ALTER-EGO : Billie, Andrea, Søren, Ángel, Beth, Asael & Kat
ÂGE : 43
QUARTIER : Lilac Road
MÉTIER : Professeur d'histoire au lycée de Redwood depuis 6 ans, titulaire d'une thèse sur le traitement des homosexuels pendant la Shoah, président de la société historique de Redwood
COEUR : Célibataire
INTERVENTIONS RL : oui
INFOS RP
Sujet: Another brick in the wall - Dheeraj & Nova Sam 24 Fév - 17:41
Another brick in the wall
Dheeraj, Till & Nova
Penché au-dessus de son livre de pâtisserie, Till soupire puis tourne une page. Aucune des recettes proposées ne semble correspondre à sa recherche. Étrange, n'est-ce pas, qu'aucune entrée de ce bouquin ne corresponde à gâteau parfait pour soutirer des conseils en matière d’éducation lorsque l’enfant à éduquer est un adolescent de dix-sept ans poli-traumatisé placé chez vous pour une durée indéterminée ? A défaut, reste donc à découvrir ce qui s’en rapprochera le plus. Un tiramisu, peut-être ? Nouveau soupir, nouvelle page tournée. L’organisation de ce café semble bien cavalière à l’enseignant, témoigne surtout de sa quête désespérée pour obtenir une réponse, une piste, n’importe quelle accroche l’aidant un tant soit peu à comprendre ce qui se trame dans l’esprit de Dheeraj. A chaque pas en avant, donnant le sentiment d’enfin commencer à dénouer la situation, il semble à Till que le gamin le force à revenir de nouveau deux pas en arrière, le laissant systématiquement dans l’incompréhension. D’abord la bagarre au lycée, puis la fois où il est rentré ivre d’une soirée passée à l’extérieur, enfin le rendez-vous chaotique chez la psychiatre. Il essaie, Till. Il essaie sincèrement de composer avec les difficultés bien compréhensibles de l’adolescent mais est forcé d’admettre que certaines choses le dépassent, et de loin. Une tarte aux pommes, tiens. Voilà de quoi au moins dire : je n’ai plus aucune idée et appelle à l’aide, venez me chercher.
La tarte au four, le café prêt à couler, la table dressée. Sans grande conviction, Till prend une photo de ses préparations qu’il envoie à Eilin. « J’attends Nova. Si tu veux passer prendre le café avec nous, tu es la bienvenue. » La moindre des choses compte tenu du fait que c’est grâce à son amie qu’il a obtenu le contact de la jeune femme, espérant qu’un regard neuf sur la situation l’aiderait à y voir plus clair à son tour. En la matière, il ne peut pas vraiment se confier à l’assistante sociale qui a accompagné Dheeraj chez lui, sans que le courant ne passe visiblement très bien. Alors avec quelqu’un d’autre, peut-être que… Que quoi, d’ailleurs ? Qu’espère-t-il, ce grand dadais de prof d’histoire qui surveille sa tarte aux pommes d’un regard inquiet ? Lui-même n’en est pas tout à fait sûr. Peut-être aimerait-il simplement entourer Dheeraj d’adultes de confiance, auxquels il pourrait se confier sans craindre que tout soit rapporté à son tuteur ? Le lycée est un terrain miné en cette espèce, et la psy… Bon. Peut-être que la piste de la psychiatre évoluera vers du positif, avec le temps. Au fond, peut-être a-t-il simplement besoin d’avoir quelqu’un à qui parler, lui aussi. Quelqu’un qui comprenne ces situations, qui ait déjà accompagné des familles d’accueil dans ce genre de processus. Quelqu’un qui au-delà de toute la compassion que lui offrent déjà ses amis, aurait éventuellement quelques bons conseils à lui souffler.
J’ai fait une tarte, si tu veux prendre un goûter. Ce texto-là est pour Dheeraj, avec peu d’espoir qu’il le lise ou en tienne compte d’une quelconque façon, mais tout de même. Maman oiseau pense toujours à nourrir ses oisillons, y compris lorsqu’ils sont hors du nid. Finalement, c’est pile au moment où le brun sort enfin sa pâtisserie du four que la sonnerie de l’entrée retentit, annonçant non pas la présence de Dheeraj mais sans doute celle de Nova. Il retire rapidement son tablier, se dépêche d’aller ouvrir. « Nova, bonjour. » Un sourire qui se veut chaleureux, ne l’est sans doute pas tant que cela. La fatigue s’est nichée au creux de ses premières rides de quarantenaire ces derniers temps, accentuées par le plus grand souci qu’il s’est pourtant toujours souhaité : être père. S’en approche-t-il seulement, ne serait-ce même qu’un peu ? « Merci d’avoir accepté mon invitation, je sais que c’est un peu… particulier. » Quel mot choisir pour définir le fait d’inviter une inconnue à prendre le café pour recevoir d’elle quelques conseils au sujet d’un enfant placé qu’elle ne connait pas davantage ? De tous les choix possibles, Till espère que stupide ne sera pas celui qui emportera finalement la course. Quelques instants plus tard, le voici à déposer dans un soupir la tarte encore chaude sur la table basse du salon où il a invité Nova à s’installer, s’asseyant d’un air songeur face à elle. « Je ne sais pas trop par où commencer… » avoue-t-il avec douceur tout en effectuant le service. « Comme je te l’ai dit rapidement à l’auberge, j’accueille depuis quelques semaines un ado et c’est… Compliqué. Enfin je ne sais pas, j’ai du mal à vraiment établir le dialogue avec lui et j’ai l’impression d’être franchement à côté de la plaque dans tout ce que je fais pour l’aider. Café ? » A défaut d’être un excellent tuteur, Till s’efforce au moins d’accueillir sa pauvre convive avec bienséance.
_________________
Tausend Fragen, tausend Wünsche
•• amaaranth
:
Nova Collins
-- bouquet de pleurs --
PERSONNAGE
-- she is brave and strong and
broken all at once.
Elle a dit oui, Nova. Elle ne saurait expliquer pourquoi. Elle n’a pas su, sur le moment, prise de cours sûrement ; prise au cœur surtout, le métier vissé à l'âme, dans ses chairs. Une vocation. La désillusion ensuite. Le regret, peut-être éternel, d’avoir failli au devoir ; une fois, rien qu’une fois. La fois de trop. C’est irréparable, pourtant c’est ça, sa quête, une forme de rédemption. C’est ce qu’elle a vu dans les yeux suppliants de Till, c’est ce qu’elle y a lu, peut-être ce qu’elle a voulu y voir. Une occasion de réparer, racheter sa faute, mais rien ne suffirait. Pour ça, il lui faudrait ressusciter les morts, racheter une vie, c’est impossible. Est-elle à la hauteur, alors ? Sait-elle encore s'y prendre ? Les adolescents, pas sa spécialité, elle l’a dit à Till. Ce qu’elle ne lui a pas dit, c’est que cet âge compliqué l'effraie un peu. Elle se rappelle comment elle était à quinze ans, elle se rappelle du lycée, de la torture dans l’âme et dans la tête, et le corps étranger, étranger à soi. Elle se rappelle de tout, toutes les difficultés du monde. Les autres. Elle est si loin, cette période, et pourtant tellement proche. Ce sera toujours hier. Il lui a fallu rassembler son courage pour quitter l’auberge, décider de se rendre chez Till d'un pas actif, à honorer le rendez-vous. C’était facile d’être confiante par sms, de se rassurer -l’a-t-il trouvée rassurante ? En chemin, elle se demande ce qu’elle est en train de faire. Tu voulais tout arrêter. C’est quand la porte s’ouvre au premier coup de sonnette, qu'elle se retrouve devant le même homme qu’à l’auberge, le même souci au bord des yeux et la même chaleur dans le sourire qu’elle prend conscience des espoirs qu'il place en elle. Son estomac se serre alors qu’elle s’efforce de lui retourner son amabilité -il ne verra aucune de ses dents. Ses yeux dérivent sur le décor en arrière plan, aperçoivent une tarte sur le four, ou est-ce l’odeur ? À l'intérieur, ça sent comme dans une vraie maison, une où l’on rentre de l’école pour trouver le goûter posé sur la table de la cuisine. Des parfums que Nova n’a jamais connus, qu’elle reconnaît pourtant. Il la salue. « Bonjour. » Elle se décrispe un peu grâce à la douceur ambiante, celle du professeur, au tutoiement aussi -elle n’aura pas à écorcher son nom de famille. Les salutations n’ont rien de formel et il y a bien une tarte. Elle peut se détendre, mais son cœur se pince à la vue de la pâtisserie, à la pensée du temps passé à la préparer pour elle, pour Dheeraj sans doute. Pour que tout se passe bien. Rares sont les familles qu’elles a visitées qui se donnaient ce mal. Particulier. « De tomber chez la réplique masculine de Bree Van De Kamp ? » Elle sourit, spontanément cette fois, ose un trait d’humour. Pas de il n’y a pas de quoi pour Nova. Pourvu qu’il ait la référence. Elle sait ce qu’il entend par particulier. Cette situation tout entière, elle ici chez un inconnu rencontré à l’auberge -faute à une tenancière trop bavarde, elle ici à devoir donner des conseils sur comment gérer un adolescent qui a connu les foyers et les familles d'accueil sûrement toutes plus problématiques les unes que les autres. Nova connaît le système, ses limites et ses failles ; il l’a usé jusque la moelle, elle aussi, mais de Dheeraj elle ne sait rien.
