Londres 2000
Encore. Lâche-t-il en plantant sa règle dans ses omoplates. Elle grimace, ne dit rien, encaisse. Elle le sait, c’est pour son bien. Elle doit être excellente, meilleure que sa sœur, rien que pour ça, elle se pliera à ses exigences. Ca lui fait mal de l’accepter mais c’est pour son bien. Enfin, elle croit. Le cours se termine, elle se masse le dos avant de poser son violon. Elle hoche la tête pendant que son professeur fait le bilan de la séance. Peu mieux faire, beaucoup de progrès encore. Leila encaisse, elle pourrait pleurer, elle va pleurer mais pas là, pas devant sa sœur qui la regarde avec un sourire en coin, pas avec ses parents qui acquiescent les paroles de son professeur. Elle attend qu’ils partent tous et là, elle laisse les larmes couler. Elle déteste être faible. Eliza n’est jamais faible, elle excelle tout le temps, c’est agaçant ! Ses parents ne cessent de la comparer à elle. Elle serre les poings et promet qu’un jour, elle sera meilleure. Alors elle reprend son violon et se remet à jouer pendant de longues heures. Si bien que c’est son petit frère âgé de deux ans qui finit par venir la chercher pour manger. Andy est son chouchou, pour lui, elle est au petit soin du haut de ses douze ans. Pour lui, elle serait prête à tout.
Leila retourne jouer ensuite, tant pis pour ses doigts, tant pis si demain elle est fatiguée à l’école, elle veut que ce morceau soit parfait pour la prochaine fois. Elle en a marre des coups de règle, qu’on la reprenne. Leila veut devenir meilleure. Sa sœur finit par la rejoindre et sourit espièglement en la voyant s’acharner sur ses cordes.[color:b1a7=#pink] « Arrête, tu ne seras jamais plus forte que moi, tu le sais. » Ca fait mal mais elle encaisse, après tout, elle ne peut pas dire le contraire. Pour l’instant, Eliza est la plus forte des deux, oui. « Un jour, Eliza. Je te dépasserais. Mon nom sera reconnu et toi… toi, tu tomberas dans l’oubli. » Elle crache ces mots avec une violence qu’on ne lui connaît pas. Eliza recule, les yeux ronds, outrée par les propos de sa petite sœur. Leila se redresse, se met droite et lui passe devant sans rien ajouter. Elle a la hargne, elle veut la dépasser. Cette phrase n’était qu’un avertissement.


Londres : 2005
Elle rentre du lycée, contente de sa journée. Leila est la première dans son groupe de musique, elle est toute joyeuse. Pour une fois qu’elle excelle quelque part ! Les autres matières elle n’a pas trop de problème mais là ! La musique, son option ! Elle est première. Eliza n’a jamais terminé première même avec un professeur, elle a hâte de pouvoir leur dire à tous. Leila s’arrête à la boîte aux lettres et prend le courrier, elle regarde les destinataires et tique en voyant écrit le prénom et nom de sa sœur. Elle n’est pas fière mais Leila décide de regarder qui s’adresse à elle. Elle rentre à la maison, salue son petit frère et file dans sa chambre pour pouvoir ouvrir la lettre tranquillement. C’est une invitation à un concours d’entrée pour une école prestigieuse de musique. Son cœur se serre. Encore tout pour elle. Quand est-ce qu’on la verra, mince ! Leila garde la lettre, redescend voir ses parents et agit comme si de rien n’était. Non elle n’a pas été au courrier, non elle n’a pas vu de lettre pour sa sœur, pourquoi ? Leila joue bien la comédie, elle ne se connaissait pas ce talent. Elle remonte dans sa chambre et décide de modifier la date, elle dessine simplement un huit à la place du six. Elle fait ça correctement, sans accrocs, on n’y voit que du feu. Attrapant son violon, Leila prétexte aller réviser avec ses amis pour la soirée. Ce qui est le cas, au passage, elle déposera la lettre dans la boîte au retour. Sa sœur aura la surprise le lendemain.
