Voilà ce qu’il se passe lorsqu’on se laisse entraîner dans un jeu de pari. Une confusion totale et un ridicule qui, heureusement, ne tuerait personne. Pourquoi avait-il fallut qu’ils s’emportent durant cette soirée et qu’ils commencent à émettre des pronostics de jeu ? Parfois Ellie avait du mal à se comprendre. Du moins à essayer de comprendre pourquoi est-ce qu’elle ne freinait pas les ardeurs d’Alarik qui s’emportait à tout va. Bon, d’accord, en réalité ils s’étaient amusés tous les deux et avaient juste voulu clouer le bec de leurs amis. Sauf que malheureusement la donne n’avait pas joué en leur faveur et l’équipe qu’ils supportaient avait perdu. Perdu… Et allégrement qui plus est. Le couple d’amis en question avait sauté sur l’occasion pour prendre les rennes et donc leur faire valoir leur victoire en les défiant de se déguiser en panda. Heureusement que le couple s’entendait à merveille, concernant les bêtises, et qu’ils aimaient ces animaux. Adieu le côté sexy des retrouvailles, les moments où la passion l’emporte sur le reste pour prétendre à offrir des panaches plus luxueux, bonjour le ridicule, l’étouffement et la sueur. Au moins, l’assistante sociale se consolait en osant croire au fait que le jeune homme était heureux de partager cela avec elle. Du moins elle l’espérait. Elle l’avait suivi jusqu’au bout et serait capable de recommencer si c’était nécessaire, puisque dans tous les cas ils étaient ensemble. Bien sûr, Alarik n’avait pas tardé à commencer à bougonner et à pester contre les déguisements et à y élaborer des questionnements qui relevaient de l’ordre de a survie. La jeune femme venait tout juste d’enfiler le bas de son costume et remontait les ficelles sur lesquelles elle tirait de toutes ses forces pour les attacher vers l’avant. Pour sûr, ils ne risquaient pas d’attraper un rhume et l’anonymat serait bien conservé s’ils restaient silencieux. Mais là encore, un regard vers Alarik la fit rire de bon cœur, elle préférait abandonner l’idée d’un anonymat complet, c’était mission impossible. « Mais non tu n’es pas ridicule. Tu es un mi panda, vaut mieux ça qu’un faune… » Elle haussait ses épaules et se rapprochait du critique gastronomique pour venir frotter ce qui servait de queue du panda à la sienne en continuant à rire aux éclats. « On ne mange pas et on ne boit pas, on se nourrit d’amour et d’eau fraiche. » La tentation était trop forte pour la laisser filer. Et d’ailleurs, elle trouva rapidement une sorte de porte bouteille qu’elle plaça autour de son cou. « Et puis regarde, il suffit qu’on trouve une paille flexible comme les sportifs du dimanche et on pourra au moins s’hydrater. » Le zip qui suivit connotait bien sa ferme intention d’avoir de la ressource. Elle essayait de rire. De délaisser la zone d’ombre qui avait tâché leurs retrouvailles pour permettre à leur complicité d’en profiter au maximum. Au fond d’elle, Ellie se doutait bien des raisons pour lesquelles Alarik avait autant insister pour qu’elle vienne avec lui. Il désirait qu’elle s’amuse et qu’elle puisse penser à autre chose, fait qu’elle veillerait à bien tenir pour lui. L’habillement des costumes les amusa. Mettant en avant des moments de rire, d’autres de moqueries, et parfois même de bouderie, mais dans l’ensemble ils s’en amusèrent. L’assistante sociale se remit à rire au moment où le Danois avait disparut sous cette monticule de poils noirs et blancs. Elle se laissa aider à son tour pour enfiler la tête et commença à s’amuser à mimer des choses dans l’espoir que les messages passent sans qu’ils n’aient besoin de se parler. En vain. Autant l’avouer, Ellie était loin d’être un mime aussi doué que celui de Raiponce.

