«Oui bien sûr. Tu as vu ? Rien n'était en définitive si compliqué.»se permit d'ajouter Kaleb. Son jeune interlocuteur, élève au collège, Rick parut quelque peu rassuré par les paroles de l'aîné. «Tu devrais te faire plus confiance.» affirma-t-il convaincu que le tout timide adolescent désirait faire ses preuves, cependant manquait cruellement d'encouragement, d'être rasséréné. Un élément que l'étudiant en éthologie avait compris au fur et à mesure des entrevues. Quelque chose qu'il mesurait l'importance et qu'il pensait nécessaire. Malgré tout la famille de Rick était dépourvu de bon sens. Un peu comme la sienne finalement. «Bon je crois qu'on a fait le tour des lacunes en sciences. Tu vas tout déchirer à la rentrée, sois-en certain.» Ce fut donc sur ces paroles, ce soutien sincère qu'il mit fin à leur dernière séance. La silhouette frêle du gamin se dessina sur le porche du domicile familial. Il semblerait que le jeune eût du mal à dire au revoir, silencieusement le collégien lui sourit.  «Nous nous reverrons à l'église dans tous les cas, tu me feras part si tu veux des progrès. Et si tu as aussi réussi à te déclarer.» le cadet bafouilla «... j'essayerai.» Levant les yeux au ciel amusé l'aîné lui tapota l'épaule avant de tourner les talons pour rejoindre sa voiture. Et puis se se glissa dans l'habitacle l'air las.  «Comme-ci j'étais le mieux placé pour parler d'histoire de cœurs.»s'exclama Mieczyslaw une fois derrière le volant.

Son souffle se perdit au loin. Son heure en tant que professeur particulier en aide à la paroisse, pour l'été s'était terminée. Il se faisait sentir un besoin. Celui de relâcher toute cette pression des derniers jours. Son esprit lui criait de partir, d'entreprendre quelque chose, chasser ses pensées, laisser dans un coin. Pour sûr sa petite voix intérieure fut témoin. Témoin du désarroi qui animait l'originaire d'Ottawa. Mieczyslaw se savait perdu si tôt arrivé chez lui. Si tôt dans les murs étouffant de sa petite bicoque, là où les souvenirs affluaient. Là où il s'était senti à l'abri, mais désormais où la nuit ne faisait que percer. Une douleur inouïe. Ses yeux ne voyaient que crépuscules puis nuits sans lune. Un désenchantement qui ne laissa pourtant pas transparaître, se disant que le temps allait faire son œuvre, renverser la tendance amener bonne fortune. Qui sait l'empyrée avait peut-être quelques scrupules, main tendue, opportune. Comme lui disait Lee et Ella, Dieu a des plans, des desseins dont personne ne devinerait les enjeux. Alors parfois la providence souriait aux âmes infortunées. Ainsi, Kaleb s'en remettait à ce fichu destin, faute de mieux. Le jeune homme démarra et s'embarqua tel un automate sur le bitume.

Une chanson tournait, le représentant dans toute sa splendeur. Le futur stagiaire n'était même pas rendu compte qu'il la fredonnait ni encore qu'il arriva devant chez une amie. «Yep... je dois faire une pause.» passant une main sur son visage et ses mèches il fut secoué par l'arrivée en fanfare de son acolyte. «PRETTY FACE !» chantonna cette dernière dans un cri. Une surprise qui fit décoller le polonais de son siège appuyant dans son hébétement le klaxon de son tas de boue. Pour toute réponse, la brunette se boucha les oreilles pour finalement lâcher «Miecz ! Bon sang» La réplique ne se fit pas attendre une fois son palpitant en place  «Putain de merde ! Tu sais que je déteste ce genre de truc Bella.» de quoi lui faire regretter d'avoir poser ses fesses dans chez ladite Bella. La demoiselle avait parfois un grain et choisissait bien ses entrées comme actuellement. Reprenant son sa respiration, le Nowinski secoua la tête tout de même amusé.«Excuse, bon qu'est-ce-qui t'arrives ? Habituellement tu m'envoies un message quand tu passes à la coloc'.» questionna celle-ci l'air légèrement pensive, alors qu'elle s'accoudait à la portière. Il n'eût même pas le temps de dire quoique ce soit que le voilà embarquée hors de sa voiture, direction le sofa qui faisait face plus loin de l'entrée. Le canadien soupira une nouvelle fois se frottant la nuque avant de reprendre la parole. «...tu sais bien. ça n'a pas vraiment été digéré.» ses yeux clairs se baladaient dans le salon, son ton indiquant qu'il ne voulait aucunement rouvrir le chapitre. Un instant de flottement, et tous deux restèrent sans piper mots. Ce qu'il y avait de bien avec Bella, c'était que la jeune femme ne le poussait que rarement à cracher les morceaux douloureux. Elle passait pour une personne sans doute bruyante, très fêtarde pourtant cette dernière était loin d'être sans gêne comme certaines mauvaises langues aimaient le penser. Un petit bout de femme avec ses défauts et ses qualités. Un être humain qu'il fut heureux de trouver sur son passage. Son interlocutrice lui lança un regard désolé  «Tu sais, ça se comprend. Et je ne te demanderai jamais de faire l'impasse, de passer à autre chose. Malgré tout je pense qu'il faut quelque chose. Faire quelque chose ce soir. Tu m'as l'air pas du tout en forme. ça se voit à ta tronche.» se permit-elle de dire avec un air moqueur en tirant sur une des joues de Kaleb. Une pique gentille qui ne fit que renifler ce dernier. «Hey ! Tu n'aides pas tu sais ?»s'exprima-t-il tout en lançant un oreiller au visage de son acolyte. Un éclat de rire lui répondit

