29.06.2024

New York, les enfants, la soirée avec eux avait été exceptionnelle. Il avait finalement peu vu Jeff pendant leurs 24h à New York, entre les enfants qu'il avait vu seul le soir – il était entré assez tard les raccompagnant en taxi chez eux puis à l’hôtel – et le rendez-vous prévu le samedi matin avec Sonia. Alonso avait fait en une journée ce qu’il avait l’intention de faire en deux jours. Forcément l’emploi du temps avait été restreint. La voir en face à face avait été une épreuve qui l’avait vidé. Il se demandait pourquoi le karma était aussi injuste avec lui de lui infliger de rencontrer son ex et celui de Jeff dans la même journée.

Sonia avait commencé par discuter des enfants. Au début, elle était aussi fière que par messages, puis sans qu’Alonso n’y comprenne rien en plein milieu du café et d’une phrase, elle avait fondu en larmes. Alonso était resté d’abord stoïque alors qu’elle lui expliquait que son couple battait de l’aile, qu’elle ne savait plus ou elle en était et que c’est pour ça qu’elle avait été si maladroite… Elle avait posé sa main sur la sienne, il l’avait retirée. Elle avait pleuré, qu’elle avait l’impression d’être une étrangère pour lui, qu’elle était tout de même la mère de ses deux fils. Heureusement qu’ils étaient dans un coin tranquille. La discussion avait donc pris plus de temps que prévu mais Alonso était revenu vers 12h à l’hôtel. Le vol était à 18h20, ils avaient encore le temps. Ils avaient demandé à l’hôtel de conserver les bagages et avaient mangé tous les deux dans un japonais. Alonso avait évoqué très brièvement l’entrevue avec Sonia, mais il avait besoin de penser à autre chose alors, alors ils avaient surtout parlé de spectacles, de Broadway et des sorties à faire la prochaine fois qu’ils reviendraient ici. Ils s’étaient baladés ensuite un peu et avaient acheté un cadeau pour Russel à mettre dans leur bagage en soute, après tout, il allait les accueillir sur place. Le cadeau avait été choisi par Jeff puisque c'était lui qui connaissait le mieux leur hôte.

Arrivés à l’aéroport aux heures prévues, ils avaient patienté dans la queue puis enregistré leurs bagages. Russel avait envoyé des messages à Alonso pour lui dire où il en était. Al avait gardé le secret finalement, même s’il avait parfois hésité à le dire à Jeff. Sa main s’arrêtait de temps à autre sur celle de son compagnon. Arrivés dans la zone de duty-free, il savait que Russel pouvait être là et débarquer à tout moment. Il n’aimait définitivement plus cette idée et se sentait un peu nerveux, Jeff devait le sentir, mais il présumait sans doute que c'était en rapport avec le fait de rencontrer son ex dans les prochaines heures, pas dans les minutes qui suivaient. Pour voyager, Alonso avait simplement mis un polo noir, un jean gris foncé et des baskets blanches, une tenue où il se sentait à l'aise. Son bagage à main lui contenait tout ce qu’il fallait pour passer une nuit confortable dans l’avion, coussin de tête, écouteurs, masque pour dormir, liseuse, un pull aussi, car il faisait souvent froid dans les avions. Il avait bien l’intention de dormir un peu s’il le pouvait... Mais il n’y croyait pas trop. Ils avaient que 7h mais l’arrivée heure locale était à 6h20, mais il serait que 1h20 à l’heure new-yorkaise, il détestait voyager dans ce sens. En attendant, ils étaient devant les parfums en promotion regardant les bonnes affaires que leur proposait cette zone sans taxe sans penser qu'une voix allait bientôt surgir derrière eux dans un Mon p'tit loup..., plein de tendresse qui fait se retourner immédiatement Alonso.

New-York est exaltant, car toujours en mouvement, toujours en évolution. Mais au fond, elle reste toujours la même, dans son fonctionnement du moins. Tu es content d'être à New-York, même si c'est uniquement de passage. Tu as laissé Alonso voir ses fils, tu as passé un peu de temps chez un vieil ami tenant un bar où tu avais l'habitude de te produire, il y a tant d'années de cela. Lui n'a presque pas changé, hormis le fait qu'il ait choisi d'être chauve plutôt que d'assumer une calvitie naissante et surtout grandissante. Tu lui avais raconté tes folles retrouvailles, il n'y croyait pas. Il ne croyait pas non plus que tu allais rester dans la si petite ville où tu avais grandi et que tu avais fui dès que tu avais pu. Mais tu pouvais comprend, qu'on ne te croit pas sur ce point.

