Jeff s'excuse, Alonso se dit que c'est un simple réflexe, il n'a fait de mal à personne, il n'a pas à s'excuser. La dispute passe et Russel claque la porte. Al ne comprend même pas le raisonnement de Russel, comment sur un incident aussi bête il peut en déduire que Jeff n'est pas digne de confiance ? Il nettoie, les poils du tapis sont courts, heureusement, c'est plus simple à laver. Il arrive même à s'en sortir sans se tâcher en relevant ses manches. Jeff revient, s'exuse de nouveau et vient l'embrasser. Ça arrive. En plus il y a eu l'avion, le décalage horaire, on est tous un peu dans nos pensées. Sans parler de la... situation. On est tous un peu ailleurs. L'important pour moi c'est que tu ailles bien. Jeff va se changer après qu'ils se soient échangés des sourires complices. Alonso se dit que malgré la situation Jeff est quand même fort. Quand Russel arrive, il s'excuse et Alonso voit la manipulation grosse comme une maison :  cette façon de souffler le chaud et le froid, de le rabrouer puis de revenir en s'excusant, il déteste ces méthodes. Il lui fait penser à son père quand il était petit, sauf que lui ne s'excusait quasi jamais. Il ne sait même pas si c'est volontaire de la part de Russel ou si cet instinct de domination lui vient naturellement.

En regardant Russel, Alonso imagine la relation que Jeff a dû avoir avec lui. Il se lève et va à la cuisine, le tapis est propre, juste des traces humide de nettoyage restent. Ca sechera tranquillement. Alonso essaie de doucement calmer ses pensées en rinçant l'éponge. Il se détend instantanément en sentant son chéri qui vient l'enlacer. Jeff lui dit que c'était une mauvaise idée. Il pose ses bras sur les siens. Ne t'excuse pas, Jeff. Mauvaise... je ne sais pas, mais c'était peut-être nécessaire pour toi ? Puis... Ca ne va pas nous empêcher de passer un bon moment à Londres. Il sourit, il essaie de rester positif. Son tendre Jeff contre lui à chuchoter doucement, c'est si agréable dans ce déluge de stress. On est tous fatigués, ça ira peut-être mieux demain matin ? donne-t-il comme excuse. Alonso ne sait pas si Russel est toujours comme ça ou non. Il se dit que Jeff ne serait pas resté autant avec lui si c'était comme ça perpétuellement. Russel les appelle pour le repas. Il fait une remarque sur les quantités que mange Jeff, mais ce n'est pas bienveillant, il est plutôt ironique. En réponse et en encouragement Alonso sourit à Jeff, il repense à sa remarque sur le fait qu'il était fier d'avoir pris du poids. Alonso fera plus attention à ça. Jeff ne répond pas à Russel, à la place, il détourne la conversation en s'adressant à Alonso. Oui ! Ca va être très sympa j'en suis certain ! J'ai hâte aussi de découvrir le marché et la ville de manière générale. Il a surtout hâte de passer un moment uniquement avec Jeff, de discuter de tout ça, s'il le voulait bien. Russel reste dans ses pensées.

C'est très bon Russel, merci. pose Alonso alors que le silence. Il voit dans son regard... il ne sait pas, est-ce de la reconnaissance ? L'impression d'exister un peu sans doute. Merci Alonso. répond-t-il simplement. Vous pensez rentrer vers quelle heure ? Je pensais me coucher tôt ce soir. Al regarde l'heure sur sa montre, le temps file. Je ne sais pas, on sera de sortie jusqu'à 19h ? Ca irait ? Qu'en penses-tu Jeff ? Russel tique à l'évocation de Jeff pour une fois Alonso le voit clairement, sans doute qu'il souhaite que Jeff le voit aussi. Il semble contrarié. Alonso se dit qu'il voulait retrouver son petit loup et il n'est pas vraiment là... 19h c'est très bien. J'ai du boulot cet après-midi à terminer et je vais aller voir un ami, je devrais être rentré, ce serait parfait. coupe Russel sans laisser à Jeff le temps de répondre à Al. Je te tiendrais au courant. encore une fois, il s'adresse uniquement à Alonso, c'est drôle cette manière d'excure volontairement l'un ou l'autre comme s'il en punissait un. Le pharmacien fait comme s'il n'avait pas remarqué, achetant ainsi la paix sociale.

