Robin tâchait de sourire, même si elle n’en menait pas large dans le fond. Des portes ouvertes, quelle idée. Elle avait soutenu le projet, trouvant que c’était une bonne idée pour attirer de nouveaux clients, pour permettre au ranch une meilleure visibilité, il n’y avait pas de meilleure publicité… mais maintenant qu’elle entendait les rires des enfants qui arrivaient, les conversations des parents, la fébrilité la gagnait. Elle n’était plus certaine d’avoir envie de faire face, tout à coup, car en général, c’était le soir qu’elle aimait se perdre en compagnie des gens, qu’elle aimait faire la fête et picoler jusqu’au bout de la nuit. Elle souriait toujours en expliquant à une famille où se trouvait la carrière pour les tours de poney, souriait encore quand il fallut empêcher un enfant de mettre la tête dans une botte de paille – pourquoi avait-il voulu faire ça, elle n’en avait toujours aucune idée – et à force, sa mâchoire se crispait. Alors, en sentant le malaise la gagner, elle se dirigea vers l’une des écuries et s’enferma dans la sellerie, minuscule pièce dans laquelle il régnait une chaleur étonnante. Ici au moins, elle ne serait pas dérangée. Elle ferma les yeux, prit une profonde inspiration. Allez, courage, c’est bientôt la fin. Alors que ça ne faisait que commencer. Elle avait besoin de se détendre, terriblement besoin. La seule façon qu’elle avait de se détendre et d’oublier était l’alcool, et elle regretta de ne pas en avoir à proximité. Cela aurait été tellement plus facile pour supporter cette journée. Les choses ne pouvaient que bien se passer aujourd’hui, elle s’efforça donc de chasser de telles pensées de son esprit. Et alors qu’elle se donnait mentalement du courage, elle entendit la porte de la sellerie s’ouvrir brusquement et aussitôt, elle releva la tête et afficha un sourire contrit, prête à reprendre son rôle devant le visiteur qui osait l’importuner.  

Spoiler:

Viens avec nous au ranch, avait proposé Grace, les enfants seraient tellement ravis de passer du temps avec toi, cela fait tellement longtemps qu’ils ne t’ont pas vu… Dès qu’Ava posa les pieds au ranch, elle fut assaillie par les odeurs de paille et de purin qui flottaient dans l’air. Elle soupira de dégoût, maudissant les Fordham sur plusieurs générations, et décida de se rapprocher de l’écurie. Elle ne voyait personne, et elle se disait qu'elle allait peut-être trouver quelqu’un au visage familier, ou à défaut un palefrenier avec qui discuter santiags un peu plus loin sur l'exploitation. Elle n’avait jamais été dans ce genre d’endroit, et se sentait un peu perdue au milieu… de nulle part à vrai dire. La rousse aurait été capable de décrire parfaitement chaque ruelle de Manhattan mais dans un ranch, elle n’osait à peine mettre un pied devant l’autre. Elle lança un « Bonjour… ? » dans le vide, et se demanda si elle ne s’était pas trompée de date – il ne manquerait plus que cela. Elle n’eut de réponse que l’écho de ses talons contre le sol cimenté. Vraiment ? Se disait-elle, Un seul jour de congé en 4 mois et je le passe toute seule dans un trou à purin ? Pas après pas, un bruit de fond commençait à se faire entendre, et les cris des enfants guidèrent le médecin jusqu’à l’entrée principale qu’elle allait atteindre en accélérant sa cadence, devenue plus affirmée. Bon endroit, bonne date, mauvaise entrée sans doute ?
C’est alors que la surprise l’arrêta dans son élan : elle vit une jeune femme, le visage pâle, s’éclipser discrètement hors de la foule à l’autre bout du couloir. Le sang d’Ava ne fit qu’un tour et, inquiète, elle se mit à la suivre pour ne trouver qu’une porte fermée à la hâte. La généraliste frappa doucement, et murmura contre le bois :

« Est-ce que tout va bien ? Je suis médecin, je peux peut-être vous aider… ? »

