Tu n'as pas trouvé son projet de sortie. Ça pouvait être n'importe quoi et tu n'avais pas eu le temps de t'intéresser à ce que vous pouviez faire à Lake Georges. En même temps, tu ne connaissais pas la destination avant de partir hier en voiture, ça t'aurait été bien compliqué ensuite... Tu devrais attendre, parce que tu avais eu ta chance.

Pendant que tu dégustes tes scones, qui sont très bons d'ailleurs, tu vois Alonso regarder son téléphone. Peut être qu'il a mis une alarme pour être certain d'être bien à l'heure, c'est ce que tu te dis en tout cas. Il était vrai que tu ne posais pas de questions, pas que tu ne voulais pas t'intéresser mais tu avais toujours cette peur, quelque part, qu'en demandant trop de choses sur son ex femme, Alonso devienne nostalgique des moments qu'ils avaient vécus. C'était idiot et tu le sais, mais tu avais l'impression que ça allait se passer. Tu laisses donc. Tu préfères parler de la maison, encore parce que ça t'encre dans le présent et ce n'est pas du tout un sujet angoissant pour toi. C'était important, que tu aies ce refuge. Pas en tant qu'habitation, mais un refuge en tant que sujet de conversation. Tu en avais hâte, Alonso était tout aussi enthousiaste que toi. Vous finissez votre petit gouter, tu laisses Alonso payer puisque c'est son weekend. Tu allais vraiment vouloir faire quelque chose de particulier, la semaine prochaine. Vous sortez, toujours main dans la main. On y va à pieds aussi ? Si on y va à pieds ça veut dire que c'est ici... Mais Alonso savait bien cacher son jeu, alors tu ne peux que te laisser guider.

Alonso paie et sort de la boulangerie. On y va… Pas à pied. On a 25 min de voiture d’ailleurs. Donc c’est parti. Ils vont à la voiture, Alonso ouvre la portière de Jeff pour qu’il y entre, réflexe qu’il a avec Coco et qu’il n’a habituellement pas avec son compagnon. Mais il ne sait pas, il le fait avec un sourire. Ne regarde pas l’adresse si tu ne veux pas être spoilé. indique-t-il. Mais il sait qu’il finira sans doute par l’être. Enfin, c’était ça les surprises, ça ne pouvait pas rester des surprises pour toujours. Alonso met l’adresse du Floyd Bennett Memorial Airport à effectivement 25 min de route. Ils arriveraient à l’heure. Il ignore si Jeff peut comprendre ce qu’ils vont faire juste avec cette adresse mais elle laissait tout de même beaucoup d’indices. Il n’avait pas pris la formule que pour tous les deux, il l’avait jugée un peu excessive mais ils ne seraient pas très nombreux. Sur la route, il reçoit d’autres textos de Sonia et de Miguel qui apparaissent sur le tableau de bord parce que le téléphone d’Al est branché à la voiture pour le GPS. En voulant couper la notification, Al appuie sur la lecture à voix haute du message de son ex-femme. La voix de la voiture annonce : « Message de Sonia : Al, tu pourrais me répondre quand même, j’ai vu que tu as regardé tes messages tu sais… Message de Sonia : Al, je me sens seule, j’ai vraiment envie que tu sois là avec moi. » Alonso coupe tout de suite le message, il regarde Jeff, il regarde la route. Elle parle de Miguel, elle parle de Miguel, qui a eu des mauvais résultats. Elle voulait que je lui parle tout à l’heure. Il ne sait pas pourquoi il se justifie. Jeff va juste en rire sans doute.

Vous arrivez à la voiture, tu es toujours très heureux. Surtout quand Alonso t'ouvre te portière. C'était de rigueur avec Coco mais pas avec toi. Tu apprécies le geste. Vous vous mettez en route et tu regardes par la fenêtre. C'est dur mais tu aimerais avoir la surprise. Réellement, jusqu'au bout. Tu te forces donc à regarder de l'autre côté. Sans jamais tourner la tête vers Alonso parce que tu sais que sinon, ce serait bien trop tentant et facile de regarder la destination. Tu entends les notifications de messages mais tu n'y prêtes pas attention... Jusqu'à que le tableau de bord les lisent de sa voix robotique. Le premier message te fait juste froncer les sourcils, tu te dis qu'Alonso n'avait pas à être là dès qu'elle le voulait. Et le second. Le second te fait mal au cœur. Parce que du coup, tu te dis que tous les autres messages sont d'elles aussi. Et Alonso qui panique et tente de se justifier ne te rassure pas vraiment. Tu déglutis, tu t'es promis de ne jamais être un frein dans sa relation avec ses fils. Elle pouvait parler de Miguel, c'était crédible mais... Ça ne justifiait en rien le dernier message. Tu devrais l'appeler quand on arrive... Savoir si ça va avec Miguel. Ça te coute beaucoup de lui dire ça, tu tentes de contrôler tes émotions. Et si ? Et si Alonso recevait ces messages tous les jours ? Depuis combien de temps ? Et si un jour, fatigué, il y répondait et pas juste pour lui dire de le laisser ? Tu as confiance mais les si sont fourbes, parce qu'ils ouvrent la porte à tes angoisses. C'est sûr en tout cas, tu ne veux absolument plus regarder du côté d'Alonso. Tu ne penses même plus à la surprise qui t'attend.

