Zone 1 (entrée du parc)
► stands de boissons et nourriture avec tables de pique-nique
► Lainey Bowers - Produits du terroir - Fruits et légumes - Confitures - Sirops - Cidre - Miel - Sirop d’érable - …

@Juliet Howell @Vera Sierck et tous ceux qui voudront  

En voyant l’air déconfit de la blondinette qui se tenait devant lui, il ne put s'empêcher de se sentir un peu coupable. Et de se rappeler qu’il était là pour aider Lainey, la vente de ses produits étant le résultat de ce postulat. Ses bras se décroisèrent alors et il avait entamé un mouvement pour se rapprocher un peu du stand quand un tierce s’ajouta à ce semblant d’échange. Ce changement dans l’équation déstabilisa Neil. D’un geste maniaque, il remit ses cheveux derrière son oreille avant de replacer les bouteilles de cidre toute étiquette devant. La remarque de la fille attire son attention et le voilà qui les considère l’une après l’autre. Micah avait sciemment omis quelques détails concernant la foire. Il avait bien fait. Si Neil avait su que cela impliquerait costumes et pacotilles, il n’aurait probablement jamais accepté. Sa bonté avait des limites. Son champ de compréhension également. Si Neil se souvenait des peintures de guerre qu’il avait arboré étant enfant, des coiffes de sioux que lui fabriquait sa mère à l’aide de plume et de feuilles, tout cela restait du domaine de l’enfance. Le mimétisme, la construction de l’identité. Comment saisir alors que des adultes se grimaient pour s’amuser. C’était le monde de la décadence loin duquel son père l’avait si longtemps maintenu. Neil était comme une pie voleuse, attiré par ce qui brille mais alors il entendait dans sa tête la voix de son père le mettre en garde. Une voix qu’il aurait préféré oublier, si seulement il avait pu.
Son regard se porta finalement sur la deuxième arrivante. Un nouveau visage. Un visage qu’il n’avait pas encore croisé. Un de plus. Ce qui fit froncer ses sourcils. Une paire d’yeux, un air pas commode. Et ce regard perçant qu’il sentait le dévisager. Comme un animal. Il se rappelait les regards des gosses qui se moquaient de lui à l’école, il entendait les quolibets comme s’il y était. Il prit une profonde inspiration pour tenter de se libérer de ces souvenirs envahissants et se concentra sur la tâche qui lui était incombée. Il déboucha une bouteille de cidre et posa une verre devant la jeune femme avec un peu plus de fermeté qu’il n’en avait eu l’intention avant de le remplir. Un autre verre rempli qu’il vida cul-sec.
“Assez de caractère pour la d’moiselle ?”
C’était à son tour de la dévisager. Sous le ton et les manières un peu brut de décoffrage, Neil aperçut un visage plus jeune qu’il ne l’aurait d’abord cru. Et quelque chose, loin dans son regard, qui le mettait mal à l’aise. Le regard d’un animal prêt à se laisser prendre au piège. Il détourna les yeux. Il ne voulait pas savoir. Il ne pouvait pas savoir. Il y avait déjà bien assez de chimères dans son esprit. Il entreprit de servir un troisième verre à destination de la grande blonde qui assistait à la scène sans se défaire de ses manières, un acte de politesse remarquable. Il croisa son regard et d’un signe de tête l’invita à se servir. Tentative maladroite pour se refaire de la manière dont il avait accueillit sa venue.

Zone 1 (entrée du parc), tenue.

Discuter avec lui n’était pas compliqué même après toutes nos péripéties. J’étais même persuadé que nous nous entendrions aussi bien jusqu’à la fin de nos jours si le futur ne décidait pas de nous éloigner géographiquement l’un de l’autre. Et c’était peut-être là le plus frustrant dans toute cette histoire : s’entendre à merveille mais ne rien pouvoir concrétiser en-dehors d’une amitié platonique. Néanmoins j’avais dépassé ce cap et me réjouissais de ne plus avoir les yeux en cœur dès que je l’apercevais de près ou de loin. Il compterait toujours pour moi, forcément, mais mes sentiments appartenaient au passé même s’ils n’avaient pas été simples à enterrer. Mon amitié avec Aspen couplée à l’arrivée remarquée de Timothée à la maison avaient constitué des distractions parfaites. Elles n’auraient pu mieux tomber. Aujourd’hui, je le regardai et, bien que sa frimousse ne me laissait pas de marbre, je ne ressentais plus ce désir insatiable de le recouvrir de baisers.

