Alonso sourit doucement en écoutant Jeff parler de son costume de loup qu'il a créé. Jeff est si doux, d'ailleurs quand il raconte l'histoire de sa rencontre avec Russel, ça paraît être une belle rencontre, peut-être même qu'il la voyait comme romantique, son loup cherchait son chaperon. Le terme est peut-être d'ailleurs bien choisi. Pourtant dans le monde d'Alonso, se mettre en couple avec quelqu'un qu'on a rencontré au cours d'une partouze n'est pas ce qu'il pouvait appeler du romantisme. Avec plaisir pour les costumes. Il le dit à voix basse aussi. Ca lui fait du bien de penser déjà à Halloween, à plus tard. Il laisse totalement faire Jeff sur ce sujet, les costumes, ce n'est pas vraiment son truc. Il a l'impression d'avoir apaisé les choses en parlant des costumes. Mais sans doute a-t-il trop sous-dosé sa réponse car Russel attaque. Alonso se permet de le reprendre doucement mais fermement. Il y avait des limites à sa patience,  proposer directement à Jeff de sortir sans lui dans des établissements privés, ce n'est pas acceptable.

L'homme essaie de se cacher derrière l'humour. Alonso tique mais ne souhaite pas répondre, parce qu'il ne veut pas se battre devant Jeff, parce qu'ils ne sont pas là pour ça. Parce que Russel se sent sent doute rabaissé par sa présence, il ne sait pas, il extrapole peut-être. C'est sans doute sa présence qui tend Russel, qui le rend différent de d'habitude. Il ne comprend pas tout mais il essaie de comprendre alors il décide de ne pas répondre. Il le fait pour Jeff et pourtant à sa grande surprise c'est ce même Jeff qui prend sa défense, leur défense. Alonso pose sa main sur la cuisse de son compagnon quand il voit Russel se lever. Il annonce qu'ils se revoient à l'embarquement, il est blessé. L'Espagnol lève les yeux sur Jeff alors que Russel s'éloigne avec son sac. Jeff lui demande de ne pas le quitter à Londres. Non, je te garde près de moi, Jeff... Promis. Il est inquiet pour son compagnon. Ça va ? Il lui fait un sourire. Tu as été plutôt héroïque tu sais... Il l'observe et doucement son sourire s'aggrandit. Mon beau et fort Jeffrey. Ca lui plait de prononcer ces mots. Son sourire redescend doucement. Je suis désolé Jeff de la situation. Je n'avais pas compris qu'il essayerait d'avoir cette emprise sur toi... Ce n'est sans doute pas évident pour lui de te voir avec un autre... Alonso vient chercher sa main pour la prendre dans la sienne. Quelle drôle d'épopée, et dire qu'on n'est même pas encore dans l'avion... sa voix est un murmure mais son ton est amusé. Son sourire revient, ses yeux pétillent doucement. Il en aura des choses à dessiner... enfin, il les gardera pour lui parce qu'il se rappelle tout de même que Jeff et Russel sont abonnés à son compte donc il ne peut pas poster n'importe quoi, n'importe comment non plus.

C'est éprouvant pour toi, tout ça. Et la semaine n'a même pas vraiment commencé. Si ces deux là n'arrêtent pas, tu diras que tu as chopé la grippe ou une maladie anglaise qui te cloue au lit et t'empêche d'être visité par qui que ce soit. Ça leur apprendra. Le répit offert par Russell est le bienvenu, finalement. Tu souffles, tu sais qu'Alonso ne fait que répondre aux attaques, qu'il ne les lance pas. Héroïque carrément ? Tu souris à l'idée, tu n'es pas un héros, même si les journaux l'écrivaient, tu n'y croirais pas un instant. Sa main dans la tienne, tu te calmes, vos habitudes te calment. Tu en as besoin. Tu as toujours besoin de repères et maintenant que tu es avec Alonso, la plupart de tes repères sont en sa présence. Il va se calmer, si il ne se calme pas, je lui dis que je ne veux plus le voir et on prendra un hôtel, si bien faire les choses implique de te blesser, ça n'en vaut pas la peine. Est ce que Russell t'avait un jour vu aussi courageux et surtout, pour lui ? Surement pas. Tu sais aussi que sa peine parle. Russell a des soucis et pas des petits, dans ses relations, mais tu n'as pas envie de penser qu'il est une mauvaise personne. Peut être est ce un peu trop pour lui aujourd'hui, ces retrouvailles. Tu espères que c'est ça.

Comme vous vous retrouvez à l'embarquement, vous en profitez pour flaner un peu, le temps qu'il reste. Tu passes rapidement par les toilettes car ceux de l'avion ne te plaisent pas du tout, tu préfères les éviter. A l'embarquement, Russell est là mais embarque derrière vous, tu lui as fait signe mais il n'a pas voulu vous rejoindre. Il doit encore tout décanter. Vous passez les dernières étapes et vous voilà dans l'avion, à chercher vos places. Tu te mets à côté du hublot et Alonso à côté de toi, il reste une place à côté pour Russell, qui finit par arriver et ne dit rien, sort un livre et commence à le lire avec un casque sur les oreilles. C'est bien, il semble avoir compris. Tu as ta main posé sur la cuisse d'Alonso, tu écoutes les consignes de sécurités qui sont toujours les mêmes et l'avion décolle. Quand vous êtes bien haut dans le ciel, le voyant des ceintures s'éteint, tu peux détacher ta ceinture. Russell fait de même et en profite pour retirer ses écouteurs. T'as raison mon loup. Ça sert à rien qu'on se comporte comme ça. Je suis désolé. Tu n'es pas totalement sûr qu'il soit sincère mais il tend sa main par dessus Alonso alors tu viens lui prendre, juste pour la saisir et pas pour une poignée de main conventionnelle. Tu la lâches ensuite. Tu fixes Russell, il doit apprendre que tu as changé, que tu ne baisseras plus les yeux. Tu lui fais comprendre que c'est bien qu'il se soit excusé mais que ça ne suffit pas. Il roule des yeux. Et désolé Alonso, je pensais gérer les retrouvailles de Jeffrey avec toi avec plus de contrôle. Je suis sûr que tu sais ce que c'est de le perdre, celui-là. Il sourit en coin à la fin de sa phrase. Au moins là, il semble sincère.