Alonso tique, il ne sait pas bien comment il doit réagir, il se dit qu’il aurait du laisser le message jusqu’au bout, peut-être que ça aurait été quelque chose comme : Al, je me sens seule, j’ai vraiment envie que tu sois là avec moi dans cette histoire, il s’agit quand même de l’éducation de ton fils. Et il ne se serait pas senti si troublé. Vraiment… Non, on a rendez-vous, j’aurais pas le temps. Il laisse dix secondes trainer. Est-ce que Jeff pouvait penser qu’elle l’appelait pour le séduire ? Est-ce que… Je l’appelle maintenant, d’accord ? Sur la route. Comme ça, Jeff pouvait entendre la réaction de Sonia, voir qu’il n’y avait rien de bizarre, c’était cette voix de robot aussi qui… Il soupire. Il n’avait rien à cacher. Il l’appelle.

- Ah Al ! Parfait ! Fais entendre raison à ton fils, je t’en prie. Il me ramène des notes désastreuses et en plus Monsieur veut sortir faire la fête ce soir ! On entend Miguel grogner derrière le téléphone.
- Sonia, je suis en voiture, je peux pas rester longtemps au téléphone.
- Eh bah je te le passe, je n’en peux plus, si ça continue il fera sa terminale chez toi l’année prochaine, les garçons et leurs crises d’ado ce n’est plus possible ! Sonia est effectivement bien remontée. Et pas du tout dans une humeur à envoyer des mots doux ce n’est pas très agréable mais au moins, ça pouvait rassurer Jeff. S’il devait être rassuré ?? Alonso n’était pas certain de ce point. Papa !! Ça va ? Ton week-end se passe bien ?
- Ca va oui, est-ce que tu peux me dire ce qui se passe, je n’ai pas vu tous vos messages.
- T’inquiète maman surréagit parce que j’ai eu un F en philo. Je ne surréagis pas ! Un F en philo parce qu’il n’avait pas rendu son devoir dans les temps, et un D- en composition d’anglais. La dispute reprend de plus belle. Alonso fronce les sourcils, voilà pourquoi il n’avait pas répondu aux messages. Il mime un « Désolée » à Jeff en posant sa main sur sa cuisse.
- Miguel ? C’est toujours toi qui a le téléphone ? Personne n’écoute Alonso, on entend plus facilement Miguel qui se justifie à coup de « Mais maman c’est bon, ça arrive, j’étais fatigué c’est tout ! » Allo ? retente Alonso quelques secondes plus tard.
- Oui papa ?
- Miguel, écoute ta mère, s’il te plait. Tes résultats scolaires comptent dans ton dossier, surtout à partir de cette année. Si tu veux aller dans une bonne université…
- Mais papa je sais même pas si je veux faire l’université, peut-être que ce n’est pas le bon moment pour moi pour étudier tout simplement. Tu entends ton fils Alonso ? Tu l’entends ? Maintenant il ne veut même plus aller à l’université ! Tu veux me rendre folle c’est ça ? Alonso ne peut que retenir un sourire en entendant Sonia dire ça mais se concentre sur le brouhaha et la route en même temps.
- Miguel, mon chéri, justement, comme tu ne sais pas encore ce que tu veux faire, ne te ferme pas des portes aujourd’hui dont tu auras peut-être besoin demain. Je comprends que la rentrée, c’est compliqué, que ton frère est parti de la maison et que la période doit être difficile.
- Humph… la non-réponse de Miguel indique à Al qu’il doit être sur le bon chemin.
- Essaie de ne pas rendre folle ta mère, s’il te plait. C’est déjà assez compliqué pour elle. Il entend Sonia parler derrière mais il ne comprend pas ce qu’elle dit.
- Ca va, ça va, j’ai compris, je suis le fils indigne qui rend malheureux ses parents… Sonia râle et semble enfin s’éloigner du téléphone.
- Miguel, enfin, pas la peine d’aller le drama. Juste, bosse, t’as les capacités d’avoir des bonnes notes, donc profite-en. Et si tu en as besoin, prend du temps pour découvrir tes passions à côtés.
- Mais…
- Je vais essayer de descendre à NY te voir un week-end fin octobre ou début novembre, tu pourras en parler avec Jeff et moi, d’accord ?
- Hum ouais… D’accord.
- Je dois te laisser, tu peux me repasser ta mère, s’il te plait ? Il entend Miguel crier un MAMAAAN !!!!
- Elle arrive, bon je vais pas voir mes potes ce soir quoi.
- Je ne te conseille pas ce soir non. Mais tu trouveras un autre moment, je suis sûr.
- Tout le monde me répète que ce sont mes plus belles années mais en fait, je peux même pas en profiter. Bon allez, je te passe maman. Bisous papa, embrasse Jeff.
- Je n’y manquerais pas. répond Al avec un sourire.
- Al, tu as vu comment il me parle ?
- Je sais Sonia, j’ai entendu. Il est adolescent, c’est dur pour lui aussi. Elle ne répond pas. Il ne va pas à sa soirée ce soir, il vient de me le dire.
- Ah bon très bien. Merci Al, je te revaudrais ça.
- Pas la peine. Je dois te laisser, passe un bon week-end et profite de ton fils.
- Mouais, tu l’aurais au quotidien tu me dirais pas ça… Enfin, je sais, c’est pas à toi que je dois me plaindre. Al ne répond pas. Je suis désolée de t’avoir dérangé pendant ton week-end.
- C’est pas grave. A bientôt Sonia.
- A bientôt Al. Sonia ne fait pas de mot pour Jeff mais après tout, elle n’est pas censée savoir qu’il est dans la voiture avec lui.

