Ils sont par terre, devant le feu, comme un pique-nique dans leur propre maison. Al aime beaucoup cette ambiance. Il rit doucement, Jeff lui prêtait des talents qu’il n’avait pas. Il n’était pas si fin limier. Enfin, il allait devoir faire confiance, un exercice qui lui faisait sans doute du bien. Il regarde le feu qui crépite, il adore observer le feu, sauvage, vivant. Ils parlent de la maison, de la décoration, de ce qu’ils devraient demander en priorité. Al annonce qu’il aura rapidement des devis pour le garage, il explique qu’il ne veut pas dénaturer la maison donc il aimerait en faire un bâtiment à part. Ca leur permettra d’utiliser sous-sol existant comme ils le souhaitaient. Ca va faire de la paperasse tout ça, mais Al n’a pas peur des papiers. Pour quelqu’un qui n’avait pas faim et qui ne pensait même pas au repas, Jeff mange correctement. Ça le rassure. Je continuerai à cuisiner pour toi alors. il embrasse sa joue et pose un instant sa tête contre son épaule. Ils sont heureux, tout simplement. Il continue de papoter, ils parlent décoration de manière générale, des couleurs de l’année 2024 qui sont au terracotta et au vert olive, quelques tons pastel. Ils regardent sur leur téléphone des aménagements d’intérieur. Ils rient sur certaines choses qu’Al ne mettrait pas du tout mais que Jeff trouve très bien. Parfois, ils sont totalement d’accord sur le fait qu’ils ne feraient pas du tout tel ou tel choix. Ils se retrouvent à commander de nouvelles housses de couettes pour leur future chambre.

Au bout d’un moment, Al se lève. J’espère que tu as gardé une place pour le dessert. Il va chercher ses deux coupes de salade d’agrume dans le frigo. C’est improvisé. J’ai fait avec ce que j’avais, mais normalement ça va être bon. Il vient se rassoir à côté de lui. Il se dit qu’ils auraient dû allumer des bougies pour faire ambiance encore plus cosy au coin du feu. Al parle du boulot, des moments drôles qu’il a pu vivre, Jeff aussi lui partage des anecdotes de sa vie d’avant. Ils rient tous les deux. Al raconte son immersion dans un club de jeu de rôle à une soirée entre amis, du bazar que ça avait été, il dit qu’il aimerait en refaire si Jeff était tenté. Il parle aussi de ses amis de Montréal, qu’il faut absolument qu’ils montent pour qu’il les lui présente, le groupe d’ami qu’il avait avec Fabio. La soirée est délicieuse. Al est repus. Il propose des tisanes en fin de repas. La discussion part sans qu’il ne comprenne pourquoi sur leurs anciens profs de lycée. Alonso dit qu’ils vont sans doute retrouver les albums photos de lycée dans leur déménagement, qu’il avait un cahier uniquement de photos du théâtre aussi…

Ils finissent par fatiguer alors Al propose de monter tout en continuant leur discussion. Cette soirée à parler de tout et de rien lui a fait beaucoup de bien. Ils montent tous les deux, se brossent les dents ensemble, font leurs petits rituels comme ils ont l’habitude toujours en riant et en se rappelant le bon vieux temps. Un temps dont ils ne sont pas nostalgiques, qu’ils ne voudraient pas revivre mais qui était une belle époque. Ils se déshabillent. Alonso vient prendre Jeff dans ses bras. J’ai passé une soirée délicieuse Jeff. Merci beaucoup. Il caresse sa joue et l’embrasse. A demain pour… Je ne sais pas quoi du coup. Il sourit largement et vient chercher un baiser un peu plus appuyé pour lui dire bonne nuit. Dors bien mon tendre amour. lui murmure-t-il avant de fermer les yeux lové, nu, tout contre lui. La nuit les séparera comme toujours mais il se sent si bien dans ses bras.

C'est une belle soirée. Calme et cozy, comme tu en avais besoin avant ce weekend. Parce que tu sais que tu allais beaucoup stresser, surtout si des moments ne se passaient pas comme tu les avais prévus. Tout était réservé, les activités, la nuit à l’hôtel. C'était déjà ça. Tu n'avais pas réservé de restaurant par contre. Ça n'avait pas été possible dans ton plan. Mais ce n'était pas non plus le plus compliqué à trouver en voyage et il y aurait des solutions de repli.

