Mr. Dewar, wow. « Mec, t'as choisi le pire moment pour t'impliquer dans cette ville. La prochaine fois que tu entends parler de cette secte, tu fais comme si tu n'avais rien entendu. » Ou pas, cette ville ne ratait jamais de surenchérir sur ce qui pouvait être le pire. Le moins que l'on pouvait dire me concernant, c'était que je ne m'étais pas attendu à avoir droit à des présentations en bonne et due forme. Wait..., ça devenait presque trop intime. J'avais droit à tout l'entourage immédiat de Blondie et je n'avais rien demandé - sauf le prénom du type, puisque j'avais amorcé des présentations. Ou alors, peut-être que si, j'en avais justement trop demandé en me dirigeant en plein dans la cage du lion et j'implorais le ciel de me venir en aide. Difficile, aussi, de dire si c'était le climat de tension instauré par les évènements ou mon propre inconfort à l'idée d'être ainsi entouré de lionnes. Quand Reagan levait le bras dans les airs, je ne pouvais m'empêcher de la regarder et cette fois sans détour. C'était plus fort que moi ; autant cette fille me les cassait à la moindre occasion, autant j'étais tel l'insecte se cognant inlassablement contre une lumière un peu trop claire. Mouais. « Votre engagement politique me fait peur. » Commentais-je d'un air distrait, parce que je remarquais tout à coup les gens autour porter leur nez droit sur leur smartphone. Tous, sans exception, et quelques rumeurs de conversations agitées allant avec. À mon tour, j'extirpais le mien de ma poche et restais perplexe devant le message anonyme s'affichant. Une silhouette familière s'était frayée un chemin jusqu'au buffet - ou jusqu'à moi - et j’accueillais la venue du doc Wilde avec un certain soulagement. « Doc, vous tombez à point. » Ce qu'il avait manqué ? « Vous n'avez rien reçu ? » Je lui brandissais mon smartphone sous les yeux, apparemment il s'en était tiré. « Tout ce que vous avez manqué, c'est que les habitants de cette ville sont cinglés. Les femmes, surtout. » Et heureusement pas toutes, je n'étais pas reconnu pour être particulièrement machiste, non ! Le commentaire s'adressait à certaines en particulier et mon humour s'envolait étrangement, fort de toute cette étrange tension environnante. Le bon doc Wilde pouvait lire le message sur mon écran, et je rattrapais son regard au vol lorsqu’il en avait terminé. « Je crois qu’on ne reverra pas Emrys de si tôt. » Annonçais-je à voix basse d’un air un peu plus grave que je ne l’aurais voulu.

@Mike Dewar @Reagan Dewar @Jillian Hopkings @Duncan Wilde

C'était l'instinct parental de la jeune femme qui s'était si tôt exprimé, instinct que je ne pouvais que comprendre sans pour autant partager sa réalité de mère. Être parent n'était pas le seul prétexte pour se sentir responsable de la sécurité de ses proches ; j'avais éprouvé ce genre d'inquiétude à de nombreuses reprises, plus spécialement encore lorsque la Rose lunaire avait menacé mes propres frères et, par extension du vandalisme ayant eu lieu au Snow Rose, mes clients. Nous étions tous impuissants et les avis commençaient déjà à diverger. Nous pouvions le sentir à l'agitation qui avait gagné aussitôt les citoyens rassemblés. « Je ne veux pas être pessimiste, mais je pense que les dés sont déjà joués. » Non pas seulement en raison de ce discours, mais parce que qui que ce soit était derrière cette Rose, ces gens n'entendaient pas à être pris à la légère. Regardant Dakota quelques secondes, bien entendu préoccupé par son état, mais malgré tout distrait par les pensées vagabondes qui fourmillaient sous mon crâne, je secouais un peu machinalement la tête. J'étais bien loin de me vexer pour ce beignet, je n'y pensais déjà plus. Jusqu'à que la réception de SMS se fasse sentir, non seulement dans la poche de ma propre veste, mais sur tous les appareils de cette pièce. Après la lecture, je relevais la tête vers la jeune femme et ne pouvais m'empêcher de jeter un coup d'oeil autour de nous. « Tu veux sortir prendre l'air ? » Je doutais qu'il y ait plus à espérer de ce rassemblement qui menaçait de tourner au vinaigre si Camden Heathcliff ne manifestait pas rapidement une meilleure stratégie de gestion de crise. Instinctivement, je posais une main sur son épaule, geste probablement inutile pour la rassurer. Elle n'était certainement pas la seule à être ébranlée par le cours des évènements et mon regard, curieux malgré moi, cherchait à repérer le maire qui semblait discuter avec quelques-uns de ses conseillers. Mon regard passait de ces quelques visages à d'autres, connus et moins connus... N'importe qui, dans cette salle, pouvait être à l'origine ou complice de ces missives virtuelles reçues par chacun de nous.