Très bien, merci, je te dirai où nous en sommes également. Il espère surtout ne pas se retrouver devant une porte fermée le soir, leurs affaires prises en otage par Russel. Il ne reconnait pas le Russel des lettres qu'il a lu, celui qui disait qu'il avait eu tant de mal à se séparer des affaires de Jeff, qu'il lui manquait, qu'il s'attendait à son départ... Celui qui glissait des mots dans chacun des livres qu'il lui offrait. Son livre, notamment. Comment ces Russels pouvaient être les mêmes ? Ils terminent de manger tranquillement, Al échange avec Jeff sur les endroits autour de là où ils souhaitent aller mais apparemment, il faut reprendre le métro pour aller dans les endroits plus touristiques ou marcher un peu. Ils verraient selon leur état de fatigue. Alonso aide à débarrasser et Russel met les assiettes et les couverts dans le lave-vaisselle évitant volontairement tout contact avec Jeff. On part dans 5-10 min ? demande-t-il à Jeff, j'ai juste quelques trucs à transférer de mes sacs à ma sacoche. Il va remplir la sacoche qu'il avait transportée vide pour se promener avec Jeff, passe aux toilettes. Il débranche aussi son téléphone qu'il avait mis à charger. Russel les observe faire, détaché, toujours pensif. Alonso ? demande-t-il quand ce dernier passe devant lui. Il lève les yeux vers Russel. Oui Russel ? demande-t-il. Fais attention à lui, prenez garde aux voitures notamment quand vous traversez, elles arrivent dans l'autre sens. Tu m'appelles si vous avez un souci ? Al hoche la tête. Oui, merci pour les conseils. Je n'hésiterai pas. Il se retourne. Tu es prêt Jeff ? On peut y aller ? Ils partent donc, sans clés, sans autre moyen de récupérer leurs affaires que la parole de Russel qui a complétement snobé Jeffrey jusqu'au bout. Une fois en dehors de l'immeuble, Alonso regarde son Jeff. Ca va ? On prendra un verre à côté du marché pour discuter de tout ça ?

Tu pensais qu'Alonso allait demander à partir. Mais non. Peut être qu'alors, tu t'es monté contre Russell pour rien. Tu ne sais plus, tu es perturbé. Tu acquiesces à ce qu'il dit, il est vrai que vous n'êtes pas là depuis longtemps, vous pouvez rester un peu pour tenter de voir. Même si tu as une étrange impression de déjà vu, comme si tu savais comment ça allait se passer mais que tu voulais tout de même y croire. Tu as raison, mais sache que je te suivrai. N'ai pas peur de le demander. Après tout, si Alonso te fait confiance dans le fait que tu peux changer, pour lui, pour vous et surtout pour toi-même alors Russell a aussi le droit de pouvoir changer.

Tout semble s'être calmé. Du moins en apparence. Tu n'as jamais eu ce comportement avec lui alors tu nages un peu dans un océan de nouveauté. Par contre, tu as l'habitude d'être ignoré et ne pas avoir ton mot à dire sur les décisions à prendre. Russell disait toujours que c'était pour te ménager, pour éviter un stress inutile et éviter que tu te laisses dépasser par les évènements alors tu l'as toujours pris comme quelque chose de positif venant de lui, voire d'une preuve d'amour. En réalité, Russell ne te considère pas comme son égal, il considère qu'Alonso l'est mais toi... Non, tu n'es qu'un mec paumé et fragile qui aura toujours besoin des autres. Mais ça ne te vient pas à l'esprit parce que ça a toujours été ainsi et encore une fois, tu as toujours pensé qu'il le faisait pour toi et non contre toi. Le repas est bon, tu es d'accord. On a pas de thaï comme ça à Redwood... En même temps on a pas grand chose. Tu en ris légèrement, toi être retourné là bas, c'est tout de même assez incroyable. Mais peut être que c'est ce qu'il te fallait. Puis, tu n'es plus invité à répondre, comme ça ne te choque pas, tu finis juste de manger tranquillement.

La fin du repas arrive, ils se débrouillent pour la vaisselle alors tu vas te préparer. Tu as ton téléphone, il est chargé à moitié alors ça devrait largement suffire. Tu as reçu une photo d'Amalia, c'est Chacha qui joue avec son chien, ils ont l'air de bien s'entendre. Tu ranges ton téléphone dans ta poche et prend ton portefeuille. On y va oui. Tu sors avec Alonso, loin des préoccupations très pratiques qui occupent l'esprit de ton bel espagnol. Là, tu songes juste aux bons moments que tu vas passer avec Alonso. Ce n'est pas Paris mais ça me parait un idée fortement romantique. Tu te serres contre lui, tu lui prends le bras pour marcher tout contre lui dans la rue. Comme vous avez eu une rude journée et aussi de rudes émotions, vous choisissez de prendre un taxi pour éviter d'être trop fatigués. Surtout pour toi. Heureusement, tu as trouvé de quoi retirer les livres avant de monter dans le beau taxi noir typique de Londres. Tu te sens déjà un peu plus anglais. Tu en profites pour montrer à Alonso la photo de Chacha et vous parlez encore de Londres, puisque vous y êtes et que c'est un petit évènement, d'y être ensemble. Quand vous arrivez à destination, tu sors à la suite d'Alonso et cette fois, tu lui prends simplement la main. Le marché est couvert, avec de belles bâtisses comme il n'en a pas chez vous, en brique rouge. Ça semble tellement grand ! Vous y pénétrez, c'est un lieu touristique alors il y a pas mal de monde mais c'est impressionnant et tu aimes beaucoup. Il y a un charme qu'on ne retrouve pas de l'autre côté de l'océan. Il y a beaucoup de boutiques de petits créateurs, c'est d'ailleurs principalement ceux qui vendent. Tu lorgnes déjà sur les stands de vêtements, dommage que vous habitiez si loin. Tu t'approches d'un stand qui vend du tissu oriental, d'indes apparemment. Il est vrai que le pays a autrefois été la colonie de la vieille Angleterre. Coco serait magnifique dans un sari, tu ne penses pas ? Tu l'images déjà, tu touches le tissu, tu en regardes plusieurs en demandant à Alonso son avis.