Ce soir, tu mets un peu plus longtemps qu'Alonso à t'endormir. Tu attends de le sentir bien parti dans ses songes et sa nuit pour aller chercher ton téléphone et faire quelques dernières vérifications. Tu avais aussi noté une partie du voyage dans les notes de ton téléphone, pas tout, parce que tu ne voulais pas qu'il tombe dessus sans le faire exprès. Tu fais quelques cauchemars, notamment sur le fait que votre maison se retrouve d'un coup au milieu de l'océan, et qu'il te soit impossible d'arriver à regagner la rive avec Alonso. Tu n'aimes pas donner du sens à tes rêves alors quand tu te réveilles dans la nuit, tu te dis surtout que tu aurais eu le mal de mer avec les vagues qu'il y avait dans ton rêve. Tu te rendors rapidement, tu en profites pour te mettre contre Alonso qui s'est échappé pendant la nuit. L'été, c'était mieux, mais là, l'avoir contre toi était une source de bien être et aussi de chaleur.

Vous devez partir tôt mais pas trop. Tu as mis ton réveil à 07h00 du matin pour avoir de la marge. Juste vous habiller, monter les valises dans la voiture, ça ne prendrait pas beaucoup de temps. Ta mère viendrait un peu plus tard dans la matinée, elle avait un double des clefs. Tu pestes contre le réveil, parce que tu n'es pas du matin. Tu l'éteins et tu te remets contre ton oreiller, tu le serres dans tes bras. J'pense qu'une petite demie heure... Tu bailles... Ne nous fera pas être en retard. C'était aussi pour ça que tu l'avais mis si tôt.

Il dort, sa nuit est douce. Il sent à un moment de la nuit Jeff venir contre lui, il sourit et se rendort aussitôt, il ne lui en reste qu’un vague souvenir au réveil. Quand le réveil sonne, c’est l’heure habituelle d’Alonso, voire même un peu plus tard que quand il commence à l’hôpital donc, il ouvre les yeux directement. Il entend Jeff râler. Habituellement, lui ne se réveille pas à cette heure-ci. Son compagnon aime vivre la nuit plutôt, ça correspond à son mode de vie. Al lui s'adapte, il n'a jamais eu énormément de mal à se réveiller. Entendre Jeff demander une demi-heure de plus à son propre week-end le fait sourire. Il le voit essayer de se rendormir - et se rendormir d’ailleurs - presque immédiatement. Malheureusement, Al lui est maintenant réveillé et bien réveillé. Il se redresse dans le lit, il n’y a presque aucune lumière car les volets sont clos, mais ses yeux s’habituent à la pénombre, la lumière de son écran de téléphone qu'il a ouvert suffit à éclairer un peu la pièce, juste un tout petit peu, il sort son bloc de dessin, celui qu’il garde toujours dans sa table de nuit et fait quelques traits, rien de précis, simplement ce mouvement de Jeff qui resserre son oreiller dans ses bras. Il trouve le geste joli et naturel. Il frôle Jeff pour savoir où est son second bras dans cette histoire, il l’entend râler dans cet entre-deux de sommeil. Il s’empêche de rire. Il vient de poser un baiser sur sa tête qui produit un effet similaire. Les animaux sont tous les deux sur le lit et ont du venir pendant la nuit. Il fait bon dans la chambre et plus le froid va arriver plus Chanel va dormir contre lui, c'est toujours ainsi. Il doit en être de même pour Cha-Cha.

