’on se le dise, il ne s’agit pas de ranger. C’est tout au mieux un cache-misère – ou cache-bordel. Il fait ce qu’il peut avec le temps qui lui est imparti. Enfin, le parquet est à nouveau visible. Plus rien ne traîne. Adam jette sur les lieux un regard satisfait. Cendrillon peut aller se rhabiller.  

Il ne devrait plus tarder, l’invité mystère. L’ami de son ami… Adam ne sait trop que penser. Accueillir un parfait étranger sous son toit n’est pas pour l’enchanter. « Il est réglo, tu verras. » Mouais, en espérant qu’on ne le retrouve pas mort sur son palier, demain matin. Pour autant qu’il sache, il pourrait tout aussi bien s’agir d’un dangereux psychopathe. « Tu peux bien me rendre ce service. Le pauvre n’a nulle part où aller et… Elle est vraiment canon. » À l’entendre, c’était à se demander de qui il se souciait de plus, du garçon ou de la fille. Dans la mesure où il avait expédié son ami chez lui, la réponse était claire. La fille... Tu parles d’un vrai ami. L’amitié, c’est sacré. Les nanas après les potes… C’est pourtant simple à retenir. Adam était sceptique, tout à fait conscient de se faire avoir. D’un autre côté, il ne se voyait pas vraiment laisser quelqu’un à la rue. Qui plus est, sous un orage. Alors, il a accepté de jouer les bonnes poires. Question de dignité. Il a passé assez de nuits dehors pour savoir que… ce n’est pas franchement de la rigolade… Concrètement, il y a pire que Redwood. Mais on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise rencontre. Il veut pouvoir se regarder dans la glace, Adam.

Les premiers éclairs résonnent. On toque à la porte. Le brun en perd sa manette. Partie en pause, McAllister se relève. Il regarde brièvement sa montre, rejoint l’entrée, puis presse la poignée. Face à lui se tient un jeune garçon, chargé d’un imposant sac à dos. Probablement dans la vingtaine, quoiqu’il ait une bonne tête de gamin. C’est toute sa maison qu’il semble transporter avec lui, à l’instar d’un escargot. Adam le dévisage un bref instant. On dirait un scout venu faire du porte-à-porte. Un détail le perturbe. Ses yeux se plissent légèrement. Il y a comme une impression de déjà vue. Il doit se tromper… « Tu es le pote de Malik ? » qu’il demande, réalisant soudain que cet abruti a oublié de lui donner un nom. Sans attendre de réponse, Adam ouvre plus largement la porte de manière à lui libérer le passage. « Mi casa es tu casa. » lance-t-il par-dessus son épaule, prenant le chemin du séjour. Charge à lui de le suivre. « Le clic-clac est tout à toi. Tu peux faire le tour du propriétaire, si tu veux. Mais tu arriveras vite au bout. Ne touche pas au chat, il mord. Je te déconseille d’ouvrir les placards. » Sauf s’il aime les avalanches. «  Des questions ? »

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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptyVen 8 Sep - 18:30


All those nights that we stayed up talking
Levi & Adam


Levi ignorait qui l’accueillerait. Il en ressentait une vague inquiétude et, en même temps, fidèle à lui-même, il était impatient de le découvrir. Il se nourrissait de chaque aventure, bonne ou mauvaise, se répétait en boucle que cela forgeait l’existence et créait des souvenirs pour la suite. Levi, il n’aspirait à faire que cela ; se créer d’irrémédiables souvenirs, le plus possible. La raison lui échappait, peut-être pour oublier les anciens, mais une part de lui ne voulait pas les faire disparaître. Ils faisaient partie de lui. Pour la vie. Quand la porte s’ouvrit sur un grand maigrichon aux cheveux bruns et au teint maladif, Levi le salua d’un signe de la tête et approuva. « Ouais, c’est ça. Le pote de Malik » répéta-t-il comme un automate. Il ne savait trop quoi dire, et les lanières de son sac commençaient à lui scier les épaules, il avait hâte de se poser et souffler un bon coup – boire une bière, aussi, si le gars en avait. Mais il ne voulait pas s’imposer – pas trop, en tout cas. Tant qu’il avait un toit pour fuir l’orage qui s’annonçait, il n’allait pas se plaindre de quoi que ce soit. Il ne put s’empêcher de froncer les sourcils, parce que ce visage lui disait quelque chose. Ce teint pâle, ces bouclettes… mais Levi, il n’avait jamais été très physionomiste, il avait peut-être déjà croisé ce type à Redwood, ou alors, c’était une coïncidence, un genre d’effet de déjà-vu. Mystère du cerveau parfois difficile à expliquer. « Connaissant Malik, il a oublié de donner mon nom, il m’a même pas donné le tien… j’suis Levi » expliqua-t-il en tendant la main pour se présenter. Autant essayer de faire bonne impression dès le début, il se disait que s’il s’entendait bien avec le gars, il pourrait venir squatter plus souvent.

« Merci de m’accueillir, c’était pas prévu, mais… enfin, tu connais Malik » oui, il devait le connaître. Un bon pote, toujours partant pour les meilleures soirées, mais pas le plus fiable. Celui-ci qui changeait ses plans au dernier moment, pour des raisons parfois affreusement futiles. Levi lui ressemblait, parfois. Il comprenait donc. Il s’engouffra à l’intérieur, posa ses affaires dans un coin pour suivre le maître des lieux dans un petit tour du propriétaire. « il s’appelle comment, le chat ? » demanda-t-il, perplexe. Première question qui lui vint. De la plus haute importance, même. « Pourquoi ? Tu planques des trucs dans tes placards ? Genre un trafic de quelque chose ou un élevage interdit ? » il voulait le savoir, Levi, s’il se retrouvait nez à nez avec un python ou une créature du même genre. Il avait l’imagination très fertile, ce qui lui posait parfois quelques soucis ou lui attirait des ennuis. Il jeta un coup d’œil au lit d’appoint et le trouva à son goût. Il avait déjà connu pire. « C’est parfait » approuva-t-il avec un fin sourire, l’œil averti de celui qui avait probablement testé tous les lits possibles, même les plus improbables. Oui, il serait bien ici. En attendant que la tempête passe.