Alonso est dehors avec Jeff et il respire déjà mieux. Il a besoin de discuter avec Jeff, de faire le point sur sa relation avec Russel qui lui paraît tout sauf saine. Mais avant, ils ont tous les deux besoin de cette parenthèse. Il a envie de lui dire qu'il l'aime à chaque pas, qu'il se sent fier, terriblement fier d'être à ses cotés dans des moments comme ceux là. Ils prennent un taxi et arrivent au marché. C'est incroyable, même les batisses plaisent à Alonso. C'est une grande halle entourée de plein de petites rues typiques. Des rues étroites et sinueuses qui ont un vrai charme authentique. De l'Europe, Alonso ne connait presque que l'Espagne alors tout est nouveau pour lui ici. Il prend quelques photos avec son téléphone et une photo de Jeff aussi à son insu. Il est beau, très photogénique, il l'a toujours été. Il lui montre tout fier de lui. Ils s'approchent d'un stand de tissu. Elle serait incroyable c'est certain, il faudra faire attention néanmoins avec la mouvance sur l'appropriation culturelle, répond Alonso. Que penses-tu de celui-ci ? en montrant un beau tissu rouge avec une jolie lisière plus claire. C'est beau, mais ça semble faire beaucoup de tissu à ramener dans la valise.

Ils se baladent de stand en stand. Alors ! Comment tu voyais alors notre salon si tu avais carte blanche ? Alonso demande sans aucune hésitation parce qu'il est nul en décoration et surtout il a confiance dans le bon goût de Jeff. Il y a des tableaux qu'il aime bien sûr mais c'est les arrangements, la dynamique globale qui parfois lui échappe. Ils tombent sur un chapelier incroyable mais ils se voient mal emporter un chapeau de belle envergure dans leurs bagages. Ils passent enfin devant un étal ayant des dizaines de chemises sur ceintre qui pourraient convenir à Jeff. Voilà ton paradis mon Jeff. Il s'agit de chemises vintages ou à motif, typiquement dans le style de son compagnon. Al lui a plus de mal à se dire qu'il trouvera des vêtements qui lui correspondent sur un marché. Ils papotent, ils observent, ils rient, se montrent des détails qui les surprennent. Un moment de complicité tout simplement. L'accent des gens d'ici est très sexy dit Alonso à haute voix avant de rire devant le regard de Jeff. Je... suis un peu fatigué, on peut trouver un endroit où se poser ? demande doucement Alonso au bout d'un long moment à flaner, ils ont déjà quelques sacs d'achat à la main, mais rien d'encombrant heureusement.

L'endroit est incroyable. Il doit y en avoir des gens qui comme vous, viennent après un rapide coup d’œil sur internet. Dire que quand vous étiez jeune, pour voyager, il fallait se fier aux guides et parfois, ceux ci étaient bien limités. Bon, un endroit comme celui ci devait tout de même y figurer mais pas de jolies petites pépites que tu as trouvé sur différents sites et que tu gardes sous le coude.

Alonso a raison, tu hoches la tête. Bien sûr, Coco aurait juste porté le sari pour se sentir belle et pas pour en faire un spectacle rempli de clichés. C'est dommage, tu te dis tout de même. Tu ne sais pas trop comment te positionner là dessus parce que Coco est faites de personnages, d'habillements et de shows. Ce n'est jamais pour se moquer mais toujours pour pointer l'élégance en ce monde, celle des femmes en l’occurrence. Soit, de toute manière, il pointe le fait que vous n'avez pas de quoi en ramener. Vous reprenez votre route, tu as déjà oublié ta petite déception et tu réfléchis à sa proposition. Quelque chose de plus coloré déjà et de moins conventionnel. Désolé Alonso mais ton salon ressemble à une page de livret Ikea, ça ne va pas du tout. Tu ris avec un ton amusé, toujours avec bienveillance quand tu taquines ton Alonso. Tu me laisserais faire un mood board ? Choisir des couleurs, des matières, des exemples ? Oh, et j'aimerai tellement y dissimuler des petits détails, tout petits, sur nous, notre parcours, des choses qui pourraient nous faire penser à de bons moments passés ensemble mais qu'on serait les seuls à comprendre. Tu adores imaginer des endroits, surtout celui où tu vivras au quotidien et tu n'aurais jamais osé critiquer la décoration d'Alonso, ou juste en plaisantant sincèrement, sans rien lui imposer. Mais l'idée te plait beaucoup, tu as déjà des idées. J'aimerai aussi beaucoup d'un petit coin soit réservé en l'honneur de Coco. Tu souris parce que tu songes à Coco qui répondrait : Comment ça un petit coin, je mérite la maison entière !