Je fus tiré de mes songes par une remarque concernant Eliot : les deux-là étaient en mauvais terme actuellement. Bon sang, mais ça faisait un bail que ça avait eu lieu non ? Ils ne s’en étaient toujours pas remis ? Remarquez, je savais combien l’agent immobilier pouvait se montrer rancunier depuis qu’il m’avait boudé pendant une éternité. Ce fut ma crainte de le perdre qui me fit réaliser à quel point j’aimais ce type. Je refusais de le laisser me filer entre les doigts. Nous étions trop bien ensemble à faire nos pitres ! Sans oublier que nous nous confions de plus en plus à l’autre, mettant de côté timidité et pudeur. Une évolution parfaite qui ne pouvait être menacée par des malentendus stupides.

- Ouais, j’en ai entendu parler vite-fait. Je pensais que vous aviez dépassé tout ça… Je n’aime pas vous savoir en froid. On forme un trop beau trio ! D’ailleurs, je suis sûr que s’il était gay on serait mariés ensemble, déconnai-je dans l’espoir de lui redonner le sourire.

Clairement, cette histoire le torturait de l’intérieur. Le pauvre ne devait plus savoir où donner de la tête avec tous ces mélodrames ces derniers mois ! Même la mémoire d’un ordinateur portable de qualité serait saturée s’il en écrivait le récit ! Bref, je lui adressai un sourire compatissant puis l’interrogeai au sujet de sa présence ici. Les raisons données par sa mère me firent pouffer, levant les yeux au ciel pour le principe. Elle était toujours aussi terrible ! Bien sûr, ce ne fut pas ce qui m’empêcha de rentrer dans son jeu.

- Faut dire qu’elle n’a pas tort. Même ton derrière est plus foncé que ta tronche…

J’affichai une expression de dégoût puis ris joyeusement. Ce n’était pas car je pourrais réellement établir une comparaison d’après mes souvenirs que je devais la taire ! Et puis, pour être franc, je racontais des cracks puisque Peter avait toujours été assez mat de peau peu importe l’endroit étudié.

- Elle t’embête encore avec la fois où elle nous a trouvé ensemble dans le parc ou elle a lâché le morceau ?

Si les années m’avaient appris un truc c’était que Martha Black n’était pas du genre à renoncer facilement. Je ne serais donc pas surpris si elle lui rappelait ce tableau au moins trois fois par semaine. Quant à acheter des peluches, surtout pour Moana…

- C’est que le job de vendeur t’irait comme un gant dis-moi ! Mais ok, c’est pour la bonne cause et je sens qu’il a des pulsions psychopathes avec la chaleur de l’été…, prétendis-je avec humour. Je te laisse la choisir, je te fais confiance. Oh et puis j’en veux deux sinon je risque d’être jaloux de cette beauté.

J’abaissai le regard puis caressai le crâne du Golden qui s’amusait avec son pote à quatre pattes, pensant déjà aux succulents cookies au chocolat que j’allais ramener à la maison. Pour sûr, je connaissais un grand dadais qui serait tout aussi ravi que moi d’y goûter. Bienvenue chez les morfales ! D’ici-là, je devais déjà m’arrêter – à nouveau – sur le Monsieur à la Banane. Je fronçai les sourcils.

- Oh bah tu le connais, il est toujours mystérieux sur ses projets dès qu’il s’agit de grimper sur scène. Récemment on s’est un peu disputés nous aussi en plus ce qui n’aide peut-être pas, révélai-je avant d’anticiper sa curiosité. Rien de bien grave. Il a cru que je sortais avec son ex mais c’est juste mon ancienne nounou. On est devenus de très bons amis elle et moi.

