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Beau malheur (Gabriel)

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Mykolas Kalnietis
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Mykolas Kalnietis

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Beau malheur (Gabriel) Gh10

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LITTLE TALKS : 236
PSEUDO : Quentin
AVATAR : Justs Sirmais
CREDITS : Me & Astra
ÂGE : 29
QUARTIER : (#002) Lilac Road (Bâtiment 1 - apt 1). Un F3 ennuyeux de simplicité qu'il partage avec son frère.
MÉTIER : Gosse se rêvant jadis pilote de ligne. Une vocation prématurément portée en terre par une perception faussée des couleurs. Compromis trouvé en embrassant la carrière de steward au sein de la compagnie American Airlines.
COEUR : Insaisissable adonis, disposant d’un soupirant transi dans chaque (aéro)port. Toujours en transit, jamais arrivé à bon cœur. Charmer, enlacer, soupirer. Déserter, recommencer. Etre oublié pour ne pas peiner. Etre oublié pour se sentir aimé.
INTERVENTIONS RL : Oui
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MessageSujet: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyVen 19 Juil - 17:45

Beau malheur
@Gabriel Montero & Mykolas Kalnietis

Beau malheur (Gabriel) 1f4c5 Juillet 2024
Beau malheur (Gabriel) Round-pushpin_1f4cd Redwood Hills, VT
Beau malheur (Gabriel) 1f3e0 (#002) - Lilac Road

Rapide, instantané, à l’orée du brutal. A peine a-t-il quitté l’orbite de la planète Instagram que déjà le téléphone, toujours blotti entre ses mains flemmardes, se met à bourdonner et frissonner à qui mieux mieux. Preuve en est – s’il en fallait encore une – de l’engouement et du succès soulevé par les publications dites d’autrefois. Ces petites pastilles au goût de passé, qui suscitent un mélange de nostalgie et de honte, chez les quelques courageux qui s’aventurent à les poster. Ainsi que la raillerie badine, des utilisateurs découvrant ces clichés aux couleurs délavées. Le Taz à la gueule bée, égayant l’écran de veille du mobile fissuré, se retrouve bientôt enseveli sous une avalanche de notifications.

Des like en bataille, des commentaires en pagaille.

Certains abonnés peinent à réaliser qu’il ait un jour pu être ce grand dégingandé, tout à droite sur la photo. D’autres s’étonnent d’apprendre – et n’auraient probablement jamais soupçonné – qu’il soit féru de water-polo. Inattendue et soudaine, une correspondance germe dans la parcelle des DM. Un nom, depuis longtemps perdu dans les limbes de sa mémoire, vient se rappeler à son bon souvenir.

Lloyd Salisbury.

Le second éphèbe en partant de la gauche, sur le post fraîchement partagé. Arrière central au sein de l’équipe de poloïstes, et fils à papa notoire. Un peu snob, un peu faraud. Pas plus d’atomes crochus ou d’affinités que cela. Les ponts bringuebalants – tissés entre eux par cette passion commune pour le sport aquatique – s’étaient tout naturellement effondrés à l’aube du second semestre, sitôt que l’énergumène balte déserta le campus de Boston, et se résolut à l’idée que l’apprentissage universitaire des langues étrangères n’était définitivement pas fait pour lui. Le tout sans que l’une ou l’autre des parties, n’en soit véritablement affectée.

Loin des yeux, loin du cœur.

Un échange de politesses et civilités creuses. L’amas de glace s’étant formé toutes ces années durant, entreprend son lent dégel. Tant et si bien que surgit l’envie de rattraper le temps perdu. Sans surprise, Lloyd a réussi la vie. Vingt-neuf ans, à la tête d’une florissante entreprise de matériel informatique. La fatuité et l’orgueil dégoulinent un peu plus à chacun de ses messages. De l’esbroufe et une faconde à n’en plus finir. Avec le désir patent de vendre une histoire fumeuse de self-made man. L’énergie qu’il y consacre arrache à Mykolas un sourire acide.

"Hein, hein … et quid de l’argent de papa pour se lancer, renflouer les caisses en périodes de récession et éponger les dettes ? Self-made man ; mon cul, ouais !", pense-t-il acerbe et passablement exaspéré par cette débauche d’autosatisfaction hypertrophiée.

Au bout de l’ennui et contre toute attente, le narcissique daigne lever le nez de son nombril et feint de s’intéresser à son interlocuteur. Non, il n’est pas devenu pilote de ligne.

"Oh.".

Interjection délicieusement épurée et consensuelle. Comprenez : "Alors, t’es donc un louseur.". Malaise et gêne se dessinent sur fond de silence radio. La discussion retrouve toutefois une certaine fluidité, dès lors que le steward révèle qu’il travaille tout de même dans le domaine de l’aéronautique. Le coéquipier d’antan se rattrape comme il peut aux branches, et affirme qu’il n’est guère étonné. Mieux encore, il poursuit en confessant que de tout les sept, Myko’ lui a toujours paru être celui qui savait parfaitement ce qu’il voulait - et qui finissait toujours, d’une façon ou l’autre, par l’obtenir.

Stupeur et tremblements.

Même si ces quelques mots manquent à l’évidence de sincérité, d’objectivité, et relèvent pour sûr de la brosse à reluire … ils ne sont pas sans déplaire à leur bénéficiaire. Jamais il ne s’était vu sous ce jour. Et jamais encore quelqu’un ne s’était risqué à le dépeindre de la sorte. L’expression rembrunie plaquée sur son visage se craquelle et s’adoucit sensiblement.

Sans transition, ou presque, Lloyd se met à louer la perspective de retrouvailles en chair et en os. Sur sa lancée, il jette au débotté une invitation et convie son pote du bahut à "dîner à la maison demain soir". Concluant, avec toute la fougue d’un adolescent attardé, que "Molly et les enfants" seront ravis de faire sa connaissance. Révulsé, une grimace déchire les traits du bourlingueur qui voit d’ici le tableau.

Le parfait petit couple de parvenus, menant grand train dans une magnifique demeure sur Main Street. Une épouse tout à fait charmante, travaillant dans une coquette boutique des beaux quartiers de Burlington, et qui trouve encore le temps de se consacrer – hypocritement - à des œuvres de charité, pour enluminer son image. Deux gosses choyés, et pas très vifs intellectuellement parlant, mais parfaitement bien élevés au demeurant. La définition par excellence d’une vie de prisonnier à ciel ouvert, que Mykolas n’envie pour rien au monde.

"Tsss, mon pauvre Lloyd … te voilà devenu un vieux papy-pantoufles aussi chiant que la pluie !", songe-t-il en étouffant un ricanement moqueur.

Un nanti s’emmerdant comme un rat mort dans sa petite vie bien étriquée, et qui tente de revivre les riches heures de sa jeunesse envolée. Le comble du pathétique. Bercé entre la pitié et la possibilité de déguster à l’œil un homard Thermidor sur son lit de truffes blanches, accompagné d’un Château d’Yquem millésimé ; l’itinérant consent finalement à honorer la requête qui lui est adressée. Après tout, et faute de mieux, il faut bien trouver de quoi faire passer le temps.

"Monsieur ? On est arrivé.", informe aimablement le chauffeur de taxi, d’une voix lasse et brisée par la fatigue.

Quelque peu avachi sur la banquette arrière, le passager se redresse et rengaine son portable, qu’il échange contre un portefeuille élimé. Des bordées de bâtisses en bois toutes identiques, des balcons qui dégueulent de fleurs, pas un mégot qui traîne sur l'uniformité des trottoirs. Pas de doute, Home sweet home, c’est bien toi. Nez collé à la vitre pour profiter de la clarté d’un lampadaire au halo faiblard, Myko' pioche quatre coupures à l’effigie d’Alexander Hamilton, qu’il tend au conducteur à travers la cloison en plexiglas, afin de s’acquitter du montant de la course.

Au 002 de Lilac Road, rien de nouveau sous le soleil du rez-de-chaussée. Modèle de constance absolu, l’ascenseur en est exactement là où il l’a laissé avant son départ. A savoir dans le coma, et affublé d’un irritant écriteau hors service, placardé sur les portes. Exaspéré de retrouver ce tenace désagrément, le locataire tempête et maugrée, en empruntant de très mauvaise grâce les escaliers grinçants.

Ne faisant guère état du sommeil de ses voisins, il traîne mollement sa valise dont les roulettes maltraitent les marches, dans un raffut de tous les diables. Calvaire gravi et étage atteint, ses paumes autopsient à tâtons le contenu de ses poches. Rien dans le blazer aux épaulettes bordées de liserés dorés. Pas mieux du côté du pantalon bleu navy.

Turlututu, perdu !

"Eh, merde !", tonne-t-il furieux, en déplorant l’absence du sésame cranté, devant la porte close de ses chères pénates.

Les chances de trouver un vendredi soir à Redwood Hills, ou dans ses alentours, un serrurier - qui ne le délestera pas d’une blinde – étaient, à peu de chose près, équivalentes à celles de rencontrer un manchot empereur, au cours d’un safari dans le Serengeti. Gêné aux entournures à l’idée d’importuner le concierge à une heure aussi tardive, le passeur ne vit hélas guère d’autre alternative pour se sortir de ce mauvais pas. Sur le point de rebrousser chemin, le numéro 002 trônant sur la porte de l’appartement d’en face, ravive soudain ses espoirs amoindris.

L’antre de Gabriel. Ce voisin renfrogné, ou amène selon les jours. Ce cuistot dont les regards - tantôt bourrus, tantôt scrutateurs – l’horripilent autant qu’ils le font bander. Ne sachant sur quel pied danser, ni comment il sera accueilli, Mykolas presse non sans une certaine appréhension la sonnette. Le gourmet hispanique ne tarde pas à apparaître dans l’embrasure. Pimpant et fringant. Comme d'habitude - ou presque.   

"B’soir. J’m’excuse de vous … enfin j’veux dire, de te déranger aussi tard.", commence-t-il en esquissant un sourire discret, dans l’espoir que cela puisse rendre sa visite un peu moins importune, en dépit de l’horaire.

Bien que de bon ton, et convenu d’un commun accord après deux ans de voisinage sans le moindre contentieux, l’homme-oiseau a encore toutes les peines du monde à recourir au tutoiement. Loin d’être d’une perspicacité stupéfiante, il devine néanmoins que son sens de l’à-propos laisse grandement à désirer. Forte odeur de parfum d’intérieur, lumière tamisée, petit filet de musique en fond sonore. Autant de détails qui laissent présumer une soirée en douce compagnie. Et qui, alliés à l’impassibilité avec laquelle le gastronome le fixe de ses yeux sombres, l’incitent à exposer le motif de sa venue sans plus de tergiversation.

"Voilà, j’ai égaré mes clefs et mon frère est parti rendre visite à nos parents dans le Massachusetts, alors … ", ajoute-t-il en se frottant la nuque, une moue gênée sur les lèvres. Jusqu’à ce qu’une fulgurance lui transperce l’esprit et l’amène à s’interrompre.

Alors, que peut-il bien avoir à en cirer, des aléas secouant son existence morne ? Aléas qui, lui-même, l’indiffèrent au premier chef. Malgré les rhinovirus à répétition et la dégringolade de son acuité olfactive, Myko' parvient à humer le fumet du bœuf cuit à point et à feu doux. Un nouvel élément qui l’enjoint à en venir rapidement au fait, avant que la bonne chair ne refroidisse.

"… alors, si t’as toujours le double des clefs que t’a confié Rytis lorsque l’on a emménagé, cela m’arrangerait.", termine-t-il, un sourire poli, et un peu plus prononcé, cousu sur ses lèvres minces.

C’est tout. Juste un intermède intempestif et un entracte précipité. Loin de lui l’outrecuidance de s’incruster au sein d’un décor où il n’a pas sa place. Ou de te donner la réplique le temps d’une chanson, dont le sens des paroles lui échappe complètement.

Rassure-toi.

_________________
blackbird
Blackbird, blackbird, don't sing to me. Don't sing below my window. Don't nestle here, go find lovers of your own. Fly somewhere else, don't bother me. Don't sing below my window.

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Gabriel Montero
-- membre qu'on adore --
Gabriel Montero

PERSONNAGE
I wished for a lasting love; the love lasted, but the lover lefted.

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LITTLE TALKS : 455
PSEUDO : Rainbow D.Ashe
AVATAR : Darren Criss
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ALTER-EGO : Dorian
ÂGE : 35
QUARTIER : Waterfall Avenue, Bâtiment #1, dans un petit appartement (#2) pratiquement vide...
MÉTIER : Chef cuisinier au Valhalla
COEUR : Célibataire, le cœur pas mal amoché
INTERVENTIONS RL : Oui
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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyMar 23 Juil - 9:54

Dès les derniers ustensils rangés, un profond silence s’empare de la cuisine du Valhalla. Comme bien souvent à la fin d’un long service, en particulier un vendredi soir, le Chef Montero se retrouve complètement seul pour faire briller son royaume. C’est le moment qu’il préfère. Quand les cuisiniers et commis débarrassent le plancher pour aller faire la fête dans leur coin et que la cuisine n’appartient plus qu’à lui. Quand l’agitation retombe à la fin du service et qu’il n’a plus qu’à nettoyer de fond en comble toute la pièce. Ce moment de calme l’apaise, l’aide à faire retomber la pression à la fin d’un service un peu trop intense. Il lui arrive parfois de retrouver ses collègues dans l’autre pièce ensuite, pour boire un verre, discuter un moment, ou bien de faire appel à ses applications de rencontre pour se trouver un compagnon pour le reste de la nuit quand la solitude ne lui dit rien. Pas ce soir. Ce soir, il n’a qu’une hâte : rentrer chez lui et prendre une douche bien chaude. Tellement qu’il fait même l’impasse sur son habituelle pause clope de fin de service, préférant baisser la vitre de sa voiture et fumer la cigarette tant attendue, directement installé derrière le volant.

