Robin était soulagée de voir Manny, enfin un visage ami dans cet océan de visages souriants et d’enfants un peu trop turbulents. Et puis il y avait Griffin, Griffin qu’elle interpellait comme si de rien n’était, désireuse de faire les présentations, mais Manny ne semblait pas l’entendre de cette oreille. Il lui agrippa le bras en lui avouant être mal à l’aise, mais Robin se contenta de lui adresser un large sourire, comme indifférente à ses craintes. Elle n’eut pas le temps de lui glisser un quelconque mot rassurant sur le fait que Griffin était un type gentil, pas les traditionnels connards auxquels elle avait la fâcheuse tendance à s’attacher, parce que ledit Griffin arrivait au même moment. Et il avait l’air assez mal en point. « Quoi ? Ah merde, tu crois que t’es allergique… aux chevaux ? Y a p’tête un autre truc dans les parages » dit-elle en balayant les environs du regard. Si Griffin était allergique aux chevaux, ce serait con pour leur prétendue promenade qu’ils devaient se faire plus tard, ou même s’il voulait juste passer voir Robin un jour. Manny se présenta, heureux de faire enfin sa connaissance, ce à quoi Robin répondit par un froncement de sourcils. « Je crois qu’on a compris » dit-elle en se mordillant la lèvre. « J’ai dit à Manny que t’étais proprio d’un bar à Burlington, un truc vachement cool. Il est tout intimidé de te rencontrer, tu vois… » pas un mot sur ce qui était arrivé l’autre jour. Robin espérait vraiment que la filature foireuse dans les rues de Burlington ne remonte aux oreilles du jeune homme – de quoi elle aurait l’air, sinon ? « Tu nous abandonnes déjà ? Je vais finir par être jalouse » lança-t-elle en guise de plaisanterie à l’adresse de Manny qui voulait s’absenter. Elle aurait aimé qu’il reste, mais s’il voulait visiter les lieux et retrouver Rafael, elle n’allait pas le ligoter pour qu’il reste. Et puis elle jeta un coup d’œil à l’adresse de Griffin pour préciser « Manny est mon meilleur pote » de l’extérieur, on aurait pu croire autre chose. « Je peux te faire visiter l’intérieur, si tu veux ? Bon, ça faisait pas partie des portes ouvertes, mais ça ira peut-être mieux dans les bureaux. Par rapport aux allergies, je veux dire. Enfin, si t'es allergique aux chevaux, c'est mal barré partout où on ira » mais elle n’était pas contre l’idée de se retrouver seule avec lui, sans personne pour les espionner. Là, elle avait l’impression d’être observée, épiée par tout ce monde, et elle détestait cette impression.  