Il pose le croquis sur la table de nuit de Jeff qu’il a nommé « un câlin au réveil » et va dans la salle de bain, ce sera ça de fait. Il entend le réveil de Jeff qui sonne la demi-heure de plus quand il en sort de la douche. Il arrive dans la chambre tranquillement. Bien dormi ? demande-t-il avec douceur en déposant un baiser sur son épaule. Il s’habille, sans trop savoir s’il doit s’habiller pour marcher, pour trainer… Jeff lui a dit qu’il avait préparé la valise avec ses habits habituels donc il prend ses vêtements de tous les jours pour la journée. Ne pas savoir ce qu’il va faire est une curieuse impression. Il ne sait pas s’il va prendre l’avion, la voiture, le bus… Non Jeff ne prendrait pas le bus. Je te prépare ton thé et tes fruits ? Tu veux autre chose ? Comme il se lève plus tôt que Jeff, il lui prépare ses fruits tranchés le matin en même temps que les siens et lui les laisse dans le frigo, s’assurant ainsi qu’il a au moins quelque chose dans le ventre quand il n’est pas là. C’est devenu un petit rituel et puis le week-end, ils avaient souvent le temps de petit déjeuner un peu plus, les repas variaient par rapport à la semaine. Al ouvre doucement les volets de la chambre avant de descendre. Il ouvre les volets, nourrit les animaux, puis se fait des œufs et des toasts en plus pour ce matin, ne sachant pas quand serait le repas de midi, avec Jeff aux commandes, il valait mieux bien manger quand il pouvait. Ce n’est pas contre lui, mais il sait que son compagnon a tendance à oublier sa faim et lui, avoir faim peut lui gâcher une activité. Al n'est pas un goinfre, d'ailleurs depuis qu'il est avec Jeff il a bien perdu cinq ou six kilos, mais il a besoin de se nourrir pour rester en forme et avoir de l'énergie, alors il prend les devants et se fait un vrai petit déjeuner. Il ouvre la porte du jardin pour le pipi du matin de Cha-Cha, s'il a le temps, il ira lui faire un petit tour tout de même. Il sait que la mère de Jeff fatigue vite sur les promenades.

C'est vrai que c'est le week-end de Jeff et il se sent un peu coupable de se lever le premier, de préparer le petit-déjeuner, de prendre en main la matinée comme il le fait habituellement. Il espère que son compagnon ne lui en voudra pas. Il avait compris la veille qu'il aurait voulu être aux petits soins pour lui et il ne veut pas que ce soit une frustration pour Jeff de ne pas réussir complètement. Al n'est pas parfait, loin de là, c'est un homme qui aime avoir le contrôle, qui aime préparer, savoir, anticiper, le fait de plonger dans l'inconnu est une source de stress pour lui. Alors, gérer ce matin, ça le rassure, ça l'oblige à ne pas penser à la journée. Si Jeff ne se lève pas c'est qu'ils ont du temps devant eux, un peu au moins. Il attend Jeff pour manger. Il presse deux oranges qu'il avait laissé de la veille. Ça y est, ils n'ont plus de fruits, il va falloir en racheter. Il le note sur leur liste de courses commune. Il se demande s'ils devraient ouvrir un compte joint pour les dépenses courantes ? Sans doute ce serait plus pratique. Ce genre de détail lui plait. Il a l'impression que tout ça est réel et non simplement une réalité transitoire. Que Jeff va rester avec lui, qu'il ne cédera pas à la tentation de partir avec un autre. Il chasse ces idées noires du matin. De toute façon, même s'il part, ils seront époux, rien que ça devrait le rassurer. Il n'acceptera pas un autre divorce, pas sans une bonne raison. Il prend Chanel dans ses bras pour lui faire des gratouilles en attendant Jeff. Cha-Cha est en train de sentir des feuilles dans le jardin. Le chat ronronne contre lui, ça lui fait du bien.

Tu pensais être capable de te lever tôt mais ce n'est pas le cas. Tu te rendors quand le réveil sonne une première fois, pas un sommeil profond, si bien que lorsqu'Alonso bouge ou te dépose un baiser, tu râles légèrement. Il fait bon dans la pièce, tu préfères parce que tu aimes tout de même dormir nu et tu veux pouvoir sortir les bras de dessous le lit.

Tu finis par te réveiller, Alonso est déjà parti alors tu soupires en prenant ton téléphone et en regardant l'heure. Il était encore tôt pour toi alors tu bailles et tu t'étires le dos. Ton vieux dos qui craque légèrement. Tu restes ensuite sans bouger une demie minute au moins, très flasque, à te demander le sens de ton existence. Puis tu te ressaisis et tu bouges, parce que tu vas devoir te lever. Les weekends ne sont pas les moments que tu préfères pour partir, c'était trop court, il fallait se presser pour la route, pour s'installer et ensuite se presser pour le retour. Pas le temps de bien te reposer. Mais c'était le jeu et tu t'étais pris la tête de longues heures pour trouver une destination qui n'était pas trop proche et pas non plus à des heures et des heures de vol.