Eliza rentre furieuse, en colère, prête à tout envoyer valser. Leila redresse la tête, feint un sourire avant de se reprendre. Elle a loupé l’audition. Dommage. Apparemment, c’était le six et non le huit. Mince alors… ils se sont trompés ? Leila lui sort qu’elle est désolée pour elle, que c’est vraiment incroyable qu’ils se soient trompés pour elle. Pas de bol quoi. Leila retourne dans sa chambre, un sourire aux lèvres, fière de son coup. Par contre, elle ne s’attend pas à voir sa mère débarquer quelques heures plus tard, le mine sévère suivit par son père. Ca pue les ennuis. Ils savent. Voilà ce qu’ils lui disent. Ils savent et ne diront rien. Ouf ! Elle se détend. Mais ce n’est pas tout ! Elle devra être la meilleure, entrer au conservatoire de Londres sinon… elle ira en pensionnat, adieu la musique. Elle hoche la tête, pour le coup, sa petite vengeance a un goût amer. Ca se retourne encore contre elle. Mais elle accepte, elle fera tout pour être major de promo, terminer première et intégrer le conservatoire de Londres. Elle n’a pas le choix.


Londres : 2008
Trois ans qu’elle étudie pour être la meilleure. Elle y est presque. Le violon est devenu une extension de son corps, de son âme. Leila vit violon, vit musique et elle ne s’en lasse pas. Ses notes ne sont pas mauvaises, plutôt bonnes même. Ses parents sont fiers, ils lui disent enfin ! La brune est remontée à bloc, prête à en découdre pour la suite. On l’invite à une soirée, elle accepte après avoir posé la question à ses parents. Parce que oui, elle a beau être majeure et vaccinée, Leila ne fait pas ce qu’elle souhaite. Eduquée de façon très catholique et stricte, elle ne peut pas sortir n’importe quand et avec n’importe qui, voyons ! Parfois, elle a l’impression de vivre dans l’ancien temps… cependant, elle a fait une promesse à ses parents et ne compte pas la briser. Elle doit être la meilleure. Tout le temps. Ses parents acceptent qu’elle sorte mais prière de rentrer avant deux heures du matin. Exceptionnel ! Parce que c’est le week-end. Alors Leila profite, danse, chante, boit, se libère. Peu de personnes la connaissent ainsi mais elle est ivre de bonheur et de joie, Leila. Elle ne demande qu’à vivre la vie pleinement, à profiter comme si chaque seconde était la dernière. Puis elle voit ses yeux, son regard l’interpelle, l’attire. Leila se laisse convaincre. Stanley, elle l’entend crier son nom à son oreille. La musique les rend sourd, elle rit car elle ne comprend pas ce qu’il dit. Alors elle le suit près du bar et elle tombe sous le charme. Stan est parfait, l’allure distinguée, propre sur lui. Leila se laisse séduire mais n’ira pas plus loin qu’une caresse sur sa main. Après tout, elle suit l’enseignement de ses parents, pas question de faire quoi que ce soit de non catholique en public…
Elle le revoit quelques jours plus tard, au même endroit. Elle demande à ses amis de les laisser pour qu’elle puisse mieux le découvrir, apprendre à le connaître. Stanley est un peu plus âgé qu’elle, seulement quatre ans de plus, il est chef d’équipe dans une boîte de communication, ça lui va bien. Il est doux, attentionné, aux petits soins avec elle. Pour ses potes, il est presque trop parfait. Leila les ignore, pour une fois, on s’intéresse à elle. Ca ne lui enlève pas cette volonté d’étudier, de se donner à fond pendant les cours. Un voyage est organisé dans quelques jours pour aller se produire à Sydney. Rien que ça ! L’excitation est à son comble. Ses parents sont ravis, Stan fait la grise mine. Elle lui promet de ne pas l’oublier pendant cette semaine, qu’elle pensera fort à lui. Leila choisirait la musique à l’amour, ça elle ne lui a pas dit, mais au fond, c’est ce qu’elle fait.
