Jeff s'est installé en face de lui. Cet écart entre eux, creusé par Russel... Dans quel état les a-t-il mis tous les deux ? Il y a encore une heure, peut-être une heure et demi, ils parlaient de partir voyager ensemble. Jeff commence à lui répondre. Alonso lève la tête et le regarde. Les mots de Jeff sont dévastateurs, le chagrin le prend, il imagine ce qui s'est passé. Les moments d'emprise psychologique, la souffrance, la peur et la libération. L'empathie d'Alonso prend le dessus sur le doute. Il repense à Sonia, à leur relation, à leur échec. Tu es en train de me dire que toi, tu l'as demandé en mariage ? Il a l'impression de tomber. Pourquoi il s'attache à ce morceau d'histoire ? Ce n'est pas vraiment ça l'important dans ce que lui a dit... Jeff s'est perdu dans cette relation. Il se sent creux. Il aurait dû le protéger mieux que ça. Il se lève de nouveau, fait les cents pas dans la pièce. Il n'arrive pas à trouver ce qu'il veut dire. Il s'énerve, contre lui-même cette fois, mais le pauvre Jeff ne peut pas le savoir. Il est en colère parce qu'il a tous ces sentiments qu'il n'arrive pas à gérer parce qu'il voudrait ne pas crier mais qu'il sent qu'il en a besoin. Qu'il sait que si les mots sortent, il ne sortiront pas dans le bon sens, qu'il ne pourra pas avoir de contrôle sur eux.

Tu as craint pourquoi Jeff ? Pourquoi tu ne peux pas terminer tes phrases avec moi ? De quoi tu as si peur ? Est-ce que c'est moi qui te fait peur ? Est-ce que c'est de parler ? De dire ce qui s'est passé ? Tu as peur de quoi ? Que je t'en veuille ? Que je sois déçu ? Que je te quitte ? Je croyais qu'on avait dépassé ce stade... J'ai besoin que tu me dises les choses, je ne peux pas me contenter de les imaginer Jeff, je ne suis pas dans ta tête, je ne peux pas simplement imaginer ce que tu as vécu ou comment tu l'as vécu. C'est trop loin de ma réalité, trop loin de ce que moi j'ai vécu. Je suis las d'essayer de me refaire ces films dans ma tête de reconstruire des morceaux de puzzle éparpillés. Quand tu dis que ça ne servait à rien de vivre... Jeff. Est-ce que tu as eu envie de te faire du mal quand tu étais avec lui ? Tout se déverse, Alonso n'a plus envie d'aller dessiner, il a envie de courrir, de sortir, d'arrêter d'étouffer. Son souffle est court et sa montre a bippé plus d'une fois, il indiquant qu'il dépassait la limite décrétée par le médecin. Il l'enlève et la pose dans un geste impulsif qui ne lui ressemble pas. Il doit se calmer, il le sait, mais à part partir et le laisser en plan, il ne voit pas ce qui le ferait redescendre.

Tu en étais sur, tu n'as pas les mots. Tu le mets juste en colère, tu t'entraines toi-même dans ta chute, Alonso aussi. Tu penses devoir répondre à sa première question, mais il reprend la parole, parle plus fort, tu le sens agacé. Forcément, la panique te faire croire n'importe quoi. Tu viens même à te dire que peut être, tu ne mérites que d'être avec quelqu'un comme Russell, comme il te l'a dit.