@Griffin Kidd @Manny Singh

L’ami de Robin – Manny – était toujours sauf à son aise dans cette conversation, ça se ressentait à des kilomètres à la ronde, et je ne pouvais m’empêcher d’envoyer un coup d’œil perplexe vers Robin tandis qu’il cherchait ses mots. Enfin, j’avais bien noté le terme employé et si ça n’avait été de sa réaction, j’aurais bien pu penser que la jeune femme lui avait raconté des choses à mon sujet. Nous étions toutefois bien ailleurs. Chris… Le seul Chris que je connaissais personnellement était l’un de nos employés justement, mais ce n’était pas un Weaver. « Chris Weaver… Comme le candidat à The Voice ? » Le jeune homme s’enfonçait dans une explication sans queue ni tête et je me contenais d’un sourire poli. « J’imagine. Ce n’est jamais moi la rock star. » Non, même que ça n’avait jamais été le cas, toujours en coulisses et c’était ma place. Nulle raison d’être intimidé donc, même si je parvenais à gratifier la brune d’un sourire amusé – derrière la confusion. Je hochais la tête, les compliments sur le travail que nous faisions au Headquarters étaient toujours les bienvenus, et me glissais une main sur les yeux avant de me rendre compte que c’était sans doute la pire des idées, j’avais peut-être touché à quelque chose qui générait cette réaction-là. Le débat se terminait ainsi, un peu trop rapidement pour que c’en soit naturel, mais je ne protestais pas et me contentais de reporter mon attention sur Robin. « Il a l’air sympa. » Un peu bizarre aussi, mais ce n’était pas nécessaire de faire ce commentaire tout haut, ça s’était de toute façon probablement trouvé dans le sourire forcé que j’avais. « Bonne idée ! Je n’ai rien contre les accès exclusifs. » Un ranch n’avait pas grand-chose à voir avec les coulisses d’un concert, mais qu’importe. J’étais venu pour Robin, j’espérais avoir l’occasion de découvrir un peu ce qu’elle faisait, l’occasion aussi de passer du temps avec elle malgré tout. Levant à tout hasard la tête vers les alentours, je repérais un visage connu, un visage d’ailleurs que j’aurais préféré ne pas croiser dans les parages. « Reagan Dewar, peux-tu croire qu’elle avait vraiment envie de venir aux portes ouvertes ? » Sauf qu’un deuxième coup d’œil m’apprenait rapidement qu’elle n’était pas venue seule. Jillian. Bien sûr. Ces deux-là n’étaient jamais bien loin et cette fois, c’était moins amusant de constater le hasard. Sans trop y réfléchir, je glissais une main dans le dos de Robin, tout à coup bien prompt à oublier mes allergies.

Une forme de malaise avait fini par s'installer, sans crier gare. Seul Rafael était d'humeur égale. S'il ne semblait manifester aucun plaisir particulier à se trouver ici plutôt qu'ailleurs, il consentait pourtant à se jeter dans les méandres d'une conversation improvisée, jusqu'à risquer un compliment à l'endroit de Noam qui, lui, semblait se liquéfier. « Je suis là. » jugea-t-elle bon de glisser, dans un sourire tranquille visant à détendre l'atmosphère. Et d'agiter une main sous les yeux du vétérinaire. « Je t'entends. Et je pourrais bien finir par prendre la grosse tête. » Il n'y avait aucun risque, comme en témoignait le rire léger qui s'en suivit. L'instant d'après, elle étirait le bras pour s'emparer d'une petite bouteille d'eau. Ce faisant, ses grands yeux clairs trouvèrent le regard de Rafael. Elle s'en trouva un temps désarçonnée, comme si cette lueur qu'il voulait rassurante ne trouvait aucune crainte à apaiser. L'éventualité que quelque chose puisse se produire ne lui avait pas traversé l'esprit. Curieusement, elle ne pouvait plus se défaire de cette idée, tandis que le souvenir des événements de la mairie la prenait brusquement aux tripes. Elle n'avait plus très faim, tout compte fait. En outre, il lui fallait retenir Noam que cet échange de banalités semblait mettre au supplice. « Buddy. » s'exclama-t-elle enfin, pour le retenir. « Je... Je pensais ouvrir son box, quelques minutes, pour que les enfants puissent le voir. » Les poulains faisaient toujours sensation dans ce genre d'événements. « Je sais que tu lui as déjà fait un check-up complet la semaine dernière, mais ils auront sûrement des questions auxquelles je ne saurais pas répondre... » A dire vrai, il s'agissait bien davantage de valoriser son travail, en lui confiant un rôle qu'il lui soit moins pénible de tenir. Les enfants avaient un don certain pour vous mettre à l'aise et désamorcer les situations les plus tendues. « Qui sait ? On croisera peut-être Manny en chemin ? » s'exclama-t-elle encore, en se tournant cette fois-ci vers son compagnon, avant d'ouvrir la marche en direction des boxes extérieurs. Moins d'une poignée de secondes plus tard, elle se hissait lestement par-dessus la rembarde du paddock-terrasse. La structure était vieillissante et le loquet passablement usé, si bien qu'elle peinait à le faire coulisser. De quoi lui arracher un profond soupir de lassitude, à la pensée de tous les efforts qu'il lui fallait déployer pour maintenir cet endroit à flots. C'est alors qu'un long miaulement plaintif vint l'arracher à ses réflexions. « Au fait ! » s'exclama-t-elle, comme elle se penchait pour se saisir de la minuscule boule de poils venue se traîner péniblement jusqu'à ses pieds – l'animal n'avait guère plus de quelques jours et sa démarche était mal assurée. « Liam ne voudrait pas adopter un chaton ? » Les nièces de Rafael, quant à elles, étaient probablement trop petites pour y songer. « Si tu as des neveux, je compte sur toi pour en leur parler. » reprit-elle dans un sourire, tandis que son regard glissait jusqu'à Noam. « Ça me fendrait le cœur de devoir les confier au refuge... » Toute une portée errait dans le domaine. « Peut-être que Manny en voudrait un ? » Il lui semblait d'ailleurs l'apercevoir au loin. A en juger par sa démarche, il semblait chercher quelqu'un, si bien qu'elle se hissa de nouveau sur la barrière pour lui adresser un signe de la main.

