Juin 2018
Quelle idée elle avait eu d’invité celui qu’elle avait embauché pour faire sa maison… Lizzie se pinça les lèvres, se regarda dans le miroir, soupira et se dit oui, elle avait fait le bon choix. La brunette était prête à passer à autre chose, à se donner la chance de vivre un nouvel amour avec une autre personne. Bizarrement, elle se sentait bien en la présence de Benedict, elle respirait et était heureuse. Ce n’était que son chef de chantier mais tout de même. Elle avait ressenti une attirance immédiate. Digne d’un livre à l’eau de rose, ridicule non ? Lizzie avait lancé ça comme ça : « Je vous invite chez moi demain soir, fêter cette fin de chantier. » Mais qui invite le maître d’œuvre ? Personne. En même temps, il l’avait bien invité à boire un verre. Au pire, ils ne feraient que manger et ils passeraient une bonne soirée. Au mieux… Non, Liz préférait ne pas se faire de fausses idées. Elle avait les mains moites, depuis quand n’avait-elle pas eu cette sensation ? Son cœur se serra quelques instants et secoua la tête pour ne pas y penser. Un soupir, elle lissa son haut blanc ainsi que son pantalon noir et retourna dans sa cuisine flambant neuve. Parfait, tout y était… Il emmenait le vin et le dessert. Elle avait préparé un repas simple, elle espérait que ça plairait. Enfin, de toute façon, la brune ne pouvait plus faire grand-chose puisque l’heure à laquelle il devait arriver venait de sonner. Lizzie inspecta une dernière fois ses cheveux lâchés sur ses épaules et essaya de se relâcher pour ne pas avoir l’air tendu. Ca faisait si longtemps qu’elle n’avait pas eu ce genre de rendez-vous. Aller Liz ! La jeune femme attendit quelques secondes avant d’aller ouvrir quand elle entendit toquer. Il ne fallait pas qu’elle passe pour la fille hyper pressée de le voir quand même, ça restait une relation professionnelle.
Elle ouvrit la porte et sourit, immédiatement. Son cœur dérapa et elle cligna des yeux un peu trop vite. Ses joues s’enflammèrent. Ridicule. Une vraie collégienne, elle aurait pu se donner des claques là tout de suite ! Lizzie s’effaça de la porte d’entrée et fit signe à Benedict de rentrer. « Bonsoir Benedict, je vous en prie. » Dit-elle en refermant la porte derrière eux. C’était vraiment bizarre. En plus, ils étaient toujours au vouvoiement, Liz n’avait pas réussi à lui demander s’il pouvait se tutoyer, elle trouvait ça trop… rapide. « Vous allez bien ? » Elle le regarda avec un air interrogateur puis s’avança dans l’entrée, admirative du travail fourni par la boîte de Benedict. C’était incroyable. Cette maison lui ressemblait énormément. Ca la touchait que quelqu’un ait compris ce qu’elle avait en tête et qu’on ne remette pas en question son projet. Ca lui tenait tellement à cœur. « Je vous débarrasse. » Elle attrapa la bouteille de vin et le dessert qu’elle déposa sur l’ilot central qui donnait directement sur son salon cocooning. Liz avait fini d’aménager cet espace aujourd’hui et elle n’était pas peu fière de son travail. La jeune femme s’occupait pour ne pas stresser, ne pas qu’il y ait de blanc et qu’un malaise s’installe entre eux. Se tournant vers lui, elle posa les mains sur le plan de travail reprenant la parole. « J’espère que vous n’aviez rien de plus important à faire… » Mon Dieu, elle se trouvait pathétique mais en fait, Liz ne savait pas quoi faire d’autre. Benedict l’intimidait, la rendait nerveuse dans le bon sens. Elle espérait que cette sensation finirait par disparaître au cours de la soirée.