Tu n'arrives pas à parler, pas à répondre. Oui, tu as peur qu'il te quitte, c'est même ta plus grande peur à l'instant. Et même si tu devrais lui répondre, que tu sais que tu devrais le faire, ça ne sort pas. Tu as beau faire à chaque fois des efforts, il y a toujours de nouveaux problèmes qui s'ajoutent. Mais tu ne peux pas juste les surmonter un à un. Chaque nouvelle épreuve t'épuise, tu tentes de passer à la suivante mais celle que tu viens d'essuyer a été trop intense. Tu te dis pourtant que tu dois lutter mais tu sais que tu as déjà perdu, que tu ne lutteras pas une fois de plus. Tu trembles, tu es si statique en comparaison de lui. Il a besoin de tout extérioriser, alors que tu as besoin de tout enfermer. Tu as envie de te recroqueviller, de te mettre en boule. Mais tu luttes encore parce que tu n'as pas envie que votre histoire se termine. Je n'y arrive pas. Tu parles bas et tu dis qu'il n'a pas entendu, ta voix se casse, tes sanglots camouflent des mots. Tu déglutis difficilement alors tu grimaces. Je n'y arrive pas ! Tu parles bien plus fort cette fois. Je sais que je devrai mais je n'y arrive pas Alonso ! Je ne veux pas parler de tout ça, j'ai besoin de garder ces choses loin de moi maintenant. Tu sais ce que c'est d'être un raté ? De savoir qu'on se complait dans ce type de relation, de savoir que c'est mal et pathétique et pourtant de toujours y replonger ? Tu sais ce que c'est que de décevoir les seules personnes, je dis bien les seules, qui sont là pour toi ? Je sais tout ça et pourtant je suis venu ici. Pourquoi ? J'en sais rien. J'ai pas toutes les réponses Alonso. Il l'a dit que je serai un fardeau, il a raison. Peut être que Russell est le prix à payer pour les personnes comme moi, je sais pas, c'est ce que je me dis quand je vois ce que je fais aux personnes comme toi. Tu te sens si frêle à ce moment, ton corps pourrait lâcher mais il ne le fera pas. Tu peux garder la chambre, je trouverai une solution. Tu vois, je choisis la fuite finalement. Tu fermes les yeux un instant. Qu'est ce que tu peux t'en vouloir. Tu sais très bien ce que tu feras quand tu quitteras cette chambre. Tu le sais. Tu l'aimes tellement ton Alonso, pourquoi tu n'es pas juste capable de lui dire, de répondre à ce qu'il veut. Tu as assez lutté comme ça. Tu pousses un long soupire et tu te lèves, il faut que tu prépares tes affaires alors tu passes en mode automatique.

Jeff lui répond, Alonso est cloué sur place. Ces mots lui font l'effet d'une gifle. Une gifle qu'il aurait bien méritée. Il est allé trop loin. Il en avait conscience avant même  de parler mais il n'avait pas pu s'en empêcher. La dernière phrase l'achève et le glace. Ce qu'il entend c'est que Jeff n'a pas fuit pas devant Russel, mais il fuit devant lui. Est-ce qu'il va retrouver Russel ? Cette pensée est fugasse mais l'empli d'effroi. Les premières secondes, il reste immobile, il le regarde faire ses affaires, c'est réel, ça se passe devant ses yeux, Jeff prend ses affaires. Tu n'es pas un raté... ni un fardeau. Tu es l'homme que j'aime, l'homme avec qui je veux être. Ne part pas, Jeff... Je t'en prie, pose ça. Je t'en supplie. Il vient se mettre devant Jeff, entre lui et la porte, cette porte qu'il ne veut pas qu'il franchisse car il ne sait pas s'il sera capable de le retrouver dans Londres et qu'il ne veut pas le laisser seul autant qu'il ne veut pas lui-même se retrouver seul. Alonso lui prend l'un de ses sacs des mains et le pose par terre. Pose ça, Jeff, si tu ne veux plus me voir, c'est moi qui part. Il est hors de question que je te laisse comme ça dehors. C'est hors de question... Alonso commence à paniquer, vraiment paniquer. Si Jeff a commencé à pleurer en arrivant à l'hôtel c'est maintenant que les larmes affeurent aux paupières de l'Espagnol.