 «Je sais que je suis une horrible personne, crois-moi j'en dors pas la nuit.» les ricanements redoublèrent puis finalement un coup de fil ramena du calme. Le cellulaire de Bella vociférait comme jamais indiquant le nom d'une certaine Vicky. «Allô ? Ouais ? Hannn je vois. Bah écoutes on fait comme ça. Je viens avec un pote à moi qui rumine dans son coin. AÏE KAL' ! Oui ? Okey, je vais lui proposer. Je pense qu'on a tous besoin ce soir de faire les cons. Comment ça il dira non ? Tu me connais mal. Ouais bye AIE bordel ! OUAIS !»  sur ces mots elle termina la communication. La brunette se tourna d'ailleurs fière comme un paon de sa trouvaille. «Tu sais que tu es cruel ? Ces coups d'oreillers.» minauda-t-elle faussement outrée. Nullement impressionné par ses talents douteux d'actrice, il lui répliqua ceci «Je sais que je suis une horrible personne, crois-moi j'en dors pas la nuit.» un sourire triomphant ourlait ses lèvres, ne boudant pas son plaisir d'avoir le dernier mot. Cette dernière mima un fou-rire avant de se reprendre.«Crois-moi cette fête te fera le plus grand bien sur le campus. Les fraternités sont de la partie et même les anciens. C'est soirée 80-90.» fronçant les sourcils peu convaincu, elle enchaîna «Tu vas faire quoi sincèrement chez toi ? A part ruminer. HEY ON LAISSE CE COUSSIN. Non mais sérieux Miecz' tu es à fleur de peau. Tu as besoin de t'aérer. Et puis ça faisait un bail qu'on s'était pas fait une sortie.» prétexta celle-ci tout en battant des cils. Une persuasion vaine puisque l'originaire d'Ottawa se leva brusquement. Mais elle put l'arrêter à temps  «Bon d'accord la dernière date de deux semaines. Mais quand même c'est long.» une remarque qui lui tira un rire. Soupirant il se tourna vers Bella. «Y'a intérêt à ce que cela soit intéressant. Parce que vois-tu j'ai des envies de crèmes glacées.» Elle poussa un petit cri de victoire avant d'enlacer son ami. «Tu vas voir tout va bien se passer.»




Ses prunelles arrivèrent à se faire à l'obscurité. Son ouïe arriva enfin à déterminer les bruits de fond. Le vrombissement des baffes doublé à la chaleur étouffante des lieux aurait pu faire fuir bon nombre de gens. Pourtant certains demeuraient dans leur élément. Ainsi  les sono' crachaient les notes de musique électro du moment. La fête battait encore son plein, des vagissements (oui littéralement) se faisaient entendre à moins que cela soit quelqu'un s'essayant au coin karaoké ? Et... apparemment cela fut le cas. «Bordel...Je suis où ?» son mal de crâne le lancinait prodigieusement, allongé sur un transat près de la piscine Mieczyslaw essayait de reprendre pieds. Un gémissement le prit quand après de longues minutes, ce dernier se redressa  «Que dieu me pardonne pour ce que je vais dire mais, Bordel à queue.» son réveil fut total quand des jets d'eau lui parvinrent. Des personnes l'éclaboussèrent un tantinet s'improvisant une pool party. Il fallait croire que la planque de la piscine était à éviter pour la prochaine fois. Mais avant tout Kaleb devait retrouver l'investigatrice de ce désastre.«Fais chier...BELLA !» son tee-shirt et ses cheveux de trempé, l'étudiant en troisième année tenta de se frayer un chemin, tanguant de temps à autre. Sa recherche demeurait être un travail de longue haleine et donc vain vu la peuplade qui se pressait. Le canadien pesta, jurant une nouvelle fois, blasphémant comme jamais. Ouais quand il était bien alcoolisé, il était plus du genre à jurer et surtout sur l'église. Enfin Dieu allait certainement fermer les yeux sur son compte. Finalement las de ses recherches, le blondinet se posa dans un coin d'une grande cuisine équipée, s'accoudant à un des plans de travail. Se croyant seul, il se laissa échapper un grognement. Quand soudainement un éclair de génie le prit. Son portable! «Putain mais oui !» avec hâte il s'empara de son smartphone déverrouillant son écran. Et puis seconde douche froide cette fois-ci plus figurée. Son cellulaire n'avait plus de batterie. «...Je crois que c'est la pire soirée.» soupirant, il allait devoir se trouver un bon samaritain dans toute cette baraque capable de comprendre ce qu'il déblatère. Bonne chance. Et puis son regard se perdit dans le vague jusqu'à être attiré par des mèches flamboyantes à l'embrasure de la porte de cuisine. Fronçant des sourcils, il essaya de saisir cet effet de déjà-vu. Se secouant, il alla aborder ladite personne qui se révéla être une jeune femme. «Excuse mais tu aurais un moyen de me dépanner ? ça ne sera que quelqu-.» il fut arrêté par l'arrivée fracassante de Bella, qui l'entoura de ses bras lui claquant un baiser sonore sur la joue. Ouais madame avait certainement trop bu. Légèrement déséquilibré, il finit par s'appuyer sur un mur (parce que une fois de plus elle le surprit). «HEYYY KALEB !» le jeune homme ne perdit pas une minute «Tu perds rien pour attendre. Je te cherchais bordel !» Quelque peu bougon, il ne remarqua pas de suite que son amie parlait vivement avec la jeune femme rousse. Et puis soudainement, l'éclair de génie lui revint. (Ouais il est lent, mais pas de méprise il est encore saoul) au même moment que Bella essaie de faire les présentations. «Attends ! Je te reconnais ! A New York ! Melody» ouiii ça y est ! Il se souvenait dans les méandres de sa mémoire il avait enfin retrouvé ce visage aux traits séraphins.  «Bon j'ai l'impression que les présentations ne sont plus nécessaire.»