Lorsque la sonnerie de son téléphone retentit pour lui avertir qu’il lui restait un quart d’heure avant de partir, Ben sortit de la salle de bain et il traversa en serviette la maison pour l’éteindre. Un, deux, un deux, bon... Que lui restait-il à faire ? Une chemise bleu clair bien repassée attendait patiemment dans le salon pendant qu’il retournait à la salle de bain pour terminer ce qu’il avait à faire, brossage de dents, déodorant, parfum... Stressé ? Non pas du tout… Lizzie Myers l’avait invité à dîner, c’était inespéré. Elle lui avait plu dès la première fois qu’ils s’étaient rencontrés. Elle était… parfaite. De son caractère au son cristallin de son rire, de la courbe de ses hanches aux reflets cendrés de ses cheveux, de ses convictions à ses passions, jusqu’à la moindre petite expression du visage lorsqu’elle réfléchissait, tout lui plaisait chez elle et rien que la regarder faisait battre son cœur à tout rompre. Un coup de foudre en somme. Au cours du chantier, Ben lui avait proposé un verre, puis un restaurant pensant pouvoir faire une approche, mais ils n’avaient réussi qu’à parler de la maison et au bout du troisième rendez-vous sans réussir à trouver la bonne accroche, le jeune homme de 28 ans avait estimé qu’elle n’était probablement pas intéressée. Benedict s’était résigné, un peu triste que de la fin du chantier approche mais tout de même heureux que la belle s’installe près de chez lui. Pourtant, la demande inespérée de la veille avait fait renaître en lui l’espoir. Il avait répondu d’un air un peu détaché « J’y serais avec plaisir, j’amènerai le dessert et du vin, si vous voulez bien ».

Ben était célibataire depuis un moment, il avait eu quelques petites amies depuis son arrivée à Redwood Hills, mais cela ne durait jamais bien longtemps. Le jeune homme ne cherchait pas non plus le grand amour, juste un peu d’affection craignant de souffrir s’il s’investissait trop. Une peur de l’attachement, une légère philophobie, un problème classique sur lequel il travaillait depuis de longues années. Ce n'est pas qu'il ne voulait pas de relation longues, c'est qu'il avait peur d'avoir mal, peur de replonger dans la dépression s'il perdait quelqu'un... Néanmoins, ses diverses discussions amicales au cours des dernières années, notamment la récente rencontre de Gabriela, lui avaient permis de prendre de plus en plus confiance en lui. Il ne savait pas où le mènerait cette soirée avec Lizzie mais il avait envie de croire que quelque chose de bien s’y passerait. Il se sentait prêt à s’investir dans une histoire et si c'était avec Lizzie et bien... Ce serait le plus beau des cadeaux d'anniversaire. Ben enfila sa chemise, prit une bouteille dans sa cave à vin, du vin californien dont le caviste de Burlington lui avait dit beaucoup de bien et prit le dessert dans le frigo, une tarte aux fraises qu’il avait faite lui-même de la pâte sablée à la crème mousseline à la vanille et qui était plutôt pour quatre que pour deux car il n'avait pas de moule assez petit. La cuisine était un loisir qui lui plaisait beaucoup d’autant qu’il avait rarement l’occasion de le partager. Il avait même pris des cours pendant deux années consécutives lorsqu’il était arrivé dans la région. Le mois de juin était l’époque des fraises et elles étaient magnifiques cette année, ça aurait été dommage de ne pas en profiter.

Arrivé devant la porte de Lizzie, il eut une petite bouffée d’angoisse, il fit trois longues respirations et toqua sur le bois. Il resta inquiet jusqu’à ce que la porte s’ouvre et que ses yeux tombèrent sur elle, alors un grand sourire éclaira son visage. Elle était encore plus belle qu’à l’ordinaire, était-ce possible ? Elle lui sourit aussi, avait-elle mis du blush ou ses joues étaient-elles plus rouges que d’habitude ? Cette pensée fugace s’évanouit bien vite tant il était lui-même submergé d’émotions diverses. « Bonsoir Benedict, je vous en prie. » c’était si formel que l’homme crut qu’il s’était fait des idées depuis 24 heures et si ce n'était qu'un dîner de remerciement ? Un frisson lui parcourut l'échine. « Bonsoir Lizzie, merci encore de l’invitation » répondit-il poliment en rentrant dans la jolie maison. « Vous allez bien ? » Benedict hocha la tête « Oui, très bien, je vous remercie… Oui, mis à part un palpitant qui s’emballe dès que pose les yeux sur vous, oui, je vais plutôt bien pensa-t-il sans le dire Et vous ? J'espère que vous ne vous êtes pas donné trop de mal pour le repas. » Il ne voulait pas la surcharger, il savait qu'un déménagement pouvait être particulièrement éprouvant. Pour détourner son attention de la belle jeune femme, il regarda autour de lui le travail de ses équipes, il était vraiment satisfait du résultat, les ouvriers d’ici travaillaient vraiment bien et efficacement, ce projet de maison écoresponsable lui avait donné du fil à retordre en matière de technicité et l’aménagement de Lizzie mettait vraiment le tout en valeur.

