Zone 1 (entrée du parc), tenue.

Mon cœur n’avait fait qu’un bon en découvrant que Redwhood Hills allait accueillir sa première foire costumée aux couleurs des années 20. Comment pourrais-je passer à côté moi qui était un grand fan de Downton Abbey et de tant d’œuvres tirées de cette époque ? Entre le déménagement et le concours de danse, je n’avais malheureusement pas eu le temps de préparer quoique ce soit, qu’il s’agisse d’un atelier de cuisine (qui serait contre se préparer une part de pizza ?) ou d’un quelconque spectacle. Par conséquent, je décidai de tout miser sur ma tenue qui me coûta plus que je n’oserai l’avouer à quiconque puisque je dus assembler des pièces trouvées ci et là sur le net afin de préparer mon « cosplay » de Matthew Crawley. Cela ne m’empêcha pas d’en éprouver une excitation débordante en dépit de ma crainte de ne ressembler à rien là-dedans. J’étais tellement habitué à mes t-shirt et chemises classiques ! Et puis quelle idée de nous demander de nous glisser dans des fringues si cintrées en été !

Coiffant mes cheveux en arrière du mieux que je pus (ils avaient beau pousser, j’étais encore loin d’en faire ce que je voulais comme l’an dernier), je fus étonnamment très satisfait du résultat et ma mère ne manqua pas de me prendre vingt fois en photo quand je débarquai chez elle suite à ses demandes incessantes. La voilà en train d’exiger que j’organise mon futur mariage sur ce thème. Encore fallait-il trouver la personne à mon bras non ? Parfois, elle n’était pas sans me rappeler une certaine autre génitrice. Bref, je la saluai puis parti en direction du parc accompagné de Moana qui avait, lui, son propre nœud papillon sombre attaché à ses poils. J’ignorai si Timothée se déciderait à nous rejoindre histoire de reconstituer la colocation au complet mais ce pourrait être une sortie sympathique !

À peine m’approchai-je de l’entrée que mes yeux se posèrent sur un visage familier. Armé de bretelles, d’une chemise blanche et d’une casquette, je ne pus réfréner un rire amusé. L’homme ne m’avait toujours pas repéré quand je m’arrêtai net face à son stand où je reconnus des produits on ne peut plus familiers.

- Cookies ! criai-je assez fort dans l’espoir de le faire sursauter.

J’en pris un que je cassai en deux dans le but de gâter le Golden d’un quart (je n’étais pas radin par goinfrerie mais il était déconseillé de donner des doses conséquentes de ce type d’aliments à un chien) puis laissai échapper un petit gémissement de plaisir en avalant le reste. Divin ! Martha était toujours un cordon bleu étoilé ! Quant à son fils… Peter et moi nous voyions moins que durant une période par simple nécessité de mon côté mais cela ne signifiait pas pour autant que nous n’étions plus d’excellents amis. Nos projets n’avaient pas à être enterrés et je comptais toujours nous préparer un voyage d’ici plusieurs mois ou, au plus tard, en 2023. Je me penchai par-dessus la table nous séparant puis déposai un bisou sur sa joue avant de tendre les bras, un sourire aux lèvres.

- Alors ? T’en penses quoi ? Est-ce que le vintage me va ?

Ensemble, nous avions déjà tenté le look Teletubbies mais le changement de registre était, là, drastique.

@Peter Black

Zone 1 (entrée du parc), tenue.

