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{spooky spooky halloween}
@Louise Howell @Judson Howell @Sean Howell

« Moi non plus. » Non, il ne s’attendait pas à ça. Ses yeux profitent de leur hauteur pour scruter le haut du crane de Louise, à la recherche d’une bosse inquiétante. Essayant de s’habituer aux changements de lumière et d’obscurité, Matthew ne comprend pas tout de suite ce qui se trame. Louise lui dit de laisser cet homme tranquille, ce grand gaillard blond auquel il vient en aide, naturellement, passant à côté de la farce, et de l’autre homme par la même occasion, que Louise désignera comme ''le petit'', et il lui sera difficile de ne pas sourire. Le terme ne colle pas franchement à la stature de Judson, c’est justement ce qui rend ce choix de mot amusant. Sur le moment, Matthew est préoccupé par la honte. Celle que Louise dit ressentir face à ses frères. Il tapote la main qu’elle a posé sur son épaule, se demandant si ce geste sera suffisant pour la rassurer, et commence à comprendre. Ils ne se sont pas retrouvés devant les deux cow-boy et le géant à la barbe ensanglantée par hasard. Ah. Sa main se crispe un peu sur celle de Louise, puis s’efface, quand elle prononce le chiffre incroyable. Quatorze ans. Quatorze années bénies pendant lesquelles elle a été rien qu’à lui, dans son coeur, dans le secret. Quatorze années d’avance sur ses frères qu’ils ne pourront rattraper. Les a-t-il mis dans l’embarras ? La poigne de Sean sur son épaule ne laisse rien paraitre. Il lui rend l'accolade, comme pour appuyer le grand privilège dont il bénéficie, conscient. « Aucune plainte à déclarer jusque là. » Contre la sympathie de Louise. Ou plutôt le manque de sympathie qu'il lui est reproché. Matt l’assure aux frangins après que Judson ai appuyé sa mise en garde contre son sacré caractère. Mais pour Matthew c'est sa personne tout entière qui est sacrée. Louise est à ses yeux figure de sainteté et il ne l'imagine autrement que bonne et patiente envers les siens. Quelque part, les deux hommes lui rappellent ses fils, de par leur défense enfantine et leur apparente complicité. Il sourit quand le qualificatif super sympa parvient à ses oreilles. Matthew n'est pas un pèlerin aveugle. Il décide de ne pas questionner la sincérité du -d’après Louise- plus grand. Comme il décide de pas montrer sa perplexité devant le deuxième livre dégringolant de l’étagère en l'espace de quelques minutes. Au moins, celui-ci n’est tombé sur la tête de personne. « Je m’en voudrais de décevoir tes frères, ils se sont donné du mal. » Pour les surprendre, il imagine. Et puis, un explorateur a déjà abandonné l’expédition. Apprenant vite, il adresse cette réflexion à Louise de la même manière que Sean et Judson s’adressent l’un à l’autre, conscient qu’ils l’entendent et comptant là-dessus, mais agissant comme s’ils n’entendaient pas. À Louise, il n’a nul besoin de parler avec des mots. Son regard s’adresse à elle seule, limpide. Il ne fera rien sans s’assurer qu’elle le veuille. Elle a le dernier mot, Louise. Elle peut l’arrêter n’importe quand, d’un regard semblable au sien, si elle le souhaite. Matt ne fait que se laisser aller, parce que, s’il aimait l’idée de passer un moment privilégier en sa compagnie, il aime également celle de découvrir ses frères. S’il les suit dans leur chasse au trésor, c’est qu’il n’est pas dérangé par leur intrusion, alors Louise sera libérée de sa honte, n’est-ce pas ?

Il y avait un bon côté à tout et même si c’était parfois agréable de se plaindre jusqu’à plus soif, ces deux rencontres coup sur coup m’avaient redonné le sourire. Dans le pire des cas, je pouvais toujours dire que je m’étais déguisé en Elton dans sa période d’addiction à la cocaïne – d’où le sale air. Je levais tout de même les yeux au plafond dans une expression faussement excédée lorsque Teddy affirmait l’incontournable vérité d’une petite ville comme Redwood Hills. Franchement, il valait mieux ne pas s’éterniser parce qu’une autre toile d’araignée – bien naturelle celle-là – risquait de nous forcer à reproduire le cirque d’un peu plus tôt. « Je crois qu’on a déjà vu tout ce qu’il y avait à voir. » Me permettais-je d’affirmer. J’avais perdu ma fibre d’explorateur téméraire au même moment où l’on m’avait mis ce coup sur le visage pour avoir fait preuve de trop de serviabilité. Fidèle à lui-même, et cela me tirait un sourire moqueur, Noam grommelait un peu sa surprise. « Eh bah, j’ai pas reçu le mémo non plus. » Je devais me retenir de lui mettre une tape amicale sur l’épaule doublée d’un commentaire mordant. Il n’était pas vraiment dans le même genre d’état qui avait fait notre complicité passée. De toute façon, Teddy reprenait le fil avec la proposition d’un verre et une fois noté que les deux autres comparses étaient plus intéressés par la poursuite de leur exploration, je surenchérissais : « Tu peux m’en payer un à moi. Sur ma bucket-list, il y a encore me faire payer des verres par au moins deux O’Hara. » Tout de suite – et détrompez-vous, je n’avais pas raccroché mon altruisme au placard -, je pensais à la foule de fêtards costumés qui devaient être réunis au Garnet à cette heure. Il n’y avait pas vraiment dix-huit endroits où fêter dans le coin. En somme, pas exactement le genre d’ambiance dont raffolait notre ami ci-présent à mon souvenir. « Ou alors on invite Noam, car le Garnet doit être bondé. On a encore du rhum, non ? » C’était pas que j’avais déjà tout assimilé de cette trop grande familiarité entre nous tous, mais faire comme si était parfois la meilleure façon de faire pour mettre tout le monde en confiance.

C'était peut-être l'instinct de grand frère, mais je jetais un regard suspicieux à David et ce dénommé Caleb. Cependant, je connaissais David et je savais que ce n'était pas le genre coureur. Je me taisais néanmoins, j'avais particulièrement conscience que ce n'était pas ma place de filtrer qui tourner autour de ma petite sœur ou non. Je me contentais de regarder les alentours, avant que Ted ne propose d'aller boire un verre.
Je n'étais pas certain d'avoir envie de continuer à traîner dans les foules, mais c'était une occasion de passer du temps avec Ted. Le sacrifice était sûrement nécessaire. Je me rendais bien compte que je m'accrochais plus que de raison à ma petite sœur. Et ce n'était pas comme ci nous n'avions pas d'autres familles. Mais elle était là, et nos dernières rencontres me laissait l'espoir que nous pourrions peut-être construire quelques ponts entre nous.
Néanmoins, Caleb déclinait l'offre pour filer avec la strip-teaseuse blonde. Finalement, il n'était probablement pas intéressé par ma petite sœur dans ce sens du terme.
J'étais cependant incertain de ma position. David proposait une solution. J'appréciais qu'il propose un regroupement plus tranquille, mais la réponse ne m'appartenait pas. Je laissais mon regard se glisser en direction de ma petite sœur. C'était à elle qu'appartenait le dernier mot de l'histoire. Et j'étais prudent de ne pas faire d'erreur. Trop prudent. C'était une malédiction.