{OUTFIT} Zone deux (près de l'étang), scène ouverte.
@Sarah Jaïs (& qui veut !)
« Tu devrais jouer. » Lui avait dit Birdie en ramenant un de ces flyers tape à l'oeil quelques jours plus tôt. Tout ce qui avait retenu son attention, c'était qu'elle lui parle de l'évènement avant Hailee. Elle avait été plus rapide, Birdie. Et comme toujours, Owen ne pouvait rien faire -ou plutôt ne pas faire- qui risque de la décevoir. Il se demandait si le même genre de motivation le poussait à accompagner Sarah, mais ne trouvais pas la réponse. Il ne savait pas trop où la chanteuse en était dans sa carrière. O', il essayait de se faire à l'idée qu'elle soit de nouveau là. Parce qu'elle était là, justement, à Redwood, ce qui ne devait pas être bon signe. Et quand il l'avait vue hésiter à s’inscrire, il avait compris. Il n'avait que ses mains à lui offrir, même si ce n'était pas ça l'idée de Birdie, même si ça risquait fort de lui déplaire. Non, Owen ne savait pas ce qui l'avait poussé jusque là, pas sûr non plus si c'était lui qui pouvait lui demander n'importe quoi ou si c'était Sarah qui aurait dit oui à tout. Il savait juste que ça lui avait un peu trop plu, trop pour son propre bien sans doute, mais assez pour s'en foutre. Il n'y avait qu'avec elle que le blond avait envie de se donner en spectacle.
C'était comme ça qu'il se retrouvait planté près de la scène à attendre le bruit familier qu'une paire de talons de douze, dans son costume cravate de pingouin des années vingt qui avait le mérite d'être impeccable, jusqu'au mouchoir de poche. Pas comme le piano de travers sur l'estrade. Pour ça aussi, il attendait impatiemment que Sarah le rejoigne, la malice logée au coin des lèvres. Toisant le décor et la quiétude de l'étang dénotant avec les festivités, il se tenait prêt simplement à écouter les artistes qui passeraient avant eux, ce qu'il s'imaginait faire en cherchant l'approbation ou la critique sur le visage de la chanteuse à côté de lui. N'ayant pas pris la peine de faire le tour de la foire, il ne voyait pas grand intérêt à déambuler seul dans la foule et se disait qu'il rejoindrait sa soeur et sa fille après la représentation. Mais elles savaient sûrement déjà qu'il y avait plus de chance qu'il finisse au bar de la ville plutôt qu'à un stand de confitures.

(zone 3, aire de jeux/étendue herbeuse)

Une fois son sms envoyé à Taylor, Wayne s'empresse de filer en ville pour trouver un costume digne de ce nom. Il n'est pas très fête déguisée d'habitude, mais il se dit que s'il joue le jeu et a la chance de croises ses enfants ainsi que ses petites-filles, ce sera l'occasion de leur prouver qu'il est encore bel et bien là, prêt à faire tous les efforts qu'il faut pour renouer ces liens perdus il y a de cela plusieurs années. En ville, Wayne remarque à peine les quelques regards qui s'arrêtent sur sa personne. Il a l'habitude de ne pas passer inaperçu, avec son apparence massive et son visage marqué par les années, après tout. Dans une petite boutique du centre-ville, il met la main sur un costume à sa taille, qui rentre surtout dans le thème des années 20 décidé par la fête qui s'est installée dans le parc de Redwood Hills à l'initiative de la Mairie. Il paye son dû sans attendre et rentre chez lui pour être prêt en temps et en heure. Une fois son costume enfilé, il est vrai que le garde forestier se sent comme un gangster de l'ancien temps. Amusé par son reflet dans le miroir, il finit par déposer sur sa tête l'épais béret gris, dernier détail primordial signant la fin de sa préparation, avant de se saisir de ses clés et de se rendre en ville. Ayant amené sa voiture à réparer il y a peu, suite au petit incident provoqué par Taylor, il privilégie la marche à pied pour rejoindre le lieu des festivités, situé à quelques minutes de chez lui, quand on y réfléchit bien.