A Redwood Hills, comme toutes les nuits ou presque, le calme règne, rarement perturbé par une voiture ou un piéton esseulé. L’immeuble endormi dans lequel le chef cuisinier entre à l’issue de son périple paraît encore plus désert que le reste de la ville. Habitué à vivre en décalage de ses voisins, Gabriel oublie peut-être de se montrer discret au moment d’ouvrir la porte de chez lui, encore plus quand il la claque dans son dos une fois à l’intérieur. Il actionne l’interrupteur en même temps qu’il retire ses chaussures, le dos appuyé contre la porte d’entrée. L’ampoule s’illumine une seconde avant de rendre l’âme, arrachant un soupir au locataire. A-t-il au moins une ampoule de rechange quelque part dans cet appartement ? Il ne se souvient certainement pas avoir fait une telle acquisition un seul jour de sa vie. Tant pis. A tâtons, le Philippin se fraye un chemin jusqu’à la cuisine et active la lampe de sa hotte. Ce n’est pas l’idéal, mais ça suffit à le guider jusqu’à la salle de bain sans qu’il ne renverse quoi que ce soit sur son passage.

Il savoure sa douche brûlante sans doute un peu plus longtemps que nécessaire, à en croire la teinte rouge de sa peau et l’épais nuage de vapeur qui s’échappe dans le reste de l’appartement quand il sort enfin de la salle de bain. Pas tellement préoccupé de ces détails, Gabe fonce enfiler un t-shirt et un jeans propres, puis lance une playlist Spotify sur la télévision et allume la lampe du salon. Il n’est pas fatigué, malgré le long service au cabaret. C’est le problème quand on vit la nuit et qu’on dort le jour… Il a encore tellement d’énergie à donner et pas grand-chose à faire. La lecture étant proscrite sans un éclairage digne de ce nom, le chef finit donc par se tourner vers la cuisine. Ça fait des jours qu’il se promet de bientôt rendre visite aux Black pour déposer quelques plats de sa création à Martha et Satya, devenus officiellement ses cobayes. S’ils sont convaincus par le résultat, Gabriel compte bien cette nouvelle recette au menu du Valhalla dans les prochaines semaines. Autant dire qu’il se montre particulièrement concentré et minutieux dès lors qu’il se met au travail, s’arrêtant après chaque étape pour prendre quelques notes détaillées de la marche à suivre et de toutes les questions qui lui passent par la tête.

La sonnette de l’entrée vient l’arracher si brusquement à sa tâche qu’un sursaut transforme un nouveau mot couché sur le papier en une petite ligne désordonnée. Un rapide coup d'œil à l’horloge numérique de son micro-onde ne lui apprend rien qu’il ne savait déjà : il est tard, beaucoup trop tard pour une quelconque visite. D’autant plus qu’il en reçoit très peu, rares sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir déjà pénétré dans son antre. C’est inévitablement inquiet qu’il se précipite à la porte et ne peut s’empêcher d’afficher une mine surprise en tombant nez à nez sur son voisin. “Salut.” lance-t-il alors que Mykolas se lance déjà dans une explication plutôt décousue du motif de sa visite. Il doit faire preuve d’un peu de patience avant que son voisin en vienne au but, mais Gabriel a au moins le temps de calmer les battements de son cœur.

“Oh…” Silence. La clé. Il se souvient vaguement d’une brève conversation dans le couloir avec Rytis, d’un trousseau de clés confié à ses bons soins et…  Rien du tout. Il faut dire que ça remonte à loin. Tout ce dont Gabriel est certain, c’est qu’elle doit bien être quelque part. Et que son silence n’a déjà que trop duré. “Bien sûr. Elle est là, quelque part.” Il jette un bref coup d'œil à l’appartement dans son dos, sans que ça ne l’aide tellement. La seule bonne nouvelle, c’est qu’il n’a pas beaucoup de meubles, alors chercher ne devrait pas lui prendre trop de temps. “Tu devrais entrer,” offre-t-il tout de même en se décalant pour laisser le passage à Myko. “Je sais que je l’ai rangé quelque part, mais ça risque de me prendre quelques minutes pour retrouver .” Il offre un sourire désolé à son voisin et, d’un geste de la main, lui désigne le canapé usé, juste à droite une fois entré dans l’appartement. “Désolé pour l’ambiance romantique, l’ampoule du plafonnier m’a lâchée et je crois que je n’en ai pas de neuve…”

Un autre sourire contrit accompagne cette déclaration. Pour tout ce qu’il a de contrôle et d’assurance derrière les fourneaux, Gabriel a le sentiment persistant d’être un vrai désastre dans tous les autres domaines de la vie, les relations sociales en tête de liste. “Je peux t’offrir à boire ?” propose-t-il, comme pour chasser le malaise qu’il sent le prendre aux tripes. Il n’a jamais eu de problème avec les deux frères, au contraire, même s’ils ne sont pas tout à fait amis, mais leurs rapports ont toujours été plus que cordiaux. Alors aucune raison d’être nerveux, pas vrai ? Nerveux, certainement pas, mais amical serait plutôt approprié. Raison pour laquelle le cuisinier se décide à continuer sur sa lancée. “J’espère que tout va bien ?” demande-t-il, hésitant. “Avec ton frère et tes parents, je veux dire… Que ce n’est qu’une visite de courtoisie.” Ou peut-être que la meilleure chose à faire, c’est de ne rien dire du tout et trouver ces clés rapidement.



_________________





I care.
I always care.
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Mykolas Kalnietis
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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyMar 23 Juil - 17:34

Beau malheur
@Gabriel Montero & Mykolas Kalnietis


Un courant d’air, un souffle, un éclair. Voilà en quoi tient et se résume son histoire. Une histoire qui prête à rire, à médire, à s’endormir. Une histoire en accord parfait, avec un style de vie bohème, qui lui sied parfaitement. Parfaitement, et plus que jamais, maintenant qu’il sait la ponctuation finale de son existence imminente. Comme une épée de Damoclès, qui tournoie dangereusement au-dessus de sa tête, et vouée à l’embrocher plus tôt que tard. Si elle aura au moins eu le mérite de lui coller un semblant de plomb dans la cervelle, la sentence médicale n’a cependant fait qu’exacerber un peu plus, son aversion pour le statisme et l’inertie. Consolidant ainsi davantage sa raison d’être, bâtie sur le principe du "Je bouge donc je suis". Comme tout un chacun, et à plus forte raison encore désormais, le routard des cieux n’est que de passage ici-bas. Le temps compté suscite l’urgence et appelle au mouvement. Il y a urgence à vivre sa vie. A vivre cent vies, sous la menace du sans vie.

Vivre à en crever.

Rencontrer, connaître, découvrir. Autant, tant qu’il le peut. Alors, Mykolas vogue. De rivages en paysages. De visages en mirages. Bien sûr, il y a toujours le repos et les escales, devenus indispensables. Ne serait-ce que pour veiller sur Rytis, et ainsi honorer la promesse faite aux parents. Toutefois, jamais la bougeotte ne connaît de répit. Elle est toujours là. Aussi lancinante qu’une démangeaison qu’il ne peut s’empêcher de gratter. Et qui ne s’apaise qu’avec la levée de l’astreinte. La fuite éperdue peut alors se poursuivre de plus belle. Auréolé d’un bonheur palpable, l’échalas balte reprend ses jambes à son corps et retourne à l’aéroport. Ne pas rester, jamais rester. Rester, c’est laisser à la faucheuse le luxe de le rattraper. Ainsi donc est-il en transit perpétuel, sur la terre comme au ciel. La mort ? Myko’ n’en a pas plus peur qu’un autre. Tout le monde doit y passer après tout. Ce qui importe, c’est ce que l’on fait tant qu’on est vif. Braconner le plaisir. Tel est ce qui l’anime encore. Le plaisir vidé de toute culpabilité. Rien de mieux pour désépaissir la liste des regrets quand sonnera le glas.

Quand il n'y aura plus rien qui chavire et qui blesse
Et quand même les chagrins auront l'air d'une caresse
Quand je verrai ma mort juste au pied de mon lit
Que je la verrai sourire de ma si petite vie
Je lui dirai : "Ecoute, laisse-moi juste une minute… .".

Tout bien considéré, le diagnostic fatidique n’a rien changé. Le monde ne s’est pas écroulé et continue de tourner. Qui était-il deux ans auparavant ? A vrai dire, plus ou moins le même qu’aujourd’hui. Insouciant, inconséquent, inconsistant. A chaque chose malheur est bon, dit-on. Faute d’être légitime, sa répulsion à établir des attaches émotionnelles devient davantage compréhensible, maintenant qu’il peut défausser à juste titre la carte du "je ne veux pas te faire de la peine, ni t'infliger cela". Le bourlingueur trace et s’emploie à réaliser ce qu’il sait faire le mieux : passer. Passer comme une étoile filante déchirant la nuit. Une étoile paradoxale, pour qui se sentir aimer, rime désormais avec être oublié. Des proches, aux conquêtes harponnées sur Tinder, en passant par le voisin d’en face. Voisin qui, à en juger par l’étonnement et les inflexions incrédules habillant sa voix suave, ne s’attendait pas à trouver âme infortunée au pas de sa porte. Certainement pas à cette heure, et encore moins pour une sollicitation de cet acabit.

Peu enclin à froisser le silence, le steward se contente de remercier sobrement le cordon bleu, en acquiesçant de la tête dans un sourire affadi. "Merci. Aucun problème, t’en fais pas. J’peux attendre.". Quelques mots psalmodiés pour s’évertuer à dédramatiser la situation, et la vider de toute vague notion d’urgence. Risette accorte et labile, le tranchant de la dextre qui s’affaire à éponger les sourcils imbibées. Exsudation localisée et soudaine, respiration saccadée. Des vertiges loin d’être aussi plaisants que ceux suscités par les substances. L’environnement qui prend des airs de carrousel débridé. Des ganglions à l’aspect très enflés. Autant de symptômes qui illustrent l’incessante tyrannie du poison infectieux, et l’incitent – en grande partie – à rester en retrait. Sur la réserve et la retenue. "Euh, je … t’es sûr ? J’tombe mal p’t’être, nan ?". Bien conscient de débouler comme un chien dans un jeu de quilles, et de troubler par là même la quiétude du Maître Queux.

I don't mean to bother you
(No I don't mean)
But can I borrow some of your time ?

Buste un tantinet incliné sur la droite, l’Icare de la Baltique contemple furtivement l’espace cuisine baignant dans une atmosphère feutrée, juste derrière le propriétaire des lieux. L’absence de couverts dressés sur la table tend à le rassurer dans l’idée, que son irruption inopportune ne vient pas plomber un moment d’intimité en charmante compagnie. Les excuses de Gabe et ses explications quant aux raisons fortuites, et beaucoup plus prosaïques, de cette ambiance tamisée digne d’un film noir achèvent de le rasséréner. "Oh. Alors, dans ce cas … .". Propos sibyllins pour finalement consentir à honorer l’invitation qui lui est faite. Curieuse manière de s’exprimer. L’approbation davantage marquée par la soustraction que l’affirmation. Latente, tacite. Suggérée, jointe à une manifestation timorée et pincée des zygomatiques. Malgré l’aimable invitation, Mykolas ne se sent guère prompt à s’éterniser, ou à profaner l’harmonie régnant dans ce havre de paix de quarante-cinq mètres carrés – à la louche.

Bienvenue chez toi.

Préférant demeurer dans l’entrée, il profite des travaux d’investigation de son hôte pour laisser son regard se balader de tous côtés. L’intérieur est à l’image de son propriétaire. Pratique, fonctionnel, modulable. Bien loin d’être surchargé, mais pas complètement dépouillé. Très peu de bibelots et de photographies. Partout, il émane un attrait indiscutable pour la musique, les arts de la table et la peinture. De-ci de là, quelques objets délicieusement désuets, confient au lieu un cachet et un charme à nul autre pareil. Un tourne-disque emblématique des années 80’S assis sur un guéridon de guingois. Un chevalet orphelin de canevas, une collection de pinceaux et de pigments. Une lampe à huile alambiquée. Des plaques minéralogiques obsolètes du Michigan et un drapeau philippin, rivés aux murs. Peut-être une guitare nichée dans un coin, un peu plus loin dans la pénombre. Il y a de la vie qui balance, une âme qui danse. Une histoire qui résonne, du caractère qui bouillonne.

Un peu de toi, un point c’est toi.