Un sourire amusé passa sur son visage, se rappelant de la neige et du thé partagé.«J'avais oublié de te remercier... à moins que je l'ai fait...»confus il se frotta les yeux. «Je suis plus sûr désolé.»


.

Replongeant sur cette soirée froide, de l'air fouettant son visage, des flocons qui chutaient par milliers. C'était presque comme un rêve, prenant des airs de polaroid. Quand il y repensa, Mieczyslaw n'avait guère eu d'espoir, mit à la porte comme un malpropre. Non, il n'aurait jamais pensé quelqu'un qui passerait par là, se souciant de son sort, pourrait le voir. Et pourtant la main secourable de Melody le tira dans un acte désintéressé. Il était vrai que Kaleb avait ressenti quelque peu de la honte, le canadien s'était résigné. Ainsi, le jeune homme se frotta la nuque à la remarque de cette dernière. «Le type enfermé dehors. Tu ne crois pas si bien dire.» puis hocha de la tête à l'affirmation «Il n'y a pas de mal, mais je demande que la prochaine fois que l'erreur soit réparée !» il fallait croire que sa langue pouvait parfois lui échapper, cependant vu son état (encore) d'ébriété, monsieur devenait un peu cavalier. Ou était-ce juste taquiner ? L'étudiant en troisième année se permit d'ajouter «Pas de mal, je plaisante. Je ne t'en tiens pas rigueur. Tu te souviens au moins, pas comme une certaine personne, suivez mon regard.» déclara-t-il faussement outré posant ses yeux clairs sur Bella qui ouvrit la bouche choquée, le rouge lui montant aux joues. «C'est injuste de remettre sur le tapis ça !» bafouilla sa partenaire de crime. Pour toute réponse, Kaleb laissa échapper un éclat de rire, ses épaules le trahissant aussi, tressautant. Dire qu'elle l'avait apostrophé à sa première année de "Hey, toi !", il en gardait un souvenir plutôt drôle bien que son côté susceptible en avait pris un méchant coup. «Ne crois-moi pas que j'oublie.» s'exclama l'américain d'adoption en se repositionnant près d'un mur laissant passer un petit groupe. Ses yeux retrouvèrent ceux désormais familiers de Melody. «C'est vrai qu'on ne s'est pas appesanti sur les détails, vu l'urgence.» glacé par le mois de décembre, Kaleb avait mis un petit moment à se réchauffer, tout endolori dans le moindre de ses membres. Un frisson le parcourut à ce rappel. Ainsi, le jeune homme se sentait redevable de ce geste bienvenu. Pourtant la voix de son amie résonna subitement le ramenant à l'instant présent, loin des senteurs de cannelle et de lui grelotant. «Je vois, je vois.» avant de se pencher vers lui, titubant quelque peu «Pretty face tu ne m'avais pas raconté cette mésaventure.» lui souffla-t-elle à l'oreille, une lueur s'était allumée, vive d'intérêt. Tout en la repoussant, il ne fit que pouffer, secouant la tête. Enfin celui-ci s'adressa à son ex-secouriste en herbe, levant les yeux au ciel «Ne fais surtout pas attention. Je te propose même de la laisser moisir dans un côté, comme elle a pu le faire pour moi tout à l'heure.» était-ce un moyen de se venger ? Sûrement. La réplique de ladite Bella ne se fit pas attendre «On laisse pas bébé dans un coin !» minauda cette dernière. Et puis un bruit strident vrilla leur tympan. Un fracas sonore qui semblait venir de dehors, que l'on ne manqua même pas sous le vrombissement des sono', en tout cas  assez assourdissant. Une chute ?  Sans doute. En répartie certains poussèrent des exclamations tantôt joyeuses, tantôt ennuyés par ce brouhaha. L'ambiance au moins était au beau fixe, rien fut encore à déplorer. Malgré tout, le drôle de trio préféra aborder un des canapés de libre, histoire de continuer leur échange endiablé. «Tu l’avais fais, t’en fais pas. Et c’était avec plaisir. C’est dingue de te recroiser là! T’étudies ici alors? Je vais intégrer biologie à la rentrée.» demanda la rousse assez étonner uns fois de nouveau bien installée. Bella s'était vivement éclipsée pour retrouver de quoi s'abreuver.


