Dès qu’elle entendit cette voix, Grace tourna la tête, intriguée. Elle ne reconnaissait certes pas cette voix, mais elle comprit immédiatement qu’elle était loin d’être amie, jusqu’à ce qu’un homme s’empare du micro pour s’adresser à l’ensemble de la salle. Le cœur de Grace s’accéléra, tandis qu’elle comprenait. La secte. L’horreur se répétait. Des flashs lui revinrent en mémoire, elle revit Elijah blessé, emmené par l’ambulance en direction de l’hôpital de Burlington, elle revit tout ce sang, se souvint de l’inquiétude qui avait broyé son cœur… et aussitôt, elle se félicita que ni Melody ni Elijah ne soient dans les parages. Vos candidats vous mentent. Depuis sa place sur l’estrade, elle essaya de voir s’ils étaient armés, mais elle n’aurait su le dire. Quand l’homme évoqua les travers des candidats, notamment elle-même qui avait profité de la mort de Norah, la femme de Jamie, elle chercha à capter son regard, car c’était à travers lui qu’elle puiserait la force nécessaire pour affronter cette situation. Silencieusement, elle lui intima l’ordre de ne rien faire, elle avait bien trop peur que Jamie, animé par un sentiment de justice ou même de vengeance, ne tente quoi que ce soit, que sa voix ne s’élève et que tout dégénère. John Austen, l’un des candidats, chercha à quitter la salle mais il n’y parvint pas, d’autant plus que de l’autre côté, une femme verrouillait la porte principale. Pris au piège. Grace, figée telle une statue, laissa son regard balayer la salle, comme si analyser les faits et gestes des habitants pouvait l’aider en cet instant. Elle remarqua Elias, l’un des fidèles de la paroisse, mais n’eut pas le temps de lui adresser le moindre signe, car déjà Logan prenait la parole, leur demandant ce qu’ils voulaient, même si elle connaissait certainement déjà la réponse. Il fallait faire quelque chose, mais de sa place Grace était trop exposée pour tenter quoi que ce soit, comme appeler la police.

Et Faith prit la parole, demandant dans l’assemblée qui avait perdu un proche à cause de la Rose Lunaire. Elle aurait pu lever la main, elle aussi, mais elle la garda baissée. Et au lieu de cela, rassemblant tout son courage, elle se leva et d’une voix qui se voulait à la fois douce et assurée, elle répondit « Nous n’avons pas peur » elle était effrayée en réalité, mais Grace n’était pas de celles qui restaient silencieuses, qui ne se battaient pas pour une cause noble. La Rose avait commis bien trop de tragédies, mais ce n’était pas une raison pour laisser la peur s’insinuer dans leurs esprits. Alors, elle enchaîna « Si nous sommes rassemblés dans cette salle aujourd’hui, c’est justement pour aller de l’avant. Non pas pour effacer le passé et les actes condamnables de notre ancien maire, mais les surmonter ensemble. Je crois que nous avons tous conscience que ce ne sera pas une tâche facile, mais si nous nous présentons aujourd’hui, c’est que nous sommes prêts » elle n’était pas certaine que ses quelques phrases fassent écho auprès des membres de la secte, mais elle aurait au moins essayé. Et son regard, maintenant, ne les quittait plus.


