Désormais coincés dans la maison abandonnée, les habitants sont livrés à eux-mêmes et la plupart aurait préféré ne jamais répondre à ce SMS étrange. S’ils avaient su, peut-être seraient-ils restés en sécurité chez eux, à l’abri, au lieu de se retrouver dans ce gigantesque pétrin qui n’a aucun sens. Si certains restent tétanisés, très vite la résistance s’organise, ils décident de fouiller la maison en quête d’indices ou surtout, d’une sortie de secours éventuelle. Trappe dans le sol, conduit d’aération, porte secrète, les possibilités sont nombreuses et il reste des pièces à explorer, l’étage et la cave notamment. Mais soudain, tout s’accélère. Avant même qu’ils n’aient le temps d’emprunter l’escalier qui mène vers le sous-sol, dissimulé derrière une porte rongée par les mites, les lumières qui émanaient des quelques bougies s’éteignent en même temps, plongeant les invités dans le noir. Action surnaturelle, coup de vent providentiel ou initiative de quelques adeptes présents, perdus dans la masse compacte ?

Personne ne le sait. Personne ne s’en doute. Zooey la première sent quelque chose effleurer sa peau et six minutes plus tard, très exactement, les lumières se rallument et les premiers cris fusent. Dans un coin inoccupé de la pièce, gît maintenant une silhouette inconnue, allongée sur le sol, les yeux fermés et les bras en croix. Il n’est pas entré avec les autres dans la maison, il n’était pas présent à leurs côtés et ils ne le connaissent pas. Et pourtant il est bien réel, bien mort. Et personne n’a rien vu, personne n’a rien entendu, car l’on ne peut penser à l’impensable et la Rose Lunaire est partout, elle est nulle part, elle rôde parmi les hommes et entre les murs, elle étend son ombre silencieuse et perturbe les esprits. Et sur la veste de Zooey, une trace de main ensanglantée.

Il sourit et regarde le cône qui lui passe sous le nez, qui remue un peu, comme pour l’aguicher, le pousser au vice. Et pendant quelques secondes, Nils se dit que c’est clairement ni l’endroit ni le moment, mais devant le calme apparent du type qui lui tend le pétard, le pauvre gamin finit par se raisonner. Ou se déraisonner, on sait pas trop. Ses doigts attrapent le joint, sur lequel il tire, sans trop savoir comment, avant de tousser et cracher la fumée par tous les orifices (ou presque parce qu’il serre les fesses depuis qu’il est entré dans la maison). Se tapant la poitrine, la gorge en feu, ce qui l’empêche pas de reprendre une latte, il rend « l’anti-stress » à son propriétaire en grimaçant un peu. « Ça fait rien ton truc. » Et il essaie de se tenir aussi droit que possible, comme un bonhomme, alors qu’il a les genoux qui se cognent et jouent des maracas. « On peut aussi chercher une sortie tous ensemble, genre on se glue les uns aux autres et OH MON DIEU. » Non, rien ne s’est vraiment passé, enfin Nils ne le réalise pas de suite. C’est juste qu’il sent un engourdissement bizarre au niveau de ses zygomatiques et qu’alors qu’il observe ses mains, la lumière s’éteint totalement. Par réflexe, Nils s’agrippe, encore, à la première personne qui lui tombe sous les mains, la respiration plus lente qu’il le voudrait, son organisme qui a pas l’air de trop suivre la cadence. « Qui c’est qu’a éteins la lumière ? » Cet abruti vérifie même son visage, des fois que quelqu’un lui ait foutu un foulard sur les yeux, ou qu’il soit subitement devenu aveugle. Il l’est déjà de manière métaphorique, alors ça serait con de l’être réellement. « Pas que j’ai peur du noir hein mais vous savez, c’est dans le noir qu’on fait des bêtises et franchement, vu que vous avez tous l’air d’être … » il finit pas sa phrase, parce que la lumière est revenu et un cri retentit, qui lui hérisse le poil et lui friserait probablement la moustache s’il en avait une, mais au vu de sa pilosité de prépubère, ça lui hérisse juste le duvet qu’il a dans le dos. « Quoi ? Une souris ? » Et il baisse le nez pour regarder par terre, visiblement plus effrayé à l’idée de tomber nez à nez avec une souris aux yeux rouges mangeuses d’homme, tant que c’est pas un lapin et qu’il se la joue pas chevalier avec des noix de cocos.. Sauf qu’en regardant l’une des filles qui s’est retrouvée, dans la cohue, pas loin de lui.. Et il fait ce que n’importe quel type normal ferait, ou un pirate au poste de surveillance dans la célèbre BD des gaulois; « Du .. du du … du .. du … de.. c’pas… c’pas de la confiture hein.. » Et il la pointe du doigt, sa veste surtout, en agitant la main, le visage blême. Quoiqu’en tournant légèrement la tête, ça pourrait rappeler la trace de main qui faisait le visage de Wilson, célèbre ballon de volley échoué sur une île.. Sauf que Nils c’est pas Tom Hanks quoi.. 