Amber. L’une des femmes de ma vie aux côtés de ma mère et d’Aspen. À elles trois, elles formaient le Trio Ultime. Puis au moins j’étais sûr que ma génitrice ne chercherait pas à nous caser ensemble à cause de la différence d’âge et surtout de notre passé commun. Y voyais-je là quelque chose d’impossible à surmonter ? Non. La brune était si amusante, douce, intelligente et sublime ! Quel mec pourrait ne pas être attiré par elle ? Normal qu’Eliot soit si possessif même après une décennie. Par contre, le fait qu’ils aient été ensemble…

- Maintenant ça ne risque plus d’arriver dans tous les cas. Ça lui ferait trop de mal. J’ai besoin de mes Drama Queen pour me rappeler que je ne suis pas la pire.

Ce terme incluait mon interlocuteur évidemment ! En outre, je ne pouvais pas continuer à éviter son interrogation. Qu’en était-il de notre duo musical ? Je n’en avais pas la moindre idée. Le voyage à New York n’avait jamais eu lieu et il est vrai que j’avais pris mes distances ces derniers mois. Non pas uniquement à cause de notre histoire « romantique » mais aussi car je m’étais trouvé dépassé par les événements. C’était si simple de se laisser noyer quand projets et obligations cohabitent par vagues ! En tous cas, je voyais bien à quel point le brun était peiné par tout ça, ce qui me fit ressentir une pointe de culpabilité particulièrement aiguë.

- Évidemment, c’est quoi cette question ? répondis-je en étirant mes lèvres. Je ne peux pas te laisser devenir le meilleur pianiste de Redwood et ne pas réagir ! Tu as bossé de nouveaux morceaux ?

@Peter Black

Dans l'angle de son sourcil droit, ne cherchait même pas à se dissimuler la fascination curieuse inspirée par l'étrange duetto; encore moins celle de la posture adoptée par le grand brun à son approche. A l'instant où elle avait apperçu les deux silhouettes, Vera third wheel Sierck s'était sentie investie de cette mission diabolique de court-circuiter quel qu'ait été l'échange : pour quitter l'anonymat de la foule, exercer son impolitesse, pratiquer le 'mingling' et par ce simple biais, donner tort à tous ceux qui un jour lui avaient reproché  de ne pas être investie (et, ipso facto, donner raison à ceux qui lui avaient reproché de vouloir être le centre d'attention).
Son attention était autant accaparée par Gisèle Bündchen (la version redwoodienne c'est à dire nettement plus rustaude mais élevée en plein air donc approuvée et de qualité) à laquelle elle aurait autrefois soutiré un selfie que par la bouteille de cidre dont s'était emparé le vendeur. Elle suivit ses mouvements minutieusement :  des mains puissantes, habituées aux besognes de la ferme, empoignant  abruptement le contenant, deux verres, fracas, liquide versé dans lesdits verres pif-paf-boum Vera spectatrice fut plus divertie qu'une décennie en arrière lorsque à cet endroit précis un jongleur tenta d'impressionner l'ado qu'elle était. Elle se saisit du verre présenté et le porta immédiatement à ses lèvres pour boire une gorgée, consciente d'être observée. - Brut et sec - remarqua-t-elle, jouant les fins connaisseuses (ce qu'elle n'était pas du tout) derrière ces quelques mots peut-être un toutpetitpeu de flirt - ça fera l'affaire - ajouta-t-elle, maternant la boisson entre ses mains, regrettant qu'un micro onde n'ait pas été mis à disposition de ceux ou celles qui auraient aimé réchauffer leur breuvage. S'attendant toujours à mieux, réceptionnant la déception avec plus de panache qu'une Williams lors d'un US Open. - Vous savez ce qui se marierait bien avec ce cidre, les gars ? Elle pointa de l'index le stand tenu par le Drop of milk. N'importe laquelle de ces tartes ou pâtisseries incluant de la pomme , elle hocha la tête, une pointe d'excitation dans les mordorées. Ca vous dirait ? proposa-t-elle, prête à dépenser les quelques billets froissés qu'elle avait extirpé de son décolleté.