Elle raccroche. Alonso reste silencieux pendant un moment. La conversation était un peu lunaire. Désolé, c’est pour ça que j’ai pas répondu tout de suite, dans ces cas-là, c’est parfois un peu long et… Pas très constructif. Ca va ? Tu ne m’en veux pas ? demande-t-il doucement. Il ne sait pas pourquoi Jeff lui en voudrait mais le message de Sonia avait créé un malaise qu’il espérait résolu dans cette conversation assez intime de sa vie de père divorcé.

Tu commences à cogiter. Tu sais que ce n'est pas bon pour toi, que tu devrais plutôt parler avec Alonso plutôt que de laisses des suppositions s'installer dans ta tête... Mais le savoir n'est pas toujours suffisant. Tu commences à te renfermer, mais comme tu as presque toujours le même processus, Alonso doit le comprendre. Alonso était fort pour tout ça, surtout pour te comprendre dans ses moments là. Parfois, ça t'énervait parce que tu avais du mal à lui cacher certaines choses. et parler te mettait dans une situation inconfortable. Mais à la fin, tu remerciais qu'il puisse te comprendre si facilement. C'était plus un avantage qu'autre chose.

Tu tournes la tête quand il dit qu'il va l'appeler, tu le regardes lui, pas le gps. D'accord. Tu réponds rapidement. Puis la conversation est lancée, tu restes silencieux bien entendu, parce que tu trouves déjà que tu ne devrais pas l'entendre. Tu souris quand Miguel, à la fin, pense à toi. C'était un gentil garçon. C'était important d'être gentil, tu le pensais. Et ça devenait de moins en moins évident. Tu ne connais pas le monde des ados, tu te souviens avoir été toi même assez chiant par moments mais se souvenir de son comportement et avoir à affronter un comportement n'était pas la même chose. En tout cas, cette conversation t'a détendu. Tu arrives à sourire à nouveau. Je ne sais pas si Miguel serait ravi de venir habiter dans notre maison. C'est encore plus la campagne que Redwood... Forcément, tu avais entendu la conversation. Ça semblait ne pas être si important, peut être que Sonia l'avait juste dit parce qu'elle était excédée aujourd'hui... Mais ça allait faire partir des changements quand ils allaient venir vous voir. Pour un weekend ou des vacances, ce serait surement génial pour eux, avec tout cet espace mais pour y vivre, tu penses qu'un ado se sentirait probablement trop isolé. Tu poses ta main sur sa cuisse. Tu fais attention à ne pas trop le déranger. Merci de m'avoir rassuré. Tes angoisses se sont envolées, tu devrais vraiment parler au lieu de toujours t'imaginer un tas de choses.

