Tu ne comprends pas ce qui arrive. Tout le monde autour de toi s'agite. Tu es paniqué aussi du coup. Tu ne sais pas où regarder. Tu ne connais personne ici mais qu'importe. Tu essaie de savoir ce qu'il se passe mais tu avoue n'avoir pas fait très attention à ce qu'il s'est passé. Oserais-tu crier comme une idiote ? Courir dans tous les sens aussi ? Au passage, tu attrapes ta veste et l'enfiles. Ça commence à te faire peur tout ça. Des fantômes ? Non mais c'est quoi cette connerie encore ? Ça n'existe pas les fantômes. Enfin, toi tu n'y crois pas. Tu trouves cela absurde, vraiment. Après tu ne critique pas les autres mais pour toi, tout cela est totalement absurde.

Pour faire comme tout le monde, tu commences à hurler. À t'agiter dans tous les sens. Ouais tu n'aimes pas te sentir en dehors du moule. Tu préfères te fondre dans la foule. Au bout d'un moment, tu t'arrêtes. Tu t'adosses à un mur en attendant que ça se calme. A la base, tu étais venue ici pour faire la fête, rendre hommage aux victimes de la rose lunaire. Pas pour se faire emmerder par des fantômes.

Alfie n'avait même plus conscience du monde qui l'entourait, ni des cris, ni des larmes, ni des bras qui tentaient de l'attirer loin de la scène du crime. Il restait désespérément agenouillé au sol, sourd aux protestations et aux cris de rage qu'on proférait à son encontre. Ils n'avaient qu'à tous dégager, et le laisser là. Beaucoup plus affecté qu'il ne l'aurait cru par la mort de celle dont il avait partagé la vie pendant huit ans, il ne pouvait se résoudre à bouger. Qu'allait-il dire à Betty ? Comment pouvait-il continuer à vivre avec la vision de cette femme qu'il n'avait pas su protéger ? Alfie essuya nerveusement les larmes qui coulaient sur ses joues du revers de son bras et renifla bruyamment. Rester là et se faire tuer n'arrangerait rien. Betty perdrait ses deux parents d'un coup. Etait-ce vraiment ce qu'il voulait ? Mais il lui était impossible de se détourner de l'image de cette femme qui fut sans doute la plus belle de Redwood Hills et des environs, de cette peau pâle maculée de sang, de ces sublimes cheveux blonds en bataille et emmêlés, de ce corps fin aux proportions parfaites tordu dans une position qui lui donnait la nausée. Il tendit doucement les doigts vers son visage pour lui fermer les yeux. qu'est-ce que t'as foutu Joan, hein ? murmura-t-il.

Je ne sais pas ce que je fiche ici. Je me souviens que mon frère m'avait parlé de cette fête. La commération des victimes de la rose lunaire. J'ai hésité un moment avant de m'y rendre. Quelle en était l'intéret ? Je n'en sais rien. Mais bon, il fallait bien que je me socialise un peu. Ce soir, Annora n'était pas là. Je m'emmerdais un peu donc me voilà. À cette soirée. Une vieille grande en guise de lieu de réception. Vêtu d'un jean et d'une chemise blanche, tu as fait un effort et rasé un peu cette barbe qui commençait à devenir longue et rapeuse. Bref. Je m'étais rendu un peu plus présentable et avait directement filé à la soirée. Je savais que Salvador y serait. De toute façon, à chaque soirée, il y est.

Une grange. Une vieille grange décoré pour l'occasion. De dehors, j'entendais des cris, des hurlements. Je restais intrigué et rentrais enfin à l'intérieur. Le spectacle que je voyais me glaçait le sang. Tout le monde semblait paniqués, appeurés. Toutes les personnes présentes hurlaient, criaient, pleuraient. Il y en avait même de blessés. Par instinct, je jetais un rapide coup d'oeil dans la pièce afin de voir s'il n'y avait personne que je connaissais. Annora ne semblait pas être là. Je ne voyais pas mon frère. Bah merde ! J'étais pourtant sûr qu'il serait présent. Il était peut-être plus loin. En revanche, je vis ma soeur. Elle semblait blessée. Je m'approchais doucement – en essayant d'éviter ceux qui courraient partout – et fut horrifié de voir ma soeur blessé. Le truc qui me fait le plus peur c'était de voir l'un de mes proches blessés. Je restais tétanisé pendant quelques minutes. "Harp.. ça va ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" je me baissais à sa hauteur en examinant sa blessure. Je serais capable de tout si on s'en prenait à ma soeur. À mon frère, à Annora ou à n'importe qui d'autre.