@Dakota Summers

Eilin frissonna devant les paroles d’Oscar. Oui, de toute évidence, certains se sentaient consternés par ce qui arrivait, d’autres se réjouissaient que le maire se retrouve dans une telle posture... mais un autre groupe devait être dans les parages, des sympathisants de la Rose. « Tu... tu crois ? » balbutia-t-elle, soudain intimidée, en jetant des coups d’œil par-dessus son épaule. « Tu crois vraiment que ses membres oseraient venir jusqu’ici ? » ce devait être le cas, bien sûr. Car ils étaient partout, même si certains refusaient de le voir. Et d’ailleurs, la colère l’envahit après le discours du maire, il ne pouvait oser renoncer ainsi, il ne pouvait choisir le pouvoir plutôt que son fils, c’était inconcevable ! Et Oscar en profita pour lui demander pourquoi elle n’irait pas lui dire ce qu’elle pensait et elle se sentit rougir légèrement. « Oh, non, je n’oserais jamais. C’est tout de même le maire, je n’ai pas envie de me le mettre à dos, déjà que certains me regardent bizarrement, alors... » c’était peut-être lâche de sa part, mais elle ne pourrait jamais envisager s’énerver ainsi, ce serait ridicule. Eilin ne s’emportait pas, c’était bien simple. Quand elle sentit son téléphone vibrer dans sa poche, elle le sortit aussitôt en s’imaginant que peut-être, son frère l’appelait pour Ana, ou quelque chose comme ça. Mais ce n’était pas son frère, plutôt un message anonyme... un message de la Rose, de toute évidence. Elle fronça les sourcils en lisant les quelques lignes car, de toute évidence, la Rose avait aussi entendu le discours du maire et réagissait en conséquence. Libérer notre ville de la tyrannie. Mais la tyrannie, c’était la Rose Lunaire ! Eilin le savait, l’avait toujours su. Non ? Elle se tourna vers Oscar, comme si lui seul détenait la vérité, comme si lui seul pouvait lui dire quelle attitude adopter. « Alors on est coincé. Quoiqu’on dise, ça se retournera contre nous » soupira-t-elle. « Mais maintenant, ça ne fait aucun doute, la Rose est parmi nous » elle commença à épier les autres visages, comme si ce serait écrit sur leur front qu’ils appartenaient à la Rose.     

@Oscar Kidd  

En premier lieu, Duncan fronça les sourcils en regardant David.

- Arrête de me vouvoyer, à chaque fois que je te croise, j'ai l'impression d'avoir dix ans de trop.

Il hocha ensuite la tête de façon négative, toute en regardant l'écran de son téléphone portable, ainsi que de son biper même s'il se doutait ne rien recevoir de personnel sur ce dernier. Duncan attrapa le téléphone de David un bref instant pour en lire le message sur l'écran. Pour changer, la Rose Lunaire faisait encore parler d'elle. Duncan lâcha un soupire en redressant la tête.

- Pourtant, il doit bien être quelque part dans cette ville.