Effectivement, tu arrives au paradis à tel point que tu lui lâches la main pour t'avancer de plus près et commencer par toucher le tissus. De la bonne qualité, pas du synthétique. Les intérieurs sont si beaux également. Tu m'en choisis une ? Ça me ferait tant plaisir. Qu'on te complimente sur ta chemise et que tu puisses répondre. Merci, c'est Alonso qui l'a choisie, elle est belle n'est ce pas ? Tu entends la phrase dans ta tête. Il t'avoue son attirance pour l'accent anglais, en même temps, qui ne l'aurait pas. Tu ris avec lui, quel moment incroyable, et il a juste fallu que tu sois seul avec lui pour de vrai. Comme quoi un Alonso et un Jeffrey donnent une évidence.

Tu es d'accord avec sa proposition, et vous trouvez vite un stand de cocktail avec et sans alcool, assez sympathique. Tu en prends un au pétillant rose et à la goyave, sans alcool donc. Vous pouvez vous asseoir et tu lèves ton verre avant la discussion, pour avoir quelques instants un peu légers encore. A nous, à Coco et à l'accent anglais. Tu trinques et avant de porter le verre à ta bouche, tu lui mimes un je t'aime, les yeux dans les yeux.

Ils passent sur le tissu pour le sari mais il continue d'y penser. Ils échangent sur le salon, Alonso hoche la tête. Bien sûr pour le mood board, très bonne idée. Je ne sais pas comment tu peux dissimuler des bouts de notre histoire dans une décoration mais avec plaisir. On pourrait même repeindre. Il n'ose pas dire à Jeff qu'il aurait bien envie de racheter cette maison à sa grand-mère. Il n'y aurait pas de souci d'héritage dans ce cas, ils ne risqueraient pas de la perdre et ce serait toujours chez eux. Mais... Ca voudrait dire aussi toujours garder un pied à Redwood et il ne sait pas si Jeff est prêt pour une telle annonce et il voudrait en parler avec lui avant de l'évoquer à la famille. Faire de cet endroit sa maison ne faisait pas partie du plan d'origine et avant que Jeff ne débarque dans sa vie... il n'en avait pas plus envie que ça. Pour Coco, j'ai déjà commencé à regarder les vitrines, pour ses trophées et quelques photos et objets d'importance pour elle. Il vient caresser son dos. Est-ce que la photo d'elle en maillot par exemple, elle est magnifique, tu voudrais l'exposer ? C'est Russel qui l'avait prise et il ne voulait pas qu'après ce week-end, ca devienne un mauvais souvenir.

Ils en arrivent au chemise. Elles sont qualitatives bien cousues, bien finies et le tissu est une belle popeline de coton. Jeff demande à Alonso d'en choisir une. Lui qui n'a jamais confiance dans ses choix est... intimidé. Oui, bien sûr, enfin, si ça te plait. Il est plus à l'aise avec le fait que Jeff lui choisisse ses vêtements que l'inverse. Il flane un peu dans l'étal, en regarde certaines, les repose, les couleurs ne lui conviennent pas, trop classiques pour Jeff ou au contraire le motif était trop répétitif. Il finit par en sortir une très colorée, très joyeuse, avec des fleurs et même un papillon jaune, très Jeff, comme le voit. Il sourit. Je te prends celle-ci, si tu veux bien. C'est la taille de Jeff, mais il regarde au niveau des épaules si c'est bon, la taille des bras, car Jeff est grand et fin. Mais ça semble convenir. Il n'y a pas de cabine pour essayer alors il la prend directement en espérant que tout aille pour le mieux.

Ils finissent par se retrouver dans un bar à cocktail. Alonso prend un sans alcool également rafraichissant à base de citron et de pamplemousse. Il fait chaud ici. Alonso trinque avec un grand sourire au toast de Jeff et boit un peu. Je repense au tissu pour le sari et je me dis qu'on pourrait peut-être se faire un colis avec le tissu et le faire livrer directement chez nous ? Je ne sais pas si c'est si cher que ça ? Alonso n'aime pas rester sur une déception surtout si elle concerne Jeff et Coco. Au fait, du coup je n'ai même pas suivi, ma grand-mère t'a montré sa machine à coudre c'est ça ? Ils discutent un peu couture, reculant l'échéance où il faudrait aborder le problème Russel. Mais Alonso finit par mettre les pieds dans le plat. Jeff... on peut aborder le sujet Russel ? Il a toujours été comme ça avec toi ? Je... ne veux pas trop le critiquer parce qu'il nous a invité et parce que c'est une personne importante pour toi mais il me semble très dominant. Rien que ce midi, il t'a à peine laissé parlé parce que tu l'as contrarié. La manière dont il s'adresse à toi un coup très sèche, un coup très mielleuse et cajoleuse.... ça me fait peur Jeff. Alonso vient poser une main sur la sienne. Il est inquiet, vraiment. Inquiet de découvrir que cette relation, soi-disant la plus saine, était aussi une impasse pour Jeff.

