Nathan s’invite à la conversation qu’elle partage avec Ulysse pour y mettre son grain de sel, refusant qu’Ulysse ne déballe quelques anecdotes sur sa vie privée. Elle roule des yeux quand il ajoute que ce ne serait pas juste de le faire alors qu’il ne connait même pas son nom de famille. Elle avait parfois du mal à croire que certains pouvaient ne pas connaitre sa vie du bout des doigts tant les magazines à scandale s’étaient fait une joie d’écrire d’immenses pavés à son sujet lorsqu’elle était encore à New York. Vivre à Redwood Hills devait très certainement expliquer son manque d’informations, mais quand même. « Dewar, » répond-elle alors, entre deux répliques. Pas sûr qu’il comprenne immédiatement où elle voulait en venir tant les conversations s’entremêlaient entre Ulysse, elle, et Nathan, mais tant pis. D’ailleurs, l’aîné propose qu’il reprenne toute cette histoire plus tard, lorsqu’ils seront entre eux. Loin d’être une mauvaise idée, elle acquiesce à sa proposition dans un sourire, convaincue qu’ils auraient de nombreuses autres occasions de se retrouver pour discuter ensemble.

Puis Maïa se joint à eux, lance une vanne, puis une autre, amenant à un débat sur le regard que Reagan portait sur Nathan. Un regard qui, pour elle, ne voulait strictement rien dire, ce qu’elle s’était évidemment permise de répliquer à la jolie blonde. « Ouais, j’veux bien t’croire, surtout si Nathan a pris d’Ulysse. » Il était pas facile à vivre Nathan, et pas toujours compréhensible, mais Reagan n’ajoute rien de plus, parce que si elle commence à discuter de ses défauts, elle n’en finirait pas. La liste est si longue qu’elle se demande même s’il lui était possible de la terminer. Lorsque le couple se désintéresse finalement d’eux, Reagan en profite pour faire entendre sa voix. Elle tente d’en apprendre plus sur les remarques à peine voilées de tous ces gens qu’elle n’avait jamais rencontré de sa vie, mais Nathan ne veut rien lui dire, et préfère l’accuser de choses absolument fausses. Forcément, elle nie tout en bloc, même si au fond d’elle, elle sait bien qu’il n’a pas tout à fait tort à son sujet. Okay, elle l’aime bien, et il lui est arrivé deux ou trois fois à l’observer pendant qu’il dormait, mais ça n’avait rien de romantique. Rien de significatif selon elle. Elle roule des yeux quand elle l’entend se défendre, même si elle trouve ça plutôt drôle finalement. « Ouais ouais, j’ai cru que t’allais chialer dans ce cinéma. » Elle exagère à peine, mais elle en profite parce que y’a du monde autour d’eux et qu’avec un peu de chance, si quelqu’un qu’il connait les a attendu, il se fera une joie de le rappeler à Nathan plus tard. C’est cadeau, ça lui fait plaisir. Reagan, finalement, elle s’en fout parce qu’elle ne connait quasi personne dans cette salle, et son frangin est bien trop loin pour avoir vent de cette discussion, alors elle peut bien raconter des conneries.

Nola, la jolie brune fait son apparition et ça permet à Reagan de discuter avec une personne qui ne semble pas faire partie du complot créé pour la mettre mal à l’aise. Elle est jolie, et puis elle a l’air sympathique, alors elle se prend au jeu. Reagan sourit quand Nola rit, parce qu’elle réalise qu’ils ont l’air d’être vraiment proches, elle et Nathan. Innocemment, elle prend la défense de ce benêt, et ça illustre d’une belle manière leur amitié. Elle en profite pour grignoter quelques morceaux en écoutant religieusement son interlocutrice, qui lui fait savoir qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de la voir dans les alentours. « De New York, » commence-t-elle, volontairement vague, les souvenirs de cette ville qui lui avait tant donné – et si vite repris - se décidant dans son esprit comme si elle y était encore. Elle y avait vécu de très belles années, mais la chute avait été si brusque, si brutale que la douleur était encore présente. Ne préférant pas s’attarder sur ces souvenirs, elle ajoute : « En fait, j’ai grandi à la Nouvelle-Orléans, et puis j’me suis installée à New York pour le travail. » Elle ôte tous les détails susceptibles de l’agacer, et elle se surprend à parvenir à lui résumer sa vie en ces simples mots. Après tout, Nola n’a pas besoin de tout savoir. Ca l’arrange, finalement, de se rendre compte qu’en dehors des grandes villes, personne ne la connait. C’est cool, parce qu’elle a l’impression de pouvoir recommencer et pouvoir donner sa version des faits. « Et toi ? T’as toujours été à Redwood Hills ? T’as jamais eu envie de voir autre chose ? Quelque chose de plus grand, de plus ouvert ? » Parce qu’elle est jeune, qu’elle est belle, qu’elle pourrait faire tellement de choses que l’idée même d’avoir toujours voulu faire sa vie à Redwood Hills est bien trop étrange dans l’esprit de Reagan.

Et soudain, Maïa réapparait comme un pokémon sauvage pour sauter à pieds joints dans le nouveau sujet préféré des proches du Myers : son couple inexistant. Heureusement, Nathan est d’accord avec elle sur leur duo, aucun d’eux ne chercher à se projeter dans le futur, et c’est tant mieux. Elle accueille néanmoins le conseil de Maïa avec un sourire amusé, parce qu’elle a l’impression d’être une gosse à écouter une mère lui raconter sa jeunesse, puis se tourne finalement vers Ulysse pour l’écouter en rajouter une couche. Au secours, elle a l’impression d’être assaillie de toute part depuis le début du dîner, et c’est une sensation qui est tout sauf agréable. Elle a vraiment besoin de quelques verres pour supporter cette conversation plus longtemps. « Oui bon, tu m’as eu, j’ai menti, c’est vrai que deux semaines, ça fait déjà trop loin pour moi. Mais t’en fais pas, y’a pas moins que j’tombe dans le piège, j’suis immunisée, t’inquiète ! » Lance-t-elle après un clin d’œil en sa direction, avant d’imiter Maïa quelques instants plus tôt pour rejoindre le bar et prendre de nouveaux verres rien que pour elle. De l’alcool pour étancher sa soif et lui donner du courage.