Parmi les cinglés, ça il n'y avait plus de doute. C'était une battue qu'il fallait faire. Ratisser tous les bâtiments de la ville et voir lequel contenait son pot pourri et l'éliminer. Duncan s'étonnait presque d'avoir ce genre de penser, mais il s'était rapidement rendu compte que les ignorer ne changer rien au problème. Changer le Maire ne serait pas non plus la solution.

- Cette ville me fatigue...

Forcer sa mère à partir, il y avait souvent songé, mais elle était vraiment attachée à cet endroit et cela le dépasser complètement.

@David Munroe

Quelque chose ne tourne pas rond dans la façon qu’à Grace de lui répondre. Jamie le sent. Tout d’un coup la tendresse pour sa folie culinaire se change en quelque chose de déplaisant, plus qu’une salade ou qu’un buffet vide. Mais il ne relève pas. Pas ici. Pas maintenant. Non, il se contente de sourire, même quand l’envie lui passe en apercevant un visage porteur de mauvais souvenirs. « Disons que j’aurais volontiers salué celui-là… » Il hoche la tête le plus discrètement possible en direction de l’ainé de la famille. « …pour éviter… » Celui-ci ? Il se sent un peu bête, mal à l’aise, aussi, mais ça, il l’est depuis son arrivée à la réunion et la salle qui se remplit n’arrange rien. Mince oui. Cette-fois, Jamie est sûr qu’elle l’a vu. Il l’entrainerait n’importe où pour ne plus le voir, mais c’est Faith qu’il voit, alors son visage se réchauffe d’un espoir, un sentiment rassurant et bienveillant.
Les présentations sont hésitantes. Pour lui. La peur de déranger, toujours. La timidité, parfois, tenace. Mais il parait qu’il ne dérange Jamais, alors il est un peu fier. Fier avec les joues roses. Jusqu’à ce que Faith doute de sa légitimité. « Alors merci d’endosser ça. » Jamie voit cela comme un sacrifice. Il aimerait lui dire que ses mots valent mieux que ceux de tous les autres, qu’eux ne savent pas… Mais il ne sait pas comment, lui qui n’a écrit que des rapports de police dans sa vie. Pour Grace, tout a l’air plus facile. Même trop, Jamie ne pouvant s’empêcher de grimacer en même temps que la journaliste en entendant ses derniers mots de l’avocate. Il imagine la difficulté que ce doit être pour Faith à ce moment-là. Rien qui ne soit aisément explicable.
Il n’a pas plus d’explications après le discours du Maire. Ses points sont encore serrés quand Faith brise le silence solennel. Le gâteau s’est sérieusement émietté. Ce n’est pas acceptable qu’il a dit, leur Maire. Qu’un enfant de la ville, son enfant, soit attaqué. Comme si c’était le premier… « Non… Non. » Il n’a vraiment pas les mots ce soir. C’est encore un « non » des plus désolés qu’il a à donner à la journaliste. « Et rien ni personne ne pourrait me faire parler. » Son sourire complice est communicatif. ''Je ne suis pas autorisé à" n'a jamais arrêté Faith. « J'aimerais avoir de quoi enfreindre cette règle... » Ne plus être en mesure d'aider Faith, le policier désabusé ne s'y fait pas. « Oh mais, Grace peut t’introduire au Maire ? » L'illumination en la voyant le pister des yeux. Son sourire s'intensifie, son regard bien trop innocent visant tour à tour les deux femmes. « Je ne sais pas s’il est du genre coopératif avec les journalistes, mais avec cette femme à tes côtés… » Pas le temps de terminer son éloge à l’intention de Grace que son téléphone vibre. Non, pas son téléphone. Leurs téléphones. Tous les téléphones. Jamie aimerait s’attendre à des nouvelles de son fils, un quelconque imprévu, mais il sait déjà de quoi il s'agit avant de poser les yeux sur l'écran. « Ça aussi, c’était prévisible. » Malheureusement.

