Bla-bla-bla

Luzia & Eugen l'incruste

Durant les repas de famille où sa petite sœur était présente, Eugen était devenu… Silencieux. Il ne voulait en aucun cas créer un énième conflit et surtout, il ne voulait pas que leur maman soit témoin de l’animosité qu’ils pouvaient y avoir encore entre eux. De toute façon, Luzia n’avait jamais rien de bien intéressant à raconter, à part qu’elle était la meilleure et la plus belle. Que du bla-bla-bla qu’Eugen n’écoutait plus, en se contentant de sourire, lorsque son regard croisait celui de sa mère. Enfin, c’était sans compter, les piques que sa petite sœur pouvait lui envoyer, alors il répondit très calmement.

- Mais non, maman, elle a raison. La semaine dernière, nous avons fait des gâteaux de Noël au home. Tu sais, pour le petit marché qui a eu lieu, le samedi d’après.

Leur mère acquiesça, Eugen était venu la chercher et elle avait passé l’après-midi avec son mari à boire du chocolat chaud, tout en mangeant des biscuits de Noël. Tournant ensuite son regard vers Luzia, il ajouta :

- Elle s’appelle bien Lena et je crois que papa l’apprécie beaucoup.

Histoire de rendre un peu jalouse sa petite sœur, même si c’était en partie la vérité, puisque l’idée même de rapprocher Eugen de Lena, venait en partie d’une idée qu’avait eue son père, un après-midi où il s’ennuyait avec son ami. Eugen observa ensuite la scène, sa mère répondre au téléphone et Luzia sautait sur l’occasion comme si elle allait livrer Brad Pitt en personne.

- Vraiment ? Tu n’as pas cours ? C’est juste pour l’après-midi ? Un prof n’est pas là, peut-être ?

Un faux sourire prit forme sur les lèvres d’Eugen, alors qu’il fixait Luzia. Il était tenté de tout dire à leur mère, mais ce n’était pas à lui de le faire, bien qu’il savait que sa petite sœur saurait pencher l’affaire à son avantage, en lui mettant tout sur le dos. Il l’entendait d’ici dire quelque chose comme « Eugen était au courant, mais il n’a même pas voulu m’aider. ». Reprenant un visage neutre, il ajouta :

- Qu’est-ce qui t’intéresse tant chez Benny Cartwright ?

Eugen le connaissait vaguement, parce qu’il venait régulièrement acheter des produits à la boutique. Il ne le connaissait pas personnellement, mais il saurait sans nul doute le reconnaître dans la rue. Et puis, c’était impossible que Luzia veuille les aider juste pour aider. Leur maman prit à son tour la parole.

- C’était le professeur de Luzia, au lycée. Un très charmant Monsieur qui lui a beaucoup appris.

Cette fois Eugen pouffa de rire avant de regarder Luzia.

- Je comprends mieux, merci en tous les cas. Peu importe tes motivations, j’apprécie l’aide que tu nous apportes.

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Bla-bla-bla

Luzia & Eugen l'incruste

Eugen avait appris la subtilité, par contre Luzia… Elle avait encore beaucoup à apprendre. Après tout, il ne faisait que répondre à ses piques, par d’autres piques. Eugen semblait vouloir pourtant faire des efforts, mais visiblement ce n’était pas le cas de sa petite sœur.

- Oui, demande-lui, la prochaine fois que tu passes au home.

Il lui aurait bien fait un clin d’œil pour appuyer ses mots, mais leur maman les regarder à tour de rôle, surveillant cette joute verbale entre ses deux enfants chéris. Sauf que, cette histoire de professeur fit un peu rire Eugen, mais ça avait été plus fort que lui, après tout, Luzia cachait un énorme secret, et c’était probablement en partie pour ça qu’elle était infecte avec Eugen. Parce que lui, il savait la vérité. Pourtant, elle aurait pu y voir un avantage et lui en parler ou lui demander conseil. Après tout, il restait son frère et il souhaitait son bonheur, mais dès qu’il abordait le sujet, elle se refermait comme une huître en hurlant qu’il n’aurait jamais dû ouvrir ce courrier. Luzia se remit à parler et il ne préféra rien ajouté. Leur maman le scruta d’un regard accusateur après son départ.

- Quoi ? Que tu le veuilles ou non, ce n’est plus une petite princesse qu'il faut sur protéger. Le monde extérieur est hostile, et puis, dès que je lui parle, elle se braque.

Tout d’un coup, lui aussi se retrouva avec l’appétit coupé.