« Je vous débarrasse. » dit-elle en faisait sortir Ben de son observation. « Oui, bien sûr, j’ai fait une tarte aux fraises, j’espère que vous aimez ça. Peut-être qu'il vaut mieux mettre la tarte au frais. » expliqua-t-il en sortant d'un des deux sacs qu'il portait la bouteille et le plat à tarte et en les tendant à Lizzie. Tout à coup, il se sentit gêné d’avoir passé du temps pour ça. Et si cette invitation n’était que professionnelle ? En avait-il trop fait ? La jolie tarte de fruits biens alignés et brillants reposait dans un joli plat vert qui avait été fait par une potière de la région. Ben était un homme attentif aux détails et il avait choisi ce plat parce qu’il espérait qu’il plaise à Lizzie autant qu'il lui plaisait à lui. La jeune femme déposa les denrées dans sa cuisine puis ajouta « J’espère que vous n’aviez rien de plus important à faire… » cette remarque fit échapper un rire nerveux à Ben, elle était incroyable, magnifique et cette simple position la mettait vraiment très en valeur, comment pouvait-elle dire cela ? « Non, rien n'a été plus important que de répondre à votre invitation Lizzie... » souffla-t-il à voix haute. Non, il n’avait rien de prévu et même si c’était le cas, il aurait sans doute décommandé, mais il se garda bien d’aller dans ce niveau de détail. A son âge, le flirt, ce n'était pas ce qui posait le plus de problèmes à Ben, même si dans le cas présent, il aurait voulu être un peu plus subtil, c'était l'après où il avait tendance à être moins performant, la durée, le couple, la confiance... Enfin, on était pas là, bien sûr... Bien sûr...

Il la regarda un court instant dans un sourire qu'il voulait simple et amical même si tout son cœur bruissait du plaisir de la contempler. Ce n'était pas pareil que les précédents rendez-vous. Ils n'étaient pas en espace public. Ici, il n'y avait que elle et lui et cette simple idée le mettait dans un stress particulier à la fois très agréable et terrifiant. Il rompit volontairement le contact visuel avec elle pour ajouter « Ah oui, j’ai encore une petite chose pour vous », il sortit de son autre sac une plante dans un joli pot couleur sable d’environ trente centimètres de hauteur. Il s'était dit qu'une couleur neutre s'accordait avec tous les intérieurs. « Ce n’est pas grand-chose mais c’est pour fêter votre emménagement. » Ben avait d’abord pensé à des fleurs, puis, il s’était dit qu’une plante était plus appropriée et puis ça se gardait bien plus longtemps. « C’est une petite plante d’intérieur, un Pachira Aquatica, ça grandit bien, vous pouvez la rempoter tous les ans normalement. » Ben en avait un chez lui et c’était une plante qu’il trouvait jolie et facile d’entretien. De nouveau, il se demanda s'il en avait fait trop ou non. C'était dans le caractère du jeune homme d'être à la fois sûr de ce qu'il ressentait et profondément inquiet de ce que l'autre pouvait penser de lui. Ben s’approcha de Lizzie pour lui tendre la plante jusqu'à ce qu'elle la tienne. Leurs mains se frôlèrent dans un contact électrique qu'il ressentit jusque dans ses abdominaux. Si cette soirée était seulement professionnelle, il allait sérieusement falloir qu'il se calme... « Hum... On boit un verre ? » demanda-t-il doucement, ce n’était pas lui l’hôte de la soirée, mais il était un peu nerveux, il ne savait plus où poser les yeux et il avait besoin de se détendre un peu.