Installée au salon, la tarte bientôt sous le nez, elle regarde Till prendre place face à elle. Par où commencer ? La petite voix maligne dans sa tête lui souffle par le début, elle la fait taire. « Parle-moi déjà de toi. » Comment tu te sens ? Pas très bien, soucieux, elle l'a déjà compris. C'est aussi pour ça qu'elle est là Nova, pas seulement pour Dheeraj. Elle tient à connaitre Till. Elle maintient sa posture, écoute ses premiers mots, acquiesce d'un signe de tête en le regardant verser le café. Il ne lui manque que le tablier, l'image mentale s'impose à elle, la fait sourire un peu plus. « C'est normal d'être à côté de la plaque, c'est même à ça qu'on reconnait les parents d'ados. » Qu'il se rassure alors ? Se détende un peu, peut-être. Nova ne juge pas, elle n'est pas mère, ne le sera probablement jamais et encore moins d'un adolescent. Elle aurait pu, dans une autre vie, prendre soin de Levi. Elle ne l'a pas fait. Elle comprend néanmoins que c'est ce à quoi aspire Till : être une figure paternelle. « Qu'est-ce que tu as fait récemment ? » Pour l’aider. Elle aimerait lui dire que ça fait toute la différence. Il veut l'aider, pas juste nourrir et loger. Mais Nova reste prudente, méfiante par nature. Elle y va doucement, rebondissant sur ses paroles pour lui faciliter la tâche et doucement amener la conversation vers Dheeraj. « Est-ce que tu en sais un peu plus sur son passé ? » Depuis la dernière fois. La seule où ils se sont parlés, en fin de compte, devant la porte de sa chambre.
_________________
ETOILE NOIRE y'a que toi qui prends feu ce soir
Till Neuschwanstein
-- membre qu'on adore --
PERSONNAGE
LITTLE TALKS : 922
PSEUDO : Schnappi
AVATAR : Hugh Dancy
CREDITS : Avatar : mrs.chaplin
ALTER-EGO : Billie, Andrea, Søren, Ángel, Beth, Asael & Kat
ÂGE : 43
QUARTIER : Lilac Road
MÉTIER : Professeur d'histoire au lycée de Redwood depuis 6 ans, titulaire d'une thèse sur le traitement des homosexuels pendant la Shoah, président de la société historique de Redwood
COEUR : Célibataire
INTERVENTIONS RL : oui
INFOS RP
Sujet: Re: Another brick in the wall - Dheeraj & Nova Sam 23 Mar - 9:55
Another brick in the wall
Dheeraj, Till & Nova
Il ne s’en rend pas compte, mais la maison de Till a déjà tout d’un foyer. Elle est habitée par une présence bien plus que par des individus, par ce soin porté à chaque chose ; Cette attention. Du journal du jour oublié sur la table de la cuisine au petit mot rédigé à l’intention de Dheeraj sur le frigo en passant par la tarte dans le four, tout y est. Ces détails qui font de murs sans vie un espace réconfortant, il ne les voit pas. Croit toujours qu’il lui manque quelque chose : le partenaire, le certificat d’adoption, l’ajout de quelques brosses à dent dans le verre du lavabo ou de noms sur la boîte aux lettres. Il ne manque rien, pourtant. Tout est là, entier et franc, tellement sincère dans chacune de ses nuances. « Touché » sourit-il sans difficulté, le masque de fatigue s’estompant pour accueillir dignement son invitée. Sent-elle à quel point cet inconnu compte désespérément sur elle, tout à coup ? C’est peut-être un peu écrasant tant cela saute au visage. « Ne me manque que l’amour des armes à feu, je crois. » Son côté papa-poule/père-au-foyer/parfait-homme-d’intérieur, Till l’assume et en plaisante volontiers. Voire, l’aime réellement. Il n’a jamais rien souhaité plus ardemment que de pouvoir consacrer son temps à des choses aussi simples que préparer des goûters pour le retour de l’école – rêves qui en dépit de leur apparent manque d’ambition se révèlent dans les faits quasi inaccessibles.
Il n’empêche que le goûter du jour est effectivement prêt, par pour un écolier qui s’empresserait de jeter son cartable dans un coin avant d’aller se vautrer dans le canapé, mais bien pour Nova qui s’installe droite et attentive dans ce salon inconnu. Dans d’autres circonstances, Till se serait sans doute abstenu d’une telle invitation, aurait au moins fait en sorte qu’une troisième personne soit présente pour rompre tant la glace que la possible inquiétude de se retrouver seule avec un homme chez lui. Attentif à ce genre de réflexions qu’il comprend parfaitement, espérant néanmoins que son amitié avec Eillin sera un gage suffisant de sa complète inoffensivité. « Moi, ça va… A peu près. » Un froncement de sourcils césure la déclaration alors que le mensonge semble tout à coup occuper un fauteuil entier à côté d’eux. Est-ce qu’il va réellement bien ? Sans doute pas. Devrait-il donc avouer qu’il va mal ? Ce serait une exagération. C’est surtout l’impression d’être perdu qui domine, désagréable. A côté de la plaque, sans aucun doute, mais parent d’ado ? Son regard se relève pour découvrir un sourire auquel il répond spontanément, s’efforçant de faire taire la protestation qui voulait poindre. Pas parent non, seulement l’ombre d’un tuteur rivalisant d'incompétence pour comprendre les réactions de son recueilli. Il faudra faire avec, peut-être qu’une tasse de café aidera à avaler la pilule.