Ils flanent se dégourdissent les jambes, passent aux toilettes avant l'avion, à l'embarquement Russel ne les rejoint pas comme prévu. Alonso est inquiet pour la suite du voyage, même si Jeff lui a assuré que tout se passerait bien. Il ne veut nuire à personne, surtout pas à un étranger qui a compté pour Jeff, qui l'a aidé sans doute plus d'une fois à surmonter ses peurs, même si ce n'était pas par la meilleure des méthodes. Un homme qui semblait à Alonso contrôlant, peut-être même dominant au vu de ce que l'un de ses cartons leur avait inspiré. Les deux hommes s'installent, Jeff côté hublot comme prévu. Russel les rejoint sans un son. Le coeur d'Alonso tape doucement au fond de sa poitrine. Il repense aux paroles de sa soeur, comme quoi il n'est pas en état de reprendre le travail et qu'il doit se ménager. C'est vrai. Il le sait. Ils décollent. La main d'Alonso vient se poser sur celle de Jeff, elle-même posée sur sa cuisse. Alonso baisse les yeux sur leurs deux mains superposées. Leurs deux mains qui avançaient vers l'Europe. Lorsque l'avion se stabilise, Russel se met enfin en état de communiquer. Il parle d'abord à Jeff, Al est oublié une fois de plus. Tant qu'il ne leur manque pas de respect Alonso s'en fiche bien d'être oublié.


Il se rappelle qu'il n'est pas là pour Russel, il est là pour Jeff et cette pensée remet doucement les choses en perspective. Son homme et son ex se tiennent la main un instant. Il détourne le regard comme par pudeur. Puis, poussé par Jeff, le londonien s'excuse auprès de lui. Je sais, oui. Il sourit brièvement, c'est presque une grimace. Il savait mais la situation n'était pas la même. Jeff ne lui était jamais revenu avec un autre homme pour faire avec lui une clôture propre. Il se dit que si ça avait été le cas, il aurait été devasté... D'ailleurs, il n'aurait jamais eu sans doute la force qu'avait Russel de les inviter chez lui. Ca s'apparente à de la torture à ce niveau là. Même les nouveaux compagnons de Sonia, il les avait rencontrés parfois mais jamais il ne les invité chez lui.

Tu as de la famille sur Londres ? Alonso enterre la hache de guerre en posant une question annecdotique. Russel semble apprécier cet effort, ils papotent à voix basse pour ne pas déranger l'avion qui se met rapidement à l'heure de leur ville d'arrivée et qui tombe dans le noir. Ils échangent sur le métier d'éditeur. Alonso se débrouille bien pour faire parler les gens d'eux-même. C'est souvent d'ailleurs un sujet intarissable. Lui est plus réservé sur lui-même, ne donnant que le stricte minimum à la conversation. Le repas est servi, l'ambiance se détend, ils parlent littérature, ils se découvrent quelques auteurs fétiches en commun. Alonso évite le sujet de son livre qu'il a retrouvé dans les affaires de Jeff, d'ailleurs il évite de parler de tout ce qui concerne Jeff tout court ou le dessin. Son compagnon avait bien dit, à trois, parfois à deux, mais le duo ne serait pas Russel et lui, dans cette configuration le celui compose par Russel-Alonso est acceptable. Au bout d'un moment, après avoir parlé voyage et Espagne, ils en viennent naturellement à mettre leurs écouteurs et vaquer à leurs occupations. À force de lire, Alonso finit par somnoler contre Jeff. Il a peu dormi lors de sa nuit à New York entre les enfants et Sonia et même s'il est tôt, le sommeil le gagne. Il dort peut-être deux-trois heures avant de se réveiller. Il reste environ deux heures de vol, il sort la tablette pour regarder un film. Finalement c'est passé assez vite. Dire qu'il va être six heures heures locales dans deux heures et qu'ils verront le soleil se lever. Ca va piquer, il est content d'avoir un peu dormi.

