Il y a des jours où il est clairement mieux de rester au lit. Mais en se levant ce matin pour commencer sa journée, et malgré les tourmentes internes de Rosa qui ne semblent pas vouloir la lâcher ces derniers temps, elle ne se doutait tout de même pas qu'elle aurait une fin de journée, disons, merdique. Vous savez, le genre de jours où tout va mal et qu'il suffit de se prendre la manche dans la poignée d'une porte pour péter un câble. Et bien là, en plus de s'être pris cette poignée et versé son café sur ses scrubs à peine son service commencé à l'hôpital -heureusement qu'elle en a une de rechange-, s'en est enchaînée une journée bien chargée. Non pas que c'est nouveau pour elle, les journées chargées, mais la période de la rentrée, c'est toujours un peu plus prenant. Tous les microbes qui se transmettent, notamment chez les plus jeunes, et dont certains se retrouvent avec des symptômes bien plus forts que la norme. Mais elle ne se plaint pas de cela, Rosa, son amour pour son travail est toujours là, même si elle se pose des questions dernièrement sur la possibilité de peut-être se mettre en libéral, ou de se diriger vers une spécialité, dans le but de diminuer un peu ses heures et préserver sa santé mentale sur le long terme, car, elle ne va pas se mentir, il y a des jours très difficiles à l'hôpital, aux urgences ou dans certains services. Son cerveau, avec ces réflexions, mouline encore plus que d'habitude, et c'est bien pour ça que Rosa décide d'aller faire un jogging, à la fin de son service, avant de rentrer chez elle. Elle a toujours sa petite tenue de sport dans le coffre, au cas où, et c'est bien pratique. Une fois enfilée, elle quitte l'hôpital puis Burlington, prenant la route vers Redwood Hills, mais bifurquant à un certain moment pour se diriger vers un parcours de randonnée qu'elle a déjà fait auparavant. Musique aux oreilles, et avec un temps encore clément, elle a pu profiter de quelques kilomètres de course puis de marche qui lui font le plus grand bien.

Autant dire qu'elle en a bien profité, puisqu'elle revient avec un téléphone bien déchargé, ayant probablement fait le tour de toute sa playlist. Rosa a donc hâte de rentrer chez elle, prendre une bonne douche, et profiter du reste de sa soirée. Mais, bien sûr, l'univers en a voulu autrement, puisqu'à peine quelques mètres plus tard, elle entend un bruit bizarre dans la voiture, provenant du capot, un cliquetis pas du tout rassurant. Elle est dans le déni, pour commencer, se disant que si elle n'y prêtait pas attention, ça finirait par passer, c'est juste un petit bruit. Et c'est là que la fumée fait sa grande entrée, devant une Rosa qui sent la frustration monter. Elle vérifie le tableau de bord : aucun voyant lumineux, juste le vide inquiétant du moteur muet. Noo, no puede ser, por favoor. Qu'elle lâche, comme si sa voiture écouterait ses plaidoiries. C'est même le contraire qu'elle fait, puisqu'elle s'arrête, et impossible de la redémarrer. Elle finit par sortir et ouvrir son capot, se prenant un peu de fumée sur la gueule. Elle est débrouillarde, Rosa, mais ses talents de mécanicienne s'arrêtent à : faire le plein.
Son réflexe est, bien évidemment, d'aller chercher son téléphone pour appeler le dépannage, mais avoir écouté du Chappell Roan en boucle lui aura coûté sa batterie. Of course. Qu'elle souffle, défaitiste, son chargeur est resté bien au chaud sur sa table de chevet. Heureusement qu'il ne fait pas encore nuit, manquerait plus qu'elle passe la nuit dans sa voiture, à quelques petits kilomètres de chez elle.
Ne se voyant pas attendre et ne rien faire, elle prend son sac à bandoulière avec ses papiers, ferme sa voiture, puis commence à marcher en direction de la route principale. Au pire, si personne ne passe, au moins elle est en tenue sportive pour finir le chemin à pied...