Tout s’enchaînait beaucoup, beaucoup trop vite. Judson profitait allègrement du banquet, trouvant que les mets étaient particulièrement savoureux, puis il était en agréable compagnie, notamment avec Sean et Lou. Il ne s’attendait donc pas à la violente irruption de quatre hommes masqués et brandissant des armes. Son sang se glaça, mais il eut la présence d’esprit de ne rien dire, de comprendre immédiatement la situation. Peut-être était-ce parce qu’il avait ce naturel paranoïaque qui ne le quittait jamais, mais il demeura figé sur sa chaise tandis que d’autres fanfaronnaient, l’air de ne pas comprendre la situation. Bordel, bordel, bordel. Immédiatement, la première pensée que Judd eut fut pour Olivia et pour Jeremy, bien à l’abri chez eux, et une vague de soulagement le submergea. Eux, ils ne risquaient rien. Puis il jeta un coup d’œil à Sean, à Juliet, assise un peu plus loin. Lou leur demanda courageusement ce qu’ils voulaient, et Judson se demanda l’espace d’une seconde si c’était du courage ou de la folie. Nouveau coup d’œil en direction de Sean, ils se comprenaient silencieusement. Mais Judd, avec une lenteur extrême, secoua la tête, comme pour lui faire comprendre qu’il ne pouvait rien faire. Que, pour le moment, il ne fallait surtout rien faire, pas avant de savoir ce qu’ils voulaient. L’un des types s’emporta et se dirigea d’un pas vif vers Clint, l’un de ceux qui avaient pris la parole, et lui administra un violent coup qui arracha une grimace à Judson. « Putain... » souffla-t-il. Docilement, pour ne pas faire davantage de vagues, il sortit son téléphone portable et le tendit au type qui passait. Jouer au héros ne servirait à rien, à part s’il voulait se faire tuer. Et ils avaient l’air tellement sérieux que Judd préféra ne pas tenter. Il était comme paralysé par la peur, mais étrangement, il ne ressentait rien, il était dans un état second. Le temps de réellement comprendre ce qui arrivait...
 

Elle passait un bon moment et elle voulut savoir s'il y avait des parents de ses copains dans le coin. Casey avait toujours été un peu curieuse, elle devait bien l'avouer. Il pensait que oui, mais son copain était pas là et sa question suivante la fit sourire. "Ouais, je crois bien." Elle lui posa une main sur l'épaule. "Mais t'inquiètes, on va bien mangé et après on ira faire un tour des stands dehors, y'a sûrement des trucs cools." Elle ne savait évidemment pas que tout cela allait être totalement compromis. Elle hocha la tête. "Oui, j'l'ai fait. Elles vont peut-être arrivés. Les portes sont fermées, mais sûrement pas à clé." L'ignorance était total pour le moment. Ils se mirent à manger et puis quatre personnes armées et masquées débarquèrent brutalement en hurlant. Elle sursauta et pensa en tout premier à Elijah. Il n'avait pas l'air effrayé, pas encore du moins. Elle rapprocha d'instinct sa chaise de lui et lui prit la main. Elle lui jeta un regard qui disait clairement que ce n'était pas une blague et qu'il devait rester calme. Elle décida de ne rien dire et juste de garder Eli près d'elle. Elle le protégerait envers et contre tout. Une femme leur parla et puis elle se tourna vers un couple qui mettait le bazar. Elle vit Bee et s'inquiéta immédiatement pour elle. Elle était du genre inconsciente et cela le lui prouvait. Elle essaya de lui faire un signe pour qu'ils se calment, mais ça ne fonctionna pas. Un homme a l'air de prendre cela pour une blague. Mais elle se rendit vite compte qu'elle avait choisi la bonne tactique. Les preneurs d'otage n'avaient pas eu l'air d'apprécier les paroles et la petite bagarre. Elle laissa échapper un oh effrayé quand Nicki se fit saisir mais elle réussit à se libérer assez vite. Le coup de cross au visage du compagnon de Bee fut impressionnant, et elle tourna le visage d'Elijah pour qu'il ne regarde pas. Nicki essaya de leur faire entendre raison, elle demanda à ce qu'on libère le petit garçon. Elle observa les malfaiteurs avec un petit espoir au fond des yeux. Même si à quelque part, elle savait qu'il y avait peu de chance qu'ils le fassent… du moins tant qu'ils n'avaient pas décidé de faire savoir leur demande. Pour le moment, ça restait confiné au restaurant… personne ne devait être au courant. Elle sortir docilement son téléphone et le remit à l'homme qui les récoltait. Elle se pencha vers Elijah et lui murmura quelques paroles qui se voulait réconfortantes, même si elle était morte de peur. "Reste calme, ça va aller, okay… on reste ensemble et calme." Elle lui fit un faible sourire.

