Robin n’aurait raté ça pour rien au monde. Si elle n’avait jamais été du genre à beaucoup apprécier les soirées costumées ou ce genre de frivolités, une animation au bar, elle ne pouvait décemment pas passer à côté. Dès qu’elle avait entendu parler de cette histoire d’inauguration du Garnet en version speakeasy, elle s’était mise en tête de participer, même si c’était pour y aller seule et finir la soirée à siroter tristement son (délicieux) cocktail. Tant pis, elle aurait au moins profité de l’ambiance pour passer une bonne soirée. Ainsi, elle s’était mise en route à pied, n’habitant qu’à quelques rues de là, et elle avait même un effort vestimentaire pour ne pas jurer avec le paysage une fois à l’intérieur, après avoir vu qu’un dress code était chaudement recommandé. Ainsi, elle arrivait fièrement vêtue d’une élégante robe avec des franges et des paillettes (mais pas de talons, il ne fallait pas déconner) et, elle qui n’avait pas l’habitude de porter des bijoux, avait opté pour un collier en perles et d’imposantes boucles d’oreilles lui donnant l’étrange impression que ses oreilles pesaient une tonne. C’était surtout ses cheveux qui attiraient en premier le regard, ondulés exactement comme la mode de l’époque, décorés par un bandeau brillant et orné d’une plume. Si avec tout ça, elle n’obtenait pas au moins un cocktail gratuit, elle ne savait pas ce qu’il fallait !

Elle arriva sur place et marqua un temps d’arrêt devant la porte close, condamnée par un panneau annonçant sa fermeture. Merde, se dit-elle en fronçant les sourcils. C’était pourtant bel et bien là, elle avait lu l’affiche. Finalement, en voyant quelqu’un se faufiler vers l’arrière, elle le suivit et découvrir une porte dérobée qui faisait désormais office d’entrée discrète. Elle esquissa un sourire en constatant qu’ils avaient joué le jeu jusqu’au bout, ce qui la rassura. Avec sa tenue vintage, elle n’en faisait pas trop. Elle s’engouffra à l’intérieur du bar, passa derrière le voile noir et se retrouva dans la salle principale… qu’elle reconnut à peine. « Wow » émit-elle à voix haute en poussant un sifflement d’admiration. Le Garnet, c’était toute sa vie, elle y avait ses habitudes, mais l’endroit était comme transformé. C’était impressionnant. Son regard passa en revue les décorations puis elle se dirigea vers le comptoir pour s’y accouder et commander le premier cocktail de la liste – elle n’était pas difficile, Robin. Tout ce qu’elle voulait, c’était passer une bonne soirée. Et, alors que les notes de musiques envahissaient la salle, quelque chose lui disait que ça ne pouvait qu’être le cas.

Spoiler:

Certains rendez-vous professionnels étaient plus divertissants que d'autres et celui du soir fixait de nouveaux standards en la matière ! Rendez-vous, donc, avait été fixé la semaine dernière avec la gérante d'artistes d'un groupe local qui devait se produire au HQ à plusieurs dates cet été. Le tout entrait dans une volonté de faire valoir les artistes locaux de la relève, et bon joueur que j'étais, j'avais consenti à accompagner cette future collaboratrice à l'évènement sur toutes les lèvres ces derniers jours. En somme, une féroce compétition pour nous, même si nous étions à Burlington. Il ne faisait pas de mal de jeter un oeil à la concurrence pour voir ce qui marchait bien ou un peu moins bien. Pour la cause, j'avais décidé de jouer le jeu jusqu'au bout avec une tenue d'époque et même le chapeau, quoi qu'il m'avait toujours semblé qu'avec mes boucles, ça n'avait jamais été le style capillaire le plus adéquat pour moi que de porter un couvre-chef. Allison Karagiannis, la cinquantaine et pas moins pétillante, m'attendait sur la rue devant l'établissement où nous nous étions donnés rendez-vous. « Monsieur Wilson ! Très élégant. » Je m'approchais pour lui faire la bise, offrant au passage un sourire ravi d'être là. Si je désirais qu'elle passe une bonne soirée, c'était aussi et surtout parce que j'espérais que cette collaboration soit fructueuse pour nous deux. « Allison. » En me reculant, j'ajoutais : « Et vous alors ? Vous êtes faites pour porter cela. » Les paillettes, les plumes, avec lesquelles elle semblait tout à fait à son aise. « Griffin, je ne suis pas si vieille tout de même. » Plaisantait-elle en m'envoyant un clin d'oeil. De quoi couper mon élan de naturel, alors que je fronçais les sourcils. « Ah, non, mais non, évidemment, ce n'est pas... » « Je plaisante ! Nous entrons ? » Vaguement rassuré, je retrouvais mon sourire et lui proposais mon bras pour la guider jusqu'à l'intérieur du Garnet... Complètement redécoré pour l'occasion ! Il fallait bien l'admettre, c'était tout particulièrement impressionnant et mon esprit prompt à se mettre en mode « boulot » prenait des notes. Même si nous n'étions pas à la ramasse pour ce genre d'évènements thématiques d'ordinaire. Nous avions des esprits très créatifs au HQ, cela faisait aussi la force du bar-concert. « Vous voulez un verre ? » Je tournais la tête vers ma cavalière, puis vers le bar et je remarquais une silhouette connue, précisément installée au bar. Robin, bien sûr. « Prenons une place, plutôt, d'abord ? Et c'est moi qui offrirai. » « Oh, Griffin, nous ne sommes pas réellement dans les années 20 ! » Gloussait-elle en ne se faisant néanmoins pas prier pour me suivre parmi la foule qui se retrouvait déjà à l'intérieur, vers une table le plus à l'écart possible. Après tout, c'était toujours un risque de mettre les pieds au Garnet, le risque de croiser des têtes connues, même sous un accoutrement différent de l'ordinaire.