Tu as été aux petits soins pour lui, avant de le voir partir voir son ex-femme. Tu lui as dit que ça irait, même si tu ne savais pas. Tu lui as dit aussi que tu apprendrais à faire du crochet si elle l'énerve trop, il n'aurait qu'à lui tirer les cheveux, en garder quelques uns et après cela l'accrocher à la poupée vaudou que tu aurais confectionné en crochet. Tu as juste trainé le lendemain, tu as appelé Amalia également, pour faire un Facetime avec elle et prendre des nouvelles de Chacha, qui ne pouvait ni te reconnaître, ni reconnaître ta voix transformée par le téléphone. Amalia t'avait assuré qu'elle se portait bien et que tu ne lui manquais pas du tout. Sacrée Amalia. En tout cas, cet appel et le fait de voir ta fifille t'a fait du bien. Le repas du midi s'était passé dans le calme, sans trop parler du rendez vous pénible que venait d'avoir Alonso avec Sonia. Vous avez plutôt vite discuter de ce qui serait possible de faire à Londres, des envies de chacun. Et des nouveaux spectacles ici, du fait qu'il vous faudrait revenir. Parler de l'avenir à deux te faisait toujours du bien, toi qui n'aimait jamais te projeter dans une vie de couple, tu prenais plaisir à le faire avec ton bel espagnol. Puis vous avez choisi un cadeau pour Russell. Tu te souvenais de son amour pour la calligraphie alors tu as choisi un set pour qu'il puisse en réaliser. Un set avec un bâton d'encre et non de l'encre en bouteille car tu te souvenais que c'était une hérésie d'en utiliser, selon lui. Peut être aurait-il été plus judicieux de choisir un cadeau moins personnel, mais tu aimais faire attention à ce que tu offrais, montrer par ces gestes que tu écoutais quand on te parlait.

La partie la moins réjouissante été arrivée, celle de l'enregistrement à l'aéroport. Heureusement, Alonso, bien plus organisé que tu ne le seras jamais, avait tout préparé en amont et t'avait dit de bien le faire. Il avait aussi vérifié une fois que tout était bon pour toi et ça l'était. Tu avais passé son épreuve de la minutie. Donc, aucun soucis pour vous enregistrer. Il ne te restait que ton bagage à main, comme celui d'Alonso.

Tu es en train de chercher le parfum que tu portes, autant le payer moins cher si tu en as l'occasion. Et alors que tu passes en revu ceux devant toi, que tes yeux s'arrêtent parfois sur des noms que tu ne connais pas, tu sens une main se poser contre ta hanche. Tu te crispes d'un coup, même quand tu entends la voix de celui qui vient de te toucher. Tu te tournes, vivement, tu fixes Russell qui est devant toi, puis Alonso, puis Russell de nouveau. Russell ? T'es pas à Londres ? Apparemment non, ou alors il a un jumeau qui t'appelle de la même manière que lui. Russell lance un regard complice à Alonso alors toi, tu lui lances un regard rempli de questions. Surprise ! C'est drôle, j'étais presque certain que ton Alonso aurait vendu la mèche. Tu regardes de nouveau Alonso. Quoi ? Je comprends pas ? Tu prends l'avion avec nous ? Tu cherches des réponses. Il ne te répond pas tout de suite et préfère regarder Alonso avec un petit sourire que tu reconnais bien. Attends. C’était prévu tout ça ? Alonso ? Tu n’espères pas. Tu n’es pas prêt, tu n’as pas eu le temps de préparer à l’avoir devant toi. Bon, comme apparemment vous aimez faire des trucs à deux je vous laisse je dois aller voir cette boutique de montres. Tu ne leur laisses pas le choix, tu t’éloignes en ralant et en pestant contre eux.

Il ne l'imaginait pas aussi grand, pourtant, il avait vu sur les photos qu'il était plus grand que Jeff. Charismatique. Son compagnon par contre n'affiche pas le sourire espéré. Espéré ou redouté ? Russel balance immédiatement la responsabilité d'Alonso dans le processus et lui fait un sourire entendu, mais le pharmacien lui ne voit que Jeff sa peur, son stress. Ses yeux vont de Russel à son partenaire. Il le savait très bien que ça finirait comme ça. Il l'a senti mais Alonso écoute rarement son instinct, il se laisse embarquer par sa rationalité. Il le voit partir et se sent complètement dépassé. Depuis le coup de fil où il avait décidé ça, il y a eu Amalia, il y a eu les bagages, les enfants, Sonia... Alonso se cherche des excuses alors qu'il sait très bien que Jeff a besoin de sérénité, plans normés. Notre surprise n'a pas eu l'effet escompté. dit Russel l'air un peu peiné en lui tendant la main. Alonso la serre, elle est franche, sèche, il semble sûr de lui. Comment peut-il l'être alors que Jeff leur en veut à ce point ?

Ne t'inquiète pas, il va revenir... Il boude par qu'il est surpris, c'est tout. Al fronce les sourcils, s'il y a bien une chose qu'il ne veut pas ce sont les conseils de Russel pour gérer son couple. Je vais le voir. ce sont les premiers mots d'Alonso. Tu vas juste provoquer une dispute, si tu vas le voir maintenant, tu le sais ? Il va juste s'énerver encore plus. Alonso regarde Russel, qui lui parle comme s'il connaissait mieux Jeff que lui. C'est lui qui avait poussé pour faire ce voyage à trois. Alonso avait d'abord dit non... mais finalement il s'était laissé faire. Sans doute perturbé par sa mention d'un plan à trois et persuadé que Russel devait mieux connaître Jeff que lui... C'était avant leur discussion, avant d'entendre Jeff lui dire qu'il voulait simplement bien faire les choses. Il aurait dû lui dire, mais les billets étaient pris... la seule chose qu'il aurait dû faire c'était le prévenir mais il avait promis à Russel... C'est ma faute. Je vais le voir. répète-t-il.

