Une journée libre. Une journée pour lui. Moïra au travail et Elio gardé par son oncle. Tehaunui avait la possibilité de faire tout et n’importe quoi. La porte d’entrée refermée après avoir confié son fils à Jamie, il avait d’abord apprécié le calme ambiant. Et puis, il avait réfléchi au programme de la journée. Bien trop de possibilités s’offraient à lui. Il n’arrivait pas à se décider. Surtout, il sentait poindre la culpabilité de ne pas profiter de cette occasion pour ranger la baraque. S’il n’est pas une fée du logis, il pense surtout à sa compagne qui, rentrant après une dure journée de travail, apprécierait de retrouver l’endroit propre ! Il est vrai qu’avec un enfant en bas âge, le désordre avait vite pris le dessus sur eux. Les jouets avaient pris possession du salon, le plan de travail de la cuisine avait, semble-t-il, disparu et les recoins de la salle de bains étaient probablement inondés… Un joyeux bordel qui méritait tout de même un bon coup de ménage ! Mais c’est Poina, le husky, qui remporte la priorité. Il n’avait suffit que d'un coup d’œil à l’animal pour que Tehau décide de l’emmener faire une bonne balade. Prendre un bol d’air, se gonfler de courage pour la tâche qui l’attendait. Un temps pour lui aussi, d’une certaine façon.

Après une bonne partie de la matinée à crapahuter dans la campagne de Redwood, Tehaunui s’était mis au travail et deux heures plus tard, l’endroit semblait - presque - comme neuf. Pas maniaque pour un sou, il avait quand même fait en sorte que la maison ressemble moins à un capharnaüm ! Il espère juste que ça durera plus de quelques minutes… N’empêche, installé à table, reprenant quelques forces pour continuer sur sa lancée, Tehaunui trouve tout de même la maison bien trop calme. Lui qui avait vécu seul pendant quelques années, préférant la solitude au brouhaha, voilà que l’agitation lui manquait. Enfin, c’est plutôt son fils, qui lui manquait. Il avait eu des doutes, l’hawaïen, sur ses capacités à être de nouveau père. Il avait eu peur que le souvenir de sa fille soit trop prégnant, qu’il n’arrive pas à passer à autre chose, mais l’arrivée d’Elio avait balayé tout sur son passage. Comme Leilani, il aime son fils d’un amour inconditionnel, et il sait que l’un ne remplace pas l’autre. Même s’il ne peut s’empêcher de les comparer ou de leur trouver une ressemblance, parfois.

Tehaunui termine rapidement son casse-croûte, sinon il sera bientôt pris de cafard et de paresse. Le soleil qui brille est une bonne occasion de s’occuper du jardin, et notamment de tondre la pelouse. Il n’a pas idée de l’heure qu’il est quand il entend la voix de Jamie qui le sort de ses pensées. Un sourire se dessine sur le visage de l’hawaïen à la vue de son fils, surtout quand il le voit aussi heureux. Enfin, lequel semble le plus content ? L’oncle ou le neveu ? Les deux semblent avoir passé une bonne journée ! Tehaunui arque un sourcil quand il se rend compte de leur accoutrement et de l’épée que le bambin tient dans ses mains. Il lève carrément les deux sourcils quand son regard accroche la peluche… qui finit dans ses bras. « Tu crois ? » Il rit. Le dragon doit bien être deux fois plus grand que le gamin ! Peu importe pour Tehau, du moment que tout s’est bien passé. Mais une question le taraude. « Je savais pas que tu avais une machine à remonter dans le temps… » Où sont-ils donc allés ? Tehaunui se doute d’une fête médiévale quelque part dans le coin… « Au moins, il va bien dormir ce soir. » Pragmatique, le père. L’oncle, lui, ne semble pas pressé de se débarrasser du môme. Elio, tout fier avec son épée dans les mains. La fatigue se lit dans ses yeux, mais il semble résister babillant pour certainement exprimer sa journée. « C’était bien avec tonton Jamie ? » Sans nul doute. Tehaunui lâche alors la peluche qu’il tient toujours dans ses bras pour récupérer son fils. A son tour maintenant ! L’enfant se retrouve bien vite soulevé dans les airs, riant aux éclats, puis embrassé par son père. « Tu veux un truc à boire ? » propose-t-il à Jamie, lui filant une tape amicale sur l’épaule. Il récupère alors le dragon pour aller se poser sur la terrasse.

(c) mars.