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(garnet / speakeasy)

Une fois la porte du Garnet franchie, Ruth constate tous les efforts qui ont été mis en place pour rendre l'endroit unique le temps de quelques semaines. Elle doit reconnaître que l'atmosphère y est plaisante, presque cosy. Arborant une jolie robe colorée, que Ruth a spécialement acheté pour l'occasion, il était impensable pour elle de ne pas venir faire un tour à cette inauguration. Elle se demande bien si Bennett trouvera une nouvelle excuse pour ne pas participer à ce genre de manifestation un brin hors du temps. Et, même si au fond d'elle Ruth le regrette, elle est contente de ne pas se retrouver pour le moment en tête en tête avec lui pour ne pas finir à évoquer encore et toujours le même sujet de discussion : eux.

Sans plus attendre, Ruth s'avance vers le bar du Garnet et commande un virgin mojito bien frais. Aucune raison de boire un quelconque alcool, la fête n'est pas non plus en son honneur ce soir pour justifier cela. Dans l'attente de sa boisson, Ruth observe les alentours, repérant des têtes connues et d'autres qui n'attirent guère son attention. Jusqu’à ce que dans son radar tombe Robin. Une ancienne connaissance de ses années scolaires, avec laquelle elle ne s’était jamais entendue, peut-être en grande partie car Ruth en était particulièrement jalouse. Après tout, Robin était entourée de nombreux damoiseaux, qu’elle prétendait ne voir que comme des amis. Seulement, si cette dernière avait autant d’amis dans la poche, cela signifiait alors qu’ils ne l’étaient pas avec Ruth, encore moins qu’ils lui portaient l’attention qu’elle méritait (et mérite toujours) à l’époque, et ce constat n’a jamais plu à la jeune Hernández.

_ Tiens, tiens, tiens. que  Ruth s’autorise alors à s’exclamer, une fois son verre de virgin mojito bien en main. Se rapprochant de Robin, sans lui demander son avis, la journaliste vient se positionner à sa gauche, histoire qu’elle se souvienne bien d’elle à son tour.

_ Buenas noches querida.

Les mauvaises habitudes reviennent bien vite avec Ruth. A l’époque, elle prenait rarement la peine de nommer son ennemie, préférant la remettre à sa place subtilement en l’infantilisant grâce à des « querida » toujours plus mielleux.

_ Alors, le prince charmant n’a pas daigné se montrer ce soir ?

La brune se met à observer les alentours, un petit sourire amusé sur les lèvres. Elle avoue que constater que Robin est pour le moment seule, elle qui lui avait donné l’impression d’être toujours si bien entourée lorsqu’elles étaient jeunes, est une totale satisfaction pour la journaliste. Et une occasion en or de pouvoir rigoler un peu.

Spoiler:

speakeasy

Spoiler:

Au décès de sa grand-mère, Eli s’était enfermée dans sa petite bulle pendant quelques jours… Mais voilà, maintenant, elle avait besoin de vivre et de continuer sa route pour lui rendre hommage. Eli ne pouvait pas se morfondre sur le décès d’Emilia, elle devait avancer et tourner peut-être la page.. Complètement impossible pour l’instant. Heureusement pour elle, la jeune femme avait la meilleure des meilleures amies, Camilla. Cette dernière lui avait envoyé plusieurs messages afin de prendre des nouvelles d’elle. Alors même si elle avait totalement ignoré ses premiers messages, et qu’elle était restée isolée avec Caleb, Camilla avait réussi à la faire sortir petit à petit de sa coquille.