Il est perdu. Le monde qui tournait autour de lui, ce n'était pas un rêve. Il voyait encore le révérend qui se plombait la cervelle à deux mètres de lui. C'était son vrai père Ulysse le savait et il ne pouvait que lever la main avant d'entendre le boum et voir le sang voler sur Lola et alentour. Lui était resté immobile, perdu, incapable de bouger, son regard coincé sur la silhouette de l'homme à terre et son sang qui se transformait en mare douloureuse. Son géniteur était mort et Ulysse n'arrivait pas à ouvrir les yeux, il entendait les cris et les coups de feu mais c'était comme s'ils venaient tous d'un univers alternatif. Il sentit les bras de Nathan autour de lui il entendit le son de sa voix mais aucun mot n'avait de sens au fond de son crâne. Quand Ingrid les invita à se plaquer au sol, Ulysse se laissa entraîner sans rechigner, il n'était pas là, il ne pouvait pas être là. Myers ne savait même pas où était passé Robin, elle était touchée pourtant, il l'avait vu mais il refrénait les images. Il était juste dans un autre monde et lorsqu'il se réveilla vraiment, il capta le regard de son frère et d'Ingrid... Ils étaient en vie mais pour combien de temps? Les coups fusaient encore, moins distincts cependant. "Faut qu'on s'tire d'là, faut vraiment qu'on s'tire de là." Ulysse sentait ses yeux s'embuer lorsqu'il retrouva la vision du révérend au sol et puis il attrapa Ingrid et Nathan par la main avant de les inviter à se diriger vers la sortie, vers Robin, vers la survie, en espérant que rien de mal ne leur arriverait d'ici là...

Spoiler:

Le monde avait basculé dans la terreur et bien vite, la panique était le mot d'ordre. Brody n'avait pas signé pour un tel tintamarre. Il était venu sans véritablement savoir ce qu'il était venu chercher et voilà qu'il faisait face aux actes de la Rose Lunaire. Tout s'était passé si vite, les deux suicidaires qui tombaient à terre, le malade qui tirait sur tout ce qui bougeait. Brody se raccrocha au bras de sa soeur alors que tout le monde courait dans tous les sens... Il se rendit vite à l'évidence que lui ne pouvait pas faire partie des fuyards, il en avait l'envie pourtant mais il sentit la douleur traverser sa jambe indemne. Il était touché et alors qu le monde reprenait toutes ses couleurs, Brody finissait à terre, son regard se perdant vers sa cuisse... Une balle et il savait qu'il allait devoir retrouver le fauteuil pour lev semaines à venir et surtout, maintenant, comment allait-il sortir d'ici avec ses deux jambes de bois? Le comble pour lui qui s'était promis de ne jamais se laisser dépasser à nouveau par la peur. Il avait envie de rire de son désespoir mais finalement, Brody s'attarda sur Lizzie et Edme. "Les filles vous avez le droit de partir devant, j'vous en voudrais pas hein... Allez y, mettez vous à l'abri." Comme si c'était le moment de se la jouer Indiana Jones alors que Brody tentait de contenir sa douleur, l'habitude apparemment.

Spoiler:

Jouer les héros c’est pas vraiment son genre et pas seulement parce qu’elle a oublié de mettre la cape, qu’elle a pas enfilé sa culotte par-dessus ses collants et qu’elle a pas encore trouvé de surnom mystérieux qui fait frissonner les méchants et sourire les gentils. Ingrid est pas hermétique aux balles, ni à la brutalité humaine en général, mais elle arrive pas à avoir peur, là, maintenant.  A moins que ce soit l’adrénaline qui se diffuse, si rapidement, dans tout son organisme qu’elle n’a même pas le temps de comprendre si ses genoux tremblent parce qu’elle est accroupie de façon inconfortable, parce qu’elle a réduit les derniers petits fours en purée sur le t-shirt du bouclé ou encore parce qu’elle est simplement terrifiée mais qu’elle parvient pas à l’exprimer de manière.. normale. Ulysse est pâle comme la mort, l’autre à côté arrête pas de s’agiter et Ingrid, pour une raison qu’elle ignore, se maîtrise pour la première fois de sa vie. « Ça dépend.. Si la question vise à savoir si j’suis touchée, par les balles et pas par ton inquiétude pour moi, alors non et oui. » Elle a pas le temps d’en placer une autre, la main d’Ulysse se referme sur la sienne et elle le suit, gentil petit animal docile. Robin. Elle retient un sourire, mais aussi de lui dire que si Robin est avec Batman, ça devrait aller.. « On peut pas rester non plus.. » En regardant les gens qui courent, qui hurlent, qui rampent et ses doigts qui se referment sur la main d’Ulysse et le regard qui parcourt la salle. Puis de toute façon, hein, si y a Batman, y a pas de lézards. Alors plutôt que de chercher son acolyte, Ingrid se dit que le Ulysse il a pas tort, qu’elle aussi elle préfèrerait être dehors, parce qu’elle comprend que si ses genoux claquent, c’est pas non plus à cause du froid et que si elle reste là, sans bouger, ses pieds vont fatalement se visser au sol et elle va prendre racine. Et si Ingrid a pas l'allure d'un superhéros, elle a encore moins la gueule d'un chêne..

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