Pour le moment, tu passes par la salle de bain, tu prends ta douche, tu fais tes soins, tu te prépares comme toujours. Comme c'est ton weekend et que tu connais le programme, tu te permets de te maquiller avec un peu plus d'audace qu'habituellement, tu mets du rouge rubis sur tes yeux, c'est un rouge plus foncé, qui tend à se rapprocher du marron, un indice en quelque sorte, même si tu ne lui diras pas. Tu peux descendre, tu voulais déjà le surprendre avec ta tenue. Tu portes une chemise que tu as trouvé dans une boutique pour femmes, c'est parfois le cas pour toi, puisque tu trouves ta taille là bas aussi et qu'elles ont souvent des modèles qui te plaisent davantage. C'est une chemise qui semble transparente mais qui ne l'est pas, elle imite de la dentelle qui représente des roses, encore, et la couleur s'approche de celles des feuilles mortes tombées sur le sol, qui n'auraient pas été balayées pendant plusieurs jours. Un doux marron en somme. Les épaules sont légèrement bouffantes. Tu as décidé de mettre un simple pantalon noir, avec une ceinture noire également, dont le ceinture représente le symbole de l'infini, de couleur blanche.

Quand tu descends, le petit déjeuner est prêt déjà. Tu t'approches d'Alonso et ne le laisse pas faire de commentaire sur ta tenue, de toute façon, il était de dos quand tu est arrivé et tu viens directement l'embrasser en posant les mains sur ses hanches quand il se retourne. Tu es incroyable, tu dis après avoir quitté ses lèvres. Tu devais me laisser faire et voilà que je dois juste m'assoir et manger.. Tu lui prends la main et tu t'éloignes un peu de lui, pour qu'il puisse enfin de voir et t'admirer, comme tu aimes tant qu'il fasse. Je pense que tu auras deviner le thème du weekend avec ça ?... Tu ne devais pas lui dire, mais c'est plus fort que toi, tu ne sais pas garder un secret. Ensuite, il sera temps de manger, puis de partir.

Alonso ne voit pas arriver Jeff, il a posé Chanel qui a demandé à descendre et est en train de terminer de nettoyer le plan de travail après avoir lavé la vaisselle. Il se retourne et tombe sur les lèvres de Jeff. Il apprécie et répond avec tendresse, il sourit à sa remarque. Tu sais, moi je me lève un peu avant 7h habituellement donc ça ne m’a pas dérangé. Sa main dans celle de Jeff, il comprend ce que son compagnon veut lui faire dire. Ouh, tu es très beau, cette couleur marron glacé te va très bien et tu t’es maquillé… Il se rapproche pour le regarder de plus près jusqu’à déposer un baiser sur sa joue. Tu es tout en beauté. ajoute-t-il. C’est drôle car, il a plus l’habitude de faire des compliments comme ça à Coco, alors se rapprocher de Jeff et venir l’embrasser, il n’aurait pas pu le faire avec elle, ça lui fait tout drôle.

Le thème du week-end avec « ça » ? Il ne sait même pas ce que Jeff lui dit en désignant « ça ». Le maquillage ? La mode ? Les roses ? L’infini… ? Le marron ? L’automne peut-être ? Il n’arrive pas à voir les signes ou peut-être ne les comprend-t-il pas. Je suis désolé, je ne comprends pas de quoi tu parles mon chéri. Mais ce n’est pas grave, garde la surprise. avoue-t-il en l’accompagnant jusqu’au petit déjeuner. Il voudrait comprendre, mais il ne comprend pas et ça le frustre. Surtout que Jeff dit ça comme une évidence alors, il se sent très bête tout à coup. Comme s'il manquait quelque chose que tout le monde aurait compris sauf lui. De toute façon, la veille, Jeff avait raison en disant qu’il valait parfois mieux passer par des poèmes pour se parler… Parce que c’était vrai, il ne pouvait pas le nier, il ne comprenait pas la plupart du temps ce que Jeff essayait de lui dire. Ses émotions étaient facilement lisibles pour lui, quand Jeff était heureux, malheureux, inquiet, il le voyait, il le ressentait même. Ses mots… Beaucoup moins. Il y avait des phrases que Jeff avait prononcé qu’il n’arrivait pas à comprendre, même avec le recul. Des mots qui l'avaient profondément blessé et qui continuaient parfois de lui faire du mal alors même qu'il avait compris qu'il n'avait pas voulu dire ça. Pour Alonso qui s’attachait beaucoup aux phrases, qui faisait très attention à ce qu’il disait, qui choisissait son vocabulaire pour éviter les doubles sens… Il se sentait vite blessé et c’était vraiment difficile pour lui parfois. Il lui fallait du temps, du temps pour prendre sur lui et comprendre l'intention, l'émotion justement derrière les mots.