@Noam O'Hara @Rafael Sullivan @Manny Singh

L’accueil ne fut pas des plus chaleureux. J’étais un peu la bête noire de cette famille, si j’en faisais encore partie… Je ne perdais pas mon sourire ni même la joie de revoir les jumeaux. Ils avaient tellement grandi, de vrais jeunes hommes ! En plus de ça, les voir sautiller de bonheur en voulant manger une glace avec leur tante me fit fondre d’autant plus. Ils semblaient en bonne santé et comblés avec la famille Howell. La famille d’Andrew avait pris soin de mes enfants pendant mon absence et je leur en serais toujours reconnaissante malgré cet accueil glacial. Les soeurs Howell, Juliet et Louise, éloignèrent de nous les jumeaux ainsi que Jun, la fille de Juliet qui avait tellement grandi. Je me rappelais encore qu’elle n’était qu’en primaire lorsque je l’avais vu pour la dernière fois et maintenant, elle était une très belle adolescente. Le temps passait tellement vite !
Une partie de la famille Howell partie, je me retrouvais en tête à tête avec Andrew. Il ne semblait pas très à l’aise par mon apparition aux portes ouvertes du ranch. Je ne pouvais pas m’empêcher de vivre simplement parce qu’Andrew ne voulait pas que je vois les enfants maintenant. « Il faut que je te prévienne à chaque fois que je vais à un évènement en ville ? » Je lui posais réellement la question. Je ne voulais pas le mettre dans une mauvaise posture mais en même temps, il fallait que je continue à vivre. « Ce n’est pas facile pour moi aussi, Andrew. Je débarque à nouveau en ville, que je réapprenne à connaitre les gens, que je me construise… tout ça, éloignée de vous. Je fais comme je peux. Mais je ne peux pas rester cloitrer chez moi parce que tu ne veux pas qu’on se croise… » Je comprenais la souffrance que je lui avais infligée mais je ne pouvais pas rester dans mon coin indéfiniment. De plus, il devait revenir vers moi pour rencontrer les jumeaux mais il ne m’avait pas contactée une seule fois… Certes, je n’étais pas dans sa position mais lui n’était pas la mienne. Je pouvais encaisser mais au bout d’un moment, moi aussi je souffrais.