Alors ok, j’avais voulu le surprendre en hurlant mais je n’avais pas anticipé qu’il en tomberait carrément à la renverse ! Il n’y avait vraiment que lui pour réagir de manière si grotesque et disproportionnée (ce qui ne manquait jamais de me faire m’esclaffer). Là ne fut pas l’exception puisque j’étouffai mon rire derrière mon poing, ne m’inquiétant pas le moins du monde qu’il puisse s’être blessé. Comment aurait-il pu ? Puis il n’affichait aucun signe de douleur alors je laissai la paranoïa au placard pour une fois. Le pire était que j’étais tant habitué à ses bêtises que je ne prêtai pas attention à son cri que j’avais déjà entendu lors de ses nombreuses gamelles et cie. Il ne changerait jamais, pour le meilleur comme pour le pire d’ailleurs. Néanmoins j’avais définitivement fait une croix sur un potentiel futur commun dépassant la simple amitié. J’étais enfin passé à autre chose, mon esprit distrait sans interruption depuis notre « rupture ». Il faut dire que même depuis l’arrêt du concours de danse un mois plus tôt, je ne m’étais jamais ennuyé grâce notamment à mon colocataire qui m’en faisait voir des vertes et des pas mûres (jamais négativement). Notre dynamique était si sympathique puisque dépourvue de tension sous-jacente comme il y avait eu précédemment avec mon interlocuteur.

De mon côté du stand, je ne vis même pas le carlin se faufiler sous la table dans le but de saluer son meilleur pote, mes yeux fixés sur le brun qui se releva avec un dynamisme surprenant. Je profitai qu’il soit à nouveau à ma hauteur pour lui déposer un bisou sur la joue en guise de salut. Pourquoi se contenter de lui serrer la main ? Il n’y avait pas mort d’homme à établir un tel contact, en particulier maintenant qu’il n’y avait plus rien à dissimuler. Je haussai les épaules quand il commenta mon accoutrement, ma main droite venant réajuster sa bretelle qui s’était un peu entortillée.

- Perso je trouve que tu incarnes parfaitement le type relax des années 20. Genre… méga relax t’sais ? expliquai-je avec un sourire. T’es très beau ! Et sinon ça va. Je me suis dit que j’allais passer dès l’ouverture tellement j’étais méga pressé de voir tout le monde jouer le jeu !

En-dehors de lui, y avait-il d’autres individus que je connaissais ? Je balayai les alentours du regard sans le moindre succès. Il était encore tôt, peut-être n’étaient-ils pas tous arrivés pour l’instant. Je pensais notamment à Eliot et David qui seraient juste à en tomber à la renverse selon mon intuition. De toute manière, j’avais toujours admiré leur charisme.

- Et je suis d’accord avec toi : c’est splendide. Par contre ça me tuerait de porter ça tous les jours car j’suis limite claustro là-dedans ! avouai-je en référence à l’abysse entre ce look et mon quotidien. Mais il n’est jamais trop tard pour faire des études de stylisme par contre ! Je serai ton mannequin si tu veux. Quoique je connais un agent immobilier qui ferait mieux l’affaire !

Sincèrement, à choisir entre lui et moi il n’y avait aucune hésitation à avoir puisqu’il était aussi élancé que sophistiqué. Être persuadé du contraire serait possible uniquement après avoir abusé de la bière à la buvette ! N’empêche que je regrettais que le maître de Pete n’ait pas pu se diriger dans le domaine qui l’intéressait. Tant de potentiel gâché ! Puis, à coup sûr, les ventes de bonnets et de kimonos fleuris auraient explosé après qu’il ait lancé une nouvelle mode ! En attendant qu’il révolutionne le monde de ses goûts vestimentaires, je me fis tendre l’assiette à cookies. Je venais déjà d’en engloutir un mais sûrement n’y avait-il pas prêté attention, trop occupé à se relever après sa chute. Comment refuser ? Je me resservis tout en le remerciant d’un clin d’œil.

- Et toi, tout roule ? Comment ta mère a réussi à te convaincre de bosser là ?