Tout semble entendu, pour le moment en tout cas. Ça signifie du répit pendant le vol, au moins. Tu es soulagé. Alonso et Russell se mettent même à discuter, c'est assez formel au début puis ça devient presque amical par moment. Tu participes mais pas tant que ça, tu les laisses se découvrir, parfois, tu plonges dans ton livre de longues minutes avant de te remettre dans la discussion. Tu tiens le coup, Russell aussi mais Alonso s'endort contre toi. Il a un casque mais tu lui caresses tout de même tendrement les cheveux, dans un geste lent et linéaire, un geste qui t'apaise complètement. Tu remarques que Russell t'observe faire, peut être qu'il est un peu jaloux de cet instant de douceur et de partage avec Alonso. Peut être qu'il réalise à quel point vous deux semble être une évidence. Tu ne sais pas parce qu'il ne parle pas. Soit parce qu'il n'en a pas envie, pas envie de mettre des mots sur ce qu'il semble voir soit parce qu'il ne souhaite pas réveiller Alonso. Tu penches pour la première solution, tout de même. A un moment, tu arrêtes tout de même ton geste et tu tends la main vers Russell, il la prend, dépose un baiser sur son dos et la lâche. Tu lui souris. Peut être que tu n'aurais pas du mais tu as de la peine, c'est plus fort que toi. De la peine pour cet homme qui t'a sincèrement aimé et que tu as sincèrement aimé. Il t'a peut être mal aimé parfois et tu as sans doute était compliqué. Mais tu as la naïveté de croire qu'il verra bien qu'il n'y a qu'Alonso. Comme maintenant. Alonso finit par se réveiller, tu t'étais assoupi de ton côté. Le sentir bouger te réveille, tu grognes un peu, tu as une vilaine trace sur le visage à cause de ta position. Vraiment, les avions sont les pires endroits pour dormir et vous n'allez pas pouvoir vous reposer en rentrant. Pas si vous voulez être bien pour le reste du séjour. C'est à ton tour de te mettre contre Alonso, c'est une position plus confortable. Tu songes au fait que le manque de sommeil te rend moins patient, plus vite irritable et surtout plus émotif. Vivement une vraie nuit de sommeil. Tu as envie de suivre le film mais tu piques du nez contre Alonso. Alonso qui te sort de ton semi sommeil quand on vous annonce que l'arrivée à l'aéroport Heathrow est proche et qu'il va falloir remettre les ceintures bientôt. Tu t'exécutes, tu tentes de t'étirer le dos, les jambes comme tu le peux et les bras. Tu te sens complètement cassé et crevé.  L'avion atterri, tout le monde applaudi. Quand tu te lèves, tu as mal dans mes muscles de tes jambes et tu geins légèrement. Au moins, personne n'a la force de faire de remarques ou de scènes.

Russell appelle un taxi, vous reprenez le même positionnement à l'intérieur. Tu te poses contre Alonso. J'en ai marre d'être assis, je veux éteindre les jambes... tu grognes doucement, puis tu bailles à t'en décoller la mâchoire. C'est décidé, tu feras une sieste. Au moins quelques heures. Après tout, si tu te réveilles à midi, tu peux encore être bien pour la nuit, il suffira de te fatiguer. Mais tu ne tiens plus, ton corps est encore fragile et tu sens qu'il en a marre, qu'il demande un vrai repos. Tout va vite, les bagages récupérés, vous montez chez Russell, il a bien compris et ne présente rien, ni le quartier, ni l'immeuble ni son lieu de vie. Il vous montre votre chambre, et pour le moment, tout ce que tu vois c'est le grand lit. Tu t'y affales sans même te déshabiller. Est ce qu'un bel espagnol pourrait me mettre plus à l'aise ? Je me meurs.... Tu passes le dos de ta main sur ton front, mais tu souris tout de même parce que tu exagères. Mais si Alonso se plie au jeu, pourquoi pas.

Jeffrey s'endort contre lui dans l'avion, sa main dans la sienne quand Alonso sent glisser son visage, il le replace doucement. Russel lui ne dort pas. Il ne connaît pas ses horaires de sommeil mais il n'est sans doute pas si tard pour lui... Alonso se rend compte qu'il vient de Vegas et que le décalage horaire est de 5h pour eux, il est de 8h pour lui et c'est sans doute la fin de soirée là-bas. Alonso réveille doucement Jeff en lui parlant en espagnol lorsque le capitaine annonce l'atterrissage. Mi cariño, on arrive réveille-toi. Quand ils rentrent chez Russel, le temps de récupérer les valises, de prendre le taxi, il est presque 8h du matin heure locale et Jeff s'écroule sur le lit. Alonso rit de son côté dramatique. Sì Señor, vous désirs sont des ordres répond-t-il en souriant toujours dans un léger rire. Il s'approche du lit et s'assoit doucement à ses côtés. Oh... Mi amor... Il en profite pour déposer un baiser sur ses lèvres avant de délicatement retirer sa ceinture et d'ouvrir son pantalon. Soulève tes fesses que je le retire. Voilà. Il se redresse pour aller poser proprement le pentalon et les chaussettes de son bien aimé sur une chaise. Il ne touche pas le haut de Jeff, parce qu'il lui a dit qu'il ne l'enleverait pas.

Une fois debout, il enlève lui-même son jean et son polo et les pose sur une seconde chaise, puis tire les rideaux. Il vient se poser en cuillère dans le lit contre le dos de Jeff. Attends. Je mets un réveil à midi, sinon on va être completement déphasés. murmure-t-il. Il paramètre son téléphone et se remet contre son bien aimé en caressant doucement sa cuisse et embrassant son cou avant de s'éloigner doucement pour s'endormir jusqu'à l'heure indiquée. Il ouvre les yeux à la première sonnerie du reveil et le coupe, Jeff dort encore. L'appartement est silencieux. Russel aussi s'est sans doute couché. Il ne le paraissait pas, mais il est lui-même certainement fatigué. Il repère des serviettes posées pour eux, ouvre sa valise pour prendre de nouveaux vêtements, une chemise avec des motifs de feuille. Il remet ses vetements de l'avion pour sortir de la chambre, on ne sait jamais.