La conversation laisse une petite aura de stress sur Alonso, parce que ce n’est pas le style de Miguel d’abandonner les devoirs pour suivre ses amis. Il allait falloir suivre ça de près. Oh tu sais, il aurait son frère pas loin, il viendrait avec son scooter, il ne serait pas si malheureux… répond Alonso même si bien entendu, il était hors de question de faire venir Miguel sans en parler à Jeff. Tu sais, elle dit ça, mais en fait elle le pense pas vraiment, puis Mig à l’âge de décider ce qu’il veut et où il veut vivre. En l’occurrence… Enfin. Il restera à NYC je pense. Il ne termine pas sa phrase mais dans sa tête, il veut dire que son fils est chez sa mère parce qu’il le veut aussi. Il ne pense pas que ses fils aient des préférences, mais ça c’est fait ainsi, c’est tout. Peut-être qu’une partie de Miguel reste avec sa mère parce qu’il sait à quel point ce serait dur pour elle de le voir partir. Mais peut-être qu’il parlera à Jeff et son père la prochaine fois qu’il les verrait de son envie d’émancipation. Mais bon… Quelle que soit son envie de partager sa vie avec son fils, terminer son lycée là où il l’a commencé, à New-York, semble être tout de même une bonne idée du point de vue d’Alonso, sauf si vraiment son fils sombre et là, un changement de lieu pourrait être salvateur… Peut-être qu’à ce moment-là, les décisions seront différentes.

Il sent la main de Jeff sur sa cuisse. Il le remercie de l’avoir rassuré. Ce message ne l’avait donc pas uniquement perturbé lui, son intuition était juste, quelque part, ça le rassure, de savoir qu'il n'a pas paniqué pour rien. Il sait à quel point ce genre de petits détails peut stresser son compagnon. Surtout en ce qui concerne Sonia qui était tout de même un point sensible de leur couple car elle avait eu tendance à être très négative sur Jeff les premiers mois de leur relation. C'était moins le cas à présent, mais Jeff ne pouvait pas le deviner puisqu'il n'avait plus aucun contact depuis l'Espagne, ça n'avait pas été la période la plus glorieuse de son ex-femme non plus. C’est normal, je suis là. Tu n’as rien à craindre de qui que ce soit. Sonia est toujours tellement dramatique dans ce genre de situations, quand il s'agit des études des enfants, elle est pire que moi et elle ne sait définitivement pas écrire ses textos. Il sourit pour dédramatiser, il regarde rapidement Jeff, puis regarde surtout la route car ce n'était pas vraiment possible de faire les deux en même temps, il n'était pas à ce point inconscient. Il ne voulait surtout pas être comme son père et pousser ses enfants à faire des études dont ils ne voulaient pas vraiment. C'était important d'avoir un métier et de gagner de l'argent, mais choisir était encore plus important selon Al. Pouvoir avoir le choix, se tromper peut-être mais faire ses propres erreurs. Tu sais, Jeff, si tu as besoin, je te le répèterai tout le reste de ma vie : je t’aime, je n'aime que toi, je suis heureux avec toi. On est en week-end romantique ensemble, que j’ai préparé pour nous, je t’emmène vers une activité inconnue qui j’espère vraiment va te plaire - c’est possiblement un combat de chiens, on ne sait pas. Alonso continue de sourire doucement. Mais sache que je suis là, Jeff. Vraiment. Tu n’as rien à craindre, juste à profiter. Il n'en veut pas à Jeff d'avoir stressé, lui-même aurait peut-être réagit de la même façon si le cas avait été inversé. Enfin, il en aurait parlé à Jeff, il pense, qu'il lui aurait demandé directement si… il devait s'inquiéter ou non. Enfin, il espère qu'il l'aurait fait.

Ils arrivent au lieu de rendez-vous, il a quatre autres personnes déjà présentes, deux couples hétéros : l’un d’une vingtaine d’année, l’autre d’une petite quarantaine, ils sont les plus vieux pour le moment. Ils semblent attendre, comme eux. On vient nous chercher sur place. explique Al à Jeff. Ils se saluent timidement. Au bout de quelques minutes un groupe de trois hommes arrivent également en voiture. Puis les animateurs arrivent dans un grand véhicule pour les transporter. Il salue tout le monde d’une poignée de main. Je suis Scott, votre pilote aujourd’hui. Je vois que tout le monde est déjà là c’est parfait. Vous êtes motivés ? Allez, montez dans la voiture, on va se rendre sur le site de décollage. Alonso regarde Jeff avec douceur, est-ce qu’il a compris ce qu’ils allaient faire maintenant ? Il prend leur nom à l’entrée dans le véhicule qui est un mini-bus. Vous avez de la chance la journée est incroyable, on va avoir un magnifique coucher de soleil. Qui a déjà fait un vol ici ? demande l’animateur dans la voiture. L’un des couples répond qu’ils en ont déjà fait un. Les autres semblent répondre non. Alonso regarde Jeff pour savoir s’il a compris de quoi il parlait et si c’est le cas s’il avait déjà fait ça. Pour Al ce serait la première fois. Ils roulent peut-être une dizaine de minutes. Vol en montgolfière. chuchote Alonso à l’oreille de son cher et tendre.