Elle a passé la semaine la plus merveilleuse de sa vie, jouer dans plusieurs concerts avec d’autres élèves, d’autres musiques. D’autres passionnés. Leila a vécu un doux rêve et le retour à la réalité est assez violent. Elle retrouve sa famille, sa sœur aigrie et son petit Andy adorable. Andy qui grandit et qui développe un don pour le piano, elle l’aide, le pousse à s’améliorer mais il faut aussi qu’il s’amuse, qu’il vive sa vie d’enfant.
Stanley l’attend au bar habituel, plutôt heureux de la voir, il la couvre de baisers et Leila se sent rougir. Il y a trop de monde, trop de spectateur. Pas question de se donner en public. Oui mais bon… il aimerait un peu plus, lui. A vrai dire, Leila aussi. Alors elle succombe totalement à ses avances. Elle le suit chez lui, se laisse déshabiller, il possède son corps, la touche, l’embrasse, elle se laisse faire, subit complètement mais en acceptant. Leila se laisse emporter par la flamme qui nait en elle, ce feu au creux de son bas ventre, elle en veut plus. Elle le demande, alors il finit par la posséder corporellement, il lui fait l’amour avec douceur mais aussi ardeur. Leila ne se plaint pas, elle apprécie, se sent voler, atteint le septième ciel. Essoufflée, brisée physiquement par son endurance, elle s’endort dans ses bras le sourire aux lèvres. Voilà qui pourrait la faire réfléchir sur son choix entre l’amour et la musique.


Londres 2010
Deux ans qu’ils sont ensembles, qu’ils vivent un parfait amour. Leila est bientôt arrivée à terme de ses études, elle espère être major de promo. Ces derniers temps, il lui est difficile de réviser sereinement. Stanley est toujours après elle, à lui demander ce qu’elle fait. Pourquoi tu révises ? Ca ne sert à rien, tu es la meilleure. Oui, mais elle doit être meilleure que meilleure. C’est le deal. Alors elle délaisse un peu ses cours pour lui faire plaisir mais elle préférait aller étudier. Sa sœur ne comprend pas, lui dit qu’elle a de la chance de pouvoir vivre une histoire comme la sienne, qu’il faudrait être bête pour ne pas voir que Stanley est un bon parti. Oui mais, elle, elle s’en fout… Ce qu’elle veut, c’est réussir son année pour entrer au niveau supérieur, intégrer un conservatoire et exceller au violon. Elle ronge son frein et passe plus de temps avec son copain. Il la chérit, l’emmène en week-end, l’attend à la sortie de ses cours. Elle ne voit presque plus ses amis. Et alors ? Lui, lui suffit amplement !