Il abandonne Russel tout en entendant un soupir et va chercher Jeff dans la boutique de montre. Alonso le voit immédiatement, bien sûr et se met à côté de lui à regarder aussi les vitrines, mais les montres ne sont pas ce qu'il observe vraiment. Je le savais oui, mais il m'a dit que ça te ferait tant plaisir et... Alonso sent qu'il rejette la faute sur Russel, mais c'est pourtant lui qui a pris la décision alors il tourne la tête vers Jeff, il veut le prendre dans ses bras, mais sent que ce serait pour se rassurer lui-même alors il n'ose pas. J'ai réalisé trop tard que ça pouvait être une erreur. C'est ma faute. Excuse-moi, Jeff, j'ai mal agi. J'aurais dû te prévenir... il marque une légère pause. Est-ce que tu veux que je te laisse du temps pour digérer l'information ? Une façon polie de lui demander s'il veut encore de sa présence pour l'heure qui leur reste à tuer avant l'embarquement.

Russell est là. Ce n'est pas le pire. C'est déjà perturbant pour toi, il faut le dire. Tu t'étais préparé à le voir à Londres, tu t'étais dit que tu en discuterais avec Alonso dans l'avion, de son caractère, des habitudes que tu te souviens qu'il a, d'un tas de choses. C'était prévu et tu n'en as pas parlé à Alonso parce que ça ne servait à rien, selon toi. Ça se ferait simplement. Mais maintenant, plus rien n'est prévu, Russell est là. Alonso le savait. C'est sans doute le pire, Alonso le savait. Tu sais que ce n'est pas lui qui a demandé à Russell de te faire une surprise, Alonso te connait. Mais justement, en te connaissant, il aurait du dire non à Russell. Tu sais que ce n'est pas simple de dire non à Russell. Tu regardes les montres, tu te concentres sur l'aiguille des secondes qui tourne sur l'une d'entre elle. Son parcours est simple, tu peux le prédire, il te rassure.

Tu écoutes Alonso. Tu te retiens de lui faire une scène parce que vous êtes dans un lieu public. Oh, tu t'en fous de crier dans un aéroport, d'être filmé et de passer pour l'illuminé du jour. Mais c'est important pour Alonso, Alonso est important pour toi alors tu te contiens. Russell a tort, tu peux changer, si on t'aide à cela, si on considère que tu es une personne à part entière. Lui ne l'a pas fait, alors tu n'as jamais changé. Mais Alonso te pousse tous les jours à le faire. A parler, à ne pas fuir, à ne pas exploser quand quelque chose s'est mal passé. Le bruit ambiant t'aide à te concentrer, à te rappeler que vous n'êtes pas seuls. Tu viens chercher sa main, sans le regarder, ta propre main tape d'abord dans le vide avant de rencontrer la sienne. Tu la serres, tu lui dis que tu es là par ce geste. Tu ne parles pas au début. Tu regardes encore cette montre et son aiguille qui fait le même cercle, encore et encore. Puis tu prends une grande inspiration. Je sais que c'est Russell qui a voulu organiser cette rencontre surprise...Je suis juste étonné, un peu déçu, que tu aies accepté. Tu mets les mots, tu arrives même à blâmer Alonso. Le mot déçu a été le plus dur à prononcer, tu restes nerveux à l'idée qu'il lâche ta main et te dise qu'il essaie toujours de faire au mieux pour toi, que tu n'es qu'un enfant ingrat qui se comporte comme un enfant ingrat. Tu n'arrives pas à aller contre Alonso parce que tu as peur qu'il s'en aille. Mais Alonso est différent, il est venu, Russell n'est pas là. Merci d'être venu. Bien sûr que tu n'aurais pas quitté l'aéroport, que tu serais retourné les voir après avoir tout décanté. Mais alors, tu n'aurais pas été à l'égal d'Alonso. Tu sais que pour Russell, tu ne l'es pas. Je suppose qu'on est assis pas trop loin de lui dans l'avion ? Est ce que je pourrai me mettre côté hublot, à côté de toi, pour n'avoir que toi d'un côté ? Tu le connais, s'il a réservé les billets et qu'il est là, il a choisi les places. Si il a choisi les places, tu te retrouves à côté de lui.

Tu es calmé, même si vous avez du rester sans rien dire encore quelques minutes et qu'un vendeur vous a demandé si la montre que tu fixes depuis le début t'intéresse. C'est une belle montre, fine et simple, son bracelet en cuir donne une imitation bois que tu aimes beaucoup. Il y a le même motif qui se répète sur le cadran, le boitier, les cornes et le remontoir sont dorés, tout comme les aiguilles et les traits qui permettent de comprendre l'heure qu'il est. Merci d'être venu. tu le répètes à nouveau pour briser le silence. Parce que c'est important pour toi, parce que même si tu le sais, ça te prouve un peu plus qu'Alonso n'est en rien comme Russell. Je vais aller nous chercher des boissons, je te rejoins où on s'est rencontré avec Russell. Tu es calmé, la surprise est passée, tu sais que tu as Alonso à tes côtés pour affronter ce changement de programme. Mais un petit moment seul à faire la queue au Starbuck qui se trouve juste à côté te fera du bien. Tu lâches la main d'Alonso mais ton bras se lève pour passer dans son dos et le caresser avec affection. Tu t'apaises un peu plus par ce geste et tu vas faire la queue.