Zone 1, entrée du parc (stand de boissons et de pâtisseries)
@Neil Chapman + @Vera Sierck + ceux qui veulent !

Juliet était plus spectatrice qu’actrice de la scène qui se jouait là. Elle était comme une figurante. Après tout, il s’agissait là d’un échange entre l’homme, le vendeur et la jeune femme, la cliente. Elle était intéressée par l’échange, tant sur ce que ça allait lui apprendre sur les produits du terroir de Lainey Bowers – comme c’était indiqué sur le tableau noir – que par l’attitude du barbu. Elle était curieuse de voir comment il gérait les clients qui se présentaient à son stand, lui qui s’était montré abrupt quelques secondes plus tôt avec elle. Il ne semblait pas forcément très à son aise, à ranger nerveusement les bouteilles devant lui à l’arrivée de la jeune femme. Mais c’est avec des gestes assurés qu’il prit une bouteille de cidre et qu’il la déboucha. Le liquide doré fut versé dans un verre, puis dans un autre. Ce dernier fut vidé d’une traite par l’homme. Juliet eut un petit rire amusé. Si il faisait ça à chaque client, elle allait le retrouver sous son stand à la fin de la journée ! A sa grande surprise, un troisième verre fut rempli, pour elle. Elle se pencha pour le récupérer, en glissant un « Merci. » au brun. Elle n’y connaissait rien en cidre, mais on ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas de goût. Brut et sec disait la jeune femme. Pourquoi pas… Son regard se tourna vers elle tandis qu’elle proposait d’accompagner leur boisson avec une pâtisserie ou une tarte aux pommes. « J’ai de très bonnes tartelettes aux pommes, typiques du Vermont ! Ça vous irait ? » Juliet avait un grand sourire ravi. Son regard se tourna de la jeune femme à l’homme tout en posant son verre, prête à servir les deux personnes. Elle ne laissa pas paraître sa surprise de voir la blonde sortir des billets de son décolleté. Personnellement, ce n’était pas là qu’elle cachait ses billets…

Zone 1 (entrée du parc)
► stands de boissons et nourriture avec tables de pique-nique
► Lainey Bowers - Produits du terroir - Fruits et légumes - Confitures - Sirops - Cidre - Miel - Sirop d’érable - …