« Ce que j’ai fait… » Une inspiration songeuse alors que l’enseignant se laisse aller dans le fond de son fauteuil, serrant sa propre tasse comme s’il pensait y trouver la réponse à cette évaluation surprise. Pas qu’il n’ait pas révisé, pourtant. Till est l’élève studieux par excellence, cherche donc ses mots pour répondre correctement à l’interrogation. « Rien de trop particulier, en fait. Je l’ai accueilli comme j’accueille tous les enfants qui arrivent chez moi, sans trop me poser de questions. J’aurais probablement dû, dès le départ les choses ont été un peu… Chaotiques. » Le chewing-gum toujours enfoncé dans la serrure de la chambre de l’adolescent pourra en témoigner. Bien que difficile à comprendre, l’attitude de Dheeraj a au moins la vertu d’être assez égale dans son refus de baisser les armes depuis le jour 1. « Et après, ça n’a été qu’un enchaînement de situations conflictuelles. Bagarres au lycée, début de suivi catastrophique chez la psy… Retour complètement bourré de soirée clandestine… » Il hausse les épaules tout en secouant un peu la tête avant de boire une gorgée de son café et de se réavancer pour poser la tasse sur la table. Ça manque de sucre, de lait. Till n’a pas le goût aux choses amères aujourd’hui, ses paroles suffisent déjà à en inonder ses papilles. « A part tenter de discuter, je n’ai pas fait grand-chose. Je ne sais pas quoi faire d’autre, surtout » confie-t-il enfin avec la crainte que Nova interprète l’aveu comme une marque de désintérêt. Affirmer qu’il ne réfléchit à rien d’autre qu’à des manières d’améliorer ses relations avec Dheeraj ces dernières semaines serait pourtant la réalité la plus parfaite. « Non. Il parle parfois de l’Inde mais jamais de son parcours, de sa famille ou de ce qui l’a amené ici. » La tasse noyée dans des exhausteurs de goût retrouve sa place entre des mains anxieuses qui la serrent un peu trop fort. « Il parle aussi de ce qu’il a vécu dans d’autres familles d’accueil… » Le ton est plus bas que précédemment, plus lourd de sous-entendu aussi alors que le brun reporte son regard sur la jeune femme. Elle connaît le système, doit forcément comprendre ce qui se niche dans le silence de ses mots. Des abus et maltraitances, combien en a-t-elle constaté dans sa carrière, Nova ?
_________________
Tausend Fragen, tausend Wünsche
•• amaaranth
:
Nova Collins
-- bouquet de pleurs --
PERSONNAGE
-- she is brave and strong and
broken all at once.
Il ne faut pas longtemps à Nova pour comprendre où elle met les pieds. Un pied suffit pour sentir la chaleur du foyer dans lequel elle pénètre. Une microseconde pour sentir toute la différence que ça fait, avec ce qu’elle n’a jamais eu, elle. Ça laisse des traces. Et toutes ces familles -elle utiliserait le terme avec réserve, réprimerait son dégoût- chez qui elle est entrée et chez qui elle a su, immédiatement, où elle a senti, le malaise palpable jusque dans ses tripes. Il imprégnait les murs, jusqu’au tablier parfois parfaitement repassé de mères tirées à quatre épingles. Peut-être même que Till les jalouserait, ces femmes et leur apparence impeccable, aux pleurs sans larme. Mais ce n’était que ça, des apparences. Une tromperie, mauvaise copie d’un portrait d’une Amérique parfaite au générique d’une vieille sitcom. Le desperate husband material ne lui fait pas cet effet-là, plutôt tout l’inverse. Si sa méfiance naturelle est toujours présente, quelque part dans un coin, entre le cœur et l’estomac, Nova se détend. Voilà qu’elle blague. Touché. Voilà qu’elle sourit. Il a la référence, mais que Nova se rassure, il ne collectionne pas les armes à feu. « C’est plutôt rassurant. » Comme si elle craignait pour sa vie. Ce qu’elle craint, c'est l'espoir qu'il place en elle. Ça aussi, ce sont des choses qui se sentent. Elle l'épellerait le désespoir, sans jugement aucun. Mais le désespoir pousse à faire des folies, des erreurs aussi. En es-tu une, Nova ? Toute cette vie, sa carrière, tout ça, n’est-ce pas qu’une monumentale erreur ? D'elle, Till ignore tout. Des choses qui ne méritent pas une part de tarte maison. Des choses qu’elle se doit de taire.
Droite. Professionnelle -souviens-toi, souviens-toi. Le défi c'est ne pas se sentir trop à son aise dans le canapé confortable, avec le goûter qui embaume la pièce. Comment ôter le malaise chez la personne en face, celle qui accueille, qui sert et qui sourit, celle qui a eu suffisamment de courage pour demander de l’aide à une inconnue, quand elle-même fait tous les efforts du monde pour dissimuler sa gêne ? Le truc de l’assistante sociale, c’était plutôt de l’installer, le malaise, pas de le cacher. déstabiliser, pour voir, derrière les masques, gratter la surface, racler la salissure. À peu près. Sûrement un euphémisme, le professeur est poli. Nova n’insiste pas. Ses lèvres closes la trahissent, elle comprend. La trahison est douce. Elle non plus ne va pas très bien. Elle aussi est un peu perdue. Le professeur est poli, il est également modeste, Nova le remarque. Le terme parent n’est pas choisi au hasard. Certains s’enorgueillissent, d’autre s’inquiètent.
Elle écoute, attend, mains atour de la tasse. Ce qu’il a fait, lui, Till. Parce qu'il a bien fait quelque chose ; les gens qui prennent la peine de laisser des mots sur le frigo font quelque chose. Comme avec les enfants quand ils récitent leur leçon, elle évite de le regarder, c'est moins impressionnant. « Tu en as accueilli beaucoup ? » Spontanément, elle a senti l’étincelle dans ses yeux, et puis : « Désolée, je suis curieuse. » Un peu trop parfois, jamais pour rien. « C’est souvent chaotique, les premières fois. » Le sous-entendu que pourrait avoir sa phrase la fait sourire. Si jamais le café et la tarte n’ont pas détendu l’atmosphère… Évidemment, elle voudrait savoir comment, ce que signifie chaotique pour un homme comme lui -impeccable, mais elle ne force pas le récit, pas maintenant que les mots s’enchaînent, que le fil se délie, bout par bout. « Hm. » Hm, plus fort qu’elle, comme un cri du cœur, et le sourire derrière, sans doute trop tendre pour les situations qu’il énumère. Nova ne voit pas forcément les choses comme ça. « On dirait que t’as eu l’échantillon complet des grands classiques de conneries adolescentes. » Bagarre, beuveries, avec découchage peut-être. « Il sèche les cours ? » Ne manque que ça pour un strike. Elle en mettrait sa main au feu, autrement c'est sûrement la prochaine catastrophe qui l’attend. Ses lèvres se crispent sans le vouloir. Till est démuni. Nova inspire, lâche sa tasse à son tour pour se concentrer sur le positif, ouais, pas une mince affaire, mais elle, elle ne voit que ça. « C’est le mieux à faire, tu sais. » Non, il ne doit pas savoir. « Garder son calme, discuter, chercher à comprendre, c’est difficile et beaucoup n’y arrivent pas, ou n'essaient même pas. » Ne jurant que par l’autorité. Pas Till. He cares. Et ça, ça fait toute la différence. « Je te dirais de persévérer. » Sûrement pas le super conseil miracle auquel il s’attendait, désolée. « Regarde cette psy, il a quand même accepté de la voir, ce n’est pas pour rien. » Encourageant. Elle aimerait qu’il arrive à cette conclusion. Qu’il la croit. « Et cette bagarre, est-ce que vous avez pu en parler ? » Ce n’est pas si loin, le lycée, pour Nova. Bordel ce que ça a pu être compliqué parfois. Bien sûr c’est pire en arrivant en cours d’année. « C’est difficile de faire autre chose que des généralités sans savoir. » Veut-il quand même qu’elle s’y risque ? Une part de tarte l’aidera peut-être à réfléchir. Ça se bouscule dans sa tête, sur ce que Dheeraj a pu vivre, ou subir… Les dernières paroles de son tuteur lui coupent l’appétit. Oui, elle y a pensé. Elle y pense toujours. « Rien de tout ce que tu pourras dire ne me choquera… » C’est son métier. Sa cruauté. Nova ne s’y est jamais faite ; ne pas s’impliquer émotionnellement, foutaises, pourtant elle s’est blindée, comme les autres. Il fallait qu'elle survive. « …Mais je préférerais en parler avec lui. » Les secondes ont été longues, trop peut-être. Peu de chance que ça arrive, ou alors la jeune femme est défaitiste. « S’il t’en as parlé, c’est qu’il est en confiance. Je ne vois pas pourquoi il ne te parlerait pas de sa famille aussi, à un moment donné. Ça prend du temps, pour refaire confiance quand… -ouais, il sait. ...Y’a qu’avec le temps et en voyant que tu es toujours là pour lui, que tu t’en soucies qu’il comprendra que tu es différent et qu’il peut baisser sa garde. » Nova, elle, relève doucement les yeux de la tasse de Till à son visage. « Je n’ai pas de solution miracle ni de manuel préconçu à te fournir, je suis désolée. » Oh elle l’est.
