Logan s’était « échappée » de l’estrade avec l’aide de Jack. Grâce à l’intervention du jeune homme, elle a pu rejoindre le public sans difficulté. Par contre, au moment où elle avait tourné la tête pour faire signe aux autres de partir, l’homme de la secte l’interpelle. Ses yeux se posent automatiquement sur lui alors que sa main se resserre un instant dans celle de Jack, elle n’est pas très rassurée et son cœur commence à battre de plus en plus fort dans sa poitrine. Il la pointe du doigt mais Logan décide de ne pas bouger car elle ne sait pas quoi faire. Doit-elle dire quelque chose… ? Quoi qu’il en soit, elle finit par ouvrir la bouche pour dire quelque chose... Seulement, elle est rapidement arrêtée par un bruit derrière elle. Logan se retourne puis tout va très vite, trop vite. Du bruit. Un coup de feu. Logan a soudainement le réflexe de se baisser légèrement comme pour se protéger. Sa main libre se rapproche de sa tête, un simple réflexe encore pour essayer de protéger sa tête également. Logan n’a pas vraiment le temps de faire autre chose puisque Jack la protège instamment à son tour. Juste après le coup de feu, les oreilles de l’avocate commencent à siffler comme si elle se retrouvait dans un autre monde ou dans une autre bulle. Mais une personne du public finit par la pousser légèrement contre Jack, ce qui lui permet de revenir rapidement à la réalité. Sa bouche est entrouverte, elle n’arrive plus à respirer par le nez car elle est restée bien trop longtemps en apnée. Ses yeux finissent enfin par se poser sur Jack, puis par les portes de sortie, ils doivent s'échapper d'ici. « On devrait sortir… » Souffle Logan sans entendre le propre son de sa voix. Elle ne sait pas vraiment ce qu’elle dit, ni ce qu’elle fait mais pourtant, ses jambes réagissent et son corps commence aussi à suivre pour bouger rapidement de cet endroit. Avec l’aide de Jack, elle réussit à quitter définitivement la salle. Ils s’éloignent enfin, des images terribles dans la tête. Logan n’a pas pu poser ses yeux sur le corps au sol, elle ne veut pas car elle ne réalise toujours pas qu’une personne venait de mourir à ce meeting. Toujours un peu dans sa bulle, Logan ne retrouve pas vraiment la parole, elle est encore sonnée et n’arrive pas à prononcer quoi que ce soit. Tout ce qu’elle fait, c’est de se tourner vers Jack pour se réfugier instantanément dans ses bras qui se referment aussitôt sur elle. Ils sont assez loin pour être en sécurité alors elle prend simplement le temps de reprendre un peu de force au creux de ses bras forts. Elle est rassurée, il est là, en sécurité avec elle. Tout ce qui compte pour elle, c’est lui. Il va bien. Elle va bien. Ils vont bien. C’est en se retrouvant dans ses bras que Logan réalise qu’elle a merdé en s’inscrivant à cette course, elle a pris un risque pour elle mais aussi et surtout, pour lui et cette pensée lui serre le cœur. Elle n’aurait pas dû. Une minute plus tard, elle se redresse en entendant les personnes quitter la salle, comme eux. Ce meeting… Ce maudit meeting avait tué un homme… Cet autre événement allait hanter de nouveau Redwood Hills.  

Quelqu’un d'autre prend la parole. Un homme. Une voix plus jeune que la sienne, mais il ne saurait vraiment l’identifier. Il a peut-être plus de courage que tous les autres ici, pour se battre avec des mots devant ceux qui captent l’attention à coups de portes closes. À moins qu’il ne s'intègre dans la mise en scène tordue, comme les voix s'élevant en faveur du chauffeur de salle. Bien sûr l’idée lui traverse l’esprit, qui part très vite ailleurs. Vers Grace. Vers l’autre candidate blonde. Mais qu'est-ce qu'elle a fait ?! Et qu'est-ce qu'on va lui faire ? Qui va payer pour sa tentative de fuite ? Rien. Personne. Il n’y a déjà plus le temps. Du bruit à l’arrière. Le soulagement d’une porte qui s’ouvre rattrapé par l'horreur d'un coup de feu qui retentit à sa suite. C’est l’inquiétude. La panique. La foule qui cherche à s’échapper. Et l’homme sur la scène ? Celui qu’il a tant fixé en contenant sa rancoeur et son mépris. Il s’échappe aussi. Jamie ne l’aurait jamais laissé filer avant. Il se serait lancé à sa poursuite, désespérément. Où est cet homme aujourd’hui ? Il est toujours là, il regarde simplement ailleurs. Il regarde mieux. Il y a quelqu’un d’autre que ses yeux ont fixé, plus longtemps, plus intensément encore. Quelqu’un de bien plus important. Grace. Elle crie son nom, mais c’est inutile. Il a déjà posé un pied sur l’estrade dans l’unique but de la retrouver. Son regard se tourne là où l’homme au micro se tenait encore une fraction de secondes en arrière, sachant pertinemment qu’il n’y sera déjà plus. Il tient simplement à s’assurer qu’il est parti avant d’entrainer Grace. Il secoue la tête. Non, il n’a rien. Aucune blessure qui puisse se voir. À l’intérieur, il saigne du même sang que celui de l’homme écroulé sur le sol. Il l’aperçoit alors qu’il entraine Grace à sa suite, se faufilant sur le côté, la silhouette baissée et les bras fermes autour d'elle. Encore une balle perdue. Encore une mort qui restera vaine. Il lui faut détourner le regard. Sortir, surtout. Oui, il leur faut sortir. « On va sortir. Je reconnais des gars devant, ils vont nous faire passer. » Homme de peu de mots, c’est pour elle que Jamie parle, meuble, rassure. Il se tient, la tient à l’écart le temps de se faire repérer de ses anciens collègues, se méfiant bien trop des mouvements de foule. « WHEELAN ! » Il pousse Grace jusqu'à lui entre deux grands signes de main. D’autres bras, larges, les aident à se frayer un passage et les voilà dehors. « Ça va ? Pas trop bousculée ? » Même à l'extérieur de la Mairie Jamie continue de les éloigner, le bras toujours dans le dos de Grace, quand il s’arrête enfin, jetant un oeil en arrière. « On est vraiment bon qu’à s’entretuer. » La pensée lui échappe, d'un genre qu'il n'a jamais partagé à Grace qui pourtant raisonne comme s'il en était convaincu depuis longtemps.

