Miles soupire et se lève de son siège, il est temps pour lui de rentrer. La journée a été rude et il n’a qu’une envie : se coucher. Sa sœur doit être rentrée en plus et il aimerait bien pouvoir discuter avec elle un petit peu. Le brun dépose la monnaie sur le comptoir, laissant un pourboire puis se dirige vers l’extérieur. L’air est frais encore pour ce début de mois de mars. Il n’en revient pas à quelle vitesse est passé l’hiver. Il met son bonnet, remonte la fermeture de son blouson jusqu’au cou et se met en marche. La moto séjourne dans le garage, pas question de tenter le diable par ce temps, la route est trop grasse et Miles tient un tant soit peu à sa vie. Il fourre ses mains dans les poches de sa veste et se met en route. Le vent le saisit et il frissonne, parfois le temps de la Floride lui manque. Il prend son téléphone et se met à faire défiler son écran sans vraiment rien faire de particulier dessus, passer le temps pour que le trajet soit moins long. Puis il se fait bousculer, il se retourne, râle et range son téléphone. « Attention où vous mettez les pieds ! » Lâche-t-il en grognant. Franchement, les gens ne font pas gaffes. Puis il l’observe, il titube cet homme et Miles râle encore plus. Cet homme est bourré. Miles tourne les talons, libre à lui de faire ce qu’il souhaite mais un bruit de klaxon lui glace le sang. Il se retourne, craignant le pire et se rapproche à grandes enjambées. L’homme n’a rien, il rigole en plus cet abruti. Il serre les poings et fait signe à la voiture de passer son chemin. « Fais chier. » Il regarde l’homme complètement ivre et passe une main devant ses yeux. L’autre se met à rire puis s’arrête et lui saisit le poignet. « Tu me lâches, oui ?! » Ca ne lui fait pas peur ce genre de gars, Miles en a vu des pires et puis il a travaillé avec les pires mais il déteste qu’on le touche sans raison. Il se dégage et l’homme se remet debout. Belle bête. Il hausse les épaules puis le regarde. « Tu veux que je te raccompagne ? » Sympa le gars, il lui propose son aide ! Mais l’autre change de regard, un regard mauvais. Merde. Les mots qui suivent sont aussi une alerte. « Casse-toi, connard. » Ok… Il se retient de soupirer et s’écarte un peu plus du bonhomme, pas question qu’il lui abîme le visage. Miles se dit qu’il pourrait bien le laisser ici mais il pourrait faire du mal à quelqu’un ou alors se faire du mal et il s’en voudrait. Il n’était pas comme ça le brun alors il réfléchit à ce qu’il peut faire tout en gardant un œil sur le géant en face de lui. Il saisit son téléphone mais l’autre se met à s’avancer vers lui et Miles recule, instinct de survie. « Ecoute, mon pote… je veux juste t’aider alors laisse-moi appeler une ambulance pour qu’on vienne te chercher. » C’est surtout les flics qu’il veut appeler mais il sait très bien qu’en disant cela, l’autre va paniquer et aller savoir de quoi il est capable. Son œil capte un mouvement sur le côté, un autre gars approche et Miles se tourne un peu vers lui, gardant dans son champ de vision le mec complètement bourré. « Je ne l’approcherais pas trop si j’étais toi. » Après il est libre de faire ce qu’il veut mais Miles l’aura prévenu.

Des étoiles parsemaient le ciel alors que Ben sortait Buck. Ces sorties nocturnes étaient l’occasion de lui laisser un peu plus de liberté et permettaient à Benedict de laisser déambuler ses pensées. Le dernier mois était passé à une drôle de vitesse, la vie continuait, comme d’habitude, inarrêtable. La musique dans ses oreilles, il avait l’impression d’être dans un autre monde, de marcher sur des nuages. Malgré son blouson bien remonté sur son écharpe, il sentit un frisson le parcourir, le mois de mars était encore très frais, il avança plus vite pour se réchauffer. Il arriva dans les rues de la ville et il commençait à avoir du monde, alors Ben rattacha Buck afin qu’il reste prêt de lui. La connexion avec l'animal se faisait de plus en plus forte. Curieusement au bout de quelques mètres, le malamute se mit à grogner, comportement qu’il n’avait jamais eu jusqu’à présent. Benedict ôta ses écouteurs et entendit une voix qu'il connaissait à quelques pas juste de l'autre côté de la rue. Curiosité, inquiétude ou tout simplement Buck qui tirait en direction du son, Ben se dirigea directement vers la voix.

Un homme massif qui semblait complètement ivre manqua de se faire renverser au moment où Ben arriva sur place un autre faisait signe à la voiture de passer avant lui. C’était le gars du ciné non ? Comment s’appelait-il déjà ? Mike ? Non, Miles. La situation commence à changer de tournure quand l’homme ivre prit le poignet de Miles. Buck réagit de nouveau et grogna. Ben retint le chien pour qu’il marche au pas et s’approcha des deux hommes, la situation risquait de dégénérer, Buck le sentait et était nerveux. L’idéal aurait peut-être été de détourner le regard et de partir avec le chien mais ce n’était pas vraiment le genre de Benedict de rester sans rien faire face à une situation compliquée. « Je ne l’approcherais pas trop si j’étais toi. » Ben garda la laisse du chien courte. « Okay, merci pour le conseil, tu le connais ? » demanda Ben à Miles « Ecoute mec, ce gars veut juste t’aider… » rajouta Ben en direction de l’ivrogne. Il avait beau réfléchir, il n’avait jamais vu la tête du colosse quelque part en ville. « Vas-y vous approchez pas les deux connards ! Je vois ce que vous faites !! Vous voulez vous battre c’est ça !!! Vous voulez me voler mon portefeuille, c'est ça ? Au voleur !! Ils veulent me dépouiller ! » hurla-t-il. « Chuuut, tu vas réveiller tout le quartier ! » Ben évita de rajouter un "t'es con ou quoi ?" qui lui brulait les lèvres pour ne pas mettre en colère le colosse.

Ben restait au même niveau que Miles, la situation était effectivement un peu compliquée, là-dessus Buck recommença à grogner. « Et toi, tu fais taire ton clébard ! » ajouta le saoulard en direction du chien. La phrase de trop, Buck aboya contre l’ivrogne ce qui n’arrangea pas la tension de la situation. Même si la présence de l'animal avait peut-être tendance à aggraver les choses, Ben se sentait étrangement soutenu et restait calme malgré la stature impressionnante de l’homme en face d'eux. « Il se calmera, si tu te calmes. » dit-t-il en faisant un geste d’apaisement qu'il pensait vain. Ce mec était évidemment fortement aviné et c'est difficilement qu'il tenait debout. « Ouais, ça va, tu fermes ta gueule ! » Okay, ça c'était gratuit mais il semblait se calmer. « Mais toi t’appelle personne avec ton putain de téléphone ! » ajouta l’homme en désignant Miles du doigt.