Spoiler:
pardon pour la tartine
_________________
ETOILE NOIRE y'a que toi qui prends feu ce soir
Dheeraj Paswan
-- membre qu'on adore --
PERSONNAGE
LITTLE TALKS : 140
AVATAR : Piyush Khati
CREDITS : mujhe
ÂGE : 17
QUARTIER : Lilac Road
MÉTIER : backbencher du lycée
COEUR : célibataire sans expérience attiré par les garçons
INTERVENTIONS RL : oui
INFOS RP
Sujet: Re: Another brick in the wall - Dheeraj & Nova Jeu 16 Mai - 22:42
Tout pour ne pas être à la maison. C'est ce que j'ai toujours fait, depuis que j'ai foutu les pieds dans ce foutu pays. Il y avait quelque chose de vraiment différent, pourtant, chez Till. Ce quelque chose qui devrait être rassurant, mais qui au final ne l'était pas du tout. Oh, ça ne venait pas de lui. Il n'avait pas cet air faussement mielleux ou bizarre qui rendent tous les manipulateurs détestables, et surtout reconnaissables, quand on en a croisé suffisamment pour détecter leurs manières bien cachées derrière les faux-semblants. Non, lui n'était pas comme ça. Ce n'était pas de sa faute. C'était de la mienne.
J'avais peur, oui. Mais pas de lui. Je n'avais plus peur de lui, du moins. Pas que j'ai montré quelconque signe, enfin je crois, allant en ce sens... mais alors pourquoi continuer de fuir la maison, alors ?
Je ne sais pas. L'habitude ? Sans doute. Mais ce serait me mentir à moi-même. Alors la peur, hein ? Oui. Si j'étais honnête avec moi même, oui. Mais la peur de quoi, si ce n'est pas de lui ? L'inconnu, encore et toujours.
"They paint the world full of shadows and then tell their children to stay close to the light. Their light. Their reason, their judgements... because in the darkness there be dragons."
Est-ce que Till serait de cette forme de gens malfaisants que je ne savais pas encore reconnaître, parce que j'avais jusque là eu la chance de ne pas les rencontrer ? Non, je ne le pense certainement pas. Mais qui ce serait, alors, le dragon, dans ce cas ? Moi ? Peut-être. Pourquoi pas. Mais je ne crois pas. Le dragon, c'est l'attachement. C'est aimer... et tout perdre à nouveau. Me retrouver encore gamin, seul et paumé... et renvoyé à l'autre bout du monde. Monde qu'il ne connaît pas. Et si je ne reconnaissais pas mon propre pays si j'y étais renvoyé à nouveau ?
Quoi qu'il en soit, je me vide la tête, ne pense à rien (enfin, ce que j'essaie, en tout cas), claquant le ballon sur le sol du bitume à peine découvert de neige, la musique dans les oreilles, et les yeux fixés vers le panier. Y'a personne. Tant mieux.
Le Bluetooth résonne dans les oreilles, coupant un si bon son au milieu d'un si bon refrain, alors que j'allais mettre un si bon panier. Un peu agacé, je ne m'arrête pas pour autant. Il n'y a qu'une seule personne qui pouvait m'envoyer un message, et c'était Till. Personne d'autre ayant mon numéro ne m'enverrait de message, de toute façon. Alors je continue à jouer, jusqu'à ce que le froid vienne me paralyser malgré mes mouvements, le vent entraver ceux de mon ballon, et la batterie des écouteurs râler dans mes oreilles pour me dire qu'elle est faible. Je finis donc par me résigner, renfiler ma veste, attraper mon sac et rentrer à la maison.
À la maison. J'aimerais bien pouvoir sincèrement le dire, le ressentir... Mais la maison, ça fait bien longtemps que je ne sais plus ce que c'est. Les odeurs de cuisine, la vieille radio qui grésille et mon père qui chantonne, m'accueillant d'un sourire alors que je me sers avant d'aller m'affaler dans le canapé... des fois, je me dis que c'était pas moi. C'était un vieux rêve, que j'ai fait une nuit, il y a longtemps...
La chaleur me prend au corps alors que je passe le pas de la porte. Je balance un "I'm home!" en même temps que mes baskets, qui finissent leur course en roulant mollement et en vrac contre les chaussures bien rangées et alignées de Till. De la même manière, mon sac finit au pied de l'escalier dans un bruit étouffé, et ma veste prête à dégouliner telle une goutte d'eau oubliée au bord de la carafe alors que je viens à peine de la pendre à la patère.
C'est là que je remarque que, premièrement, même si ça manque d'épices, ça sent quand même la cuisine, et deuxièmement, Till a de la visite. Mais qu'importe la visite, tant qu'il y a de la tarte aux pommes ! Je m'approche donc en faisant un signe de la main avec un vague "Hey!" en guise de salutation avant de m'emparer nonchalamment d'une part que j'engouffre rapidement. La bouche encore pleine, je ne manque pour autant pas de complimenter le pâtissier.
- Hmm, trop bonne Chacha!
Chacha. C'est sorti tout seul, et je me sens coupable. Pourquoi je me sentirais coupable ? Ça veut juste dire "tonton", c'est même assez cool. Chez moi, on appelle tous les mecs plus âgés "uncle", et j'avoue que je n'avais pas très envie d'affubler Till de ce nom. Je me sens un peu plus proche de lui qu'un random uncle. Mais jusque là, je ne me voyais franchement pas non plus l'appeler Chacha...
"But it isn’t true. We can prove that it isn’t true. In the dark, there is discovery, there is possibility, there is freedom in the dark when someone has illuminated it. And who has been so close as we are right now?"
Flint Speech - Black Sails - S4 E10
Till Neuschwanstein
-- membre qu'on adore --
PERSONNAGE
LITTLE TALKS : 922
PSEUDO : Schnappi
AVATAR : Hugh Dancy
CREDITS : Avatar : mrs.chaplin
ALTER-EGO : Billie, Andrea, Søren, Ángel, Beth, Asael & Kat
ÂGE : 43
QUARTIER : Lilac Road
MÉTIER : Professeur d'histoire au lycée de Redwood depuis 6 ans, titulaire d'une thèse sur le traitement des homosexuels pendant la Shoah, président de la société historique de Redwood
COEUR : Célibataire
INTERVENTIONS RL : oui
INFOS RP
Sujet: Re: Another brick in the wall - Dheeraj & Nova Dim 19 Mai - 1:29
Another brick in the wall
Dheeraj, Till & Nova
Très difficile d’être à ce point dans le flou lorsqu’on est habitué à être celui qui sait ; Le professeur aux milles réponses, l’historien aux mille ressources. Till fait partie de ces gens rarement confrontés à leurs impossibilités, au contraire doués de toutes les capacités pour se sortir des situations inconfortables. Diplomatie, patience, culture. Des tonnes de qualités comme autant de clés utilisées en vain pour ouvrir une porte sans serrure ni poignée. Il aimerait tant trouver l’entrée, pourtant. Lever le voile, se faufiler dans l’entrebâillement, être la petite souris capable de voir des chemins que personne d’autre ne voit. Raté. A défaut, ne lui reste plus qu’à appeler à l’aide du mieux qu’il le peut, ne sachant tout à fait dans quelle direction aller mais s’efforçant de ne négliger aucun début de piste. Nova a-t-elle conscience qu’elle compte parmi ces pistes aux yeux de l’enseignant qui l’accueille avec une tarte et du café comme pour l’amadouer, la convaincre de lui livrer tous ses secrets ? Elle est là, droite et souriante sur son canapé, visiblement prête à aider et Till ne peut s’empêcher de croire que cette fois, c’est la bonne : qui de mieux placé qu’une assistante sociale pour lui expliquer comment accueillir un jeune désœuvré, après tout ? Les doigts serrés autour de sa tasse, il réfléchit tout en laissant son regard se perdre dans le vide d’une bibliothèque. « Ne sois pas désolée, il faut juste que je compte… » Le regard revient à elle, les lèvres s’étendent en l’ombre d’un sourire crispé. Première fois ? Légère moue. Si seulement il avait au moins cette excuse-là. « Dheeraj est le cinquième enfant que j’accueille, c’est… Bon. Ce n’est que le deuxième adolescent, ceci dit. » Un effort pour se trouver une excuse ? Pas impossible. Courageusement, il déroule malgré tout le reste du récit, tâchant de reprendre les éléments dans l’ordre.