Ils arrivent sur un grand champ d’herbe. Franchement pour moi mi-octobre c’est la meilleure saison pour voler, aujourd’hui on a un temps parfait, ça va être magnifique. Le vent va nous pousser vers le lac, ça va être vraiment sympa. Le ballon n’est pas gonflé, ça fait partie de l’animation. Ils aident à étirer le ballon même s’il y a déjà une équipe sur place. Ils le regardent se gonfler d’air chaud. On leur explique que la durée de vol sera entre quarante minutes et une heure. Ensuite, ils prennent le temps d’expliquer les règles de sécurité, l’équipement : la montgolfière, y compris la nacelle, le brûleur et les systèmes de contrôle, comment tout fonctionne, le poids que peut transporter chaque ballon, le nombre de passagers dans les nacelles. Ils expliquent aussi et surtout la procédure de décollage, ce que les passagers doivent faire pendant cette phase : comment monter dans la nacelle, comment se tenir pendant le décollage. Ils abordent ensuite, le comportement pendant le vol, notamment de bien garder le corps à l’intérieur de la nacelle, y compris les téléphones portables, mais aussi la façon d'interagir avec le pilote pour toute question pendant le vol. Scott rend l’expérience très ludique, il prend des clients en exemple, leur demande de venir pour leur montrer chacun comment se tenir. Ils font les gestes à adopter tous ensemble dans l'herbe, c'est un peu curieux de se tenir à des barres imaginaires, mais ils sont ridicules ensemble et le groupe commence à discuter un peu. Bien entendu, Scotte aborde également des procédures d'atterrissage en fonction des terrains, y compris les positions à adopter et comment s'y préparer. Ils refont les positions tous ensemble. Enfin, ils ont une sensibilisation sur l’environnement et la protection des zones sensibles. Il explique qu’à l’issue du vol, une fois qu'ils ont atterrit, ils auront un petit verre de convivialité pour débriefer et remettre les certificats de vol.

Enfin, Scott conclue alors que le ballon commence à prendre toute sa forme. En tout cas, je suis ravi de vous accueillir pour ce vol en montgolfière. Donc pour rappel et pour récapituler, préparez-vous à une montée douce. Contrairement à un avion, notre ascension se fera lentement, ce qui vous permettra d'apprécier la vue qui s'étend en dessous de nous. Vous ressentirez une sensation de légèreté et de flottement, comme si vous étiez sur un nuage. C'est une expérience vraiment unique ! Une fois en l'air, vous remarquerez que le bruit principal provient de notre brûleur, qui s'active pour maintenir notre altitude. Vous pourriez sentir une légère chaleur lorsque cela se produit, mais rassurez-vous, c'est tout à fait normal. Et n'oubliez pas, lorsque nous prendrons de l'altitude, le paysage autour de nous s'élargira, offrant des panoramas spectaculaires. Prenez le temps de savourer ce moment ; c'est l'une des plus belles expériences que vous pouvez vivre. Enfin, je tiens à vous rassurer : il n'y a aucune sensation de chute ici. Ce vol sera paisible et agréable. Préparez-vous à vivre un moment inoubliable ! Avez-vous des questions ? Alonso vient chercher discrètement la main de Jeff. C’est une bonne idée alors ? demande-t-il discrètement à son compagnon.

Tu te doutes que Sonia ne le pense pas vraiment. Mais tu voulais lui dire par là que si son fils voulait venir chez vous, ce serait possible. Bien évidemment, ça ne serait pas à toi de lancer le sujet. C'était à ses parents d'en discuter ensemble.