"Si tu prends quelque chose, j’veux bien t’accompagner.". Réponse qui en est une, sans vraiment en être une. Bonne pâte, arrangeant, accommodant. Toujours avec cette sacro-sainte peur de déranger, qui en deviendrait presque dérangeant. L’éternel souci de ne point vouloir abuser de la gentillesse et du temps de son sauveur, qui a sans doute bien mieux à faire que rattraper son étourderie et sa négligence. Semelles essuyées consciencieusement sur le paillasson, la poignée du paquetage à roulettes rétractée. Le silence redescend. Assourdissant, presque oppressant. Couleurs de huis-clos. Gêne et embarras subtils qui glissent sur la peau des protagonistes. Jusqu’à ce que le cuistot remette une pièce dans le juke-box de la conversation. Attentions bienveillantes. Egards affables qui agissent comme un baume onctueux et réconfortant. Un peu de gentillesse et de douceur pour réchauffer son cœur de voyageur fugueur.

"Oui, oui, rassure-toi tout va bien. J’imagine qu’ils ont sûrement planifié un de leurs traditionnels week-ends culturels.". Rétorque pudique, verbe gris. Un petit haussement des épaules pour accompagner la formulation de l’hypothèse hasardeuse. Pause subreptice, hiatus fugitif. Le regard azur perdu l’ombre d’un instant. Tournure de phrase qui en dit long sur son sentiment d’appartenance familiale. A croire qu’ils ont réussi. A le convaincre qu’il n’est pas digne d’avoir sa place dans leur monde. "Il vaut mieux que je n’sois pas dans leurs pattes. Paraît que ça fait plutôt mauvais genre de soupirer d’ennui à l’opéra, au théâtre ou dans les musées.". Petit supplément d’information apporté d’un air badin. Un bref éclat d’hilarité lâché, le coin de l’arcade nerveusement gratté. Comme s’il cherchait à sauvegarder les apparences. A entretenir l’illusion d’une concorde au sein du clan Kalnietis. Lui qui n’est pourtant qu’un neutrino errant, et incapable de se greffer à ce trio d’atomes soudés en un noyau dur et solide.

Se mettent-ils à ma place quelques fois
Quand mes ailes se froissent et mes îles se noient.

Le tic tac métronomique de la pendule rythme la chasse au trésor cranté de l’hispanique. Jalouse de ne plus avoir l’attention pleine et entière du chef, la poêle qui se languit sur le feu entonne un concert de crépitements soutenus. "Ah, j’crois que tes fourneaux te réclament. Attend, ne te dérange pas ; j’vais y aller.". Initiative serviable débitée, la main qui décrit un geste vague en adéquation avec la déclaration. Quelques enjambées pour rallier la cuisine, où se concentre l’essentiel de la luminosité. Homme-oiseau qui s’improvise commis. L’index qui pianote la bordure des plaques à induction pour en abaisser la puissance. La cuillère en bois saisie et remuée pour empêcher la préparation d’adhérer au téflon. "C’est bon, y a pas de dégât.". Diagnostic culinaire posé dans un petit sourire complice. Les abords de l’entrée rapidement regagnés, tel un gamin craignant d’essuyer une remontrance pour avoir fait montre d’un excès de familiarité et d’impolitesse.

Paralysed
Tryna find
Paradise

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Gabriel Montero
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COEUR : Célibataire, le cœur pas mal amoché
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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyMar 30 Juil - 11:04

Tandis que son invité consent à entrer dans l’appartement, Gabriel fait silencieusement la liste de tous les endroits où il aurait pu ranger ces fichues clés. Il n’y a pas de crochet gentiment fixé près de la porte, ici, c’est le genre de petit détail qui fait un foyer auquel le maître des lieux ne penserait jamais. La plupart de ses meubles jouissent d’une seconde vie ou, à l’instar de sa table basse, ont été fabriqués de ses propres mains avec quelques palettes subtilisées à l’arrière d’un supermarché. C’est auprès d’elle qu’il fait son premier arrêt, fouillant dans le plateau posé dessus en même temps qu’il s’efforce de faire la conversation à son invité. Pièces de monnaie, stylos, tickets de caisse… Le plateau contient tout un bric-à-brac extrait de ses poches à la fin d’une journée, mais certainement pas les clés de son voisin. Voisin qui ne lui donne pas l’impression d’être très à l’aise non plus. Après un coup d'œil dans sa direction, Gabriel remarque enfin la valise qu’il traîne avec lui et comprend que le pauvre homme revient sans doute d’un énième voyage Dieu sait où. Il a sûrement hâte de rentrer chez lui, de dormir aussi, pas de perdre du temps à papoter gentiment avec le chef. Ce dernier poursuit malgré tout avec ses questions polies, trop effrayé par l’idée qu’un silence s’installe pour garder les lèvres closes.

Tandis que Mykolas lui explique les plans de sa famille pour le week-end, Gabe inspecte son frigo à la recherche de quelque chose à lui offrir à boire. Il revient rapidement pour poser deux bouteilles de bière sur la table basse, un sourire amusé au coin des lèvres. “Parce qu’on peut faire autre chose à l’opéra que dormir ou s’ennuyer ?” Qu’en sait-il, après tout ? D’où il vient, on ne passe pas son temps libre à l’opéra ou au théâtre. Quant aux visites de musées, elles se cantonnent aux sorties scolaires obligatoires. Gabriel n’a rien d’un sot, seulement il faut avoir les moyens pour se permettre ce genre de hobby. De toute manière, sa remarque vise surtout à détendre l’atmosphère qui menace de s’alourdir à chaque seconde. Il décapsule les bouteilles de bière l’une après l’autre, puis avale une gorgée de la sienne, comme pour encourager son invité à se laisser un peu aller.

Prochain arrêt, sa chambre, encore plus épurée que le reste de l’appartement. Le lit se tient seul sur ses pieds au milieu de la pièce, dépouillé d’un cadre pour l’habiller. Une unique table de chevet vient lui tenir compagnie et, de l’autre côté, une grande armoire qui a vu de meilleurs jours. Seule preuve qu’une vraie personne habite cette chambre de temps à autre : les canevas fixés au mur, couverts des créations de Gabriel en personne, qu’il garde dans cette pièce où personne d’autre que lui n’entre jamais, bien à l’abri des regards indiscrets. Ce soir, il se sent bien obligé de laisser la porte grande ouverte tandis qu’il cherche dans l’unique tiroir de sa table de chevet, histoire de ne pas abandonner son invité à son sort. Malheureusement, il n’y a rien ici non plus.

Le bon côté, c’est qu’il revient dans l’autre pièce juste à temps pour découvrir que son plat momentanément oublié ne finira pas à la poubelle. “Tu me sauves la vie !” déclare-t-il en venant prendre la place du jeune homme derrière les fourneaux. “Il en va de ma réputation, je ne peux pas me permettre de servir un plat trop cuit.” Il doute que Martha ou Satya lui en tienne rigueur, mais il est comme ça. Rien qui ne soit pas parfait ne sortira de cette cuisine, à moins qu’il soit le seul à le manger. Alors avant de repartir à la chasse aux clés, il prend quelques instants pour goûter un morceau du bœuf émincé dans la poêle. Il est encore tendre, mais juste un peu trop cuit. Pour le reste, tout lui semble à peu près parfait. Les carottes et les champignons fondent dans la bouche et la sauce ne lui semble pas trop sucrée. Il apprécie le mélange de la poire au Mirin et à la sauce soja, mais se demande ce que quelqu’un qui ne partage pas ses habitudes et préférences alimentaires en penserait. Il sort une cuillère propre, qu’il remplit d’une belle portion de viande et de légumes, puis se tourne vers son invité qui n’a pas perdu de temps pour retourner se planter près de la porte d’entrée. “Tu peux t’asseoir, tu sais.” Il a probablement surtout envie de fuir le plus rapidement possible et Gabe ne fait rien pour l’y aider. Chose qui ne changera pas tout de suite. “Mais avant ça, j’ai besoin d’une opinion extérieure. Goûte moi ça et dis-moi ce que t’en penses, tu veux bien ?” Il tend la cuillère vers Myko et attend sagement que ce dernier consente à venir le rejoindre pour la glisser entre ses lèvres.

“Surtout, n’aies pas peur de te montrer brutalement honnête.” Difficile d’en exiger tant de quelqu’un qu’il connaît si peu. A la place de Mykolas, Gabe n’aurait certainement pas le cran de donner le fond de sa pensée. Il espère que l’autre homme prendra sa tâche à cœur. “Ça n’a rien d’une recette exceptionnelle, je m’essaye juste à ma propre version du Bulgogi. Un plat de bœuf coréen.” Il devra bientôt changer la carte du Valhalla pour l’automne et puisque ses patrons l’y autorisent désormais, il compte bien s’assurer qu’un plat emblématique de la cuisine asiatique y figure. “Normalement, ça se mange roulé dans une feuille de salade, avec un peu de riz et de la pâte de piment fermenté… Si ça te plait, je te montrerai ! Sauf si t’as déjà mangé dans l’avion ?” D’un geste du menton, il pointe la valise oubliée près de l’entrée. Il n’a surtout pas envie que Myko se sente forcé de rester plus longtemps qu’il ne le désire, mais il faut bien admettre que quand il s’agit de cuisine, Gabriel peut avoir tendance à s’emballer un peu.

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MÉTIER : Gosse se rêvant jadis pilote de ligne. Une vocation prématurément portée en terre par une perception faussée des couleurs. Compromis trouvé en embrassant la carrière de steward au sein de la compagnie American Airlines.
COEUR : Insaisissable adonis, disposant d’un soupirant transi dans chaque (aéro)port. Toujours en transit, jamais arrivé à bon cœur. Charmer, enlacer, soupirer. Déserter, recommencer. Etre oublié pour ne pas peiner. Etre oublié pour se sentir aimé.
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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyMar 30 Juil - 18:10

Beau malheur
@Gabriel Montero & Mykolas Kalnietis



C’est curieux. Le mélange de sentiments contradictoires, que peut vous inspirer l’approche du terminus. Exaltant et terrifiant. Grisant et pétrifiant. D’un côté, la menace du dernier soupir exacerbe les tendances égoïstes et la chasse au plaisir. Son cher et tendre Carpe Diem n’a jamais autant eu de sens, depuis que le ciel lui est tombé sur la tête. Myko a – presque - fini par complètement se départir, des tracas et soucis qui jonchent son quotidien. Plus philosophe, il a désormais renoncé au venin de la haine et des rancunes.

Que de temps gâché et d’énergie perdue.

Aujourd’hui, tout glisse sur l’électron libre. Les regards obliques, les critiques drastiques et les messes basses sarcastiques perdent de leur poids et de leur portée. Cela ne l'atteint pas. Enfin, plus autant qu’avant.  Plus rien n’importe, si ce n’est boire le calice de la vie jusqu’à la lie. S’enivrer, jusqu’au coma idyllique, des délices d’ici-bas. Saisir une dernière fois toute la beauté d’un monde qu’il lui faut quitter. Profiter, abuser, se bâfrer de joie jusqu’à l’overdose. Prendre le temps. Le temps pour un dernier verre, parler de tout et de rien. Le temps de finir ce qu’il a à faire, le temps du dernier refrain. Le temps d’embrasser les siens, le temps qu’ils lâchent sa main.

Qu’ils lâchent sa main … .

Pourtant, et d’un autre côté, Mykolas craint et redoute de passer ad patres. Inlassablement, une question, aussi lancinante qu’effrayante, tourne comme un hamster sur sa roue, dans le fatras de son esprit. "Est-ce qu’ils s’en remettront ?". Toutes celles et ceux qu’il a un jour côtoyés, et qui se sont aventurés à l’apprécier. Parviendront-ils à surmonter le chagrin, lorsqu’il les quittera des yeux ? Pour d'autres ailleurs, vers d'autres cieux. Trouveront-ils la force et le courage d’à nouveau sourire, quand il s’en ira heureux ? Pour un ultime voyage vers le grand bleu. Un voyage qui ne se fait jamais à deux.

C’est aussi pour cela que le steward apprécie Gabriel. Ainsi que ce qui les unit. Et surtout, ce qui ne les unit pas. Pas d’affect, pas d’attaches. Juste de la cordialité et de la courtoisie. Sauf rebondissent, la réalité de son trépas n’inspirera au cuistot que de l’indifférence. Pas d’effusion de joie, ni de sanglots éplorés. Juste de l’indifférence. Et c’est très bien ainsi. Myko aime et chérit la distance qu’il y a entre eux. Peut-être même qu’il la cultive. De manière plus ou moins consciente. Toutefois … il y a chez cet enchanteur des palais, quelque chose qui le tente et l’attire. Quelque chose qui le bouleverse. Des blessures qui l’appellent, et qui sont peut-être aussi un peu les siennes.

Dans ma langue ou la tienne ; dis-moi ce qui te peine

S’acquittant à merveille des préceptes édictés par "Le parfait maître de maison" illustré en dix-huit volumes, el Señor Montero dépose deux breuvages à base de houblon, fraîchement sortis du frigo, sur une table basse dont la confection fleure bon le DIY. Ainsi qu’une remarque, ô combien juste, éclairée, et pertinente. Du moins, au goût de son invité. "Apparemment, certains apprécient et sont même captivés à l’occasion. Ouais, j’sais c’est dingue. Moi aussi, ça m’troue l’cul tout autant que toi.". Réplique badine offerte à une question, qui n’attendait pas spécialement de réponse. Timbre scénique, haussement cabotin des trapèzes. Fruits immatures de ces deux années passées au sein de la troupe de saltimbanques locale.