June ne soufflait mot, tétanisée. Il dardait un regard inquiet sur elle, alors qu’elle raffermissait sa prise sur sa main. Son corps se mit en mouvement, un pas après l’autre. Il était temps de sortir d’ici. Il évoluait péniblement au sein de cette foule dense et agitée. Quelques coups de coude s’échangeaient, des pieds se voyaient piétinés, rendant l’inquiétude générale plus que palpable. Un sentiment d’urgence les pressait tous vers cette porte, en un réflexe terriblement humain. Cependant, Liam préféra s’extraire de la vague. Plus d’une fois, il tourna la tête pour s’assurer que sa belle-sœur suivait toujours, même s’il pouvait sentir sa main contre la sienne. Ses doigts engourdis, il n’était plus sûr de rien. Par endroits, quelques agents forçaient d’autres portes. De nouvelles issues s’offraient à eux. Liam gagna l’une des extrémités de la salle et longea le mur. Ils en devinrent moins exposés. Son regard se heurta involontairement à ce corps inanimé, étendu sur le sol. Un frisson lui parcourut l’échine, accompagné d’un haut-le-cœur. Il sut alors qu’il n’oublierait jamais cette image. Une vie humaine, voilà ce qu’avait coûté ce débat, un tribut des plus lourds.  June derrière lui, Liam chercha à lui éviter la vue de cet homme, sans savoir s’il y parvint réellement. Bientôt, ils atteignaient l’une des sorties. La lumière aveuglante des gyrophares constellait sa vision de taches colorées. Il avançait machinalement, désireux de s’éloigner de ce lieu. Après une poignée de mètres, il s’arrêtait et regardait tout autour d’eux, à la recherche du patriarche et de la matriarche de la famille Austen. Son cœur battait encore à tout rompre. Quand il les aperçut enfin, un profond sentiment de soulagement le gagna. « Ils sont là, June. » dit-il, simplement. Liam l’amena à ses parents. Il lâcha sa main, quand les bras de Mary Austen se refermèrent autour de sa fille. L’homme échangeait un regard avec son beau-père. Ils étaient enfin ensemble, tous les trois, en famille. Liam ne se sentait plus vraiment à sa place, au milieu de ces retrouvailles. « Pour quoi que ce soit, n’hésitez pas à m’appeler. » Il les gratifia d’un dernier sourire, tapota gentiment l’épaule de June en un geste d’encouragement. Puis, il s’éclipsa discrètement, le cœur lourd, l'esprit chamboulé.