Ce n'est pas grave si tu n'arrives pas à me parler. Mais je t'en supplie reste avec moi... Je suis désolé, désolé... Il se répète, il l'est vraiment. Sonia revient dans son esprit, elle qui était querelleuse cherchait toujours à le mettre en colère pour qu'il lui prouve qu'il l'aimait, pour elle l'amour passait par ce genre de grandes colères, Alonso avait toujours détesté ce trait de caractère. Jeff est à l'opposé, un mot de trop et il doute, il fuit, il se cache, se terre, ce n'est finalement pas plus facile à gérer... Il cherche ses yeux, il tremble de froid ou de tristesse, il ne sait pas. Est-ce que... Est-ce que je peux te prendre dans mes bras Jeff ? S'il te plait... Il n'attend pas vraiment de réponse, il s'approche rompant la distance tacite qu'il avait mise entre eux. Tu as dit que tu aimais toujours quand je te touchais. Faites que ce soit vrai pense-t-il sans savoir vraiment à qui il le demande. Sa voix est un murmure, il espère vraiment qu'il n'est pas en train de le dégoûter comme Russel l'a fait. Il a tellement besoin que ce soit vrai. Il bouge mais ne sait pas où poser sa main, cette main qui n'arrive plus à garder sa précision habituelle dans la panique et la peur, alors il commence par son visage, les doigts d'Alonso glissent de sa barbe à sa nuque, son corps se rapproche du sien et il vient l'étreindre. Te amo... Ne part pas Jeff... Je t'aime tellement. Je suis désolé pour les mots que j'ai prononcé, j'étais en colère parce que j'aurais aimé pouvoir te protéger et je n'ai pas pu. Je suis désolé... Pardonne-moi Jeff. Alonso tremble de peur, sa tête se niche dans le cou de son aimé. Je ne peux pas te laisser partir comme ça. Si tu ne veux plus me voir, c'est moi qui part... répète-t-il en le serrant un peu plus fort contre lui. Les larmes mouillent la chemise de Jeff.

Alonso ne te retient pas. C'est comme ça. tu n'es pas en état de te poser la moindre question. Vous venez d'arriver alors les affaires sont déjà prêtes, en réalité, tu as juste à trier ce qui est à toi, ce qui est à lui. Tu sais que dans certaines valises, il y a des deux alors celles ci tu n'y touches pas. Tu vas devoir te les trainer, tu ne sais pas où tu vas aller alors tu prends un sac et une valise, le sac que tu portes en bandoulière, la valise qui a des roulettes et tes papiers, un autre petit avec du maquillage principalement, tu peux le porter à la main. Tu n'es pas toujours aussi lucide quand tu fuis, alors c'est plutôt une bonne chose, malgré tout. Tu ne penses à rien, ça te fera mal bien sûr, mais plus tard.