Esquisse propice punaisée sur les lèvres. Pas l’ombre d’une vexation. Pas de quoi se braquer ou se formater non plus. Lui qui a depuis longtemps renoncé à comprendre ces familiers étrangers, avec lesquels il n’a jamais entretenu une grande complicité. Eux qui ont toujours discouru, raisonné et agi, depuis des hauteurs que lui sont inaccessibles. Suivant l’exemple du gourmet, le trublion s’avance et saisit la bouteille sur la table basse, n’ayant pas encore trouvé preneur. Mimétisme et jeu de miroir s’opèrent. Le nectar fermenté hissé en direction du cordon bleu, un toast chiche et muet porté. Le smile frugal. Une lichée lampée. Amertume qui bruisse sur les papilles, les pupilles qui lorgnent l’étiquette sur le demi en verre.

So raise your glass if you are wrong
In all the right ways
All my underdogs
We will never be never be, anything but loud
And nitty gritty dirty little freaks.

De la blonde pour un blond … voilà qui semble tout indiqué. Ayant fait chou blanc dans ses recherches, Gabe abandonne brièvement son invité incongru et poursuit sa quête en se dirigeant vers la pièce adjacente. Pièce que le globe-trotteur suppose être la chambre à coucher, d’après ce qu’il distingue derrière la porte entrouverte. Bien peu de chose à vrai dire. Juste le bas d’un sommier et un pan de mur orné d’une toile au format paysage. Rien à voir avec une simple lithographie. Loin d’être un expert – et ce en dépit des nombreuses tentatives infructueuses de ses parents pour l’éveiller et le sensibiliser à l’art pictural - le mariole ne reconnaît aucune influence cubiste, fauviste ou impressionniste. Une production à sans doute mettre au crédit de son voisin, qui visiblement excelle en bien des domaines. Et qui explique par là même, la présence de ce chevalet niché, pour ne pas dire caché, dans un coin du séjour.

Voyeurisme grossièrement interrompu par les jérémiades de la poêle. Voix haussée d’un octave, le valet des cieux fond vers la cuisine, abandonne en toute hâte son drink sur le plan de travail et informe oralement l’artiste de ses actions. Sauvetage et rescousse gastronomique en progression. La chaleur des fourneaux, alliée aux bouffées de fièvre de la maladie insidieuse, lui donnent un avant-goût des feux de l’enfer. La dextre s’empresse de faire sauter le bouton doré du blaser. Surfant sur leur lancée, les phalanges en profitent pour desserrer le nœud de la cravate qui lui comprime la glotte. Retour vivement soulagé et reconnaissant du marmiton barbu, qui reprend les rennes culinaires. "N’exagérons rien, j’n’ai sauvé que ton … ". Phrase laissée en suspens, pas de côté pour laisser le champ libre. Bière récupérée, le maintien anormalement droit et le menton un tantinet dressé. Comme pour mieux humer le fumet embaumant la pièce. Quelques reniflements nasaux rythmés.

Yummy, yummy, yummy
Mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi !

"… Bœuf à l’Oriental ?". Supposition incertaine et traînarde, avancée dans une intonation interrogative qui part dans les aigus. Les paupières plissées, les sourcils légèrement froncés. Ses pas qui le reportent dans cet espace entre la table basse et l’entrée. "Cette odeur me rappelle une escale à Busan. A moins que c’était à Taipei … .". Partage succinct d’un souvenir flou, diffus. Un marché nocturne et … ce met servi dans une espèce de cassolette, dégusté dans une de ces gargotes typiques et traditionnelles. L’équivalant asiatique des diners et des snacks occidentaux. Où était-ce, quand, avec qui ? Seul l’oubli le sait désormais.

"Oh en effet, c’est donc tout comme si ta réputation est en jeu.". Risette express, rectification et ajustement de l’opinion faite à la lumière du pourquoi du comment. Réaction des plus compréhensibles, quoi qu’un zeste drama queenique. Mais qui est-il pour lui jeter la pierre, lui qui n’a de cesse de faire le pitre pour amuser la galerie – et donner le change, en faisant comme si de rien n’était désormais. En passe de s’asseoir sur le canapé pour complaire à la remarque du locataire du numéro 2, l’ostrogoth se fige dans une position mi-assise, mi debout … pas franchement flatteuse et qui ne lui rend guère justice. Oui, très désirable et bandant à souhait, y a pas de doute … . Mirettes braquées sur le chef du Valhalla. Debout auprès du feu, une cuillère pleine à la main. La seconde placée à titre préventif en dessous. Laissant le critique comme deux ronds de flan. Pantois, incrédule et pas certain de suivre.

Take a breath
Rest your head
Close your eyes
You are right

Goûter … goûter ? A l’évidence, puisque la fine bouche se tient devant lui, comme s’il comptait lui donner la béquée. Geste que Mykolas estime - eu égard à la nature de leur relation – bigrement familier … et en même temps effroyablement sensuel – osons le dire, sexy. "Euh … d’accord.". Acquiescement ânonné, les yeux ébaubis qui clignent à vive allure. Le sourire toujours de mise – et ce malgré la gêne – afin de rester courtois. Retour complet du mètre quatre-vingt cinq à la verticale, distance avec l'âme voisine comblée. Le contenu appétissant de la cuillerée fixé quelques secondes. Puis les disques glaciers s’emmêlent aux orbes noisette de l’aîné. Buste qui s’incline vers l’avant, bouche à demi bée. Les lèvres qui s’abattent et se referment sur le couvert. Contact visuel toujours établi, joues creusées. Geste passablement équivoque, ambigu et impudique.

Recul, regard porté sur la hotte à l’horizon. Quelques mastications. Un "Hmm !" de délectation qui se manifeste, lorsque l’équilibre parfait de parfums et des saveurs explose en bouche. Caboche qui opine, les yeux ravis écarquillés. Le focus reporté sur le minois de l’orfèvre pour écouter religieusement ses explications. Le trogne blême qui soudain s’illumine et l’index, presque triomphateur, hérissé pour marquer la révélation. "Dvu Bfulgochi ! Boilà, ché cha !". Exclamation inintelligible, proférée le gosier encore encombré. Un ricanement puéril étouffé. La dextre plaquée sur le bas du visage et la tête courbée, afin d’excuser ses mauvaises manières.

Car sans rire c'est plus facile de rêver
À ce qu'on ne pourra, jamais plus toucher
Le bonheur aux lèvres, un peu naïvement.

Fort de la demande qui lui a été formulée un peu plus tôt, le fils de l’air coiffe sa casquette d’inspecteur au Gault & Millau. Prêt à rendre son verdict de fin connaisseur … qui ne s’y connaît pas vraiment. "Franchement, c’est une tuerie ! P’t’être juste ... un brin plus d’assaisonnement. Mais bon, j’suis sans doute pas très représentatif, car j’aime bien quand c’est très relevé." Premières impressions livrées à chaud. Copie conforme du goût de ses réminiscences. A deux poids, deux mesures pimentées près. Poursuite de la sentence alors que les derniers charmes achèvent de se dissiper en bouche. "Nah vraiment j’t’assure : c’est succulent. Puis la p’tite note caramélisée qui vient en second lieu … c’est divin.". Pouce levé, sourire franc et massif sur les babines alléchées. De quoi prouver la sincérité et le bien-fondé de propos, traduisant parfaitement le fond de sa pensée, et pas simplement exprimés à seule fin d’être poli.

Premier test des plus concluants, et dont l’appréciation semble combler de joie le Maître Queux aux embruns philippins. Tant et si bien qu’il se sent d’humeur à faire un peu de rab’ et à profiter de la présence de son inattendu cobaye. Quoi de plus normal. Après tout en cuisine, comme dans bien d’autres domaines, ne faut-il pas battre le fer tant qu’il est chaud ? Une œillade furtive par dessus l’épaule, pour aviser la valise allusivement désignée par la gestuelle. "Non, j’n’ai pas encore mangé, mais ne t’inquiète pas, mon estomac, et tout le reste, sont encore à l’heure Phnom Penh. Puis tu sais, t’as pas besoin de te donner autant de mal pour moi. Un peu de beurre sur une tartine, et j’suis le plus heureux des hommes.". Aveux rieur d’un éternel branleur qui n’a jamais rien pris au sérieux – et surtout pas sa personne.

Un soupçon de simplicité, un zeste de légèreté, un nuage de frivolité, une larme d’insouciance, un doigt de concupiscence. Agitez, secouez, versez, savourez. Myko joy on the rock. Sa recette du bonheur depuis 1995, à consommer sans modération. "Mais … si c’est pour ton travail et que j’peux aider ou m’rendre utile … alors j’veux bien.". Condition, synonyme d’acceptation, exposée dans un sourire fripon et polisson. La fatigue et l’épuisement des dix-sept heures de vol, absolument indétectables dans le verbe bougrement jovial. Goulée de bière – toujours greffée dans la patte – sifflée. Prompt et enclin à donner de sa personne, au nom de l’art culinaire. Prend : ceci est son corps enfin, ses papilles gustatives, tout du moins livré pour toi.

(I'm inviting you to a) party for two
(Whoa !)
                                   

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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyMer 31 Juil - 10:22

Pour tout ce que sa vie compte de désastres, dans sa cuisine, Gabriel se refuse à accepter moins que la perfection. Au point qu’il en oublie même ses bonnes manières, la raison première de la visite de Mykolas oubliée au profit de sa préparation. Il ne reste plus qu’un seul tiroir dans lequel peuvent encore se cacher les clés confiées à ses bons soins, de toute façon. Ils auront tout le temps de les retrouver plus tard, quand le chef se sera débarrassé de sa petite obsession. Il goûte le premier et bien sûr, le résultat n’est pas à la hauteur de ses attentes. L’est-il jamais ? Plus souvent qu’on ne pourrait le croire, à vrai dire. Chaque assiette qui sort des cuisines du Valhalla passe d’abord le test de ses exigences. Son improvisation autour du Bulgogi n’a pas vocation à se montrer à la hauteur de la réputation de ses employeurs, cependant. Pas ce soir, en tout cas. Celui que Gabriel cherche à impressionner n’aura probablement que faire d’un morceau de bœuf qui ne soit pas parfaitement cuit. Le chef ressent quand même le besoin d’être rassuré, bien conscient qu’il manque d’objectivité sur le sujet.

Si Mykolas commence par hésiter, il finit par se prêter au jeu et laisse Gabriel lui offrir un aperçu de sa création. De prime abord, rien ne lui paraît déplacé dans ce geste. Jusqu’à ce que le regard de son voisin s’accroche au sien. Le moment s’étire en longueur et Gabe est le premier à détourner les yeux. On le prend souvent à tort pour un grand timide qui n’entend rien à ce genre d'ambiguïté. D’après ses petites mésaventures des dernières années, ce serait plutôt tout le contraire. Il se fait forcément des idées, une fois de plus. Peu importe. Mykolas ne se montre pas avare en compliments, chassant pour de bon ce moment de flottement et arrachant même un sourire au chef. “La pâte de piment devrait régler ce petit problème.” assure-t-il à la seule critique qui lui soit faite. “Tu as visité Busan, alors ? Comment c’était ?” Il se sent d’autant plus touché du compliment que le goûteur connaît déjà les saveurs auxquelles comparer son plat. “J’aurais peut-être dû me tourner vers une carrière de steward, moi aussi. Pour voir le monde, malgré mes poches vides…” Il en a toujours rêvé, visiter l’Asie en particulier, comme le prouve sa carte. “Enfin, on verra. Les nouveaux propriétaires du cabaret ont proposé de m’envoyer au Japon quelques semaines, pour perfectionner ma technique et mes recettes. Ce serait encore mieux.” La seule chose qui le retient de profiter de cette opportunité, c’est de savoir ce qu’il adviendra de la cuisine en son absence. “Je continue de penser que c’est un peu trop cuit.” reprend-t-il en se tournant vers la poêle. “J’ai horreur de l’induction à cause de ça. Un chef travaille au gaz ! Mais le proprio pense que c’est trop dangereux et il ne veut pas payer de toute façon.”

Rassuré par les commentaires de son invité, Gabe continue de s’emballer un peu. L’expérience de Mykolas ne peut pas être parfaite, puisqu’il n’a pas encore eu droit à la dégustation traditionnelle ! Il lance l’invitation sans y penser et ne peut retenir un immense sourire quand elle est acceptée. “Le jour où tu mangeras des toasts beurrés chez moi, c’est qu’il y aura un très gros problème. Allez, va t’asseoir.” Un nouveau geste de la tête désigne la petite table à l’orée de la cuisine, ses deux chaises en bois. La lumière continue de manquer et une sorte d’incertitude de gagner Gabriel, mais il s’agite dans la cuisine plutôt que de s’y attarder trop longuement. Quelques minutes suffisent à ce qu’il dépose deux belles assiettes sur la table, garnies de riz, de feuilles de salade et de Bulgogi. Un petit bol rempli de pâte de piment vient compléter le tableau. Dès qu’il a récupéré sa bière sur la table basse, le chef s’installe sur la chaise libre face à son cobaye. “Si tu as déjà mangé du Bulgogi en Corée du Sud, j’imagine que tu sais comment procéder ?” demande-t-il, légèrement taquin. Il croise rarement la route d’initiés aux traditions d’Asie, encore moins depuis qu’il a élu domicile à Redwood Hills. C’est un changement agréable. Il prend tout de même les devants, déposant un peu de viande et de piment au centre d’une feuille de salade qu’il plie délicatement. Il a déjà mangé au restaurant avant de rentrer, alors ce sera sa seule participation à ce dîner improvisé.