Alors, bien décidée à s’en remettre, Eli avait rejoint son amie pour se rendre au Garnet. Elle avait entendu parler de cette superbe soirée organisée par le bar… Elle avait hâte d’y être. Eli avait dépensé une fortune pour sa robe et ses chaussures. Cette robe noire et ses chaussures à talons lui permettaient d’être bien habillée pour cette soirée bien spéciale. Même si elle n’avait plus du tout d’argent à cause de cette robe, Eli s’en moquait, elle voulait simplement profiter. Peut-être qu’elle demandera une avance à son patron pour terminer le mois. Non, ce n’est pas une bonne idée… Bref, quoi qu’il en soit, les deux jeunes femmes débarquent dans le bar. Les yeux d’Eli s’émerveillent devant la décoration particulièrement soignée et délicate… ! Tout ça, ça lui donne envie de bien profiter et de penser à autre chose. Et puis, comme toujours, Eli fait bonne figure. Elle n’a pas envie de penser à sa grand-mère alors elle se cache derrière son sourire et continue de s’émerveiller à cette soirée qui allait lui offrir une petite bulle d’oxygène dans sa vie. Une fois qu’elle entre à l’intérieur, Eli se tourne vers Camilla et lui souffle : « Tu vas voir, je sens qu’on va s’éclater ! » Et surtout, elle savait que son amie avait besoin de penser à autre chose et d’oublier son fameux Amdahl bis. De quoi requinquer Eli et lui donnait un objectif, oubliant totalement son mal-être intérieur et la tristesse qui continue de ronger encore et encore son cœur.

Robin jetait de temps en temps de brefs coups d’œil vers l’entrée dissimulée derrière le rideau noir, guettant l’arrivée de visages connus. Son regard s’éclaira quand elle reconnut la silhouette familière de Griffin, mais il était en charmante compagnie et elle n’avait pas l’intention de s’en mêler, de le déranger au risque d’attirer encore l’attention sur elle. Un passé désormais révolu, voilà ce que c’était. Purement et simplement. Et ça ne serait jamais rien de plus. Elle se replongeait dans ses pensées, en attendant que quelqu’un d’autre daigne l’en sortir, quand une voix douloureusement familière attira son attention, l’obligeant à relever la tête. Elle s’attendait certes à voir des visages connus, puisqu’elle supposait que la majorité des clients du soir seraient des piliers de bar comme elle, mais elle ne s’imaginait pas tomber par inadvertance sur Ruth. Une connaissance du lycée, avec qui le courant n’était jamais vraiment passé. Bon. Ce n’était pas la personne qu’elle espérait voir, mais elle allait faire avec – et garder la tête haute, comme toujours. Ruth attaqua la première et Robin répliqua aussitôt avec un large sourire « Il était sur le point d’arriver, mais j’imagine qu’il a eu peur de toi » pourquoi de vieilles rivalités faisaient-elles surface une quinzaine d’années plus tard ? Robin n’aurait su le dire, mais elle pardonnait rarement. Et avait la rancœur tenace. Elle s’apprêtait à rajouter quelque chose quand une voix masculine qui lui était parfaitement inconnue les interrompit, rebondissant sur l’histoire du prince charmant.

En quelques secondes, sans qu’elle ne réalise vraiment ce qui se passait, les deux femmes se retrouvèrent face à un type que son pote abandonna à son triste sort. « Chouette costume » commenta-t-elle, ravie de voir qu’elle n’avait pas été la seule à jouer le jeu. Il ne paraissait plus tout à fait sobre, mais suffisamment pour réussir à aligner quelques mots. « Non, au contraire, tu la sauve ! Et tu me sauves la vie en même temps » son regard parcourut la silhouette masculine de haut en bas avant qu’elle ne poursuive « Bon, je m’attendais pas à un prince charmant tout juste sorti du lycée, mais je m’en contenterai » il avait une tête de bébé, de l’avis absolument pas objectif de Robin. D’ailleurs, elle se pencha légèrement vers le jeune homme pour lui glisser « D’ailleurs, méfie-toi de la plante carnivore qui se trouve en face, elle risque de te dévorer tout cru » c’était de bonne guerre, après tout. Robin se redressa pour boire une gorgée de son verre, un sourire carnassier fiché aux lèvres. Elle n’avait rien contre Ruth, bien au contraire – ceux qui lui tenaient tête étaient en réalité ses meilleurs alliés. La soirée prenait un tournant qui lui plaisait de plus en plus, en tout cas. « Robin, enchantée » conclut-elle en tendant sa main gantée vers son preux chevalier.