Aucune réponse. Imaginant que la jeune fille était tombée dans les pommes et qu'il fallait l'emmener aux urgences, la quadra força sur la porte jusqu'à ce que celle-ci cède, l'emportant avec elle. Reprenant ses esprits, Ava s'aperçut que la fille était encore consciente, et posa une main sur son cœur rapide. Elle reprit son souffle et balbutia, en défroissant sa jupe :

« Je suis désolée, je croyais que vous aviez fait un malaise. Est-ce que tout va bien ? Vous êtes encore pâle. »

Spoiler:

L'idée avait germé au plus fort de l'hiver, à l'heure où Redwood Hills semblait encore figé dans un étau de glace. Voilà bien des années que cette vieille bâtisse ne s'était plus parée de ses plus beaux atours, le temps d'une journée placée sous le signe de l'insouciance. Et qui n'en avait pas besoin, en cette période pour le moins troublée ? Parmi ses plus précieux soutiens, tout comme parmi ses détracteurs – ce qu'elle ne pouvait néanmoins que supposer puisqu'elle n'avait pas jugé nécessaire de les sonder plus avant à ce sujet – certains n'avaient pas manqué de pointer ce qui pouvait passer pour une habile manœuvre politicienne. Il n'en était rien pourtant. Pas de banderoles, ni de badge supposé rappeler l'élection à venir. Et il suffisait de voir Faith déambuler d'un bout à l'autre du domaine depuis le petit jour – l'air épuisé mais non moins satisfait – pour se figurer qu'il n'était question de rien, sinon de l'affection profonde qu'elle nourrissait pour cet endroit et de l'immense fierté qui l'habitait à la pensée du travail de tous ceux qui l'avaient précédée, rendant possible ce moment de partage. Des publicités avaient été distribués dans la boîte aux lettres de chaque habitant des environs et l'événement commençait à rencontrer son petit succès, principalement auprès des familles à en juger par le nombre de jeunes enfants qui avaient envahi la cour. De quoi se sentir rapidement débordée face à la file d'attente, près du stand dédié aux cours de poney. Le temps d'empêcher un petit garçon d'enjamber la barrière de bois, Faith crut reconnaître une silhouette familière à l'autre bout du pré. « Hey ! » s'exclama-t-elle dans un sourire, comme elle s'avançait vers Noam qu'elle avait déjà eu l'occasion de saluer, un peu plus tôt dans la journée. « Tu n'aurais pas vu Robin ? » Elle l'avait cherchée partout pour l'appeler en renfort – sans succès. « Les enfants sont surexcités et la situation est en passe de devenir incontrôlable. » commenta-t-elle avec humour, juste avant d'ajouter, dans un léger froncement de sourcil : « Tout va bien ? » Et son regard clair de glisser du vétérinaire au cheval blessé – et inversement – car il était difficile de déterminer lequel des deux se sentait le plus mal.

@Noam O'Hara

Spoiler:

Ce semblait être une bonne idée ne l'était pas toujours - je le savais, pourtant. Sauf qu'il aurait été impossible de prévoir le désastre qui se profilait à l'horizon : de violentes allergies qui s'étaient déclarées après quelques minutes tout juste passées sur le terrain du ranch, près des animaux, et qui me donnait la tête d'un type qui avait consommé quelque chose de pas net. Les chiens, les chats, cela ne m'avait jamais causé de problèmes, mais à croire qu'il en allait autrement avec les chevaux... Ou bien, c'était peut-être le foin, la nourriture des bêtes, le fumier, difficile de dire vraiment. Reniflant une fois de plus, je sortais mon téléphone pour consulter l'heure et surtout, me demander s'il ne serait pas beaucoup plus simple d'envoyer un SMS à Robin, pour savoir si elle était dans les parages. La jeune femme était la raison de ma venue. Elle ne m'avait pas donné formellement rendez-vous ici, mais nous avions pu parler à quelques reprises de ses activités au ranch et je lui avais laissé entendre mon intérêt pour ce qu'elle faisait. Cet intérêt n'aurait d'autres choix que d'être manifesté de loin la prochaine fois, à moins que je ne découvre ce qui me mettait dans un tel état misérable. Alors que je décidais de bouger un peu, au cas où je la trouverais, une certaine odeur caractéristique attirait mon attention. Eh merde... Sans jeu de mots, je venais de mettre les pieds dans une belle m**** justement. « Génial. » Grommelais-je entre mes dents. Trouver Robin n'était peut-être plus la meilleure idée qui soit. Les yeux rouges et bouffis, puis cette merveilleuse odeur collée aux baskets dans le sens le plus littéral du terme. Je levais la tête en soupirant d'agacement, au moins personne ne semblait avoir assisté à tout ça.