@Jamie Whelan @Faith Buchanan @Logan Allen @Sebastian Hargreaves

June venait de quitter Charlene quand la candidate Allen prit la parole et commença son discours. Plantée au milieu de la foule attentive, la brune écoutait chaque mot prononcé, jetant de temps en temps des coups d’oeil à son père. Elle guettait ses réactions. Il semblait calme, attentif, hochant la tête de temps à autre. A la fin du discours, June rejoignit les autres habitants de la ville dans leurs applaudissements. On pouvait reconnaître à Logan Allen le sens de la formule et une certaine confiance en elle. Elle pourrait faire une bonne maire, pensa June. Et puis, une voix s’élève dans la foule pour interpeller la jeune femme, sur le sujet de la Rose Lunaire. Un murmure s’insinue alors parmi les habitants. Qui osait nommer à voix haute la secte ? June tournait la tête pour essayer d’apercevoir la femme qui avait prit la parole, mais elle était bien trop petite pour voir plus loin que les quelques personnes autour d’elle… Et puis, un homme prend la parole sur l’estrade. June reporte son attention vers la scène, et vers son père. La jeune femme sent son coeur qui commence à battre plus vite, la peur qui s’insinue en elle alors que l’homme qui parle semble le faire au nom de la Rose. Elle est comme pétrifiée, incapable de bouger, mais elle fait quand même un pas en avant quand elle voit son père se lever. Pourvu qu’il ne fasse rien de stupide ! Elle se mit sur la pointe des pieds, cherchant du regard sa mère, quand elle sent une main sur son épaule. Elle sursaute alors, et se retourne. Un soulagement l’envahit alors, Liam se tenait là, derrière elle. Elle se sentit alors moins seule. « Liam. » Sans réfléchir, elle posa sa main sur son bras, comme pour vérifier qu’il était bien là, à ses côtés. Mais elle n’en oublie pas le reste de sa famille. « Dis-moi, est-ce que tu vois ma mère ? » Elle se remit désespérément sur la pointe des pieds, inquiète pour sa mère. Certainement qu’avec sa taille, son beau-frère pourrait mieux voir qu’elle. Son père, quant à lui, était toujours sur l’estrade, obligé à rester là. Son visage transpirait la haine, la rage, alors qu’il gardait quand même un calme olympien. Une autre candidate prit la parole, se défendant contre la secte. Elle essayait de rallier les habitants contre la secte, peut-être leur insuffler le courage de se rebeller contre l’ennemi. Ses paroles faisait réagir June en tout cas. Ils ne pouvaient pas se laisser faire sans rien dire, les laisser prendre le contrôle des événements comme bon leur semblait. Mais si ils étaient surs qu’il y avait au moins deux hommes et une femme de la secte dans la salle, ils pouvaient aussi être plus nombreux. June se rapprocha de Liam. « Tu crois qu’ils sont nombreux ? »

@Liam Swire

Tehaunui était entré dans la salle tout juste avant le début du discours d’une des candidates. Il ne s’intéressait pas particulièrement à la vie politique de la ville, mais plusieurs choses l’avaient poussé à venir à ce meeting. Même si il ne prendrait probablement pas part aux élections, connaître la position des candidats par rapport à la secte pourrait peut être lui donner des indices sur leurs membres. Il était donc là en observateur avant tout. Et puis, la sœur de Delilah se présentait. Cette dernière lui avait montré combien elle était animée par la candidature de Grace, la soutenant sans limite. Delilah devait donc se trouver dans la foule, il en était certain. Si les derniers mois avaient été compliqués entre les deux amis, l’hawaïen sentait que les choses reprenaient petit à petit leur cours normal. Après un dîner en tête-à-tête réussi, Tehau essayait de se comporter comme il le faisait avant, comme un ami proche.
Pendant le discours de Logan Allen, l’homme se rapprocha du buffet, déserté par beaucoup d’habitants pour se rapprocher de la scène. Ecoutant d’une oreille, il trouva une bière sur la table et enfourna un ou deux petits fours. Il se tourna vers la foule, observant les personnes autour de lui. Son regard fut attiré par les policiers qui quittaient les lieux. Cela semblait étrange aux yeux de l’hawaïen. Où allaient-ils comme ça ? Le brun eut comme un pressentiment que quelque chose se tramait. Et puis les applaudissements résonnèrent dans la salle. Il but une gorgée de bière, reportant son attention vers la foule. Quand il entendit le nom de la Rose Lunaire, il se redressa. Quelque chose se tramait, c’était sur ! Deux inconnus se tenaient sur la scène, prenant les choses en main, au nom de la secte. Tehaunui les regarda un instant, mémorisant leur visage, à défaut d’avoir leur nom. Il y avait du mouvement dans la foule. Les portes étaient verrouillées, ils étaient donc pris au piège. L’hawaïen déposa sa bouteille de bière sur la table du buffet, derrière lui. Il fit quelques pas, cherchant il ne savait pas quoi des yeux. Que pouvait-il faire ? Et puis, il la vit, accompagné d’un homme. Sans réfléchir, il s’approcha de Lexie et de l’inconnu. « Je vois que tu es de la partie ! Une idée de qui sont ces gars-là ? » Droit au but, comme il en avait l’habitude. Tehaunui avait rencontré la brune il y a un moment déjà. Ils étaient tous deux en quête d’infos sur la secte. Lexie pouvait être une bonne alliée ce soir.