L’échantillon complet. La formulation lui arrache un sourire en même temps qu’un léger signe de tête, acquiescement discret de celui qui a effectivement l’habitude de se retrouver confronté à ces conneries, mais encore jamais sous son propre toit. « Un peu, pas tant que ça. Ce n’est pas si facile j’imagine, vu que je travaille au lycée. » Léger haussement d’épaules, sourire presque un peu navré. C’est terrible d’être à ce point intrusif sans le vouloir, mais malheureusement les choix de lycée dans le coin demeurent assez limités. A moins d’envoyer Dheeraj à Burlington, ce qui n’aurait sans doute qu’été un élément supplémentaire de complications multiples. « Il n’est pas dans mes classes, ceci dit » qu’il ajoute rapidement avec un geste de la main, comme pour dire promis, ce n’est pas fait exprès. Pas exactement le genre à essayer d’asseoir un contrôle permanent et rigoureux, bien davantage qu’avec des sanctions et une surveillance de tous les instants, c’est bien par cent discussions que Till tente de poser un cadre. Soulagé, même s’il se sent impuissant, qu’une experte lui confirme avoir opté pour la meilleure méthode. « Hm. » Il hoche doucement de la tête, buvant ses paroles. Tapote-moi encore un peu l’épaule, s’il te plaît, Nova. Une inspiration, un autre hochement de tête. « Persévérer, d’accord. » Le mot s’installe dans son esprit, dépose ses valises dans un coin et met les pieds sur la table. Mince. Il faudra bien avouer que Till espérait un peu plus que cela malgré tout. « Oui, c’est vrai. Tu as raison. » Tout point positif est bon à souligner, n’est-ce pas ? Oui, bien sûr. Évidemment. Il le sait bien, le prof : ne commence-t-il pas toujours par pointer les aspects réussis lorsqu’il rédige ses appréciations de copies, surtout chez les plus catastrophiques ? En l’occurrence, c’est lui la copie catastrophique et Nova l’enseignante qui essaie de ménager sa sensibilité.
« On en a parlé, oui. A la décharge de Dheeraj, le gosse d’en face est vraiment… » Un petit con, une purge, un boulet. Un peu d’éthique, Till. « Difficile. » Quelle pudeur. « Ça part d’un conflit que j’ai eu avec cet élève l’année dernière, par je ne sais quel moyen il a appris que Dheeraj habitait chez moi et… Ils se sont disputés. C’est encore à cause de moi, en fait. » Sauf qu’il a un peu trop honte pour rentrer dans les détails de cette histoire, maintenant qu’ils se les remémore avec précision. Nova a beau faire preuve de toute la douceur du monde, le brun n’oublie pas qu’il se trouve en face d’une assistante sociale : et si son bilan revenait finalement à dire qu’il faut que Dheeraj change de foyer, que Till n’est pas la personne la plus à même de l’accueillir ? L’ombre d’une douleur qui passe dans le regard, comme la confirmation – non confirmée, pourtant – de quelque chose qu’il sent confusément mais fuit. « C’est mieux que vous en parliez ensemble, effectivement. » Parce que malgré tout, il se rend bien compte qu’il édulcore involontairement les parties du récit à son déshonneur, là où Dheeraj serait bien sûr plus honnête. Plus lucide, probablement. C’est presque triste qu’elle essaie malgré tout de lui remonter le moral, aura-t-il toujours le droit à tant de chaleur de sa part une fois qu’elle en saura davantage ? « Il n’y a aucune raison d’être désolée, c’est moi qui le suis en fait. Je ne sais pas si je me noie dans un verre d’eau ou veux trop forcer les choses, il faut du temps, tu as raison. » Encore, il le répète. Parce qu’il lui semble bien que Nova l’ait, cette raison qui lui manque désespérément et l’empêche de voir plus clair dans ce qui ressemble en tous points à un sac de nœuds. Le bras sur l’accoudoir, une main fatiguée qui se frotte le front. Quel enfer, pour celui qui sait toujours, de ne pas savoir.
« Ça fait longtemps que tu fais ça, Nova ? » Très loin d’un quelconque besoin de vérifier la légitimité de son interlocutrice, simplement l’envie d’une courte pause tout à coup. Parler d’elle plutôt que de lui, plutôt que de Dheeraj. Contempler un autre parcours, suivre une autre ligne. Peut-être de quoi s’inspirer, comme disent les jeunes. Puis le bruit d’une clé dans la serrure, du remue-ménage devenu habituel depuis que l’adolescent s’est installé. « Ah, c’est… Hey ! Je suis au salon. » De Nova au couloir de l’entrée, le regard du professeur se déplace en même temps que le volume de sa voix s’intensifie. Au cas où il y aurait un doute, et même si la maison n’est finalement pas si grande que cela. Un petit sourire à l’adresse de son interlocutrice, de quoi combler l’embarras des quelques secondes d’attente avant que le grand spaghetti trop cuit, morphologie si typique de son âge, n’entre enfin dans la pièce. « Ça va ? Tu jouais encore au basket à cette heure ? » Pas qu’il soit si tard pourtant, mais le soleil d'hiver a tendance à vite se cacher. « Tu dois être gelé » note-t-il encore dans une moue pleine de tendresse et de mélancolie, expression si difficile d’une affection qui peine à trouver son point d’encrage. Tout occupé à l’observer se servir, retenant sa protestation – les miettes sur le tapis ! – il en oublie un instant le fil de la conversation précédente. Le mécontentement lié au tapis s’efface au profit de l’impression d’avoir pu faire plaisir, ne serait-ce qu’un peu, avec cette tarte réussie. Chacha ? A peine le temps de s’interroger qu’il remarque sa propre impolitesse, tout à coup. « Je te présente Nova, une amie d’Eilin. Tu sais, à l’auberge ? » Parce qu’il le traîne de temps en temps dehors, malgré tout. Tente de l’intégrer dans son cercle, dans sa vie. Ce n’est pas un secret que Dheeraj vive chez lui et maintenant qu’il faudrait faire le lien avec cette nouvelle personne, Till ne sait plus vraiment par quel angle prendre le problème. « Elle… En fait c’est pour faire ta connaissance, qu’elle est venue. Peut-être que vous voudriez discuter un peu ? » Maladroit, probablement, mais l’enseignant dénoue déjà ses jambes pour préparer sa sortie de la pièce.
_________________
Tausend Fragen, tausend Wünsche
•• amaaranth
:
Nova Collins
-- bouquet de pleurs --
PERSONNAGE
-- she is brave and strong and
broken all at once.
Il faut qu’il compte. Allez savoir pourquoi, ça la fait sourire. Elle l’imagine de ceux qui comptent, Till, vérifient. Qui tournent sept fois leur langue dans la bouche avant de parler. Posé, réfléchi, sérieux. Nova n’est pas là pour le déstabiliser mais, déformation professionnelle ou habitude propre à son caractère, elle ressent une pointe de satisfaction quand elle y parvient. Sans faire exprès cette fois, promis. C’est même pour ça qu’elle sourit ; ils sont rares, les sourires, dans l’exercice de ses fonctions, ceux qui d’ordinaire s’échappent sont crispés, faux. Ce n’est pas le cas avec le professeur. Elle acquiesce. « On pourrait croire que ça devient facile à force, pas vrai ? » C'est bien de cela qu’il s’agit n’est-ce pas ? Elle interprète son besoin de préciser, seulement le deuxième adolescent, comme une circonstance atténuante. Nova se déride, laisse parler sa curiosité. « Tu sais ce qu’ils sont devenus ? » Les quatre autres, donc, peut-être bien là qu’elle veut en venir depuis le début. Où ont-il fini ? Où finira Dheeraj ? Est-ce que son instinct ne la trompe pas, au sujet de cet homme tout bonnement adorable assis en face d’elle, qui s’inquiète pour un adolescent qui n’est pas le sien, fait des tartes et sert le café aux invités ? Jusqu’où s’implique-t-il ? Nova ne se fait plus tant confiance ; la petite voix dans sa tête, celle qui murmure et qu’on appelle la conscience, lui souffle comme la voix du diable : rappelle-toi.