“Combien de temps est-ce que tu comptes rester parmi nous, cette fois ?” demande-t-il en même temps qu’il essuie ses doigts sur une assiette en papier, ses yeux et son sourire fixés sur Mykolas. Ça l'intrigue autant que ça l’effraie, cette façon de vivre. Toujours en mouvement, sans véritable attache. Et c’est toujours vers des hommes qui mènent ce genre de vie qu’il se sent inévitablement attiré. Ce genre d’hommes qui finissent toujours par le briser aussi. Il a appris sa leçon, à force. “Ça ne te manque jamais ? D’avoir un endroit où rester.” Il en a un, bien sûr. Est-ce que ça compte vraiment ?


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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyMer 31 Juil - 20:03

Beau malheur
@Gabriel Montero & Mykolas Kalnietis



Brusque, rude, désagréable. L’apesanteur et ses bonheurs semblent déjà bien loin. Le dur retour à la réalité n’a rien perdu de son hideuse superbe. Revenir de plein pied sur la terre ferme, pour mieux retrouver l’uniformité du quotidien. Ainsi que son lot de tracas insignifiants et de contrariétés préoccupantes. De nombreuses vicissitudes, dont jamais il ne se languit. Et contre lesquelles il rechigne de plus en plus à se frotter, une fois les obligations professionnelles remplies. Alors, la proie des écueils tente de fuir et se réfugie dans une chasse à la liberté toujours plus effrénée. Parfaite incarnation du verseau, Mykolas a toujours souverainement abhorré tout ce qui relève du concret. En particulier l’aspect abrupt et déplaisant du réel. Refusant catégoriquement de s’y confronter, partir là-haut lui est très vite apparu comme la solution idoine pour se soustraire aux soucis et problèmes en tous genres.

Un jour viendra, je partirai, je partirai sans aucun regret
Vivre dans les airs, loin de la terre
Partir là-haut.

Là-haut, tout n’est que simplicité et légèreté. L’infini céleste gomme le factuel et invite au rêve. Les contraintes s’envolent et les possibles ne souffrent d’aucune limite. Sans coup férir, les antonymies se confondent et ne font plus qu’une. Là-haut, on a tout et l’on n’est rien. Les différences et les inégalités s’estompent – sans toutefois complètement disparaître. Aucun mot ne saurait décrire avec exactitude, la sensation de plénitude qui s’empare du steward chaque fois qu’il est à son poste. Pour qui, pourquoi ? C’est un des insondables mystères de la vie, qui n’attend pas de réponse. Le souffle de la vie est plus pur, le sentiment d’existence plus saisissant. Aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, jamais Myko' ne s’estime autant en sécurité – physique et émotionnelle – qu’à plus de cinq-mille mètres d’altitude.

Now I'm back where I belong
No matter where I'm from
It's been here all along
I finally made it home

Rien ne le ravit plus que de communiquer son allégresse aux passagers, en veillant à ce que rien ne trouble la qualité et le confort de leur voyage. Proposer quelques couvertures supplémentaires. Verser un verre de Syrah ou offrir un rafraîchissement. Servir un plateau de loup de mer agrémenté de fettucine. Et mille-et-une autres petites attentions aimablement dispensées, de la classe affaire à la classe économique. Les remerciements chaleureux, les étoiles crépitant au fond des yeux, les visages aux traits apaisés et les sourires comblés, sont pour lui la plus belle rétribution que lui apporte son travail. Bien plus que le salaire dérisoire venant chaque mois arroser le compte bancaire.

Pourtant, et bien que rebutantes, les plaies terrestres n’en demeurent pas moins essentielles. Comment apprécier pleinement, et à leur juste valeur, les joies ailées sans elles ? Sans toutes ces innombrables épreuves que les cieux lui envoient, pour lui rappeler qu’il n’est, à son grand désarroi, pas des leurs. Un système immunitaire condamné à un inexorable déclin. Un frère obsédé par la Rose Lunaire, qui devient de plus en plus confus et dément à mesure qu'il en étudie l'histoire - convaincu de tenir là un filon pharaonique pour son roman. Une contravention pour un stationnement gênant. Ou dans le cas présent, un trousseau de clefs perdu. Etourderie et aléa fâcheux, s'il en est. Un illustre pianiste canadien serait, pour une fois, bien inspiré de dire :

You had a bad day, you're taking one down
You sing a sad song just to turn it around
You say you don't know, you tell me, don't lie
You work at a smile and you go for a ride
You had a bad day, the camera don't lie
You're coming back down and you really don't mind

De la déveine naît l'aubaine. Miracle de la sérendipité. Nouvelle manifestation inouïe des facéties du destin. Ou comment une mésaventure malencontreuse, est en passe de se métamorphoser en une dégustation culinaire asiatique des plus fortuites - pour ne pas dire déconcertante. A croire que le Cambodge quitté au petit jour – heure locale, cela va s’en dire – le poursuit. Comme si le pays du bon roi Norodom Sihamoni tenait à lui laisser un souvenir impérissable. Soit, goûtons. Ses papilles ne devraient guère être trop dépaysées, avec les saveurs phares et prisées sous ces latitudes. De là à dire que cet heureux concours de circonstances fait du libertaire balte, la personne la plus à même qui soit à des kilomètres à la ronde, pour goûter et rendre une appréciation éclairée sur la création du cuisinier … il n’y a qu’un pas, qu’il serait bien imprudent de franchir. "Merveilleux !". Possibilité de corser un peu le régal qui lui arrache un cri du cœur jouasse.

Les lippes gourmandes qui roulent et se délectent des dernières saveurs bovines, encore laquées tout contre les chairs. "Oui. Enfin, j’ai surtout visité l’hôtel et l’aéroport, afin de préparer l’avion pour le retour. C’était … ". Interruption qui rime avec cogitation. Les yeux vitreux qui fixent le vague, la mémoire rapidement sondée et passée au crible. Ne pas confondre avec d’autres métropoles de cette région du globe déjà visitées. Taipei, pour ne citer qu’elle … mais aussi, et surtout, Séoul. Pratiquement certain qu’il s’agit de la ville portuaire, le nomade poursuit alors : "… triste. D’un autre côté, il me semble que j’y étais à l’automne, courant novembre. Sûrement pas la saison la plus idéale pour pleinement apprécier la beauté de l’endroit.". Impression pessimiste expliquée et justifiée, sans grande conviction, par une hypothèse météorologique. Soubresaut incertain des épaules, lèvres pincées et mues en un sourire un rien crispé.

D'ici le sable est blond
D'ici la mer est bleue
D'ici on pourrait croire
Que les gens sont heureux
La terre est un paradis vu d'avion

La vérité est sûrement ailleurs. Notamment dans le fait que cette région du monde, n’est probablement pas celle qui attire et plaît le plus au damoiseau ailé. Pas autant que l’Amérique du Sud et l’Europe septentrionale en tout cas. "Il n’est sans doute pas trop tard pour entamer une reconversion, t’sais. Puis, si tu te démerdes bien en langues étrangères ; tu pars avec un avantage.". Perspective aux accents tentateurs soufflée avec légèreté et servie dans un clin d’œil malicieux. Un bénin revers des phalanges asséné dans les abdominaux du cuistot, en signe de camaraderie. Trop cavalier, déplacé ? Peut-être pas tant que cela. Pas après avoir dégusté une bouchée avec autant d’élégance et de distinction … ahem ! Compte tenu de la petitesse de ses finances, il y a fort à parier que les éternelles envies d’ailleurs du bourlingueur crieraient aussi famine, sans le concours de son activité professionnelle.

A défaut de pouvoir le compter dans les rangs de ses collègues, Myko’ aura potentiellement la chance de le voir en qualité de passager sur un vol à destination du pays du soleil levant. "Cela s’rait une superbe opportunité ! Rien de tel que l’apprentissage sur le tas, aux sources et dans son jus, sous la houlette des plus grands faiseurs locaux.". Le prêche enjoué d’un convaincu, qui n’a jamais été très réceptif à la rigueur académique et théorique. Autodidacte culotté et pétri d’aplomb qui s’est, pour ainsi dire, fait à la force du poignet. S’enrichissant au gré des rencontres, des échanges, des partages, des expériences. Parfois à ses risques et périls. Ténues, Blondie croit pourtant déceler quelques pointes de réticence chez son interlocuteur. Des réserves parasites qu’il s’ingénie à chasser, par le biais – une fois n’est pas coutume – de l’humour. "T’inquiète, on réceptionnera ton courrier et arrosera les plantes pendant ton absence.". Promesse rieuse, esquisse débonnaire. Un geste flou de la main pour tâcher d’éradiquer les plausibles appréhensions du pimpant voisin.

You can count on me like one, two, three
I'll be there
And I know when I need it, I can count on you like four, three, two
And you'll be there
'Cause that's what friends are supposed to do

Balayage oculaire des lieux, pour ainsi mieux apprécier l’absence notable de végétation décorative. "Quoi que de ce côté là, ça risque d’être tout de suite vite vu.". Remarque guignolesque débitée entre ses dents, afin de conférer une tonalité comique à son propos. Ecat de rire sobre, sommaire et bref. Lacune qui fait soudain germer une idée de cadeau dans le terreau de son esprit jetlagué. Ne serait-ce que pour remercier ultérieurement son hôte d’avoir fait preuve d’une telle obligeance. Ou pour marquer une autre occasion. Pourquoi pas un de ces fameux cactus, dont Rytis est complètement gaga. Pratique, résistant et ne nécessitant pas un entretien chronophage. L’idéal quand on n’a pas une minute à soi. "Personnellement, j’aime bien quand la viande n’est pas trop tendre … mais p’t’être que des palais plus fins seraient de ton avis.". Tentative pour minimiser l’ampleur du bémol. Quelques dodelinements erratiques et lambins décrits de la tête. Avec l’espoir d’atténuer la portée de l’ombre au tableau.

Insuffisant au goût du perfectionniste qui n’en démord pas, et blâme son matériel dans un accès d’humeur. Illusion d’emportement que la fripouille tente de désamorcer, en recourant une énième fois à la boutade. "Chef, oui Chef ! Les bases, encore les bases, toujours les bases.". Affirmation beuglée haut et fort, une expression faussement sérieuse peinturlurée sur la trogne. La carcasse aussi raide que la justice, un salut militaire singé et parodié. Masque solennel qui craquelle sous la poussée d’une risette, bientôt réduit en mille morceaux par un témoignage d’hilarité – lui donnant des airs d’ahuri fini. "Haaan, c’est donc pour ça.". Explication qui fait soudain jaillir la lumière dans l’esprit du corsaire des airs – à défaut d’en baigner la pièce. Timbre niais, mirettes éberluées tournées vers les plaques à induction. Tel un ravi de la crèche frappé par une apparition de la Madone.

The day is done
But I'm having fun
I think I'm dumb
Or maybe just happy

Visiblement convenue, la dégustation est amenée à se poursuivre à table. "Bien, M’sieur.". Approbation laconique, docile et obéissante. Presque enfantine. Pourtant, dieu sait que le convive raffolerait du charme pittoresque d’une petite dînette, improvisée à la bonne franquette. Quelque chose de tout simple, sans chichi, ni fioriture. Juste ici, au pied de cette table basse unique en son genre. A brûler la nuit en chipotant un peu - et sirotant beaucoup. Se raconter leurs rêves de gosse brisés, leur insouciance envolée. Les chimères qu’ils caressent, les idéaux auxquels ils se raccrochent et les utopies qu’ils pourchassent. Refaire le monde à leur image et à leurs dimensions, dans un panache de nicotine et d’éthanol – voire d’autre chose, qui sait. Oui … une autre fois, peut-être. Assis à l’une des extrémités de la table, le maître de maison ne tarde pas à venir le rejoindre avec deux généreuses assiettes. Nouveau "Hmm !" de gourmandise, suivi de très près par un aimable "Merci." une fois servi.

Comme pour le tester et s’assurer de la véracité de ses dires, Gabriel l’encourage indirectement à apprécier le dîner à la mode de là-bas. Gageure et sacré défi. Non pas que l’olibrius mente ou affabule – pour un fois. Mais plutôt que ses pérégrinations coréennes commencent à dater, et ne sont plus tellement de première fraîcheur dans ses souvenirs. "Ohlala, c’est loin tout ça. ‘Ttend, ‘ttend, ‘ttend ; ne dis rien, ça va m’revenir.". Requête formulée avec les index dressés de part et d’autre de son visage, afin de signifier qu’il ne brûle pas son joker tout de suite. Les iris bleutés naviguent de plat en plat, et réalisent quelques rapides navettes en direction de son assiette, ici et là. Paupières closes, le brouillard se lève petit à petit sur l’expérience de jadis. Redevenant dès lors plus distincte et vivace dans les fibres de son esprit. "J’me r’vois très bien … avec ce jeans complètement destroy et un tank top oversize. En train de m’émerveiller comme un débile qui n’est jamais sorti de sa cambrousse : "Oh, p’tain ; r’garde ça, Inès" … .". Le fil de l’anecdote subitement interrompu. Les yeux qui se rouvrent sans crier gare.