Une fois arrivé sur place, Wayne observe les alentours, distinguant la scène où ont commencé à se produire des habitants de la ville, détaillant du regard les différentes décorations, se laissant presque embarquer par l'euphorie générale provoquée par la fête. Plus loin, il remarque une zone d'aire de jeux pour les enfants et n'hésite pas plus longtemps avant d'en prendre le chemin. Si Duncan et Colin viennent ce soir, alors ils passeront sûrement par cette partie de la fête avec les petites. Autant que le cinquantenaire mette toutes les chances de son côté. Supposant être le premier arrivé entre Taylor et lui, Wayne prend le temps de sortir son téléphone et de lui indiquer sa position dans un nouvel sms, histoire qu'il ne reste pas seul plus longtemps.

Quelle idée ! Je me le demandais encore, alors qu'il m'avait fallu fuir, l'air de rien, ces terribles ateliers de danse où m'avaient entrainé ma mère et ma soeur ainée. De prime abord, ça avait paru amusant. Des tenues d'époque, un évènement festif et une journée loin du boulot parce que j'étais en vacances ! Vacances, oui, mais pas vraiment de plans précis, alors je m'étais laissé convaincre par les femmes de la famille. Je m'étais rapidement rendu compte que ni mon père ni Nate - ni même Hannah pour support moral - n'avaient consenti à se laisser instrumentaliser de la sorte. Car, bien vite, il était apparu évident que la raison de mon invitation était cette volonté d'avoir un partenaire de danse, lequel n'avait même droit à aucune pause parce qu'elles étaient deux sur mon cas ! Bref... Je m'étais éclipsé entre deux danses pour étancher ma soif et surtout, mon envie de disparaitre. La danse n'était pas aussi terrible, mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir deux pieds gauches. Ce n'était décidément pas mon truc, et accoutré comme je l'étais, cela me faisait sentir encore plus ridicule ! Si bien que j'éternisais le temps, laissant mon regard flotter sur les environs et les différents passants, déformation professionnelle. Ce genre d'évènement était toujours en proie à certaines difficultés de sécurité, mais la ville n'avait pas fait les choses à moitié et j'avais déjà croisé quelques collègues en service, qui ne s'étaient par ailleurs pas gênés pour me « féliciter » de mon dévouement auprès de ma soeur et de ma mère. Ha ha ha. Génial, donc. Sauf que mon après-midi s'apprêtait à se colorer tout autrement quand j'apercevais une silhouette familière errant dans cette bulle d'une autre époque. « Hey, Louise ! » Cela faisait un moment que je ne l'avais plus recroisée. Combien de temps ? Des mois, assurément. Et dire que nous avions partagé un moment privilégié tous les deux lors d'un périple pour voir les cigales. Je marchais jusqu'à elle et lui adressais un grand sourire. « Wow. » Comment dire ? Cette tenue lui allait vraiment à ravir. « Tu es magnifique. » Mais ne l'était-elle pas toujours ? Je fronçais alors les sourcils. « Rassure-moi, il n'y a pas un grand frère ou un petit ami qui va surgir et me casser la gueule pour avoir dit ça ? » C'était la même boutade d'avant, comme s'il n'y avait jamais eu d'interruption et que l'on s'était vus la veille ! Et sans doute une petite touche de curiosité également.

@Louise Howell

(zone 3, aire de jeux/étendue herbeuse)

Dans l’attente de l’arrivée de Taylor, Wayne se perd dans la contemplation des familles au loin. Les enfants riants, les parents admiratifs, fiers, la beauté de leurs instants de vie passés tous ensemble. Une certaine nostalgie le gagne, quand le garde forestier repense à tous ces moments qu’il a pu vivre avec ses deux fils quand ils n’étaient encore que des enfants, avant de songer rapidement aux mauvais choix qu’il a pu faire ensuite. Alors, certes, les avouer, les absoudre, les maudire, tous ces choix qui ont mal dicté son existence durant des années, Wayne le fait déjà. Mais c’est lorsqu’il se retrouve face à une réalité indéniable, comme le bonheur flottant entre toutes ces familles soudées et heureuses, que ses épaules pèsent le plus lourd.

