Son discours terminé, Logan tend le micro vers le speaker pour lui redonner la parole et continuer ce tour de table entre les candidats. L’avocate se sent assez fière et finit par poser son regard sur la salle pour bien prendre en compte les réactions de chacun. Son regard balaie la salle et s’arrête sur la silhouette de Jack. Il est au fond de la salle mais elle pourrait le reconnaître entre mille. Son sourire s’agrandit légèrement, heureuse de le voir ici. Elle sait qu’il n’est pas du tout adepte de ce genre de chose, sa présence lui réchauffe le cœur puisqu’elle le considère comme sa famille. Et avoir sa famille dans un moment pareil, ce n’est pas rien, c’est même carrément énorme. Mais Logan finit par entendre son nom dans la salle et son regard se pose automatiquement sur la jeune femme qui venait de s’exprimer. L’avocate tourne un instant la tête vers le speaker, prête à recevoir le micro mais elle s’arrête dans sa lancée en entendant le nom de la secte. Son sourire disparaît aussitôt. Elle ne sait pas qui est cette femme mais elle ne fait pas partie des journalistes… Sa bouche s’entrouvre comme si elle allait parler mais tout va très vite puisque deux autres personnes arrivent derrière le speaker pour s’emparer du micro. Logan ne comprend rien, son regard se porte sur ses collègues un instant alors que sa mâchoire se crispe. Elle a envie de se lever mais elle tente de garder son calme, elle ne doit rien montrer, pas devant eux et ce malgré son ventre qui se tord d’un coup… Ils venaient de la piquer encore une fois et elle faisait tout pour se contrôler, ne pas céder à la colère. Elle en a marre de les entendre jouer avec ça. Ils n’en savent rien. Logan regarde John Austen qui tente de quitter l’estrade. C’est une blague ou quoi ? Alors l’avocate finit par se lever de sa chaise et par s’adresser directement aux deux hommes qui venaient de s’installer sur l’estrade « Que voulez-vous ? » Demande Logan d’une voix calme mais assez forte et directe pour qu’ils l’entendent. Elle connaissait déjà la réponse, mais elle voulait l’entendre, pour une fois qu’elle pouvait parler à des personnes de la secte…

Enfin, après un bref moment de flottement, viennent les applaudissements, auxquels Jack se joint sans tarder, se permettant même de siffler son soutien à l’avocate, pour partager tout l’engouement que lui suscitent la candidature et le discours de cette dernière. Malheureusement, très vite, les choses dégénèrent, quand une question émerge de la salle. Une question absolument pas anodine, au sujet de la Rose Lunaire. Immédiatement, Jack décroise les bras et se redresse, en scrutant le public pour essayer de trouver la personne qui avait posé cette question à Logan, mais son regard se reporte vite en direction de l’estrade, quand un homme se saisit du micro. Sa voix est glaçante, et ses mots le sont tout autant. L'une de ses toutes premières phrases met immédiatement Jack dans un état de stress. "Ils ont peur de ce que nous pouvons apporter à chacun et chacune d’entre vous." Il comprend aussitôt que la Rose Lunaire est derrière tout ça, et le reste de ce petit discours menaçant le confirme. Joshua est même brièvement mentionné, et Jack s’aperçoit très vite, en entendant du brouhaha derrière lui, que les portes de la salle ont été verrouillées.

Oh, il connaît ce sentiment par cœur. Être enfermé avec une menace, sans échappatoire possible. Il a passé 4 ans dans une prison haute sécurité, et ses réflexes de détenu lui reviennent instantanément. Seulement cette fois, ce n’est pas sa peau qu’il doit sauver ; s’il y a bien quelqu’un qu’il doit protéger, c’est Logan. Alors très vite, il se faufile au milieu du public, pour se rapprocher de l’estrade le plus possible. Il bouscule quelques personnes sur son passage, alors qu’il garde les yeux braqués sur les deux perturbateurs, que Logan vient interpeller. Quelque part, Jack ne pouvait que la comprendre ; pour la toute première fois, ils avaient l’occasion de s’adresser à la secte en direct… ! Mais pour combien de temps ? Jack avait trop bien entendu parler de leurs méfaits pour savoir qu’ils ne resteraient pas inoffensifs bien longtemps. Il arrive au pied de l’estrade, et vient détailler les visages de ces deux hommes. Des concitoyens ? Pourtant, Jack ne les reconnaissait pas. Il savait désormais qu’il se souviendrait d’eux à jamais. Ses yeux viennent finalement se poser sur Logan un instant, dont il croise le regard. Il avait beau s'être rapproché de la zone la plus à risque, il se sentait bien mieux, parce qu'il était tout près d'elle, et savait qu'il pourrait intervenir à tout moment, mais se remet bien vite à observer toute la salle, tous les mouvements des participants, en écoutant toujours les mots qui sont échangés. Ses méninges tournaient à fond ; son instinct de détenu avait pris le relais, il s’agissait maintenant de prendre les bonnes décisions.