Tu en avais besoin oui. Pas que tu n'aies pas confiance en ton compagnon mais... Tu avais souvent si peu confiance en toi que l'entendre servait à te rassurer. Comme maintenant. Tu souris un peu plus, c'est toujours agréable d'entendre ce genre de mots. D'être rassuré sur son avenir avec celui qu'on aime. Et puis, ça te permettait d'attendre sa demande en mariage sans t'inquiéter. Ca, les bagues, le weekend qu'il t'avait préparé... Tout servait à te rassurer et tu mentirais si tu disais que tu n'en avais pas besoin. Tu secoues la tête et lève les yeux quand il parle à nouveau de cette fameuse activité combat de chiens. Elle était bien perdue dans la nature alors. Vous arrivez à un endroit mais pour le moment, tu restes perdu, tu regardes les autres couples, des couple hétéros, vous semblez être les plus âgés de tous. Tu croises les bras en attendant d'avoir plus d'explications. Le fameux Scott arrive et indique qu'il est pilote... Un vol ? Peut être dans ces petits avions qui ne font que planer, pour profiter du paysage dans un silence absolu. Tu montes dans la voiture, tu ne sais pas si tu dois répondre que tu l'as déjà fait parce que bon... Tu as déjà pris l'avion un tas de fois et c'était un vol. Mais Alonso ne dit rien alors tu fais de même. Il te précise discrètement de quel type de vol il s'agit, ta bouche fait un o de surprise, tu ne l'avais pas vue venir, cette montgolfière. J'ai toujours voulu faire ça tu sais ! Ca signifiait que tu n'en avais jamais eu l'occasion. Déjà tout petit, je suivais les montgolfières dès que j'en voyais une, mais jamais je n'ai eu l'occasion... si tu savais comme ça me fait plaisir... Tu réalises un rêve d'enfant ! Alonso ne pouvait pas le savoir, tu ne te souviens pas lui en avoir déjà parlé, avant ou maintenant. Ou peut être que si. Tu ne sais plus pour avant. Tu as parlé moins discrètement que lui, ce qui fait sourire le couple à côté de vous.

Tu sors avec hâte du véhicule, les montgolfières sont là, même si elles ne sont pas encore gonflées, tu vois les nacelles et c'est incroyable, tu piétines légèrement sur place, comme un enfant impatient. Tu te dis que tu as bien fait de mettre ce manteau, il devait faire froid en hauteur. Le pilote commence à expliquer comment ça va se dérouler, tu l'écoutes mais tu regardes surtout la montgolfière prendre forme. Tu as envie d'embrasser Alonso pour le remercier mais tu as peur de ne pas savoir te contenir. Tu as déjà un grand sourire plaqué sur ton visage. C'est la meilleure idée possible ! Un vol en montgolfière ! Tu es vraiment, très très enthousiaste. Mais qu'est ce que je vais pouvoir faire pour arriver à dépasser ça la semaine prochaine ! Même être simplement au même niveau ! Tu t'approches, il est temps de monter. Tu regardes au dessus de toi quand tu es dans la nacelle avec Alonso, tu lui prends la main. Merci, merci. Merci ! J'ai tellement hâte ! Tu te permets un bisou sur sa joue, tu pourras le remercier plus tard convenablement.

Il ne pensait pas faire autant plaisir à Jeff, à vrai dire il s'était surtout dit que ça collait à plusieurs critères que pouvait aimer Jeff : la douceur du vol car il n'aimait pas être secoué, de belles vues mais sans avoir à faire d'efforts physiques pour y arriver, le côté romantique tout de même car il y a quelque chose de beau à flotter ensemble dans l'air, puis il adorait la grande roue et il aimait prendre l'avion aussi donc... Pour toutes ses raisons, Al s'était dit que ça lui plairait. Mais jamais de là à se dire qu'il allait réaliser un rêve d'enfant. Il l'ignorait totalement, le hasard. Il s'étonne qu'il n'en ait jamais fait avec tous ses voyages, toutes ces destinations qu'il avait traversées avec Russell, avec Daniel, tous ces hommes extrêmement riches qui étaient passés entre les bras de Jeff s'étaient peut-être dit que ce n'était pas si intéressant. Ça l'étonne mais ça lui fait vraiment plaisir de pouvoir partager cette première fois avec lui, de voir ce sourire d'enfant sur le visage de son conjoint. Il est heureux, tout simplement et rien ne peut faire plus plaisir à Alonso. Jeff lui dit qu'il ne pourra pas dépasser ce week-end qu'il lui offre. Ça fait rire le pharmacien parce que au fond, il voulait juste ça, le voir si joyeux. Il n'a pas pensé une fois compétition, pas une fois, il a pensé, je dois faire mieux que Jeff, peut-être que c'était plus simple de passer en premier. Il n'y avait pas de pression. Il voulait simplement, ne pas le décevoir, surtout ne pas le décevoir. Il avait évité la crise avec Sonia tout à l'heure, quelle idée de commencer un message comme ça...