Poussant un soupir, Wayne secoue la tête dans l’espoir de faire disparaître ces pensées négatives. Ce soir, il va avoir la chance de passer la soirée aux côtés de Taylor, qui accepte de lui parler et a même concédé à dire oui à sa proposition de se retrouver à la foire, alors il ne peut que s’estimer l’homme le plus chanceux du monde. D’ailleurs, lorsque la voix de Taylor résonne dans son dos, les nuages brumeux polluant l’esprit du cinquantenaire disparaissent en un claquement de doigts. Elle le salue, dans sa jolie robe, les épaules couvertes d’un manteau long et ses mains dissimulées sous de longs gants satinés. Le garde forestier met quelques secondes à lui répondre, trop absorbé par la vision angélique qui vient d’accaparer toute son attention. Le baiser qu’elle dépose contre sa joue ne vient pas arranger son cas.

« Salut Taylor. », qu’il répond, en dépit de ses joues qui se teintent malgré elles d’une couleur rosée. « T’es… Tu es très belle. »

Lui tendant son bras pour qu’elle s’en saisisse et marche à ses côtés, Wayne décide de se reprendre en main et de la guider vers les danseurs de danses d’époque qu’il aperçoit un peu plus loin.

« Je te propose tout d’abord d’admirer ces adorables danseurs doués de leurs pattes, avant d’ensuite nous diriger vers les autres animations, comme le concours de nourriture. Auquel je t'ai inscrite tout à l'heure car, dans mes souvenirs, tu adores manger. Pas vrai ? » Wayne lui adresse alors un sourire blagueur. « Tu vas tous les plumer, c'est certain. »

(zone 3, aire de jeux/étendue herbeuse)

« Merci. » Taylor lui retourne son compliment et les papillons qui chatouillaient son ventre à l’arrivée de son ex-compagne changent soudain de cadence, poussant son palpitant à tambouriner plus fort à son tour. « Je sais que tu adores les déguisements, alors j’ai fait un effort. » qu’il précise.

Oui, de base, Wayne ne se promène pas tous les quatre matins dans cette tenue. Ce qu’il apprécie par-dessus tout, dans la vie, c’est sa capacité d’adaptation et sa discrétion légendaire. Le garde forestier n’a jamais eu un style divergent de la normale, avec des vêtements tous plus banals les uns que les autres, mais dans lesquels il est au moins certains de se sentir bien. Toutefois, Wayne a désormais conscience que le temps a fait son travail et que s’il souhaite reconquérir sa tendre Taylor, ce ne sont pas 3 t-shirts se battant en duel avec un jean déchiré qui feront l’affaire. Alors, il s’adapte, encore et encore.

« Tant que c’est de la chantilly. »

Sa légère provocation passe presque inaperçue quand, au même moment, Taylor l’entraîne vers la piste de danse sans crier gare. L’esprit de Wayne bloque lorsqu’elle se déleste de son manteau pour ne laisser place qu’à sa robe fluide, qui lui va définitivement à ravir. Puis, Taylor s’élance sur la piste et Wayne se passe deux mains sur le visage. Il l’observe durant de longues secondes danser sur la musique, dont le rythme lui semble beaucoup trop rapide pour lui… avant que le garde forestier ne se décide à s’avancer vers elle. Certes, il n’est pas bon danseur, mais continuer sur les efforts n’est pas négociable et il le sait parfaitement.

Prenant exemple sur Taylor, Wayne essaie tant bien que mal de suivre la cadence. Malheureusement, c’est un raté. Alors, subtilement, le cinquantenaire tend sa main dans sa direction lorsqu'il entend venir une musique plus calme, invitation à se rapprocher de lui plutôt que de maintenir cette distance insupportable entre eux. S'il n'est pas doué en solo, sans doute que former un duo avec Taylor rendra la situation plus gérable.

« Je suis plus à l'aise sur les danses de salon calmes ma chère. Et plus doué, cela va de soit. » Un sourire fier accompagne ses dires, alors que son regard s'attarde un instant sur les stands de nourriture au loin. « Même si je suis encore plus talentueux lorsqu'il s'agit d'inviter une ravissante demoiselle à dîner pour éponger toute cette dépense physique. »