@Peter Black

Zone trois (aire de jeu, étendue herbeuse)
@Monalisie Thompson @Wayne Parsons @Taylor Thompson
Terry s’est baladé dans toute la foire avec Mona, tous les deux dans leur tenue respectives des années 20 (sa tenue). Pour Terry ça n’a pas été compliqué, car il a une très grande garde-robe. Il a pu discuter un peu avec Taylor par message avec cette histoire du Redwood Echo, mais pas de la foire. Donc il ne sait pas où est-ce qu’elle est en ce moment, peut-être avec le grand Wywy qui sait arrêter les conneries à partir des coups de poings. À le consoler d’un vilain article. Dans tous les cas Terry est avec Mona et il faut dire que malgré les prises de têtes et les joutes verbales avec cette femme, il apprécie bien sa compagnie et il en avait besoin pour reprendre un peu le poil de la bête. Il s’amuse avec la canne à la main quand il soupire. « Ah bah, on est dans la zone des enfants… » Qu’il remarque en voyant les petiots courir dans tous les sens avec les parents un peu dépassé. Ils ont pas mal marché en tout cas, entre l’entrée du parc, l’étang pour découvrir pas mal de stands et des scènes, le concours de nourriture il a été très tenté tel un morfale qu’il est. Mais il ne fait que passer et Mona ne l’a pas encore soulé au point de vouloir s’y inscrire pour la provoquer. « On peut faire demi-tour si tu veux ! » Parce qu’il aime pas trop les gosses Terry et pourtant, ils pourraient rater Taylor et Wylliam qui sont pas si loin que ça.

Zone 1 (entrée du parc)
► stands de boissons et nourriture avec tables de pique-nique
► Lainey Bowers - Produits du terroir - Fruits et légumes - Confitures - Sirops - Cidre - Miel - Sirop d’érable - …

Ouvert à tous

Fucking shit… La pensée tournait dans sa tête comme un mantra sacré. Ses pieds piétinaient le sol avec une certaine véhémence. Devant lui s’alignait le stand de produits de saison. Il avait fait une promesse mais quel en serait le prix ? Déjà les gens commençaient à affluer pour l’ouverture de la foire et Neil n’était pas sûr de savoir ce qu’il faisait là. Dans quelques heures, ils seraient encore bien plus nombreux. Son regard tomba sur les bouteilles de cidre bien alignées sur l’étalage de fortune et revenait à sa mémoire ces journées d’octobre où Micah et lui avait aidé Lainey, sa sœur, à le mettre en bouteille. Un souvenir tranquille. Qui laisserait bientôt la place à la frénésie des fêtes de la ville. Trop de gens, trop de visages, trop de bribes de conversation qu’attraperaient ses oreilles et qui se graveraient à jamais dans sa mémoire. Un joli chaos dans son esprit. Seulement un de plus.
Les yeux rivés sur les caisses de fruits et de légumes, Neil tendait de se concentrer sur le moment présent. Choisir ses propres souvenirs, les détails qui marqueraient sa journée. Apaiser son corps, apaiser son âme. Se concentrer sur la douceur des causses de petits pois et leur couleur vert tonique. Les gouttes d’eau qui perlaient les salades vertes, violettes. Tout l’intérêt de la production de Lainey résidait cependant dans les fruits qui s’étalaient devant lui. Les fraises côtoyaient déjà les prunes jaunes, les framboises et les myrtilles sauvages se disputaient le devant de la scène. Un larsen le tira de sa contemplation et attira son regard vers la scène qui se situait un peu plus loin. La distorsion sonore lui avait arraché une grimace. Ou bien était-ce l’idée de ces gens qui allaient monter sur l’estrade et se donner en public. Neil n’était pas capable de décider s’il trouvait cela arrogant, désespéré ou courageux. La suite de la journée répondrait peut-être à sa question. Il espérait surtout qu’il n’aurait pas à souffrir le choix du répertoire qui tournerait assurément dans sa tête en boucle pour les jours à venir.
Il connaissait certains visages. Peut-être même la plupart. Même s’il n’avait pas cherché à s’intégrer dans la communauté depuis qu’il vivait là, Redwood Hills n’était pas une si grande ville. Et cela faisait déjà plus de six ans qu’il y avait débarqué. Chaque regard qu’il avait croisé, il avait été incapable de l’oublier. Au fil des années, les informations glanées involontairement s’étaient assemblées comme les pièces d’un puzzle pour former des identités. Sa tête était un annuaire des habitants de Redwood qui s’étoffait à chaque rencontre fortuite ou non.