Il tombe immédiarement sur Russel qui le regarde depuis le bar de la cuisine un café à la main. Alonso retient un hoquet de suprise. Oh mais faut pas faire ça, tu m'as fait peur ! Tu ne dors pas ? chuchotte-t-il
en fermant la porte de la chambre. Russel rit avant de répondre. Je préfère bien dormir ce soir directement pour me recaler. C'est la deuxième porte à droite. Alonso ne comprend pas tout de suite. Tu cherches la salle de bain j'imagine ? Alonso hoche la tête. Deuxième porte à droite. Il le remercie. Tu voudras un café ? demande Russel alors qu'Al s'éloigne déjà. Oui, merci. Il est censé limiter le café mais là, c'est une nécessité s'il veut tenir la journée. La voix de sa soeur qui lui demande de se reposer repasse dans sa tête. Oui promis, il ne boira pas quatre cafés pour combler le manque de sommeil. D'ailleurs il prend ses médicaments une fois dans la salle de bain. Les prendre à midi pour la semaine était une bonne idée s'il ne voulait pas trop se décaler. Alonso prend une douche qui lui fait tellement de bien, se change et ressort de la salle de bain pour rejoindre Russel et prendre le café avec lui.

Il dort encore ? Alonso hoche la tête. Il est toujours aussi fragile au décalage. La première journée de nos voyages, il était toujours complètement dans le coltar. Russel semble nostalgique. Il a envie de parler, Alonso le voit bien. Il n'est plus dans le conflit comme il a pu l'être à l'aéroport. C'est drôle comme c'est un autre homme quand Jeff n'est pas avec eux. J'ai vu quelques photos, vous aviez l'air de beaucoup voyager. Russel hoche la tête, il lui dit qu'il n'a sans doute pas tout vu, il cite plusieurs destinations de rêve qu'il a fait avec Jeff. Alonso sourit doucement. Russel se met à parler de tel ou tel voyage, d'annecdotes sur Jeff la plupart son mignonnes quoique assez infantilisantes. C'est pas toujours évident de partir avec lui, c'est lourd de responsabilité, tu sais avec sa maladie... explique Russel. Alonso n'a pas eu ce problème mais hoche la tête comme s'il comprenait. De son point de vue, c'était surtout pour Jeff que ce n'était pas évident. Tu sais dans l'aéroport tout à l'heure, je ne l'avais jamais vu parler comme ça, c'est dire comme tu comptes pour lui... Mais ne t'y méprends pas à la première difficulté, il te lachera sans hésiter. Alonso ne sait pas bien où Russel veut en venir.

Là c'est le début, c'est beau, il fait des efforts, il prend correctement son traitement... Mais les difficultés continueront à s'accumuler jusqu'à ce que tu n'en puisses toi-même plus. Il soupire regarde par la fenêtre. C'est ce qui est arrivé, pour vous deux ? demande doucement Alonso. Non, enfin... parfois. Mais on a fini par trouver une routine qui nous convenait à tous les deux. On était heureux...Russel sourit. Il ne t'a pas dit pourquoi il était parti n'est-ce pas ? Alonso fait non de la tête, Russel est imperturbable, un masque de sérénité et pourtant dans sa voix Alonso a l'impression de déceler une tranche d'amertume. Non, mais si tu veux bien, je préférerais que ça vienne de lui. Russel sourit plus largement. Ah l'amour ! Qu'est-ce que ça ne nous fait pas faire ! Bon ça te dit qu'on se commande à manger ? L'odeur le fera peut-être émerger. Ils se décident sur du thaï à partager, sans poivrons pour Jeff bien sûr. Le temps que la commande arrive, Alonso va dans la chambre pour voir Jeff. Mi corazón... ce n'est pas un surnom qu'il utilise beaucoup, seulement quand il veut être particulièrement doux ou quand il veut rassurer Jeff. Réveille-toi mon amour sinon tu ne dormiras pas ce soir. Il caresse doucement son visage en attendant doucement que ses yeux s'ouvrent. On a prit du thaï à manger ce midi. Ca te va ? J'ouvre un peu les rideaux, il est 13h34. Il se leve et joint les gestes aux mots. Jeff... il se rapproche du lit et s'accroupit à sa hauteur. Les mots de Russel rentrent dans sa tête qu'il le veuille ou non, ils n'y sèment pas encore le doute, mais il se sent un peu triste sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi. Je t'aime vraiment très fort, tu sais... Ils allaient devoir être solides tous les deux pour affronter cette drôle de semaine.

Tu aurais pu te déshabiller seul mais l'idée te plait et t'amuse beaucoup. Laisser Alonso le faire. C'est assez sensuel de surcroit. Évidemment, tu serais un piètre amant si tu te lançais dans quelque chose de plus intime maintenant. Alonso ne retire pas le haut. Tu l'en remercies à demi mots. Alonso contre toi, tu t'endors rapidement. Ton corps relâche la pression, vous avez tout de même quatre heures devant vous, ça devrait aller pour le reste de la journée et passer une bonne nuit ensuite.

Pourtant, c'est Alonso qui finit par te réveiller, un peu plus tard que prévu. Tu émerges difficilement. Hm... Je sais oui. Appelle moi encore comme ça... Tu souris les yeux fermés en bougeant dans le lit, tu adores quand il te donne ce surnom. C'est celui que tu préfères. Les rideaux sont tirés, tu as encore les yeux fermés mais la lumières filtre légèrement à travers tes paupières, tu as entendu le bruit métallique sur la tringle également. Tu te décides à ouvrir les yeux et Alonso et juste ça. Il n'y a pas mieux que de le voir en premier, avant tout le reste. Tu passes ta main sur sa joue, dans ce geste que tu aimes tant. Moi aussi je t'aime. Et rappelle toi, si vraiment tu ne le sens plus à un moment, on part. Je vais le prévenir. Venant de toi, ça aura plus d'impact, quoi qu'on en dise. Si Alonso prévient Russell là dessus, il pourrait le voir comme un défi, pour lui prouver qu'il a tort. Mais de ta part, ça serait un avertissement et après tout, c'est Russell qui tenait tant à te revoir.