Apparemment, le plan de refaire la décoration prend forme. Tu aimes te projeter là dessus, ça te rassure, aussi, ça t'encre dans un quotidien et un futur avec Alonso. Ça te permet de voir plus loin que le lendemain sans que cela ne t'angoisse. Non. Il te parle ensuite de Coco, de sa photo. C'est spécial pour Coco de se mettre dans cette tenue, je pense que tu lui demanderas directement mais elle te dira que si tu peux poser les yeux dessus, elle ne voudra pas que n'importe qui le fasse. Elle trouverait ça trop grossier. Tu en es certain, mais tu préfères que Coco le lui dise avec ses mots. Ils seront plus tranchants, tu le sais et l'idée te plait. Mais l'exposer juste pour nous deux oui, elle en serait très fière je pense. Dans votre chambre peut être, vous aviez le temps pour ça.

Effectivement, tu n'aurais jamais choisi cette chemise de toi même. Parce qu'elle fait trop connotée chemise des îles pour toi et qu'elle rentre dans une espèce de banalités de personnes qui y partent en vacances et ne l'utilisent que dans cet optique. Mais le motif est intéressant, avec un beau bas, une ceinture jaune comme les papillons et un maquillage des yeux rappelant les tons, tu seras très beau.

Une fois installés, Alonso revient sur le tissu que tu as vu. Peut être qu'il y a songé. Vous pourriez toujours acheter le tissu et vous renseigner avant de l'utiliser, pour savoir comment le faire et comment bien le faire. Demander aux personnes directement concernées par exemple. Ça doit rester un envoi international et on reçoit des colis d'un peu partout dans le monde maintenant, je ne pense pas. Tu sais que certains hommes que tu as eu ont fait livrer des robes de Paris pour Coco. Bon, l'argent ne semblait pas être un problème pour eux mais ça se fait. A votre échelle, ça ne doit pas être si exorbitant. Vous discuter ensuite couture, tu lui indiques qu'elle te la bien montrée et qu'elle était impatiente de travailler avec toi mais qu'elle serait une professeure strict, parce qu'on ne plaisante pas avec le tissu. Surement aussi que lorsqu'elle était plus jeune, il était plus compliqué d'en avoir de bonne qualité, souvent, et différent. Tu as en tête cet épisode de la petite maison de la prairie où la méchante patronne de la boutique du village reçoit du tissus de chine et tout le monde est émerveillé, surtout la petite Laura Ingalls. Maintenant, c'est banal, ça l'était un peu moins aux folles années de la grand mère d'Alonso.

Vient ensuite le sujet Russell. Tu l'attendais moins celui là. Tu poses ton verre et pose tes mains sur tes jambes croisées, pour bien l'écouter et ne pas te laisser distraire par tout ce qui se passe autour de vous. Tu réfléchis à ce qu'il te dit parce que ça ne te percute pas tout de suite. Tu lui montres avec tes expressions faciales que tu es déconcerté mais tu cherches dans ta mémoire ce qui pourrait le justifier. Il te faut un peu de temps avant de pouvoir répondre quelque chose que tu trouves toi-même cohérent. Pas au début non. Maintenant que tu le dis ça s'est installé après je pense. Je ne crois pas que ça soit à mal. Je pense qu'il est souvent inquiet pour moi. Et il a raison, tu le sais. Tu n'y avais jamais songé parce que pour toi, c'était sa façon de lui montrer qu'il tenait à toi et t'aimait, il te disait parfois qu'il prenait des décisions pour toi pour t'éviter de trop t'angoisser, te fatiguer ou même te faire vriller. Alors tu l'as toujours laissé faire. Je me suis parfois mis dans de drôles de situations avec lui, il en a bavé tu sais. Il disait souvent que j'étais le seul loup de la meute à avoir l'âme d'une brebis. Tu trouvais cette phrase adorable, parce que tu pensais qu'il te voyait tout de même comme quelqu'un de fort comme un loup, mais avec ses fragilités cachées, comme une brebis. Tu as mis ta main dans celle d'Alonso, tu lui souris, tu veux le rassurer alors tu resserres ton étreinte. Ce voyage c'est le notre tu sais ? Je le répète et là je peux le dire haut et fort, si ça ne te va pas, on peut partir dès ce soir. Je ne suis pas le mieux placé pour voir s'il dépasse les bornes. Ton sourire s'efface, tu baisses les yeux et tu lui lâches la main. La voilà, la brebis que tu es, celle qui se fait manger par le vrai loup à la fin de la fable, sans autre forme de procès.

Alonso est un peu destabilisé, il n'est pas certain d'avoir fait le bon choix de chemise, Jeff l'a à peine commentée. Pourtant, les fleurs sont belles, la matière est belle, les couleurs lui plaisent. Elle serait du plus bel effet quand il se promenerait à Redwood. Il n'a pas fait la bonne proposition pour la photo de Coco non plus, il s'est fait prendre un non de la part de Jeff mais en plus il lui dit que Coco lui dirait non aussi elle-même. Il avait levé un sourcil, s'était excusé. Jeff n'a pas l'air d'y faire attention mais Alonso n'aime pas dire ce qu'il ne faut pas. Il a tendance à toujours réfléchir ses actions à l'avance, la spontanéité ne lui va pas. Elle lui fait même parfois peur.