Spoiler:

Qu'est-ce que je fais là? C'est la question que je me pose en passant les portes du Garnet pour cette inauguration. Le décor était fabuleux, il fallait bien le reconnaître. J'avais même été jusqu'à enfiler une tenue dans le thème voulu. Un noeud pap blanc, un veston rouge et une veste bleu nuit... Avec les cheveux plaqués en arrière et les pattes, bref, la totale. Mais je me demandais encore ce qui m'avait pris... J'en avais tellement entendu parler à l'hôpital que je n'avais pas pu m'empêcher de venir faire un tour. Je ne savais pas trop ce que j'attendais de cette soirée, peut être rien. Peut-être que je ferais demi-tour aussitôt avoir fait le tour de la salle. Il y avait peu de chance que je croise quelqu'un que je connais, ou alors des gens de l'hôpital et dans ce cas-là la conversation ne serait pas très longue. Non, je n'étais pas forcément très connu pour mes élans de sorties en ville. Mais bon, depuis que j'ai mon diplôme et que j'exerce mon métier en étant titulaire, je n'ai plus l'excuse d'être plongé dans mes bouquins. Il fallait que je sorte, que je rencontre du monde. Du moins, que j'essaie. C'était pour cela que j'étais là, pour tenter de faire un pas vers les autres. Arrêter ma routine de sport-boulot-appart puisque maintenant, je savais ce que c'était de pouvoir profiter du bon temps...

inauguration du speakeasy

Everybody

Un événement spécial organisé au Garnet, il n’en fallait pas plus pour titiller la curiosité d’Elijah. On ne peut pas dire qu’il se passe grand-chose à Redwood Hills alors forcément, lorsque c’est le cas, jeter un coup d’œil ne peut pas faire de mal. Petit retour dans le passé, pendant l’époque de la prohibition plus exactement. Et puis avouons-le, Elijah est devenu un habitué du bar, depuis l’année dernière. Triste réalité. Sa penderie n’étant pas très fournie, c’est chez son frère aîné qu’il a trouvé le costume parfait pour cette soirée. Plutôt sobre, sans excentricité. Pantalon et veste gris foncé, presque noir ainsi qu’une chemise blanche surmontée d’un gilet de costume de la même couleur que le reste. Sans oublier la cravate et le chapeau pour parfaire son look. Tout y est. Même la montre à gousset accrochée à une chaine, en guise d’accessoire en plus. C’est presque mains dans les poches qu’il atterrit devant l’endroit qui lui sert presque de seconde maison. Nez à nez avec la porte démesurément fermée. S’est-il trompé de jour ? De lieu ? Impossible.

Ce sont des voix à proximité qui attirent son attention et lui indiquent que l’entrée n’est pas de ce côté. Soit. Il suit les autres participants pour s’engouffrer à l’intérieur via un passage dérobé, derrière l’établissement. Les organisateurs ont visiblement pensé à tout. A peine ses pieds foulent-ils le sol du Garnet qu’il en prend plein les yeux. Petit saut dans le temps, on s’y croirait. Lumières tamisées, longs rideaux sombres, canapés de velours, tout y est. Il y a déjà du monde et il n’a pas le temps de balayer la pièce des yeux que son attention est attirée par son portable qui se met à vibrer dans sa poche. Un message. Deux messages. Trois. Lily semble s’impatienter. Aujourd’hui est un jour de conflit, pour ne pas changer. Tentant de répondre à sa fille avec autorité, il se faufile plus ou moins habilement à travers la foule de personnes déjà présentes pour rejoindre le comptoir. A peine installé, l’une des employées ne tarde pas à l’interpeller. Assis sur un tabouret, il décolle son nez de son téléphone pour le poser devant lui et dans un sourire joyeux, il commande l’un des cocktails à la carte. Ce n’est que lorsque que la serveuse s’éloigne qu’il prend enfin le temps de commencer un tour d’horizon. Quelques micro secondes suffisent pour que ses iris sombres se posent sur une silhouette connue non loin, déjà bien entourée, visiblement. Robin. Robin est sublime. Comme toujours. Ce serait malvenu de sa part d’aller la déranger. Pour le moment, en tout cas. Alors il se contente d’attraper son verre entre ses doigts, lorsque la barmaid le lui ramène, pour y tremper ses lèvres et tenter d’oublier sa fille qui le harcèle de commentaires négatifs et désagréables. Certaines choses ne changent pas.

Dezbaa pour Redwood Hills

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