Jeff vient chercher sa main. Il la prend, il se sent mal, parce qu'il l'avait anticipé et qu'il a laissé faire tout de même, qu'il s'est laissé emporter dans le flux de l'urgence. Jeff finit par lui parler. Déçu. Alonso accepte la critique même si elle lui fait mal. Je suis désolé... prononce-t-il en baissant les yeux. Il l'est vraiment. Il ne sait comment il en est venu à penser que c'était une bonne idée, il repense à la conversation, elle date de trois jours mais elle est déjà flou dans son esprit. Russel qui le défie de demander à Jeff, lui assurant qu'il dirait forcément oui, jouant sur ses émotions et surtout Jeff qui lui avait répété qu'il n'avait rien à craindre de Russel, qui avait rit en l'ayant au téléphone, qui paraissait si à l'aise en l'appelant... C'est vrai, il ne s'était pas méfié ou en tout cas pas assez. C'était confus mais il en prenait la responsabilité. Jeff le remercie d'être venu. Alonso ne comprend pas très bien ce remerciement sur le moment. Il ne dit rien. Caresse simplement sa main de son pouce appréciant que Jeff lui tienne la main en ce moment. Lui aussi est là présent avec lui, malgré le malaise qu'il a créé.

Contrairement à ce que Russel a dit, Jeff ne s'est pas mis en colère, ni n'a pas fait de scandale parce qu'il l'avait rejoins. Alonso note intérieurement que peut-être... possiblement... Russel avait beau avoir passé plusieurs années avec Jeff... il ne le connaissait pas si bien que ça. Il le laissait tout seul. Cette pensée prend tout son sens et il prend une longue inspiration. Russel ne connait pas si bien Jeff... non... Alonso en prend doucement conscience. Mine de rien les informations qu'il a sur Russel sont maigres. Bien trop maigres. Alors, bien sûr, Jeff est en colère et il a le droit de l'être mais mais il se contrôle. Son compagnon mentionne aussi sa place dans l'avion, estimant que Russel serait forcément près d'eux. Il a bien analysé la situation. Oui. Bien sûr... Tu te mettras où tu te sens le mieux. Il ne l'aurait pas laissé s'assoir à côté de Russel de toute façon pas avec ce qui venait de se passer. Il le protégerait. De quoi, il ne savait pas bien encore, mais il le protègerait.

Ils restent ainsi quelques minutes à regarder les secondes qui passent. Plus rien n'existe qu'eux pendant un moment. Alonso utilise ce temps pour retourner le problème dans tous les sens, il ne comprend pas, ni completement Russel, ni complètement Jeff... Ne faisaient-ils pas ce voyage entier pour qu'ils se retrouvent ? Certes pour une clôture mais une dernière belle clôture ? Quelqu'un qui avait compté dans sa vie et qui l'aimait encore beaucoup ? De son côté, est-ce que Russel savait que Jeff pouvait réagir comme ça en le voyant ? Il n'avait pas l'air si surpris que ça... Quel aurait été l'intérêt de Russel de mettre délibérément Jeff en difficulté ? Ces questions n'ont aucune réponse, aucun écho, mais une légère lumière d'inquiétude s'éclaire dans son esprit et si Russel n'était pas si innocent que ça ?

Jeff le remercie une seconde fois de sa présence brisant le silence et le flux de pensées de son amant. Cette fois Alonso a eu le temps de comprendre ce que cette phrase sous-entend. Je suis desolé, Jeff, vraiment. J'ai manqué de lucidité mais je suis là, oui. Je ne te laisse pas. Il comprend aussi mieux pourquoi Jeff ne voulait pas y aller tout seul, il avait cru que c'était un gage de confiance, tel que je ne veux pas voir mon ex sans toi car je veux te montrer que c'est bien fini, mais peut-être qu'il n'aurait pas osé y aller sans Al parce qu'il avait besoin qu'il fasse bouclier entre lui et Russel. Pourquoi Jeff ne lui en avait pas parlé si c'était le cas ? Il avait dit que Russel était sans danger, mais pour qui ? Jeff se décide à s'éloigner, mais avant cela il passe une main dans le dos d'Alonso. Ce geste l'apaise. Tu me prends un thé glacé ou quelque chose comme ça ? demande-t-il doucement. Il le regarde s'éloigner toujours dans ses pensées.

Son regard cherche Russel qui est en train de discuter au téléphone, appel personnel ou professionnel, il ne sait pas, toujours est-il qu'il a l'air occupé. Tant mieux, Alonso aussi est dans ses pensées. Il passe dans la boutique d'à côté qui fait des foulards et des sacs de luxe. Il regarde sans regarder, juste pour faire le tri dans ses pensées. Il aurait bien offert la montre qu'il regardait à Jeff mais il ne savait pas si elle lui plaisait vraiment et puis, elle serait peut-être rattrachée à ce mauvais souvenir alors il n'en a pas envie. Mais un foulard attache son regard alors il l'achète ce sera pour Coco, mais il l'offrira plus tard, quand les choses se seront calmées. Enfin, il revient rapidement sur le lieu de rencontre dont Russel s'était peu éloigné. Il est hors de question que Jeff y arrive avant lui. Lorsqu'il le voit revenir l'éditieur raccroche. Ça y est ? Le petit drame est passé ? Tu vois ça ne servait à rien de s'inquiéter. Il sourit. Alonso lui ne sourit pas, il observe. Tu ne vas pas m'en vouloir pour ça quand même Alonso ? Tu étais d'accord me semble-t-il ? Puis tu le connais, il est si fragile, la moindre contrariété le met dans un état... Alonso plisse le regard prêt à répondre que s'il le savait pourquoi il lui avait proposé cette fameuse surprise, mais Russel change immédiatement de sujet, comme s'il avait senti le vent tourner.