Zone 1, entrée du parc (stand de boissons et de pâtisseries)
@Neil Chapman + ceux qui veulent !

Il était encore tôt quand Juliet était arrivée à la foire de la ville. La blonde appréciait ce genre d’événements. C’était une occasion de passer du bon temps et de découvrir de nouvelles choses. Mais aujourd’hui, la jeune femme n’était pas là que pour l’amusement. Pour une fois, elle allait tenir un stand, participer et ne pas seulement consommer. En tant que commerçante, Juliet souhaitait faire connaître son enseigne, faire découvrir ce qu’elle proposait afin d’attirer de nouveaux clients. En reprenant le Drop Of Milk, elle avait déjà une bonne base de clients, mais Juliet se prenait au jeu de la commerçante. Elle aimait l’idée de faire découvrir de nouvelles saveurs et de satisfaire la gourmandise de ses clients. En lien avec son équipe, ils avaient décidés de proposer à ceux qui viendrait à la foire des boissons, principalement du thé, chaud ou froid, ainsi que des pâtisseries pour caler quelques petites faims.
Juliet avait joué le jeu des années 20 et avait enfilé une robe verte et dorée. Ses cheveux étaient ramassés en chignon. Un petit sourire s’affichait sur son visage alors que le stand devant elle n’attendait plus que le chaland. Il semblait que la blonde était faite pour ça.
Quelques notes de musique parvenaient à ses oreilles. Elle n’y avait pas prêté trop attention jusque la, concentrée sur son travail. Elle voulait être sûre de ne rien avoir oublié. Maintenant que tout était prêt, elle avait relevé le nez, son regard se portant sur son environnement autour d’elle. Bon nombre de stands avaient été dressé avec divers produits proposés. Elle notait beaucoup de produits locaux. Et puis son regard fut attiré par les fruits du stand juste à côté du sien. Des fraises, des framboises, des myrtilles… De beaux fruits qui venaient certainement d’une ferme non loin de Redwood Hills. Elle porta alors son attention sur l’homme qui tenait le stand. « Bonjour ! Ils sont magnifiques vos fruits ! Ils viennent d’ici ? » Juliet se montrait intéressée. Peut-être pourrait-elle dénicher un nouveau fournisseur ?

Zone 1 (entrée du parc)
► stands de boissons et nourriture avec tables de pique-nique
► Lainey Bowers - Produits du terroir - Fruits et légumes - Confitures - Sirops - Cidre - Miel - Sirop d’érable - …