Si, lorsque les agresseurs avaient fait leur entrée dans le restaurant, Nicki et Henrik se trouvaient aux premières loges, les hommes s’étaient bien vite déplacés pour encercler toute la table et Henrik ne regrettait pas d’avoir choisi cette place. Il s’était installé là pour pouvoir s’éclipser sans trop se faire remarquer, dans le cas où le repas venait à l’ennuyer, et il se disait à présent qu’il serait le premier à pouvoir sortir si les portes s’ouvraient. Cela lui donna un faible espoir, ce qui lui suffit à se calmer complètement. Il était toujours pétri de peur, mais il avait désormais recouvré son sang-froid –cela ne lui avait pas pris plus d’une demi-minute, le temps de se répéter trois fois la même prière. Il continuait de prier, silencieusement, sans discontinuer. On viendrait les aider. Il n’en crut pas ses yeux quand il remarqua que Nicki cherchait à sortir son téléphone portable et la supplia du regard de ne pas le faire. Les preneurs d’otage étaient encore beaucoup trop attentifs à tout ce qu’il se passait pour qu’il ne remarque pas ce qu’elle était en train de faire, et ça ne loupa pas. Il grimaça quand elle se fit tordre le bras, la panique qui l’emplissait faisant peu à peu place à la colère. Plusieurs personnes se manifestèrent contre les agresseurs, certains pensant visiblement que c’était une blague ; comment pouvaient-ils croire ça ? Si ce n’était pas clair, cela le fut rapidement quand le demandeur de citron se retrouva au sol. Les quatre hommes n’étaient pas là pour rigoler. Alors qu’ils réclamaient à tout le monde de sortir leur téléphone, Henrik crut voir là une opportunité. Peut-être que, tout compte fait, le geste de Nicki n’avait pas été vain. Sans regarder son téléphone, machinalement, et tout en le sortant de la poche de son pantalon pour le poser sur la table en attendant qu’on le lui récupère, Henrik glissa ses doigts furtivement sur son écran. Il ne se cachait même pas pour le faire : plus c’est gros et plus ça passe. Deux petits tapotements discrets pour l’allumer, un geste sur la gauche pour accéder aux appels d’urgences, trois petits tapotements pour composer le numéro des secours. Il avait tout juste eu le temps d’appuyer sur le troisième chiffre lorsqu’on lui arracha le téléphone. Henrik pria, une fois de plus. Il espérait que cela avait fonctionné et, un peu naïvement, que les agresseurs n’y verraient que du feu.

Tout allait bien dans le meilleur des mondes possibles. Elle riait avec Fynn et parlait avec les autres convives lorsque l'ambiance changea du tout au tout. Le bonheur dans la vie de la jeune femme ne durait jamais bien longtemps. Pour preuve, quatre hommes masqués et armés déboulèrent dans le restaurant en hurlant à la prise d'otages. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Cela ne pouvait pas recommencer. Vivre deux prises d'otages dans une seule et même vie, cela faisait un peu trop. Elle déglutit difficilement et reposa sa fourchette sur la table, en essayant de contrôler le tremblement de sa main. Une jeune femme, un peu plus loin, tenta de raisonner le groupe masqué et armé. Mais c'était peine perdue. L'un des hommes s'en prit d'ailleurs à la baby sitter de Joyce. Hesther était bien trop choquée par la scène pour oser dire quoi que ce soit. Elle retint un petit cri aigu en se mettant la main devant la bouche, lorsque l'homme à qui elle avait donné les citrons se fit assommer avec la crosse d'un pistolet. Un autre hurla sur une brunette. Trois exemples pour les dissuader de tenter le diable. « Non, c'est tout sauf printanier ! Et tout sauf drôle », glissa-t-elle à Fynn - l'angoisse se lisait clairement sur son visage - et en lui attrapant la main. Elle ne fit pas de vague lorsqu'on lui réclama son téléphone portable, qu'elle tendit sans demander son reste et sans oser regarder la personne dans les yeux. Les actes valeureux dans ce genre de situation n'entrainaient jamais rien de bon. Elle était bien placée pour le savoir. Elle jeta un regard en coin à Fynn, lui intimant clairement d'en faire de même et de ne surtout pas tenter quoi que ce soit d'idiot.  