Londres 2012
C’est trop, Leila ne veut plus se sentir oppressée par Stanley, elle compte le lui dire, devant ses parents ! Ils comprendront, eux, vu qu’ils veuillent qu’elle se concentre sur ses études. Enfin, sa mère serait capable de changer d’avis tellement elle idolâtre son « gendre ». Leila soupire, en attendant, elle va avec Andy, il lui montre ses progrès en piano. Il est vraiment très doué, elle espère qu’il réussira à obtenir une bourse pour aller dans une école spécialisée. Il le mérite. Leila entend sa sœur discuter, elle reconnaît la voix de son copain. Elle lève les yeux au ciel, franchement… Elle se dit qu’au fond, ils iraient plutôt bien ensemble. Ca ne la choquerait pas de voir Eliza lui choper son mec sous ses yeux, c’est bien son genre. Elle ne va pas écouter, ce n’est pas son truc d’aller espionner les gens. Puis elle passe un trop bon moment avec Andy, elle décide d’ailleurs de l’accompagner au violon et voilà qu’ils sont partis à jouer en duo pour le plaisir de leurs parents. A la fin de cette soirée, elle est prête à dire à sa mère que Stan l’oppresse qu’elle voit plus beaucoup de monde et qu’elle sort peu. Mais elle n’a pas le temps de dire quoi que ce soit, Stanley se pointe devant elle, pose un genou à terre et là… c’est le drame, pour Leila. « Veux-tu m’épouser, Leila Maggie Andrews ? » Ses yeux rencontrent les siens, pétillants d’amour mais avec une pointe d’un quelque chose qu’elle n’arrive pas à déceler. Elle ne répond rien, balbutie qu’il faut qu’elle aille aux toilettes. Elle s’enferme, se regarde dans le miroir et se retient de crier ! Merde ! Ce n’était pas le plan, le plan était qu’elle devait retrouver sa liberté par vivre au crochet de Stanley. Elle repense aux paroles de sa sœur. Oui, elle a de la chance, elle ne pourrait pas rêver mieux. D’ailleurs, Eliza se présente, demande à entrer. Leila attend quelques secondes, se reprend et lui ouvre, le regard vide. « Oh, ma chérie. Tu sais… Stanley est merveilleux, tu ne peux pas rêver mieux ! Il te comblera de bonheur. » Dit-elle pour la persuader. Et ça fonctionne, Leila se laisse bercer par ses mots, sa mère arrive et en rajoute une couche. Et ses études alors ? T’en fais pas, ma fille, Stanley te laissera poursuivre. Ou pas. Ce soir là, elle ne répondra pas à la demande en mariage de Stanley, elle attendra le week-end suivant pour lui répondre, lui dire oui. Au fond, elle aurait dû s’écouter… toujours écouter sa petite voix, et la sienne lui disait de dire non.


Londres : 2015
« Stan, je t’ai dit non ! » Dit-elle en le repoussant alors qu’il devient trop entreprenant. Elle remet en place son t-shirt et attrape son violon. « J’ai cours ce soir. » Lâche-t-elle en lui tournant le dos et claquant la porte d’entrée. Elle est avec un petit groupe de jeunes qui composent et jouent pour le plaisir. Depuis l’année dernière, Leila a laissé tomber ses études. Ce n’était pas compatible avec le mode de vie de Stanley. Elle l’a regretté dès qu’elle a donné sa lettre. Le regard de son professeur ne l’a pas aidé à garder la tête haute. Leila n’obtiendra donc jamais son diplôme du niveau supérieur. Elle n’ira jamais jouer dans un orchestre, ne deviendra pas plus célèbre que sa sœur ne l’est. La honte s’est acharnée sur elle, préférant se réfugier chez « elle ». Leila a délaissé la musique quelques mois avant de reprendre, de trouver ce petit groupe où elle reprend goût à la musique. Ca lui permet d’échapper aux griffes de Stanley, toujours présent, oppressant. Il ne cesse de lui demander quand est-ce qu’ils vont se marier. Un jour, pas tout de suite. Pas les moyens et pour une fois, ses parents ne disent pas oui. Leila doit trouver un emploi, quelque chose de stable. Alors elle fait tout pour ne rien trouver, quitte ses boulots, trouve des excuses. Stanley tique, commence à douter, elle s’adoucit quand il s’énerve, accepte ses baisers et ses caresses pour qu’il se calme. Ce soir, elle reste plus longtemps, elle n’a pas vu le temps passer, elle s’est laissée absorber par la musique. Elle a aussi discuté avec les membres et promet de les revoir la semaine prochaine. Ou pas.