«En effet, je pensais pas non plus.» un paquet de cigarette aux mains, l'originaire d'Ottawa s'assura de ne pas se l'être faire chourer. Finalement son attention fut recapturer par la jeune femme. «Oui, je suis en troisième année d’Éthologie.» Ses traits s'adoucirent instantanément à sa remarque, ils allaient très certainement se croiser sur le campus. «Biologie ? Je vois, j'ai bien failli m'y inscrire. Un cursus assez vaste et large, je te souhaite de t'y épanouir.» Des paroles qui se voulaient rassurantes. Passer le cap des études supérieures n'était pas rien. «Tu vas facilement t'acclimater. Quitte même à prendre de mauvaises habitudes peut-être.» Glissa Kaleb d'un ton léger échangeant un long regard plein de sous-entendus. La vie estudiantine avait des airs de débauche ou parfois certains s'égaraient gentiment. Mieczyslaw ne les jugeait nullement, même si le polonais restait fidèle à ses croyances. Lui-même profitait que ce que la vie lui prodiguait sans aller dans des extrêmes. Une ligne de conduite qu'il peinait à garder après les évènements passés, désabusé. Son sourire se fit plus petit  à cette pensée «Le campus est grand, ça peut aisément impressionner. Mais vraiment tu auras des interlocuteurs quoiqu'il arrive. D'ailleurs si jamais, je ferai une joie de rendre la pareille de la dernière fois.» Ils n’eurent guère le temps de plus tergiverser que Bella les rejoint un gobelet rempli de soda. «Me voilà ! Dis donc ? Ne vois-je pas des cigarettes ?» Question somme toute rhétorique, qu'elle lâcha en tendant la boisson tant attendue. La moue de son acolyte criait au scandale. Littéralement. S'emparant de l'objet, il fut légèrement soulagé par l'arrivée de la brunette.  «Amen de quoi m'aider à prendre mon comprimé.» Prenant une première goulée, il avala son saint graal histoire de lutter contre son mal de crâne. «C'est ça noie le poisson.» Un sarcasme que Mieczyslaw évita d'un air innocent avant de finalement changer de sujet de conversation. «Parlons peu parlons bien, vous avez essayé le coin karaoké ? Mais d'ailleurs tu n'étais pas accompagné?» demanda le blondinet tout en se massant les tempes. Bella répondit par l’affirmative haussant des épaules : «J'avoue que je n'ai pas eu l'occasion et j'ai croisé que Melody; Je ne t'ai pas arrachée à tes amies ?» Certainement entrain de conter fleurette à son crush du moment quand il était dans les vapes.«Bah voyons.»


A leur échange, il semblerait que la piste soit libre pour quelques vocalises. Ou pire des vagissements. «Tiens ça s'est libéré.» En fond sonore quelques titres de Grease défilaient. «N'est-ce pas ta comédie musicale préférée Bella ? D'ailleurs Melody seras-tu une grande amatrice ?»




.

«Non, c'est tout simplement hors de question.» une réponse qui claqua, ton peu enclin aux compromis. Une lourde atmosphère s'était installée entre les protagonistes. Il y planait reproches et remarques amères. Un bien triste constat que toutes relations pouvaient à tout moment partir en éclats. Caresser le rêve, l'effleurer l'espace d'un court instant, pour finalement qu'on vous l'arrache, une belle arnaque. Des paroles et pensées qui n'étaient devenues que chimère et poussière. Comment ne pas finir colère ? Comment ne pas sentir coller à même son épiderme, la déception ? Sensation fortement dérangeante qui assombrit bien plus encore sa mine. Mieczyslaw n'en démordait pas. Entouré de son groupe, l'originaire d'Ottawa n'avait cure des regards braqués sur sa personne, tantôt oscillant entre incompréhension et surprise. Figure immobile, debout, Kaleb affrontait la cohorte résolument planté sur ses pieds, sa basse à la main. «Je ne me répéterai pas.» indiqua inflexible le canadien. Soudainement un rire nerveux fusa, brisant la tension, du moins en apparence. Grinçant des dents, le Nowiński  se tourna vers la provenance du bruit, ses prunelles défiants le pauvre infortuné.«Allons, on stoppe ça. C'était drôle hein. Mais je crois que ça a assez duré. Allez Kal'!»s'exclama Lewis d'un air perplexe, pensant certainement que le refus de Mieczyslaw n'était qu'une affreuse farce. Piqué au vif par ces propos et cette moue hilare, l'étudiant en éthologie renforça sa prise sur son instrument. «Je crois que j'ai été assez clair. Maintenant si aucun de vous n'est capable de saisir la portée de mes mots. Je ne peux plus rien pour vous.» souffla-t-il entre ses dents, essayant de garder son calme, au fond de lui fulminait sa part peu lucide, entièrement tournée à cracher son venin. Un silence tomba comme une chape de plombs. Le polonais n'attendit pas une quelconque once de réaction préférant plier bagages. Il n'entendit pas de suite les cris de protestation, ni encore moins ceux de course derrière lui. Cette fois-ci ce ne fut pas Lewis, mais bien leur batteur Blake «Kaleb ! Arrêtes-toi bon sang !» demanda ce dernier le ton presque implorant. Pour toute réponse, le blondinet continua sa marche comme ci de rien n'était. Ce ne fut que la main qui s'empara de son avant-bras qui l'incita à se tourner. Lui faisant désormais face, ledit Blake mesura toute la gravité de la situation en discernant sur les traits de son acolyte un certain mépris.  «Lâche-moi, la décision est mienne.»s'exprima-t-il tendu comme jamais, repoussant l'étau humain qui l'empêchait de se mouvoir correctement. «Tu peux bien me dire pourquoi ! Y a même pas quelques jours on jouait au Road house et là tu lâches l'affaire ! C'est pas ton genre.» les sourcils froncés, le brun tentait de retrouver les raisons derrière ce mouvement soudain. Une main posée sur l'épaule du bassiste, Blake cherchait il ne savait trop quoi sur ce visage rongé par la colère. Soupirant le blondinet secoua la tête peu coopératif «C'est très simple et concis pourtant. Je ne chanterai plus.»avant de rajouter «Je quitte le groupe.» articula-t-il plus fortement, résolu à foutre le camp. Son interlocuteur toujours prit de court, parut stupéfait. «Mais enfin pourquoi ! On a le droit à un peu de sincérité de part !» une pique qui l'émoustilla de trop, puisque Kaleb non content du reproche répliqua d'un ton impérieux «La ferme ! La raison ne regarde que moi.» et puis devint condescendant  «Je ne veux plus être mêlé à quoi que ce soit. JE NE VEUX PLUS CHANTER !»

