Finalement, faire semblant avait été bien plus simple que je n’aurais pu le penser. Après les événements de cet été, j’étais restée une semaine amorphe, dans mon lit, me faisant porter pâle au travail. J’avais été incapable de me regarder dans un miroir sans y voir une meurtrière. Car j’avais tué, et ça m’avait plu. Une fois rentrée chez moi, j’avais pensé courir voir le shérif, lui avouer ce que j’avais fait. Mais il aurait fallu que je raconte toute l’histoire, et je n’aurais pas été la seule à plonger : j’aurais entraîné Jonathan et Laura dans ma chute… J’avais tenté d’oublier Jon, autant que cela soit possible, et avait continué à voir mon amie, sans jamais reparler de l’incident. Pour le reste, j’avais tenté de reprendre une vie aussi normale que possible.

C’est pourquoi j’avais décidé, un peu au dernier moment, d’aller à une soirée d’Halloween organisée par le maire de Redwood. Niveau déguisement, j’avais opté pour une tenue d’infirmière trop petite, digne d’un film pornographique à petit budget. Concrètement, c’était un déguisement que j’avais porté des années plus tôt, pour la soirée d’Halloween du lycée. Aujourd’hui, il était assez petit, et le tissu de mauvaise qualité comprimait ma poitrine, mais ça ferait l’affaire. Pour aller jusqu’au bout dans le ridicule, j’avais opté pour des bas blancs et des escarpins. J’avais également laissé mes cheveux retomber sur mes épaules, et épinglé entre quelques mèches la coiffe d’infirmière. Une trace de main sanguinolante était apparente au niveau de ma poitrine et de mon dos, vestiges de la soirée d’Halloween où Mike, mon petit ami de l’époque, m’avait tartiné de faux sang. Fin prête, je me tins devant le miroir, dans l’entrée, puis fis la moue. J’avais l’air fichtrement ridicule, et mon déguisement était beaucoup trop sexy pour ce genre de soirée. J’espérais que Maggie ne descende pas, à cet instant, pour me voir dans cet accoutrement. D’ailleurs, je n’étais même pas certaine qu’elle soit véritablement dans sa chambre : j’avais travaillé à la bibliothèque toute la journée, et ne l’avais pas croisée. Je levai un sourire interrogateur, puis m’exclamai, pour moi-même :

« Je n’arrive pas à croire que ma mère m’ait laissé sortir comme ça... »

Cette pensée me serra le cœur. Ma mère me manquait. Je respirai un grand coup, puis attrapai mon sac à main. Après plusieurs verres, je me sentirais plus à l’aise. Je sortis dans la fraîcheur de la nuit, puis m’installai au volant de mon pick-up. Phares allumés, je pris la direction de la salle des fêtes.

Pour une si petite ville, les décorateurs avaient fait des merveilles. Certes, la décoration était vraiment kitsch, mais c’était bien plus réaliste que ce à quoi je m’étais attendue. Je lançai un rapide coup d’œil aux environs, me sentant plus mal à l’aise que jamais, puis décidai finalement de me ruer au bar. Dans un immense chaudron se trouvait ce qui semblait être du punch. Je me servis une louche dans solo cup, puis lançai un nouveau regard vers la foule. La musique était trop forte, j’avais l’impression d’étouffer mais, non loin, je remarquai Nicki, puis Maggie à ses côtés. Je fus aussitôt soulagée. En tâchant de ne pas me rétamer avec mes talons haut, je trottais vers les filles. J’enlaçai la blonde, appuyant ma poitrine contre la sienne. Voir des visages familiers me faisait un bien fou.

« Nicki, tu es absolument magnifique ! »

Je me retournai, puis enlaçai à présent Maggie.

« Si j’avais su que tu venais aussi, on aurait fait covoit’. »

Je m’éloignai, puis la regardais de la tête aux pieds. Son déguisement était vraiment réussi. Dans ma tenue d’infirmière trop serrée, je me sentais ridicule.

« Laisse moi deviner, c’est toi qui a cousu ton déguisement ? Tu as vraiment un don, j’aurais du te demander de l’aide, au lieu de sortir comme ça... »

Un peu gênée, je croisai les bras sur ma poitrine. Et puis, après tout, ce n’était pas ma faute si 90 % des déguisements pour femme étaient beaucoup trop sexy. Puis je portais le gobelet à mes lèvres, y faisant glisser tout le liquide, buvant d’une traite. Si je voulais m’amuser, j’avais intérêt à boire plus que de raison… Et avec Nicki dans la place, je me voyais difficilement terminer la soirée autrement que beaucoup trop éméchée.


