Une soirée évènement avait beaucoup fait parler ces derniers jours à Redwood Hills, et cette information n’avait pas échappé aux petites oreilles de Melody qui ne ratait jamais une bonne occasion de s’amuser, cette fois-ci en famille. À l’école, on parlait d’une soirée qu’on pourrait passer à regarder le ciel, les étoiles comme de jeunes astronomes avec de grands et vrais télescopes,  comme dans les films. Ce fut assez pour mettre à Melody la puce à l’oreille, et à peine rentrée de l’école, elle en parlait déjà à Casey, Elijah et sa mère. Inutile de dire que ce vingt-deux Novembre, la petite famille a pris la route direction la colline sur laquelle se passait toutes ces merveilleuses choses.

Les Fordham arrivèrent sur place alors que l’endroit était déjà un peu bondé. Il y avait du monde, mais pas tant que ça. Certains matelas et télescopes étaient encore libres, ils auraient donc de quoi faire plus tard… Parce qu’en ce soir de novembre, Melody avait de nombreux projets. Elle voulait observer les étoiles à travers ces télescopes, elle voulait passer un peu de temps les yeux rivés vers le ciel avec sa famille, elle voulait s’amuser, passer un peu de bon temps… et surtout veiller tard comme elle n’en avait pas l’habitude. « C’est cool ! » Melody gardait son excitation et son enthousiasme pour elle-même alors qu’elle déambulait près de sa mère et de son frère sur la colline parmi les autres habitants de la ville. Les mains dans les poches de sa doudoune, elle observait les environs. Les autres enfants qui buvaient leur chocolat chaud, ceux qui s’amusaient avec les télescopes tout en essayant d’y voir quelque chose après avoir déréglé les objets, puis il y avait aussi les petites familles allongées sur les matelas, au calme, sereins… Cette simple vision fit penser Melody à son père, mais cela ne dura qu’un instant puisqu’elle fut tirée de ses pensées par sa mère qui lui proposait un chocolat chaud. « Je veux bien un chocolat... puis après, on ira voir Vega !  » Répondait-elle d’un ton enjoué, se dirigeant déjà en avant avec Elijah vers le stand de boissons chaudes. Elle apercevait déjà quelques-unes de ses copines à quelques mètres au loin, peut-être qu’elle irait les rejoindre plus tard.

Judson ne savait pas qui il allait croiser à cette nuit étoilée, mais il ne s’attendait sûrement pas à être interpellé par... Reagan. Bon sang, il ne manquait plus que ça. Il n’avait pas souvent de ses nouvelles et quand il la croisait, généralement ça finissait plutôt mal, il s’énervait, elle jubilait, et chacun rentrait chez soi de mauvaise humeur. Mais ce soir, Judd était au contraire d’excellente humeur et il n’avait pas l’intention de s’emporter pour un motif aussi futile que sa présence dans le coin. « Reagan » dit-il en retour, d’un ton un peu trop froid malgré tout, tandis qu’elle s’accrochait à son bras comme s’ils avaient gardé les cochons ensemble. Il était toujours surpris, voire fasciné, par l’aura qu’elle dégageait, une beauté éclatante qu’il n’aurait su nommer mais qui lui faisait toujours un peu perdre la tête, même s’il était juré de ne pas tomber aussi bas et de ne pas céder à ses avances. D’ailleurs, peut-être n’y en avait-il pas, il se faisait des films car elle se jouait de lui, comme elle avait l’air de se jouer de tout le monde. « T’es pas au courant des dernières nouvelles, Blondie ? Y a plus de femme qui tienne, on a rompu » elle devrait être très heureuse de cette révélation, car Judson la soupçonnait d’apprécier le malheur des autres, mais il préféra donner l’info de but en blanc, avec sa nonchalance habituelle, plutôt que de cultiver le mystère plus longtemps. « Mais je te retourne la question... T’es venue toute seule ? T’es pas venue avec un type que t’auras réussi à embobiner ? » il n’avait jamais su si elle était en couple ou pas, si elle avait des vues sur quelqu’un ni quoi que ce soit d’autre. En fait, Reagan était un mystère, mais Judson n’était pas sûr de vouloir le percer. Il tourna la tête dans tous les sens, espérant apercevoir une silhouette connue qui saurait le tirer de ce mauvais pas avant que Reagan ne s’accroche à lui comme un paresseux s’agripperait à un arbre.       