Alors, quand vient la discussion sur Russel, il craint, il a peur de mal avoir perçu les choses, peur de faire fuir Jeff. Ce dernier refute une partie de ses arguments, lui dit que Russel est juste inquiet, justifie ses actions. Le pied d'Al commence à tapoter le sol sous la table. Jeff lui dit qu'il en a fait baver à Russel, puis raconte une douce histoire de brebis et de loup, Alonso ne voit pas en quoi la métaphore est belle, dire qu'il n'est pas ce qu'il semble être, lui répéter qu'il est fragile... mais il ne se sent pas objectif non plus. Jeff finit lâcher sa main. Il inspire et expire lentement puis la ramène sur son verre. Tu es venu pour... je ne sais pas... une belle clôture pour une belle histoire avec quelqu'un qui t'aime encore. Quelqu'un où tu m'as dit que je n'avais pas à m'inquiéter, qu'il était bon avec toi et ce n'est pas ce qui se passe, ce n'est pas ce que je vois... Alonso s'adosse contre son siège, signe qu'il a besoin de se détacher un peu de la conversation car il la prend trop à cœur, quand on connaît un peu Alonso, il y a quelques signes qui ne trompent pas sur son malaise. Le recul de la table, d'ailleurs il ne touche plus même plus son verre, son regard fuit. Il est tendu, il est tendu parce qu'il entend résonner les mots de Russel, qu'on ne peut pas faire confiance à Jeff, qu'il finit toujours par trahir ses promesses. Il regarde ailleurs, son regard se pose sur la table voisine où quatre amis semblent refaire le monde. Il fait une pause dans cette conversation, pas pour blesser Jeff mais pour faire le tri dans ses pensées qui commencent à tourner en boucle.

Jeff... Son regard se redirige vers son compagnon. Tu... Il voudrait lui dire Tu dis qu'il en a bavé ? Mais et toi ? Tu en as pas bavé ? Tu as vu comment il te parle ? Il ferme les yeux un instant. Mais s'il faisait ça, comment parlait-il à Jeff en cet instant ? N'essaierait-il pas de le dominer s'il faisait ça ? Il se renfrogne. Il cherche ses mots. Tu ne seras plus jamais une brebis entourée de loups Jeff, je ne le permettrai pas. finit-il par murmurer. Je peux être solide pour toi, comme tu l'as été pour moi, mais ne me demande pas de fuir à ta place, ne me demande pas de prendre cette décision, Jeff. Je suis ici pour toi. Alors, dis-moi plutôt ce que toi tu veux, ce dont toi tu as besoin et je te soutiendrai. il refuse d'être comme Russel, il refuse de prendre la décision pour Jeff ou de lui faire croire qu'il n'est pas capable de distinguer les comportements normaux de ceux qui ne le sont pas. Il tend de nouveau sa main vers Jeff.

Alonso a raison, tu ne veux pas prendre la décision parce que ça reviendrait à en prendre une avec de grosses conséquences. C’est idiot d’en avoir peur, parce que Russell n’est même plus dans ta vie. Il va la quitter quoi qu’il arrive cette semaine et pourtant tu tiens toujours à le ménager, à lui faire plaisir.

Tu écoutes. C’est dur pour toi parce que derrière ce qu’il te dit, tu entends les reproches de Russell, ceux de tout à l’heure, ceux d’il y a quelques années. Alonso t’explique mais tu n’es pas certain de vouloir l’entendre. Parce que Russell est y’a belle histoire après Alonso et avant Alonso. Une petite et douce pause entre des années de chaos. Une partie de toi n’a pas envie de s’en détacher. Elle veut garder le Russell qui t’écrit des dédicaces dans des livres, celui qui t’emmène voir le monde mais qui préfère te regarder toi. Si ta relation avec Russell est un échec de plus, alors c’est aussi avouer que ta vie est un échec, une très grande partie. Mais Alonso a raison. Tu l’écoutes et tu as besoin de te détacher un peu pour prendre du recul sur tout ce que tu crois, tout ce que tu as édulcoré et décorés de beaux mensonges pour rendre la réalité acceptable. Tu pousses un long soupire. Le regard posé sur Léa petite table où vous vous êtes posés. Tu vois la main tendue dans ta vision périphérique, tes yeux se détournent vers ce geste. Tu souris. C’est la toute la différence avec Russell. Alonso te laisse prendre tes décisions mais il te tend tout de même la main pour te montrer qu’il est là, qu’il te soutiendra. Russell au contraire te fait croire que tu n’es pas capable et ne te soutient pas quand tu fais ce qu’il appelle une connerie. Tu viens prendre sa main tu la serres à nouveau. Tu la serres même un peu plus fort pour t’encrer dans l’instant présent, dans cette réalité que tu tentes de camouflés derrières de belles promesses qui ne sont jamais tenues. Je pense qu’il se comporte mal et qu’il va continuer. Tu regardes vos mains, pas Alonso c’est encore trop dur de le regarder directement. Ton pouce vient caresser sa main, tes yeux suivent le mouvement. Tu n’entends presque plus rien de ce qui se passe autour. J’aimerai rentrer, lui dire et qu’on puisse s’en aller mais. Tu fermes les yeux. Est ce que tu en seras capable ? Est ce que tu ne vas pas t’excuser ? Tu ne sais pas. Il va t’accuser, dire que c’est de ta faute, il sera calme au début et puis il va s’énerver et te dire que ça ne regarde que lui et moi que tu dois partir le temps qu’on règle ça. Je vais pas y arriver si tu n’es pas avec moi. Je suis désolé Alonso, je sais que ça doit être mon choix et que je dois l’assumer. Je sais aussi que je n’aime que toi et que tu es l’homme le plus merveilleux et pourtant je sais aussi que si je suis seul avec lui, je n’y arriverai pas. Je suis tellement désolé. Ta main dans la sienne tremble mais tu ne la lâche pas cette fois. Tu aurais envie d’être fort comme il le dit et de pouvoir prendre cette décision mais s’il faut en prendre une alors il faut aussi agir en conséquences. Cette partie, tu n’es pas certain de savoir l’affronter seul.