Tu te lèves, tu regardes dans la pièce et tu ne vois pas de porte pour une salle d'eau privative. C'est ennuyant. Tu sais où est la salle de bain ? Je me sens un peu poisseux. Alonso te donne les indications, toi aussi tu te rhabilles, bien sûr Russell connait ton corps mais ça ne veut pas dire qu'il peut le voir comme avant. Votre situation de relation n'est plus la même. Tu passes donc avec tes affaires, Russell relève la tête de son ordinateur quand il te voit sortir et passer devant lui. Tu comptais surtout aller à la salle de bain alors tu passes rapidement. Alonso est plus poli que toi. Lance-t-il avec un ton un peu sec que tu lui connais bien. Tu t'arrêtes, tu le regardes, il ne semble pas fâché, juste, il t'a toujours parlé ainsi quand il n'aimait pas ta façon d'agir. Je plaisante, détend toi s'il te plait Loup. Il sourit. Tu penses qu'il ne plaisantait pas, il a du juste se souvenir entre temps que le fameux Alonso pouvait l'entendre. Tu ne dis rien et tu files à la salle de bain. Tu verrouilles la porte. Même si Alonso est présent dans l'appartement, c'est le premier réflexe que tu as eu. Que tu ne fais pas chez vous, évidemment. Tu ressorts une vingtaine de minutes plus tard, déjà plus réveillé, frais et bien habillé. Tu as choisi de mettre la chemise blanche avec les fleurs de différentes teintes bleues, les couleurs sont douces. Pour aller avec, tu as un chino bleu électrique. Tu ne t'ai pas maquillé, tu gardes ces fantaisies pour les moments de sorties.

Alonso et Russell sont dans le salon, Russell toujours sur son ordinateur, sans doute qu'il avance dans son travail. Il relève les yeux à ta sortie et sourit. Cette fois, il ne dit rien. Tu peux aller ranger tes affaires et tu reviens, tu vas retrouver Alonso et t'installes à ses côtés. Ça te dirait une petite sortie calme aujourd'hui ? J'ai repéré quelques endroits et on pourrait se rendre au Old Spitalfields Market, ils vendent des vêtements vintages et un tas de trucs improbables ! J'adore le principe ! Tu pourrais proposer à Russell mais tu ne le fais pas, c'est votre voyage et c'était entendu ainsi. Vous pourrez toujours vous retrouver en début de soirée tous ensemble, tu ne sais pas encore.

Cela fait rire Alonso quand Jeff lui de continuer de l'appeler comme ça. Mi corazón, c'est peut-être sa rareté qui fait qu'il plait à Jeff. Par défi, il ne le répète pas, lui jetant simplement un regard tendre. Un jour, ça sera peut-être une ponctuation banale, un mot doux parmi d'autres, en attendant, il le distribue avec parcimonie. Alonso acquiesse. D'accord, oui. Je pense qu'il s'en doute, mais tu peux toujours lui dire. ce n'était pas possible pour Alonso, Russel ne lui permettrait pas, il n'en avait pas la légitimité. Il remet une mèche de cheveux de Jeff correctement. Il adore ces petits gestes du quotidien avec lui, ceux que Jeff à pour lui comme ceux qu'il fait pour Jeff. Ce ne sont pas des gestes infantilisants non, des gestes d'amour et de bienveillance. Il indique la salle de bain, indique aussi qu'il risque de tomber sur Russel sur le chemin. Il mentionne en souriant qu'heureusement qu'il avait pris la peine de se rhabiller avant de sortir de la pièce parce qu'il ne s'attendait pas à le voir réveillé. Alonso était assez pudique de nature, le corps des autres le dérangeait moins que de montrer le sien. Pourtant, dans le cadre de son intimité avec Jeff, il n'avait pas particulièrement de complexes, simplement, il n'aimait pas ça. Jeff sort de la pièce et Alonso le suit.

La remarque de Russel à son compagnon le tend immédiatement. Décidément Russel était complètement différent face à Jeff. Alonso avait du mal à détecter les émotions de leur hôte, son compagnon était bien plus simple à lire, déjà parce qu'il se laissait lire et puis parce qu'il le connaissait depuis des années. Russel n'était qu'une page de couverture, le contenu semblait scellé. Alonso prend un livre dans ceux qu'il a amené et bouquine tranquillement dans le salon sans déranger Russel qui semble travailler, seul le bruit de la douche et des touches de clavier entache le silence. Au bout d'un moment, il se lève pour aller suspendre les chemises et vetements qu'il a ramené dans la chambre. La sonnerie de l'interphone retentit. Russel répond et s'occupe de récupérer les plats et les pose dans la cuisine. Alonso revient dans le salon et continue tranquillement sa lecture voyant que Russel ne déballe rien, il attend sans doute que Jeff soit prêt. Ce dernier finit par sortir de la salle de bain puis va se préparer dans la chambre. Le second retour de Jeff est remarqué puisque les deux hommes levent la tête, il vient s'assoir aux côtés d'Alonso qui regarde avec lui ce qu'il propose pour l'après-midi. Ah oui, ça pourrait être très sympa. J'aimerais bien changer la déco du salon, on pourrait y trouver quelques idées, qu'en penses-tu ? Il dit ça comme ça, ça fait un moment qu'il y pense.