Annonciateurs d’un désopilant passage du coq à l’âne. Une de ces parenthèses sans transition, qui en dit long sur sa puissance de concentration, et qui – le connaissant – devrait une fois encore n’avoir ni queue, ni tête. "Inès, une collègue qui a été promue chef d’équipe. Va savoir par quel miracle … . Un peu bobo new-yorkaise, assez désagréable. ‘Fin, tu vois l’genre.". Aparté qui n’a absolument rien a envier à un gossip boy putassier. Les mains qui s’agitent à la manière d’un rital volubile, comme si le bien nommé Gabriel voyait où il veut en venir. La vue de la plâtrée de riz, du bœuf en sauce et du piment disposés au centre de la table, lui fait soudain réaliser qu’il digresse et s’égare. "Euh … tout ça pour dire quoi déjà … ah oui : "R’garde ça, c’est comme des fajitas.". Doooonc ... .". Appel à la logique, au bon sens et à la déduction pour pallier les manquements d’une mémoire défaillante. Le mot marquant la prise d’initiative appuyé et surjoué.

Bon-a, on the night
Bon-a, on
And it's ok
Bon app, bon appétit, baby

Regard empli d’une rare application, le bougre place quelques morceaux de viande au centre d’une feuille de salade. Itou avec la pâte pimentée, qu’il badigeonne allégrement. Instant technique, moment de vérité. Concentration déployée et pointe de la langue dardée au coin de la bouche, pour un pliage très approximatif de la verdure. Un ange passe et le silence s’enracine. Preuve que le binôme attablé apprécie grandement son souper. Et ce, malgré un bœuf un peu trop cuit – ne vous en déplaise, Chef. Pomme-d’Adam qui hoquette, bouchée ingérée et curiosité du prodige gastronomique satisfaite. "Cinq jours, normalement. Ensuite, j’pars me peler l’cul et m’les geler à Helsinki. … Voilà c’qui arrive quand on est le seul steward qui parle couramment finnois.". Petit mot d’esprit allié à une risette d’amuseur public numéro un. Non sans une subtile once de déception tapie dans la voix.

Lui qui aurait de loin préféré, être affecté sur une destination bien moins tempérée, et nettement plus exotique. Surtout en cette période de l’année. Malé, Nassau, Apia … . Hélas dans la vie, on a souvent ce que l’on peut et plus rarement ce que l’on veut. En particulier lorsque l’on n’est pas le big boss, qui a l’insigne honneur de réaliser les plannings – merci, Inès ! Cela étant, il vient tout juste d’hériter du Cambodge. L’un dans l’autre et mis bout à bout … moindre mal. Après tout, il faut bien tourner et varier les plaisirs. Sinon, cela aurait vite fait d’attiser des jalousies. Sous l’impulsion du bec fin, le curseur de la conversation migre soudain vers un aspect plus … personnel. Plus intime. Tandis qu’il lèche les résidus de sauce sur le bout de ses doigts, Mykolas subit un nouvel arrêt sur image qui ne l’avantage pas vraiment. Frimousse scrutatrice du cordon-bleu dévisagée. Son regard de jais doux et affectueux soutenu. Désarçonné. Purement et simplement. Raclement de gorge maladroit, voix éclaircie tant bien que mal.

Touché … .

"Rester ? Non, jamais. Bien sûr, si j’avais quelque chose ou quelqu’un qui me retiendrait ici-bas … partir ne serait plus aussi simple et plaisant. Enfin, j’suppose.". Conjecture timorée émise avec hésitation. Bonhommie qui vacille et tend à s’effriter. Sourire maigrelet, fébrile. Le regard fuyant qui s’échoue brutalement dans le contenu de l’assiette en face de lui. Méninges en sur-régime qui s’activent. A la recherche d’une issue de secours, d’une échappatoire. Du premier prétexte venu pour noyer lamentablement le poisson, et ne plus être sur les braises du grill. "Oh tiens, ça m’fait penser que j’ai quelque chose qui sera parfait pour accompagner tout cela.". Exclamation affectée qui permet au clown lituano-letton de retrouver la sécurité de son armure humoristique. Sortie momentanée de table, fouille hâtive des compartiments latéraux de la valise végétant dans l’entrée.

Retour auprès du Seňor Montero, une étrange bouteille, ornée de caractères tout aussi sibyllins, dans les mains. Présentée avec toute la préciosité d’un sommelier d’opérette. "Du Sra Sor, un alcool de riz cambodgien. Cela n’est sans doute pas aussi approprié que le Soju … mais j’pense que ça d’vrait faire le job.". Affirmation emprunte d’une certaine assurance. Le torse légèrement bombé, pas peu fier d’apporter sa petite contribution au repas de ce soir. Et de par là même satisfaire l’usage social, selon lequel il est de bon ton d’apporter quelque chose lorsqu’on siège à la table de quelqu’un. Faute de roses, un spiritueux made in Phnom Penh devrait faire l’affaire … ou pas. A en juger la bobine circonspecte de Gabriel, le doute s’avère en effet permis. "Mec, me r’garde pas avec ces yeux de guérilleros, tu vas finir par m’faire flipper. Les PNC* ont bien l’droit à quelques privilèges avec les douanes … .". Assertion canaille, sourcils espiègles qui sautillent. Risette ravageuse, moue goguenarde. Du Mykolas dans toute sa splendeur et ses plus beaux jours. Ridicule, grotesque et inconsistant. Privilèges que l’énergumène ne connaît que trop bien, et dont il use et abuse. Parfois au-delà des limites de la légalité. Exploitant les brèches et les failles du système, pour le compte du plus offrant. Défi envers l’autorité et l’ordre établi. Ce qui hier encore n’était rien d’autre que du sport, un moyen de se shooter à l’adrénaline. Aujourd’hui devenu nécessité pécuniaire sur l’autel de la survie.

Je vole, comme un aigle royal
Je vole, au-dessus des lois


Abréviation:

_________________
blackbird
Blackbird, blackbird, don't sing to me. Don't sing below my window. Don't nestle here, go find lovers of your own. Fly somewhere else, don't bother me. Don't sing below my window.

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Gabriel Montero
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Gabriel Montero

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I wished for a lasting love; the love lasted, but the lover lefted.

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___
LITTLE TALKS : 455
PSEUDO : Rainbow D.Ashe
AVATAR : Darren Criss
CREDITS : (av) samounette
ALTER-EGO : Dorian
ÂGE : 35
QUARTIER : Waterfall Avenue, Bâtiment #1, dans un petit appartement (#2) pratiquement vide...
MÉTIER : Chef cuisinier au Valhalla
COEUR : Célibataire, le cœur pas mal amoché
INTERVENTIONS RL : Oui
INFOS RP

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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptySam 3 Aoû - 13:40

À en croire le concerné, la vie de steward n’a rien d’aussi excitant que ce que Gabriel s’imagine. Pourquoi s’épuiser à courir aux quatre coins du monde pour ne jamais rien voir d’autre qu’une chambre d’hôtel et un aéroport ? Il suppose pourtant que certaines escales doivent durer un peu plus longtemps, quelques jours parfois. Offrir un peu mieux que le triste tableau que Mykolas fait de Busan. Le sourire du chef reste pourtant bien en place. Tant pis s’il ne trouve pas le bonheur dans une carrière de steward, il voyage tant qu’il veut sans jamais sortir de sa cuisine. Et s’il continue de se montrer à la hauteur au Valhalla, peut-être que quelques voyages viendront s’ajouter à sa routine. “Oui, c’est un projet que j’ai hâte de mener à bien.” confirme-t-il au sujet du Japon. “Je me demande seulement ce qu’il doit advenir du restaurant en mon absence.” Une petite part de lui craint un peu que Castiel et Soren trouvent quelqu’un pour le remplacer, pas seulement pendant son petit voyage au Japon, mais définitivement peut-être. Il n’a jamais tenu de restaurant étoilé, n’a même pas de diplôme… Avec les moyens qu’ils ont à leur disposition, ça ne doit pas être très difficile de trouver mieux. C’est sans nul doute ce qui pousse Gabriel à toujours vouloir atteindre la perfection, ce besoin presque étouffant de faire ses preuves. “T’es sûr ? Avec toutes les plantes que j’ai et tout le courrier que je reçois, vous n’aurez pas une seconde de répit.” Son appartement se remplit doucement, à mesure que Gabriel se fait à l’idée que toute sa vie ne risque pas de s’effondrer selon le bon vouloir des banques qui ont bien voulu lui prêter un peu d’argent. Il est encore loin de posséder quoi que ce soit qui mérite la surveillance rapprochée d’un voisin en cas d’absence.

Loin de toutes ces préoccupations, un rire franc échappe à Gabriel alors que Mykolas se moque gentiment de son petit problème de perfectionnisme. Qu’il se moque si ça l’amuse, tout ce qui compte pour le philippin, c’est que son plat gagne les faveurs de son invité. Bien sûr que la petite cuisine aménagée de cet appartement ne trouve pas grâce à ses yeux, il est habitué à travailler avec les meilleurs équipements possible. Ces petits désagréments n’entament ni sa détermination, ni sa bonne humeur. En grande partie parce qu’il passe une bien meilleure soirée que ce qu’il imaginait en rentrant chez lui ce soir. Très loin du jeune homme hésitant planté dans l’entrée avant que Gabriel ne l'appate avec sa nourriture, Mykolas semble enfin se détendre et n’hésite pas à se donner en spectacle alors qu’il retrace le vague souvenir de son expérience culinaire à Busan. Gabe l’observe se servir avec attention, hochant doucement la tête pour approuver les gestes. “Ça manque un peu de pratique, mais tu t’en sors pas trop mal pour un novice.” La critique inutile vient conclure la conversation le temps que le chef avale sa seule bouchée de la soirée.

Il a un peu l’impression de mettre les pieds dans le plat quand il se décide à reprendre la parole, abordant un sujet qui ne cesse de le questionner depuis de trop long mois. Pourquoi personne ne semble jamais vouloir rester ? Redwood Hills lui semble pourtant avoir quelques charmes. Qu’importe toutes les questions qui lui trottent encore dans la tête, Gabe garde le silence, bien conscient que son invité ne veut pas en dire plus. La vitesse à laquelle il change de sujet le prouve bien. En le voyant s’échapper, Gabriel s’attend à tout ou presque, mais certainement pas à le voir brandir une bouteille pour accompagner le repas. “J’ai bien choisi mon jour pour te forcer à dîner avec moi !” s’amuse-t-il. Balayées d’un revers de la main, les inquiétudes du philippin laissent place à un nouveau sourire alors qu’il se lève déjà pour aller chercher deux verres à la cuisine. “Ravi de voir qu’il y a au moins un avantage à cette vie de nomade que tu mènes.” Les deux verres sont déposés sur la table, attendant sagement d’être remplis par le propriétaire de la bouteille. À lui de voir ce qu’il voudra bien partager avec son hôte. “Tu te contentes de faire passer de l’alcool ou tu nous as déjà ramené quelques petites choses encore plus étonnantes ?”

Hôte qui prend le temps de ranger les restes du Bulgogi dans une boîte en plastique avant de se précipiter sur son verre. Il n’y a plus de quoi nourrir deux personnes, mais Martha lui pardonnera certainement. La vaisselle, quant à elle, pourra bien attendre encore un peu. S’il n’a aucun toast à proposer, Gabriel prend quand même la peine de trinquer avec son voisin avant d’avaler une petite gorgée de l’alcool de riz. La grimace ne se fait pas attendre. “Ouf, c’est fort.” Bien plus que les petites bières que l’homme s’accorde de temps à autre, en tout cas. Il réserve les alcools un peu plus forts aux soirées qu’il passe dans des clubs ou des bars de Burlington, certainement pas un petit dîner improvisé avec son voisin. “Si t’essayes de me saouler, t’es sur la bonne voie. Mais c’est super bon.” Difficile de prétendre le contraire. Gabriel, qui n’a toujours pas repris sa place à table, s’approche plutôt de la télévision et pianote quelques instants sur la télécommande. Les notes de piano qui rythmaient la soirée jusque là laissent bientôt place à celles de Radio Ga Ga, la chanson résonnant juste assez fort pour être entendue. Le chef va ensuite ouvrir la fenêtre, s’asseyant sur le rebord pour s’allumer une cigarette sans gêner son invité. “Alors, comment tu comptes occuper tes cinq jours parmi nous ? Fais-moi rêver, quitte à mentir. J’ai le temps de rien à part bosser, j’ai besoin de vivre par procuration.”



_________________





I care.
I always care.
That's my problem.

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Mykolas Kalnietis
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QUARTIER : (#002) Lilac Road (Bâtiment 1 - apt 1). Un F3 ennuyeux de simplicité qu'il partage avec son frère.
MÉTIER : Gosse se rêvant jadis pilote de ligne. Une vocation prématurément portée en terre par une perception faussée des couleurs. Compromis trouvé en embrassant la carrière de steward au sein de la compagnie American Airlines.
COEUR : Insaisissable adonis, disposant d’un soupirant transi dans chaque (aéro)port. Toujours en transit, jamais arrivé à bon cœur. Charmer, enlacer, soupirer. Déserter, recommencer. Etre oublié pour ne pas peiner. Etre oublié pour se sentir aimé.
INTERVENTIONS RL : Oui
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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyMer 7 Aoû - 23:55

Beau malheur
@Gabriel Montero & Mykolas Kalnietis



Dissension, sidération, stupéfaction. Même en y mettant toute la bonne volonté du monde, jamais il n’arrive à les comprendre – et sans doute n’y parviendra-t-il jamais un jour. Tout ces autres qui ne s’épanouissent que dans la projection, la planification, et qui seraient prêts à tuer père et mère, pour savoir de quoi l’avenir sera fait. Ces étranges semblables qui, à ses yeux, pensent, agissent et vivent comme des aliens. Lui, l’allergique au réel et le phobique du concret. Lui qui ne jure que par les brumes de l’abstrait, et qui y passerait volontiers sa vie, s’il s’écoutait. Souvent, l’homme-enfant se pose cette obsédante question. "Qu’est-ce qui peut bien leur rester ?".