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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptyMer 4 Oct - 16:08

All those nights that we stayed up talking
@Levi Collins & Adam McAllister

Au-devant de l’inconnu, Adam n’est pas des plus sereins. Il a pourtant connu contexte plus improbable. Qui sait ce qui l’attend.  Il a toujours aimé croiser de nouveaux visages. Hasard et rencontres forgent le vécu, source première de son inspiration.  Une bonne découverte se tient peut-être sur le pas de sa porte. Il connaît Malik. S’il n’est pas le plus fiable des amis, il a toujours su s’entourer. Intuition naturelle qui n’est pas donnée à tous. Partant de ce postulat, le garçon qu’il lui a envoyé ne devrait pas être mauvais bougre – ose-t-il espérer. Sa nervosité le submerge par vagues successives. Adam appréhende... Plus qu’il n’est prêt à le reconnaître. Il est tout de même angoissant d’accueillir en son toit un illustre étranger. Nonobstant, le jeune homme ouvre sa porte sans rien trahir de son appréhension. Le garçon paraît peu à l’aise. Sa position est au moins aussi inconfortable que la sienne, sinon plus. Il s’apprête à passer la nuit chez un parfait inconnu. Adam, lui, joue à domicile. L’embarras creuse son trou. Un détail l’interpelle, étrange familiarité qui se dégage du faciès de son vis-à-vis. Adam a tôt fait d’associer ce trouble à la gêne induite par une situation incongrue. Il n’est pas même en mesure de mettre un nom sur ce visage. Bravo Malik ! Le blond prend sur lui de se présenter et Adam acquiesce d’un signe de tête. Levi… Comme Levi’s. Ouais bon, il passera sous silence son association malheureuse. On a déjà dû lui faire un milliard de fois… « En effet… Ça ne m’étonne pas, venant de lui. Je suis Adam. » Une main lui est tendue. Vieille école, le Levi… Il se serait plutôt attendu à un check. Ça lui va très bien. Adam lui serre la pince, puis recule d’un pas.  Il ne compte pas s’enraciner sur le palier. Aussi, le vingtenaire prend les devants en sa qualité de maître des lieux. Ce n’est pas comme s’il s’agissait de gagner cinq étoiles sur TripAdvisor, mais autant se montrer bon hôte.

« T’inquiète. »
Ses scrupules sont inutiles. « Je connais le numéro, oui. » Imprévisible le Malik… Ce n’est pas la première fois qu’il lui fait un coup du genre. Par suite logique, ce ne sera certainement pas la dernière. Adam peut bien dépanner un ami et, par extension, l’ami d’un ami.  « Tu ne lui en veux pas trop de t’avoir lâcher pour une nana ? » qu’il demande quand même. Adam ne comprend pas trop l’intérêt que Malik porte à la gent féminine. Les relations sentimentales ne sont pas son fort. Il y voit surtout un nid à problème, des prises de tête parfaitement inutiles. Mais qui sait… Il vient peut-être de contribuer aux prémices d’une grande histoire d’amour, qui lui vaudra plus tard le titre de témoin. *Sarcasm intended* Rien que la tournure de cette phrase lui soulève l’estomac. Il n’est par fleur bleue, Adam. L’appartement n’est pas très grand. Nul besoin d’un palace quand on vit seul. Le tour du propriétaire n’est donc qu’une formalité. « Muta ou Renaldo Moon de son nom complet. » déclare-t-il, lui jetant un rapide coup d’œil, histoire de voir s’il a la réf’ – Le royaume des chats. Inutile de préciser qu'il est amateur des films des Studios Ghibli. La bête est d’une nature acariâtre. Vieux patapouf qu’il a adopté dans un refuge, voilà quelques années. Un chat âgé dont personne ne voulait. Il ne lui en fallait pas plus. Un rire franc traverse ses lèvres, alors que Levi interroge le contenu de ses placards. « J’ai la tête d’un cultivateur de beu ? » Le teint maladif d’un consommateur, peut-être… Il se marre, Adam. « Du basilic ou du persil, c’est tout ce que tu trouveras à fumer chez moi. Navré… » Pas plus qu’il n’a de ménagerie. Les pauvres bêtes sont bien mieux dans leur environnement naturel, qu’il pense. Il a de l’imagination, le Levi.  Voici qui leur fait un point commun. « Il y a peut-être bien des mygales dans le placard du fond, en revanche. » qu’il glisse tout de même, pour jauger son seuil de crédulité.

Le jeune homme semble se satisfaire du lit qui sera le sien. Le clic-clac ne paie pas de mine, mais il n’a rien de mieux à offrir. Quelque chose dans son regard lui dit qu’il a peut-être connu moins confortable. Adam gagne la cuisine, puis sort deux verres. « Je t’offre quelque chose à boire ? Jus d’orange, bière, eau… ? » demande-t-il, passant en revue le contenu de ses placards. « Et tu fais quoi dans la vie ? » Il marque une pause méditative. « Tu es de passage en ville ou… ? » Une conclusion qu’il a tiré sans certitude aucune.... Dans la mesure où Levi n’a manifestement pas de logement fixe sur place. D’une main, il tire sur la porte du frigo qui émet sitôt un bruit de décompression. Pèse toujours un sentiment de gêne. Tant et si bien qu’il s’efforce d’éviter tout blanc. À cela s'ajoute cette impression de déjà-vu qu’il ne s’explique pas. Levi... Même ce prénom sonne familier. « C'est quoi ton nom ? » qu'il lui demande, dardant un regard dans sa direction. Trop de questions... C'est à croire qu'il mène un interrogatoire...


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Levi Collins
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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptyMer 11 Oct - 21:02


All those nights that we stayed up talking
Levi & Adam


Il se montrait poli, Levi. Essayait de l’être, du moins. Que l’autre le voit sous son meilleur jour, qu’il ne se demande pas d’où il sortait, avec son énorme sac et son absence de toit sur la tête. Adam. Un prénom assez courant, il en a croisé plusieurs au cours de sa vie, des Adam, et ça résonnait en lui comme un écho un peu douloureux, mais il chassa vite cette idée de son esprit. Pas du genre à penser au passé, ce dernier était auréolé d’une brume. A force de ne pas y penser, il se disait qu’il finirait par oublier – la preuve, ça fonctionnait plutôt bien ! Il ne se rappelait pas. « Boh » qu’il répondit en haussant les épaules. « J’aurais sûrement fait pareil, tout dépend de la fille. Tant qu’il m’annonce pas qu’il se marie avec ou une connerie comme ça » Levi était un garçon loyal, surtout en amitié, beaucoup moins en amour – mais au moins, il n’était pas du genre à promettre la lune à quiconque. Puisque les filles savaient à quoi s’attendre en traînant avec lui, il partait du principe que ce n’était pas de sa faute. Mais on ne disait pas non quand une occasion unique se présentait, ça, il en savait quelque chose. « Et puis, il m’a trouvé une solution quand même, c’est pas comme s’il me laissait en plan comme un con. Alors j’peux pas vraiment lui en vouloir » même si cela signifiait finir chez un parfait inconnu. Les fréquentations de Malik étant parfois douteuses, il aurait pu se méfier un peu plus, Levi… mais se méfier, ce n’était pas trop son truc. Il fonçait tête baissée, n’hésitant donc pas à aller au-delà des problèmes.  