Stanley l’attend de pied ferme, l’attrape par le poignet et la plaque contre le mur. « T’étais où, putain ? » Elle se sent terrorrisée, elle ne bouge plus de peur de recevoir un coup. C’est la première fois qu’il se met aussi en colère. Elle prend sur elle, se redresse et lui tient tête. Mauvaise idée. « Il s’appelle comment ? » Elle ouvre la bouche et rigole avant de recevoir une claque qui la fait taire immédiatement. Elle est sonnée, porte sa main à sa joue et se décale de peur de recevoir une autre claque. « Je n’ai pas vu le temps passé, Stanley… tu sais comment je suis quand je joue. J’étais juste en train de jouer. Il n’y a personne d’autre. » Elle parle doucement, prend soin d’utiliser les bons mots de peur de mettre de nouveau en colère. Il ricane et lui balance qu’Eliza les a vu avec un autre en train de se bécoter. La saloperie. Le regard de Leila devient noir, elle s’est vengée à son tour. Elle sait à présent qu’Eliza a su pour la lettre quelques années plus tôt. Elle ne répond rien, disparaît dans la salle de bain et regarde son visage abîmée. Elle ne sortira pas les deux prochaines semaines, ne répondra à personne puisqu’il lui aura pris son téléphone. Depuis ce jour, sa vie est devenue un enfer.


Connecticut : 2019
« Aller, c’est ta chance, notre chance Leila ! » Elle les a rejoints en secret, parce que s’il savait, un autre coup tomberait. Leila est habillée trop chaudement pour un début d’été. La faute aux bleus, pas question qu’on les voit. Ceux sur le visage, elle les explique en étant tombée de l’escalier, elle s’est prise les pieds dans un drap… ses amis ne sont pas dupes mais ne disent rien. Après tout, elle continue de venir au risque de se prendre des coups. Sa vie sexuelle, n’en parlons pas… elle subit ses excès d’envie. Elle ne parlera pas de viol parce qu’elle est consentante, il lui demande toujours, elle dit toujours oui. Parce que si elle dit non, elle reçoit un coup. Quitte à morfler autant que ce soit par le sexe parce qu’elle peut y participer. Alors quand on lui a parlé d’un concours ouvert à des groupes étrangers au Conservatoire du Connecticut, elle a dit oui. Puis non. Elle sait que si elle part, il fera tout pour la retrouver. Elle a juste peur, peur de subir, encore. Qu’il la retrouve et que cette fois, ça soit la bonne. Le car est là, prêt à partir pour l’aéroport, son violon à la main, elle finit par suivre ses amis. Elle ne regrettera jamais ce choix.
Elle arrive aux Etats Unis, dépaysée, son téléphone n’a cessé de sonner, le prénom de Stanley s’affichant à chaque fois. Andy aussi. Un pincement au cœur survient quand elle voit afficher son nom. Son pauvre petit frère. Elle ferme les yeux, les rouvre et finit par éteindre son téléphone pour le casser et le mettre à la poubelle. Pas question qu’on la retrouve, ni même qu’on lui brise son rêve. Pour Stan, elle a arrêté ses études, pour ses parents elle a tout donné. Là, elle veut juste vivre pour elle, réussir quelque chose à elle.
Alors Leila s’attèle à la tâche, joue avec ses amis pour le plaisir, se sent possédée par la musique. Elle vibre en même temps que les notes sortent de son violon, les yeux fermés pour apprécier plus encore le son de tous les instruments qui l’entourent. Leila vit sa musique, décontractée, détendue, elle a un visage si doux et tendre à ce moment-là. Une larme finit par couler quand ils firent leur morceau, elle n’avait plus ressenti cette émotion depuis si longtemps… Elle se sent de nouveau vivante, en vie !
Edwin. Elle lui en sera éternellement reconnaissante. Un homme charmant, plutôt beau gosse avouons-le viendra lui parler, la féliciter. Wouah… elle n’en revient pas qu’on puisse venir la voir pour lui dire ce genre de chose. Elle ne gagnera pas le concours ce soir là mais elle gagnera sa liberté. Par Edwin, elle vivra de nouveau librement. Par lui, elle finira par fuir sa vie d’avant. Par lui, elle pourra exercer la musique et sortir comme bon lui semble. Mais au prix d’un mariage. Elle dira oui, pour sa liberté, parce qu’Edwin la sauve d’une vie sans goût, sombre et triste. Elle dira oui au risque de vivre éternellement dans le mensonge.