Juin 2018
Il était là, devant elle et Lizzie se sentait vraiment… Etrange, comme si elle allait jouer sa vie ce soir. Elle se faisait des idées avec cette soirée mais bon… La brune avait eu envie de faire plaisir à son maître d’œuvre, le remercier pour tout. Puis, Liz avait envie de le revoir dans un endroit plus calme, discret… Chez elle était le bon endroit. Cependant, en lançant cette invitation, elle ne savait pas à quoi s’attendre à vrai dire. Elle espérait aussi ne pas se faire de faux espoirs, elle ne pensait pas pouvoir se remettre d’un échec amoureux, une fois de plus. Mais bref, Lizzie se débloqua et évita qu’un filet de bave ne vienne descendre le long de ses lèvres. « Oui, ça va. J’avoue, je ne savais pas si vous alliez venir au final. » Dit-elle en riant légèrement, haussant les épaules pour marquer que ça n’aurait pas été grave si ça avait été le cas. Alors qu’au fond, elle aurait été plus que déçue. Elle aurait pu le regarder encore longtemps sans rien faire mais elle se reprit pour le débarrasser, prendre sa veste pour la déposer sur une chaise et puis ensuite saisir la bouteille et la tarte aux fraises. Il s’était donné du mal… non, elle se faisait des idées, elle avait bien compris que Benedict était sympathique, serviable et qu’il voulait faire bonne impression. En tout cas, il marquait des points. Mais Liz essayait de ne pas se faire trop d’idée. « Je ne savais pas que vous cuisiniez autant. » Dit-elle en lui jetant un regard par-dessus son épaule après avoir mis la tarte au frais. En même temps, ça ne la regardait pas, ils n’étaient pas intimes. Ce n’était que son maître d’œuvre, celui qui l’avait aidé à construire cette magnifique maison. Malgré quelques invitations, ils en sont toujours restés à discuter de la maison.
« Oh… merci. » Répondit-elle en sentant une fois de plus ses joues s’enflammer. C’était un signe, non ? Son cœur venait de s’emballer en entendant cette réponse. Elle aurait été seule, elle aurait soupiré en se laissant tomber dans son canapé comme dans les films romantiques. N’importe quoi ! Elle se ressaisit en se frottant les bras comme si un frisson venait de la parcourir alors qu’on venait d’entamer l’été. La nervosité la gagnait alors que ça ne faisait même pas une demi-heure qu’il était entré chez elle. Alors qu’elle s’apprêtait à retourner en cuisine, il la coupa dans son élan lui annonçant avoir encore quelque chose pour elle. C’était trop. Elle allait protester mais elle ne fut pas assez rapide. Elle vit une plante sortir de son sac et elle faillit rire. Ce gars était Mary Poppins ! « Benedict… Il ne fallait pas ! » Elle s’approcha pour prendre la plante entre ses mains. Leurs mains se touchèrent et elle faillit lâcher la plante, ce qui aurait été dommage. Son cœur, lui, s’emballa, encore… Se reprenant, elle admira la plante. Elle était magnifique, ça irait parfaitement avec son intérieur. Il avait du goût ! Sans le savoir, il avait deviné qu’elle adorait mettre les mains dans la terre, s’occuper d’un potager. C’était d’ailleurs sa prochaine mission. Elle admira la plante et posa son regard sur lui, ce brun qui faisait tambouriner son cœur depuis plusieurs semaines sans qu’il ne le sache. « Merci, elle est magnifique. » Dit-elle en se tournant pour aller la poser au niveau de sa baie principale. Elle sera parfaite ici. Lizzie contempla la plante, perdue dans ses pensées, plus certaine de savoir vraiment en quoi consistait vraiment ce dîner. Elle se tourna vers lui quand il proposa de boire un verre. « Ah mais oui, bien sûr ! » Elle était une hôte horrible ! C’était la première chose à faire normalement. Liz se dirigea vers la cuisine, sortit deux verres en forme de ballon et tendit la bouteille à Benedict. « Je vous laisse l’honneur. » Un autre sourire, à force, elle aura des rides avant l’heure. Lizzie le laissa faire puis saisit la bouteille quand il eut terminé. Elle saisit un premier verre pour le tendre au brun puis prit le sien avant de le lever en direction de Benedict. « A mon emménagement, à votre dévouement et votre magnifique travail. » Dit-elle en souriant, attendant de trinquer avec lui pour savoir s’il voulait rajouter autre chose. Lizzie se sentait bien, heureuse en fait. Comme une adolescente amoureuse, ce qu’elle était en fait. « Merci, pour tout ce que vous avez fait. » Elle rapprocha son verre du sien et planta son regard dans le sien. « Je suis contente d’être tombée sur vous. » Elle avait dit cela dans un souffle, incapable de se contrôler. C’était trop intense, ce regard, ce ton, lui… Lizzie n’avait pas ressenti ça depuis longtemps, ce coup de foudre. Ce moment était suspendu et au fond d’elle, elle voudrait que ça ne s’arrête jamais.