Désolée c'est un peu long, je ferais plus court au prochain post

Je me doutais que mes heures tardives au boulot me retarderaient. Généralement, je prends mon temps pour pondre mes articles pour le journal. Cependant, je ne voulais pas qu’un collègue puisse arriver à la fête avant moi pour récolter tous les meilleurs potins. J'accélère la cadence pour rapidement quitter le journal. Je pars sans être vêtu d’un quelconque déguisement. Au cas où mon quart de travail se prolongerait, j'avais balancé un déguisement dans un sac derrière le siège passager. Je me changerai en route, à même la voiture. Je n’arriverai certainement pas à une fête d’Halloween sans me fondre dans la masse. En tant que journaliste, je sais que je dois mettre les gens à l’aise pour qu’ils puissent me parler ouvertement. Enfiler un costume est ce qui m’aidera à aborder plus facilement les gens. Je n’arrêterai certainement pas de faire mon boulot, même lors d’une fête, surtout avec tout ce qui se passe dans cette ville. C’est la soirée idéale pour ressentir des émotions, trembler de peur et vivre l’adrénaline à fond.

Dans la voiture, je profite de chaque stop et chaque feu rouge pour enfiler les quelques éléments simples qui construisent le costume. Une longue perruque noire tressée de bijoux en plastique, ornée d'un bandeau rouge, une fausse moustache, une fausse barbe ainsi qu'un haut démodé. Je me débats un peu dans la voiture, mais je parviens tout de même à créer un semblant de « Jack Sparrow. »

J’arrive sur les lieux ; je trouve difficilement un stationnement. Des gens circulent à l'extérieur ; ils parlent de tout et de rien ; je tends l'oreille pour les écouter. Les fumeurs nous mettent en contexte en créant une barrière de fumée à l'entrée. J'entre dans la salle. Elle est déjà bondée d’anges, de vampires, de héros et d’autres phénomènes.

- La jeune héritière Marshall, seule lors de la soirée d’Halloween : un titre accrocheur qui pourrait tenter bon nombre de lecteurs, dis-je sans animosité lorsque j'aperçois son visage sous sa cape.

Elle rougeoie dans l’obscurité sinistre de la salle, parmi de nombreuses décorations envoûtantes, tel un ange de sang qui se serait égaré sur Terre. @Ruby Marshall ne passe pas inaperçue, tant par sa présence que par son nom de famille. Elle ne me connait pas, mais moi je la connais. En réalité, rares sont les personnes qui me connaissent. Je sais comment me préserver sans me dévoiler, compte tenu du fait que mon père, l’ancien révérend, s’est enlevé la vie pour la Rose Lunaire. La mort du révérend n’est point passée inaperçue.  Je connais son visage et je connais son nom grâce à ses parents, grâce à tout ce qu’un journaliste doit connaître dans cette ville.

Voir Nicki lui faisait du bien et elle était prête à en découdre. Non pas que ses récents exploits lui inspiraient l’envie de recommencer. Mais elle avait comme une envie de tout oublier. Elle remercia son amie et ajouta, « C’est jamais trop court, Nicki », avec un sourire et un clin d’œil. Il était vrai que Nicki était une beauté et qu’elle affolait les foules. C’était toujours comme cela lorsqu’elles étaient ensemble. Belle Nicki qui faisait tourner toutes les têtes. « Merci, le tien n’est pas mal non plus. », dit-elle au brun déguisé en Harry Potter qui leur tenait compagnie. Puis, bien rapidement, ce fut Nathan qui arriva près d’eux et Maggie lui sauta presque dessus. « Nathan ! Je suis contente de te voir, tu es superbe ! », cria-t-elle. Puis, elle réfléchit un instant sur la présence hypothétique de Jailys mais se souvint bien vite que récemment elle ne la voyait que trop peu. « Je ne sais pas si elle va venir, j’ai cru comprendre qu’elle était un peu occupée ces derniers temps. », dit-elle en fronçant les sourcils. Maggie commanda tout de même un verre et trinqua avec ses amis. Un rhum dilué pour pas changer. Leur groupe commençait à s’agrandir et c’est bientôt une Zelda infirmière qui les rejoignit. « Zelda tu serais belle même avec un déguisement en sac poubelle. », dit-elle en l’enlaçant à son tour. « Tu es gentille, je l’avais préparé il y a des mois, j’allais rester dans ma chambre toute la soirée à déprimer mais Nicki m’a harcelé. », dit-elle en riant et en poussant la blonde du coude. « Je te présente Nathan et… c’est quoi votre nom ? », demanda-t-elle au brun (Edwin).