Redwood Hills : début 2020
Elle est sûre, c’est maintenant ! Leila se retient de crier, elle va le chercher, Edwin qui dort paisiblement dans son lit. « Edwin… » Pas de réaction, une autre… Aïe ! Elle le secoue et il ouvre enfin les yeux. « Je veux pas faire dans le cliché, mais c’est maintenant ! » Elle crie enfin car ça fait mal bordel ! Elle se souviendra à jamais de la tête d’Edwin à ce moment-là, le branle-bas de combat pour atteindre l’hôpital le plus proche. Leila montrera que très peu sa douleur, agrippant la main du brun du début à la fin. C’est votre mari ? Qu’on lui demande. Non un ami. Mais il reste, il n’a pas le choix, elle ne peut pas faire ça seule. Margaret Andrews naît en pleine nuit, le 16 février 2020. En hiver, la plus belle des saisons pour sa mère. C’est un bon signe. Margaret. May pour les intimes. La plus belle chose qui lui soit arrivée dans son malheur. Voilà qu’ils forment une famille. Bancale. Mais une famille. Edwin n’est pas le père de May mais c’est tout comme. Leila est mariée à Edwin pour sa sécurité. Ils sont trois. Trois à vivre chez Edwin comme une famille les jours pluvieux ou ensoleillés ils font des activités, sortent. Aux yeux de la famille Stanhope, Leila est une amie qui vit chez Edwin, ils font une colocation. S’ils apprenaient la vérité, pas sûr que Leila soit vraiment bien vue par la famille.

Redwood Hills : 2024
Leila rentre du travail, depuis peu elle travaille chez le frère d’Edwin, elle remplace une fille partie précédemment. Ca lui va à Leila, elle peut enfin faire ce qu’elle souhaite. Quatre ans ont passé depuis qu’elle a fui son passé. Parfois, elle se demande si on la cherche, si on essaie de la contacter par un quelconque moyen. Elle sait que non. La seule fois qu’elle les a eus au téléphone, c’était en partant du Connecticut. Oui, je vais bien. Non, je ne reviendrais pas. Stanley ? Une pourriture. Embrasser Andy pour moi. Elle y pense souvent, à son petit frère. Elle lui écrit aussi régulièrement, gardant les lettres. Peut être qu’un jour, elle osera les poster, osera demander à Edwin d’en envoyer une. En parlant de ce dernier, il est plutôt morose ces derniers temps, triste même. May essaie de lui remonter le moral mais c’est difficile. Elle le remercie intérieurement de ne pas la délaisser cependant. La petite a besoin de lui, elle le voit de plus en plus. Elle voit bien que Margaret est en train de voir en Edwin le père qu’elle n’a pas eu et ça lui fend le cœur quand elle s’en rend compte. Mais elle peut compter sur le brun pour assurer le coup. C’est pour ça qu’elle ne le bouscule pas en le voyant si triste, il ne parle pas ou peu, préfère se renfermer sur lui-même. Leila se dit qu’elle pourrait peut être lui proposer de jouer ensemble, ça pourrait lui faire du bien ? Ou alors sortir ensemble quelque part ?
Leila vit une autre vie depuis quatre ans, elle vit de nouveau pleinement, profitant de chaque moment comme si c’était le dernier. Le violon fait de nouveau partit de sa vie entièrement, jouant des heures que ce soit dans sa chambre, pour sa fille ou en compagnie d’Edwin au piano. Elle donne même quelques cours à des jeunes qui veulent essayer d’en jouer pour le plaisir. Leila mène une vie assez banale mais ça lui va. Tant qu’on ne lui pose pas de questions sur son passé ou sa vie avec Edwin, tout va bien.