« C’est pas cet énorme chat blanc qui a tout le temps faim ? Wow, sacré pedigree » commenta-t-il en glissant un coup d’œil vers le chat en question. Il s’en désintéressa rapidement pour se questionner sur le contenu des placards. Tout de suite, avec son imagination fertile, Levi imaginait tout et n’importe quoi, n’hésitant pas à faire des hypothèses fumantes. « Honnêtement, un peu » répondit-il en haussant les épaules. « Et j’serais presque déçu que ce soit pas le cas, ça m’intéresse » il esquissa un large sourire, espérant que l’autre ne le prenne pas trop mal. Il avait l’air d’être assez chill, et puis, c’était un pote de Malik, alors… « Dommage » tant pis pour lui. Il laissa échapper un léger rire quand l’autre parla de mygales, mais il n’ouvrit pas les placards pour vérifier. En fait, il resta planté là comme un radis, se demandant où aller, que faire. Curieux de découvrir ce nouvel environnement, dans lequel il pourrait peut-être (avec un peu de chance, s’il s’entendait bien avec ce grand type au teint maladif) squatter de temps en temps. Il ne perdait pas le nord, Levi, comme il avait toujours besoin d’un toit, bon… « Si t’as des bières, j’dis pas non ! » comme s’il se contenterait d’un verre d’eau, Levi. L’eau, c’était bien le lendemain d’une cuite pour réussir à se lever et marcher droit vers le boulot, et encore. Combattre le mal par le mal, la règle d’or.

« Non, j’habite là plus ou moins sur le long terme, c’est juste que y a plus important dans la vie que de mettre des sous de côté pour un appart » drôle de philosophie de vie, mais soit. « J’bosse au salon de thé de Redwood, à mi-temps » enfin, bosser… c’était un bien grand mot. En fait, depuis le départ d’une collègue avec qui il s’entendait bien, Levi avait un peu perdu le fil. Il commençait à être en retard, de plus en plus. Combien de temps cela durerait-il avant qu’il ne se fasse virer ? Il n’en savait rien, mais il avait quand même tenu longtemps. Trop à son goût. « T’es un flic infiltré ? » qu’il lança, goguenard, alors qu’Adam multipliait les questions. Non pas que ça le dérange vraiment, il comprenait ça. L’envie de savoir un peu plus sur l’étranger sous son toit. Il aurait sûrement fait pareil, Levi. « Collins » il grimaça. Ne voulait pas le cacher à ce mec, il n’en avait pas l’utilité, mais un peu honte quand même. De ce nom qui lui collait à la peau, poisseux, douloureux. « Pas sûr que t’en ai entendu parler à Redwood, mais… sa réputation est pas folle ailleurs » heureusement pour lui, c’était un nom tellement classique qu’il passait quand même inaperçu. Sauf pour ceux qui habitaient dans son quartier, à l’époque. Co-llins. Il savait, Levi. C’était bien pour cette raison que la plupart du temps, il se présentait comme Levi, rien d’autre, ou inventait un autre nom, parce que c’était mieux. En se vautrant dans le mensonge, on finissait par ne plus discerner l’illusion de la réalité, et c’était précisément ce qu’il souhaitait.    


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Un sourire entendu se dessine sur ses lèvres. « Ne m’en parle pas. » Le mariage, un concept qui lui paraît lunaire du haut de ses vingt-quatre ans. Il le constate pourtant par-ci par-là, des connaissances qui se rangent des voitures et rentrent dans le rang. Premier achat immobilier, pouponnage ou corde au cou… Ce n’est pas si invraisemblable. Adam note la fracture, le fossé qui se creuse. Lui vient tout juste de boucler sa première année de fac. Alors, il est encore loin de se soucier de son épargne retraite. Dur de se dire qu’il va bientôt passer le quart de siècle. Ça ne le surprendrait pas tant que Malik décide de se caser. Ce sont des choses qui arrivent. Quoique… Le connaissant, il s’agira probablement d’un coup d’un soir. De son côté, Levi semble avoir une opinion bien tranchée quant au mariage. Pour ce qui est du brun... Sa vie sentimentale est un désert sans nom. Il en va ainsi depuis l’entrée d’une certaine blonde dans son existence. Le fait est qu’Adam n’a plus le temps de jouer les jolis cœurs. Trop de boulot... De toute manière, il n’a jamais été un casanova. « Du coup… Si tu es là, j’en déduis que tu n’avais pas de fille chez qui crécher ? » Il taquine un brin, avant de reprendre son sérieux. C’est un fait, Malik a tout de même veillé à mettre un toit sur sa tête. On ne peut le lui enlever.

Adam acquiesce d’un signe de tête. Ouep, il a tout juste vis-à-vis du chat. Félin qui passe rapidement au second plan, lorsque le blond l’interroge sur le contenu de ses placards. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le bougre ne manque pas d'imagination. Alors, Adam a une tête de dealer... Il faut croire qu’il a raté sa vocation. « Je ne sais pas si je dois me sentir flatté ou insulté. » Pour tout dire, l’amusement prédomine. Il n’a jamais touché à ce genre de choses, Adam. Disons qu’avec son cœur foireux, il a préféré se garder de toute expérience psychédélique. Toutefois, il semble bien que son invité connaisse… Assez pour se montrer intéressé. Malheureusement, il ne cultive pas d’herbe. « Navré. » plaisante-t-il. « J’ai peut-être un vieux joint qui traîne dans un tiroir, si jamais… » Cadeau qu’un parfait inconnu lui avait passé sous le manteau, lors d’une fête estudiantine. Autant qu’il serve à quelqu’un… « De ma vie, je n’ai jamais touché de beu. » admet-il. Peut-être qu’il passe à côté de quelque chose, mais l’idée de planer et de perdre le contrôle ne le tente pas des masses. Ce n’était pas très glorieux quand il s’agissait de sa mère… Quoi qu’il en soit, le brun persiste à jouer l’hôte cinq étoiles, proposant un rafraichissement à son invité. Des bières sont tirées du réfrigérateur et sitôt décapsulées. À choisir, Adam préfère largement la picole.