Ses yeux verts brillaient et éblouirent Benedict dès son arrivée. Ils échangèrent quelques politesses et elle indiqua à l’intéressé qu’elle ignorait s’il allait venir. Elle accompagna cette remarque d’un rire et d’un haussement d’épaule. « Enfin, je vous ai dit que je viendrais, je ne suis pas du genre à changer d’avis comme ça vous savez. » répondit-il malicieusement avec l’impression étrange d’être testé. Il avait répondu à son invitation, jamais il ne se serait permis d’annuler ou enfin jamais sans une bonne explication. Elle le débarrassa de ses affaires la bouteille et la tarte. Il avait mis sur sa chemise une simple veste légère qu’il conserva sur lui. Son regard ne la quitta pas pendant qu’elle déposait la tarte dans le réfrigérateur, elle était si belle, si parfaite... « C’était un plaisir. C’est toujours plus agréable de cuisiner pour quelqu’un que pour soi-même uniquement. » glissa-t-il l’air de rien, en espérant secrètement faire comprendre à son interlocutrice qu’il était seul chez lui. Trop subtil ? « Et vous ? Vous aimez cuisiner ? » demanda-t-il alors que la question qu’il aurait souhaité poser était plutôt « Et vous ? Vous avez quelqu’un pour qui cuisiner ? ». D’une nouvelle façon, elle lui demanda s’il n’avait pas quelque chose d’autre à faire. Ben n’était pas le roi des sous-entendus, il ne savait toujours pas sur quel pied danser mais l’atmosphère commençait à se réchauffer, non ? Il répondit dans un souffle, une phrase dont ils riraient probablement un jour tellement elle était clichée, pourtant elle le remercia ce qui fit fondre son cœur qui battait déjà pour elle depuis un moment.

Ben avait amené un cadeau supplémentaire, un cadeau de bienvenue ou de bon emménagement, cette soirée n’était-elle pas une sorte de crémaillère ? En tout cas, elle n’avait pas l’air d’attendre qui que ce soit de plus. Juste elle et lui, un repas et une bouteille de vin. Il lui tendit la plante, leurs mains se touchèrent dans un frisson. L’avait-elle ressenti aussi ? Elle observa la plante avant de croiser son regard. Cette soirée, l’ambiance, ce regard... « Merci, elle est magnifique. » dit-elle. « C’est toi qui est magnifique… » murmura-t-il pour lui-même dans un léger sourire alors qu’elle allait poser la plante devant sa baie vitrée, il y avait peu de chance pour qu'elle l'ai entendu. Il continuait de la regarder sans se lasser du spectacle qu’elle lui offrait juste en marchant devant de lui. Il avait envie de caresser ses mains, d’embrasser son cou, de découvrir le goût de ses lèvres, elles étaient si belles, si pulpeuses... Il s’obligea à se raisonner : « PROFESSIONNEL BEN ! » s’imposa-t-il et la raison lui revint brutalement se rendant compte qu’ils n’avaient même pas pris un verre. Elle lui tendit la bouteille et il la prit dans un large sourire. « Avec plaisir. Vous avez un tire-bouchon ? » demanda-t-il innocemment.

Il déboucha la bouteille content de pouvoir se concentrer sur autre chose l’espace d’un instant. Que lui arrivait-il ? Avait-il déjà ressenti cela ? A son adolescence, il aurait pu, peut-être… Mais son adolescence avait été tellement chaotique qu’il n’avait pas eu le temps de penser aux filles… Alors, non, il n’avait jamais ressenti ça. Un sentiment d’être à la fois profondément heureux et profondément enthousiaste pour l’avenir. Elle souriait tellement, cela la rendait si belle, il versa deux verres non sans renverser deux-trois gouttes sur le plan de travail. « Désolé » murmura-t-il un peu embarrassé, Ben était un peu maladroit parfois. Le matériau ne craignait pas l’eau heureusement, il le savait bien puisqu’il l’avait conseillé à Liz notamment pour cette raison. Elle lui tendit son verre, qu’il saisit. Son toast était si gentil… Elle était si gentille… « Merci Liz. A vous, à votre emménagement, à votre ingéniosité et votre imagination qui ont rendu cette construction possible… et à cette merveilleuse soirée qui s’annonce » rajouta-t-il en faisant tinter son verre contre le sien et en buvant une gorgée, le vin était bon, mais il serait meilleur tout à l’heure lorsqu’il se serait un peu aéré. Elle le remercia pour son aide dans les travaux. « Merci mais vous n’avez pas à me remercier, c’était un plaisir de travailler avec vous… » répondit-il tout en politesse. Allaient-ils passer de nouveau une soirée à parler travail, se demanda-t-il en levant les yeux vers elle ?