Alonso note qu'il réagit avec beaucoup de flegme, un forme de calme olympien, ses transitions sont souples comme s'il chacune de ses phrases découlaient les unes des autres alors qu'il n'en était rien. Alors qu'avez-vous envie de faire dans la capitale ? J'imagine que vous en avez discuté ? La tension d'Alonso redescend d'un cran, il se dit que si change de sujet c'est que Russel se sent un peu coupable de ce qui s'est passé quand même. Alors, en attendant le retour de Jeff, ils parlent un peu de Londres, Alonso confie n'avoir jamais été au Royaume-Uni. Alors Russel l'oriente sur des quartiers à faire, des endroits à voir. La conversation est bateau mais permet de tenir les minutes d'attente. Un sourire éclaire le visage de Russel quand il voit Jeff revenir avec les boissons. Et bien alors mon p'tit loup... J'ai cru que je ne te reverrais plus, lui lance Russel en boutade et avec un ton enjoleur. Ce n'est pas que la conversation d'Alonso n'est pas intéressante, mais c'est toi qui m'a manqué... Alonso laisse passer le petit tacle sans même le relever et remercie Jeff pour la boisson qu'il lui tend. Nous parlions des coins de Londres à visiter. Le pharmacien réoriente la conversation où elle en était pour ne pas que Jeff ait à répondre à la phrase à double tranchant de Russel. On va s'assoir ? propose-t-il à la suite en désignant trois sieges libres à 20m d'eux. Al s'avance en premier et s'installe délibérément au milieu des trois sièges libres et croise les jambes en goutant la boisson amenée par Jeff. Russel le regarde avec un drôle d'air puis se penche pour chercher Jeff du regard. Alors comment vas-tu ? Tu as l'air en forme. Alonso est volontairement éclipsé de la conversation mais cela ne le dérange pas vraiment, il s'y attend et ne s'en formalise pas, c'est normal, c'est lui l'étranger dans l'histoire. Il garde sa main libre sur l'accoudoir en métal pour que Jeff puisse la saisir facilement en cas de besoin.

Tu sais que tu n'en voudras pas à Alonso pour longtemps. Ta déception est même en train de partir, parce qu'il te présente ses excuses, il comprend son erreur, il n'essaie pas de la retourner contre toi. Ça te fait avancer aussi, ces moments de toutes. Parce qu'une relation n'est pas une suite d'évènements idylliques et joyeux. Il y a aussi ces moments où c'est plus compliqués, où l'un fait le mauvais choix pour l'autre. Le tout est d'en parler et tu l'as fait. C'est vrai que tu te sens vite mieux, tu peux passer à autre chose au lieu de ruminer cette scène pendant des heures, voire des jours.

Tu fais la queue au Starbuck, encore deux clients devant toi alors tu en profites pour aller sur ton téléphone et ouvrir Instagram. Tu fais ça depuis que tu connais son compte caché. Quand tu te sens angoissé, ou bien dépassé, quand tu as l'impression que la situation t'échappe, si tu es seul, tu regardes ce qu'il a posté. Même si tu les connais bien maintenant. Vous voir mis en scène te fait du bien. Ça te rappelle aussi à quel point tu es important pour Alonso, quoi qu'il arrive. Ton tour arrive, tu relèves la tête de ton téléphone et tu t'excuses d'avoir été un grossier personnage. La vendeuse ne semble pas s'en incommoder, elle doit voir ce genre de comportement toute la journée. Tu commandes trois boissons, tu penses aussi à prendre quelque chose pour Alonso mais alors tu devrais prendre quelque chose pour Russell pour éviter la moindre remarque et si ça ne lui plait pas, tu auras une autre remarque. Tu restes sur les boissons et tu paies.