La discussion est compliquée, elle est lente même s'ils parlent peu, l'un et l'autre cherchant leurs mots. Jeff indique que Russel va continuer. Ce que Al entend, c'est que Jeff a vécu ça au quotidien pendant longtemps, que c'est dans la nature de Russel. Alonso regarde son visage, même si Jeff ne l'observe pas en retour, il regarde leur main l'une contre l'autre. Pas de seconde chance pour Russel donc, tant pis pour lui. Il serre plus fort sa main et vient même poser la seconde sur celle de Jeff. Il sent soudain Jeff trembler, il le sent trembler et les émotions d'Alonso s'embrasent, la tristesse, la peur, l'amour, la compassion se déversent en lui brutalement. Les mots qu'il veut lui dire viennent en espagnol avant de venir en anglais. Ca lui arrive parfois quand il est submergé. C'est idiot car il vit dans l'anglais depuis toujours et il passait simplement trois semaines de vacances par an en Espagne, mais c'est aussi la langue qu'il partageait avec Sonia parfois, c'est la langue de sa mère, de ses grands-parents et de la plupart des livres qu'il lit, d'ailleurs le livre qu'il lisait l'après-midi était aussi en espagnol. Il doit réfléchir un instant pour retourner les mots en anglais. Jeff, mi cariño... Pourquoi tu t'excuses ? Assumer ton choix ne veut pas dire l'affronter tout seul. Je serais là avec toi... Toujours. N'en doute pas une seconde.

Alonso lui sourit avec tendresse mais également nervosité, essayant de masquer tout ce que Jeff lui fait ressentir en cet instant, ce sourire est remplacé rapidement par un voile de tristesse, ses lèvres se pincent, ses sourcils se froncent, se sentant coupable d'avoir sourit sans lui expliquer pourquoi. Je suis désolé, ça me semble si évident. Quand je dis que c'est ta décision, c'est parce que je veux que ça vienne de toi. Mais bien sûr que je serai là pour te tenir la main et même intervenir si c'est trop difficile... si tu le désires bien sûr. Il décale sa chaise pour venir s'installer à côté de son homme. Son homme qui lui a dit qu'il n'aimait que lui et qui a peur d'être seul face à l'un de ses anciens amants. Peut-être même un de ses anciens bourreaux, même si ça aurait été le plus doux, ça n'en reste pas moins une mauvaise personne aux yeux d'Alonso. Sa main se lève et vient passer dans les cheveux de son amant puis dans son dos. Ses yeux se posent sur lui, son cerveau lui intime de le prendre dans ses bras et de l'étreindre jusqu'à éteindre la peur. Mais ils sont dans un bar, Alonso n'ose pas, car la peur ne s'éteint pas en l'étouffant sous des étreintes. C'est à Jeff de venir dans ses bras s'il en a besoin de réconfort, s'il se sent assez fort alors Alonso doit le respecter. Ainsi, il caresse seulement de la pulpe de ses doigts, de la base de sa nuque au milieu de son dos, ces caresses l'aident, si elles n'aident pas Jeff, elles l'aident lui...