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Luzia & Benny

Benny n’était pas du genre à commander ou à prévoir des choses. Il faisait toujours des cadeaux de dernières minutes et il avait du mal à suivre le cursus normal d’une journée. On peut dire qu’il mangeait quand il avait faim et il dormait quand il avait envie de dormir, sans se soucier de l’heure par exemple. Par contre, sa sœur, elle pensait toujours à lui et même si elle n’habitait plus avec lui depuis un certain temps maintenant, il lui arrivait d’envoyer ce genre de petites attentions surprises. C’est donc avec un certain enthousiasme qu’il ouvra la porte d’entrée découvrant le carton entre les mains de Luzia.

- Oh, bonjour Luzia ! Ça faisait longtemps.

Parce que depuis qu’Eugen était de retour à la tête de leur famille, Benny n’avait plus vu la jeune femme à la cabane à sucre. Bon il n’était pas non plus un habitué, mais il s’y rendait au moins une fois par mois, quand une envie de sucre lui prenait. Benny se mit ensuite à rire.

- Ah, je ne me permettrais jamais de dire que tu étais mon élève préférée… mais j’ai de bons souvenirs de toi.

Puis avec sa bienveillance habituelle, il fit un clin d’œil à la jeune femme avant de réceptionner le carton dans ses bras. Regardant rapidement son contenu, il comprit tout de suite que cela venait de sa sœur jumelle en découvrant ces petits cônes au sirop d’érable qu’il aime tant.

- Oui ça va bien et toi ? Tu veux entrer pour boire quelque chose ?

Fronçant légèrement les yeux en faisant mine de réfléchir, il ajouta :

- Je dois avoir du liquide quelque part pour la course.

Parce que sa sœur avait déjà sûrement réglé la facture, mais ça lui semblait important de remercier Luzia.

- Alors que deviens-tu ? J’ai croisé ta maman, il y a quelque temps déjà, elle m’a dit que tu avais opté pour la fac, c’est bien ça ?

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Luzia & Benny

Benny invita avec plaisir, son ancienne élève a entré chez lui. De l’extérieur, c’était une petite maison qui ne payait pas de mine. Il faut dire qu’elle était à Redwood Hills depuis belle lurette et que sa propriétaire tenait à ce qu’elle reste ainsi. L’intérieur était à l’image de Benny avec la présence de beaucoup de couleurs qui faisaient en réalité un peu tâche avec les vieux meubles en bois de la cuisine par exemple, mais cela ne déranger en rien le professeur qui aimait vivre ici. Honnêtement, il avait les moyens de vivre dans mieux, il pourrait même ouvrir un petit prêt pour avoir la propre maison, mais il était trop nostalgique de ses premières années ici, avec sa sœur, quand ils furent enfin indépendants. Refermant la porte derrière Luzia, il réfléchissait déjà où il avait déposé un billet de dix dollars, la veille au soir, quand elle le coupa dans sa réflexion en lui disant qu’un thé ou de l’eau suffirait. Un large sourire prit forme sur la bouche de Benny.

- D’accord partons sur un thé.

Luzia n’allait pas être déçu, car Benny avait un large choix de thé en tout genre. Il se rendit dans la cuisine, qui était ouverte sur le salon, pour y faire bouillir de l’eau et sortir tout son attirail sur un plateau. Il opta pour deux tasses dont l’une représentant une marmotte, elle-même en train de boire un thé et l’autre était supportrice des Catamounts du Vermont, plus particulièrement de l’équipe du hockey sur glace. Sport dont il s’était découvert une passion récente. Pendant ce temps-là, Benny lui posa quelques questions sur ses études, c’était un peu de circonstance. En écoutant les réponses de Luzia, il fronça légèrement les sourcils.

- Je croyais que tu aimais l’art ? La danse, non ?

Dans ses souvenirs, Luzia lui avait parlé de cette passion qu’elle avait pour la danse et honnêtement, il ne voyait pas vraiment le lien avec un cursus vétérinaire ou aérien, mais peut-être que la jeune femme avait changé d’idée, c’était plutôt courant chez les adolescents. Tout le monde n’était pas comme Benny, à suivre ce que disait le conseiller d’orientation sous prétexte que c’était trop difficile de choisir lui-même son avenir. En soi, il avait tapé juste avec Benny, mais peut-être qu’il aurait fait un bon bûcheron ou un excellent mécanicien… On ne le saura jamais. Benny apporte quelques minutes après le plateau avec tout le nécessaire pour le thé, le posant sur la table du salon. Il prit place à côté de Luzia sur le canapé.

- Vas-y, sert toi.