On mange ? demande Russel en les interrompant, qui n'ayant pas dormi et ayant simplement profité du petit déjeuner dans l'avion doit avoir assez faim maintenant qu'il est 14h. Jeff, tu viens m'aider ? Alonso se demande si c'est pour ça qu'il n'avait pas déballé la nourriture tout de suite, pour le faire avec Jeff uniquement. Ce serait curieux comme comportement mais certainement pas le plus curieux qu'il ait eu jusqu'à maintenant. Alonso ne demande pas s'il peut aider, Russel avait utilisé un ton qui faisait bien comprendre qu'il n'avait pas envie qu'il intervienne. Après tout, comme Jeff lui avait fait comprendre qu'ils n'auraient pas de moment à deux, c'était sans doute un moyen comme un autre pour Russel de faire passer les messages qu'il souhaitait à Jeff. J'imagine que je ne suis pas invité à votre petite après-midi en amoureux ? murmure-t-il à Jeff. Tu as l'intention d'essayer de m'éviter toute la semaine ? Il tourne la tête vers Al qui a repris son livre et qui est assez loin pour n'entendre que des chuchotements, sauf si leurs voix se décide à s'élever un peu. Russel le sait bien, en même temps qu'il discute, il sort des plats de la cuisine.

Tu n'es pas au meilleur de ta forme, bien sûr, mais avec le repos la douche et les nouveaux vêtements, tu te sens déjà mieux. Alonso parle d'idées pour la décoration du salon, tu souris tendrement parce que derrière cette proposition se cache un gage de stabilité, de vie à deux où ton avis est pris en compte parce que tu fais parti des lieux autant que lui. Ce n'était pas le cas avec Russell, tu as toujours été chez lui et il te le faisait bien comprendre. Il a même rechigné un certain moment pour te donner ton propre jeu de clefs, stipulant que vous étiez toujours ensemble et que ça n'aurait servi à rien. J'aime beaucoup l'idée de décorer notre salon oui. Tu insistes sur le mot notre en particulier, un sourire doux sur le visage. Tu as posé ta main sur la cuisse d'Alonso, tu aimes avoir un contact direct avec lui quand vous êtes côte à côte. C'est naturel. Tu la presses légèrement avant de te lever, tu évites le baiser pour ne pas trop provoquer Russell, même si tu te dis que ça ne devrait pas être le cas, tu n'aimes pas les conflits, surtout ceux que tu peux éviter.

Tu tournes la tête, tu te lèves et tu t'exécutes, surtout car ça te parait être le meilleur moment pour lui parler, sans qu'il se sente pris au piège avec Alonso pour écouter. Quand tu arrives, il parle bas, ça ne ressemble pas à Russell. Il passe aussi sa main dans ton dos, tu te décales. Tu vois que ça ne lui plait pas et qu'il se retient de te le faire remarquer, tu le connais bien. Non Russell, on sera plus à l'aise tous les deux. L'emprise de Russell se resserre sur le plastique qu'il était en train d'ouvrir. Il se crispe. Tu parles bas aussi, pas pour entrer dans son jeu mais surtout pour avoir cet intimité de conversation nécessaire pour pouvoir avoir cette conversation justement. Ton regard est fixé sur ses mains, il le voit et tente de se ressaisir. J'ai changé, Russell, Alonso me fait changer. Sache que si tu ne nous as invité uniquement dans l'idée de me subtiliser à lui, déjà ça ne fonctionnera pas et ensuite, on fera le reste de notre voyage sans toi, on ira à l’hôtel, on trouvera une maison d'hôte avec une gentille petite grand mère qui collectionne les assiettes de la famille royale à accrocher au mur et qui a un tas de chats. Et c'est ma décision, pas la sienne. Tu as pris un ton déterminé, doux mais déterminé, tu es toi même surpris d'y arriver. Surement que si tu étais venu seul, ça n'aurait pas été la même chose. Et puis tu te bats pour une cause noble, la plus belle cause qui soit pour toi. Une cause qui aime les tomates feta et qui te parle de redécorer le salon avec toi.

Tu le sens tendu mais tu devais lui dire. Il ne répond pas tout de suite. Il doit surement penser à tout ce qu'il aimerait te dire, tout ce qu'il aimerait te hurler peut être. Il doit chercher un moyen de vous garder ici parce qu'il voit bien que tu changes. C'est dur pour moi, tu le sais ? Alonso le sait. Il a perdu un Jeffrey mais lui a retrouvé un Jeffrey. Son regard se pose sur Alonso, alors qu'il termine de préparer la table. Tu as l'impression qu'il est surtout très affecté par le fait que tu sois avec Alonso, parce qu'il sait qu'il ne fait pas le poids. Tu poses ta main sur son épaule, elle se veut réconfortante car tu as de la peine pour lui. Tu es comme ça, jamais rancunier, un poil trop naïf. Je sais que tu as fait des efforts Russell. Tu souris faiblement. Tu ne m'as pas dit bonjours en déposant un baiser sur ma bouche, ce n'est pas ce que tu fais avec les personnes qui comptent pour toi normalement ? Tes amis proches, même une partie de ta famille. Mais tu t'es retenu. Je l'ai remarqué. Tu n'y pensais plus, mais ça t'est revenu lors de vos retrouvailles à l'aéroport. Tu l'as pris comme une marque de respect pour ton couple. Russell se détend un peu, le fait que tu l'aies remarqué semble compter pour lui. Tu lâches son épaule et tu prends deux plats, un dans chaque main pour les amener à la grande table. Tu es perdu dans tes pensées, tu songes à ce qui vient de se passer. si tu as bien fait de lui faire cette remarque, si il ne va pas croire que c'est un pas vers lui car Russell se monte vite le bourrichon. Tu ne vois donc pas le tapis devant toi, ce tapis où à l'endroit juste où tu vas pour mettre ton pieds, il y a une alcôve meurtrière. Bien sûr tu y glisses ton pieds et bien sûr l'autre appuie sur le tapis quand tu fais un pas en plus.