Ses pensées défilent, il le regarde comme s'il voulait lui parler mais aucun son ne sort... il a besoin de ce temps à juste l'observer, juste poser ses pensées. Mon Jeff, comment tu oses encore penser que je pourrais te laisser. Je ne sais pas ce que tu as vécu, je ne le saurais sans doute jamais complètement. Mais je vais faire tout mon possible pour que tu te sentes bien à mes côtés, parce que tu vaux tellement le coup. Tu vaux qu'on se batte pour toi Jeff. Tu es splendide, magnifique, le plus brillant de tous à mes yeux et je t'assure que je serai là pour toi... Même si je fais des erreurs. Même si je ne sais pas choisir tes chemises. il finit par rire doucement, être près de lui est toujours un trésor, il ferme les yeux pour exprimer ce qu'il souhaite lui dire à l'oral, toujours dans le flux de ses pensées. Il voudrait utiliser l'espagnol pour rassurer Jeff et peut-être aussi se calmer lui-même, mais il conserve l'anglais parce qu'il veut que ça ait un sens pour lui. Sa main caresse son dos toujours aussi doucement et les mots arrivent finalement à voix haute. Je ne suis pas parfait, je n'ai pas assez confiance en moi, je suis trop conventionnel, trop classique, taciturne, introverti et je n'ai pas de goûts ni en mode, ni en décoration, mais je t'aime et je ferai tout mon possible pour t'aimer sans t'étouffer, sans t'abandonner et sans jamais te faire sentir moins que tu ne l'es. Il finit tout de même dans sa langue, sa langue qui murmure tout contre lui Tu es tout mon monde Jeff, tout mon monde. ses yeux l'observent de nouveau et voudraient éteindre sa peur, rien n'existe d'autre qu'eux et que cet amour qui les anime et qui les aide à surmonter courageusement toutes les difficultés qui se présentent à eux.

Tu finis toujours par décevoir ceux que tu aimes, et ceux qui t’aiment ou te disent qu’ils t’aiment. A cet instant, tu penses décevoir Alonso parce que tu n’es pas assez fort pour affronter Russell seul. Tu penses l’avoir déçu car tu n’as pas tout à fait compris. Alors pour le moment tu ne sais pas bien comment lui dire, comment lui faire comprendre que tu as besoin de lui. Tu te concentres sur vos bons moments, tu te répètes votre safe word encore et encore parce qu’il t’aide aussi à te rassurer.

Quand il te parle, tu relaves la tête. Déjà parce que tu adores ce surnom et aussi parce qu’il te rassure. Alonso est la huitième merveille du monde, mais la tienne uniquement. Il peut paraître banal aux yeux des autres, tu iras leur dire à quel point il est exceptionnel. Alonso se rapproche aussi. Le sentir tout près de toi te donne envie de te pencher et de te reposer contre lui. Mais ce sera pour plus tard. Si tu dois affronter Russell alors tu auras aussi besoin de son soutien après. Ce n’est pas si simple de faire face à ses démons. Oh Russell n’est pas le démon en question, le vrai démon c’est ce qui te fait perdre pied face à lui et devenir l’agneau qu’il désire tant. Russell sait juste manipuler ce démon à la père perfection, parvenant à te faire croire qu’il a pourtant été un bel amant. Ce fut le cas, au début, les premiers mois, puis tout s’est dégradé et tu as voulu te rattacher aux premiers moments, aux caresses qui n’étaient que douceurs, aux mots qui n’étaient que voluptés. Tu as tant besoin d’être aimé que l’on peut mal t’aimer que tu te mets à l’accepter. Même si tu sais que ce n’est pas toi que l’on aime au fond, mais le contrôle qu’on y gagne, ça s’y rapproche dans les faits, les paroles, les actes. Tu peux bien pardonner tout le reste alors. Tu ne devrais pas mais tu le fais toujours.

Alonso continue de te rassurer. Ses mots sont si beaux que tu en as les larmes aux yeux, alors tu fais fuir les gouttelettes de ta sensibilité du bout de tes doigts qui ne serrent pas les siens. Tu peux rester imparfait alors, c’est comme ça que je t’aime le plus. Tu arrives à sourire, juste un peu. Il finit dans sa si belle langue avec son si bel accent. Tu ne voudras jamais la comprendre. Tu te le répètes à chaque fois mais cette évidence te percute à chaque fois. Il ne l’utilise pas pour que tu essaies de t’y mettre mais pour arriver à te dire des choses et que tu les prennes juste comme cela, sans aucun sens derrière, juste pour savoir qu’il est là avec toi. Il faut le faire maintenant alors, rentrer et je dois lui annoncer. C’est à moi de le faire. Tu insistes encore, Alonso sera la mais c’est à toi de prendre les devants. Juste…je n’arrive pas à trouver comment contrer ce qu’il va dire, que c’est toi qui me pousse à lui dire tout ça… je… tu sais quoi répondre à ça toi ? Il va l’utiliser parce que tu es dans l’impasse. Il le sait. Tu oses enfin regarder Alonso. J’aimerai mieux encore me marier avec toi pour lui prouver qu’il a tort. Forcément tu n’es pas sérieux mais tu es maladroit avec tes mots, tes idées. Tu veux juste appuyer sur le fait que ta decision est prise et tu te dis bêtement que si tu es prêt à te marier avec Alonso, c’est qu’il n’a plus d’importance pour toi. Qu’il a perdu et qu’il n’y a qu’Alonso. Imbecile de Jeffrey, maladroit dans ce qu’il dit et pourtant si sincère.