Ils s’assoient et commencent à manger. Est-ce que je dois m’habiller mieux ? J’ai pris ce qui venait, je ne suis pas dans le thème du coup… Il avait enfilé un pantalon beige et un pull bleu marine classique à col rond très simplement se disant qu’ils allaient sans doute marcher un peu aujourd’hui, il voulait des vêtements dans lesquels il se sente bien. Tu veux choisir mes vêtements ou je ne sais pas ? Ça y est, jusqu'à présent, il ne stressait pas, il avait réussi à évacuer  le fait qu’il ne savait pas où il allait avec ses rituels et ses habitudes, mais elle arrivait l’anxiété de l’inconnu. Il ne la montre pas, la garde précieusement, mais ses sourcils se froncent déjà légèrement quand il parle, ses doigts tapotent le rebord de la table un instant. Il s’arrête, détourne le regard. Mange, tu penseras moins. se dit-il, il prend une fourchetée d’œufs brouillés pour se changer les idées. Il arrive à dessiner un demi-sourire sur son visage en jetant un coup d’œil à Jeff, mais son esprit commence à se dire qu'il ne contrôlera plus grand chose ce week-end et ça, Alonso n'en a pas l'habitude. Non, il n'est pas incroyable, comme le disait Jeff. Il est inquiet, raison pour laquelle il a été incapable de se rendormir alors que Jeff l'a invité à le faire, raison pour laquelle il s'est occupé ce matin le plus possible pour ne pas penser aux prochains jours.

Tu aimes plaire. Du moins quand tu te sens assez bien pour te sentir désirable et désiré. C'est le cas aujourd'hui et si tu aimerais que des inconnus te trouvent beau durant ce weekend, c'est surtout important que tu sois beau dans les yeux qui comptent le plus pour toi.

Première déconvenue, qui te fait bien froncer les sourcils comme tu sais si bien le faire, Alonso ne trouve pas le thème de ce weekend. Vraiment, c'était assez parlant tout de même ? Tu le portais sur toi, même ton odeur était celle des roses. Enfin, il était encore bien tôt. Peut être que l'esprit vif de ton compagnon ne démarrait qu'un peu plus tard dans la matinée. Tu ne pouvais pas le savoir, tu étais trop rarement levé à cette heure pour avoir es points de comparaison. Tu dois garder la surprise, alors que tu as envie de le dire maintenant. Soit. Tu pouvais bien faire cet effort là.

Vous vous installez, tu commences à manger tranquillement. Il est tôt pour toi, tu te réveilles encore alors que tu manges tes fruits, comme tu aimes faire le matin. Alonso te demande s'il est assez bien habillé. Bien sûr, tu penses d'abord. Tu le trouverais facilement élégant, même en jogging... Peut être pas en jogging. Là, il était Alonso, classique mais pourtant affreusement attirant. Peut être un peu trop classique tout de même. Tu passerais pour l'excentrique du couple et dans un couple gay comme le votre, c'était un peu cliché. Tu étais friand de clichés, mais pas de celui-ci. Et c'était une aubaine qui n'arrivait pas souvent. En définitif, ton sourire s'élargit quand tu entends la proposition. Oui ! Oui ! Je veux bien ! Tu es très enthousiaste à cette idée, c'est comme un cadeau qu'il te fait. Je sais, toi tu restes là et je te prépare deux tenues comme ça, tu auras tout de même le choix. Bon, toute cette idée te détourne de ton repas, tu n'y penses plus du tout et tu te lèves d'un coup, faisant grincer la chaise en la faisant reculer, puis tu montes directement dans votre chambre pour commencer à choisir deux tenues.