@Juliet Howell @Vera Sierck et tous ceux qui voudront  

Neil n’avait pas l’habitude de croiser des personnes aussi extravertie que la jeune femme qui se tenait face à lui. Il n’avait pas vraiment l’habitude de croiser qui que ce soit en dehors du cercle très restreint qu’il s’était composé depuis son arrivée à Redwood. Il n’était pas forgé aux conventions sociales et n’était pas d’un naturel avenant. Les gens lui adressaient parfois des regards bizarres et continuaient leur route. Et cela lui allait très bien. Il n’était jamais à l’aise en société et cette journée ne faisait pas exception à la règle. Il avait certainement fait des progrès avec les années passées dans la petite ville mais le malaise ne le quittait jamais totalement. Et s’il avait tenté de se convaincre qu’il n’aurait qu’à se tenir debout derrière le stand et rendre la monnaie aux clients, il semblait bien qu’il se soit trompé.
Il observait les deux jeunes femmes tour à tour. S’il avait eu une mère, une soeur, la gente féminine ne lui avait cependant pas révélé tous ses secrets. Neil se souvenait des fillettes de l’école qui lui faisaient croire qu’il serait leur héros simplement pour mieux pouvoir se moquer de lui ensuite. Il avait décidé un jour que la romance était un concept acceptable temps qu’il restait cloîtré entre les pages d’un livre. La vraie vie était bien différente. Et ces deux demoiselles le poussaient en dehors de sa zone de confort, la gêne était plus appuyée qu’à l'accoutumée.
Dans ces cas-là, son cerveau se remettait en pilote automatique. Cloisonner les informations, séparer les émotions. Se replonger dans la neutralité la plus absolue. Uniquement les faits. Ne surtout pas laisser l’affect prendre possession des souvenirs qui étaient en train de se graver dans sa mémoire. Il fallait que cette journée reste anodine. Une simple journée de plus dans laquelle il ne pourrait pas se plonger dans l'introspection dans le futur. Sa pensée retrouva le chemin du présent alors que son regard se posa sur le stand qui jouxtait le sien. Puis de nouveau sur la grande blonde. Il savait qui elle était. Il l’avait su dès le départ mais n’avait pas réellement pris la peine de le constater. À quoi bon. Mais à présent, les indices semés sur la route forçaient son esprit à se rappeler le moindre détail. Il lui fallait une distraction pour arrêter le flot d’images qui inondait son champ de vision.
“La bouteille aussi vous allez la payer ?”
Plus terre à terre, tu meurs. Mais il fallait au moins ça pour que Neil puisse conserver les pieds au sol. Sans quoi son esprit l’entraînerait dans les hauteurs et la descente serait difficile. Des chutes violentes, la plupart du temps.
Il croisa ses bras sur sa poitrine, attitude de retrait permanente. Neil n’était pas d’une grande témérité. Il connaissait le coût du courage et n’était pas prêt à en payer le prix. Principalement parce qu’il se soldait le plus souvent par de la déception.
“C’est pas vraiment la saison des pommes…”
Il n’avait pas pu s’en empêcher. L’insécurité le rendait légèrement agressif et pas très cordial. Un peu con, dirait certains, son frère le premier. Malgré le sourire avenant de la blondinette et l’évidente fierté qu’elle tirait de ses créations culinaires, la complaisance accompagnait rarement le bonhomme. Il ne savait pas emballer les mots de bienveillance et de rondeur. Les silences étaient son meilleur remède à la spontanéité crue qu’il ne pouvait parfois pas contenir.

Zone 2, scène ouverte

Edith avait enfilé une tenue de circonstance, une tenue de scène. Le genre de tenue qu’elle aurait aimé mettre chaque jour, pour gagner sa vie. Aujourd’hui, elle avait trouvé l’occasion idéale. Une scène avait été montée dans le parc de la ville, pour mettre un peu d’ambiance à la foire qui se tenait là. La blonde n’avait pas hésité à s’inscrire pour assurer le spectacle. Elle avait toujours une pointe de trac avant de monter sur scène, mais c’était des moments qu’elle appréciait tellement. Edith savait qu’elle avait du talent. Elle savait chanter. Bien chanter. Elle n’avait aucun doute sur le fait qu’elle allait assurer. Elle s’était toujours demandé ce qui avait pêché dans les nombreux castings qu’elle avait passé. Elle n’avait jamais été retenue. Aujourd’hui, elle se produisait dans les bars du coin, des scènes ouvertes où elle pouvait vivre sa passion.
Elle n’avait donc pas hésité. Elle avait choisi sa tenue avec soin et elle savait précisément les quelques chansons qu’elle allait chanter. Son mari l’avait accompagné. Il n’avait certainement rien de mieux à faire. Gary suivait ses pas, comme d’habitude. Ils entrèrent ensemble à la foire. Elle regardait tout autour d’elle, observant les différents stands qui jalonnaient la foire. Son mari l’accompagna jusqu’au bas de la scène. Si leur relation était parfois tendue, il eut quand même des mots encourageants pour sa prestation. Un sourire se dessina sur son visage et elle l’embrassa. Ce n’était pas toujours facile d’être sa femme, mais ce n’était certainement pas toujours facile d’être son mari. Leur mariage connaissait beaucoup de bas, mais parfois, quelques hauts. Il la laissa là, se concentrer pour son entrée sur scène. Il y avait d’autres artistes avant elle, elle allait devoir patienter avant son tour.

