Deux mois étaient passés depuis mon départ pour la capitale française et je re-foulais enfin le sol de Redwood Hills. Cette période n'avait pas été de tout repos puisque j'avais enchaîné les évaluations, cours et lectures en ne m'accordant que quelques heures par-ci par-là. Le regrettais-je ? Pas le moins du monde ! Comme après chaque examen, je doutais d'avoir brillé autant que je l'aurai dû afin d'assurer décrocher mon diplôme. Malheureusement pour moi, le suspens allait durer encore une poignée de semaines. Je ressentais tant de pression que la promesse d'un road trip en compagnie de mon meilleur ami constituait bien l'un des uniques rayons de soleil de ma vie actuellement. L'autre étant bien sûr d'avoir enfin retrouvé mes proches, à commencer par le Golden Retriever qui m'avait tant manqué. Quel bonheur de pouvoir l'embarquer dans nos aventures ! Bien sûr, je m'étais blâmé d'avoir manqué l'anniversaire marquant un tournant important pour mon co-pilote et avais compensé en déboursant une (très) belle somme en achetant un tourne-disque d'époque fabriqué sur le territoire de la baguette. Le trouver n'avait pas été une mince affaire (cela m'avait demandé de fouiner dans de nombreuses brocantes et cie) mais j'avais finalement trouvé la perle rare peu avant mon retour. Dans un état comme neuf, sans trace d'usure et toujours fonctionnelle, la platine était radieuse. Cela ne pouvait que lui plaire pas vrai ? Les frais ne s'étaient pas arrêtés là puisque j'avais dû payer un surplus pour le trajet en avion. Quand on aime on ne compte pas, vrai ? Soigneusement emballée, le cadeau fut inclus à mes bagages destinée à notre virée sur la route avec pour projet d'être offert à la première occasion.

Fraîchement sorti de chez le coiffeur après bien des encouragements à m'y rendre, je venais de glisser mon portefeuille dans ma poche de jean lorsqu'un klaxon résonna à l'extérieur. Un coup d'oeil vers la source du bruit m'indiqua la présence de mon acolyte qui m'attendait en sortant du van qu'il avait emprunté. Je m'empressai de sortir avec Moana sur les talons, verrouillai derrière moi puis fonçai vers lui en lâchant mes affaires pour mieux l'étreindre. Le bougre m'avait manqué ! Les conversations écrites voire vidéo n'avaient pas suffit à compenser totalement le manque de sa chaleur naturelle. Je ris quand il me qualifia de "gueule d'ange" tout en glissant ma main sur son coude.

- À merveille maintenant que je peux enfin revoir ta gueule de beau gosse en 3D ! répliquai-je sur sa lancée. Et toi ? Toujours excité pour cette semaine ?

Vive la tristesse s'il répondait par la négative ! Je baissai les yeux vers le chien qui n'en finissait plus de le saluer à son tour. Apparemment, je n'étais pas le seul à qui Eliot avait manqué ! Quel tableau adorable ! J'en fus toutefois rapidement tiré lorsqu'un charabia me fut adressé. Qu'est-ce qu'il venait de dire ? Je m'étais bien lavé les oreilles ce matin hein ? Puis, lorsque je compris qu'il venait de me parler dans la langue de Victor Hugo, je parvins de tête à décoder l'essentiel sans pour autant être en mesure d'étouffer un éclat de rire.

- C'était très bien, merci ! Disons que tu as de la chance qu'on parte un moment ensemble...

Sous-entendu : une piqure de rappel ne serait pas superflue même si j'étais moi-même très loin d'exceller dans cette langue !

- Bon, je suis tombé en période anarchique mais il vaut mieux un débordement de poubelles que nos fusillades ! dis-je en citant approximativement les propos de Marcia Cross qui s'était rendue à Lille en mars dernier. Un jour, on ira ensemble. Tu as ta place au château de Versailles !

En Drama Queen précieuse qu'il était, l'endroit était parfaitement adapté pour sa splendeur. Sur ce, je grimpai sur le siège passager après que mon bébé fut installé en sécurité puis répondit à mon interlocuteur qui était prêt à démarrer.

- Toujours ! Je me disais qu'on pouvait faire un détour à Vegas avant de rejoindre la côte ouest ? On peut aussi en profiter pour rechercher les lieux cultes de nos films et séries préférés pendant qu'on y est ! m'exclamai-je avec un enthousiasme non-simulé. Viens, approche-toi !

Je sortis mon portable de ma poche puis le préparai pour capturer un selfie de toute beauté. Le premier d'une longue série sans aucun doute !