Buffet, boissons. Jillian jette un œil sur cette publicité reçue il y a quelques jours alors qu'elle est encore affalée sur son canapé. C'est assez convainquant, surtout lorsqu'elle réalise qu'il n'y a (une fois de plus) rien à manger dans le frigo. Elle aurait pu prévoir et faire des courses la veille, mais en sortant du travail, la jolie musicienne avait reçu un de ces SMS « on va boire un verre ? » qui avait fini lorsque le soleil s'était à nouveau mis à briller dans le ciel. Meuuuuuuuuuuuuuuf, j'ai faim et y a un truc qui s'passe au ranch. Lance la jeune femme avec enthousiasme. Après tout, pour faire passer sa gueule de bois, ça ne lui ferait pas de mal d'aller prendre l'air. Qui plus est, elle a toujours aimé aller se balader du côté de la farming area, et de ce ranch justement. Elle a un spot préféré où elle adore s'allonger, un joint à la main et la tête pleine de rêves. De ce fait, elle espère que la jolie blonde voudra bien l'accompagner (après tout, ça lui fera de la compagnie). Après quelques négociations musclées (ou non), les deux jeunes femmes quittent l'appartement.  Il ne fait pas extrêmement chaud, et Jillian opte tout de même pour un jean et un gros pull. Sur ses yeux, une paire de lunette de soleil, et les voilà parties. Regarde nous, trentenaire, à se balader dans la cambrousse, le début de la fin.   Dit-elle, en arquant un sourcil, non sans finalement lui tendre son joint.  Alors qu'elle aperçoit un panneau qui menait jusqu'à l'entrée du ranch, la jeune femme a soudainement une illumination et s'arrête net. Dis, y avait pas l'amour de ta vie qui bossait au ranch ? Non, parce que ça venait tout juste de lui revenir. Et en parlant du thème, Jillian fronce les sourcils, en passant devant une voiture garée qui lui était familière. S'il n'était pas dans le véhicule, c'est qu'il était forcément là-bas. Une idée qui lui laisse un sentiment bien étrange, mais qu'elle ne verbalise pas. Oops. En revanche, un éternuement s'échappe, alors qu'un petit vent s'était levé. Vive le pollen. J'suis pas malade, hein ! Précise-t-elle, en haussant sans s'être remise à marcher pour autant.