Sur cet éclat que Mieczyslaw décida de tourner les talons, ne laissant guère le temps à son interlocuteur d'avoir le fin mot l'histoire. Une dernier acte : l'originaire d'Ottawa s'autorisa à claquer avec force la porte qui menait à l'extérieur du petit studio.




«Veste ? Oh merci ! C'est vrai que le lendemain j'ai eu un peu froid en reprenant le chemin.» parfois Kaleb pouvait être un véritable étourdi, Bella lui rappelait souvent. D'ailleurs quand il y réfléchissait, il avait eu des remarques le lendemain. Le bassiste avait paumé une partie de sa composition. Un brin nostalgique, le polonais tenta de retrouver les écrits de mémoire. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait songé à cette maudite journée. Rien que l'évocation de son coup de sang... Plus jamais il ne leur avait échangé quelconque mots. Le Nowiński avait tracé sa route, aucune parole ne réussit à le faire changer d'idée. Aucune once, aucun doute. Un chapitre de sa vie qui pourtant lui manquait après ces mois. Quelque chose au fond de ses entrailles le tiraillait, comme-ci ce dernier n'était pas complet. Le troisième année ainsi avait gardé dans un coin de son esprit, cette envie. Un soupir passa la barrière de ses lèvres, tout de même discret. Le train de ses pensées furent balayer par la cadence endiablée de Grease Lighting. Un groupe de mecs s'essayant aux paroles et chorégraphie y compris. Un bien joyeux spectacle qui le rendit amusé, amenuisant ses souvenirs sombres. L'interrogation de la rousse ne l'étonna peu. A dire vrai le cursus était fréquenté, mais faiblement et puis les débouchés ne furent pas nombreux une fois le diplôme en poche.  «L'étude du comportement des espèces animales, y compris l'humain, dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental.» répondit-il du tac au tac, comme le ferait un moteur de recherche. Riant quelque peu de sa réaction spontanée, le blondinet renchérit «Excuse, la faculté peut parfois nous rendre particulièrement différent. A déblatérer comme un manuel.» puis expliqua son regard se posant à des moments sur l'attroupement de jeunes, et enfin sur son interlocutrice. «J'ai toujours été fasciné par la faune. Donc c'était une évidence que je m'engage dans cette voie. Même si, je tiens à avoir un pied dans un milieu plus concret comme les gardes forestiers. Le domaine de la recherche peut facilement être barbant, en tout cas pour moi.» grimaça-t-il avant de demander à son tour «Et toi ? Je sais que tu n'es qu'au début de l'aventure, mais tu dois avoir bien quelque chose en tête ?» Bien malheureusement être confronté à la question pouvait par moments sembler anxiogène. Se retrouver sans rien avait des airs d'enfer sur terre. Même la lumière salutaire de la religion ne pouvait guère changer cet état de fait. Nulle prière. Ainsi jeunes comme ils étaient balloter entre les doutes et espoirs, la vie pouvait paraître cruelle. Alors, Kaleb ne jetait aucunement la pierre à ces âmes errantes, se perdant dans ce qui leur permettait d'oublier leurs craintes. Seul remparts à l'aliénation de ne trouver vocation, ou raison en ce bas monde. «Enfin tu n'es pas obligée d'en avoir. Tout vient en temps et en heure.» se rattrapa le troisième année. «Ah tu ne vivras pas donc sur le campus. Sage décision.» plaisanta-t-il reniflant amusé. Et puis ce dernier hocha vivement de la tête tout en terminant sa gorgée bienvenue. Avoir la bouche pâteuse n'était en rien appréciable. «Tout à fait, je sais que les horaires ne concorderont pas parfois. Mais je suis sûr que tomber un jour ou l'autre sur toi. Bon, le destin n'en sera que plus tentée si on met en commun nos numéros. Mais je dis ça, je dis rien.» encore un fois dit sur un ton léger, l'alcool étant toujours présente.

Bella soupira à la remarque de leur nouvelle partenaire de crimes «Pourquoi faut-il toujours que ces gars viennent s'immiscer dans une soirée entre copines?» pour toute réponse Mieczyslaw s'étouffa avec son breuvage avant de finalement hausser des sourcils. «Tu peux bien parler.» levant les yeux au ciel, il échangea un regard avec Melody. «Tu ne devrais pas l'encourager, c'est une traîtresse.»  un geste le fit se taire, son acolyte lui ayant tirer la joue pour vengeance. «Je ne fais que dire la vérité !» peu impressionnée celle-ci croisa les bras sur sa poitrine posée nonchalamment. «Bichon ! Tu vas bouder vraiment ?» la fusillant du regard, ledit bichon reprit la parole «Non je savourai ma future vengeance. Melody en sera témoin.» glissant une oeillade à cette dernière, il ne put garder son sérieux. Le drôle de trio semblait en tout cas s'amuser ce soir. Une bouffée d'air frais quand lui-même il y a quelques heures était morose. Si on oubliait son black-out total bien évidemment.