@Lexie Donovan @elias oath-delweet

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Liam survolait la vaste salle du regard. Il le réalisait alors, la porte principale venait d’être condamnée. Il arrêtait son attention sur l’estrade, détaillait les deux hommes, puis fouillait sa mémoire. Leurs traits ne lui disaient rien. L’esprit en ébullition, Liam tâchait de canaliser ses pensées. Une vague d’émotions discordantes le submergeait. Il n’arrivait pas à déterminer clairement ce qu’il ressentait. Une main posée sur son bras le ramena sur terre. Liam regarda June, lisant l’inquiétude sur son visage. Il reprenait son observation. Par déduction, sa belle-mère avait dû se placer aux premières loges dans l’optique d’écouter son mari. Il l’aperçut enfin, de dos. « Elle est dans un coin un peu à l’écart, à quelques mètres de la scène. » Soit à l’abri des regards. Il essayait de la rassurer, tant bien que mal. La voix de Faith Buchanan s’éleva et capta l’attention de l’assemblée. La candidate contra l’argumentaire de l’intervenant autoproclamé. Elle en appelait à toutes celles et ceux ayant perdu un proche, en 1985 ou en 2015. Le visage de sa mère s’imposa avec force dans son esprit. Femme dont il ne gardait aucun souvenir. Celle qu’il connut uniquement derrière le cadre d’une photo tirée sur papier glacé. Liam leva sa main droite. Il sut distinctement ce qu’il éprouvait, en cet instant. Une colère froide, profondément enracinée, ravivée par ceux qui entachaient cette journée. Grace Fordham prit la suite de sa collègue, droite et solide comme un roc.  Si elle avait peur, elle n’en laissait rien paraître. Leur courage forçait le respect. Liam adhérait à ce discours, ce message fédérateur. Mais il fondait peu d’espoir quant à la possibilité de faire entendre raison à l’un ou l’autre de ces individus. Objectivement, il n’y croyait pas. Liam posait à nouveau son regard sur sa belle-sœur. Par réflexe, il scruta l’assistance. « Je pense que d’autres sont peut-être présents dans cette salle. » N’importe qui pouvait en être. À première vue, qui aurait soupçonné cette femme ? Cependant, ce n’était pas une raison pour se mettre à suspecter tout le monde. Il le savait parfaitement. « Une chose est sûre, ils ont bien monté leur coup. » Une mise en scène savamment orchestrée… L’absence des agents de police le questionnait. Fallait-il établir un lien entre leur départ et l’intervention de la Rose Lunaire ? L’issue verrouillée l’inquiétait un peu plus. La secte n’était pas connue pour ses méthodes pacifistes. Au regard de leurs méfaits passés, Liam se montrait d’autant plus méfiant. « J’aurais préféré te savoir ailleurs. » céda-t-il, fixant la scène. Si les esprits ne s’échauffaient pas… « S’ils sont venus faire leur autopromotion et jeter le discrédit, ils auraient tout aussi bien pu se payer un panneau publicitaire… » dit-il, amer.