Fins prêts, ils se rendirent sur le lieu de rendez-vous, non sans connaître quelques difficultés pendant le trajet. Monter dans une voiture en déguisement de panda pouvait être facile dans la théorie, mais alors la pratique était une toute autre histoire. Surtout lorsqu’on y ajoutait Benito qui ne les reconnaissait pas et voulait les attaquer. Au moins cela avait eu le mérite de faire beaucoup rire Mila. Ellie essayait de se consoler comme elle le pouvait. Néanmoins, ils parvinrent enfin sur le lieu de rendez-vous et Pandi Panda pénétrèrent la pièce main dans la main. La jeune femme s’attendait presque à être abasourdie par les amusements des gens, voire même à se cramponner à la main du jeune homme, enfin la patte de Panda, dès que des cris s’élèveraient sur leurs côtés ou derrière eux. Mais rien ne se produisit. Rien si ce n’était cette atmosphère bien pesante qui ne laissait rien présager de bon. Les visages donnaient l’air de se décomposer sur place et la panique arrivait même à se dégager d’un peu partout de la salle. Fronçant ses sourcils de derrière sa tête velue, Ellie eut un arrêt au moment où Alarik lui demandait son avis. Ne pouvaient-ils pas repartir là maintenant tout de suite ? Apparemment, le courage du critique s’éveillait puisqu’il arrivait à marcher. Mais plus ils avançaient et plus leurs pas devenaient lourds et leurs chaussures… collaient… « Je la sens mal cette soirée Al… » Tant pis pour le secret, Ellie tenait à émettre son hypothèse. Son intuition féminine lui dictait de rebrousser chemin et de partir. Si Alarik tenait tant à faire la fête, ils trouveraient le moyen d’aller demander des bonbons aux habitants de la rue. Une personne était en train de courir dans tous les sens, ce qui attira son attention et l’empêcha de voir la glissade improvisée du Danois. Néanmoins, l’insulte qui s’en dégagea l’obligea à se focaliser à nouveau sur lui. « Tu t’es pas fais mal ? » lui demanda t-elle alors que ses deux grosses pattes cherchaient encore à tenir celles de Panda. Et ce fut à l’évocation du sang qu’elle baissa sa tête et pu se rendre compte que les poils blancs du costume devenaient carmin. « Oh non ! Mais non !!! On en aura pour une fortune de pressing après ça… » Imaginez un bébé panda déçu, vous avez Ellie en quête de solution pour remédier au problème. « Bien sûr que non que c’est pas du sang, ça doit être le liquide qu’ils utilisent pour les films. » répondit-elle sur un ton évident alors qu’elle ne se méfiait de rien. Ce qui la troublait en revanche c’était plutôt la manière dont certaines personnes se comportaient. Quelque chose clochait.

Robin aurait dû s’en douter. Elle était venue à cette soirée en toute innocence et pourtant, elle aurait dû savoir que rien de ce qui se passait à Redwood Hills n’était jamais totalement innocent,au contraire. Au même titre que les autres, elle sursauta et poussa une exclamation de surprise en recevant un liquide rougeâtre, ce qui devait être du sang mais, comme le fit remarquer l’un des convives, il y en avait trop pour que ce soit juste du sang humain. Après avoir retrouvé son sang-froid – rapidement, comme toujours, elle jeta un coup d’œil à sa main rougie et fronça les sourcils. Elle entendit quelqu’un (Nicki) s’emballer furieusement, insultant par la même occasion la Rose Lunaire, mais Robin n’aurait su dire si c’était vraiment un coup de la Rose. C’était possible, bien sûr, ce serait bien son genre. Mais il n’y avait pas de preuves. Adele posa alors la question et Robin haussa les épaules. « J’en suis pas sûre. C’est une soirée d’Halloween, après tout, ça m’étonnerait pas que la mairie organise un truc pareil » néanmoins, elle demeurait sur ses gardes et jeta un coup d’œil vers les autres invités. Qui sait si la Rose n’était pas là, parmi eux ? Elle s’intéressa à nouveau au liquide et un rire nerveux lui échappa. « Ça ressemble plutôt à des trucs qu’on pourrait trouver dans un magasin de farces et attrapes, je dirais » malgré tout, elle n’était pas rassurée. Comme à son habitude, elle tâchait de se montrer calme, mais elle n’en menait pas large. Pas du tout, même. Certains invités semblaient de son avis, d’autres paraissaient plus sceptiques. Tâchant de rassurer tout le monde, Robin conclut « On a qu’à se dire que c’est prévu dans la fête et s’détendre. Qui veut boire ? » se détendre, si seulement ! Mais il ne fallait pas laisser la peur s’instaurer, jamais. 