Ils grimpent dans la nacelle, ils sont nombreux mais ils ont tous la place de pouvoir être sur le bord bien répartis au niveau des poids. Les autres montgolfières sont pour d'autres groupes. Comme expliqué le paysage autour d'eux s'étend au fur et à mesure qu'ils montent, Al n'a même pas la sensation de haut le cœur comme dans un ascenseur ou dans l'avion, tout est doux. Une fois en haut, ils arrivent même à voir le bout du lac Georges et le début de Champlain que Al montre à Jeff. Le pilote est passionné et connaît extrêmement bien la région, il leur indique les villes, les montagnes autour d'eux, les reliefs. Mais aussi les courants d'airs qui les portent, la montgolfière n'étant dirigée que par le vent, la seule chose que peut faire le pilote c'est monter ou descendre pour prendre différents vents. C'est une expérience très impressionnante d'être ainsi suspendus dans les airs sans aucun bruit de moteur autre que celui du bruleur qui leur chauffe légèrement le crâne de temps en temps. À un moment ils commencent à échanger avec le couple de quarantenaires à côté d'eux qui leur montrent où ils habitent en le pointant du doigt. Il y a une légère sensation de vertige mais c'est si beau qu'Al n'y pense même pas. Le couple propose de se prendre mutuellement en photo dans la nacelle tout en faisant attention à ne pas trop bouger. Forcément, ça a de quoi ravir Jeff. Je t'aime. glisse simplement Al dans son oreille alors que le couple les prend en photo. Tout est tellement simple finalement et le monde parait tellement petit. Al n'a pas envie de descendre, il voudrait rester là, avec son Jeff, poussé par les vents et le bonheur infini devant eux.

Forcément, Alonso ne pouvait pas savoir qu'il avait tapé dans le mille. Tu trouvais la surprise encore plus magique, que le hasard ait décidé de lui donner autant de chance. Aussi, tu te dis que tu vas devoir faire fort à ton tour, pour l'impressionner également. Car tu l'étais et en t'approchant de la nacelle, ton cœur s'emballe. Tu es excité à l'idée de réaliser ce rêve de gosse. Tu te souviens que ton frère Dean te taquinait, quand vous étiez jeune, parce qu'il disait que c'était vraiment un rêve nul, alors que lui voulait plutôt aller sur la lune.

C'est comme tu l'as toujours imaginé. Tout en douceur. Tu profites de chaque instant pendant la montée, à regarder le paysage, les arbres, les quelques personnes restées au sol, la voiture qui vous a amené... A peut près tout devenir de plus en plus petit. Tu viens te mettre contre Alonso, tu profites alors pour regarder face à toi. L'immensité du monde. Tu soupires d'aise, c'est tellement comme tu l'avais imaginé, si paisible et en même temps, tu pouvais tout voir, pas comme dans un avion. Surement que l'enfant en toi te rend un peu plus enthousiaste encore. Vous vous déplacez, tu observes tout ce que tu peux, prends quelques photo aussi. Une photo du brûleur au dessus de vous, quand il crache son feu ainsi que l'intérieur du ballon gonflé. Vous discutez avec un autre couple, tu parles de ton enthousiasme, ils trouvent que c'est beau de réaliser un rêve d'enfant, des années après. Tu trouves aussi. Parce que tu as cette saveur particulière. Ca ne t'a pas manqué, enfant, de faire ce tour en montgolfière, mais aujourd'hui, tu avais cet privilège de songer à cet enfant, l'enfant que tu étais, en train de rêver. A l'accomplissement que tu viens de réaliser pour lui, à quel point c'était important à l'époque. Tu te sens bien, réellement heureux. Vous prenez une photo ensemble également, un autre couple se propose de vous prendre et vous le faites en retour pour eux. Cette photo ira sur votre mur, tu le sais déjà. C'est une photo importante dans ta vie et tu te sens encore plus chanceux d'avoir réalisé un de tes rêves avec Alonso. Tu sens l'émotion monter, comme toujours, tes yeux brillent. Le je t'aime qu'il te souffle termine de faire monter les larmes, tu te retournes vers l'extérieur, pour qu'Alonso soit le seul à le voir. Tu me connais... Je suis tellement émotif... Merci. Merci vraiment. Déjà, pouvoir faire ce tour en montgolfière c'est incroyable mais le faire avec toi... Je crois que j'ai une bonne étoile... Plusieurs même, toute une constellation. Avec Orion, tes bonnes étoiles, qui brilleraient encore plus cette nuit pour toi.