Tu mets du temps, au moins vingt minutes à tenter plusieurs accord, parfois, tu découvres des vêtements que tu n'avais vu sur ton fiancé et tu comprends bien pourquoi. Pour d'autres au contraire, tu te demandes pourquoi il ne les porte pas plus souvent. Tu trouves un haut fleuri, comme le tien mais dans un style bien plus conventionnel. La chemise est tout de même colorée. Un fond blanc avec des fleurs de différentes couleurs, roses, rouges, jaunes et bleu vert. L'intérieur est d'une couleur bleu vert, comme une des fleurs. En pantalon, tu en choisis un vert clair, même si tu aurais préféré en trouver un rouge. Peut être qu'Alonso aurait moins accepté cette couleur. Puis, tu choisis quelque chose de plus classique cette première tenue. Un pantalon en lin noir, une chemise avec un bleu gris, des bretelles apparentes marrons qui suivront avec les boutons marrons de la chemise. Pour les bretelles, tu les prends dans tes propres affaires.

Tu peux donc étaler les deux tenues sur le lit et tu appelles Alonso depuis le haut des escaliers pour qu'il vienne te rejoindre. Tu espères vraiment qu'il va apprécier au moins un des choix que tu auras fait pour lui. Quand il monte, tu viens l'embrasser tendrement. J'adore faire ça, choisir des vêtements... Oui, il devait l'avoir compris. Tu le laisses aller voir par lui-même.

Il voit Jeff froncer les sourcils, mais il y a trop de possibilités pour le moment sur le thème du week-end et toutes les idées qu’il a ne lui permettent pas de trouver de noms de villes qui pourraient lui donner un indice. Comme souvent, Al va trop loin et ne voit pas l’évidence car évidemment il a pensé aux roses, mais il ne visualise par les fleurs comme pouvant être le thème d’un week-end. Al essaie de se rattraper comme il peut et demande à Jeff s’il veut lui choisir des vêtements. Il se souvient du dragshow à Boston où Jeff avait pu choisir pour lui. Il ne sait pas si c’est une bonne idée, mais ça lui fait passer à autre chose. Il n’aurait pas dû lui dire en plein milieu du petit-déjeuner, Jeff a l’air très enthousiaste et en oublie la fin de ses fruits coupés avec amour le matin même. Le temps passe, Alonso finit par ranger le petit-déjeuner, il ne sait pas quand ils doivent partir mais il espère que Jeff garde la notion du temps.

Il finit par jouer avec Cha-Cha et l’un de ses peluches pour s’occuper. Définitivement, il espère qu’il n’y a rien d’urgent. Jeff finit par l’appeler. Le baiser de son compagnon le ravi, il passe une main dans son dos pour le caresser, la matière est agréable. Oui, je vois ça. s’amuse-t-il. Il s’approche du lit pour observer les tenues. De la couleur ou des bretelles. La chemise… lui rappelle un souvenir. Le pantalon était un peu petit l’année passée, maintenant qu’il avait perdu, il devrait être largement mettable. Alonso prendre la main de Jeff dans la sienne. Merci d’avoir préparé ces vêtements mon chéri. Les deux propositions sont très bien. Il pose sa tête sur son épaule. Je vais prendre la chemise fleurie et le pantalon vert. Il est bientôt huit heures, on ne va pas être en retard ? Il se permet de le glisser, parce que si Jeff ne stresse pas, lui s’inquiète. Il se déshabille et se change. Le pantalon est parfait, la chemise aussi. Il caresse le tissu. Il ne l’avait pas mise depuis longtemps. Je dois avoir un blazer vert dans la chambre de Pablo pour aller avec. Il ramène un blazer vert forêt qu’il enfile. Il aurait moins froid que juste en chemise. Ça te convient ? demande-t-il. Tu me trouves beau ? Il n’a pas l’habitude de porter tant de couleur, ça le déstabilise un peu. Mais encore une fois, ça le détourne du fait qu’il ne sait pas où ils vont. On est parti ? demande-t-il sans savoir s’ils allaient prendre la voiture ou le taxi ou il ne savait pas quoi.