Tu reviens avec le porte gobelets et tu as fais noter les noms de chacun sur chaque boisson, Alonso est bien écrit, il manque un f à ton prénom et Russell est devenu Ruppert, tu ne sais pas trop comment. Quand tu arrives près d'eux c'est Russell qui parle en premier, tu souris parce que tu aimes bien ce surnom. Et tu voulais de ce voyage alors tu dois te faire à l'idée qu'il commence un peu plus tôt. C'est bien, ça vous permet de vous connaître. Tu aurais pu rebondir sur la provocation mais tu ne le fais pas. Ce n'est pas le moment, pas avant d'être bloqué des heures les uns à côté des autres. Alonso annonce qu'ils parlaient de Londres, tu acquiesces et tu le suis ensuite, utilisant tes deux mains pour supporter les boissons, alors personne ne cherche à tenir la tienne. Tu es à gauche d'Alonso, tu souris en coin parce que tu comprends pourquoi il s'est mis au milieu, quel enfant, tu penses. Je le suis oui, merci. Alors pour les boissons, Russell je t'ai pris le frappé dragon mango, c'était ton préféré et Alonso je t'ai pris le Verry berry et le cool lime pour moi. Si le Verry berry ne te va pas on peut échanger. Tu prends le tien, puis tu fais passer le support pour que chacun retrouve sa boisson. Désolé Russell, j'ai bien dit Russell mais tu es devenu un Ruppert, apparemment. Russell finit par hériter du support avec la boisson qui lui reste, il vérifie et effectivement, il est bien un Ruppert, ça lui arrive à chaque fois, son prénom n'est pas très commun non plus. Tout ce que je vois c'est que tu t'es souvenu de celui que je préfère, c'est adorable. Il passe le bras derrière Alonso mais ne parvient qu'à te toucher l'épaule. Tu sais qu'il aurait aimé plus, alors le fait qu'Alonso soit entre vous est une bonne chose. Il le spécifie aussi pour Alonso, puisqu'apparemment, tu as choisi sa boisson favorite et juste pris quelque chose qu' Alonso devrait aimer, c'est moins précis, il peut même échanger avec toi. Pour Russell, ça signifie que tu te souviens de ses habitudes mais pas de celles de l'homme de ta vie. Ça ne veut rien dire en réalité mais c'est une petite victoire pour lui. Alors dites moi, comment ça se fait que vous soyez de nouveau ensemble ? C'est pas banal quand même. Beau et romantique je dois l'avouer mais... On dirait un plow twist d'un livre. Il est éditeur, forcément que ça lui fait penser à cela. C'est son domaine. Même si ce n'est pas sa branche, Russell connait bien son métier, il y est respecté et son avis compte. Tu souris, tu te rappelles cette journée, tu remercies silencieusement Russell de t'y faire penser. Et bien, tout à commencer parce qu'Alonso voulait épier les sous-vêtements féminins derrière une vitrine... Tu ris, tu prends la main d'Alonso à nouveau et tu le regardes tendrement.

À son retour Jeff paraît plus détendu. Il porte les boissons, Alonso est bien écrit, ce qui est plutôt rare, la plupart du temps il le retrouve avec un "z". Il s'installe tranquillement au milieu, Jeff lui ayant dit qu'il préférait ne pas s'assoir à côté de Russel pendant le vol, il estime que ça commence maintenant. Alonso est nul de chez nul en Starbucks alors tous ces noms ne lui disent strictement rien mais ça semble parler à Russel et Jeff, sans doute qu'ils y passaient souvent à une époque. Je suis certain que ça ira très bien, merci Jeff. Il passe le support à Russel qui précise que Jeff se souvient de sa boisson préférée à lui, tente de toucher Jeff sans grand succès, il se félicite d'être au centre du groupe. C'est tout de même un deuxième petit tacle pour Alonso après la conversation inintéressante, voilà le il-ne-connait-pas-ta-boisson-favorite. Ca le fait sourire, doit-il s'amuser à compter les points dès maintenant ? Ça l'amuse parce qu'en plus il n'y connaît rien en Starbucks, il ne risquait pas de demander quelque chose de précis à Jeff et franchement, il n'y a rien de glorieux a avoir une boisson sucrée préférée dans une chaîne de fast-food. Mais il ne dit rien parce qu'il ne veut passer ni pour un rageux, ni pour un provincial. Il goûte et trouve sa boisson très bonne quoi qu'avec un peu trop de glaçons. Russel demande comment ils se sont retrouvés ensemble. Le résumé de Jeff fait rire Al et le détend instantanément. Ils se regardent un instant, main dans la main. Il sent celle de Russel se crisper dans sa vision périphérique mais son visage ne laisse rien paraître.

Ça ne s'est pas vraiment passé comme ça ! Mais oui, on s'est retrouvé dans une boutique de vêtements pour femme à Burlington, pas de lingerie, de mode seulement. Je l'ai reconnu à travers la vitrine et j'ai fini par prendre mon courage a deux mains pour lui proposer un café. Jeff cherchait un appartement, alors j'ai proposé mon aide... et puis comme rien ne lui convenait, soit disant il n'avait pas assez d'espace pour faire son yoga - que je ne l'ai jamais vu pratiquer soit-dit en passant -, on s'est mis en colocation... et on ne s'est plus quitté depuis. Il regarde Russel qui garde un masque souriant impassible, Al se tourne vers Jeff notamment pour la reference au yoga, puis repasse à Russel pour terminer à la fin sur le regard de Jeff, sa main toujours dans la sienne. Bien sûr qu'ils s'étaient quittés, quand Jeff s'était enfui et les deux semaines de Jeff à l'hôpital mais le cœur d'Alonso était resté avec lui tout ce temps. On dirait vraiment un roman à l'eau de rose... le ton est neutre, Russel ne laisse pas filtrer si c'est positif ou négatif. Et c'était quand ces grandes retrouvailles ? Alonso compte. Ca va faire... hum... quatre mois ? Un sourire se glisse sur le visage de Russel, oh c'est tout récent alors. Mes colis sont arrivés à point nommé. Alonso n'aime pas trop ce ton qu'il juge un peu trop candide par rapport aux mots employés. Décidément, il ne sait pas sur quel pied danser avec cet homme. Et vous, vous êtes rencontrés comment ? demande Alonso distraitement. Oh tu ne lui as pas dit, p'tit loup ? s'exclame-t-il joyeusement. Alonso sent qu'il y a sans doute moyen pour Russel de se vanter de cette rencontre.