@Andrew Howell & @Juliet Howell & @Louise Howell

Par chance, ses sœurs le sauvent en prenant en charge ses enfants. Andrew n’avait toujours pas pris de décision par rapport à Lily. Il voulait penser à tout, à ses enfants d’abord, à lui mais aussi aux rencontres sur le long terme. Un jour ou l’autre, il devra les laisser avec elle. Mais, pour le moment, ce n’est clairement pas au programme. Ce temps peut paraître long pour Lily mais Andrew le prend car il en a besoin. Le psychiatre finit par lui souffler qu’il ne savait pas qu’elle serait là elle-aussi. La question de Lily le pousse à relever les yeux, évitant soigneusement de croiser son regard car elle ne s’arrête pas là non plus. Elle aussi elle veut retrouver une vie visiblement. Il baisse de nouveau les yeux vers elle avant de lui répondre : « Non, mais on aurait pu s’appeler pour se prévenir au moins. C'est un grand événement. » Lui aussi il aurait pu lui dire, mais il n’avait pas pensé à elle dans l’instant. Il faut dire qu’elle vient tout juste de revenir et Andrew n’intègre pas encore son retour. Andrew tourne un instant la tête vers la petite famille qui venait de s’échapper avant de reporter son attention sur son ex-petite-amie. Il était presque embêté de la voir ici mais il devait lui dire le fond de sa pensée : « Ce n’est pas le meilleur endroit pour les revoir » Explique Andrew avant de laisser ses yeux se glisser dans son regard. Ses yeux étaient toujours aussi beaux, les même que ceux de ses enfants. Le psychiatre détourne bien vite son regard, incapable de tenir plus longtemps avant de lui dire : « Tu viens retrouver des amis ici ? » Demande Andrew qui se faisait curieux, comme toujours la concernant d’ailleurs, mais dans le fond, il voulait aussi s’assurer qu’elle n’était pas venue dans l’espoir de les croiser. Il sait que ce n’est pas le cas mais on ne sait jamais. Andrew reste plutôt méfiant. Et puis, il avait toujours son chien tenu par la laisse dans sa main. Ce chien avait reconnu Lily et avait fini par la renifler avant de se mettre sur ses pattes arrières pour la saluer, très content de revoir sa maîtresse. Garm était déjà dans la famille quand Lily était encore là avec lui et les enfants. Contrairement à ses enfants, il reconnaissait bien la jeune femme.

@Lily Bell

Jillian finit par admettre, oui, elle n'avait pas proposé cette sortie sans arrières pensées. La jolie blonde affiche un sourire victorieux, ce qui la fait rire. Cependant, lorsqu'elle l'interroge, Jiji hésite. Etait-elle satisfaite de ce qu'elle voyait ? C'était une question à dix millions, ça. Elle ne saurait dire. C'était sans doute de la curiosité malsaine, ou quelque chose dans ce goût-là, de les voir tous les deux. Elle se permet un énième regard dans leur direction, et avant qu'elle n'ait l'occasion d'émettre la moindre critique, Reagan lui ôte les mots de la bouche. « Ils ont l'air tellement boring ». Jillian hoche la tête, il est vrai qu'ils ne transpiraient pas la passion ou la moindre alchimie, à moins qu'elle soit soudainement que très peu objective. C'est exactement ce que j'étais en train de me dire. Admet la musicienne, avant d'éternuer une fois de plus. Ou c'est peut-être à ça que ressemble un couple normal, en fait ? Va savoir. Elle grimace, puis choisit de partir sur un autre sujet, en lui confiant n'être jamais monté sur un cheval. Une occasion manquée ? Qui sait, elle pourra peut être l'ajouter sur la liste aujourd'hui, histoire que cette virée au ranch ne soit pas complètement auto destructrice. D'après Reagan, ce n'est pas transcendant, ça pue même. Cette réflexion lui arrache un rire, mais son regard s'illumine lorsqu'elle lui demande si elle souhaitait essayer. Bah carrément, ouais ! Opé pour aller kidnapper un poney. A nouveau, son regard s'égare, croise celui de Griffin, qui justement regardait dans leur direction, avant de se coller davantage à sa dulcinée. Elle arque un sourcil, croise le regard de son amie pour voir si elle avait assisté à ce marquage de territoire. C'était quoi ça ? Moment d'analyse comportementale ON. C'est tellement puéril, à croire qu'elle venait de perdre dix ans d'âge, mais à croire qu'elle ne faisait que se surprendre aujourd'hui. On mettra ça sur le compte des allergies.