@Logan Allen

Liam se préparait à écouter les interventions de chaque candidat. Auparavant, il s’octroyait un petit morceau. À vrai dire, l’idée n’était pas si bonne. Il manquait d’appétit pour cela, s’étant suffisamment sustenté. Il cédait uniquement par gourmandise. Son regard s’attardait sur l’estrade. Liam éprouvait un élan de sympathie envers cette poignée de prétendants au poste de maire. Il leur reconnaissait une certaine hardiesse. Il songeait encore à la démission de Camden Heathcliff. Liam se renseignait sur le vin blanc, auprès d’un homme qui se tenait à côté de lui.  Du coin de l’œil, il aperçut Archibald Stanhope. Ce dernier s’approchait du buffet. Le propriétaire du Snow Rose Café était accompagné de l’une des candidates. Faith Buchanan, si sa mémoire ne le trompait pas. L’homme ne manqua pas de les saluer. Liam apprit alors que son voisin se nommait Cillian. « Archibald. Moi de même. » dit-il, le sourire aux lèvres. Liam répondait à sa poignée de main. Son attention se tourna vers Faith Buchanan. « Nos chemins ont déjà dû se croiser en ville, mais je n’ai pas encore eu ce plaisir. » Liam se séparait de son assiette, incapable d’avaler le moindre morceau. « Tout à fait, ravi de faire votre connaissance. » Il lui adressait un sourire. À la question de Faith Buchanan, il pencha la tête de côté. Sa loyauté acquise à la famille Austen ? Elle était loin de l’être, en vérité. S’il n’en soufflait mot, Liam désapprouvait lui-même la candidature de son beau-père. Il la jugeait risquée, et ce, à plus d’un titre. Toutefois, John Austen était un homme sensé et intelligent. S’il s'engageait sur cette voie, il avait sûrement ses raisons. Il savait ce qu’il faisait. Du moins, Liam l’espérait. « Qui sait ! » Il parlait par énigmes, n’affichant pas clairement ses intentions. « J’écouterai votre discours avec intérêt. » Son choix pouvait-il encore changer ? Liam ne présageait de rien, mais il en doutait. Les interventions à venir lui apporteraient peut-être un tout autre éclairage sur le programme de chacun. Une certaine agitation retint son attention, près de la porte principale. Liam vit deux agents de police quitter les lieux, il fronça légèrement les sourcils. Toutefois, il n’avait pas le temps de s’attarder sur la question. Logan Allen montait sur l’estrade pour s’adresser aux habitants. Liam saluait rapidement ses trois compagnons, puis gagnait la foule afin de se rapprocher. Les applaudissements retentissaient, son discours achevé. Cependant, une voix rompit la clameur. Son sourire se fana à la mention de la Rose Lunaire. L’animateur tentait de récupérer son micro, contenu par deux hommes. Son sang se glaça, entendant chacune de leurs paroles. Les accusations à l’encontre des candidats se multipliaient, il n’y portait aucun crédit. L’atmosphère se tendait. Son beau-père tenta de descendre de la scène, mais en fut empêché. Suite à cela, Liam s'avançait vers l’estrade, se frayant calmement un passage au sein de la foule. Il comptait se rapprocher et attendre de voir. Devant lui, il aperçut la silhouette de sa belle-sœur. Sans réfléchir, il la rejoignit et posa une main sur son épaule. « June.»