Sentir Jeff contre lui faisait battre légèrement plus vite son cœur. Cet instant était précieux pour son compagnon, il le voyait bien, il en parle même au couple à côté d’eux. Il se dit que peut-être Jeff avait oublié son rêve d’enfance pendant plusieurs années, que l’idée ne lui était plus venue de le réaliser et que là, par le plus grand des hasards c’était arrivé. Al ne sait pas pourquoi ça avait été une évidence pour lui, au fond, il avait même choisi Lake Georges justement parce qu’il voulait faire absolument cette activité. Peut-être que Jeff lui avait dit une fois, il y a peut-être trente ans et que ça lui était resté, il n’en sait rien, il ne s’en souvient pas. Il lui murmure un « Je t’aime » et il voit Jeff se retourner face à l’immensité du paysage. Il passe doucement une main dans son dos. Je t’adore tel que tu es, toi et tes émotions… Je suis heureux que ça te touche autant, vraiment très heureux de partager ce moment avec toi. Bon, je sais que tu aurais encore plus préféré un combat de chiens mais bon… Cette proposition de Jeff n’en finissait plus de le faire rire. Il le prend par la taille avec douceur. C’est un beau rêve que tu avais là mon amour… Merci à toi de m’avoir attendu pour le réaliser. murmure-t-il même si ce n’était pas comme ça que ça s’était passé, l’idée qu’ils s’étaient attendus quelque part sans le savoir rend l’expérience encore plus belle.

Al pense au fait qu’il y a aussi des montgolfières qui partent proche de Burlington. Ils retenteraient l’expérience, c’était peut-être leur première fois mais pas leur dernière. Peut-être que la prochaine fois, ils auraient tous les deux une alliance à l’annulaire gauche, peut-être que ce serait encore plus tôt. Il ne savait pas. Alonso pensait beaucoup à ce mariage, à cette demande, il y avait même pensé avant réserver l’expérience en groupe, que ça aurait été un bel endroit pour le demander en mariage : le ciel. Et puis finalement, il s’était dit que pour une première, ils pouvaient être à plusieurs, que la demande en mariage pouvait attendre encore un peu parce qu’il y avait déjà toute l’excitation de l’achat de la maison, chaque chose en son temps et puis avait promis à Jeff qu’il ne lui demanderait pas en présence d’inconnus, afin que sa réponse puisse se faire sans aucune pression sociale. Pour Coco, oui, il le ferait mais pas pour son compagnon. Il devait respecter ses émotions qui justement débordaient si facilement. Mais Al se dit que ça aurait finalement été une belle occasion. Ce n’était pas grave, elle se représenterait, dans les airs, sur terre ou sur mer, il finirait par lui demander. Il penche sa tête sur celle de son compagnon. Tout le monde est étrangement calme à bord, comme si le silence de l’engin apaisait aussi les esprits. Seul Scott, le pilote, parle quelque fois. Alonso avait bien conscience que cette demande en mariage ne règlerait pas tous leurs problèmes de confiance en leur couple. Mais, c’était une étape importante qu’il ne souhaitait pas rater, parce qu’elle ne viendrait qu’une fois. Le voyage dure bien le temps donné, ils parcourent environ dix kilomètres poussés doucement par un vent sud-sud-ouest, il ne fait curieusement pas si froid, pas vraiment plus que sur terre, sans doute grâce au bruleur qui réchauffait tout le petit monde.

Pendant les dernières minutes, ils voient le soleil qui se couche derrière l’horizon, là-bas, à l’ouest. Leur pilote leur indique qu’ils ne vont pas tarder à descendre. Finalement, Al et Jeff n’ont pas beaucoup parlé au cours de l’activité, quelques mots échangés, beaucoup de regards et de sourires leurs mains se sont enlacées presque tout le trajet. Les yeux d’Alonso sur son compagnon lui disent Tu es ce que j’ai de plus cher au monde. Il voudrait l’embrasser, mais il n’ose pas. Alors Scott leur donne un petit coup de main en disant C’est habituellement le moment où les couples s’embrassent. Alonso remercie intérieurement le pilote pour cette invitation et il pose sa main sur la joue de son partenaire et pose ses lèvres sur les siennes. Bientôt, la nacelle commencera sa descente alors que le soir tombe doucement. Il restera à ranger le ballon, à faire le petit pot pour recevoir un tee-shirt, une flute commémorative et un certificat de vol et l’expérience sera terminée.