- J'ai prévu d'immortaliser un max pour nous faire l'album photo le plus canon du siècle !

Retrouver le sourire et la bonne humeur d’Eliot après ces deux mois de distance constituait un vrai délice. Il m’avait manqué, le fou ! J’étais ravi de savoir que sa motivation à l’idée de parcourir les routes américaines en ma compagnie n’avait pas flétrie quitte à devoir supporter des cours de français pour améliorer son acquisition très approximative de la langue. Je n’en démordrai jamais : nous formions un sacré duo ! Ce fut en guise de preuve face à cette affirmation que nous continuâmes d’enchaîner les vannes jusqu’à ce que je sois amener à mentionner le climat tendu qui régnait au sein du pays que je venais de quitter. En effet, ce n’était pas très beau à voir là-bas avec les amas de détritus s’empilant dans les rues devenus presque irrespirables. Le point positif à ce sujet étant qu’il ne faisait pas assez chaud pour accentuer l’horreur !

- Disons que la relation entre les Français et leur Gouvernement n’est pas au beau fixe. Mais j’ai évité les manifestations même si ce n’a pas toujours été évident !

Je haussai les épaules. Le moment n’était pas des plus propices pour se lancer dans un débat sur la politique étrangère ! Sur ce, j’enchaînai sur l’image de mon interlocuteur entre les murs du château de Versailles. Pourquoi cela faisait tant sens ? Ah oui. Les airs princiers et les attitudes de diva qu’il adoptait parfois pour mon plus grand ravissement ! Je pouffai sans même chercher à le dissimuler.

- Carrément ! Tu as même trouvé ton déguisement pour le prochain Halloween ! Tu serais le plus beau des Louis XVI que cette Terre n’ait jamais connu !

Une tape amicale dans le dos suivit d’un rire, puis je montai à bord du véhicule, excité comme une puce en songeant à ce qui nous attendait ces prochains jours. Comme je m’étais juré d’immortaliser au maximum ce voyage après avoir regretté de ne pas avoir davantage de clichés de mes amis une fois que je m’étais trouvé isolé, je ne manquai pas de capturer cet instant. Je grimaçai sur le second quand mes billes se posèrent sur le sourire exagéré de mon binôme.

- Tu as définitivement du travail devant toi si tu veux poser pour GQ ! le taquinai-je avec humour.

Aucun risque qu’il se vexe puisqu’il l’avait probablement fait exprès et, dans le cas contraire, était conscient que je le trouvais bel homme. Typiquement le genre de chose que je ne cachai jamais à cause de mon amour des compliments. Enfin, nous décidâmes officiellement de notre destination : les machines à sous de Vegas ! Nous méritions bien de nous éclater après avoir manqué de nous crever à la tâche pendant un bail ! Ne jamais laisser son métier nous définir entièrement. Quant à si on y avait tourné des scènes de la série culte…

- J’en suis sûr ouais vu la ressemblance !

Il était si simple d’entrer dans son jeu ! Je ris à mon tour puis le van se lança sur la route. Here we go ! Je n’étais pas sûr de pouvoir conduire un engin pareil lorsqu’Eliot aurait besoin d’une pause. Mieux vaudrait-il donc opter pour s’arrêter un peu plus fréquemment le temps pour lui de se reposer ! De toute évidence, nous ne risquions pas de réussir le trajet d’une traite vu la distance étourdissante qui nous séparait de notre L.V. ! Très vite, l’artiste embraya sur mes cours de cuisine.

- Mieux encore que de t’en parler, je peux te faire goûter ! m’exclamai-je en ouvrant mon sac à dos dont j’extirpai une boîte contenant des gâteaux. Ouvre grand !

Hilare, je glissai une moitié de la sucrerie fruitée et mousseuse entre ses lèvres afin qu’il n’ait pas à retirer une main du volant. Onctueuse, la pâtisserie était agréablement rafraîchissante.

- J’en ai fait avec plusieurs fruits de saison : citron, rhubarbe, pomme… Tu n’auras qu’à choisir ce qui te fait envie quitte à tout vider en deux minutes !

Je ris puis lui fis terminer sa part avant de ranger les gourmandises au frais. Eliot n’avait pas de souci à se faire : je répondrais à ses envies culinaires si nous trouvions des cuisines au cours de notre périple ! Oui, c’était un réel plaisir de prendre soin de mes proches si j’en avais l’opportunité.