Pourtant, Alonso intervient, te sort de ce mode automatique qui ne servait qu'à te faire avancer. Tu ne pleures plus. Tu n'es pas en colère non plus. Ton visage est vidé de toute émotion. Tu t'arrêtes, tu le regardes mais il ne doit rien déceler sur le visage qu'il a en face de lui. Il te prend le petit sac qui contient le maquillage, tu le laisses faire, tu le regardes faire. Tu n'arrives pas à réagir, peut être parce que tout est déjà acté dans ton esprit. Il te demande s'il peut te prendre dans ses bras et tu ne réponds rien. Tes yeux suivent sa main, il n'y a aucune peur dans ton regard, peut être juste qu'il commence à se rallumer. Tes sourcils se lèvent légèrement, tu sens ton cœur battre. Tu n'as aucun geste de recul, au contraire, sa main qui te touche est la plus douce des caresses. C'est un peu irréel, les premières secondes, puis parce que tu en as autant envie que besoin, tu penches ta tête quand sa main touche ta barbe, pour qu'elle vienne s'y nicher quelques instants. Tu te sens moins tendu d'un coup. Il te serre d'abord. Tu regrette d'avoir ce sac en bandoulière maintenant. Il vous gène dans vos mouvements. Tu réponds à son étreinte, c'est tout ce que tu voulais. Un geste de sa part, les excuses, tu peux t'en ficher, tu veux juste ne pas le dégouter. Tu veux qu'il ait envie de te toucher, de t'aimer. Tu ferais tellement pour lui. Tu as pensé à tort que tu pouvais tout faire pour Alonso. Mais tu restes humain, un humain bourré de faiblesses et de défauts, un humain tout aussi grandiose que fragile. Alonso a raison, tu devrais lui faire confiance, mais il devrait te laisser le temps de son côté. Aimer ne suffit pas à changer qui on est. Tu respires son parfum, sa douce odeur, son corps contre le tiens. Tu ne tiens plus ta valide à roulettes, tu le tiens lui. Fort, tu le serres fort pour comprendre qu'il est bien là, que tu as paniqué, que ton cerveau s'est emballé, que tes émotions t'ont submergés. Rien de bon pour ta maladie. Si Russell s'en servait pour te rendre malléable, Alonso lui semble juste ne pas savoir faire. Il a le droit, de ne pas savoir. De se tromper. On parlera, j'ai juste besoin de temps, s'il te plait. La pression retombe, tes jambes tremblent. Ta tête tourne un peu, tu rouvres les yeux et voient quelques tâches blanches dans ta vision. Le voyage, Russell, ce qui vient de se passer et le fait que tu manges peu en général... Ton corps dit stop. Tu te sens tomber contre lui, le sac que tu tiens encore n'aide pas. Alonso ? J'vais-... Tes jambes lâchent c'est si soudain et le sac t'entraine vers le sol. Alonso essaie de te retenir mais tu finis à terre, surement à cause du sac. Tes nerfs lâchent, tu ne t'es pas fait mal et la seule chose qui te vient c'est un éclat de rire. Tes jambes et tes nerfs lâchent complètement.

Ce qu'il souhaite, c'est qu'il reste avec lui, il sait que si Jeff part, il peut partir en crise, il avait juste oublié pendant un moment que ça pouvait arriver. Comment avait-il pu oublier ça ? Quel piètre petit ami il faisait. Jeff avait son sac bandoulière et sa valise à roulette sur lui, il était prêt à le quitter pour aller on ne sait où, il ne savait où non plus sans doute. Mais Alonso ne voulait pas le retrouver à l'hôpital une fois de plus, ni ici, ni ailleurs, mais encore moins ici. Sa main qui le touche, son visage qui lui montre que c'est la bonne direction, il hésite et il y va doucement pour le prendre dans ses bras. Alonso ne pleure pas vraiment, simplement des larmes de trop d'émotion coulent de ses joues. Jeff répond à son câlin en le serrant fort à son tour et Alonso commence à se rassurer. Ses mots sont une promesse de dialogue et c'est tout ce qui compte. Soudain, il sent Jeff relâcher son étreinte. Jeff ? La réponse physique d'Alonso arrive trop tard pour retenir la chute. Jeff s'écroule dans ses bras.

Alonso a un temps de peur avant de le voir éclater de rire. Tu le sais que je suis cardiaque ? s'exclame-t-il sur un ton de reproche amusé. Son sourire revient en entendant son rire, ça lui fait l'effet d'une bouffée de bonheur. Il s'accroupit à côté de Jeff et lui retire le sac à bandoulière en venant chercher un baiser sur ses lèvres. Tu peux te relever, cariño ? Un sourire vient naître sur ses lèvres. Il vient caresser sa joue. Tu tombes beaucoup aujourd'hui, on va peut-être surveiller ton oreille interne. Alonso fait reference à la chute de Jeff dans le tapis à midi, mais ça le fait rire. On va me prendre pour un homme violent avec tous les bleus que tu vas avoir. Il l'aide à s'assoir. On va manger au restaurant de l'hôtel si tu veux, ça nous fera moins loin à marcher. Je te l'offre bien sûr. Il lui sourit. Il espère que l'incident est passé. Au moins pour un moment. Tu peux te lever mi amor ?