Elle s’était isoler aux toilettes pour fumé la drogue qu’elle avait gentiment prise dans la poche de Nathan, histoire de se calmer. Elle était tellement sur les nerfs en ce moment qu’un rien la faisait péter un câble, la preuve. Elle venait de hurler sa rage contre la secte qui faisait régner la terreur par ici, ce n’était d’ailleurs surement pas une bonne idée.  Elle s’adossa a la porte des toilettes, et après avoir lancer un bref regard a la grande glace pour voir a quoi elle ressemblait maintenant qu’elle avait était repeinte en rouge. Elle avait soupiré et plier une jambe pour mettre le pied contre le mur. Elle porta le joint a ses lèvres et l’alluma. Elle releva les yeux vers la rousse qui était venue la rejoindre et haussa les épaules quand elle lui dit qu’elle n’avait surement pas le droit de fumé ici. «J’m’en fou, je ne sors pas dehors, les psychopathes de la secte son surement encore autour de la salle.»    dit elle après avoir expiré de la fumée. Elle lâcha la rousse du regard, et reposa ses yeux dans son reflet qui était en face d’elle en train de faire tout les gestes qu’elle faisait. Elle avait du rouge dans les cheveux, ça serait surement long a enlever  sous la douche, elle en avait aussi sur le visage bousillant son maquillage et bien sûr sur sa robes et de l’alcool sur ses chaussures.   «J’ai l’air d’aller bien ? Et cette blague a l’air de me faire rire ? Arrête d’être naïve Zelda, y’a surement quelqu’un dans la salle qui a fait chier la secte et tout le monde le paye maintenant…»  Dit elle d’un ton sec et amer. Elle se mit un claque mental ensuite et tira une taffe sur le joint. «Pardon… Je suis un peu à cran.» S’excusa t elle après avoir expulsé la fumé de ses poumons et tourner la tête vers son amie. Elle remit la drogue entre ses lèvre pour prendre une autre taff et sursauta un peu quand elle entendit Laura parler, elle n’avait pas fait attention au fait qu’elle était arrivé. «Bon dieu Lau’ tu m’a fais peur.»Dit-elle en posant une main sur sa poitrine. Elle secoua ensuite la tête. «Hors de question de sortir, y’a des cinglés de la secte qui traine surement encore dehors. Je tiens pas a mourir maintenant. Je sais de quoi ils ont capable ils ont déjà tué ma belle mère. » Elle prit une autre taffe et expulsa vite la fumée. «Et je partirais  de toute façon pas sans Maggie, c’est moi qui l’ai entrainer dans cette histoire, ni sans Nathan. Je pars pas sans mes amis.»  Dit-elle en regardant ses deux amies. Elle ne voulait pas non plus les laisser partir seule. Et en même temps vue qu’elle avait clairement envoyer la secte se faire foutre, c’était peut-être dangereux de trainer avec elle, surement qu’elle allait payer cher les paroles qu’elle avait osé hurler. Bref elle était bien dans la merde.

C’est la merde. Je l’ai craint, je l’ai anticipé. Maintenant que je suis là, je suis obligé de faire face. Ce n’est pas ce que j’avais voulu, pas ce que j’avais espéré. Mais à quoi je m’attendais, au final ? Pas à grand-chose. Peu importe la tournure réelle des événements, je ne pouvais pas prétendre à quelque chose de formidable ; j’avais trop de sang sur les mains et même si c’était déjà un miracle que je n’ai aucun flic à ma connaissance qui soit sur ma piste, et je ne pouvais plus compter non plus sur les accès aux fichiers de mon boulot, maintenant, donc je ne pouvais vérifier que les flics locaux soient au courant de quoi que ce soit. Laura ne panique pas mais je sens son inquiétude. Je la pousse dans la direction de ses amies. Inutile d’en faire une cible en restant à côté de moi, alors que je m’étais mis pas mal de monde à dos. Je fuis son regard, quand elle me demande ce que je vais faire. En vérité, je n’en ai aucune idée.


| Ne t’en fais pas, je saurais bien me débrouiller. |


Elle me dit que je peux venir. Je secoue la tête.


| Non. Je sens que je dois rester là. |


C’était le mieux, et paradoxalement c’était sans doute ici, au milieu d’une foule d’anonymes, que j’étais le moins exposé. Et voilà qu’un espèce de grand type se pointe et annonce que la soirée reprend. La musique recommence à se faire entendre, l’angoisse semble s’étioler. Je reste là comme un con ; mon instinct qui jadis me hurlait une mise en alerte juste avant une embuscade était encore rouge bordeaux, mais contrairement à la réaction que j’aurais eue dix ans plus tôt, je ne cherche pas un couvert, un endroit où je serais provisoirement à l’abri. Là ce n’était pas le but. Et j’étais pas flic non plus. Autant rester sur place, même si j’avais l’impression d’avoir une cible dessinée dans le dos. Je reprenais un gobelet du cocktail qu’ils servaient.