- D’ailleurs, je suis prêt à parier que tu as enchaîné la malbouffe pendant mon absence. Avoue ton crime monsieur le coupable ! l’incriminai-je sans l’ombre d’un doute dans mon jugement.

Peu après, j’ajoutai :

- Avant que je t’assomme pendant tout le trajet avec ce que j’ai appris, dis-moi tout ce que j’ai loupé ! Tu as fêté ton anniversaire ? T’es devenu une star ? Tu t’es marié ?

Avec Maxine ? Remarquez, j’espérais que ce n’était pas le cas car ne pas être invité à la cérémonie m’aurait salement vexé.

J’étais ébahi lorsqu’Eliot parvint à restituer tous les titres servant à qualifier la sublime Daenerys de la série à succès Game Of Thrones. Comment était-ce humainement possible ? Il me fallut un instant pour que mon esprit s’extirpe de ma torpeur tandis que je me retenais de l’applaudir. En revanche, je ne pus retenir un commentaire jugeant sa santé mentale. Ce gars était fêlé ! Maxine ne devait pas s’ennuyer avec un fou comme lui en guise de futur mari et prochainement père de sa progéniture ! Il n’empêche que son exploit méritait récompense. Ainsi, je sortis la boîte contenant les quelques gâteaux que j’avais préparé avant notre départ et glissai la première moitié dans la bouche de mon interlocuteur dont les papilles parurent réjouies. Ça ou il était meilleur acteur que je le pensais ! Sa proposition d’ouvrir mon propre commerce élargit encore un peu mon sourire (de quoi rendre jaloux le Joker en personne) alors que je me projetai brièvement dans ce scénario. Bien sûr que j’y avais pensé ! Pas dans l’immédiat mais qui sait d’ici une dizaine d’années ? Qu’est-ce qui me retiendrait de lancer ma propre affaire une fois que j’aurais les fonds nécessaires ? Je m’imaginais déjà proposer le post d’animateur de communauté sur les réseaux sociaux à Aspen en plus d’être mon cobaye ! Ce serait si incroyable ! Toutefois, je doutais que cette dernière serait disponible à l’avenir tant sa carrière semblait grimper en flèche depuis déjà un moment. J’étais tellement fier d’elle. La blonde le méritait !

- Seulement si tu me trouves le meilleur local au monde ! Mais laisse-moi le temps de devenir riche avant, ok ?

Bien sûr que le tatoué serait de la partie d’une manière ou d’une autre si j’ouvrais mon propre commerce ! Je le voyais déjà se proposer pour faire office de mannequin sur nos publicités que je ne manquerais pas de décrire comme visant un public « d’âges élevés » rien que pour l’embêter. Oui, nous n’en finirions jamais de nous chamailler. D’où la beauté de notre amitié (en partie) ! En attendant cet instant tant attendu, je ne pus que lui jeter un regard faussement réprobateur lorsqu’il confirma la nature discutable de ses plats depuis mon départ pour la capitale française. Le contraire m’aurait étonné ! Déçu, même ? Signe que je le connaissais bel et bien comme si je l’avais cuisiné. Je regrettais malgré tout de ne pas avoir été en mesure d’assister à la célébration de ses 40 ans. C’était honteux mais comment aurais-je pu me dédoubler ? Surtout en pleines révisions pour mes examens !

- Oh ne t’inquiète pas. J’ai la rage. Il n’y a que moi pour louper LA fête de la décennie car je me suis barré à l’opposé du globe pour la seule fois de ma vie, soupirai-je avant de pouffer. Mais tant mieux pour le mariage. J’ai encore une chance de pouvoir jeter les pétales alors !

Quand, enfin, nous arrivâmes à Las Vegas, le soleil se couchait en baignant le ciel de teintes orangées. Les lieux étaient splendides, tout droit sortis des films et séries télévisés que nous avions admirés depuis que nous étions gosses. Tant de monuments que nous découvrions en reliefs, certains me faisant notamment penser à l’épisode double de Friends. Ok, j’avais besoin d’un instant tant l’émotion m’habitait. Qu’est-ce que j’étais sensible bordel ! Impatient de sortir du van, mes yeux balayaient le panorama face à nous. La question de l’agent immobilier me fit atterrir.

- Hum… Vu l’heure qu’il est, commencer par le casino me semble pas mal non ? Mais demain on pourrait visiter l’exposition sur le Titanic et le Grand Canal ?