Le sourire s'avère communicatif, pas de quoi s’alarmer pour la jeune femme mais, encore une fois, elle n’a jamais séché un cours de sa vie, même jamais bu une goute d’alcool. Peut-être devrait-elle s’y mettre, façon Desperate, à se plaindre des adolescents sur le canapé, verre en main, à regarder la bouteille de chardonnay diminuer. « Oh » Pas besoin d’en dire plus, avoir son daron dans le même lycée, le cauchemar de tout gosse. « C’était ma prochaine question. » Au moins, il n’est pas dans sa classe, la fin du monde est évitée de peu. « Mais c'est bien -ah oui ? Tu peux veiller sur lui de loin. » Plein d’occasions de le faire lui traversent l'esprit, plus encore quand Till évoque des bagarres entre lycéens. Il connaît les élèves, les professeurs. Imbulshitable. La situation est tout aussi inédite pour Nova, l’impression de déverser une série de lieux communs, du bon sens peut-être, irréfutables peut-être, Till ne la contredit pas, mais pas moins des lieux communs ; sois patient, ça viendra. Tu t’en sors très bien. Si elle était la maîtresse, elle lui donnerait une image. Pourtant, Nova pense chacun de ses mots. Il ne s’agit pas d’un A pour effort, ni d’ignorance de son côté, seulement la solution longue, souvent la plus difficile que peu sont enclins à suivre, cherchant les raccourcis. « Je disais pas ça pour te mettre du baume au cœur, mais je suis contente si c'est le cas. » Un bonus appréciable, elle ne s’en cache pas. Son franc-parler lui vaudra-t-il un nouveau sourire ?
Elle profite qu’il développe cette histoire de bagarre pour goûter la tarte -bonne, très bonne, elle ne sait où caser une remarque vantant ses talents culinaires dans tout ça, fronce les sourcils. « Un avantage à connaître le lycée de l’intérieur… et ses petits cons. » Oops ? C'est assumé. Difficile, sûrement comme ça que Till et le corps enseignant présentent la chose aux parents desdits petits cons. « Rien n’est à cause de toi. Tu n'es pas responsable de sa situation. » Ses mains s’agitent un peu, retrouvent la tasse de café sans la porter à ses lèvres. Tant de mots veulent sortir, l’en empêchent. « Parfois… » Comment, comment, ne viennent que les généralités, encore. « C'est vers la famille d’accueil que se tourne leur colère, parce que… qui d’autre ? » Il faut bien qu’elle sorte, la colère, tant de colère, d’injustice, il faut bien s’en prendre à quelqu’un. Et si, en plus, s’ajoute l’impression de ne pas compter… Mais Dheeraj compte pour Till, de ça Nova n’en doute pas, soulagée ; qu’aurait-elle fait sinon ? Elle n’a plus aucun pouvoir, dépossédée de son identité, sa raison d’être. Elle n’aurait jamais pensé se retrouver là, dans une belle maison, dans un beau quartier, invitée à manger une tarte pour discuter d’un adolescent. Le café fait passer le tout. C’est mieux, oui. Pas qu’elle fasse mieux, pas qu’elle fasse grand chose. Le réconfort en devient mutuel quand ne reste que le fond de la tasse. Pas à être désolée. Devrait-elle lui répéter que lui non plus ? Qu'il faut du temps, oui, beaucoup de temps, le répéter encore, plusieurs fois, être sûre et certaine qu’il la croit ? « Il lui en faudra aussi, pour comprendre que tu n’es pas comme les autres, que tu ne vas pas le laisser tomber. Tu sais, vivre comme ça de familles en familles, c’est vivre avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Á dix-huit ans on les foutra dehors de toute façon, alors à quoi bon ? » Nova adopte leur point de vue, les enfants qui ne comptent pas. Si elle a retenu quelque chose de son expérience, c’est ça. Même après toutes ces années, alors que sa visite n’a rien d’officiel, elle ne peut s’empêcher de regarder l’homme en face d’elle les yeux plein d’espoir. Dites-moi que j’ai raison. Dites-moi que c’est bien de ça qu’il s’agit, que vous êtes le bon. Dites-moi que je ne me suis pas trompée. Comme si elle lui avait confié Dheeraj en personne.
Elle ne s’attendait pas à devoir compter à son tour. Léger choc sur le visage, là dans ces mêmes yeux qui espèrent. Pas habituée à ce qu’on s’intéresse à elle, Nova. Dans la bouche d’un autre, cette question aurait tout du reproche déguisé, on l'attendrait au tournent. Ce n’est pas le cas. « Un peu plus de cinq ans. » Après quelques secondes de réflexion. Ce qu’elle ne fait pas, c'est corriger son interlocuteur. Le temps employé n’est pas le bon, elle a fait ça, elle ne le fait plus. Elle ne veut plus. C’est trop dur. Les mots d’une enfant qui renonce, rejette un devoir trop difficile. Pas elle, pas toi Nova et pourtant… Elle n’a pas envie de s’étendre sur le sujet, d’expliquer pourquoi. Ça aussi c'est trop dur. Il faudrait employer des mots bien pires que petit con. que le terme générique de violences. Sauvée par le gong ? Dheeraj fait son entrée comme Nova imagine les adolescents le faire, tonitruante, quand il y a quelqu’un qui vous attend à la maison, quelqu’un à qui faire remarquer sa présence. Il lui rappelle Levi -qui ne lui rappelle pas Levi ? lui aussi se jetait sur le goûter qu’elle avait préparé. Elle lève une main à son attention quand il apparaît dans la pièce, salut trop discret, pris dans l’échange entre lui et son tuteur. Se note dans un coin de sa tête son intérêt pour le basket, sourit à l’inquiétude typique des parents obsédés par la peur que leur enfant meurt de froid. Son regard passe de l’ado au professeur, puis se fixe sur lui. L’éléphant dans la pièce, Nova. Till se rappelle qu'elle est là et ça la fait rire. « Salut ! » De vive voix, cette fois, claire bien qu’elle tressaille à cause de l’amusement logé dans sa gorge. Pas le temps de réfléchir à une présentation pas trop barbante, une qui lui en apprendrait un peu plus que Nova l’amie d'une amie qui n’a pas de chez elle, mais Till prend les devants et le rire jusque là contenu éclate, nerveux. « Waaaa dit comme ça, ça ressemble à un traquenard. » Ses yeux visent Till. Comment as-tu pu ? Il vient de la jeter sous le bus. « Le… Chacha? là, m’a beaucoup parlé de toi. C’est tout. » Reportant son regard sur l’adolescent, il est doux, autant que sa voix. Le mystérieux surnom a allumé une étincelle. Espiègle, furtif, le coup d’œil qu’elle relance au fameux Chacha. C'est de bonne guerre.
Spoiler:
Black Sails
_________________
ETOILE NOIRE y'a que toi qui prends feu ce soir
Dheeraj Paswan
-- membre qu'on adore --
PERSONNAGE
LITTLE TALKS : 140
AVATAR : Piyush Khati
CREDITS : mujhe
ÂGE : 17
QUARTIER : Lilac Road
MÉTIER : backbencher du lycée
COEUR : célibataire sans expérience attiré par les garçons
INTERVENTIONS RL : oui
INFOS RP
Sujet: Re: Another brick in the wall - Dheeraj & Nova Sam 1 Juin - 18:20
Je ne prêtais pas vraiment attention à l'invitée. Pas spécialement par manque de politesse, même si c'était probablement ce à quoi ça ressemblait, simplement parce que je pensais juste dévorer la moitié de la tarte avant de disparaître dans ma chambre. Un genre de "j'ai des devoirs à faire" même si Till se douterait que je n'en ferais pas la moitié. Mais finalement... je fronce un peu les sourcils, à moitié suspicieux, à moitié agacé. Une psy. Il m'a ramené une autre psy.