Tu as une petite préférence entre les deux tenues, mais tu préfères ne rien dire, parce que tu as peur de l'influencer malgré toi. Tu le laisses regarder ses tenues, tu aimes beaucoup les lui choisir. Est ce qu'Alonso choisissait souvent les tenues de ses garçons quand ils étaient plus jeunes ? Tu te poses la question, puis tu te demandes aussi si toi tu aurais passé beaucoup de temps à choisir celles... Non, tu ne veux pas y penser. Heureusement, Alonso choisit rapidement et ça te permet de passer à autre chose. La tenue fleurie, tu souris parce que c'est celle que tu aurais prise. Tu te dis que c'est tout de même dommage pour les bretelles de l'autre tenue mais ça n'irait pas avec cette tenue là.

Tu fais non dans la tête. Tu me connais j'ai prévu pas trop loin pour pouvoir partir un peu plus tard. Alonso prend sa tenue et parle d'un blazer qui irait avec. C'est vrai que tu ne vas jamais dans les autres chambres. Il revient préparé, tu hoches la tête. Très beau, tu es déjà beau naturellement mais avec mes gouts en matière d'habillement tu es divinement beau ! Tu passes tes mains sur ses épaules et son torse, comme pour défroisser la chemise qui n'a pourtant pas un pli. On y va oui. Tu viens déposer un baiser sur sa joue, puis vous pouvez descendre, quand tout est prêt dans la voiture, tu montes côté passager. J'ai déjà programmé le gps normalement, c'est à un peu plus de deux heures d'ici. Au moins, ce n'était pas trop loin et en même temps, ça vous sortez de vous habitudes. Comme lui l'avait fait. La route se passe bien, ce sont surtout des autoroutes qui n'en finissent pas, le paysage évolue à mesure où vous vous éloignez de Redwood. Tu demandes à Alonso de faire une escale dans une station service, tu as envie de te dégourdir les jambes et d'aller chercher une boisson, aussi. Tu veux quelque chose ? Tu demandes.

Alonso sourit largement au compliment de Jeff. Merci. dit-il simplement. Il n’était pas prêt pour porter des bretelles, il n’était pas sûr que ce soit adapté à sa morphologie, il ne sait pas. Il préfère cette chemise à fleurs. Elle lui a été offerte par ses fils lors d’une fête des pères. Nombre de ses vêtements ont une histoire. Surtout ceux qu’il porte peu, en réalité. Certains sont mêmes chargés de souvenirs. Certains, il ne les mettra sans doute plus, mais il les garde en souvenir. Il les met souvent chez Pablo dans ce cas, il a investi la chambre de son frère quand Jeff est arrivé dans sa vie, pour lui faire de la place et Jeff avait besoin de beaucoup de place car il avait beaucoup de vêtements. Jeff pose un baiser sur sa joue. Al se regarde dans le miroir. Ce n’est pas trop, pourtant, il n’a pas l’habitude de se voir sans aucune couleur sombre.

Il descend à la suite de Jeff qui a organisé le GPS pour qu’il ne sache pas vers où ils vont. Alonso sent l’angoisse monter légèrement mais moindre qu’au petit déjeuner. Deux heures et plus. Il se laisse guider. Il ne lui semble pas reconnaître cette route. Al ne parle pas beaucoup, il reste concentré sur la route et sur le fait qu’il roule sans savoir où il va. Ils s’arrêtent dans une station-service, Al aurait pu continuer jusqu’au bout mais il suit les instructions de Jeff. Le connaissant, il était capable de rechanger le GPS pour l’induire en erreur sur leur destinateur. Euh, non, j’ai pris de l’eau, ça ira, vas-y. Il sort de la voiture aussi. Il effectue quelques exercices de respiration profonde pour se détendre, puis il boit de l’eau et regarde les autres personnes de l’aire : une mamie avec son petit chien qui lui mange la moitié de son beignet, une maman qui surveille ses deux filles dans le petit parc de jeux pour enfants tout en téléphonant, un couple qui mange un sandwich en se dévorant des yeux, un autre couple qui a l’air de se prendre la tête un peu plus loin. Il imagine leur vie, leurs envies, l’histoire qui les a amenés ici. Et eux, est-ce qu’ils savent où ils vont ? Alonso, lui, est perdu. Perdu dans le thème, même s’il a fait plus attention au parfum de Jeff qui a changé et qui sent la fleur. Perdu dans sa route. Perdu dans ses pensées aussi car il n’entend pas Jeff revenir. Ses pensées ont dérivé sur Ellen sans qu’il ne sache pourquoi. Pour elle aussi, il ne sait pas où elle est allée, c’est peut-être pour ça qu’il y pense maintenant. Elle a avancé dans une direction qu’elle ne connaissait pas. Il baisse les yeux, tout ça appartient au passé maintenant. Au passé. Le voile de mélancolie se lève quand il voit les pieds de Jeff devant lui. Il lève la tête. Ca va mon chéri ? On est reparti ? Al a à peine marché autour de la voiture, il s’est contenté de prendre l’air et de se laisser emporter par son esprit, mais ça lui suffit pour le moment. Ne rien savoir n’est clairement pas pour lui, mais il ne veut pas gâcher la surprise de Jeff.