J’avais une liste interminable de lieux à découvrir mais, pour ce soir, après avoir passé tant de temps assis dans le véhicule, nous avions bien mérités un peu de folie des grandeurs ! Une fois que nous fûmes garés (ce qui ne fut pas un exercice des plus évidents), je posais mes mains derrière mon crâne puis m’appuyai contre le côté du van. Les éclairages étaient encore plus incroyables vu de l’extérieur.

- D’ailleurs… Avant de vider nos comptes bancaires…

Je lui fis signe de me suivre jusqu’à la porte-arrière que j’ouvris avant de retourner à l’intérieur. J’attendis qu’il m’eut rejoins puis déposai le cadeau emballé sur ses cuisses avec un énorme sourire.

- Tu ne croyais quand même pas que je t’oublierai ? Joyeux anniversaire.

Sur ce, je déposai un bisou sur sa joue tout en passant mon bras autour de ses épaules. J’avais hâte de découvrir sa réaction en découvrant le tourne-disque français d’époque. Tout du moins… S’il l’appréciait !

Nos conversations loufoques étaient on ne peut plus caractéristiques de notre relation comme en témoigna le trajet jusqu’à Las Vegas qui, s’il fut long en kilométrage, le fut bien moins en temps ressenti. Ainsi, je fus loin de me vexer lorsque mon interlocuteur suggéra que je puisse être sa demoiselle d’honneur car, d’après lui, tel était le but de ma vie. L’idée me fit pouffer de rire et je ne pus m’empêcher de surenchérir :

- Eh bien je peux difficilement être la mariée, pas vrai ? Autant m’approprier le second rôle si je ne peux pas avoir le principal !

J’explosai de rire et m’abstins de rappeler que, fût une époque, tenter un rapprochement m’avait bel et bien traversé l’esprit. Cela ne s’était jamais fait pour plusieurs raisons, certaines d’entre elles étant Peter, l’hétérosexualité assumée de l’agent immobilier et une relation un brin fraternelle ayant pris le dessus. S’il y avait eu un coche – et j’en doutais – nous l’avions manqué. Sans compter que notre seul et unique baiser n’avait rien eu de très romantique vu son scepticisme très marqué quant au plaisir qu’il eut ressenti à ce contact. Tant pis. À la place de quoi je me ferai une joie de l’applaudir à son potentiel futur mariage puisque, d’après ce que j’avais compris, il filait le parfait amoureux avec Maxine et j’en étais ravi. Savoir mes amis heureux était le plus important pour moi. Quant à notre passage au Bellagio…

- Qu’est-ce qui t’as pris de réserver là-bas ? Il va me falloir une éternité pour te rembourser et surtout – surtout ! – je ne te parle pas de la violence symbolique. Je ne suis qu’un petit gars venant d’un trou paumé !

Ok, je jouais totalement la comédie saupoudrée d’autodérision sur ce coup-là comme l’attestait ma surenchère dramatique dans ma voix. Pour cause, si ce résumé aurait été parfait deux ans plus tôt, ma situation actuelle en était loin. Aujourd’hui, je bénéficiais d’un excellent salaire (qui grimpait régulièrement grâce aux formations) et avait visité des lieux jugés bourgeois aux côtés de Castiel. Je m’étais habitué aux ambiances bling bling même si je préférais les éviter comme la peste tant je tenais à conserver ma candeur. Toutefois, cet apport régulier sur mon compte bancaire me permettait de gâter mes proches. La preuve étant le magnifique tourne-disque français datant de plusieurs décennies dans un état comme neuf qui fit office de cadeau à Eliot en l’honneur de son quarantième anniversaire. J’espérais avoir tapé juste et pallié un peu à mon absence lors des festivités (même si le matériel ne remplaçait jamais une présence humaine) !

Soit le brun jouait parfaitement la comédie, soit je n’avais pas eu la pire intuition du siècle. Je me retrouvai bientôt serré entre ses bras, lâchant un rire amusé devant tant d’excitation.

- C’est ça ! Tu as un certificat d’authenticité avec l’année de sa fabrication, la référence, etc. C’est le seul que j’ai trouvé en aussi bon état vu son âge !

Il était plus vieux que mon ami rendez-vous compte ! Cette pensée taquine que je me retins d’exprimer pour le faire rager me fit pouffer intérieurement tandis que je me dégageai lentement de son emprise. Je contemplai son visage lumineux encore quelques secondes avant de lâcher :

- Maintenant je regrette d’avoir gardé les vinyles pour Noël. C’était stupide. Notre mission pendant ce séjour : te constituer une collection de disques français !