Gaël avait sincèrement pensé que cela serait probablement une soirée sympa. En fait, il n’imaginait pas franchement que cela pouvait réellement être un coup de la secte. Il s’imaginait en fait qu’il allait surtout retrouver des jeunes en quête de frissons. Il avait pris son appareil plus par acquis de conscience que parce qu’il pensait réellement que cela pouvait concerner la secte. D’ailleurs, lorsqu’il arriva et qu’il vit Nathan il se disait qu’il n’avait pas fait erreur. Il était en train de fumer et franchement il trouvait que c’était une bonne chose étant donné qu’il en profita lui aussi quelques instants avant de retrouver Casey. Il hocha la tête lorsqu’elle lui dit que ce devait être la curiosité qui l’avait fait venir ici ce soir aussi. Oui, on pouvait dire ça. Il fallait forcément que les gens soient curieux pour venir se perdre dans une bicoque délabrée et réputée comme hantée mais il y avait bien d’autres choses qui pouvaient les y pousser. « J’tavais dit que je préparais une expo non ? » lui répondit-il lorsqu’elle lui dit qu’il allait pouvoir prendre des photos. Elle finit par proposer de chercher une trappe et même s’il n’est pas franchement rassuré de se balader dans cette maison, il se dit aussi qu’ils ne peuvent pas rester ainsi. Mais bon, ils n’ont même pas le temps de se mettre en route qu’une jeune brune (Robin) rabroue largement son idée. Il allait lui répondre qu’ils n’avaient rien mieux comme idée en même temps mais c’est à ce moment là que la lumière vient à s’éteindre.

Merde mais qu’est-ce que c’est que ce bordel, toutes les bougies ne s’éteignent pas d’un coup, c’est pas comme un foutu circuit électrique non ? Il avait vu Nathan allumer son joint dessus donc c’était pas des vieilles ampoules comme les guirlandes lumineuses de Noël. « C’est quoi c’bordel encore ?! » Il exprimait probablement la pensée de la plupart des personnes présentes ce soir. Déjà qu’ils s’étaient retrouvés enfermés il fallait que toutes les lumières s’éteignent. Alors il resserra instinctivement son étreinte autour de la main de Casey avant que la lumière ne revienne. Ses yeux allèrent directement vers elle pour vérifier qu’elle n’avait rien. Il allait lui demander si ça allait mais il entendait les gens parler de confiture et de sang et il comprenait pas bien le rapport jusqu’à ce qu’il lève les yeux vers la jeune femme ui attirait tous les regards maintenant… « Tu as dit que tu avais senti un truc te toucher c’est ça ? » Il commençait à avoir les pétoches de se dire que des personnes pouvaient se trouver au milieu d’eux pour les toucher pour leur mettre du sang pour… et merde mais elle était en train de faire quoi Zooey là… mort… « Quoi ? mort ? mais c’est quoi ce bordel ? il était même pas avec nous avant non ? comment il est arrivé là ? » il y avait trop de questions qui se bousculaient sur les circonstances de l’arrivée de ce mort.