Ainsi quand vient le moment tant attendu de l'entrée en scène, Mieczyslaw fut tiraillé. Une part de lui mourrait d'envie d'empoigner ce micro, d'enflammer comme avant la salle. Et une autre quant à elle, lui soufflait de faire demi-tour quitte à s'enfoncer dans ce sofa et n'en revenir que le lendemain. La mine suppliante de Bella eût tôt fait de le décider, résigner. Bien que celui-ci ne voulait non plus planter la pauvre Melody et sa soirée tant espérée. L'originaire d'Ottawa s'avoua donc vaincu, ne triturant plus son paquet de cigarettes, ni encore moins sa maudite bague. «Okey okey, allons-y, sinon je sens que je vais être empalé.» commenta-t-il passant une main dans ses cheveux en bataille. Levant les bras en signe de reddition, le blondinet rejoignit enfin sa partenaire de chant.  «Summer Nights huh ? Allons-y Sandy.» prenant un micro, ce dernier s'humecta les lèvres nerveusement, n'ayant plus chanter depuis un bail. Une chose qui semblait faire tilte chez Bella qui secoua des pompons imaginaires criant un : «Allez Danny ! Je ferai les Tell me more de loin !» soupirant de sa bêtise, le blondinet échangea un regard avec la rousse, attendant attentivement son moment. Se faisant le moins raide possible et bizarre Kaleb entonna le début un petit frisson d'anticipation le parcourant :«Summer loving had me a blast!» tapant la mesure de sa basket, il remarqua que les yeux de certains étaient tournés vers eux. Le jeune homme ne pouvait s'empêcher de sourire, à certaines paroles. «I met a girl crazy for me !» Kaleb avait oublié à quel point ce personnage roulait des mécaniques, déformant bien sûr les véritables souvenirs. «Summer days drifting away to the summer nights.»





.

Pour un début d'été celui-ci s'annonçait plutôt doux, Perséphone n'ayant pas encore tirée sa révérence pour retrouver son empire aux enfers. Sans doute que cette dernière profita du peu de cette atmosphère. Parce que six pieds sous terre nul n'existait pareille lumière, tout au plus cerbère gardant farouchement les portes mortifères, un constat amer. C'est ce que lui aurait soufflé son grand-père, admirateur des légendes et autres mythes des quatre coins du monde. L'Ontario était pourtant connu pour ses hivers rudes et sa chaleur étouffante. Quoiqu'il en soit le jeune garçon savourait comme jamais les brises vivifiantes, effleurant son épiderme.  Tout comme Perséphone sa liberté était moindre, piégé dans des relations filiales ô combien précaires. Il n'était qu'un môme, perdu ne sachant que faire. Pourtant, en cet instant aucune ombre venait éclipser sa lumière, sa lueur d'espoir presque chimère. Ses yeux se stoppèrent sur ces arbres centenaires. Figés, prenant leurs racines profondes ces derniers avaient vu tant d'intempéries, tant de météos austères. Et les voilà qui ne pliait nullement. Mieczyslaw était admiratif à bien des égards, imprimant sa rétine de tout cette beauté sauvage entourée de mystères. Ses poumons prirent un moment avant de s'accoutumer à l'air à tout ce qu'avait à offrir cette faune et flore. Et puis une voix féminine le tira de sa contemplation, à contre cœur. Sa mère : Ava. «Je t'en prie Ray, pas maintenant.» soupira la jeune femme d'un ton qui se voulait supplique. Malgré tout cette prière ne trouva guère son interlocuteur. Encore un énième dialogue de sourds qui n'allait résulter en une dispute éreintante pour tous les parties. Mais rien à faire, son géniteur semblait ne pas vouloir en démordre. Un trait de caractère que Kaleb avait sensiblement hérité. L'homme brun la fixait longuement en silence alors que chacun avait mis pied à terre. Leurs plans de la journée ? Visiter le Parc National, afin de retrouver de cette impression de contrôle sur ces liens qui s’effritaient. Et potentiellement calmer les ardeurs de leur fils unique qui jouait les têtes dures ces derniers temps. Une énième fois, Mieczyslaw se retrouvait spectateur, contraint de voir se répéter reproches et doutes. De quoi rendre sa journée des plus palpitantes. Les poings serrés, Ray semblait sur le point d'imploser. «Tu me dois des explications.» une réplique faussement calme, sous la surface pulsait sa rancune. «Tu attendras. Nous sommes venus ici pour nous détendre. Faire visiter à Kaleb, comme nous l'avions promis.» son visage se radoucit alors qu'elle se tourna vers son enfant. «N'est-ce-pas mon chéri ?» Ava lui offrit un sourire bien faible qui n'atteignit même pas ses yeux. Il y avait trop longtemps qu'ils perdirent de leur éclat d’antan. Kaleb ne se souvenait même pas si celle-ci avait déjà souri, l'obscurité corrompant sa mémoire floue. Pour toute réponse, Mieczyslaw haussa avec hésitation des épaules, particulièrement mal à l'aise de la tournure des évènements. Celui-ci finit par se concentrer une fois de plus sur ce qui l'entourait, essayant de faire abstraction des adultes aux prises avec leur problème relationnel. Si la suite enterra momentanément leur querelle, la suite n'aida pourtant pas à faire table rase. Arrivé à un carrefour, un panneau d'information se dressait non loin permettant aux randonneurs de se repérer dans toute cette immensité. Le jeune couple fouilla du regard, remarquant que plusieurs circuits étaient possibles. Mais ce fut sans compter sur leur manque flagrant d'entente. «J'en ai plus que marre de tes jérémiades. 7km c'est pas la mer à boire !» s'offusqua Ava auquel son interlocuteur le foudroya de ses yeux «Pour une fois écoute-moi au lieu de jouer les intéressantes. On doit raccourcir notre marche. Nous sommes venus tard, et la nuit tombe vite dans ce genre d'endroit.» des paroles qui étaient pour le moins sage cependant que l'autre refusait de céder. Encore une guerre d'égo qui fit souffler longuement Kaleb. Cela faisait quelques heures déjà qui s'étaient écoulées durant leur progression. Bien qu'il adorait s'y balader, songer à traîner des pieds en pleine obscurité le rendait un peu nerveux. Impatient que l'un trancha, Mieczyslaw n'intervint pourtant pas, prendre partie avait des allures de tragédies et trahisons. Alors, docilement il attendit. «Venus tard hein ? A qui la faute ? Monsieur était vautré sur le divan à siroter sa bière.» sarcasme qui attisa la colère son père.  «Tu recommences avec ça ? Je n'ai pas le droit de me détendre de temps en temps ?» un soupir échappa au pauvre môme qui trépignait sur place. IL aurait bien voulu vider sa vessie... besoin physiologique qui l'empêchait de tenir. D'un ton qu'il croyait fort, Mieczyslaw leur indiqua aller au petit coin. Une remarque qui tomba dans l"oreille de sourds, les deux adultes se scrutaient en chien de faïence, cherchant un coup bas à asséner à leur adversaire. Guerre puérile qui leur joua bien un tour cette fois-ci.