Candidat à The Voice ? Oui, il connaît l’émission, mais de là à connaître les candidats… À vrai dire, il n’a jamais regardé un seul épisode. Youtube a déjà tenté de lui faire le coup en lui suggérant un clip, mais jamais, ô grand jamais, il ne clique sur ce genre de lien. « Non... » souffle-t-il avec précaution. « C’est un... » Il s’interrompt, lui-même, comme un grand. Il se contente de sourire, laissant sa phrase en suspens. Étrange, mais toujours mieux que de parler pour parler et s’enfoncer plus profond. Contente-toi de sourire. C’est tout, c’est simple. Intimider de le rencontrer ? Pas vraiment. Juste nerveux, avec ce sentiment de culpabilité inutile. Ils l’ont simplement suivi, rien de bien grave. Bref, Manny en profite tout de même pour les laisser seuls, tous les deux, n’ayant point envie de tenir la chandelle. Puis, il avait dit à Raf qu’il serait présent, ce serait vilain de ne pas aller le retrouver. « Je lui ai dit que j’irais le retrouver. » Et que ça semblait le moment parfait pour le faire. « J’te revois plus tard pour mon tour de poney. » la rassure-t-il, d’un ton qui se veut amusé, avant de tourner la tête vers le bouclé. Il esquisse un sourire, toujours aussi mal à l’aise, ainsi qu’un petit signe de tête, comme pour dire enchanté, avant de s’éclipser.

De nouveau seul, il s’aventure sur le vaste terrain du ranch à la recherche du Sullivan. Un peu perdu dans ses pensées, celles qui l’engueulent d’avoir été aussi maladroit et bizarre avec Griffin. Il aperçoit cette main qui lui fait signe avant de réaliser qu’il s’agit de Faith. Un petit coup d’oeil derrière pour s’assurer qu’on s’adresse vraiment à lui. Ça se confirme par la silhouette de Rafael qui se tient tout près de la gérante du ranch. À son tour, il lui lève la main pour lui faire signe, sourire aux lèvres, il s’approche du trio. « Salut ! » se contente-t-il de dire, évitant de faire des accolades ou la bise, trouvant toujours ça gênant en groupe. À savoir pourquoi. Le troisième visage lui semblait familier, mais pas assez pour qu’un nom lui vienne en tête. Un client de la boutique, peut-être. « Manny. » se présente-t-il, avant de tourner son attention vers Faith. « C’est beau ce que vous avez fait du ranch. » admet-il, le regard qui balaye une nouvelle fois le terrain. Bien que l’odeur, ça, ce soit une autre histoire. « J’étais jamais venu avant, mais… Enfin… C’est cool. Tout ça. » Loin d’être son nouvel endroit favori, mais s’il avait une passion pour la ferme et les chevaux, ce le serait. Des compliments, pour en quelques sortes se déculpabiliser des fausses accusations qu’il a eu à l’égard de la Buchanan. Bien qu’il a déjà admis avoir eu tort, son malaise persiste et il sent le besoin de se rattraper, pour son bien-être. « Je t’aurais bien proposé mes services pour un site web, mais je crois pas que t’en aies besoin. » Parce qu’elle a Raf qui s’y connaissait tout aussi bien - même mieux - en codage. Parlant du loup, Manny ramène son attention vers le codeur, pris d’un soudain enthousiasme. « Ça me fait penser que je t’ai pas dit ! Billy s’est fait recruter par Google. » Une bonne nouvelle qui, malheureusement, en amenait un moins bonne. Voir même triste pour le Singh. « Il nous quitte la semaine prochaine. » Le geek avait tout de même eu le temps de digérer ce changement et de se dire que c’était la meilleure chose qui pouvait arriver à son ami. Il ajoute donc sur une meilleure note : « Il te cède sa place, dans l'équipe, si jamais ça te parle. » Il ne l'avait pas dit ainsi, mais avait bien dit à Manny de faire ce qui avait de mieux pour leur petite « entreprise ». Et selon l'Indien, ça, c'était le bon move à faire. « J'ai eu une idée, faudrait que je t'en parle. » Sauf que là n'était pas le bon moment pour discuter de tout ça, mais bon. Il lançait ça comme ça, pour que le Sullivan y réfléchisse un peu. Et surtout, pour ne pas oublier. « Pardon, je m'emporte. » s'excuse-t-il, avec son petit sourire gêné, auprès des autres, réalisant qu'il avait un peu monopolisé la conversation avec Raf.