« Je suis navrée, messieurs, mais le devoir m'appelle. » s'exclama-t-elle, dans un sourire tranquille adressé aux trois hommes, à l'instant même où le maître de cérémonie s'efforçait de discipliner ses troupes. Son air détaché n'était au fond qu'une façade, et c'est la boule au ventre qu'elle consentit à prendre place parmi les autres candidats. « A toi aussi. » glissa-t-elle, poliment, à l'attention de Grace Fordham dont le malaise était presque palpable, à l'image du sien. Les mains délicatement nouées sur le petit cahier qu'elle conservait résolument fermé, Faith prêtait une oreille attentive au discours de Logan Allen que l'animateur avait chargée d'ouvrir le bal. De temps à autre, elle se surprit à hocher poliment la tête, sans toutefois pouvoir s'empêcher de noter qu'il manquait quelque chose dans la déclaration de sa voisine. La voix d'une femme – une journaliste ? - ne tarda pas à s'élever pour en faire la remarque. Le temps de la chercher des yeux, deux hommes venaient de surgir sur l'estrade pour renverser la table de ce débat politique dont la couleur lui semblait tout-à-coup plus sombre, et le ton presque menaçant. Le cœur battant, Faith sentit son regard clair glisser d'un bout à l'autre de la salle et s'attarder sur quelques détails, comme pour mieux analyser la situation – la porte verrouillée, la fuite avortée de John Austen... Et les fauteurs de trouble, a priori désarmés ? Pour le reste, tout parut s'enchaîner très vite. Elle n'avait pas vu sa voisine se lever, perturbée par l'écho d'autres voix. Le temps de s'attarder un court instant sur le visage déterminé de Logan, Faith se décida enfin à desserrer les lèvres - non sans une certaine appréhension - pour s'adresser à son tour aux fauteurs de trouble. « Vous évoquez notre ancien maire... L'oncle de M. Hargreaves... Le frère de Logan Allen... Mes parents, aussi. » Elle était restée assise, résolue à paraître parfaitement calme, à défaut de l'être réellement. Le léger tremblement qui secouait ses mains suffisait à la trahir. « Rien de ce que vous mentionnez dans vos articles ne nous est directement imputable. » Oseraient-ils le nier ? « Vous ne pouvez pas nous demander de faire pénitence pour les erreurs de ceux qui nous ont précédé. » Cette fois-ci, c'est vers l'assemblée qu'elle décida de se tourner. « J'aimerais soulever une question, à mon tour. » Elle sembla hésiter. « Qui, parmi vous, a perdu un proche dans le suicide de 1985 ? » Comme elle levait une main tremblante, elle poursuivit : « Qui a été touché, de près ou de loin, par la fusillade de 2015 ? » Elle espérait que la peur n'empêcherait pas quelques mains timides de se lever en retour. « Vous ne nous ferez pas porter le fardeau de vos crimes. » conclut-elle, en s'adressant de nouveau à l'inconnu. Comme elle parlait, elle se surprit à glisser de nouveau une main dans la poche de son manteau, à la recherche de son téléphone - un geste rapidement avorté, sous le poids de trop nombreux regards.

@Archibald Stanhope @Grace Fordham @Logan Allen @Sebastian Hargreaves

Un mince sourire s'était dessiné sur mes lèvres à voir la candidate prendre la parole avec beaucoup plus d'aisance qu'elle ne l'avait laissé entendre juste avant d'arriver à proximité des deux électeurs vers lesquels je l'avais guidée : Liam et Cillian. Je me contentais de poignée de main, puis d'un regard cordial et satisfait en suivant la conversation. Jusqu'à ce que la jeune femme doive nous quitter pour regagner l'estrade où les discours s'apprêtaient à commencer. Le comptable ne tardait pas à en faire autant et je n'opposais pas de résistance, même si cela impliquait de nous laisser en tête-à-tête avec le cousin de mon petit ami. Si l'entente entre nous était cordiale, il restait que tout un aura de mystère entourant le jeune homme et que je n'avais pas encore su le percer tout à fait. « C'est dommage que Gwenn-Aël ne soit pas venu. » Commentais-je sur le ton de la plaisanterie. S'intéressait-il seulement à la politique ? Je n'en savais trop rien, l'avocat avait aussi quelques zones d'ombre et il n'avait pas émis beaucoup de commentaires sur le sujet, en dehors de soutenir le projet que je portais avec l'une des candidates. Logan Allen prenait la parole et je devais admettre que la jeune femme avait de la prestance. Tous les candidats et candidates en avaient, pour cela il n'y avait aucun doute. Le tonnerre des applaudissements qui lui étaient réservés se voyait interrompre par une voix. Sans le vouloir, je me tendais un peu, il y avait quelque chose de glaçant dans la conviction qui teintait ce timbre et cela n'avait rien à voir avec la rigueur journalistique. Ce mauvais présage - trop commun dans cette ville - se voyait confirmer par l'arrivée de deux hommes sur l'estrade, qui semblaient avoir pris en otage l'animateur. La tension était palpable dans la salle et... pourquoi personne n'intervenait ? Je guettais l'issue principale, précédemment désertée par les policiers, qu'une jeune femme tentait d'ouvrir sans succès. Et alors que la voix de Faith retentissait dans la salle, pleine de sagesse, je songeais à profiter d'être resté à l'écart de l'assemblée, près du buffet, pour l'appeler. Lui, Gwenn-Aël. J'extirpais discrètement mon téléphone de ma poche et suivant la raison plus que le coeur, c'était un autre numéro, plus court, que je composais. « Bonjour, il se passe quelque chose à la mairie. La Rose lunaire. Vos hommes sont partis il y a à peine dix minutes. » Mes doigts étaient crispés sur l'appareil tandis que mon interlocutrice me posait des questions. « Ça va... Pour le moment. Stanhope, Archibald. Ne tardez pas trop. » Au risque d'être trop tard. Je coupais la ligne.