@Juliet Howell et tous ceux qui voudront  

Pour la énième fois, Neil réarrangeait la position des barquettes de fruits rouges sur l’étalage. Il n’y pouvait rien. Il avait depuis longtemps abandonné l’idée de maîtriser ce besoin irrépressible d’organiser son environnement. Un symptôme qui s’amplifiait quand il était dans une posture d’insécurité et qu’il sortait de sa zone de confort. “Troubles obsessionnels compulsifs”. Les mots du docteur, pas les siens. Il avait beau connaître la définition de chacun de ces mots par coeur, cela ne l’avait pas pour autant aidé à maîtriser le phénomène. Certains accumulaient les objets, Neil accumulait les souvenirs. Et la faculté de s’y projeter. Son père y avait toujours vu un don du ciel, pour le fils, il s’agissait plus d’une malédiction. Il pouvait le sentir, le regard de son père avec une acuité prodigieuse. Comme s’il se tenait là, prêt à l’accuser de toutes les vilenies. C’était là tout le paradoxe de la vie de l’enfant sauvage. Il avait posé ses valises à Redwood, rejoignant le monde des hommes. Mais pas complètement. Un pied dans chaque sphère qui l’empêchait d’être entier où que ce soit. Neil était un No man’s land à lui tout seul.
C’est une voix féminine qui le tira finalement de ses divagations. Les souvenirs qui l’entouraient s'évanouirent petit à petit autour de lui comme un fondu de cinéma. Neil naviguait constamment entre le passé et le présent. Il posa son regard sur la jeune femme qui lui faisait face. Il connaissait son visage. C’était une fille de Redwood. Elle n’était pas complètement une inconnue même s’ils ne se connaissaient pas à proprement parler. Elle faisait déjà partie du trombinoscope que la communauté composait dans son esprit. Heureusement, Neil avait choisi une petite ville.
Il avait croisé ses bras sur sa poitrine. Un réflexe. Neil n’était pas avenant et la méfiance envers ses pairs faisait partie de ses gênes. Les réminiscences de milliers d’années de vie sauvage marquaient son ADN.
“Ce ne sont pas les miens. Mais oui, ils sont d’ici.”
Neil, dans toute sa splendeur... Il tendit le doigts vers le tableau noir qu’avait décoré Lainey avec soin et qui présentait les produits de la ferme Bowers et sa petite entreprise.

Quelqu'un avait déclaré que pour une fois, la bamboche serait certifiée sans cringe. Et alors qu'elle s'était  consacrée toute une après-midi à son passe-temps favori (id-est des dépenses inutiles sur son site revendeur préf-de-chez-préf,) Vera s'était à trois reprises demandée s'il était nécessaire de s'adonner à ce que certains appelaient Phénomène de socialisation secondaire. N'avait-elle pas mieux à faire  de tout ce Temps qu'elle avait sur les bras ? Comme par exemple, considérer avec l'insouciance habituelle le laïus asséné par son paternel la dernière fois qu'elle avait eu la mauvaise idée de pointer à la ferme ou l'indécente proposition lâchée avec tout-le-naturel-du-monde par le proprio bedonnant du motel dont elle squattait la chambre dévastée depuis déjà un siècle. N'avait-elle pas mieux à faire des quelques picaillons qui survivaient à peine sur son compte bancaire (minutieusement surveillés aussi bien par Miss Fair Haven autoproclamée que le conseiller dont elle recevait un appel à minima de trois fois par mois ?) ? Vera -n'avait-elle pas mieux à faire - Sierck avait battu et ligoté ses angoisses et les avait enfermé dans un placard; où gisaient déjà toutes ses lubies passées. Elle avait enfilé la fabrique poxy - mélange de matières synthétiques - gratouillante et même si la robe inspiration Daisy Buchanan pouvait recevoir un ou deux likes, elle restait bien trop moulante et made-in-china pour résister à cette soirée (elle allait se désintégrer probablement au contact de l'alcool dirt cheap, de la sueur et des regards inquisiteurs qui allaient déferler). Banderoles et Guirlandes - olala, le comité organisateur avait vraiment décidé de mettre les petits plats dans les grands. L'odeur distillée par les stands n'était pas sans rappeler le massala régional - auquel elle avait au moins un bon millier de fois juré de ne plus s'exposer, il y avait dans le thème tant de casual qu'elle se demanda, juste l'espace de quelques secondes, qu'est-ce que ça aurait donné si elle avait été derrière tout ça, vous savez, l'organisation ? Les mots décadence et bankruptcy s'imposèrent à elle et elle finit par se concentrer sur son tour de piste solitaire.
Trois zones striaient le parc et elle savait déjà qu'elle ne foutrait pas un pied du côté de la troisième, refusant de prendre le risque de se choper une envie impromptue de faire un gosse (il parait que personne ne pouvait être à l'abris de ce fichu truc !). Pas vraiment à sa plus grande surprise, aucun contact n'avait jugé bon de lui proposer de venir à la foire ( de quoi généreusement nourrir ses problèmes de confiance en soi) - elle souffrait depuis des années du syndrome du second choix. Il semblait qu'à chaque fois qu'elle était considérée comme une option, personne n'envisageait l'acte de foi, favorisant le confort et la normalité plutôt que l'exaltation, l'impétuosité (en plus, toutes ses copines étaient en couple).
Un total inconnu lui avait quand même glissé une rose rouge dans les mains avant de disparaitre dans des mouvements de fox trot, sans demander son reste. L'attaque avait été plus rapide que ses automatismes. Sachez qu'elle aurait largement préféré qu'on lui offre quelque chose de comestible et c'était d'ailleurs pour cette raison qu'un stand en particulier avait réussi à se distinguer à ses yeux : proposant les produits typiques, identiques à  ceux que les Sierck vendaient encore à deux outskirts de là. Comme si tout ce qui aurait manqué à sa vie se serait présenté sous forme d'un bon cidre. Un top model se trouvait déjà en plein échange  avec le Jon Snow derrière le stand et si V. avait été éduquée convenablement, elle aurait attendu que leurs banalités prennent fin mais elle avait ressenti un tel homesick qu'elle n'avait pas pu se refreiner. - Salut - lança-t-elle, cavalière comme jamais à la cantonade. Elle se tourna vers la cliente élancée.  J'adore votre tenue - non, c'était un mensonge, elle n'éprouvait aucun intérêt pour la mode de l'époque (même si elle ne jurait que pour les strass et les paillettes et qu'un peu de sequins n'aurait jamais fait de mal à un dressing). Elle reporta son attention sur le vendeur, derrière sa mine peu avenante et cette barbe broussailleuse qui aurait nécessité les soins d'une tondeuse se cachait un visage séduisant.  - Est-ce que votre cidre a assez de caractère ? Et est-ce qu'il serait possible de n'en consommer qu'un verre ?