Te voilà à terre et comme c'est le dernier de tes soucis, que d'ailleurs, tes angoisses s'envolent, tu te mets à rire. Un vrai rire qui vient du fond de ta gorge. Tu ne le contrôles même pas. Tu hoches la tête, oui tu le sais, tu vas tenter de rester sur tes guiboles, la prochaine fois. Mais le sac a été trop lourd, Alonso le retire, t'embrasse rapidement, tu chercheras à l'embrasser plus longtemps ensuite, puis t'aides à te relever et à t'assoir sur le lit, c'est mieux pour le moment. Ta tête tourne encore un peu. Tu vois, si il y avait quelqu'un pour filmer chaque instant de notre vie, une vidéo qu'on pourrait revoir, surtout les passages importants, on verrait ça de moi, le mec qui tombe comme un soufflé pendant un moment important. Mais ça te plait. C'est tellement improbable. Ces moments là sont toujours parfaits dans les films et les séries. Oh tu aimes les regarder, avec des gâteaux autour de toi et surtout des tas de mouchoir. Mais personne ne tombe avec autant de ridicule. Jamais. Jamais je ne laisserais dire ça. Il plaisante sur les bleus mais tu ne le captes pas bien. Tu es mieux sur le lit. Tu restes assis, tes mains caressent le drap qui semble bien doux. T'es sûr ? Je dois avoir l'air horrible, tu veux être vu avec moi ? Tu connais la réponse. Mais tu as envie de l'entendre.Tu as besoin d'entendre tellement de beaux mots, ceux qui viennent d'Alonso bien sûr. Tu as besoin de dormir contre lui ce soir, tu seras le premier à partir au pays des songes. C'est dommage, tu aimerais le regarder dormir.

Un restaurant et une soirée tranquille. Tu n'aurais pas la force de plus. Demain tu te sentiras mieux.

Ils se sont posés sur le lit. Alonso caresse les cheveux de Jeff, il a besoin de ces moments de sincérité et de tendresse. Son bien aimé parle du moment qui vient de se passer comme d'un moment important, Alonso ne sait pas comment le prendre. Il lui sourit maladroitement. On a eu une rude journée, murmure en réponse Al. Jeff est épuisé, la preuve est qu'il ne tient plus sur ses jambes. Al lui aussi travaille sur sa réserve de fatigue. Il n'a pas vraiment envie de manger, la boule dans son ventre est toujours présente. Alonso rit pourtant de la réaction de Jeff qui s'inquiète de ne pas être assez présentable pour le restaurant. Il lui répond en espagnol Tu es toujours parfait à mes yeux, mon chéri. Je suis si soulagé que tu sois là avec moi. J'ai eu si peur, si tu savais... il avait perdu l'habitude de lui parler dans cette langue pour exprimer ses peurs et ses angoisses qu'il n'arrivait pas à l'exprimer, alors il sent qu'il a besoin de ce pas en arrière. Il se dit que s'il avait explosé en espagnol, peut-être que Jeff n'aurait pas pris ses affaires. Il se sent encore si mal.

Ils restent encore un peu sur le lit, Al prend Jeff dans ses bras doucement. Je vais me doucher, j'ai besoin de me changer, annonce-t-il. Il a surtout besoin de se changer les idées car il sent que son stress est encore bien présent. Il avait pris une douche à midi chez Russel, mais il ne voulait plus porter les vêtements qu'il avait porté chez cet homme. Il embrasse doucement Jeff avant d'aller à la douche, lui promettant qu'il revient vite, qu'il l'aime fort. Heureusement qu'il y a aussi une douche parce que la baignoire ne lui dit vraiment rien à l'instant. Alonso allume l'eau pour faire semblant de se doucher et se laisse aller dans la salle de bain en se regardant dans le miroir. Alonso lâche de nouveau quelques larmes de fatigue et de stress accumulé qui avaient besoin de sortir et que la chute de son compagnon avaient arrêtées. Jeff était là dans la chambre à ses côtés. Il essaie de se rassurer, mais il sent remonter ses angoisses et respire doucement pour les faire redescendre.