Il est grand, svelte, musclé. Son costume intégralement noir colle parfaitement à sa silhouette – pantalon, chemise, cravate, veste, chaussettes et chaussures de cuir. Il a enfilé un masque qui couvre toute sa tête, ses cheveux et son visage. Un masque que n’importe qui connaît, même celui qui n’est pas fan de Star Wars. Dark Vador en personne, il se noie parfaitement dans la foule. Il se mêle à ces habitants de Redwood Hills qui sont venus fêter la célèbre fête d’Halloween. Il ne leur parle pas ; il se contente de se mouvoir parmi eux. Il s’est infiltré par une porte de sécurité à l’arrière de la salle, au moment où cet étrange personnage faisait son entrée fracassante. C’était le bon moment, pour qu’on ne fasse pas attention à lui. Son regard balaie la grande pièce, notant les tâches de sang rouge foncé sur les vêtements et la peau des gens. Il essaie de décrypter ce qu’ils pensent. Ont-ils peur ? Ils pensent à la Rose Lunaire, certainement. Ils pensent à lui, indirectement. Sans savoir. C’est le but. La Rose Lunaire, ceux que tout le monde craint. Pas lui. Un nom bien trop poétique, une communauté bien trop soudée. Trop belle pour l’effrayer. Il en fait partie, en même temps. Il ne comprend pas pourquoi ce n’est pas le cas de tout le monde.

Il s’avance discrètement parmi les habitants, ses bras en frôlant d’autres. Son voisin, peut-être. Sa boulangère. Il est serein, il a le cœur léger. Pour une fois. Il sait qu’il est en train de faire la bonne chose. Il s’avance encore. Son regard, à travers les lames de plastique de son masque, croise celui d’un brun. Son cœur se serre brièvement, et il tourne la tête. Il s’avance, toujours. Et il le trouve. Il sait que c’est lui, dans son déguisement de Batman. Il s’approche jusqu’à n’être qu’à quelques dizaines de centimètres de lui. Il ne faut pas qu’il se retourne, pas encore. Il s’approche encore, se poste derrière lui, sa bouche au niveau de son oreille droite.

« Alors, Jon. »

Il n’avait pas chuchoté. Il avait parlé normalement, sa voix se fondant dans le brouhaha général.

« Comment tu te sens ? » continua Dark Vador, le regard fixé droit devant lui, au-delà de Jonathan Mills. « Tu sais que nous savons. Nous t’avons prévenu. »

Sa voix était légèrement déformée, par un mécanisme ingénieux présent dans le masque de plastique. Cela permettait de rendre plus crédible la célèbre phrase « Je suis ton père », mais c’était aussi bien arrangeant pour qu’on ne le reconnaisse pas. Il se recula de quelques pas, puis attrapa le poignet de la première personne qu’il trouva, sans même la regarder. Il pointa du doigt Jonathan, sans lâcher son emprise sur le pauvre habitant qui n’avait rien demandé.

« Cet homme est un criminel, » clama-t-il à haute voix, assez fort pour que la personne qu’il tenait et les quelques-unes autour entendent. « Ne vous demandez plus d’où vient le sang ! »

Et avec ces mots, le Seigneur Noir lâcha le malheureux, avant de prendre la fuite par là où il était entré. Personne ne le suivait – il avait tout fait pour tourner l’attention sur Jonathan. Cet homme l’avait cherché.