June s’approche du stand qui propose des boissons chaudes et alors qu’elle voulait un chocolat chaud, elle se met à douter de son choix. A vrai dire, elle ne s’attendait pas à y trouver autant de sortes de boissons chaudes… Elle s’attarde quelques secondes sur le tableau, sa couverture sous le bras mais elle finit par revenir à son premier choix. Elle sent déjà le goût sur sa langue et le breuvage réchauffer son corps. Malgré les couches de vêtements qu’elle a sur elle, June sent quand même par moment le froid s’insinuer jusqu’à sa peau. Elle commanda alors un grand chocolat chaud et patientait d’être servie quand elle fut bousculée par une jeune femme, qui s’excusa immédiatement. « Pas de soucis ! Vous attendez pour commander? » June lui indiqua du pouce le stand, et lui laissa la place pour qu’elle l’atteigne. June attendait encore sa boisson et en profita pour entamer la conversation avec l’inconnue. « C’est sympa cette petite fête sous les étoiles ! Même si il fait un peu froid, vous trouvez pas ?

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Un besoin presque impératif. Une envie aussi, de renouer avec une vieille passion. L’observation des étoiles. Se perdre l'espace de quelques heures, dans cette immensité étoilée. Et ce soir semblait tout indiqué pour se prêter à l’exercice. Il avait gribouillé dans son agenda de ne surtout pas manquer cette occasion. Comme la soirée n'avait pas l'air d'intéresser Ellie et Mila, c’est vêtu de sa parka et avec sa seule compagnie, qu’il emprunta le trajet jusqu’à la colline où se déroulerait l’évènement. Cela le frustra un peu, même s'il essaya de ne pas le montrer. Il trouva une place pour se garer. L'air frais de la nuit vint le cueillir, lorsqu'il descendit de voiture. L’ambiance presque religieuse conférée par le ciel l'apaisa presque aussitôt. Une délicieuse odeur d'épices flottait dans l'air. Sans plus attendre, il se dirigea vers le premier food-truck, pour commander une boisson chaude. L'odeur lui rappelait les marchés de Noël de Copenhague. Lointain souvenir d'enfance. Puisqu'il n'y avait pas encore énormément de monde, son tour arriva rapidement. In vin chaud serait parfait. Il put alors se réchauffer, en entourant le gobelet de ses mains. Alarik avisa un peu la foule. Il crut reconnaître une silhouette (Judson), mais n'étant pas sûr de lui, il préféra rester dans son coin.
Verre de vin chaud à la main, couverture sur les épaules, il s’installa bien confortablement sur une chaise un peu plus loin et leva les yeux vers le ciel.  

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En observant les alentours pour essayer de repérer Nate, elle reconnut plusieurs personnes et fit signe à quelques-uns. Elle adorait ce genre d'événements, elle était résolument sociable, même si durant quelques mois, elle ne l'avait pas été. Elle vit un ou deux regards étranges et tenta de ne pas y faire attention. Ça continuerait quelques temps, elle en était consciente. C'était les conséquences de ses propres actes, elle allait simplement devoir l'accepter et surtout l'assumer. Elle tenta de ne plus y penser et se concentra sur le reste. Et soudain, elle fut enlacée par derrière et des lèvres se posèrent sur sa joue. Elle reconnut immédiatement sa voix. Nate. Un sourire apparut sur ses lèvres, plus large encore. Elle avait légèrement sursauté avant d'entendre sa voix d'ailleurs. Elle se retourna et se mit sur la pointe des pieds pour en poser un nouveau sur ses lèvres. "Bonsoir… L'homme que j'attendais." Elle l'entoura de ses bras. "Tu m'as manqué." Pourquoi s'empêcherait-elle de le dire ? Aucune raison. Se reculant d'un pas, elle l'observa. Il était toujours aussi beau… ça, elle n'allait pas le lui dire. "Tu sais que tu vas avoir froid ?" Elle sourit, amusée. "Il manque au moins deux couches ! Et je te préviens, je te prêterais pas mon écharpe." Elle rit et lui vola un nouveau baiser, serrant doucement sa main. "Tu t'y connais un peu en étoile ? J'aime les dessiner, mais je n'arrive jamais à les trouver dans le ciel." Elle l'entraîna avec elle. Il y avait des matelas posé sur le sol, un peu partout, mais elle n'avait pas envie d'être au milieu de la foule, elle préférait être un peu à l'écart.