Grace était ravie de faire connaissance avec Faith, comme toujours quand elle rencontrait une nouvelle personne, elle était souriante, à l’aise. Elle avait toujours aimé ça. Ainsi, comme elle apprit que Faith était journaliste, elle songea que ce devait être un honneur pour elle de couvrir un tel événement, c’était terrible à penser bien sûr, mais cela la mettrait peut-être en lumière malgré les circonstances. Elle réalisa trop tard, alors que Faith avouait qu’une personne moins impliquée aurait sûrement été plus indiquée, toute l’étendue de son erreur. Non, ce ne devait pas être excitant d’être là comme journaliste et d’ailleurs, elle le lui dit quelques instants plus tard. « Oh... » souffla-t-elle, alors que son enthousiasme retombait comme un soufflé au fromage. « Désolée, je ne savais pas » elle esquissa un sourire gêné avant de jeter un coup d’œil à Jamie, l’air de dire tu me raconteras, car il semblait en savoir beaucoup plus sur cette histoire. Elle ne savait pas de quelle manière Faith était impliquée dans l’histoire de la Rose, mais de toute évidence, c’était douloureux. Heureusement, le maire intervint au même moment pour faire son discours et Grace l’écouta avec attention, curieuse de ce qu’il avait à dire. A la fin, elle afficha une mine un peu perplexe. Elle se tourna alors vers Jamie et Faith et dit « Il y a forcément autre chose que ce qu’il vient de dire, il... il ne peut pas sérieusement songer abandonner son fils, c’est peut-être juste un leurre ou bien la police est déjà sur une piste pour le retrouver... » Camden Heathcliff était son ami, il n’était pas comme ça, c’était impossible. Faith voulut savoir si Jamie avait avancé dans l’enquête et le regard de Grace passa de l’un à l’autre sans vraiment comprendre tout l’enjeu de ce qui se jouait. « Je ne suis pas sûre de pouvoir être très utile, d’autant plus que Camden réserve toujours un moment pour répondre aux questions des journalistes, mais je peux t’aider si tu as besoin, bien sûr » confirma-t-elle, hésitante. Cela rattraperait peut-être sa maladresse précédente, même si Grace n’était toujours pas certaine de savoir ce que souhaitait Faith – et si cette enquête concernait uniquement son boulot de journaliste. Elle avait mis son téléphone portable en silencieux mais, en voyant de nombreux visages se pencher sur leur téléphone, elle sortit le sien, comme envahie par un mauvais pressentiment. Un SMS de la Rose. « Alors ils sont ici... et ils essaient de nous monter contre le maire » grimaça-t-elle du bout des lèvres. Ils étaient forcément dans les parages, sinon ils n’auraient pas eu une telle réactivité. Jamie avait raison, c’était à prévoir.

@Jamie Whelan @Faith Buchanan   

Comme tout les autres téléphones portables de la salle, celui de June vibra. Elle le sortit de la poche de son jean, sans s’attendre à trouver un message de la Rose Lunaire. Encore un. Ils avaient le don de retourner la situation à leur avantage. En tout cas, ils essayaient de trouver la faille pour rallier des personnes à leur cause. Ils avaient essayé d’utiliser l’antipathie entre les deux sœurs Austen, et maintenant ils retournaient le carriérisme du maire contre lui. D’un côté, la secte n’avait pas tort, le maire était arrogant, voire même sans pitié. Mais n’existait-il que deux camps ? Il n’y avait pas que d’un côté le maire et de l’autre la Rose Lunaire. Car voilà, le maire ne faisait pas régner la tyrannie à Redwood Hills. Il ne fallait pas exagérer !
June rangea son téléphone et guetta la réaction de Nathan. « Je crois que je suis encore moins rassurée maintenant... » June n’y pensa pas tout de suite, mais elle entendit quelqu’un dire une vérité dérangeante : des membres de la secte devaient être présents dans la salle ce soir. June regarda quelques visages dans la salle. C’était prévisible que certains membres seraient la, mais que prévoyaient-ils d’autres ? Allaient-ils simplement se contenter d’un message ? La brune frissonna. Elle était désormais décidée à s’en aller d’ici avant que quelque chose de grave n’arrive. Il fallait simplement qu’elle retrouve son père.