Tout ce qui se passe ici est totalement étrange. Nous étions tranquilles, tous là en train de profiter et d'une seconde à l'autre tout bascule. Au départ, je n'ai pas vraiment réalisé, j'ai même pensé que c'était une sorte d'animation pour le repas et puis après les choses sont devenu effrayante. Comme les hommes le demandent je ne bouge pas et je reste toujours avec Casey, elle, elle semble beaucoup plus effrayer que moi. Lorsque l'un des hommes passe à ses côtés, elle donne comme tout le monde son téléphone, j'aurais dû lui dire avant de ne pas le faire et de le glisser dans ma poche. Après tout, à mon âge, il ne me fouillerait pas à moi. Merde alors j'ai loupé le coche ! "Reste calme, ça va aller, okay… on reste ensemble et calme." Je regarde autour de moi et tout le monde semble vouloir chercher une solution. Peut-être que je peux aider, mais comment ? Après tout, je suis petit, je peux passer partout et peut-être même qu'ils ne m'ont pas encore vu. « Peut-être que je peux faire quelque chose. » Dis-je à Casey tout doucement.

Un homme venait de se faire frapper, on leur avait ordonné de se taire et c'est donc ce qu'elle faisait, enfin ce qu'elle fit après avoir dit quelques mots discrètement à Elijah. Elle ne voulait pas que le ton monte, même si… au vu des circonstances, cela risquait d'arriver. Elle avait que ce genre de choses arrivaient, parfois… mais elle n'aurait jamais pensé en vivre une, un jour. Gardant le petit garçon tout près d'elle, elle fut soulagée, dans un sens, que Grace et Melody ne soit pas là. Et soudain, elle aurait préféré qu'Elijah soit avec sa mère et sa sœur. Dans le fond, elle pensait bien plus à sa sécurité à lui qu'à la sienne. Elle tourna les yeux vers un jeune homme qui annonça ne pas avoir de téléphone. Elle les connaissait de vue à vrai dire, les Howell si ses souvenirs étaient bons, c'était des gens de la région et le fait que lui, n'ait pas de téléphone, lui semblait bizarre, mais elle n'allait rien dire. C'était son idée de la journée… ne rien dire, survivre, sortir d'ici. Le preneur d'otage eut l'air d'accepter la version des faites de cet homme (Sean). Elle sursauta légèrement quand Eli se demanda à voix très basse, si lui, il pourrait y faire quelque chose. Elle jeta un regard vers lui et secoua la tête avant de murmurer à son tour. "Non. Promets-moi que tu tenteras rien. À part si je te dis de courir dehors à toute vitesse. J'ai besoin de ta promesse Eli." Elle le regardait intensément, elle ne se le pardonnerait jamais s'il arrivait quelque chose à ce petit bout de chou, jamais totalement en tout cas. Et Grace ne lui pardonnerait certainement pas non plus, ce qu'elle comprendrait. Elle passa une main autour de ses épaules, bien décidée à le faire tenir dans le rang. Ce n'était pas le moment de jouer au héros et surtout pas pour un petit garçon de huit ans. C'était des illuminés, la pitié ne faisait sûrement pas partie de leur vocabulaire. Elle attendait, elle le devait. Il fallait maintenant savoir ce qu'ils voulaient, il y avait toujours des demandes dans ce genre de chose, non ? Argent, reconnaissance... ou autre. Enfin, elle n'était clairement pas une spécialiste.

@Elijah Fordham