Tu te presses d'aller chercher une boisson. Dans la supérette, il y a forcément beaucoup de choses qui donnent envie, surtout pour les enfants en réalité. Toi, tu peux te contrôler de prendre les bonbons tellement acides qui font grimacer. Tu te prends un thé froid à la pêche, ce sont généralement des boissons très sucrées et tu as eu l'impression d'avoir un manque d'énergie dans la voiture. Tu retrouves Alonso debout avec votre véhicule, il semble surpris de te voir arriver. Encore dans tes pensées ? Tu lui dis alors qu'il te demande si ça va. Tu hoches la tête et tu lui montres la boisson. J'avais besoin de sucre, je pense que j'aurai du plus manger ce matin. Vous pouvez repartir et quand c'est fait, tu dois de ton thé glacé.

Maintenant, Alonso devrait commencer à comprendre où vous allez. Les panneaux qui indiquent que vous arrivez à la frontière commencent à être de plus en plus nombreux. Tu aurais aimé conduire et lui cacher les yeux tout le long mais... Tu ne connais pas la route et peut être était-ce trop loin comme trajet pour toi, pour le moment. En tout cas, vous arrivez bien vite à la frontière, celle-ci est simple à passer après un simple contrôle de vos papiers et du véhicule. Foutues frontières, ma surprise est gâchée... Tu avais cru comprendre qu'Alonso aimait bien le Canada et plus particulièrement la région du Québec qui se trouvait la plus proche de vous. Entendre parler français ici et là serait aussi un poil romantique, tu t'étais dit. Maintenant qu'il sait à peu près où vous vous rendez, tu penses qu'il est temps d'en dire un peu plus. Parce que tu ne tiens plus du tout en réalité. Donc, en premier lieu on va poser nos valises à la maison que j'ai réservée.. Puis on pourra marcher un peu et manger... Cette après midi, j'ai réservé un petit quelque chose alors ça, je ne te le dis pas.... Ça te plait déjà ? Il n'a pas vu grand chose mais tu demandes, parce que c'est ce qui t'inquiète le plus. Son weekend a été si merveilleux, tu sais que tu ne pourras pas le surpasser, parce qu'Alonso t'a demandé en mariage, mais tu voudrais au moins que ça lui plaise, beaucoup même.

La ville où vous vous rendez s'appelle Saint-Jean-de-Richelieu. Tu trouvais le nom vraiment très français. Les prix ici pour le logement étaient abordables mais il n'y avait pas de grand hôtel de luxe. Ça t'avait chagriné. Mais vous ne pouviez pas partir trop loin, en voiture. Tu avais pris alors une grande maison en réservation, bien trop grande pour vous deux mais c'était la plus belle que tu avais pu trouver. C'est cette adresse qui est rentrée dans le gps et tu vois que vous arrivez bientôt. La ville se profile, tu poses ta main sur sa cuisse. Ça va ? Tu demandes encore, tu as tellement peur qu'il soit déçu. Tu espères que la maison sera à la hauteur. L'angoisse commence à t'envahir, peut être que tu aurais du voir plus grand, un weekend, ce n'était pas assez.