Alonso raconte votre histoire, la rencontre, la nouvelle rencontre du moins. Tu te souviens de votre recherche. Et du Yoga, tu ris à son évocation. C'est juste que pour le moment mes chakras sont alignés alors je n'en ai pas besoin ! En réalité, les appartements ne te plaisaient vraiment pas, tu ne pensais pas qu'il te demanderait à venir chez lui. Comme quoi, tout a toujours été très naturel entre vous deux. Tu laisses Alonso répondre aux question, tu viens simplement mettre ta tête sur ton épaule. Des souvenirs passent dans ta tête, ça te fait plaisir d'y songer. Est ce que vous pourrez les raconter dans dix ans ? Tu te poses la question et tu espères que oui. Alonso ne le sait pas, que tu te projettes. C'est beaucoup pour toi, beaucoup pour tout le monde en général mais en ce qui te concerne, c'est comme un petit miracle. Ça ne fait que quatre mois, comme il le dit mais pour toi, quatre mois avant tant de temps. Par contre, tu as du mal à comprendre pourquoi ses colis sont arrivés à temps. Tu fronces les sourcils sur cette réflexion, il faudra que tu demandes à Alonso.

C'est maintenant au tour de ta rencontre avec Russell, tu ne pensais pas devoir la raconter. Tu te redresses, tu aurais préféré continuer à te poser contre Alonso mais apparemment, c'est deux contre un. Tu lèves les yeux vers en l'air, fais la moue quelques secondes le temps de remettre tes idées en place. A une soirée déguisée, celle que Genna et June font tous les ans. Elles en font encore ? Tu te penches un peu pour pouvoir voir Russell quand tu demandes. Il hoche la tête une fois. Apparemment, il doit toujours y aller. C'est toujours à thème, et les célibataires sont en couple de déguisements entre eux. Les couples sont automatiquement ensemble pour éviter les drames. Le thème de l'année était les contes. Je suis tombé avec Russell sur le petit chaperon Rouge et non, je n'étais pas la petite fille mais le grand méchant loup. Tu souris à l'évocation de se souvenir. Tu te souviens d'avoir galéré à te faire un costume. Mais tu l'avais adoré. Je peux retrouver les photos des costumes, donnez moi un instant. Il sort son téléphone, il ne doit plus les avoir personnellement mais sans doute qu'il sait où les trouver sur les réseaux de June, qui est photographe dans sa vie professionnelle.


J'ai du retrouver mon petit chaperon rouge à la soirée et l'idée était de rester le plus possible ensemble, pour que ça soit cohérent... Et bien disons que dans notre version de l'histoire, Le loup ne mange pas la mère grand mais et que le petit chaperon rouge s'en fiche totalement de ramener de la confiture à sa grand-mère malade... Ces soirées finissaient aussi beaucoup sans que beaucoup de couples formés par le jeu soient encore bien habillés, en arrivant, chacun recevait de quoi se protéger, c'était important pour les hôtes. Ah ! voilà ! Il montre à Alonso surtout, les photos trouvées sur le blog tenu par June. Votre arrivée, vos premières rires ensemble et la dernière, bouche contre bouche. Russell guète la réaction d'Alonso. Plutôt fier de son coup.

Pourquoi avait-il posé la question déjà ? L'histoire est... peu commune. Quoique considérant le passé de Jeff... et puis Jeff et Russel ne pouvaient que s'être rencontrés dans une partie fine. Bien sûr... Alonso le comprend immédiatement dès la mention de soirée déguisée. C'était presque évident finalement. Leur rencontre la première au lycée ou la seconde dans un centre commercial paraissait sans doute bien banale aux yeux de Russel. D'ailleurs ce dernier ne peut pas s'empêcher d'aller montrer ses trophées : des photos du grand méchant loup et du petit chaperon rouge. Trois photos, trois étapes de la soirée : la rencontre, les rires et le baiser, il imagine que s'il y avait eu une quatrième photo, elle serait sans les costumes. Les photos sont vraiment très belles, la qualité était incroyable. Alonso sourit en coin. Ah mais oui ! P'tit loup... haha, je comprends mieux. Celle où vous riez est veaiment belle. Il regarde Jeff avec tendresse. Son chat était donc un loup dans les yeux de Russel. Il voit bien que Russel attend une réaction de sa part, positive ou négative, mais une réaction et que celle qu'il a actuellement n'est pas suffisante.