Te voilà à terre, tu n'as rien pu faire avec les deux mains de prises et des plats assez lourds. Un boom lourd retentit de l'appartement, suivi de toi qui peste et qui insulte ce fichu tapis comme jamais. Tu étais si propre, tu sentais si bon et te voilà avec des nouilles au porc et au caramel dans les cheveux et sur ta belle chemise.

Alonso fait en sorte de ne pas écouter mais ses yeux ne peuvent s'empêcher de se lever pour regarder les deux hommes s'occuper. Parfois, il capte des regards vers lui, celui de Jeff, celui de Russel. Il ne bouge pas, moyennement concentré sur son livre, il imagine que Jeff est en train de lui dire de ne pas dépasser les bornes. La main de son partenaire vient se poser sur l'épaule de Russel puis s'éloigne, ils ont l'air plus détendus tous les deux. Enfin, Alonso se l'imagine car il est incapable de décoder Russel. Il repose les yeux sur son livre quand il entend le bruit sourd de Jeff qui chute avec les plats dans les mains. Il se lève immédiatement. Jeff ! Ca va ? Tu t'es fait mal quelque part ? Il l'entend pester contre le tapis qui apparemment est responsable de la chute. Al s'accroupit auprès de son bien aimé. Ça va ? répète-t-il. Russel arrive lui aussi, ne comprend pas bien ce qui a pu se passer, il s'énerve : Merde Jeff, tu peux pas faire attention ?! T'en a mis partout ! Il ramasse les deux plats qui sont au sol pour les poser sur la table. Bien sûr, par cet énervement Al entend l'inquietude de Russel. Comme quand Sonia l'engueulait quand il avait failli se couper ou qu'il se prenait un pied de chaise parce qu'il n'était soi-disant pas assez vigilant. Combien de disputes avaient éclaté comme ça ? Parce qu'elle était stressée pour lui et que sa réaction était la colère plutôt que la bienveillance. À l'époque, ça le rendait fou.

Alonso aide Jeff a se relever. Il n'a pas l'air de s'être fait trop mal. Il lui retire des pâtes des cheveux. Ça va mieux ? Bah alors tu t'es fâché avec le tapis ?Alonso rit de bon cœur. Tu peux aller te relaver Jeff, Alonso et moi on va nettoyer. Russel est sec. Si tu as mal quelque part, tu me dis d'accord ? demande doucement Alonso en laissant partir Jeff. Russel a toujours les sourcils froncés. Il attend que la salle de bain se referme pour s'énerver. Il ne peut pas faire attention ! s'exclame-t-il laissant passer de la colère. Ca va, répond Alonso, plus de peur que de mal. Mais ça aurait pu être grave ! répond Russel. Tu le bichonnes et tu le couves, il dit qu'il change, tu le laisses croire qu'il change et voilà ce qui se passe ! Il n'est pas comme toi ou moi Alonso ! Il est maladroit, il est fragile. Rends-toi à l'évidence, on ne peut même pas lui confier des pâtes ! Alonso regarde Russel, il voit curieusement un peu de Sonia dans ces mots. Il ne comprend pas pourquoi cette colère le vise soudain. Il espère simplement que Jeff ne peut pas entendre de sa salle de bain.

Russel, il ne s'est rien passé, ce sont des pâtes qui sont tombées par terre, des pates et du porc au caramel, je suis désolé pour ton tapis mais ça arrive à tout le monde. Russel ne redescend pas tout de suite. Tu crois ça ? Tu es bien naïf. Tu ris et tu dis que ce n'est pas important ? Mais tu aurais fait quoi s'il s'était ouvert la tête contre la table basse ou qu'il s'était cassé les dents sur le carrelage ? Alonso tempère mais il bouillonne, il tente de rejetter cette colère qui monte en lui. Tu mélanges tout Russel. S'il s'était fait mal on aurait géré. On peut nettoyer maintenant ? Russel peste et va chercher le materiel nécessaire et les tend à Alonso. Nettoie, toi, c'est ton copain après tout. Je vais descendre chercher de la nourriture à l'indien en bas de la rue. Le pharmacien soupire et s'attele à la tache. Il s'en fiche après tout d'être sale, de devoir se changer. Russel lui a besoin de sortir sans doute.

Quand Jeff sort de la salle de bain, Alonso est en train de frotter le tapis. Ça va ? Russel est sorti racheter de quoi déjeuner. Alonso ne mentionne pas l'altercation avec son ex, après tout, il a parlé sur le coup de colère. Russel revient cinq minutes plus tard et se dirige immédiatement vers Jeff. Excuse-moi de m'être énervé mon Loup, j'ai eu si peur pour toi. Tu vas bien ? Il pose les sacs d'indien sur la table et vient poser sa main sur l'épaule de Jeff. Al détourne la tête pour ne pas se mettre définitivement en colère et se redresse. Il va se laver les mains, c'est une maison de fou ici.