Un sourire aux lèvres, Juliet se préparait pour une sacrée sortie ce soir. Jun courrait dans tous les sens depuis le début de l'après-midi et Juliet n'en pouvait plus de sa fille… enfin ce n'était pas tout à fait vrai, elle la trouvait adorable. C'était un événement particulier, un événement parfait pour Jun, une nuit d'observation des étoiles. Jun en parlait depuis qu'elle avait découvert la soirée, c’est-à-dire des semaines ! Heureusement que la soirée était enfin là. Elle rajouta encore une couche à sa fille et puis elles sortirent. Un bout en voiture pour atteindre la base de la colline et elles montèrent à pied. Arrivée au sommet, Jun vit tout de suite Judson et courut vers lui pour lui sauter dessus, littéralement. Enfin sauté dans ses bras en tout cas. Juliet les rejoignit tranquillement, saluant des gens au passage. "Salut tonton ! C'est trop cool, t'es là. Tu veux que je te montre les étoiles. Je les connais toutes déjà. Enfin presque. Y'en a trop pour toutes les connaîtres." En s'approchant, Juliet remarqua une jeune femme blonde (Reagan), Jun avait dû interrompre un échange, aucun doute. Elle ne la connaissait pas, bien qu'elle l'ait déjà croisé en ville. "Salut toi. Comme tu vois, Jun est un peu trop excitée… je te la vends si tu veux !" Jun poussa un cri d'indignation et puis rigola. Juliet, se tournant vers la jeune femme, la saluta. "Bonsoir."

Ce sursaut, il l’avait attendu. C’était d’ailleurs la seule raison pour laquelle il n’avait pas fait connaître sa présence auparavant. Pour la surprendre, la faire patienter et s’impatienter jusqu’à ce qu’elle soit dans ses bras à nouveau. Ces deux jours avaient paru si longs, si vides. Alors, retrouver son contact si délicat lui donnait presque l’impression de revivre. Il échappa à léger rire à cette réaction avant qu’elle ne se retourne après l’avoir reconnu. Ouf, il ne s’était pas trompé de blonde. Bien sûr que non. Son instinct ne le trompait jamais pour ce genre de chose. C’était bien elle, qui se mit sur la pointe des pieds, toujours aussi adorable, pour l’embrasser et le saluer. Puis l’enlacer de ses bras avant de lui avouer qu’il lui avait manqué. Il sourit. Encore. C’était habituel chez eux, ce manque presque incessant, cette envie d’être avec l’autre, ce besoin d’être avec l’autre. C’était dans leur nature, mais sans doute aussi à cause d’une peur de se quitter trop longtemps et de revivre cette absence insupportable qui avait trop duré. « Tu m’as manqué aussi. » Il déposa ses lèvres sur son front, une habitude qui trahissait une affection plus profonde qu’une simple envie de partager des moments intimes avec elle. Après tout, il était prêt à sortir en plein mois de novembre, sous le ciel étoilé et glacial, juste pour profiter d’une soirée en sa compagnie. Et en extérieur ! Autant dire qu’il avait vraiment envie de lui faire plaisir, parce que, l’observation des étoiles et le manque de confort, ce n’était pas du tout son truc. Elle se recula un instant pour le regarder, sans doute pour critiquer sa tenue. Pas manqué. Elle sourit, lui aussi. « J’ai pris une couverture, sinon je compte bien sur toi pour être ma bouillotte du soir. » Un sourire espiègle. Une référence à ce qu’elle avait pu lui dire, un jour, sans doute plusieurs, lorsqu’ils étaient restés enlacés toute une nuit. Puis il se laissa guider une fois la couverture laissée au sol ramassée. Est-ce qu’il s’y connaissait en étoiles ? Elle devait bien se douter de la réponse. « Ah non j’y connais rien du tout, je comptais sur toi ! » Un baiser furtif avant qu’elle lui prenne la main pour l’entraîner ailleurs, dans un coin moins peuplé, choix qui ne l’étonna pas. « Tu m’as jamais montré tes dessins... » Ou comment l’inviter de façon peu subtile à dévoiler cette partie d’elle. En réalité, ils n’avaient jamais vraiment eu l’occasion puisqu’ils ne s’étaient pas fréquentés si longtemps, malgré une relation complexe. D’où la relation complexe d’ailleurs. Puis il finit par s’asseoir en l’invitant à faire de même, pour qu’ils puissent rester là, enlacés, et profiter de l’instant présent. Tant pis s'ils ne reconnaissaient pas les étoiles et constellations.