Zone 1, entrée du parc (stand de boissons et de pâtisseries)
@Neil Chapman + @Vera Sierck + ceux qui veulent !

Juliet avait installé son stand, elle se sentait maintenant plus à l’aise. C’était une première pour elle, son stress s’était réveillé. Elle appréhendait encore un peu cette journée, mais elle avait une certaine confiance en elle. Et dans son équipe. Elle se sentait donc un peu plus légère que lors des derniers jours. Elle était donc plus attentive à son environnement et c’est ainsi qu’elle s’était rapprochée du stand juste à côté d’elle, et de l’homme qui le tenait. Les fruits avaient attirés son regard et c’est naturellement que Juliet avait engagé la conversation. La blonde était du genre sociable. En plus, elle imaginait qu’ils allaient passer une bonne partie de la journée non loin l’un de l’autre. Si les clients n’allaient pas tarder à affluer, elle profitait d’un moment de calme pour faire connaissance et pour glaner quelques informations qui pourraient lui être utiles plus tard.
L’homme semblait moins avenant qu’elle. Il tourna son regard vers elle, en croisant les bras sur sa poitrine. Elle avait noté l’attitude, comme un signe de défense, un bouclier qu’il dressait entre lui et elle. Mais peu importait. Peu avenant, en effet. Pas un bonjour et elle ne pouvait pas compter sur un sourire poli, au contraire d’elle. Au moins avait-elle la réponse à sa question. Sans un mot, elle tourna le regard vers la tableau noir pointé du doigt. Elle n’y avait pas fait attention. « Oh…. » Mais pas le temps de rajouter quoi que ce soit, une jeune femme se joignait à eux, de façon un peu cavalière, mais soit. « Bonjour ! » répondit-elle. Le compliment sur sa tenue semblait sortir de nulle part, et Juliet la remercia, ne sachant pas si elle était sérieuse ou pas. Ce n’était pas Juliet qui semblait l’intéresser. Si la blonde avait été attirée par les fruits, la cliente semblait plutôt intéressée par le cidre. La question était intéressante. Juliet tourna son regard vers l’homme, dans l’attente d’une réponse.