Des kilomètres de vie manquée ?
De mal en prose, de vers brisés.

A ceux qui ne laissent aucune place à l’incertitude, et qui, sous couvert de peur ou d’angoisse, cherchent par tout les moyens à exterminer l’inconnu. Quel plaisir ont-il, à vouloir systématiquement gommer les points d’interrogations et de suspensions, qui parsèment leur existence ? Voilà une énigme que le clown triste a depuis longtemps renoncé à décrypter. Tant qu’ils y trouvent leur bonheur, et qu’ils n’essayent pas de lui imposer leur vision des choses : c’est l’essentiel.

Chacun chez soi, et les vaches seront bien gardées.

Le sien, de bonheur, il est ailleurs. A rebours des terres à terre. A contre-courant des eaux cartésiennes. Savoir, c’est condamner la porte des songes et cadenasser l’écrin aux phantasmes. Prévoir revient à amputer le champ des possibles, et à greffer des interdits. Passent les mois, tournent les ans, et Myko’ rechignent toujours à devenir une grande personne. L’enfant perdu s’entête à suivre le nord de sa boussole – complètement détraquée, selon certains. Contre vents paternels et marées maternelles, il tient bon la barre. Cap sur ce qu’il y a d’important, Cap’taine !

L’important, c’est de rêver.

En grand et en couleurs. A l’imparfait, ou au plus que parfait. Rêver, et ne jamais se réveiller. Peut-être que c’est lui l’alien et l’étranger, finalement ? Bien sûr que c’est lui. Ca a toujours été lui. Mais quel mal y a-t-il à cela ? A aimer la beauté des jours de brouillard. A vouloir que la vie soit une fête costumée perpétuelle, un bal masqué éternel. Mykolas le reconnaît sans mal, ni vergogne : l’équivoque est la plus euphorisante des drogues, qui lui ait été donné d’expérimenter jusqu’à présent. Cacher pique son intérêt. Suggérer attise sa curiosité. Laisser deviner et entrevoir excite sa fébrilité.

Tristes strass sous le voile.

Les individus et les choses qui savent demeurer, en totalité ou en partie, dans la fumée sont – et seront toujours – les mieux placés, pour s’attirer sa convoitise. A bien y regarder, le nec plus ultra amoureux prisé par le steward, n’est pas tellement éloigné de sa conception de l’existence. Plus que faire la bête à deux dos ou de se vautrer allégrement dans le stupre, c’est davantage la phase antérieure qui rafle sa préférence. Jouer, charmer, séduire. Ployer, sans toutefois complètement céder.

Car que reste-t-il quand le brasier de l’envie achève de se consumer, si ce n’est les cendres de l’ennui et de la lassitude. A quoi bon rester, dès lors que l’on a possédé et conquis ? Alors, on repart pour d’autres voyages. D’autres pèlerinages. En quête d’une nouvelle lubie à enflammer. Une nouvelle obsession à chasser. Quoi de plus grisant donc, que l’incertitude qui précède les lauriers de la victoire … ou les escarres de la défaite. Gagner ou perdre, pelle ou râteau ; cela lui est bien égal. Qu’importe le flacon, pourvu que Mykolas ait l’ivresse.

Jouer à joue contre joue.
Jouer à joue contre vous.

Le caractère sommaire et fugace de leur relation, place Gabriel dans une zone de tous les dangers. En plein dans l’œil des désirs baltes. C’est là toute la magie de la chose. Parce qu’il n’est rien pour lui, hormis le mec d’à côté, le cuisinier possède ce don fabuleux d’être tout ce que bon lui semble. Tout et son contraire. Les longs silences et les concerts. Les grand déserts et l'eau de mer. Les jours d'été, les soirs d'hiver. Le goût du ciel et de la terre. La mémoire courte et l'obsession. La liberté et la passion. Au fond de lui, le nomade des cieux tient à ce que le trentenaire reste à l’état de page blanche. Une page sur laquelle il peut joyeusement jeter l’encre de ses caprices. Ecrire, griffonner, raturer, annoter dans la marge. Le créer, l’inventer, l’imaginer, le rêver. A l’infini et au gré de ses fantaisies. Myko’ veut encore et encore le peindre, selon ses humeurs et ses envies, dans l’atelier de son esprit. Mais ça, qui peut le comprendre ?

I've had so many lives
Since I was a child
And I realize
How many times I've died
I'm not that kind of guy
Sometimes I feel shy
I think I can fly
Closer to the sky

Qui sait combien de temps il lui reste. Qui sait ce qu’il adviendra d’eux. La tête à claques espère simplement qu’il s’en ira, en emportant à jamais avec lui dans la tombe, la plus belle version qui soit de ce voisin aux accents ténébreux. Celle d’un idéal indescriptible, insaisissable. D’un idéal versatile et caméléon. Pluriel, protéiforme. A l’image de ses compétences et de son savoir faire culinaire. Des talents amenés à s’étoffer encore davantage par le biais d’un voyage culturel, où il fera sûrement bon de joindre l’utile à l’agréable. Un avenir qui reste toutefois à l’état de pointillés et habillé au conditionnel. "Tu ne travailles pas avec une brigade ?". Etonnement qui n’a sans doute pas lieu d’être. A bien y réfléchir, la taille et l’affluence moyenne de l’établissement, ne doivent guère nécessiter un personnel pléthorique pour tourner.  

"Ne t’en fais pas, j’suis certain qu’ils s’en sortiront et trouveront une solution.". Paroles lénifiantes, moue confiante au bout des lèvres et acquiescement résolu de la tête. Une petite tape amicale portée contre le galbe de son biceps dénudé. Volonté sincère de le rassurer et d’ostraciser ses appréhensions. L’aider à ne pas redouter le pire. Loin d’avoir la prétention de parfaitement connaître le maestro des fourneaux, Myko’ devine aisément ce qui adviendra s’il continue de gamberger et de passer en revue la liste des scénarios catastrophes. A trop écouter ces mauvaises conseillères décisionnaires que sont la peur et l’inquiétude, il déclinera – avec tout le tact et la politesse qui le caractérisent – une opportunité en or massif. Opportunité qui ne poindra probablement pas deux fois sur la ligne de son horizon.    

Should you stay or should you go.

Sur l’instant, le refus ne manquera pas de soulager – de manière toute relative – les craintes irraisonnées ... mais ses bienfaits à terme s’épuiseront inéluctablement. Avec le temps et le recul, l’apaisement favorisera la dédramatisation et le regain de lucidité. Offrant ainsi aux regrets et aux "et si", un terreau propice à l’éclosion. Chose qui, en sa qualité de bombe à retardement, lui apparaît comme inadmissible. Lui qui désormais sait combien il est déchirant, de passer à côté de quelque chose qui vaut vraiment la peine d’être vécue, sous prétexte d’inhibitions ou de frayeurs infondées. Hors de question que le cuistot commette la même erreur. "Puis t’sais, partager les fourneaux ne s’rait pas forcément une fatalité. C’est toujours sympa d’avoir un peu de compagnie quand on travaille. Moins de pression, moins de rush, plus de temps pour toi. Certes y a pas mal d’inconnus, et p’t’être aussi quelques inconvénients, mais il y a aussi des avantages intéressants.". Nouvelle tentative pour tâcher d’apporter quelques couleurs, à la vision bien monochrome et terne que Gabe se fait de l’avenir. Sourire confiant piqué au coin des lèvres, une traite de bière lampée.

"T’inquiète pas, t’as signé un contrat qui d’un point de vue légal te protège, te donne des droits, des garantis et des acquis. Tu n’vas pas perdre ta place sous prétexte que tu pars à la chasse. ‘Fin, façon de parler.". Conviction émise en toute franchise et avec éloquence. La caboche criante de témérité qui opine, une paume stimulante plaquée entre les omoplates du gourmet – soucieux d’allier le geste à la parole, afin de le ragaillardir pour de bon. Guignol pour qui le travail a toujours été intimement lié à la notion d’équipe. Même si ce n’est pas toujours de tout repos, Mykolas affectionne les bénéfices du labeur collaboratif. Bénéfices qui, mis bout à bout, l’emportent sur la somme des désagréments. Souffrir des états d’âme, parfois geignardes et incessantes d’autrui. Faire quelques concessions, compromis et apprendre à conjuguer avec les petites manies de certains, pour que l’osmose et la concorde demeurent. Tenter de calmer le jeu lorsque les esprits s’échauffent, ou s’évertuer de jouer les médiateurs quand l’on se retrouve pris entre deux feux. Petit aperçu des joies et réjouissances à être l’unique homme, au sein d’une escouade exclusivement composée de femmes.      

Elles sont pas commodes, non elles sont pas comme Aude
Elles sont pas méchantes, mais putain qu'est-c'qu'elles sont chiantes !

Mieux vaut que le chouchou de ces Dames – comme le surnomment malicieusement certains pilotes et aiguilleurs du ciel – garde pour lui ces quelques écueils. Inutile d’attiser davantage les hésitations du philippin frileux. Autant mettre l’emphase sur les mérites de la besogne à plusieurs. Comme avoir la possibilité de changer de poste ou de tâche avec un collègue – pour n’en citer qu’un. "T’en fais pas pour nous, on est plus dégourdi qu’on en a l’air. Si besoin, on instaurera un roulement et des tours de garde.". Filage de la boutade dans un ton et un esprit rigoureusement identiques. Le sourire un brin mutin, la langue effrontée tirée brièvement à la manière d’un caméléon gobeur de mouches. Aux mouches et autres insectes prisés dans la gastronomie de certains pays asiatiques, le chef a ce soir préféré se lancer dans la confection d’une spécialité revisitée, plus traditionnelle et ragoûtante.

Convié à apprécier le rendu final et à faire part sans détour de ses impressions, la girouette blonde se lance cahin-caha dans la réalisation d’un wrap coréen. Bien loin de coïncider en tout point avec ses bribes de réminiscences busaniennes, le résultat s’avère cependant correct. Avis que semble partager le connaisseur, à en juger par son observation. Nez relevé de son assiette, le passeur constate à la vue du roulé – bien mieux abouti – entre les mains de son voisin, qu’il est dans le vrai et que sa mémoire a encore de beaux restes. "Merci, Sensei.". Gratitude loufoque exprimée dans une pseudo caricature d’accent oriental. Les mains jointes en prière, la tête inclinée en signe de reconnaissance.

You know better than I
You know the way
I've let go the need to know why
For you know better than I.
 
Bouchées opportunes dégustées qui suffisent à amoindrir les récriminations de la fringale. De fait, l’illusion de déjeuner, fait de quelques morceaux de dinde reconstitués et de pommes de terre boulottés à la va-vite sur un plateau dans l’avion au-dessus de l’Océan Indien, commençait à être bien loin. Guère d’humeur à fendre l’armure et abaisser ses défenses pour se lancer dans une discussion plus profonde, l’oiseau se fait anguille et tente de se défiler en sortant de son paquetage un souvenir khmer des plus appropriés pour la circonstance. Espérant au fond de lui que les effets abêtissant de l’alcool, parviendront à ramener et cantonner la conversation à une dimension futile – voire superficielle. "T’sais ce qu’on dit ; en plus de se rencontrer, les grands esprits se reconnaissent et s’apprécient.". Adage remanié pour les besoins de la cause. Subtile manière de jauger et d’estimer l’impression laissée par sa personne auprès de cet homologue de palier. Sourire plus convenu brodé sur les lèvres, l’œil attentif et mesuré.

Bouchon dévissé sans encombre, l’hurluberlu verse le nectar dans les verres ramenés de la cuisine par le maître des lieux. "Oui … Oui, ça m’est arrivé.". Aveu lâché dans un ton anormalement solennel et sentencieux. Visage fermé, une œillade pleine de gravité accordée au latino barbu. La bouteille doucement redressée à la verticale sitôt le godet rempli aux trois quarts. Une lorgnade nerveuse en direction de la fenêtre, une autre dans la même veine portée vers l’entrée. Comme pour s’assurer que personne ne les écoute ou ne les épie. "Des magnets que j’collectionne et qui décorent la porte de mon frigo.". Gaudriole décalée murmurée à la manière d’un secret honteux, ou d’un plaisir aussi coupable qu’inavouable. Le buste penché en direction du guapetón, un index qui invite à garder le silence collé tout contre les lèvres humectées.      

Got a secret, can you keep it?
Swear this one you'll save
Better lock it in your pocket
Taking this one to the grave.

Une vérité anodine et mortellement ennuyeuse, mise au service d’un mensonge par omission considérablement plus explosif. Contrebandier pour qui la confiance n’a qu’un œil et dont la discrétion s’élève au rang de vertu cardinale. Silence et voile jeté sur les pots pourris et les bâtonnets de craie – comme il les nomme pudiquement – convoyés et ramenés du Moyen Orient ou d’Amérique du Sud. Tant pour le compte de commendataires que pour son usage personnel. Un souci de confidentialité, mêlé à la volonté feutrée de ne pas enlaidir et écorner l’image que l’ange Gabriel peut avoir de lui. Celle d’un pauvre type immature, un peu bébête et qui se croit drôle. Les verres tintent au nom d’un toast porté pour la forme, sans motif et sans but. Une lichette du tord-boyau sirotée de concert plus tard, la réaction de l’artiste en dit long quant à l’intensité du breuvage. Réaction peu ou proue similaire pour l’incorrigible vagabond. Si l’on avait été dans un cartoon, des flammes jailliraient sûrement de sa bouche et la fumée s’échapperait de ses oreilles.