Elle n'avait pas besoin de le dire. L'horreur qu'il avait su détecter sur le visage des gens qui allaient et venaient, la présence des forces de l'ordre, les murmures qui s'insinuaient jusqu'au fond de l'âme. Rafael savaient que quelque chose de grave s'était passé. Pendant que lui-même s'était trouvé à l'autre bout de la ville, occupé à exécuter une tâche qu'on lui avait confié à la toute dernière minute. Il s'était fait avoir. Ils s'étaient faits avoir et il n'y avait plus rien qu'il ne pouvait faire, sinon que de s'assurer qu'elle n'avait rien. L'effroi et la confusion qui semblaient animer le moindre geste, la moindre parole de la candidate, le plaçait dans un état d'alerte. Il avait déjà balayé les alentours des yeux, scruter les traits du moindre visage qu'il lui était donné de voir au cas où. Qui était le responsable de ce carnage ? À quoi ressemblaient-ils ? aurait-il voulu lui demander, mais la tension qui coulait dans ses veines l'en retenait. Ce n'était ni l'endroit ni le moment d'être plus imprudent encore. Le collègue de Faith était à peine parti qu'une autre silhouette se dressait entre eux. Frank. Entre le Sullivan et lui, nulle chaleur, mais pourtant une volonté commune : elle. Qui devait être mise en sureté, car tous les deux savaient trop bien que l'endroit n'était pas sécuritaire même s'il y avait tous ces policiers. Le débat qui s'était lancé sous le coup de l'émotion l'avait laissé muet, car il avait la présence d'esprit de savoir que c'était entre eux seuls. Pour sa part, Frank Wellington prenait sur lui et accostait le jeune homme avant qu'il ne tourne les talons pour suivre l'ex-journaliste vers sa voiture. Son regard gris remontait lentement - trop lentement - vers les yeux de l'homme, aux teintes étrangement familières. « Je sais ce dont ils sont capables. » Tuer. Ou détruire des familles. Ce long regard échangé, sans que ni l'un ni l'autre ne bronche, n'était pas hostile. Pas de fausse promesse non plus, seule une certitude commune et implicite d'être prêt à tout pour Faith. Rafael finissait par se détourner de l'homme à son tour pour rejoindre la jeune femme. Il était grand temps de s'éloigner de la mairie.

Tout va très vite, trop vite. Jack sent son cœur battre à tout rompre, cette nervosité qui l’envahit lui donne un sacré coup de chaud, tout spécialement quand un de ces types vient directement interpeller Logan, pour l’inciter à revenir sur l’estrade, en la pointant directement du doigt. Sa main se resserre aussitôt dans celle de la belle blonde ; et d’un coup, il réalise qu’il y a bien plus important que ses intentions, avec la secte. C’est d’ailleurs à ce moment précis que son regard croise celui de Faith, très brièvement. Leur conversation lui revient rapidement en tête, mais Jack la chasse aussitôt de son esprit ; ce qui compte avant tout, c’est Logan, et il est hors de question qu’il la laisse repartir loin de lui. Le réparateur se tient droit, ses sourcils sont froncés, et son regard est froid ; il est déterminé à la protéger coûte que coûte, et il ne compte pas la laisser s’éloigner d’un seul petit centimètre. Mais finalement, la question ne se pose plus, quand un boucan, de l’autre côté de la salle, le pousse à sursauter légèrement, et à se placer complètement devant Logan, par réflexe. Il recule même d’un pas, la poussant sans le faire exprès contre le mur derrière elle. Les portes venaient de s’ouvrir, mais l’arrivée de la police ne fait qu’entraîner un mouvement de foule, une confusion absolument immense, et un coup de feu. Sa main se resserre aussitôt dans celle de Logan, alors qu’il essaie de garder son sang-froid, en regardant partout, autour de lui, pour repérer d’où vient le tir. Il jette un œil aux types sur l’estrade, qui ne semblaient pas être à l’origine du coup de feu. Logan lui suggère de sortir, ce à quoi le boxeur acquiesce sans plus tarder. « Reste derrière moi ! » La somme-t-il, en serrant sa main, et en frôlant le mur, en direction de la sortie. Les gens s’agitaient, criaient, certains s’étaient même mis à paniquer, mais rien n’arrêtait Jack, qui voulait surtout mettre Logan à l’abri. L’adrénaline se diffuse à toute vitesse dans ses veines, et son regard n’a de cesse de se balader un peu partout, y compris sur le corps à terre. Il avait toujours été un fin observateur, et il avait besoin de tout analyser, surtout pour minimiser les risques, toujours dans le but de protéger l’avocate.

Dès que Jack atteint la sortie avec Logan, il s’empresse de l’entraîner à l’écart des lieux, marchant encore un peu pour s’assurer de la mettre en sécurité. Lorsque le réparateur s’arrête, il est encore un peu sonné. Son cœur bat jusque dans ses tempes, et son regard, nerveux, n’a de cesse de regarder en direction de la salle, toujours pour évaluer des risques potentiels. Cela dit, ses bras se referment très vite sur la silhouette de la blonde, lorsqu’il la sent se réfugier contre lui. Elle était en sécurité, elle était en un seul morceau, et c’était tout ce qui comptait. D’ailleurs, bien que ça lui coûte de détourner le regard de l’action (toujours pour évaluer les risques), Jack finit par baisser la tête pour regarder la jeune femme, et s’assurer qu’elle est bien saine et sauve. Sa main vient se poser délicatement sur sa nuque, dans ses cheveux blonds, qu’il caresse doucement, en sentant l’émotion le prendre aux tripes ; il aurait pu la perdre. « Tout va bien, c’est fini. » Lâche-t-il, avant de la serrer un peu plus fermement contre lui, et de se remettre à fixer le bâtiment qu’ils venaient de quitter, nerveusement. What the fuck just happened. Il avait mis Logan en sécurité, mais il était encore bien secoué. Il faut dire que toute cette histoire vient raviver des souvenirs très douloureux, du monde carcéral, qu’il aurait préféré garder enfouis à tout jamais.

@Faith Buchanan @Logan Allen