Il fait glisser deux verres dépareillés sur le comptoir, versant le contenu de sa bouteille dans la pinte d'une marque concurrente. Une généreuse couche de mousse se dépose en son sommet, à la limite de l'éruption. Mouais, il sert toujours la bière comme un débutant. Dans un même temps, McAllister prête une oreille attentive. Il apprend ainsi que le blond habite dans le coin pour une durée indéterminée. Levi semble séjourner deçà delà, ce qui explique l’imposant sac. Il doit traîner toute sa vie avec lui. « Ça te manque pas, la stabilité d’un logement fixe ? » qu’il demande, curieux. Adam ne se verrait plus vivre de la sorte, aller d’un toit à l’autre. Il a mené cette existence de bourlingueur après le lycée, des années passées sur les routes canadiennes, dormant chez l’habitant ou à la belle étoile. Ce n’était pas de tout repos. Levi semble avoir une philosophie bien à lui. Une philosophie qui aurait pu être sienne, s’il n’avait pas tant souhaité accéder à cette stabilité qui l’avait longtemps fui. « Le salon de thé… Il doit y avoir que des vieux, là-bas. Non ? » Il plisse légèrement le nez. Pour lui, thé et salon riment avec tricot, mots croisés et rhumatismes. Soit club du troisième âge… Adam n’a jamais poussé la porte du Drop of Milk. Il prend un air amusé… Lui, un flic infiltré ? « Non ! » Mais dans le fond, ça ne lui déplairait pas. Il aime bien les flics, Adam. Peut-être à cause du quadra… « Désolé, tu n’es pas obligé de répondre à mes questions. Je vérifie juste que tu n’es pas un serial killer. » Il n’en a pas franchement l’air. Collins… Un nom pour le moins courant, celui de monsieur tout le monde, à cette réserve que Levi n’a rien d’un monsieur tout le monde. « Tu permets que je googlise ton nom ? » qu'il taquine encore. Là-dessus, Adam prend une gorgée de sa bière, interloqué par sa remarque. Qu’entend-t-il par-là ? « Quoi ? Tu es issu d’une famille de dangereux criminels ? Ton père est un baron de la drogue ? » plaisante le brun, pince-sans-rire. Adam n'est pas en reste, question imagination. Il n’empêche, Collins, ça lui dit quelque chose. Malheureusement, McAllister est connu pour sa mémoire de poisson rouge. Il emporte sa pinte avec lui pour se poser sur le canapé, une façon de l'inviter à prendre ses aises. Nouvelle gorgée de sa bière brune, puis il reporte son regard sur baby face. Survient alors comme un déclic. Levi + Collins... Ce n'est pas vrai... Il se redresse brusquement, manque échapper le verre qu'il pose fébrilement au sol. « Si je te dis Adam McAllister, ça t'évoque quelque chose ? » souffle-t-il, les yeux comme des soucoupes.



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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptyVen 24 Nov - 18:25


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Le mariage, un mystère. Le simple fait de s’enfermer dans une relation de couple, Levi ne comprenait pas. Un jour, peut-être. Mais pour l’heure, il ne se voyait pas avec quiconque et d’ailleurs, il ne voyait pas qui voudrait d’un gars comme lui. L’inverse de l’ambition, de la motivation, le contraire exact du gendre idéal. Pas méchant pour un sou, pas vraiment, mais quand même. « Nope » admit-il avec un large sourire. « Pas en ce moment, en tout cas. Enfin, j’ai d’autres potes, mais… là, c’était dans l’urgence » le problème de Levi, c’était toujours dans l’urgence. Il ne savait faire que ça. Les problèmes, il essayait de les résoudre quand c’était déjà trop tard, ou en passe de l’être. Levi trouvait qu’Adam avait une tête de dealer, ce à quoi le jeune homme se demanda s’il devait en être insulté ou flatté. « Un peu des deux ? C’est l’histoire de ma vie. Quand on m’dit un truc, je sais jamais si c’est un compliment ou pas. Par exemple, ah, Levi ! Si tu n’existais pas, il faudrait t’inventer. J’ai jamais su » expliqua-t-il joyeusement, même si comme d’habitude, il feignait de s’en moquer. L’avis des autres, il s’en fichait royalement. Pas de tous. Parfois, il en ressortait blessé, atteint en plein cœur comme le petit garçon qu’il n’avait jamais cessé d’être. Mais la plupart du temps, il ne pouvait qu’en rire – parce que lui, au moins, il était lui. « Ah ouais ? Pourquoi tu traînes avec Malik alors ? » leur pote en commun n’avait pas une extraordinaire réputation à ce niveau… enfin, Levi ne creusa pas plus loin. Et il n’avait pas envie de s’éterniser sur le sujet, d’autant plus qu’il était curieux de découvrir l’appart de son nouveau meilleur pote.

Il haussa les épaules quand Adam lui demanda si ça ne lui manquait pas, un logement fixe. « J’aime l’aventure. Je me vois comme un aventurier du monde, tu vois ? » probablement pas, parce que Levi lui-même ne voyait pas toujours ce qu’il disait, mais qu’importe. Il ne reconnaîtrait jamais qu’il aimerait bien avoir un toit au-dessus de sa tête. « Tout ce que je sais, c’est que je détesterais habiter seul. Rentrer chez soi le soir et entendre rien d’autre que le silence… ça m’fout des frissons rien que d’y penser » une colocation, ce serait probablement l’idéal pour lui, mais il devait déjà trouver quelqu’un d’assez suicidaire pour accepter une colocation avec lui. Faire les courses, payer le loyer à l’heure, passer l’aspirateur… des concepts totalement inconnus pour lui. « Ouais, mais les vieux m’adorent. Et ils sont généreux en pourboires. Et c’est pas mal aussi pour les filles, j’peux leur offrir des pâtisseries, discrètement » il n’était sûrement pas aussi discret qu’il ne le pensait et il attendait le jour où Juliet lui tomberait dessus, mais il n’en était pas encore là – il se laissait porter, comme d’habitude. Il commençait à se demander ce que lui voulait Adam, avec toutes ses questions, mais le brun lui assura ne pas être un flic infiltré. « Non, pas à ma connaissance. J’suis beaucoup de choses, c’est vrai, mais pas un serial killer » pas encore, manqua-t-il de préciser, mais comme il ne connaissait pas encore bien Adam et son humour, malgré un bref aperçu, il préféra se taire. Il ne put s’empêcher de se figer quand le jeune homme évoqua son père, et sans doute cette demi-seconde de flottement fut perceptible pour Adam. Il but une longue gorgée de bière pour reprendre ses esprits avant de secouer la tête. Pour la première fois, il lui avait coupé le sifflet. « Tu trouveras trop de choses en tapant ce nom pour que ça ait un quelconque lien avec moi » il bottait en touche, plus ou moins habilement. Et puis, alors qu’il se perdait dans ses pensées, il vit Adam se redresser, comme frappé par un éclair de lucidité. Adam McAllister. Levi fronça les sourcils, essayant de se plonger dans ses souvenirs. Il avait raison, Adam, ce nom lui était familier. Un flash. Une course dans un verger, minuscule Levi qui grimpait aux arbres parce qu’il s’ennuyait. Il reporta son attention sur le brun. « … T’étais pas ce p’tit qui habitait près de Burlington, y a longtemps ? » ça lui revenait, maintenant. Son nom l’avait marqué, il le trouvait tellement plus chic que le sien. « Une histoire de famille d’accueil ? » il se méfiait, Levi, mais si c’était le cas… la coïncidence serait incroyable. Pas forcément belle, cela dit, mais incroyable.             