S'agissait-il du proprio ou d'un simple employé ? Car qu'elle qu'ait été la réponse,  l'une comme l'autre, il lui sembla que cet homme possédait de sérieux problèmes de comm' : que le cadre ait été institutionnel ou opposé, le manque flagrant de sociabilité n'aurait pu être interprété que comme l'expression d'un préjudice psy. Freud en aurait eu pour son triptyque. Vera - billets froissés chichement conservés dans sa paume libre - éluda sciemment la question du brun dans un premier temps afin de boire une seconde gorgée du liquide, accueillant avec un gémissement de contentement l'acidité fruitée sur sa langue. Elle n'était qu'à deux trilles de se féliciter d'avoir réussi - jusqu'à présent- l'impensable : empêcher sa fibre vindicative de rechercher le conflit dans la moindre de ses conversations. Peut-être même que laconisme de Jon Snow y était pour grande part et que le mannequin - qui n'était à ses yeux qu'une superbe chevelure et de longues et interminables jambes halées - possédait probablement une personnalité annulant fondamentalement la sienne : favorisant, vraisemblablement, l'entente. Il y avait, dans la posture adoptée par la jeune Sierck, cette envie d'appartenance qui ne la quittait pas d'une semelle et qui pourtant même avec l'adéquate dose de bonne volonté, finissait dès que l'occasion se présentait par la trahir.  - Avec grand plaisir - devança-t-elle, hochant la tête dans la direction de la liane, flouant à l'homme l'opportunité d'écarter la proposition. Elle ne fut pas surprise par la répartie 'matter of fact' refusant à l'impulsivité et à l'aisance de s'installer entre eux, des fois qu'elles aient voulu élargir sensiblement leur cercle d'influence (plus précisément, d'amitié). Chaleur humaine digne du mur de Berlin, elle n'écarquilla pas le regard, elle plissa les paupières, étudiant l'individu avec autant de précaution que s'il faisait partie des spécimens de succulentes qu'elle collectionnait. - Hey, dites - elle chercha l'identité, pas de name tag en vue - je vous en prie, servez-vous un second verre , je vous l'offre. Ca vous détendrait un peu, je pense- elle déposa un billet de vingt dollars sur la table, devant l'homme, du défi dans la rétine; avant d'orienter ses prunelles sur Gisèle l'air de chercher un peu de soutien. Chassez le naturel, disait-on, Vera affichait un sourire, se doutant bien qu'il aurait fallu plus qu'un verre de cidre à l'homme pour que ne subsiste plus aucun filtre conscient.

Zone trois (aire de jeu, étendue herbeuse)
@Terry Daniels @Wayne Parsons @Taylor Thompson
Sa tenue resserre sa poitrine. Comment respirer dans ce genre de cas si ce n'est qu'en élevant le torse. Elle remarque un Terry plutôt inquiet et regarde autour d'elle. Ils marchent l'un à côté de l'autre dans le silence, elle suit ses pas ne sachant où il va et pourtant, elle reste à ses côtés et l'observe. " N'est-ce pas la zone qui nous représente le mieux ?" Mona sourit avant d'inspirer et de soupirer. Lui parler est un effort, mais encore plus lorsque le cœur est sur le tambour et que les mains ne le touchent pas assez. Mona regarde ses enfants courir dans tous les sens, toujours fascinée, comme s'il fallait lui dire un nombre incalculable de fois que sa vie... est gâchée. Elle reprend ses esprits : "Non, ça ira... Tu ne cherches pas Taylor ?" "Même quand tu es avec moi, tu penses à elle", pensa-t-elle. Elle avança pour le dépasser, avant de se retourner : "Est-ce vraiment important de la retrouver ?". Après tout, elle a envie d'être avec lui, de profiter du moment sans que Taylor ne soit le sujet de leur conversation...elle le regarde avant de s'écrier..."Tu ne veux pas profiter du moment qu'on a tous les deux ?" avant de se corriger. "Pourquoi, on ne participerait pas au concours..de.." elle rechigne et son nez se froisse, elle qui ne mange pas trop, qui a toujours besoin de surveiller ses arrières pour ne pas retomber dans ses démons boulimiques. "Je parie que tu ne sauras pas me battre à ce jeu...". Mona désigne un concours des plus compliqués.