Essayer de calmer Nicki, c’était comme faire du vélo les yeux bandés : il y a 90 % de chances de ne pas y arriver. Je laissai donc mon amie s’exprimer, et fumer ce qui, vu l’odeur, n’était clairement pas une cigarette. Je lançai nerveusement des regards au plafond, à la recherche d’un détecteur de fumée, puis fus soulager de n’en trouver aucun. Je n’avais pas franchement envie qu’on gâche la soirée en aspergeant d’eau tout le monde… Quoi que, ce serait toujours mieux que le liquide rouge qui commençait vraiment à devenir collant. D’ailleurs, j’actionnai le robinet, et entrepris de frotter mes mains, puis mes bras, tandis que le liquide rouge sang se mêlait à l’eau. Il me faudrait plus que ça pour faire partir l’intégralité de ce que je m’étais pris sur la tête, mais c’était déjà un bon début. Je lançai un regard dans le miroir à l’attention de mon amie blonde, qui s’excusait. Je ne pouvais pas lui en vouloir. On était tous plus ou moins à cran, en ce moment. J’allais lui proposais d’essuyer ses cheveux à l’aide de papier toilette lorsque Laura fit irruption dans les toilettes. Machinalement, je me rapprochai de Nicki, prête à jeter le joint dans la cuvette la plus proche. L’actrice était couverte de faux sang, et je ne pus m’empêcher de me rappeler de cet après-midi d’orage où nous avions tué, ensemble. Elle voulait qu’on s’en aille. Je laissai Nicki protester, la jeune femme refusant de partir sans ses amis, puis je soupirai, et lui chipai le joint. Il devait probablement y avoir de nombreux policiers dans la salle, ce soir, mais pour l’instant, dans les toilettes, nous ne risquions pas vraiment de nous faire chopper.

« Sérieusement, il faut vraiment que tout le monde se calme. C’est rien qu’une blague, des abrutis qui ont voulu nous faire peur. »

Je n’étais pas vraiment sûre de moi, mais je n’avais pas envie de me laisser démonter. Pour une fois que j’acceptais de sortir, ce n’était pas pour rentrer chez moi presque aussitôt. Je m’assis sur le lavabo, laissant mes pieds balancer dans le vide. Je ensuite portais le joint à mes lèvres, puis inspirai intensément. Après avoir toussoter – je n’avais pas franchement l’habitude de fumer, encore moins de l’herbe – je tendis le joint à Laura. J’ajoutai :

« Les gens font des blagues de merde partout, tout le temps. C’est pas parce que ça arrive à Redwood que c’est forcément la Rose Lunaire. Alors tire une taffe, détends-toi, et laisse moi me saouler. »

Je descendis du rebord du lavabo, manquant de me casser la figure, puis approchai le joint du visage de Laura. Puis, alors que j’allais lui dire que ça ne lui ferait pas de mal d’inspirer un coup quand quelqu’un (Jordan) entra. Comme je m’y étais préparée et, d’une pichenette, j’envoyai valser le joint dans les toilettes. Ce serait difficile d’ignorer l’odeur, mais au moins, il n’y avait plus de preuves. Une jeune femme, à l’allure androgyne, proposait à Nicki de l’aider à trouver ses amis. C’est pas vrai, tout le monde s’était ligué pour me faire passer une soirée pourrie ou quoi ? J’allais râler encore un peu quand j’entendis un éclat de voix, à l’extérieur. Je soulevai un sourcil interrogateur, puis dis à l’intention des trois femmes :

« Je crois qu’il se passe un truc, dans la salle. »

Ni une, ni deux, je poussai la porte des toilettes, retrouvant la salle. J’eus simplement le temps de comprendre les dernières paroles de celui – ou celle, impossible à dire avec le modificateur de voix – qui s’était placé au milieu de la salle : « Cet homme est un criminel, ne vous demandez plus d’où vient le sang ». Je tournai la tête vers les femmes, tandis que la figure sombre s’éloignait, puis demandai :

« Ça aussi, ça fait partie de la fête ? »

Je détestais le chaos et la désorganisation… J’avais toujours été comme ça mais je ne m’attendais pas à ce que la petite fête à laquelle j’avais convié Jonathan tourne de la sorte. Je lui avais demandé de m’accompagner pour qu’il retrouve une vie dite ‘normale’ qu’il voit des gens, qu’il vive ! Pourquoi ? Peut-être pour lui ôter ses idées folles dont l’une consistait à vouloir me tuer. Mais mon plan n’avait pas été bon même si la soirée avait bien commencé.
A présent j’étais couverte de sang en plus de mon maquillage mais je ne savais pas d’où provenait celui qui avait teinté mes cheveux blonds en rouge. Comme beaucoup de personnes, j’avais immédiatement pensé à La Rose Lunaire sans le dire à voix haute. Nicki s’en était chargée avant de disparaître, suivie de près par Zelda. C’est elles que Jonathan me demandait de rejoindre avant que je ne lui demande de venir aussi. Je ne savais pas pourquoi je le faisais, cela m’était venu comme ça. Alors je le regardais sceptique lorsqu’il déclara qu’il allait se débrouiller. Pourtant, je l’enlaçais et filais retrouver mes amies…