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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptyVen 2 Fév - 10:11

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Il ne peut s’ôter l’impression de déjà vue. Quelque chose dans le regard, la gestuelle… Un souvenir enfoui. Comme un songe nocturne qu’il aurait oublié au réveil. Il est certain de n’avoir jamais vécu cette scène. Des souvenirs, il en a effacé. Adam a préféré arracher les pages, refermer le manuscrit. Il valait mieux barrer le passé au feutre noir, cacher la poussière sous le tapis. Il comprend mieux que quiconque que l’on puisse vouloir enterrer certains souvenirs. Seulement, parfois, le hasard les ramène à la surface. Il s’accroche aux œillères, nie la résonance familière du prénom, les similitudes du visage. Il ne veut pas se souvenir. Ses traits se crispent imperceptiblement, comme si une aiguille venait de le piquer. Adam se concentre sur la conversation, dérivatif aux pensées qui l’assaillent. Levi lui semble quelqu’un de sociable. Il ne manque ni d’amis, ni d’adresses. Suffisamment décomplexé pour lancer à son hôte qu’il a la trogne d’un dealer. Il faut tout de même oser. D’aucuns n’hésiteraient pas à lui rentrer dans le lard. Adam n’est pas susceptible. Qui plus est, sa franchise l’amuse. Pourquoi le nier ? Il est blanc comme un cachet d’aspirine. Probablement que ça lui vient de son géniteur. À son souvenir, sa mère avait le teint hâlé, avant que l’alcool ne vienne rougir sa peau et ravager son foie. « J’ai peut-être raté ma vocation. » qu’il souffle, choisissant de prendre la chose avec humour. Peut-être qu’il a la tête de l’emploi. « Toi, tu as la tronche du surfeur californien. Tu serais parfait dans un reboot de Newport Beach. » lance-t-il. Voilà ce que lui évoque le faciès du jeune homme. Un blondinet sur des plages éclaboussées de soleil… L’image est là, dans son esprit. Toutefois, elle relève davantage du cliché. Levi paraît plus complexe, loin du caractère insipide du personnage dépeint. Adam teste la susceptibilité de son vis-à-vis, curieux de voir si le garçon va se rebiffer. Lui-même n’a jamais eu sa langue dans sa poche. Il parle comme il respire.  « Un vrai compliment, en général, ça se sent. Je me dis que si on doute, la plupart du temps, c’est qu’il y a une raison. » Adam se fit essentiellement à l’intuition, l’instinct. Bien sûr, il existe des tournures équivoques. Propos moqueurs ou élan de sympathie, difficile de savoir… Levi s’étonne de l’amitié qui le lie à Malik. Malik qui est un grand consommateur de beu, contrairement au brun. « Parce qu’il y a d’autres choses qui nous lient. »  Au-delà des beuveries, de l’alcool et de la drogue que leur ami commun aimait à consommer.

Plaît-il ? Un aventurier du monde… « Alors qu’est-ce que tu fais dans ce trou paumé ? » L’aventure, pour lui, on ne la vit pas ici… à Redwood Hills. Que peut-on expérimenter dans une petite ville étriquée, engoncée au fin fond du Vermont ? Sa définition, cependant, diffère peut-être de la sienne. Pour Adam, aventure rime avec épopée. Il entend par là un voyage initiatique fait de quêtes et péripéties. Son imaginaire compte trop de gravures homériques. Adam reste un grand enfant, et la vie n’est pas une Odyssée. L'aventure pour le blond, c'est peut-être la vie à la dure, les lendemains incertains, les défis du quotidien... ou une dorure, un terme qui enjolive sa réalité. La solitude rebute Levi. Vivre seul lui est impossible. Adam s’accommode du silence. Il a appris à tolérer les vides. Dans le temps, se retrouver seul face à lui-même l’effrayait au plus haut point. Il se demande alors s’il n’y a un peu de cela pour Levi. Craint-il les pensées captives, le poids de sa propre présence ? La solitude est le miroir de l’âme, et confronter son reflet n’est pas toujours aisé. Du reste, l’isolement vaut mieux qu’une mauvaise compagnie. On peut aussi souffrir de multitude. « Tu as peur de la solitude ? » Il le demande franchement, sans hésitation. La question paraît décalée. It’s too deep… Pour Levi, la solution toute trouvée serait une colocation. Il y a probablement déjà pensé. S’il passe d’un toit à l’autre, c’est que ses amis ne sont peut-être pas disposés à la garder plus de quelques jours. Il n’est sans doute pas facile à vivre au quotidien. « Tu n’as pas un frère ou une sœur chez qui tu pourrais crécher de manière durable ? » Adam relève sitôt le grotesque de sa suggestion. Il n’y a pas moins fiable que la famille. La société ne jure que par elle. Mouais, une valeur complètement surcotée d’après lui… S’il avait grandi dans une belle et grande fratrie, il verrait sûrement les choses autrement. Toutefois, Adam s’est contenté d’une mère toxico toxique. Violences verbales et manipulation émotionnelle ne sont pas les plus saines démonstrations d’amour maternel… « C’est ton plan drague, en somme. » Un sourire de connivence passe sur ses lèvres. On pourrait y voir un genre de fidélisation. Pas sûr que la propriétaire des lieux apprécie, pour peu qu’elle le sache. D’un autre côté, Levi lui attire sûrement quelques clientes supplémentaires – car sensibles à son charme. Adam ne compte pas le juger. Le brun ne mérite pas exactement le titre d’employer du mois. Il y a bien que les tournages pour le mobiliser à 100%.