"Pu… whaaa, ils font pas semblant au Cambodge !". Remarque formulée d’une voix étranglée et suffocante. Visage déchiré en une grimace disgracieuse, les mirettes exorbitées par la causticité du liquide. Quinte de toux progressivement jugulée et étouffée dans un poing fermé. Puissant et aussi décapant que du vitriol. De quoi réveiller un mort. Plus que bienvenues, les petites notes sucrées, fleuries et fruitées, qui bruissent sur la langue en second lieu, donnent du poids à l’avis du Sieur Montero. Tout bien considéré ; oui, c’est super bon. "Oh, j’t’en prie ! Loin de moi cette idée … .". Pitre faussement offusqué qui se grime dans la peau d’un grand seigneur indigné, une main portée au cœur. Bouteille saisie pour faire l’appoint dans les verres, sourire canaille aux lèvres. Scène digne de deux camarades soviétiques attablés, bien décidés à descendre une bouteille de vodka.

Fifteen hours of the parties to drink on
Fourteen shots and another to take home.

A l’aide d’une télécommande et d’une rapide manipulation, le cordon-bleu habille l’ambiance d’un fond musical aux sonorités pop. Rebouchant le flacon du diable, Myko relève la tête aux premières pulsations des percussions. La bouille radieuse et illuminée d’un sourire de grand gamin. "Haaan, Freddy ! Rahlala, qu’est-ce que j’ai pu rayer le 45 tours de mes parents et faire saigner leurs oreilles avec cette chanson.". Déclaration mi-enjouée, mi-nostalgique. Absolument fondée, sincère et avérée, cette fois-ci. Déjà la première occurrence du refrain retentit. Et avec elle ressurgit les flashs sporadiques du passé. De ce petit garçon qui piquait et revêtait en loucedé les vêtements, tantôt de son père, tantôt de sa mère, et qui sautait sur son lit en beuglant – parfois en yaourt – les paroles d’une chanson dont le sens échappait parfois à sa compréhension. De larges lunettes de soleil qui lui dévoraient le visage sur le nez,une brosse à cheveux réquisitionnée entant que micro. Et plus que tout, l'impression grisante d'être une rock star comme Freddy.

Six minutes d’une plongée dans une époque où ça allait encore pas trop mal. Lent decrescendo vers l’outro du morceau. Le regard qui se trouble, le sourire qui se flétrit. La joie fichée sur le faciès qui doucement mue en spleen, l’esprit qui doucement prend la pleine mesure de ce qui n’est plus et que … oui, c’était pas si mal, tout compte fait. Effluves de nicotine qui titillent les narines et attisent l’addiction. Suivant l’exemple de son hôte, la tête brûlée s’empare du paquet de Malbo dans la poche intérieure de sa veste, qu’il fait tomber et dépose sur le dossier de la chaise. Passage dans le boudoir slash fenêtre. Installation à quelques centimètres de Gabriel sur l’autre extrémité du rebord. Filtre calé entre les charnues, la main qui, en dépit de l’absence de vent, abrite machinalement la flamme au moment de l’embrasement du papier. Bouffée inhalée, thorax qui se gonfle. "Voilà une excellente question. En dehors d’un dîner à Burlington demain soir, chez un ancien ami du lycée ; j’n’ai absolument rien de prévu. Ca s’ra donc freestyle.". Constatation dressée dans une expectoration nasale de fumée.

Qu'est-ce que je vais faire aujourd'hui ?
Qu'est-ce que je vais faire demain ?
C'est ce que j'me dis tous les matins
Qu'est-ce que je vais faire de ma vie ?
Moi j'ai envie de rien
J'ai juste envie d'être bien.

Pas plus pressé que ça d’être à demain et de retrouver le pédant Lloyd. Lui qui se fera fort de lui présenter avec grandiloquence sa petite famille parfaite et bien sous tout rapport. De lui faire visiter en long, en large et en travers, une maison bien agencée et décorée avec beaucoup de goût par Madame. De se vautrer dans l’esbroufe en lui faisant faire le tour d’un jardin, encore mieux entretenu que le gazon de Wimbledon. Bref, de lui jeter de la poudre aux yeux et s’enorgueillir dans le but de susciter la jalousie. En vain. Car s’il est bien un pêché auquel Mykolas est totalement imperméable, c’est indéniablement l’envie – et ses filles : la convoitise et l’avidité. "J’sais pas encore. P’t’être un peu de varappe, si la météo s’y prête. Paraît qu’il y a des spots à Underhill State Park qui valent le détour.". Projet avancé dans un haussement incertain des épaules. Les yeux hissés en direction de la voûte céleste.

Dégagée et sertie d’étoiles. Bon présage, souvent gage de journées anticycloniques à venir. Contemplation silencieuse. Puis, une idée folle qui piaille de plus en plus fort dans son esprit rompu de fatigue, et encore passablement déphasé. Le genou qui vient s’heurter contre la cuisse du bourreau de travail pour quérir son attention. "J't'invite ?". Proposition désarmante de spontanéité, presque naïve. Une bolée de tabac prise, l’extrémité de la cigarette secouée du pouce pour faire tomber les cendres dans le vide. Le sourire folâtre d’un adolescent, échafaudant des plans pour le week-end avec un pote, cousu sur les lèvres. Proposition qui n’engage à rien. Le grimpeur peut totalement admettre un refus … pour peu qu’il soit justifier par une raison qu’il estime valable. Un "j’ai le temps de rien" … c’est faible et un peu léger à son goût. Du temps, on en a toujours. Ce que l’on n’a pas forcément en revanche, c’est l’envie d’en trouver et de le prendre pour en faire quelque chose. Gabegie épouvantable pour qui n’en a plus tant que cela.

Time after time
Time after time … .

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Blackbird, blackbird, don't sing to me. Don't sing below my window. Don't nestle here, go find lovers of your own. Fly somewhere else, don't bother me. Don't sing below my window.

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Gabriel Montero
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Gabriel Montero

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I wished for a lasting love; the love lasted, but the lover lefted.

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ALTER-EGO : Dorian
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QUARTIER : Waterfall Avenue, Bâtiment #1, dans un petit appartement (#2) pratiquement vide...
MÉTIER : Chef cuisinier au Valhalla
COEUR : Célibataire, le cœur pas mal amoché
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INFOS RP

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MessageSujet: Re: Beau malheur (Gabriel) Beau malheur (Gabriel) EmptyLun 26 Aoû - 10:28

La situation ne se prête certainement pas à une petite crise existentielle sur sa place dans le monde, et comme il peut, Gabriel résiste à l’envie de céder à la tentation. Il doit beaucoup aux nouveaux propriétaires du Valhalla, mais surtout l’effet positif qu’ils ont eu sur son assurance en lui accordant toute leur confiance. Il doit seulement se rappeler une fois de temps en temps que s’ils voulaient se débarrasser de lui, ils n’attendraient pas de l’envoyer tous frais payés à l’autre bout du monde pour ça. “J’ai une brigade, bien sûr.” Il offre un léger sourire au jeune homme, chassant aussi loin que possible la moindre trace d’un nuage noir. “Mais si tu dois savoir une chose sur nous, les chefs… c’est qu’on a peut-être un petit problème de contrôle.” Un rire à peine audible vient ponctuer cette déclaration. Cette explication lui convient mieux que la vérité, et peut-être qu’elle n’est pas tout à fait fausse, pour lui, à défaut de l’être pour tous les chefs cuisiniers du monde. Il a besoin de sentir qu’un domaine dans sa vie n’échappe pas entièrement à son contrôle. Et sur ce qu’il doit advenir de sa cuisine en son absence, nul doute qu’il aura son mot à dire. Toutes les paroles réconfortantes de Mykolas ne sont pas nécessaires, mais Gabriel les accepte avec le sourire, comme si les mots du jeune homme venaient compenser le manque de soutien qu’il a rencontré par le passé.

Chacun déguste ensuite une petite part du festin préparé avec soin et l’humeur légère, amicale, semble vouloir s’installer pour de bon malgré un petit faux-pas de la part du philippin. Il ne peut reprocher à son invité de ne pas vouloir lui confier le moindre de ses petits secrets. L’alcool ressemble à une bien meilleure idée et Mykolas ne se fait pas prier pour remplir leurs verres d’une généreuse dose de la liqueur cambodgienne. Sans avoir besoin d’être avalée, la concoction réchauffe déjà l’ambiance, délie déjà les langues. Le jeu d’acteur de son invité pourrait presque l’avoir, mais il sent venir la supercherie assez vite pour parvenir à conserver un air impassible quand l’aveu tombe enfin. “Des magnets…” répète-t-il à voix basse, comme s’il craignait d’être entendu. Son regard perçant continue de peser un instant sur le jeune homme, mais il se détourne finalement en haussant les épaules. “Moi qui espérais que tu aurais quelques herbes aromatiques de choix pour assaisonner ce repas.” Ses yeux évitent un moment de se poser sur le visage de son voisin. Il ne veut pas savoir ce que ce dernier pense de cette remarque, ce qu’il pense de cette demande qui ne colle probablement pas à l’image qu’il renvoie. Il croit avoir une bonne idée de ce à quoi ces pensées peuvent bien ressembler, de toute façon. Alors il s’affaire à la cuisine, puis fait comme si de rien était quand il revient près de la table pour trinquer et goûter enfin à l’alcool de riz.

L’effet n’est pas immédiat, bien sûr, mais Gabe se laisse tenter à lâcher un peu de leste. Il change la musique pour quelque chose de plus énergique et embarque son verre à la fenêtre, où il s’offre une cigarette. “Je me suis payé un album de Queen avec mon premier salaire quand j’avais à peine quinze ans.” lâche-t-il en réponse à l’anecdote que Myko partage avec lui. Il n’y avait certainement pas de 45 tours chez les Montero, mais pendant longtemps, le baladeur CD de Gabriel est resté sa plus précieuse possession. Un objet qui n’appartenait qu’à lui, qu’il utilisait pour s’enfermer dans un monde qui n’appartenait qu’à lui. Il a toujours vécu un peu plus dans sa tête que dans le monde réel et vingt ans plus tard, c’est toujours un peu vrai. Il imagine, il rêve, plus qu’il n’agit. Par manque de temps, par manque de courage aussi, bien que ce soit plus difficile à admettre. Si Mykolas vient s’allumer une clope à ses côtés, il refuse néanmoins de donner à Gabriel l’occasion de vivre une vie pleine d’aventures par procuration. Un simple dîner avec un ami du lycée. C’est époustouflant de banalité. Le freestyle évoqué derrière renferme un peu plus de promesses, qui prennent finalement la forme d’une petite excursion en montagne. Le fin sourire du cuisinier se fige sous la surprise d’une invitation inattendue. Il se tourne vers son voisin, mais ne trouve rien à répondre tout de suite. Ce n’est pas une demande en mariage, certainement pas une proposition qui l’engage à quoi que ce soit. C’est un souvenir, le seul qu’il ait de ces montagnes, qui le retient d’abord de répondre et le pousse finalement à accepter. “Pourquoi pas ? Tant que c’est un dimanche ou un lundi, j’suis ton homme. J’ai pas mis les pieds dans les Green Mountains depuis deux ans !” Il reste pragmatique, peut-être trop pour son vis-à-vis : pas question de manquer un jour de travail pour aller crapahuter Dieu sait où avec son voisin. Mais pas question non plus de rester à jamais coincé dans le passé.

Il avale une longue gorgée d’alcool, de courage liquide très clairement, quand bien même il n’en aura pas besoin dans l’immédiat. La seconde gorgée lui brûle la gorge autant que la première et le convainc une fois pour toute que la nuit risque de finir dans le plus grand flou. Pour cette raison, il se relève brusquement, dépose son verre près de Mykolas sur la place qu’il vient de quitter, et après avoir coincé la cigarette entre ses lèvres, va fouiller le dernier tiroir qui n’a pas encore passé son inspection. Celui qu’il appelle généralement le tiroir à bordel et pour cause… Il y a de tout là-dedans, de la carte postale reçue il y a plus de dix ans, jusqu’au tournevis qui n’a absolument rien à faire là. Tout une collection de babioles dans laquelle il fouille un petit moment, jusqu’à trouver enfin ce qu’il cherche : le trousseau de clés des deux frères. Il le brandit, victorieux, juste au moment où l’alarme incendie réglementaire de son appartement happe les volutes de fumée de sa cigarette et commence à pousser sa plainte stridente, si fort qu’elle couvre la voix de Freddie Mercury. “Merde !” Le chef se précipite à la fenêtre pour se débarrasser des cendres et de l’objet du crime, ainsi que pour rendre enfin à Mykolas la clé qu’il était venu chercher. “Avant que j’oublie.” lance-t-il en essayant tant bien que mal de couvrir le bruit de l’alarme, vers laquelle il retourne ensuite et qu’il tente d’atteindre, sans grand succès, du haut de son mètre soixante-treize.

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