Fier de sa bêtise, Nathan rit quand Nicki l'insulta et lui tapa sur le torse. « Ah sacrilège, faudrait pas renverser l'verre, hein ? » la taquina-t-il. Lorsqu'elle lui en tendit un, il s'en saisit avec un sourire et un remerciement, avant de répondre aux remarques des deux filles sur son costume : « J'vous rends le compliment ! Fin j'vous ai reconnues, mais ils sont très bien. Ça fait plaisir d'voir que la quasi totalité des gens s'est donnée à fond. » Maggie annonça qu'elle ignorait si Jailys aurait la possibilité de venir, du fait d'un emploi du temps chargé. Nathan ne put s'empêcher de s'étonner un peu, puisque là où il y avait une fête, la rouquine avait l'habitude de pointer le bout de son nez. « Ah bon ? Hum, elle va peut-être arriver un peu plus tard, quand elle sera libre, alors. » Puis, comme il le reconnaissait, il porta rapidement son attention sur Edwin. « Oui, ma cheville, ça va, elle a survécu, je peux recommencer à faire des claquettes sans problème. » Non pas qu'il fût un adepte des claquettes, mais dans un sursaut de joie, l'envie d'en faire pouvait prendre sans prévenir. Il hocha la tête lorsque le jeune homme expliqua de quelle manière ils s'étaient rencontrés. Une drôle de sensation le parcourut - mauvais souvenir - et pour la chasser, il embraya aussitôt : « Alors comme ça, vous êtes un fan d'Harry Potter ? Je savais qu'vous étiez quelqu'un de bien. » Il sourit ; Poudlard et ses étudiants, c'était tout un tas de souvenirs qui le ramenaient à son enfance et son adolescence. Il porta son verre à ses lèvres et en but une longue gorgée. La conversation au sein de leur groupe semblait déjà bien engagée lorsque Zelda - la chevelure de feu ne trompait pas -, déguisée en infirmière sexy - mais sanglante -, s'approcha. Elle avait reconnu la brune et la blonde, qu'elle serra tour à tour dans ses bras. « Et moi, j'ai pas l'droit à un câlin ? » s'exclama-t-il, sans gêne, un sourire taquin collé aux lèvres. Il connaissait l'étudiante grâce aux deux filles, mais aussi d'une manière qu'aucune des deux ne devaient soupçonner puisque, depuis quelques temps et à l'occasion, il était celui qui lui fournissait la morphine qu'elle réclamait. Il imaginait bien qu'elle n'avait rien dit à qui que ce soit, faisait en sorte de garder le secret, mais la surveillait. Parce que si Nate ne se prenait pas la tête avec les drogues douces, il se méfiait de tout ce qui était plus puissant - ambiguïté, quand tu nous tiens. Ce soir-là, Zelda avait plutôt l'air en forme.

Là, ici au milieu des gens, je me demandais plus que jamais à quel moment je m’étais perdu. A la première personne que j’avais tuée, la première bagarre à laquelle j’avais participé, ou les premiers innocents que j’avais contribué à priver de parents, de maison ou que sais-je ? Peut être que ça avait toujours été en moi. Que je n’avais eu besoin que d’un déclic, d’une pichenette pour basculer définitivement dans une folie qui, toujours présente, n’avait demandé qu’un événement spécifique pour se révéler à la face du monde. Un instant, je me rappelais l’adrénaline et la folie des combats. Les flashs des traceuses, les cris dans mon micro, et la pression sèche exercée contre mon épaule à chaque fois que j’ouvrais le feu. Je me rappelais de tout ça, lorsque je suis tiré de mes pensées par le rire de la star qui se tient à côté de moi, la jeune femme recouvrant un rien de l’innocence que je lui ai volée par une nuit d’orage, sans laisser à son âme la moindre chance d’en ressortir indemne. Elle faisait presque peur à voir, avec ce déguisement de vampire couverte de sang. Elle devait avoir froid, quoiqu’elle en dise. Je déglutis péniblement, et elle jauge mon costume d’un regard d’experte. J’ai un vague sourire quand elle me complimente.


| Les répliques sont chères et j’ai dû le faire venir de loin, mais je ne pouvais pas me présenter comme le dernier des bouffons alors que ce soir je fais sortir une star d’Hollywood. |