« Désolée » Je n’avais pas voulu les effrayer en débarquant de la sorte. Je fixais la jeune femme (Nicki) et n’eus pas le temps de répondre à ses propos. Zelda pris la parole tout en fumant une bouffée de ce qui n’était pas une cigarette aux vues de l’odeur. Elle avait peut-être raison ! Nous avions des ados un peu cons à Redwood, comme dans toutes les villes ou villages du monde. Je soupirais et prenais le joint pour tirer une latte dessus… Je gardais la fumée prisonnière quelques secondes tout en rendant l’objet du délit à la rouquine avec un léger sourire.
Mon amie jeta le joint alors qu’une nouvelle personne (Jordan) arrivait pour proposer à Nicki de retrouver ses amis.


- Ils doivent être restés dans la salle Nicki. On va allez voir, déclarais-je simplement. Et tu as peut-être raison Zelda ! Beaucoup d’ado prennent cette histoire de secte pour une blague parce qu’ils ne savent pas… Ils ont du trouver amusant de faire une blague.


Je me taisais au moment où un éclat de voix retentit dans la salle mais dont je ne compris pas le sens. Ni une, ni deux, je suivais Zelda pour entendre les accusations qui étaient faites à Jonathan. « Je ne pense pas que ça fasse partie de la fête ! » Je posais sur Zelda un regard inquiet. Puis je me rapprochais d’elle pour lui murmurer à l’oreille « Il voulait se dénoncer… ». Mes paroles avaient été si basses qu’elle seule pourrait les avoir entendu.
Ma main frôla la sienne alors que je tentais de suivre l’homme en noir.


- Hey ! Qui êtes-vous ?


Mais le Dark Vador était déjà loin. Je levais les yeux au plafond en voyant toutes ses personnes n’ayant pas fait le moindre geste pour le stopper alors qu’il était sûrement à l’origine de tout ce bordel, puis je retournais vers Jonathan.


- Est-ce que ça va ? demandais-je en le fixant et en posant ma main sur son bras.

Edwin était près du buffet au moment de l’intervention du premier homme, le seul qui n’était pas vraiment déguisé de la soirée, et il fronça les sourcils en l’entendant affirmer qu’il ne fallait pas craindre l’enfer, mais la face cachée du Paradis. Il y avait forcément un sous-entendu derrière, mais lequel ? Il n’était pas certain de bien comprendre cette expression, mais il n’eut pas le temps de chercher plus loin car au même instant, il aperçut une autre silhouette, masculine certainement, un homme déguisé en Dark Vador. Il en imposait par son seul costume, si bien qu’Edwin ne put s’empêcher de l’observer du coin de l’œil. L’homme fendait la foule d’un pas assuré, il glissa quelques mots à un autre, des mots qu’Edwin n’entendit pas, jusqu’à ce que Dark Vador clame haut et fort que l’autre (Jonathan) était un criminel. Un criminel ici, à Redwood Hills ? Il se demanda si c’était une simple farce, il tenta de se persuader que ce ne devait pas être bien grave. Pourtant, il commençait peu à peu à se sentir effrayé par tout ce qui se passait. « Je n’aime pas ça » souffla-t-il, plus pour lui que pour les autres. Puis il jeta un coup d’œil au petit attroupement qui commençait à se former, et décida d’interpeller directement l’homme déguisé en Batman, qui en imposait, lui aussi. Edwin se sentit un peu ridicule dans son déguisement de sorcier de Poudlard, mais qu’importe. « Qu’a-t-il voulu dire par cet homme est un criminel ? Est-ce vrai ? Qu’avez-vous fait ? » il avait peut-être parlé un peu trop fort, mais il était inquiet, Edwin. Pas du genre à croire sur parole un inconnu au costume effrayant, mais malgré tout, il se posait des questions, et il était certain de ne pas être le seul. Batman devait donner des explications, au moins pour dissiper les soupçons. Et d'ailleurs, il ne se préoccupa pas un instant de Dark Vador, il ne songea pas une seconde qu'il appartenait peut-être à la Rose, ou peut-être pas, comme si ce n'était pas important.