Lexie lui sourit, nullement surprise de le voir ici. C’était sûrement prévisible, sachant qu’il était intéressé lui aussi par la secte. On ne pouvait que se douter qu’ils allaient prendre part au meeting. La grande question était de savoir sous quelle forme ils allaient se manifester… Lexie avait repéré la femme qui avait posé la première question, mais elle ne la connaissait pas. Peut-être une habitante du coin. Tehaunui la détailla lui aussi un instant, mais son visage lui était inconnu. Il prit le temps de sonder un peu la foule, peut-être pour essayer de repérer d’autres membres de la Rose Lunaire, mais aussi pour essayer de voir Delilah dans la foule. Elle était toujours introuvable et l’hawaïen commençait à s’inquiéter. L’homme qui accompagnait Lexie sortit Tehau de ses pensées. Il se présenta. Elias. « Tehaunui. Nan, j’suis pas journaliste. Et toi ? » L’hawaïen se montra un peu méfiant envers l’inconnu. Il ne l’avait jamais vu. Et si il faisait parti de la secte celui-là ? Son raisonnement était cependant intéressant. Tehaunui ne pouvait s’empêcher de penser que la Rose avait forcément un candidat dans le lot, mais si au fond, peu leur important le résultat de l’élection ? Qu’ils avaient assez de pouvoir pour contrôler n’importe lequel qui gagnerait ? « Ouais, enfin en attendant on est toujours enfermé… » Il n’était pas contre parlementer sur le pourquoi du comment mais est-ce qu’ils allaient attendre un drame avant de réagir ?

@Lexie Donovan @elias oath-delweet

Jamie lève la main. Deux partout. Score parfait. 1985 et 2015. Il ne peut mieux répondre à la question de Faith. Il ne peut faire autrement que de la lever, cette foutue main. Qui parmi vous a déjà subi des menaces ? Aurait-elle pu tout aussi bien demander. Et autant de mains auraient hésité à se lever. Et Jamie, l'aurait-il levée ? Si ça avait été une autre personne que Faith, à prendre la parole ? Peut-être bien, après tout. Ce n'est franchement pas un secret pour personne. Et il est loin d'être le seul, dans cette salle, à faire partie des dommages collatéraux de la si piquante Rose. D'un simple tour de tête, il en repère plein, qui lèvent ou pas la main. Ce n'est pas un geste hésitant, gêné, pas non plus fier et assuré. C'est juste l'évidence, la vérité. Comme le regard de Grace qui le cherche, exprime quelque chose, une forme de peur différente. Rassure-toi, je ne ferai rien. La rassure son regard en retour. Pour l'instant... Ça, il ne le dit pas. Qui a-t-il à faire, de toute façon, qu'écouter leurs saloperies, comme à chaque fois ? Il n'est pas candidat. Peut-être a-t-elle encore une chance. Dans la masse des spectateurs, il cherche d'anciens collègues du regard, peu surpris et à la fois très déçu de ne pas les trouver. Dans quel piège sont-ils allés courir ? Il est trop près de la scène et trop loin de l'entrée pour voir que quelqu'un l'a verrouillée. Il attrape son téléphone, discrètement dans sa poche pour biper d'anciens collègues, tape in "revenez" à l'aveugle sur un numéro privé gardé en mémoire. Il y a des fois où la Rose n'a pas pour seul projet de parler d'elle. Il est bien placé pour s'en souvenir. Encore une fois, il est de ceux qui ont levé la main, par deux fois. Ne pas avoir peur. Grace donne bien le change. Lui ne voit que celle qu'il aime avoir peur. Et il ne peut que la regarder. Il ne peut que se raccrocher aux quelques paroles rassurantes qu'elle et les autres candidats offrent à l'audience. Pourvu que cela suffise. Et se sentir bafoué, en silence, encore une fois, de voir sa vie privée jetée en ainsi en pâture. Que ce ne soit pas un secret ne rend pas la chose moins douloureuse, l'habitude moins déplaisante. Sa main reste serrée sur son téléphone, ses yeux, suivant ceux de Grace, ne quittent désormais plus les troubles fêtes, prêt à s'interposer si ça dégénère. Il supporterait la colère de Grace. Mais il ne supporterait pas que le scénario qui l'a fait lever la main la deuxième fois se répète. Il essaie de comprendre ce qu'elle fait vraiment là, Grace. Ce qu'ils font tous vraiment là. Pourquoi tisser pour mieux défaire ? Foutue condition humaine et son besoin absurde de trouver du sens à tout, tout le temps.