Des photos seraient sans doute prises. Mais j’avais choisi un masque qui me permettait de garder un anonymat complet ; c’était l’avantage du costume du chevalier noir. Shandra l’aurait apprécié. Mais je n’avais jamais été un héros. Quoiqu’il en soit, Laura me manœuvre comme une experte, comme si de rien n’était, jusqu’au buffet. Nous prenons un verre de cocktail. Elle me parle de mes filles, alors qu’elle avait vu leur photo chez moi, le soir où j’avais fait basculer son existence et celle de Zelda Greene. Je hoche la tête quand elle me dit que je dois la faire danser, alors qu’on passe Fade Into You, de Mazzy Star. Sur ce morceau, tout avait commencé, il y avait vingt ans. C’était peut être un signe. J’attire doucement Laura contre moi, la laissant juger de la proximité qu’elle désirerait. La musique me serre le cœur, mais pas autant que la rouquine que j’aperçois plus loin. Qui se montre, mais je sais qu’elle le fait pour se cacher en pleine lumière. Elle aussi, je l’ai changée. Ma décision est prise, alors que je vois que la jeunesse continue à chercher à vivre. J’ai provoqué désastre sur désastre, c’est à moi d’assumer. Lorsque je rebascule dans les prunelles vertes de Laura, je n’y vois pas Rouge. Et cela achève de me décider. J’inspire.


| Je suis fatigué, tu sais. Et en faisant ce que je vous ai fait cet été, à Zelda et à toi, j’ai trahi tout ce que j’ai été. J’ai fait assez de mal comme ça, je pense. Je ne protège plus personne, et je suis devenu dangereux. Après cette soirée, après ce dernier bol d’air frais que tu m’auras forcé à vivre et dont je te remercie, j’irais me dénoncer. Et vous pourrez toutes les deux reprendre le cours de vos vies. |


Et puis, j’étais encore aujourd’hui officier. Capitaine Mills. Béret vert. J’avais des obligations. Morales et civiques, que j’avais outrepassées depuis longtemps, mais il me restait plus que ça aujourd’hui ; les miettes de mon devoir. Ca et le feu que je sentais dans mes tripes, qui me poussait toujours au pire et qui me tentait, même maintenant.

Alors que Robin discutait avec l’armoire à glace à l’allure de garde du corps – une allure très virile qui lui plaisait, assurément – elle fut interrompue par la venue d’Andy, qu’elle n’avait pas eu la chance de voir depuis un certain temps. Elle se rappela d’abord qu’Andy était la colocataire enceinte de Nathan, mais dont il n’était pas le père, lui avait-il assuré, et finalement, elle avait fini par le croire. Même lui, il ne s’embourberait pas dans un tel merdier. « Merci, ton costume est génial aussi... ils sont tous parfaits, en fait » sourit-elle, un peu gênée malgré tout. Une deuxième jeune femme s’approcha ensuite et Robin reconnut Adele, qu’elle connaissait de base surtout par le biais de jeux en réseau, étant à l’époque toutes eux adeptes de jeux vidéos. « Adele, ça fait vachement longtemps ! Qu’est-ce que tu deviens ? » il y avait du beau monde à cette soirée, assurément, et Robin était finalement contente d’être venue. Revoir de vieux amis, même pour Robin, si fière, si solitaire, ça comptait énormément. Finalement, reportant son attention sur Nathanaël qui lui expliquait être déguisé en flic, elle haussa les épaules. « Oh si, ça se voit, c’était juste pour m’en assurer. Alors vous êtes là pour le service d’ordre, pas pour vous éclater et boire comme un trou ? C’est dommage, vous devriez goûter aux cocktails, ils sont toujours délicieux généralement » du menton, elle désigna le buffet, autour duquel se pressaient les invités, tels des moustiques attirés par la lumière. Reportant son attention sur Adele et Andy, elle annonça à la cantonade « J’ai beau ne pas franchement aimer le maire de la ville, je dois reconnaître qu’il sait organiser des soirées  qui déchirent. Il se passe toujours des tas de trucs, j’ai hâte de voir ce que ce sera cette année » à condition que ce ne soit pas aussi intense que les fois précédentes bien sûr. 