Portes ouvertes au ranch. Lorsque Robin lui en a glissé un mot, il a insisté, même s’il n’était pas trop cheval et tout ce qui est en lien avec la ferme. Disons que jeune, il préférait de loin s’enfermer dans sa chambre que de suivre les gens dans des sorties équitations. Faut dire aussi que l’idée d’être sur un animal plus gros que lui, qui le traîne où il veut… non merci. Les scénarios désastreux ne manquent pas. Mais bon, pour le coup, il met ça de côté et tient à y aller. Autant découvrir le nouvel environnement de sa meilleure amie. De plus, Rafael allait être de la partie, lui aussi. Le monde est petit quand même. La copine de ce dernier et sa meilleure amie, collègues de travail. Ou comment rendre Manny mal à l’aise en lui rappelant les faux jugements qu’il avait eu au sujet de Faith. Aujourd’hui, il peut en rire - ou presque. À vrai dire, il préfère ne plus en parler et heureusement pour lui, Rafael ne parle pas assez pour le relancer là-dessus. Bref, voilà donc l’Indien qui arrive sur le terrain, son regard à la recherche de la tête de sa meilleure amie, sans succès. Il demande à ce qui semble être un employé qui lui énumère quelques endroits où elle pouvait se trouver. Bon, bah, apparemment, il s’est embarqué dans une partie de cache-cache. Mission trouver Robin. Ce qui s’avère moins compliqué que prévu. Il s’avance vers l’écurie dans lequel il pénètre pour y retrouver, enfin, la jeune femme. « Fait gaffe, tu risques d’avoir des crampes aux joues à sourire comme ça. » plaisante-t-il à la vue du faux sourire de la jeune femme. Elle peut duper les autres, mais pas lui. « Ça l’air de bien se passer. » Dehors, ils ont de quoi bien s’occuper, ce qui est une bonne chose pour eux. Content pour elle, il lui glisse un sourire encourageant. « Je dois prendre un numéro si j’ai besoin d’aide pour monter un cheval ? » Parce que seul, il risque de se blesser et que s’il devait se ridiculiser, serait devant Robin et non devant un inconnu.

@Robin Myers

Robin ne s’attendait pas à ce que quelqu’un s’engouffre brutalement dans la sellerie, l’air complètement paniqué. Une femme se précipita vers elle en lui parlant à toute vitesse, si bien que Robin la dévisagea d’un air perplexe. « Quoi ? Non, non… Je vais bien » avait-elle l’air si mal en point que cela, pour inquiéter une parfaite inconnue ? De toute évidence, puisque l’autre affirmait être médecin, croyait qu’elle avait fait un malaise. Et pour preuve, elle était encore pâle. Sans doute devait-elle avoir l’air vraiment malade, mais elle finit par secouer la tête. « Non, non… Je travaille ici, je venais juste chercher un truc. Désolée, j’voulais pas vous faire peur » elle attrapa le premier objet qui lui tombait sous la main, une brosse, et l’agita sous le nez de la rousse. Elle se sentit soudain terriblement gênée d’avoir ainsi effrayé cette femme, elle, elle voulait juste profiter d’un moment de calme. Mais de toute évidence, ce n’était pas maintenant qu’elle allait pouvoir souffler. Elle entraîna donc la femme hors de la sellerie et tâcha de se montrer aimable, parce qu’elle était aussi là pour donner aux gens une bonne image du ranch. « Vous avez besoin d’une information ? Vous voulez faire un tour de cheval ? On a un stand de nourriture, aussi… quelque part » quelque part, c’était déjà une bonne indication. elle souriait de nouveau, comme si de rien n’était, comme si tout était oublié. Elle savait donner le change, Robin. Et tandis qu’elle se trouvait toujours auprès d’Ava, elle vit une silhouette familière arriver en sa direction et cette fois, un vif sentiment de soulagement la submergea. Manny dans toute sa splendeur. « J’suis contente de te voir. Et ouais… ça se passe bien » elle préférait passer sous silence le petit incident avec Ava, quelques minutes plus tôt.  « Y a des tours à poney pour les enfants dans le manège, si t’as envie. Sinon, je peux te… » mais elle ne termina pas sa phrase, au même moment, elle venait d’apercevoir la silhouette de Griffin, un peu plus loin. Si elle avait jeté un coup d’œil à son téléphone, elle aurait su qu’il était dans les parages, mais elle n’avait pas eu la présence d’esprit de le faire. « C’est lui ! Tu sais… Griffin » elle exagéra une grimace, pour faire comprendre à Manny qu’il s’agissait de ce fameux type bouclé qu’ils avaient suivi dans les rues de Burlington, l’autre jour. Le fameux Griffin. Elle ne réfléchit pas une seconde et, après avoir jeté un coup d’œil à Ava puis à Manny, elle s’exclama pour attirer son attention « Griffin ! » elle était contente de le voir, quand même. Et puis ce serait peut-être l’occasion de lui présenter Manny, non ?    

@Ava S. Watson @Manny Singh @Griffin Kidd