Bon, OK, vu la première expérience, pourquoi pas. Mais à la maison ? Nope. Nope, nope nope. Mes intentions n'ont pas dévié : manger la tarte, filer dans ma piaule. Mais je risque de fermer la porte un peu plus brutalement que prévu, du coup. Je mâche lentement, regardant alternativement les deux adultes. Avec plus de tact, celle que je suppose être psy reprend Till, tout en minimisant la portée de ses mots à lui. Mouais. Disons que je fais semblant de la croire, et après ?
- Je vois... Vous êtes psy ?
Quasiment sûr de la réponse, je finis ma part de tarte avec nonchalance avant d'en prendre une nouvelle, avec la ferme intention de la terminer là haut. Mais je reste curieux de ce qu'ils ont a dire, surtout que Till a l'air quelque peu... fébrile.
- Qu'est-ce que vous entendez par "beaucoup" et "c'est tout", exactement ? Non, parce que... mon ego est flatté, hein, mais je saisis pas trop le rapport entre les deux mots.
Et puis finalement, je décide que quitte à être le centre de la discussion, autant carrément être le centre du scénario. Je vais chercher une petite assiette pour éviter de faire trop enrager Till, avant de revenir et de me poser par terre, tranquillement, continuant de manger ma tarte.
- J'espère que t'en as fait une autre, parce que si on doit être là toute la soirée, autant grignoter devant le film, non ?
Reste à savoir ce que je vais pouvoir inventer ce coup-ci. Y'a pas de dinosaures à portée de main, même pas drôle.
Spoiler:
Till Neuschwanstein
-- membre qu'on adore --
PERSONNAGE
LITTLE TALKS : 922
PSEUDO : Schnappi
AVATAR : Hugh Dancy
CREDITS : Avatar : mrs.chaplin
ALTER-EGO : Billie, Andrea, Søren, Ángel, Beth, Asael & Kat
ÂGE : 43
QUARTIER : Lilac Road
MÉTIER : Professeur d'histoire au lycée de Redwood depuis 6 ans, titulaire d'une thèse sur le traitement des homosexuels pendant la Shoah, président de la société historique de Redwood
COEUR : Célibataire
INTERVENTIONS RL : oui
INFOS RP
Sujet: Re: Another brick in the wall - Dheeraj & Nova Mar 25 Juin - 16:10
Another brick in the wall
Dheeraj, Till & Nova
« On pourrait le croire, oui » souffle Till dans un sourire qui reflète celui de son interlocutrice, douce connivence qui s’installe progressivement au creux des silences qui ponctuent ses questions à elle et ses aveux à lui. De bonne volonté, il n’élude aucune de ses interrogations. Pas même lorsqu’il sent – ou croit sentir – que les réponses risquent de le placer sous une lumière peu flatteuse, après tout ce n’est pas son genre de se chercher des excuses. Seulement deux adolescents, la précision vise davantage à expliquer ses difficultés qu’à essayer de les noyer dans une vaine tentative de légitimation. La vérité c’est que ce n’est jamais facile d’accueillir un enfant, peu importe son âge et son état d’esprit. Nova l’a parfaitement compris. « Oui, certains me donnent encore des nouvelles. Attends. » Rapide, l’aller-retour jusqu’à la cuisine pour décrocher les photos emprisonnées contre la porte du frigidaire à force d’aimants. « Parfois, les familles d’adoption définitive pensent à moi et m’envoient quelques bribes de leurs grands moments… Parfois ce sont eux qui m’envoient des nouvelles. Ça me fait toujours plaisir. » En plus de lui permettre d’être sûr de ne jamais oublier leurs visages. Après un dernier coup d’œil attendri, l’enseignant tend son petit trésor à Nova : une gamine en robe immaculée avec un cierge dans les mains pour sa première communion, un selfie de garçon plus âgé faisant un signe de la victoire devant la boîte qui l’aura embauché… C’est Till qui les fait imprimer pour les mettre sur son frigo, bien sûr. Les gens normaux se contentent d’envoyer ce genre de clichés par SMS et d’y jeter un coup d’œil de temps en temps.
Mais Till est vieux jeu, on l’aura compris. Célibataire, prof et vieux jeu. Un trio gagnant que le petit « oh » de Nova ne fait que confirmer. Ce n’est pas idéal pour Dheeraj qui doit se sentir épié en toutes circonstances, le brun en a bien conscience même s’il a essayé d’instaurer toute la distance possible entre eux au lycée. « Moui… Je suppose que c’est vrai, même si le « loin » doit encore rester trop proche à son goût. » Un rire légèrement embarrassé lui échappe alors qu’il se ressert un peu de café, de lait et de sucre, comme pour faire passer l’amertume volatile que suscite son impression d’être à la ramasse avec Dheeraj. Cette bagarre pour lequel il se sent responsable et qu’il prend le temps d’expliquer à Nova participe grandement au besoin de sucre, d’ailleurs. L’insulte qui lui échappe entre deux bouchées de tarte le fait sourire, sans qu’il ne relève. Même si l’éthique lui impose de ne pas utiliser ce genre de mots pour parler de ses élèves, le prof ne prétendra pas ne pas l’avoir au moins pensé. « Je ne sais pas. » Vers qui tourner sa colère, si ce n’est lui. Le sourire se fane lentement, revêt des airs plus lointains alors que la jeune femme continue son travail patient de psy improvisée. Était-ce le but de cette visite arrangée ? Un peu, dans un sens : Till avait réellement besoin de vider son sac et d’entendre ce que quelqu’un qui s’y connaît dans ce genre de situations en pense. Alors il écoute, encore. Attentif, allant même jusqu’à acquiescer et prendre le temps de réfléchir très sérieusement à chaque conseil prodigué.
« Tu as raison, il faut que je sois plus patient. C’est très logique, au fond. Je ne sais pas pourquoi j’ai tant de mal à… Naviguer ? » Peut-être parce que c’est la première fois qu’un enfant placé chez lui réagit de cette façon, malgré toute la cohérence de la chose elle n’en demeure donc pas moins difficile à appréhender. Puis, le désir si profond de Till de fonder une famille se heurte malgré tout à une certaine forme de rejet avec Dheeraj : un rejet légitime, compréhensible et entièrement excusable, mais un rejet qu’il faut digérer quand même. « Et c’est vrai que ses dix-huit ans approchent… » note-t-il d’un air songeur, comme si cet élément dont il avait pourtant connaissance, une fois répété par Nova, prenait tout à coup tout son sens. Bien qu’il ait entré la date dans le calendrier de son téléphone, Till n’avait bizarrement pas pensé que cette échéance puisse contribuer à laisser Dheeraj sur la défensive. Et s’il fallait aborder ouvertement le sujet avec lui ? Pour le moment, son attention revient à Nova. L’envie d’apprendre à la connaître un peu par une question qui lui semble innocente, qu’il accompagne d’ailleurs d’un nouveau sourire dénué de la moindre arrière-pensée. Un peu plus de cinq ans. C’est relativement peu, en même temps probablement largement assez pour avoir déjà vu tout un tas de choses sans doute difficiles. Till sourit encore de toute sa bienveillance, voudrait poser encore d’autres questions mais est interrompu dans son élan. Dheeraj, pas plus discret en rentrant à la maison qu’une petite tempête. Accueillie avec tendresse, la tempête.