Edwin ne s’attendait clairement pas à ce qu’il y ait autant de monde d’un coup, il avait bien fait d’arriver en avance pour profiter du buffet et pouvoir saluer deux ou trois personnes avant de perdre de vue les invités parmi la foule. En balayant ces derniers du regard, il fronça les sourcils. Près du bar, il avait cru apercevoir un visage plus ou moins familier (Eleana) sous le masque qu’une jeune femme avait soulevé l’espace de quelques secondes pour boire une gorgée de son verre. Il n’aurait su dire avec précision si c’était elle, la jeune femme qui était venue à plusieurs reprises dans sa boutique, et qui l’intriguait beaucoup, car elle lui avait à peine parlé. Il n’osa faire le moindre pas dans sa direction, de peur de se tromper ou qu’elle ne veuille pas être reconnue, et reporta son attention sur la conversation en cours autour de lui. Une jeune femme rousse (Zelda), qui semblait connaître ceux qui accompagnaient Edwin, s’approcha du petit groupe et au même moment, Maggie lui demanda son nom. « Edwin, je... je m'appelle Edwin » répondit-il presque aussitôt. Il se rendit compte qu’il se retrouvait au milieu de jeunes d’une vingtaine d’années, lui qui en avait dix de plus, il n’était pas vraiment à sa place parmi eux, ils devaient d’ailleurs tous se connaître parfaitement bien. Heureusement, il pouvait au moins donner le change avec Nathan, qui lui parlait justement. « Oui, c’est l’une de mes nombreuses passions. Je suis content d’apprendre que vous aussi, les passionnés de Harry Potter sont mes amis, en règle générale » il sourit, heureux de constater que son costume faisait sensation. Et même si c’était celui qu’il portait à la plupart des bals costumés, il ne s’en lassait pas. Néanmoins, toujours troublé par ce qu’il avait vu, il annonça « Vous m’excusez ? Je vais chercher quelque chose à boire » ainsi, il pourrait laisser les jeunes entre eux et assouvir dans un même temps sa curiosité. Se dirigeant vers la silhouette masquée, (Eleana), il s’arrêta non loin d’elle et fit d’abord mine de s’intéresser au buffet, avant de murmurer un simple « Bonsoir » il espérait qu’elle ne prendrait pas peur, mais il avait vraiment besoin de savoir qui elle était.  

Son déguisement était trompeur car il ne me rappelait pas la bonne personne ! Je me souvenais encore cette soirée merveilleuse pour laquelle John et nous nous étions déguisés en Batman et Catwoman… *Je pensais que tu allais verser ta larme en le voyant !* J’ignorais la voix de Rouge qui eut d’ailleurs un léger rire. Et comme si de rien n’était je reprenais la parole.


- En effet ! Les répliques sont hors de prix. Tu aurais pu me demander tu sais… pour le déguisement, dis-je en souriant. Et ici, je ne suis que Laura et non pas l’actrice De Mille. C’est d’ailleurs ce qui me plait.


Puis j’entraînais l’homme pour que nous puissions goûter au cocktail sanglant. Il se laissa conduire pour mon plus grand plaisir et je ne pus m’empêcher de sourire. Je me montrais un peu plus sérieuse pour aborder le sujet de ses filles mais je ne mentais pas. Elles semblaient pleines de joie de vivre, tout comme sa femme, et il ne faisait aucun doute à mes yeux que je me serais entendu avec celles qui étaient des fans.
Ne voulant pas m’étaler sur ce sujet douloureux, j’informais Jonathan qu’il devrait me faire danser. Je m’attendais à un non mais ce ne fut pas le cas. Posant mon verre vide je murmurais un « J’adore cette chanson ! » alors que le Batman m’attirait à lui pour danser. La chanson étant faite pour, je réduisais l’écart entre celui qui me faisait habituellement peur et je profitais de la danse. Mais je fronçais légèrement les sourcils en voyant mon cavalier inspirer et je compris pourquoi. J’entrouvris la bouche de surprise et secouais légèrement la tête à ses paroles. *Quoi ? Mais qu’est-ce qu’il raconte ! Il va finir en taule ou pire…*


- Il te suffit de stopper tout ça ! Tu n’as pas besoin de…


Je me stoppais alors que l’ambiance venait de changer. D’où venait cet air lugubre ? Je ne posais pas la question et sursautais lorsque j’entendis frapper aux fenêtres, juste avant que chaque personne présente soit recouverte de sang ! Je regardais mes bras, mes mains ensanglantés et reportais mon attention sur Jonathan.


- Tu crois que ça fait partie de la fête ? demandais-je inquiète en me rapprochant de l’homme qui m’accompagnait.