Kaleb s'enfonça ainsi dans cette flore sauvage, faisant bien sûr peu cas de baliser un minimum son chemin. A dire vrai, il était trop pressé pour laisser son esprit logique prendre le dessus. Ce fut après son affaire que le jeune garçon réalisa son erreur. Les dernières lueurs orangées perçaient faiblement dans l'épais feuillage de la futaie. Un bref instant, le polonais essaya de tendre l'oreille. Mais aucun son ne filtrait. son cœur à cette constatation manqua un battement. Il était perdu. «Maman ! Papa ! Où êtes-vous?» la panique s'infiltra petit à petit dans ses veines enserrant affreusement ses poumons. Que devait-il faire bon sang ?  «Maman ! Papa ! Je suis là !» s'égosilla-t-il une seconde fois. Des sueurs froides parcoururent son échine, par moments pris de frissons le jeune enfant tenta de se raisonner. Il ne fallait sous aucun prétexte qu'il bouge.

Ce fut ainsi, effrayé il se recroquevilla près d'un arbre, priant pour qu'une âme généreuse le trouva. La nuit arriva à grand pas, entourant les lieux de son manteau sombre. Un hibou hululait, sinistre présage qu'il était bien tard. «A l'aide ! Aidez-moi !» plaintif, sa voix semblait cassée de ses tentatives de rentrer en communication. Le froid fit claquer ses dents, luttant contre la faim et la fraîcheur des lieux, Kaleb était sur le qui-vive. Une heure ? ou plus ?  s'était écoulé. Le canadien avait perdu la notion du temps, ayant peu d'espoir, jusqu'à ce qu'un éclat de voix ainsi qu'une lampe torche se vit se rapprochant. Sursautant, le miséreux pleura de réjoui d'être secouru.   «Ici !» C'était un garde forestier, homme dans la quarantaine qui le retrouva aidé de son chien de patrouille.  «Eh ben fiston, on peut dire que tu as eu de la chance. Viens tes parents sont mort de trouille. Tu as mal quelque part ?»

Une rencontre qui changea à jamais sa vie, bouleversant ses projets. Il devait être garde forestier. Sans doute une ambition enfantine mais qui permit à ce garçon en perte de repère de trouver un rêve auquel s'accrocher.




«Pour faire très court, je suis d'originaire d'Ottawa. Il y a pas mal de parcs nationaux comme tu peux t'en douter. J'y allais souvent, c'était un peu mon caprice, tous les ans je devais mettre les pieds sinon je devenais intenable. Une fois là-bas, je me lançais souvent des défis, essayer de trouver de loin des loups, bien sûr à moins de faire du camping c'est quasiment impossible de les croiser, et encore ce sont des animaux qui ne montrent que leur museau à de rares occasions.» contemplatif Mieczyslaw se sentait à des années lumières de ses souvenirs là, tantôt chéris, tantôt maudit. «J'aime comprendre leur comportement, c'est aussi simple que ça. Chaque espèce a une façon de s'exprimer qui lui ait propre, je trouve que ça a le mérite qu'on s'y attarde. Surtout que certaines ne sont pas encore décryptées. Bref, c'est fascinant.» se permit-il d'ajouter haussant simplement des épaules. Ecoutant d'une oreille attentive les propos de cette dernière, il s'enthousiasma quelque peu à trouver interlocuteur à parler de faune. «Si nous recréons, ou du moins si nous nous y rapprochons le plus du milieu naturel, je ne vois pas pourquoi. Mais oui, il n'y a pas de risque zéro, nous sommes humains et non des IA. Les biais doivent être pris en compte.» l'originaire d'Ottawa hocha brièvement de la tête. Melody était d'un naturel curieux, en tout cas quelqu'un avec qui il était facile d'échanger. Leur discussion était fluide, simple. Une remarque peut-être stupide mais qui plu au polonais. Sociable lui aussi, il n'avait pourtant pas eu ce genre de déclic avec d'autres. Un aspect assez étrange, surtout qu'ils ne se connaissaient que très peu. Et puis la révélation suivante le fit froncer des sourcils  : «Mon beau père est garde forestier. Si t’as des questions sur comment ça fonctionne hésite pas je pourrais lui demander si tu veux. Ça lui plait bien.», Kaleb ne s'attendait nullement à trouver pareille coïncidence. «Comment s'appelle-t-il ? J'ai récemment envoyé une candidature, donc peut-être qu'il sera mon interlocuteur ou non.» passée l'étonnement celui-ci finit par une fois de plus lui sourire très largement, plutôt touché même si cette proposition n'était en rien une promesse d'être pris. Le geste demeurait généreux et désintéressé «C'est sympa en tout cas de me le proposer.» buvant une dernière rasade de son soda, l'originaire d'Ottawa écouta toujours aussi attentivement les paroles passionnées de sa toute nouvelle interlocutrice. Ses prunelles semblaient plus claires à l'énonciation de ce comportement amoureux observés chez ces manchots. Puis, il se mit à rire amusé par l'idée que cette parade amoureuse soit imité par nul autre qu'eux, les êtres humains. Enfin, ils avaient bien le cas de l'engagement par les bagues de fiançailles, ou même de virginité... un constat qu'il le laissa un moment amer. Cependant le troisième année se rattrapa, rebondissant sur le sujet. «Les animaux sont poétiques et fascinant à la fois. Les cygnes sont connus également pour en partie de leur fidélité, l'un deux meurt, il restera jusqu'à la fin sans partenaire. C'est peut-être triste, mais cela prouve sincèrement que nos époques antérieures avaient complètement faux sur l'idée que seul, l'Homme avait la capacité de ressentir des émotions.»

