( breaking free )❁ ❁ ❁ ❁ ❁we're soaring, flyin'. there's not a star in heaven that we can't reach if we're trying. yeah, we're breaking free
vanessa hudgens, zac efron (breaking free) ‹ @josephine burrows
Temps mort. Le coup de sifflet comme pour venir marquer la fin de la
partie, les autorités divisant le
terrain en zones. Dans son dos, elle devine qu'il s'agit d'un véritable
marathon, à celui qui ira le plus vite, qui saura fuir le plus loin ; elle est tentée de rejoindre la
course, Jackie, de s'élancer à l'aveugle, les
règles dans ce genre de situation lui étant parfaitement inconnues. Pas la première manifestation à laquelle elle participe, pourtant, mais la première qui dégénère ainsi et qui tend vers une
victoire pour les flics qui l'encerclent. Elle et le petit groupe dans lequel elle s'est retrouvée. C'est peut-être le moment idéal pour développer son
esprit d'équipe, pour élaborer une
stratégie silencieuses avec ses équipiers, essayer de trouver une faiblesse dans le champ d'action opposé afin de prendre l'
avantage mais entre les mains des CRS se trouvent des objets qui l'effraient plus qu'elle ne veut bien l'admettre. Et la fumée des bombes lacrimo lui ont fait monté les larmes, rendu les yeux rouges, empêchent sa
concentration tant elle a l'impression d'
avoir la tête dans le guidon. Ils
jouent pas franc jeu, les flics. Ils trichent avec leur bel attirail payé par l'Etat et qui lui donne un semblant de pouvoir, preuve qu'ils sont
mauvais perdants en plus d'être
mauvais joueurs. Elle les voit, les matraques qui valsent et qui cognent. Elle-même évite de se faire assommée de justesse, en se décalant par un réflexe inouïe, bousculant une jeune (trop, d'ailleurs) fille au passage. Elle a la main qui se tend, Jackie, pour empêcher la brune de tomber au sol, de se faire
mettre K.-O. par un bête accident de parcours.
La
performance mériterait une
médaille (en toute modestie,
obviously).
Et si sa
détermination est loin d'être entachée par l'air farouche des flics, elle se doit aussi de
jeter l'éponge, Jackie. Cause perdue,
balle de match. Fin du game. Elle admet sa
défaite avec un air amer et le regard sombre ; ça lui est difficile d'être
bonne joueuse. Pas sûr que ça puisse seulement arriver, en réalité. Alors, lentement, elle lève les mains et se laisse tomber à genoux. Ca n'empêche rien à la violence des autorités qui la plaquent contre le sol, lui attrapent les poignets pour lui coller contre son dos et Jackie, elle se demande un instant si c'est comme ça que son père et que Pauly procèdent, eux aussi. Ou s'ils sont plus délicats. Plus
humains. Et puis, tandis que le flic tire sur les menottes qu'il vient de lui passer pour l'obliger à se relever, elle est tentée de lui partager un adage qui amorce un sourire sur ses lèvres.
Jeux de mains, jeux de vilains. Et c'est bien de lui dont il serait question, qui roucoule presque d'avoir su arrêter un petit troupeau de manifestants. Il est vaniteux, le poulet, mais du point de vue de la blonde, il n'y a pas de quoi lancer la moindre
célébration - pas de
record pour monsieur au casque et à la tenue digne de l'armée quand ses adversaires sont en jean et veste élimée. Et puis, vaincre à un
sport qui n'en est pas un, est-ce réellement un gain ? Pas de son point de vue à elle mais c'est pas comme s'il lui était demandé ce qu'elle pensait de ce prétendu nouveau record flic-esque. On est loin du
coup de circuit, de sûr que le crâne chauve qui se dissimule sous son casque presque chevaleresque exagère un tantinet ses talents. Elle est projetée dans le fourgon en compagnie de ses compagnons d'armes avant d'avoir eu le temps de lui répliquer quoique ce soit. Et ils se retrouvent dans une obscurité relative et oppressante, collés les uns aux autres, à peine assis sur des bancs trop froids et trop durs pour son postérieur délicat. Elle trouvera le moment parfait pour lui
renvoyer la balle, elle s'en fait la promesse, Jackie.
On ne maltraite pas son postérieur ainsi. Le trajet dure une éternité et pas assez longtemps à la fois. Etrange ambivalence qui bloque ses réflexions philosophiques ou ses débuts de plans de vengeance. Déjà, les portes du fourgon s'ouvrent et ils sont tous tirés un à un de leur confort pour être traînés à travers le commissariat puis entassés. Cette fois-ci, c'est une petite cellule qui leur est réservée. Le grand luxe. Parmi ses camarades de manif, il y a les habitués qui prennent leurs aises à peine les menottes leur sont-elles retirées et les comme elle. Qui découvrent encore ce monde nouveau. Elle l'habitude de l'autre côté, Jackie. De juger d'un air condescendant tous ceux qui se retrouvent derrière les barreaux, de plaindre leur manque de
discipline quand elle n'en fait, elle-même, pas preuve, d'apporter des gâteaux à son père et son cousin et puis l'ensemble de leurs collègues, pour se faire bien voir, se faire apprécier et avoir un joli sourire sur les lèvres (et, pourquoi pas, essayer d'en séduire un ou deux par simple ennui et envie de jouer). L'envers du décor ne lui fait pas envie et pourtant, elle sait qu'elle réitérera l'expérience, Jackie. Parce qu'il y a des causes bien plus importantes que sa peur de ce qui pourrait arriver dans cette cellule pendant ces heures de garde à vue. Et puis, elle le sait, que les flics n'ont rien après eux, qu'ils seront relaxés rapidement, faute de quoi pouvoir les retenir plus longtemps. Elle sait aussi qu'ils vont les ignorer. Autant à Redwood les manifestants sont parmi les gros criminels, autant ici, à New York, ils sont presque invisibles.
Alors elle s'installe, Jackie, à côté de la presque gamine qu'elle a bousculé un peu plus tôt. Elle croise les bras sur sa poitrine, se ronge l'intérieur de la joue et se tourne vers la jeune. «
Tu as le droit de demander à appeler un de tes parents si tu veux que quelqu'un vienne payer ta caution et ne pas rester ici plus longtemps, » qu'elle l'informe juste au cas où elle l'ignorerait. Les avantages d'avoir grandit dans le milieu, c'est qu'elle en connait les secrets - même si les lois du Vermont et celle de l'Etat de New York diffèrent un peu. Elle-même préfère ne pas (encore) appeler ses parents pour demander une avance financière, elle a déjà trop abusé ce mois-ci, elle attendra la prochaine garde à vue.
Et puis, pas sûre que son père apprécie de savoir qu'elle nargue des collègues si loin de chez eux. Quant à Pauly, il a déjà bien assez à faire, elle ne va pas le déranger aujourd'hui, pas tout de suite. Elle craint sans doute encore davantage son jugement à lui que celui de son père, finalement. «
Et désolée, pour tout à l'heure. J'essayais d'éviter l'un de ses singes armés et j'avais pas vu que tu étais si proche. Tu ne t'es pas blessée, au moins ? » La grimace qui étire ses lèvres pendant que ses yeux l'inspectent rapidement. Y a pas l'air d'y avoir le moindre dégâts, c'est déjà ça.