Nous étions à Vegas, tout était possible ici pas vrai ? Il devait bien exister une bonne adresse dans le coin (ou au pire dans les prochaines villes que nous visiterions) ! Je me passai une main dans mes cheveux fraîchement raccourcis, mes yeux se reposant sur les bâtiments éclairés qui en imposaient tant. C’était incroyable de se trouver ici après s’être réveillé à Redwood Hills !

- En tous cas je suis ravi que ça te plaise. C’est un peu mon offrande pour souligner à quel point tu es un ami génial et que je suis désolé de ne pas avoir été là pour le jour J. Tu fais vraiment partie des personnes que j’aime le plus, tu le sais ça ?

Très probablement puisque je me plaisais toujours à répéter à quel point j’appréciais mes amis. C’était toujours agréable à entendre, non ?

Le voyage à Las Vegas débutait sur les chapeaux de roues ! Eliot n’avait pas fait à l’économie et autant dire que cette semaine risquait de nous ruiner plus encore ! Pourtant, aucun de nous ne s’en souciait. Nous étions là pour nous éclater ! Je nous voyais déjà aux machines à sous à surveiller les guetteuses et à espérer remporter le jackpot à chaque pression sur les boutons. Ok, nous risquions de ne jamais crier victoire mais l’important est toujours de participer. Soyons optimistes ! Bref, la réplique de mon acolyte me fit lâcher un rire honnête avant que je ne reprenne la parole.

- Mais tu es une star du Vermont ! Personne d’autre que moi ne le sait encore c’est tout.

Je haussai les épaules, amusé, puis lui donnait son cadeau d’anniversaire tant attendu. Il est vrai que ce n’était peut-être pas l’idéal de le lui offrir durant un road trip mais nous pourrions toujours le poser dans notre chambre. Encore fallait-il avoir des vinyles sous la main pour en profiter… Moi et mes décisions illogiques franchement ! Et dire que j’étais dans l’incapacité la plus totale de blâmer l’alcool pour celles-ci… Peu importe, j’étais persuadé que nous pourrions en trouver dans le coin au cours des prochains jours. Comment pourrait-il en être autrement ?

- Obligé ! Je me renseignerai, promis-je. Ne pas tout te passer directement permet de faire monter l’excitation, tu comprends ?

Cela faisait sens. Quelque part. Notre étreinte terminée et chacun rassuré quant à l’amitié que nous nous portions (et bien sûr que l’agent immobilier était « exceptionnel » !), je me remémorai notre fameuse rencontre autour d’un piano. Et dire que j’étais encore si mal dans ma peau à cette période… J’en avais fait du chemin depuis ! Rappel que j’étais particulièrement fier de ces deux dernières années où j’avais su m’entourer de bonnes personnes et évoluer sur le plan professionnel. Et puis, à défaut d’âme sœur, j’avais le meilleur enfant au monde ! Je m’estimais on ne peut plus chanceux actuellement.

- Comment l’oublier ? Direct sur la même page. On aurait pu créer notre groupe ce jour-là !

Je ris, repensant au passage à celui dont je faisais partie autrefois. Mais avant de pouvoir réécrire le passé, nous avions plus important à faire : découvrir notre suite. Rien que l’intérieur de l’hôtel en mettait plein la vue au point que ma bouche resta entrouverte plusieurs secondes tandis que mon regard partait dans tous les sens. J’avais l’impression d’être propulsé dans un film. Tout semblait encore irréel en dépit des minutes ayant défilé depuis que nous nous étions garés. Puis nous arrivâmes dans la suite. J’aurais pu en tomber à la renverse. Le vieux Jayden n’ayant pas été habitué au moindre luxe avant l’arrivée de Castiel DeWitt dans sa vie l’aurait certainement fait mais je n’en étais pas moins épaté. Dès que j’aperçus le jacuzzi à quelques pas de là où nous nous trouvions, je me retournais précipitamment vers mon interlocuteur avec des étoiles dans les yeux.

- Tu déconnes ?

Après toutes ces heures passées dans le van, l’idée de me prélasser là-dedans frôlait l’irrésistible. Devenir pauvres pouvait attendre demain non ? J’abandonnai distraitement mes affaires au milieu de la pièce puis explorai dans un mélange parfait d’excitation et de rapidité. À croire que tout pouvait encore me fasciner ! Un vrai gosse.

- On doit emménager ici ! T’en penses quoi ? lui demandais-je en riant. Oh et je suis à deux doigts de lancer le défi « Le premier à l’eau ! » je te préviens. Traîne-moi de force à l’extérieur !