Leur petit discussion était un brin rafraîchissant, Bella n'était pas du même cursus. Elle avait malheureusement décidé de passer en anthropologie, étude des peuples, se retrouvant plus dans cette branche qu'il affectionnait. Ainsi, certains sujets de conversations n'étaient pas autant abordées, comme les animaux par exemple. Du moins pas aussi passionné que cela pouvait l'être avec quelqu'un qui étudiait quasiment le même domaine. Néanmoins, place maintenant à la musique entraînante des années 50, cheveux gominés et jupes plissées. Certains du public tapaient en rythme, entonnant en chœur avec les protagonistes le refrain.

«Oh well, oh well, oh well oh, uh
Tell me more, tell me more
Did you get very far?
Tell me more, tell me more
Like does he have a car?»

Des cris plus qu'un véritable chœur chantant harmonieusement de quoi faire pouffer et lever les yeux au ciel le Danny Zuko de la soirée. «She swam by me, she got a cramp» Il poursuivit «I saved her life, she nearly drowned» roulant faussement des mécaniques. Pour finalement terminer la partie, leur voix se combinant à merveilles contrairement à leur audience bruyante.  «Summer sun, something's begun, But uh, oh those summer nights.» La chanson s'annonçait plutôt bien, cependant ce fut sans compter sur le destin et l'ivresse un peu trop avancée. Un boucan phénoménale acheva de tourner court à leur petit karaoké nostalgique que deux jeunes femmes, lourdement sous l'influence de la boisson se querellaient affreusement. Sans oublier leurs "mecs" qui tentaient de les séparer, l'un deux se coltina un méchant coup de coude dans le nez, le blessant au point d'abîmer le tapis persan de l'hôte de la soirée. Un remue ménage tel que pas mal de spectateurs se stoppèrent dans leur activité, se figeant sur place. Les deux femmes se crêpaient le chignon... mais pas que. Sans doute titubant, et enrageant la demoiselle tenta de rejoindre l'autre qui la narguait au point de foncer et se prendre les pieds dans le matériel de karaoké. n'oublions pas qu'un cubi de boisson tomba lourdement sur l'équipement... oui oui autant tout faire pour gâcher le truc. Des exclamations, et déceptions s'entendirent. Mieczyslaw en fit partie, du moins après s'être dévoué pour aider la pauvre âme qui venait de perdre dans l'échelle sociale de la faculté. Bella soupira quelque peu venant une fois de plus retrouver le sofa en compagnie de Melody et Kaleb. La brune prit la parole moue boudeuse prenant le pas sur ces traits «Bon... on peut dire qu'on peut définitivement dire adieu au karaoké. son acolyte tenta de dédramatiser la situation «Je suis sûr que la soirée n'est pas terminée. Faut juste trouver quelque chose de sympa.» une remarque qui eut le don, il ne sait trop comment de souffler la réponse en moins de temps qu'il le faut à cette dernière. Son visage rayonna de nouveau, tout en se tournant vers eux Bella leur proposa ceci. «Un Blindtest ! ça serait chouette ! Avec un gage pour le perdant !» expliqua-t-elle toute guillerette. «Pourquoi   faut-il toujours que tout tourne autour des gages ?» soufflant tout en levant les yeux au ciel le blondinet n'était pas à sa première soirée auprès de Bella a subir ses vengeances, et idées saugrenues. «Parce que c'est plus spicy mon bichon. VOILA» une proposition qui ne tomba pas dans l'oreille de sourds. Un duo de filles décida de se joindre à eux bien tenté.«On en est ! Autant tuer le temps que se regarder dans le blanc des yeux !»

C'était clairement lui contre le monde... alors il obtempéra défaitiste.  «Allez souris Kal' je suis sûre que Melody va te porter chance ce soir. Pour te donner une longueur d'avance je ne ferai qu'arbitrer.»




.