C'est sans doute la première chose qui te vient à l'esprit, avant tout le reste. Le fait que Russell ne va pas apprécier. Même si Alonso est là, même si c'est lui qui compte le plus, il est difficile de ne pas reprendre les anciens réflexes face à quelqu'un comme lui. Heureusement, ta peur s'amenuise un peu parce qu'Alonso arrive vers toi en premier, que lui est inquiet, pas en colère. C'est vrai que c'est ta faute, tu comprends que Russell te crie après. Tu aurais du regarder bien devant toi et te concentrer sur ton trajet, avec les mains chargées. C'est logique après tout. Oui ça va... désolé. Tu le dis en regardant Alonso, puis en regardant Russell pour qu'il comprenne que c'était pour lui aussi. Surtout pour lui en réalité. Alonso t'aide à te relever, rit et lance une boutade, ça te détend. Tu les laisses, tu te déshabilles rapidement dans la salle de bain pour t'éloigner le plus possible de cette chute et du sentiment de peur qui t'a envahi d'un coup. Tu n'as pas eu peur à cause de la chute mais à cause de Russell. Tout de suite, avant même qu'il n'intervienne. Tu ne veux pas y penser, tu vas sous la douche, tu allumes tout de suite et tu tentes de te concentrer sur autre chose, sur des beaux souvenirs, sur ce weekend au lac. Champlain. Tu te répètes le mot plusieurs fois, c'est le safe word, ici, il sert à t'éviter de trop angoisser. Tu n'entends pas ce qui se dit, tu mets même un peu de temps avant de comprendre que le ton monte. Tu sais que c'est à propos de toi, de ta chute et de leurs réactions différentes mais tu n'en sais pas plus. Tu n'as pas envie d'en savoir plus.

Après quelques minutes, et aussi car tout semble être calme maintenant, tu sors de la douche, tu n'as rien alors tu enfiles une serviette autour de ta taille. Tu ne peux pas sortir comme ça. Russell va faire une remarque sur ton corps. Tu prends donc son peignoir et tu enlèves la serviette qui est maintenant de trop. Finalement, avant que tu ne sortes, tu entends la porte de l'entrée. Tu entrouves la porte de la salle de bain et tu regardes. Quand tu vois que c'est Alonso, tu sors, tu aurais pu venir en serviette finalement. Ça va oui, j'ai rien. Tu lui montres tes bras, tes poignets surtout car c'est à cet endroit que tu aurais pu te faire mal. Je suis désolé, je pensais à trop de trucs en même temps, c'était complètement con de ma part. Tu viens chercher un doux baiser, parce que tu sais qu'Alonso ne t'en veut pas. Puis tu vas rapidement te changer, quel dommage, tu aimais bien ta tenue. Tu choisis cette fois la chemise avec des motifs fleuris plus prononcés, des fleurs roses et jaunes. Tu as un chino couleur moutarde pour aller avec et même une ceinture que tu adores porter. Tu es de nouveau présentable.

Tu cherches Alonso quand tu reviens au salon, mais Russell s'interpose, in te présente ses excuses, tu ne le crois pas. Tu connais son fonctionnement et avec Alonso dans les parages, tu as un peu plus confiance en toi. Ce n'est pas comme quand il se comportait comme ça avec toi et vos amis -ses amis- et que tout le monde se disait qu'il avait bien du courage de te supporter. Pas maintenant Russell. Juste... Rappelle toi ce que je t'ai dit un peu plus tôt. Tu donnes un coup d'épaule pour qu'il te lâche. Alonso est là, à quelques mètres alors tu peux te permettre d'être sec. Tu le regrettes déjà, mais tu l'as fait et une partie de toi est fière de toi. Russell pousse un long soupire mais comprend. Il n'a plus toutes les cartes en main, tu peux te défendre parce qu'il lui manque la chose la plus importante pour t'avoir à sa merci : le fait que tu n'aies pas d'autre choix, cette  illusion de te faire croire que tu n'es rien sans lui. Ce n'est plus le cas. Il va devoir changer son comportement avec toi s'il doit rester dans ta vie et il doit le faire maintenant.

Tu vas voir Alonso plutôt, et tu l'enlaces tendrement. Peut être que cet évènement a brisé quelque chose ou construit quelque chose plutôt. Tu t'es rendu compte que tu n'avais rien à craindre de lui, réellement, et que tu n'avais pas à te retenir de tes gestes envers Alonso pour te ménager. Ce n'est pas toi le problème mais lui. C'est un pas incroyable pour toi. Tu pose ta tête contre son omoplate. Pardon, c'était tellement une mauvaise idée de venir ici... Peut être que finalement, vous allez y aller à l’hôtel.

C'est prêt cette fois. Lance Russell, d'un ton détaché. Tu n'as plus envie de croire qu'il peut comprendre. Tu seras vigilant maintenant. Tu t'installes tout de même et tu te sers, une part assez petite, car tu es trop rempli d'émotions pour manger beaucoup, pour manger normalement plutôt. Je vois que tu as toujours aussi bon appétit... Tu relèves les yeux deux secondes mais tu ne dis rien, tu te serais excusé en temps normal ou justifié. Oui tu manges peu mais c'est comme ça. Ça n'a pas à lui plaire ou lui déplaire. J'ai hâte pour tout à l'heure, ce marché a l'air vraiment bien. Peut être que je me trouverai une belle chemise vintage ! Tu lances à Alonso.