Sa curiosité est grande. Il formule des excuses, poursuit pourtant son interrogatoire. Levi ajoute du mystère au mystère, et Adam prête sitôt à son père le CV d’un Pablo Escobar. Le blondinet se fige comme une statue grecque.  A-t-il dépassé les limites ? McAllister le dévisage un bref instant, alors que s’installe un malaise palpable. Étrangement, sa réponse ne le convainc pas. Elle lui donne envie de joindre le geste à la parole. Sa main reste loin de son téléphone. Adam se contente de gagner le canapé.  Demeure le trouble initial, la sensation de déjà vu, déjà entendu, déjà connu. Ce sentiment de fausse reconnaissance que l’on éprouve face à une situation étrangère et pourtant familière… Des intonations, des gestes, des manières, des regards enregistrés dans sa mémoire… Il laisse ses mots précéder sa pensée. Adam n’a pas encore réalisé. Il reprend son verre pour vivre sur le même ton, s’accrocher au présent. Trop tard. Les traits gavroches du gamin se rappellent à son souvenir. Une tête blonde un poil plus basse que la sienne, le rejeton de la bicoque voisine… « Une famille peu recommandable… Garde tes distances. » Bien sûr, quand on lui dit de passer son chemin, il faut toujours qu’il fonce tête baissée. Indocile et obstiné, Adam n’a jamais suivi que sa propre volonté. Le temps est perdu et il est perdu en lui. Il revoit la maison hostile et étrangère, le quartier inhospitalier, ses gardiens d’alors. Il passait la barrière pour le rejoindre lui, le petit blond. Le monde qui l’entoure est d’une froideur parfaite. Les souvenirs remontent à la surface, des fils de pensées, des idées…. Il n’arrive plus à mettre le passé à distance. D’un bond, il se lève et rouvre le frigo. Une lumière d’une artificialité blafarde frappe son visage. Il a le cœur au bord des lèvres. « Ouais… C’est moi. » qu’il dit platement, dans un souffle, appuyé contre la porte du réfrigérateur. Le gamin placé, c’était bien lui. Burlington… Période bleue Picasso. Celle qu’il veut derrière lui. Celle dont il refuse de se souvenir. « Tu parles d’une coïncidence… » Le genre qui vous rappelle à quel point le monde est absurdement petit. Il n’y aucune joie dans sa voix. Perce une ironie aigre. La bière ne suffira pas. Il lui faut quelque chose de fort. Adam ressent le soudain besoin de s’assommer.  Un fantôme campe dans son salon…  « Tu permets… » Son bras plonge au fond d’un placard, dont il tire une bouteille de Vodka premier prix. « Si je me souviens… On n’a pas franchement eu le temps de se dire au revoir, à l’époque. » Il avait disparu du jour au lendemain, embarqué par une assistante sociale qui avait décidé d'un retour en foyer.

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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptySam 24 Fév - 18:26


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L’autre ne manquait pas de répartie, c’était un fait. Les apparences étaient trompeuses, Levi en prenait conscience en cette seconde douloureuse. Si Adam avait la tête d’un dealer, lui avait celle d’un surfeur californien. Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait la remarque, ça le faisait marrer de se dire qu’il était précisément l’inverse de l’image qu’il renvoyait. Et d’ailleurs, lui qui adorait s’inventer de nouvelles vies, avait raconté un nombre incalculable de fois, surtout à ses anciennes conquêtes d’une nuit, ah, ça tombe bien, j’viens justement de la côte ouest ! et il passait une main machinale dans ses cheveux blonds, un sourire entendu aux lèvres avec l’air de celui qui vient de loin, qui sait, qui en a vécu de belles. Levi en avait trop vu, trop vécu, mais pas de la manière qu’on imagine. C’est qu’ils ne pouvaient pas savoir, les gens autour de lui. Ce que ces grands yeux bleus et son air nonchalant dissimulaient. Des secrets tus qui ne hurlaient plus, ou alors lointains comme un écho. Des secrets qui ne semblaient plus le concerner, mais quelqu’un d’autre. L’indifférence pour credo, l’insouciance de l’enfant qu’il n’avait jamais cessé d’être. « Dommage, j’ai jamais fait de surf, mais p'tête un jour ? » qu’il répondit avec un maigre sourire. Il n’avait jamais vu l’océan non plus, même si c’était un rêve de gosse. Il n’avait jamais vu beaucoup plus loin que le Vermont d’ailleurs. L’une de ces (énièmes) promesses illusoires (et non tenues) de Nova, quand elle existait encore. Un jour, j’te le promets, je t’emmènerai voir l’océan, ce sera beau, tu verras. Levi n’avait pas vu. Alors, il ne pouvait qu’imaginer. Le souffle des embruns et les lèvres avec le goût de sel, l’immensité d’une eau éclatante et le cri des mouettes qui étendaient leurs longues ailes juste au-dessus, les narguant par la liberté qu’elles possédaient. Plus tard, il aurait pu y aller. Rien ne l’en empêchait, maintenant qu’il était aussi libre que les mouettes. Oui, mais voilà. Il avait promis qu’il irait avec Nova.