@Griffin Wilson @Robin Myers @Rafael Sullivan @Faith Buchanan @Noam O'Hara

Robin voyait bien que quelque chose clochait, que Manny ne semblait vraiment pas à son aise. Elle se demandait à quoi il pensait, mais il était difficile de le lui demander avec la présence de Griffin. Etait-ce à cause de lui ? Parce qu’ils l’avaient suivi dans les rues de Burlington, comme si de rien n’était ? Non, impossible… Manny ne pouvait avoir tant de conscience, non ? Elle n’en savait rien, mais de toute manière, Manny finit par les abandonner, les laissant tous les deux. « Il a surtout fait son timide. Mais il est génial, tu verras… un jour » promit Robin avec un mince sourire. Elle n’était pas certaine de vouloir que ces deux-là deviennent copains comme cochons, l’un risquait de révéler des casseroles à l’autre au sujet de Robin et ça ne serait pas beau à voir. « Alors viens, tu ne seras pas déçu du voyage » mais Griffin s’était figé et Robin suivit son regard, curieuse de voir qui il avait aperçu parmi tous ces gens qui souhaitaient découvrir le ranch. A son tour, la jeune femme se figea en remarquant Reagan et Jillian. « Putain » grommela-t-elle en serrant les dents. Qu’est-ce qu’elles fichaient là ? En temps normal, Robin aurait seulement râlé de voir Reagan, forcément, sa meilleure ennemie. Jillian, elle n’avait rien contre, au contraire, elle s’était seulement ridiculisée devant elle pour une histoire de gâteau au laxatif… mais ça, c’était avant de découvrir que Jillian était sortie avec Griffin. Forcément, ça changeait la donne. Elle n’aurait pas dû être surprise, dans cette petite ville, tout le monde était sorti avec tout le monde, cela n’avait rien d’étonnant. « J’sais pas ce qu’elles foutent là… sérieux, elles ont rien à y faire. Les poneys, ça n’a jamais été le truc de Reagan. Elles vont juste casser l’ambiance » grogna-t-elle en sentant ses muscles se tendre aussitôt. Comme Griffin attirait la jeune femme contre lui, une main dans son dos, elle esquissa un sourire sournois et leva les yeux vers les deux femmes, un peu plus loin, pour s’assurer qu’elles regardaient bien. Et, se sentant poussée des ailes, elle se mit légèrement sur la pointe des pieds pour l’embrasser passionnément. C’était une attitude complètement immature d’adolescente, mais en cet instant, elle ne pensait absolument pas à faire preuve de maturité. Il y avait Reagan, et Reagan méritait bien ça. Les années avaient peut-être passé et l’amour disparu, la haine, elle, se faisait grandissante. Rouvrant les yeux, elle se mordilla la lèvre et répondit « Désolée, c’était trop tentant » et puis, après un instant de réflexion, elle lança en guise de plaisanterie « T’as envie de leur dire bonjour ou on fiche le camp avant qu’elles ne débarquent ? » parce que Robin savait parfaitement comment ça allait finir, en cas de conversation. Ça n’allait pas rester une conversation bien longtemps.    