Pour le reste, il faudra reconnaître que la transition instaurée par l’enseignant manque de fluidité. Le rire de Nova lui arrache une moue en même temps qu’un léger froncement de sourcils. « Vraiment ? Pourtant, je… » ne voulais pas donner cette impression aurait-il envie d’expliquer, sentant toutefois s’y être mal pris pour atteindre son objectif. « Ce n’est pas un traquenard, juste une visite amicale » se contente-t-il donc de préciser, surtout à l’adresse de l’adolescent qui la bouche pleine de tarte scrute successivement ses deux interlocuteurs. Soupir. Heureusement que la jeune femme mène mieux sa barque que le brun qui voudrait de plus en plus se fondre dans le motif de son tapis. Dheeraj joue au smart ass et si son tuteur lève bien les yeux au ciel, il s’abstient de le reprendre. Inutile d’empirer encore cette situation déjà bien mal engagée, n’est-ce pas ? « Peut-être que je devrais… » M’éclipser, voudrait-il dire, mais c’est Dheeraj qui quitte la pièce le premier. Les épaules de Till s’abaissent brièvement. « Je suis désolé, je ne savais pas comment amener les choses. » Nouvelle grimace, l’aveu est confié plus bas à Nova uniquement. Pas qu’il lui apprenne quoi que ce soit sans doute. Heureusement, cet impair n’empêche pas l’ado de revenir et de s’installer avec nonchalance sur le sol. Avec une assiette, qui plus est ! Ce doit être bon signe, n’est-ce pas ? « Alors… Non. Il n’y a que ça pour le goûter mais je peux commencer à préparer le dîner si tu as si faim. Tiens, bonne idée, je vais aller faire ça et… Je suis à côté, si besoin. » Il parait que la cuisine est un des langages de l’amour, et sans remettre cette affirmation en question, nul doute qu’elle est aussi une excuse parfaite pour s’enfuir en cet instant. Sois agréable avec notre invitée conseille silencieusement le regard insistant qu’il pose encore sur Dheeraj avant de quitter la pièce, espérant que cette rencontre arrangée ne finisse pas par réellement se transformer en traquenard pour la pauvre Nova.
HJ:
Si cela vous convient, je vous laisse poursuivre à deux tout en suivant vos aventures. Till part dans la cuisine à la fin de ma réponse, suffisamment loin pour ne rien entendre de la conversation mais suffisamment proche pour vite revenir si vous l'appelez Bonne chance @Nova Collins
_________________
Tausend Fragen, tausend Wünsche
•• amaaranth
:
Nova Collins
-- bouquet de pleurs --
PERSONNAGE
-- she is brave and strong and
broken all at once.
Elle s’attend à se retrouver le nez devant un écran, Nova. Le portable fait partie des réflexes de sa génération qu’elle le veuille ou non. Sa passion pour les vieux appareils, elle la garde pour elle, la laisse envahir sa chambre, petit musée connu d’elle seule. Il y a bien sa voisine, Alana, qui s’y aventure, quelques objets s’échangent parfois sur le palier, passant d’une main à l’autre, pour rendre service. À travers les portes entrouvertes, l’on peut entrevoir les secrets des autres. Son œil s’émerveille, gamine, quand Till se lève, marche vers la cuisine et décroche des visages, tangibles, palpables, papiers que l’on tient entre ses doigts et desquels ont s’émeut avec plus de facilité que sous la lumière bleue. Nova sourit jusque dans ses pupilles, elle regarde, précieux trésors entre ses mains, n’osant relever la tête. Le balancier acquiesce pour elle, à la place de mots superflus. Parfois, les familles adoptives pensent à lui. Ça fait plaisir. Nova est touchée et, en cet instant, ce tout petit geste aussi anodin que décoller un aimant du frigo, il dit tout de Till. He cares. Cette fois, elle en est convaincue.
« Les parents sont toujours trop proches au goût des ados, de toute façon. » C’est ce qu’elle a compris de cet êge, ce qu’elle a compris des enfants qui ont eu des parents qui se souciaient d’eux, de leur sort, à quelle heure ils rentraient le soir. Elle aurait aimé connaitre cette chance, Nova, que ses parents aient été un peu sur son dos, pas que pour réclamer du fric. Quel effet elle doit faire aujourd’hui, devant Till, à prétendre savoir... Derrière les rires mal assurés et les convictions qui se veulent rassurantes, l’assurance se trouve dans une tasse de café. Entre deux gorgées, les silences font réfléchir. Dans l’un deux, l’impression que le terme employé a fait mouche. Petits cons. Petite victoire. Ne pas se tenir pour responsable, cette bataille-là n’est pas encore gagnée dans le cœur du professeur, Nova le voit bien. La bataille est trop grande. Pourtant il acquiesce, dans toute la politesse et la bienveillance auxquelles elle l’a associé, quelque part entre la première part de tarte et le deuxième nuage de lait.
Elle sourit spontanément à ce qui ressemble à une résolution. La patience n’est pas facile à acquérir, elle en sait quelque chose. Souvent elle en manque, ne jettera pas la pierre. « Peut-être parce qu’il est différent ? » Dheeraj, à bien des égards, à ses yeux ou aux yeux du monde, et c’est bien, le timbre de sa voix le sous-entend. Il aura bientôt 18 ans, Dheeraj. L’âge de la majorité n’est pas pour tous les enfants une fête. À ses mots, le cœur de Nova se serre. « Ça doit forcément le travailler. » Sa voix perd en clarté. Elle en mettrait sa main au feu. Le nierait-il, l’adulte de demain, devant elle ? Ça fait cinq ans qu’elle exerce ce métier ; exerçait, là est toute la différence. Elle s’interroge : Trop peu ou pas assez ? Qu’en pense le professeur ? D'une certaine façon, il a côtoyé des enfants bien plus longtemps qu’elle.
L’objet de toutes les discussions fait une entrée remarquée. Bizarre, sans savoir à quoi s’attendre, Nova n’en aurait pas imaginé de différente. Il a l’air très à l’aise, comme chez lui. Ça l’amuse. Les présentations ont pile ce qu’il faut de gêne pour qu'elles soient authentiques -elle s’y attendait, l'on pourrait croire qu'elles sont improvisées. Elle est surprise. Est-elle psy ? « Non… » Mais ? Toute son attention se tourne sur lui. « Mais j’aurais pu. » Oops. Elle s’attend à ce que des excuses soient de mise, un choix de carrière remis en question peut-être, mais c’est elle qui doute de la stratégie d’évasion du tuteur. Un traquenard. Elle le dit en riant, mais il y a un peu de ça. Pas sûre que la visite amicale passe mieux, peut-être pas mieux que les psy. T’en fais pas va. Ses yeux et son sourire parlent à Till, il ne faut pas prendre tout ce qu’elle dit au sérieux et quand il amorce son départ, incertain par sa faute -le croit-elle, ils l’encouragent, vas-y, le signe de tête qui va avec. « C’est rien. » Il reste un rire dans sa gorge. C’est tout ce qu’elle a le temps de répondre, un murmure, aux excuses qu’il lui fait en passant. Maintenant elle regrette. Des négociations s’engagent pour plus de tarte, Till est à coté -reçu cinq sur cinq, ce signe qu’elle se voit faire, les doigts en forme de pistolet pointant dans sa direction -au secours! Puis elle se retrouve seule avec Dheeraj, duquel elle sait si peu de choses finalement -trop sûrement de son point de vue- le plan initial, sûrement. Tout est allé très vite. « Till m'a parlé de toi, dans une mesure tout à fait raisonnable et non-compromettante, c’est ce que je voulais dire. » Tout à l’heure, il y a moins de cinq minutes, sans qu’elle n’ait eu le temps de préciser ses mots. La croira-t-il ? Joue sur ce qui s'apparente à des paroles plus que suspectes, Nova, c'est l'air qu'elle se donne, suspect, parce qu'elle l'est, au fond. Sa présence l'est. « Je suis assistante sociale au fait. C’est pire ou pire que psy ? » Cartes sur table, elle attend le verdict. Elle n’est pas là pour la lui faire à l’envers ni le prendre en traître, prétendre être ce qu’elle n’est pas -il y a un peu de ça, pourtant, alors qu'elle usurpe un titre qu’elle n’a plus. Une vocation c’est pour la vie, paraît-il. Nova ne sait toujours pas pourquoi elle est là exactement. Les jambes en tailleur sur le canapé, elle laisse ses yeux darder la silhouette de l’adolescent assis par terre, mangeant sa tarte.