Il essaie de réfléchir brièvement à ce qu'il aurait ressenti si l'un des ex de Sonia lui avait montré des anciennes photos d'eux en train de se rouler des pelles alors qu'ils étaient encore ensemble. Bon, ça n'était pas arrivé, mais Sonia se serait attendu à ce qu'il soit jaloux, qu'il la défende, qu'il demande à ne pas lui agiter ça sous le nez. Et Jeff ? Qu'attend-t-il de lui ? Parce que là, il ne ressent rien de particulier. Il est dans un aéroport avec l'ex de Jeff qu'il ne connait pas et qui tente de le faire... il ne sait pas bien quoi avec ces photos. Il faudra plus que ça pour me faire réagir, mon grand. se dit Alonso. A contrario, la photo de Jeff a moitié nue sur ce fauteuil avait fait beaucoup plus mal. C'est chouette d'avoir des photos de ce moment, les costumes étaient très sympa ! finit-il par dire. Jeff, j'adore ton interprétation du loup, tu as acheté ce masque ou tu l'as fait ? Russel aussi, tu fais un chaperon très convainquant. voilà tout le monde avait son compliment. Au final Alonso fait comme quand les enfants lui montre des photos de soirées avec des gens qu'il ne connait pas. Il fait un sourire poli à Russel qui rit doucement en rangeant son téléphone. Oui, c'était une belle soirée. Une très très belle soirée. dit Russel en regardant Jeff cherchant sans doute a lui faire revivre ces souvenirs par le regard. J'imagine que ce n'est pas trop ton truc ce genre de soirées, Alonso ? Alonso secoue la tête. C'est vrai, je n'ai jamais fait ça. répond Alonso sans hésitation. Jeff sait que c'est faux, il lui a dit à Boston que c'était arrivé, mais il n'a pas envie d'en parler avec Russel. Oh dommage, j'ai de bonnes adresses à Londres pourtant, ca t'intéresse toi, Jeff ? Encore une fois, Alonso se fait exclure de la conversation. Là c'était un peu trop pour Alonso. Russel, si tu veux qu'on passe une bonne semaine, est-ce que tu peux limiter un tout petit peu ce genre de remarques ? Les yeux de Russel brillent, il a l'impression d'avoir touché une corde sensible. D'accord, d'accord, détends-toi Alonso, je disais ça pour rire ! Russel a un sourire satisfait sur le visage.

Tu sens la tension monter. Tu fermes les yeux un instant. Est ce que c'est une bonne idée finalement ? Tu ne les comprends pas, ils se battent pour toi, tu pourrais en être flatté mais en réalité, tu ne comprends pas. Tu réalises encore mal ce que tu peux offrir à Alonso, tu doutes parfois d'être assez bien pour lui. Alors qu'une autre personne ait envie d'être ton compagnon ? Tu n'aime pas l'idée, c'est épuisant et puis tu n'aimes pas décevoir les autres. Tu as la position la plus délicate. Tu es certain qu'Alonso le sait mais pas certain que Russell en est quelque chose à faire.

Au moins, ton surnom prend son sens. Tu l'aimes bien ce surnom, parce qu'il a une histoire et que cette histoire est plaisante à raconter. Ce n'est pas parce que la personne avec qui tu étais ne te correspond plus que tu n'as plus l'y droit d'y songer ou de la raconter. Tu le penses en tout cas. Je l'ai fait. J'y ai passé des heures mais je l'aimais beaucoup. Tu ne l'as pas gardé, il a fini par disparaitre et tu ne sais pas trop où et quand. Je pourrai nous faire nos costumes pour Halloween cette année. Tu places ça un peu plus bas, parce que tu n'as pas envie de provoquer Russell. Mais ça te plairait. Travailler sur un projet, monter une idée. Tu as tout de suite l'idée d'être une grosse tomate bien rouge et Alonso un bon gros morceau de feta tout blanc. Ce serait tellement drôle et improbable. Tu souris à cette idée, elle te détend. Plus que ces deux là en tout cas.

D'ailleurs, quand Russell t'appelle, tu n'as pas écouté, tu relèves la tête, tu étais toujours contre l'épaule d'Alonso et apparemment, ce n'était pas sympa. Tu pousses un long soupire, ça ne t'amuse pas du tout. Non tu ne dis pas ça pour rire, Russell alors calme toi. C'est sorti d'un coup. Tu es étonné toi même de ce que tu viens de dire. Tu es comme figé quelques secondes, même le ton que tu as employé ne te ressemble pas du tout. Russell tourne son nez. Tu as déjà envie de t'excuser, tu sais qu'il va t'en vouloir et ce n'est pas le but de tout ce voyage. Écoute. Je voulais pas. Désolé Russell. C'est juste qu'Alonso a raison, on veut passer un bon moment et ça devra se faire à trois, parfois à deux et à deux ça ne sera pas toi et moi. Si tu n'as pas envie, d'accord on peut encore ne pas monter dans l'avion, je te rembourserai les billets. Ton ton a changé encore, tu es devenu inquiet. Russell se lève. Ça va, j'ai compris Jeffrey. Je souhaite juste plaisanter mais apparemment, personne n'aime ça ici. On se retrouve à l'embarquement. Il est blessé dans son égo, tu le sais. Tu déglutis, il part, de toute façon il vaut mieux le laisser partir dans ces moments là. Tu sais aussi que ce n'est pas fini, même si quand il va revenir, il sera de nouveau tout souriant et sympathique. Mais il l'aura noté quelque part dans sa mémoire et le ressortira à un moment de faiblesse. Si il en a la possibilité. On ne se quitte pas à Londres, d'accord ? Tu demandes à Alonso.