« Bon, alors ça veut dire qu’on m’a jamais fait de vrai compliment ? » malicieux, il sourit. Ça ne lui faisait ni chaud ni froid de l’envisager, parce qu’il était bien loin d’avoir ce genre de préoccupations. D’autant plus qu’Adam lui demandait ce qu’il faisait dans ce trou paumé, s’il était un aventurier du monde ? La question à un million de dollars. « J’explore ici, c'est sympa, si on aime le sirop d'érable et les prés » tout un monde à découvrir, pas vrai ? Mais Adam avait raison de se poser la question, pourquoi Redwood Hills et pas ailleurs, alors qu’il aurait pu aller partout où le vent le conduisait ? Il ne pouvait pas répondre. Pas à haute voix, en tout cas, parce que ce serait admettre ce qu’il taisait depuis toutes ces années. Impossible. Nouveau sourire devant la question d’Adam, percutante et directe – il ne tournait pas autour du pot, Adam ! Levi allait finir par s’en souvenir. Pourtant, il secoua la tête, répondant tout aussi vite « J’ai peur de rien » naturellement, personne ne goberait une telle réponse puisque personne n’était dénué de la moindre peur, mais Levi s’en moquait. À force de se répéter qu’il n’avait peur de rien et encore moins de la solitude, il se disait qu’il finirait par le croire. Par se montrer invulnérable, comme les héros de son enfance – comme la plus grande des héroïnes à ses yeux, qui avait mis les voiles avant qu’il ne réalise qu’elle était juste humaine, elle aussi. Il tressaillit un peu devant les mots d’Adam – justement, on y venait. Un frère ou une sœur. « Non » la voix se fit plus sèche, le regard dur et froid comme la glace qui avait emprisonné la partie la plus visible de son cœur. Non, rien de plus, rien de moins. Mais avec l’air de dire attention, danger, ne pose pas de questions. La suite de la conversation lui plaisait beaucoup plus. Parler du salon de thé et des filles qu’il pouvait draguer grâce à ce boulot, voilà un sujet bien plus intéressant ! « T’as tout compris ! » confirma-t-il en levant bien haut sa bière. « C’est quoi ton plan à toi ? » parce qu’il n’y avait pas de raisons d’être le seul à être assailli de questions, Levi voulait en savoir plus sur lui aussi. Le mec qui l’hébergeait, même temporairement, devait avoir de sacrées anecdotes à lui raconter, il en était certain.

Mais il ne s’attendait pas à ça. Que le passé revienne le frapper avec la force d’un boomerang. Adam. Adam, le môme placé, celui qui n’avait pas eu une vie facile non plus. Levi avait une mémoire sélective mais de cela, il n’avait rien oublié. Comment le faire ? Il avait été son ami, autrefois. Levi n’oubliait pas ses amis. Il le vit se relever vivement pour se diriger vers le frigo, était-ce trop difficile de se rappeler ? Il ne dit rien, la gorge trop nouée pour ça. Pas certain de savoir si Adam était heureux ou pas. Ce que lui-même ressentait à l’idée de se trouver dans la même pièce que ce type. Parce qu’Adam savait (sauf s’il avait oublié). Levi pouvait bien raconter tout ce qu’il voulait, inventer toutes les histoires qu’il voulait, ça ne prendrait pas avec Adam comme avec les autres. Et pire, même si Levi ne disait rien, Adam saurait déjà tout. Enfin, non – rien qu’une partie de l’histoire, un bout du puzzle éclaté dans lequel il manquait de nombreuses pièces. Parce qu’Adam n’était pas resté longtemps. Leur amitié n’avait pas tenu longtemps, parce que les adultes n’acceptaient pas l’insouciance des enfants qui se moquaient bien de la famille qu’on se traînait. Son regard s’éclaira devant la bouteille. Excellente idée, le meilleur des remèdes. « T’avais disparu » lança-t-il du bout des lèvres, un souffle à peine audible. Parce que c’était bel et bien ce qui était arrivé. Pas de son plein gré, Levi en avait bien conscience, Adam était trop jeune pour ça. Tout le monde disparaissait dans la vie de Levi, et après, qui pouvait encore s’étonner de son problème d’attachement ? Qui pouvait encore le lui reprocher ? Il ne dit rien de plus. Curieux d’entendre la réponse d’Adam, même s’il n’attendait ni excuses ni justification. Pas de sa faute, non. La faute aux autres, la faute aux monstres, mais pas de la leur.      


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MessageSujet: Re: All those nights that we stayed up talking | Adam All those nights that we stayed up talking | Adam EmptyJeu 2 Mai - 17:56

All those nights that we stayed up talking
@Levi Collins & Adam McAllister

Pas plus surfeur, qu’il n’est dealeur. Avoir la tête de l’emploi ne garantit pas nécessairement l’embauche. Il rigole, Adam. Ce n’est pas à Redwood Hills que Levi trouvera un spot pour fendre le ressac. L’océan n’est pas si loin. Quelques heures de route, un passage par le New Hampshire et il pourrait plonger ses pieds dans l’Atlantique Nord. Levi n’a guère besoin de sa géo. Il aurait sûrement déjà trouvé son bord de mer, s’il en avait eu le désir. Adam critique le patelin. Un patelin qu’il pollue pourtant de sa présence. Il aurait tout aussi bien pu partir. Ramasser ses cliques et ses claques, pour tailler la route vers d’autres horizons… Le fait est que Levi n’a pas tort. C’est sympa ici.  Parfois. Redwood Hills, il a déjà voulu la quitter. Comme d’autres avant lui. Son périple américain rejoue sa partition, quatre années de galères quotidiennes. Jobs ingrats, estomac gargouillant. L’angoisse du solde bancaire, puis l’éternelle question qui s’ensuit. Comment je fais demain ? Pourquoi ai-je autant dépensé le mois dernier ? Tout ça pour quelques rares instants de saisissement devant la beauté d’un paysage, d’une rencontre. Lourd tribut, qu’on pourrait dire. Pourtant, si c’était à refaire... Adam reprendrait larmes et bagages.  Pour la Baie des Anglais, les plaines du Dakota ou les Rocheuses du Colorado… Il ne s’est jamais senti plus vivant que là-bas. Là où les montagnes sont si hautes qu’elles semblent crever le ciel, sur ces plages venteuses et sauvages, ces routes qui n'en finissent pas. Tout bien réfléchi, il était peut-être là, son voyage initiatique. Dans ces années de bourlingue. Avec le recul, cependant, ça ne lui manque pas. L’adulescent se range donc à l’opinion de son convive. « Ouais. Ce n’est pas si mal, ici. » Il se demande pourtant ce qui l’y raccroche, au-delà de cette familiarité facile qui passe généralement pour de l’attachement. Il n’aime pas le Vermont, pas plus qu’un autre coin de ce monde. Il s’y sent juste chez lui. Levi décoche un sourire, la question un rien directe. Sa réponse, du reste, ne le surprend pas davantage. Elle est à la mesure du personnage, haute en couleurs. Il n’a peur de rien, qu’il dit. Bien sûr, Adam ne le croit pas. Il se pare pourtant d’un sourire complice. La citation lui revient sans invitation, issue d’une lecture oubliée. « Celui qui n’a pas peur, qui n’a peur de rien est un imbécile. Ou un désespéré.* » La peur est un garde-fou. Quand on a tout perdu, on n’a plus rien à perdre. Il l’avait interprété en ces termes. Toutefois, il ne lui semble pas que Levi soit un idiot. Quant au désespéré, il le connaît trop peu pour le dire, mais émet toute de même quelques réserves. Il sonne plutôt comme eux. Les précieux, les purs, les miraculés, ceux qui ont gardé le cœur juvénile, l’âme enfantine. Ceux qui croient au surhomme, à la force du mantra, sinon de l’âme. « D’aucuns diraient que tu es fou, désespéré ou que tu fanfaronnes. » qu’il souffle, par espièglerie ou simple esprit de provocation. Il a ses propres peurs, Adam. La scansion des heures, l’irréversible temps qui passe. La mention d’une fratrie tend le blondinet comme la corde d’un arc. Regard dur, ton sec, réaction épidermique... Le message est clair : renonce. Sujet sensible... Il y a donc un frère ou une sœur, quelque part, en sus d’une potentielle plaie au cœur. Trahison fraternelle ? Adam n’insistera pas.  Il laisse la conversation glisser vers un sujet plus léger, le plan drague. Levi a une approche bien rodée, le salon de thé pour terrain de chasse. Et lui, c’est quoi son stratagème ? Adam hésite un bref instant, regard dans le vague. Pour tout dire, le flirt n’a jamais été sa tasse de thé. Il excelle surtout dans l’art des ruptures. Mais… Le brun se penche à demi, tendant le bras pour attraper l’appareil photo qui repose sur la table basse.  « Je suis photographe à mes heures perdues. » explique-t-il. « Quand je repère un sujet intéressant – ou une nana mignonne, si tu préfères – je lui demande si je peux la prendre en photo. En général, elles se sentent flattées. Qui plus est, ça permet de briser la glace. » Il avait obtenu quelques numéros, de la sorte.