Il finit par passer sous la douche, l'eau brulante lui fait du bien, il se sent respirer mieux. Il essaie de se persuader que la semaine n'a plus de raison de mal se passer. Ils n'ont qu'à prendre soin l'un de l'autre. Veiller sur Jeff... Ne jamais devenir Russel. Malgré lui ces pensées le hante encore. Il espère qu'avec le temps, elles disparaîtront. Il sort de la douche, se coiffe et passe une serviette autour de ses hanches. Il espère brièvement que Jeff ne s'est pas enfui pendant qu'il l'a laissé, cette peur aussi revenait donc... elle finirait par partir, il le sait, mais il allait de nouveau vivre avec cette sensation quelques semaines, il le sait aussi. Pourtant, il l'a choisi quelques mois plus tôt dans cette chambre d'hopital. Il ne regrette pas son choix, il a pourtant hâte que la journée se termine. Si tu es trop fatigué Jeff, on peut demander le service de chambre, on a toute la semaine pour sortir. déclare-t-il en sortant de la salle de bain les idées bien plus claires que lorsqu'il y était rentré une vingtaine de minutes avant.

Une rude journée, et c'est peu dire. Mais elle est finie. Il reste encore la soirée, mais les fortes émotions sont finies pour aujourd'hui, pour demain, pour le mois à venir, tu espères. On pourrait croire que tu vis de cela, mais ce n'est pas le cas. Ça te fatigue tellement. C'est juste que tu contrôles tellement peu ce que tu ressens, surtout quand tu le ressens si fort. Il te parle dans sa langue, c'est si beau, c'est toujours beau, précieux. Tu ne t'en lasseras jamais.

Vous restez l'un contre l'autre dans le lit, simplement. Alonso te dit qu'il va prendre une douche, tu comprends qu'il en a autant besoin pour prendre du temps pour lui que pour se rafraichir. C'est normal. Tu ne crains plus rien. Tu profites de son absence pour retirer tes chaussures, être plus à l'aise le temps de sa douche. Tu ramènes un oreiller pour ta tête, tu n'es pas totalement au fond du lit. Tu fermes les yeux. Tu es tellement apaisé que tu pourrais t'endormir et tu luttes pour que ça n'arrive pas. Vous avez votre soirée. Alonso revient, tu sursautes légèrement mais tu reprends vite tes esprits. Reste comme ça alors. J'adore regarder les formes que ça te dessine. Il est beau, si beau. Son corps est si plaisant à regarder. Alonso ? Tu captes son regard. Ça te plairait si on passait la soirée nus, dans cette chambre ? Ça te plairait, si ça lui va. Sinon, tu ne le proposerais pas. C'est un sujet assez sensible pour toi mais tu en as envie. Peut être aussi pour lui montrer que tu lui fais confiance. Enfin, après avoir commandé bien sûr... Je n'ai pas envie de dormir dehors pour atteinte à la pudeur... Tu trouves le lieu si beau, pour toi, il se prête parfaitement à la nudité.

Jeff est là, toujours là, son cœur s'apaise instantanément. Il lui en est si reconnaissant, ça pouvait paraître vain mais la présence de Jeff lui fait tellement de bien. Il a l'impression de marcher sur un fil en équilibre comme un funambule alors chaque pas dans la bonne direction lui fait du bien. La proposition de Jeff est indécente, ça le fait sourire. Il aime le regard qu'il pose sur son corps. Tu es sûr de toi ? Il sait que Jeff a un problème avec sa nudité, même lorsqu'il est seul avec lui. Il espère qu'il ne se force pas, mais Jeff a l'air sûr de lui alors, il essaie de le croire. Très bien, je garde la serviette jusqu'au room service alors. Il sourit, c'est curieux comme proposition mais être nu dans cette chambre avec Jeff lui plait. Alonso vient se poser sur le lit avec la carte de la chambre.

