{OUTFIT} Zone deux (près de l'étang), scène ouverte.
@Sarah Jaïs (& si quelqu’un veut jouer celui qui veut virer Sarah de la scène vous gênez pas )
Il appréciait avoir le dernier mot, Owen, enfin, il avait l’impression de l’avoir, face à Sarah qui lâchait un peu trop vite le morceau à son goût. Non, elle n’avait pas parlé de sa présence ici à Sidney. Mais elle lui avait parlé de lui, ça, ça ne faisait aucun doute. Il se demandait ce qu’elle avait pu dire de lui, d’ailleurs, pour que sa simple vue lui fasse autant d’effet. Mais tout fût balayé quand il monta sur scène. Il ne mesurait pas l’ampleur que représentait ce geste pour Sarah, monter les quelques marches pour se hisser face au public, là où était sa place. Il ne l’aurait jamais vu si fébrile, Owen, s’il avait su, s’il avait pu lire ce qui se jouait dans sa tête. Et lui, alors ? Il remarqua en retard que ses mains ne tremblaient pas. Ça n’avait rien d’étonnant une fois qu’elles étaient sur les touches du piano, elles ne tremblaient jamais -ou pas encore, ce qu’il refusait de penser, mais elles n’avaient pas tremblé avant non plus. C’est ce qui le surprit, le blond, ne pas s’en être rendu compte, ne pas s’être senti fébrile en enlevant les mains de ses poches, trop focalisé sur Sarah. Sarah et Sidney, de laquelle il essayait de capter l’attention aussi, forcer le destin sans doute, pour se rendre un peu plus aimable à son égard, un peu plus innocent. Owen était bien des choses, mais il n’était pas innocent. Il aimait l’écouter, Sarah, cette fois plus que jamais, parce que c’était vrai, c’était en live, c’était authentique, qu’il était à ses côtés, battant la mesure. Il avait toujours été doué pour ça, battre la mesure, du piano bien plus que de sa propre vie. Et ça lui avait manqué. Sarah. Le constat était aussi bête, aussi désespérément simple que ça. Alors il y avait une part de lui qui ne voulait pas quitter la scène non plus. Non, il ne voulait pas que la lumière s’éteigne, sur son piano ni sur la chanteuse. C’était elle, la lumière, comme chaque fois qu’elle rayonnait sur scène et il ne voulait pas retourner dans l’ombre. Tendre la perche à Sidney, c’était la meilleure chose à faire, moins égoïste, plus gentille, pour elle… et pour Sarah. C’était envers elle qu’il voulait faire un geste. Un tout petit geste par lequel il s’en sortirait bien mieux qu’avec des mots, souvent acerbes. Il ne chantait pas, lui, ni pour elle ni pour personne, il n’avait pas ce don. Alors il ne réalisa pas tout de suite qu’elle était là tout près, assise sur ce piano comme la prolongation de ses bras. Non, lui, il avait pesté en silence quand il n’avait pas reconnu la voix de Sidney dans l’audience. Merde, raté, qu’il s’était dit, avant de regarder Sarah d’un air équivoque. Je ferai de mon mieux répondit son regard au sien, cette lueur au creux des iris qu’elle lui connaissait bien, celle qui brillait quand il se moquait de lui même ou des goûts des autres. Clairement pas son registre, Katy Perry. Il ne connaissait qu’une personne adepte de son répertoire : la version adolescente de Birdie. Focalisé sur la mélodie -don’t fuck this up, don’t fuck this up qu’il se répétait à lui-même-, il n’avait jamais prêté grande attention aux paroles, jusqu’à maintenant. Jusqu’à ce que Sarah les chante tout près de lui, presque pour lui. Elle était de nouveau là, la bulle, celle qu’ils avaient cruellement percée plus de trois ans auparavant. Ils étaient des dizaines de personnes agglutinées autour de la scène, pourtant ils n’étaient que tous les deux, seuls au monde. Owen ne rigolait plus. Son regard était fixe et droit, non sans gravité. Oui, ils auraient pu… Ils auraient pu être ce couple-là, leur histoire aurait pu être différente et il aurait dû s’excuser que ça ne l’ait pas été. Il aurait dû lui dire que le chemin avait été beau, peu importe l’issue, qu’elle avait compté, qu’elle avait été sa lumière au moment le plus noir et qu’il était désolé que ça n’ait pas suffi. Qu’il avait été le dernier des cons peut-être, mais que / « HEY LES AMOUREUX ! Vous allez vous bécoter longtemps ou vous allez jouer ? ON VEUT DU SWING ! » VLAM, les mains qui vrillent sur les touches sous la surprise, retour théâtral à la réalité. Et son rire qui ne peut s’empêcher de sortir, le regard relevé vers Sarah -ce qui rend encore plus compliqué de ne pas rire- l’air de dire : C’est Birdie. Comme l’évidence même, comme si elle la connaissait depuis toujours, mais non, même pas tant que ça. « Tu te sens de faire I need you de Jon Batiste ? » La question était réthorique, il le savait d’avance. « Ok you want some swing kid ? Let’s fucking swing ! » Content que Katy Perry ait attiré sa fille près de la scène, il n’allait pas se laisser démonter. De toute façon, elle lui aurait demandé n’importe quoi, il se serait exécuté dans la seconde, désolée Sidney. Mais ça, c’est sa came, au blond ! Ses doigts puis tout son corps s’enflamment, ses jambes s’agitent, et quand il jette des coups d’œil à Sarah, faisant du playback sur les refrains, c’est avec un putain de sourire aux lèvres. Il hoche quelques fois la tête, pour l’encourager à la regarder, elle, Sidney, parce que plus rien ne compte tout d’un coup, il se sent au-dessus de tout. Lui regarde Birdie se dandiner, d’un air entendu. Elle n’a pas l’air de lui en vouloir de ne pas lui avoir parlé de Sarah. Ouais, lui non plus. Un partout, alors ? Il verrait bien si Sarah serait d’accord avec ça, après, plus tard, parce qu’il avait encore tout le temps du monde, non ? Ne pouvant reprendre le refrain indéfiniment, le morceau finit par s’arrêter, récoltant pas mal d’applauses et de cris, mais Sarah n’était pas là pour les récolter. Owen tourna la tête et la vit de nouveau penchée vers un gars, pas de quoi s’inquiéter de prime abord, une autre requête, qu’il pensait, jusqu’à ce qu’il remarque son air franchement pas commode. D’instinct, ses yeux vrillèrent entre lui et Sarah, comme un jeu de Ping Pong. Dans le mouvement, il croisa même ceux de Sidney, réalisant qu’ils avaient exactement le même regard. Ils savaient ce qui était sur le point de se passer. « Oh merde. »