Il ne se souvient pas exactement de son visage. La plupart des gens ont des albums pleins à craquer, tirages sur papier glacé Kodak, photos mouchetées d’un vieux Nikon Coolpix aux 8 mégapixels tombées dans l’oubli d’une antique page Facebook. Une enfance immortalisée, rafale après rafale, par des parents destinés à devenir vos propres fantômes. Le flash interne qui vous rend plus pâle qu’un mort, sans oublier les charmants yeux rouges. Les photos jaunissent, s’écornent, se tachent, sollicitées par de trop nombreuses mains. On s’y repenche avec plaisir ou gêne, selon qu’un cliché dossier rejaillit au hasard d’une page, judicieusement placé par une mère un peu traître. Des photos, lui, il n’en a pas. Ce n’était pas le genre de la maison. La daronne n’aurait jamais sacrifié ses dollars dans un jetable, et ne voyait aucun intérêt à photographier l’être qui lui avait consciencieusement pourri l’existence. Puis quoi ? Il aurait sûrement pris le melon à poser pour quelqu’un. Ça lui aurait donné de l’importance. Il aurait existé l’espace d’un instant, devant l’objectif d’un appareil photo. Et ça, elle le refusait. « Tu te prends pour qui, un top model ? Regarde-toi dans la glace. » Les photos de classe, il n’en a jamais eu. Parce qu’il ne restait jamais assez longtemps au même endroit pour ce faire. S’il est de quelques photos, alors c’est un fortuit hasard. Comme on s’invite parfois sur le cliché d’un touriste de passage, pour avoir eu le malheur de marcher dans le cadre. Il se trouvera indéfectiblement dans un angle, un petit coin obscur, visage coupé par la bordure ou mangé par un soleil trop rasant. Par extension, des photos avec Levi, il n’en a aucune. Rien que des instantanés, des images gravées dans sa mémoire qu’on aura plus d'une fois qualifiée de poisson rouge.  Alors, il est facile. Si terriblement facile de prétendre que tout cela n’a jamais existé. Lui, le petit blond de la maison voisine, avec qui il jetait des pierres, piquait des comics, discutait supers héros, ramassait des vers de terre, refaisait le monde… Juchés sur la cime d’un chêne, aussi proches du ciel qu’ils pouvaient l’être. Pas de trace, pas de preuve... Les gestes sont machinaux, alors qu’il se sert une généreuse lampée de Vodka. La petite eau, qu’on l’appelle. Mouais, plutôt un genre de feu… Incendie qui se répand en bouche, grimace à l’appui. Porter sa main sur une bouteille, c’est typiquement le genre de réflexe que sa mère aurait eu. Le réaliser lui fait soudain horreur. Dans ce brouillard fuligineux, Adam perçoit à peine la voix de Levi. Disparu… C’est presque classe. Comme si un vaisseau était venu l’embarquer dans l’espace, à l’instar d’un Peter Quill, aka Star-Lord. Ça ne lui aurait pas déplu. Mais non. On l’avait juste ramené à la case départ, le foyer. Il se souvient par bribes insaisissables. Il se souvient des parents de Levi, du père cogneur, la mère effacée. « Je n’ai pas eu mon mot à dire. Je ne m’appartenais pas. » qu’il souffle à son tour. Une d’histoire d’accréditation retirée, croit-il se souvenir. On l’avait fichu dans une voiture, au sortir de l’école. « Ça ne marche pas Adam, ça ne marche jamais avec toi… » Il revient à hauteur du sofa, dépose un verre devant Levi, gardant la bouteille à portée. « On aurait dû foutre le camp. » qu’il dit sans conviction, pour plaisanter… Comme si c’était réaliste. À l’époque, pourtant, il y aurait cru. Un paquet de Doritos, des sandwich au beurre de cacahuètes et une bouteille de cola dans un sac à dos… Ils auraient tenu toute la vie ! Mais ce n’était pas possible, puis Levi n’aurait pas pu partir… Parce qu’il y avait Nova...  Le pilier de Levi, sa sœur chérie au-delà de tout. Il se souvient, maintenant.  « On peut dire que tu as bien grandi… » Rictus… Il ne sait trop que dire… Le silence pèse comme une chape de plomb sur ses épaules. Un sourire ironique joue sur ses lèvres, alors qu’une vieille conversation lui revient. Il hésite, dos voûté, mains serrées autour de son verre. « Batman… Batman, c’est toujours mon favori. » dit-il, comme si le petit Adam surgissait soudain du passé. Souvenir de leurs lointains débats de garçonnets... Qui est le meilleur super héros ? Qui est le plus fort ? Ça lui paraît si frivole et puéril, aujourd'hui. « Je me souviens aussi d’elle. » qu’il risque, sans citer son nom, espérant que ce ne sera pas déjà trop. Le sujet est délicat, Adam l'a bien compris.

*Claude Jasmin

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