Ils échangent sur le menu, c'est juste normal et détendu et ça lui plait ces petits moments de tranquillité. Jeff prend le boeuf bourguignon, Alonso opte pour la salade tricolore, il a bien mieux mangé à midi que Jeff et l'appetit n'est pas encore totalement là malgré la douche. Alonso appelle et ils récupèrent leur commande dans la demi-heure qui suit, le service est rapide, surtout pour un dimanche soir. En attendant, Alonso regarde un peu ses réseaux sociaux, il poste une story et un dessin qu'il avait préparé. C'est juste trois planches de Cha-Cha qui rencontre sa sœur sous la table avec ses grands yeux de chiot. La première Joey demande s'il peut faire garder le chien, la seconde la jeune femme découvre le chien, la dernière Cha-Cha est écrasée contre sa joue et supplie même Joey de la garder plus longtemps. Ça ne s'est pas passé comme ça bien sûr, comme d'habitude et Cha-Cha n'a pas de nom dans l'histoire, elle ressemble d'ailleurs plus à un petit berger des Schetland qu'à un teckel. Mais, le naturel de sa sœur lui avait tellement plu qu'il l'avait rapidement dessiné avant le départ... Ils en profite pour tirer les rideaux et allumer les douces lumières.

Les plats arrivent et Alonso passe un tee-shirt pour aller les récupérer, La nourriture a été disposée sur un gueridon, le serveur leur souhaite une bonne soirée et s'éclipse immédiatement. La porte est fermée, Al a posé le "ne pas déranger" sur la porte. Ce serait dommage d'être réveillé demain matin par le service de chambre. Il regarde Jeff, ne sachant pas bien comment souhaite que ça se déroule, il enlève pour le moment simplement le tee-shirt qu'il vient de mettre et reste de nouveau en serviette. Tu viens ? demande-t-il tendrement à son amoureux. J'ai très envie de t'embrasser... Il n'a pas d'autre intention que de passer un moment tendre avec Jeff ce soir, nu, demi-nu ou habillé, peu lui importe tant qu'il était contre lui.

Tu es sûr. Tu souris et tu lui embrasses la joue, pour le confirmer. Peut être que tu auras un peu honte, au début, mais tu as l'impression que c'est le meilleur moment pour dépasser tes peurs.

Tu profites du moment de flottement entre la commande et la réception de celle-ci pour également aller prendre une douche. Finalement, ce n'est pas une mauvaise idée et Alonso doit sentir bien meilleur, tu n'as pas envie de ton côté de sentir la transpiration. Tu ressors tout de même avec des habits, les mêmes que tu as porté au cas où le personnel vient à rentrer dans la chambre. Tu pourras tout retirer ensuite assez facilement. Tu es en train de trier une valise quand on toque à la porte, c'est Alonso qui se charge de la réception. Tout est bon maintenant, votre repas est là, plus personne ne viendra toquer. Tu poses les yeux sur les fesses d'Alonso, quand il est dos à toi près de la porte. Tu les imagines déjà sans la serviette et l'idée te plait, elle t'émoustille même. Tu vas le rejoindre, tu prends tout de même ton temps. Tu as le temps. Tes mains se posent sur ses hanches, tu poses ton front contre le sien, juste pour le regarder de longues secondes. Tu le laisses ensuite t'embrasser, lui qui le demandait, tu le laisses donc t'offrir un tendre baiser, ceux que tu aimes le plus. Quand le baiser est terminé et que tu en profites pour lui embrasser la barbe, tu en profites également pour tirer sur sa serviette et la laisser tomber. Ce n'est pas juste, parce qu'Alonso n'avait plus que ça et que tu as de nouveau une chemise et un pantalon. J'ai gagné, je t'ai déshabillé en premier. Que tu lui susurres près de l'oreille. Tu ris doucement, ce n'était pas fairplay du tout, Alonso n'avait aucune chance. Mais le perdant gagne le droit de déshabiller le gagnant comme il l'entend. Tu as des idées, une envie ? Juste tout retirer comme un sauvage me va aussi. Pour le moment, tu le gardes contre toi, les mains posées sur le bas de son dos nu, une main remonte et du bout de ton index, dessine la courbe de sa colonne vertébrale.