@Griffin Wilson @Reagan Dewar @Jillian Hopkings

Déterminée, oui. C’était l’un des nombreux qualificatifs qui pouvaient être accordés sans mal à la jeune femme. Patience aussi, songeait le hacker sans perdre de vue l’amusement de la gérante des lieux des yeux. « J’en sais quelque chose, oui. » Le Sullivan n’était pas du genre à déborder de joie, de fierté ou de quelque autre émotion, néanmoins, l’atmosphère était détendue de son côté. Tout ce qui la concernait l’avait toujours intéressé, ce n’était pas nouveau. C’était seulement la première fois qu’il allait à la découverte de son monde ainsi, entre conversations maladroites avec ceux qui participaient à ses autres projets et exploration des lieux. Amorcer la présentation d’un poulain aux familles venues découvrir les activités du ranch, ce n’était pas exactement la visite à laquelle s’était attendue Rafael en le proposant. Cela s’avérait tout de même une alternative moins rigide, plus concrète et spontanée, pour toutes les parties en présence. Le trio s’était déplacé jusqu’à l’enclos, jusqu’à ce que la jeune femme se penche pour récupérer un chaton et qu’elle ne suggère d’interroger sa cousine quant à une possible adoption pour son neveu, Liam. « Je leur demanderai. » Andy et Isiah n’avaient pas d’animaux, mais des vies bien remplies. « Tu ne me l’as pas demandé. » Constatait-il seulement, alors qu’elle renvoyait la suggestion à Noam également. Il ne fallait pas chercher de double sens à l’affirmation. Effectivement, Faith ne lui avait pas proposé d’adopter un animal et il y avait tout lieu de se demander si c’était parce qu’elle ne souhaitait pas en avoir elle-même ou parce qu’elle s’était convaincue qu’il n’en voudrait pas de toute façon. Il était aussi question de Manny, dont la silhouette venait d’apparaître à l’horizon.

L’Indien les rejoignait bientôt et Rafael se surprenait à constater le changement immédiat. Manny n’avait pas peur de converser, il le faisait avec aise et savait dire les choses que lui, trop souvent, peinait à exprimer naturellement tel que la réussite de ce qu’ils avaient fait au ranch. Je sais – se retenait-il de répondre au sujet du Billy, non qu’il soit très difficile pour Rafael Sullivan de ne pas céder à une réponse spontanée. « Je suppose que c’est l’idée d’Oliver. » Bien sûr que non. L’autre ami de Manny ne pouvait pas le supporter plus de trente secondes dans une même pièce, alors il n’y avait aucune chance que ce dernier soit en faveur d’un quelconque projet l’impliquant dans leur équipe. Il était aussi vrai que cette discussion ne risquait pas d’intéresser beaucoup la jeune femme et le vétérinaire, surtout que quelques enfants venaient de s’attrouper non loin et une petite famille parmi eux s’enthousiasmait en pointant le fameux Buddy. « On va faire un tour, le temps que vous vous occupiez de Buddy. » La tâche revenait peut-être davantage au vétérinaire, mais Faith serait sans aucun doute plus à son aise d’établir le contact avec les jeunes. Rafael posait un baiser sur le tempe de la jeune femme avant de caresser le dessus de la tête du chaton qu’elle avait entre les mains. « Faith veut savoir si tu veux adopter un chaton. » Adressait-il à Manny avant que tous les deux ne s’éloignent de l’enclos, sans destination précise. Le terrain était vaste. « Quelle est cette idée… Tu veux remplacer Oliver ? » Presque. C’était presque une blague, si l’on omettait le fait que Rafael le pensait vraiment. Remplacer Oliver était une bonne idée dans tous les cas, pour n’importe quel projet nécessitant du codage, sans qu’il n’en retire lui-même quoi que ce soit.