Entendre Nathan qui comparait son expérience à la bataille de boules de neige au vécu de sa sœur aînée à la guerre fit marrer Nola. Elle pouvait maintenant se faire une idée approximative de la fameuse après-midi qu’il avait passé et en regretterait presque d’avoir raté l’événement. Rapidement, la brune prend place et engage la conversation avec Reagan. Elle lui apprend qu’elle vient de la Nouvelle-Orléans mais qu’elle a quitté l’endroit pour New York à des fins professionnelles. « Oh, c’est cool. On m’a toujours dit beaucoup de bien de New York. Tu ne t’ennuies pas trop dans le coin ? Ça doit te faire étrange un tel changement. » Dit-elle en se demandant bien pourquoi elle était venue s’installer en pleine campagne. Cependant elle se retint d’aller plus loin pour l’instant. Peut-être qu’elle en apprendrait plus un de ces jours mais là tout de suite, elle se disait que les informations fournies étaient amplement suffisantes. « Ouais, je suis de Redwood Hills. Je vais à l’université à Burlington mais à part ça, non, je n’ai pas eu l’occasion de voyager énormément. » Et autant dire que ça l’irritait pas mal. « Si bien sûr. Je rêverais d’aller voir ailleurs mais disons que des raisons familiales m’en empêchent. » Elle hausse les épaules avec un faible sourire accroché aux lèvres. Plus tard peut-être qu’elle s’envolera et décidera d’être un peu plus égoïste. En attendant, elle n’en était pas vraiment capable et même si elle était parfois amère en pensant à la monotonie de Redwood Hills, c’est ici qu’elle avait grandi et que ses plus proches amis vivaient. Ce n’était pas le rêve pour une étudiante mais elle avait ses habitudes et elle se sentait chez elle comme nulle part ailleurs.

Sa mère avait encore besoin d’elle puisque son frère avait sa vie et qu’il ne semblait pas vraiment soucieux de ce qu’il pouvait se passer au village. Nola se sentait quelque peu responsable de sa mère, elle voulait lui tenir compagnie. Depuis le décès de son père, quelques années plus tôt, la femme avait cessé d’avoir une vie sociale acceptable alors elle restait là, un peu prisonnière d’une situation qui lui échappait. Certes, elle avait des rêves plein la tête mais comme d’habitude, les autres passaient avant tout ça. Elle écoutait les remarques des personnes qui les entouraient et lâchait quelques rires entre deux répliques. D’après ce qu’elle entendait, le déni entre Reagan et Nathan était flagrant. Elle observait son meilleur ami qui se défendait tant bien que mal et n’a pas pu s’empêcher de participer aux taquineries. « Bah dis donc, on en apprend tous les jours ! Heureusement que je suis venue sinon je n’aurais jamais pu faire connaissance avec Reagan à cause de tes cachotteries. » Dit-elle avant de boire une gorgée de son verre. Elle souriait, plutôt amusée par la façon qu’il avait de se justifier à son frère et à sa belle-sœur.

Jon en profitait pour en apprendre davantage sur Maïa et Ulysse. Elle savait à présent qu’ils se connaissaient depuis des années mais que leur couple était encore assez jeune. Elle trouva ça chouette, d’autant plus que leurs caractères semblaient assez similaires. En les observant, Jon les trouvait proches. C’était visible qu’ils tenaient l’un à l’autre et elle était certaine que ce soit l’une des choses les plus importantes dans un couple. Alexander était plutôt d’accord avec l’espagnole en ce qui concernait la relation de sa sœur avec le frère aîné des Myers. Ils auraient pu mal s’accorder mais cette première impression lui faisait penser l’inverse et elle était contente pour eux. Oui, crois-nous. Crois le grand frère avocat. Dit-elle en riant, un brin ironique. Comme pour changer de sujet, l’infirmière se focalisait ensuite sur eux et sur le fait que c’était la première fois qu’elle voyait son frère ainsi. Ah ouais ? Comment est-il avec les filles habituellement ? S’enquit-elle en lançant un regard plein de sous-entendus au concerné alors qu’il remplissait son verre de vin. L’espagnole en profita pour répondre à Maïa. Non, pas du tout. Je viens du vieux continent. L’Europe lui manquait d’ailleurs par moment mais elle était toujours heureuse de découvrir de nouvelles contrées. Je suis arrivée un peu par hasard dans le coin et Alex m’a donné une bonne raison de rester. Elle sourit sincèrement en pensant ses mots. C’était la vérité après tout.

Elle finit par se focaliser sur Nathan qui lui expliquait que leur relation n’avait rien d’officiel et que les deux autres s’emballaient sur cette histoire. Elle lui répondait alors qu’ils s’étaient attirés des ennuis en arrivant dans la salle ensemble et sa réponse la fit beaucoup rire. J’avoue mais shhh… Ne vas pas leur donner des idées. Ulysse n’a pas tardé à en rajouter une couche et Maïa l’accompagnait toujours aussi bien. Jon en a ri et elle a recommencé à manger en restant attentive à ce qu’il se passait à table.