Choisissant lui-même un thé, il le mit dans la tasse des Catamounts, puis il ajouta un sucre et de l’eau chaude, avant de reprendre la parole.

- Pourquoi, je serais déçu ? Tout dépend de pourquoi tu as arrêté tes études, si tu as un autre but derrière, alors c’est une bonne chose. Il est inutile de rester dans un cursus qui ne te convient pas, parce que de toute évidence, ça ne te servira pas dans ta vie future.

Benny fronça ensuite légèrement les yeux, tout en réfléchissant.

- Par contre, pourquoi le cacher à ta mère ? Elle pourrait probablement t’aider à y voir plus clair, non ?

De son côté, il aurait tout donné pour pouvoir parler à sa mère encore une fois en lui parlant de ses craintes et de ses peurs pour l’avenir, mais il n’avait jamais pu le faire et ça le rendait triste à chaque fois qu’il y pensait.

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Luzia & Benny

Un sourire se dessina sur le visage de Benny, heureux de constater que sa mémoire ne lui faisait pas défaut. Il faut dire qu’il donnait autant d’attention que possible à ses élèves, car c’était important pour lui, qu’ils se sentent importants à leur tour. Et même si certains d’entre eux n’en avaient rien à faire, il était évidant qu’à contrario, ça en aidait d’autres, comme Luzia. Tout en préparant son thé, Benny écoutait d’une oreille attentive ce que lui disait Luzia, avant de lui répondre.

- Je comprends, ce n’est vraiment pas une décision facile à prendre. C’est normal que tu appréhendes la réaction de tes proches, mais tu dois leur montrer à quel point tu es déterminée, histoire qu’ils n’essayent pas de te faire changer d’avis. Tu donnes des spectacles ? Peut-être qu’ils pourraient venir te voir ?

L’art était toujours un domaine où les gens pouvaient se montrer « frileux » dans le sens où il était difficile de percer, peu importe le domaine choisi. Après, ça semblait réalise de pouvoir en vivre, même si on ne devenait pas riche par ce biais. Certaines personnes préfèrent vivre simplement, mais au travers de leur art, que de devenir riche à tout prix.

- Tu as essayé d’en parler avec ton frère ? Je suis sûr qu’il est peut-être un peu vexé de l’avoir appris via ton courrier, mais qu’il comprendrait la situation, non ?

Après tout, ça reste son frère. Lui-même avait des relations un peu complexes avec son aîné, mais Donny n’en restait pas moins son grand frère et au final, il ne l’avait jamais laissé tomber, pourtant Benny n’était pas toujours un cadeau. Benny n’eut pas besoin de réfléchir longtemps pour répondre à Luzia.

- Mon exemple n’est pas vraiment à suivre…

Son regard croisa celui de Luzia, et il se remit à parler.

- Je ne savais pas vraiment quoi faire de ma vie. Honnêtement, j’en avais un peu rien à faire, alors j’ai vu un conseiller d’orientation qui m’a expliqué que mes notes en littérature anglaise étaient très bonnes. C’est vrai, j’ai toujours aimé ça et je n’ai aucune explication à ça. Il m’a dit qu’il me verrait bien comme professeur, que j’avais ce truc qui ferait peut-être la différence et je l’ai cru. Ma famille s’en fichait, tant que je faisais quelque chose de ma vie et qu’ils ne m’avaient plus dans les pattes.

Benny pensait en particulier à son père qui avait refait sa vie et son frère aîné qui ne supportait plus vraiment de l’avoir en tant que colocataire. Benny avait quelque part cette chance, d’avoir une certaine facilité à retenir des informations dès que le domaine abordé lui plaisait. Alors, ça avait été plutôt facile pour lui d’obtenir son diplôme et d’ensuite mettre le tout en pratique. Son seul problème était de ne pas louper le réveil pour arriver en cours à l’heure, mais ça restait tout de même Benny.

- Ma sœur m’a beaucoup soutenu, c’est vrai, surtout quand j’ai passé ma validation pour devenir titulaire. Ça m’a beaucoup aidé.

Il pensa ensuite à quelque chose, et Benny reprit la parole.

- Ma sœur a toujours aimé la danse, et elle danse merveilleusement bien. Et il y a quelques mois, elle m’a emmené à un cours, je me suis pris d’affection pour la danse contemporaine. Bien sûr, je n’en ferais pas mon métier, mais je peux comprendre que ça soit ton rêve. Tu devrais aller jusqu’au bout et je suis sûr que tu peux prouver à tout le monde que c’est le meilleur choix pour toi. De toute manière, de quoi as-tu peur ? Personne ne pourra te forcer à aller à la fac...

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