Leur regard se croisa et, devant elle, petit brin de femme, Ben, du haut de son presque un mètre quatre-vingt-dix, eut l'impression d'être tout petit. Il sentit une pression, comme si son cœur avait manqué un battement avant de s’emballer et de se mette à battre à tout rompre. Cela lui semblait si fort, est-ce qu’elle pouvait l’entendre ? Le regard qu’ils s’échangeaient n’avait tout à coup plus rien de professionnel, cela paru comme une évidence pour Ben. Il y avait eu mille signes depuis qu’il était arrivé chez Lizzie, des signes qu’il décortiquait lentement tandis qu’il se perdait dans ses yeux et se promenait sur sa bouche, son menton, ses pommettes... « Je suis contente d’être tombée sur vous. » ajouta-t-elle. Il eut un sourire tendre et charmant sans la quitter du regard… « Et moi donc… » répondit-il d’une voix sourde. Loin d'interrompre leur observation mutuelle, ce court échange ne fit que renforcer leur connexion.

Benedict continuait de la regarder, profitant de cet instant suspendu, il n’y avait plus que le silence autour d’eux mais il n’était ni lourd, ni désagréable, au contraire, il leur laissait l'opportunité de profiter de l’instant et de n’être concentré que sur l’autre. Il n’était plus question de professionnalisme, ce repas n’était pas anodin, cela lui sembla brutalement évident. Dans un geste très doux, il posa son verre sur le plan de travail. Le bruit verre sur le comptoir brisa un instant ce drôle de silence qui s’était installé entre eux sans pour autant l’interrompre totalement, Ben n’entendait plus que les battements de son propre cœur dans ses tympans. Délicatement, il tendit la main vers celle de Liz. « Est-ce que je peux ? » murmura-t-il comme s’il voulait vérifier quelque chose. Il agissait de manière très tendre, comme s’il craignait qu’elle ne s’échappe s’il était trop brusque, Liz était si douce. Sa main à lui était souple et large, ses mains qui avaient été autrefois caleuses dans ses années d'apprentissage,  aujourd'hui ne travaillaient presque plus autre chose que quelques morceaux de bois taillés pour le plaisir, vérifiant l'état de travaux plus qu’œuvrant réellement sur les chantiers. Le contact se fit, la main de Liz semblait si fine dans la sienne. Il eut l’impression de trembler un peu, alors il enroula tendrement la main de la jeune femme dans la sienne pour se donner du courage. Enfin, il releva les yeux vers elle… Cette femme, il savait en cet instant qu’il pourrait tout faire pour elle et que, si elle le voulait bien, il lui donnerait tout son amour aussi longtemps qu'elle voudrait bien de lui. Main dans la main, regards croisés, il osa prononcer : « Liz, je voulais vous dire… Je ne suis pas venu totalement innocemment ce soir… Il marqua une légère pause, reprenant sa respiration, son cœur continuant de battre si fort qu'il avait l'impression d'être essoufflé. Vous me plaisez beaucoup… Et à vrai dire, j'espérais que je vous plaise aussi. » Il lui sourit timidement. Benedict avait toujours été quelqu'un de sincère, d'honnête, de droit. Il n'était pas du genre à embrasser une femme sans être certain que sa partenaire le veuille aussi. Les joues de Ben étaient devenues roses et ce n’était pas à cause de la seule gorgée de vin qu’il avait bu. Il attendit une réponse de Liz avec la peur qu'elle ne réponde pas positivement à sa déclaration, ses certitudes défaillant à chaque seconde qui passait.

Juin 2018
Sa réponse lui réchauffait le cœur, la voilà rassurée et elle laissa échapper un soupir de soulagement. Le pas plus léger, elle s’en alla ranger la tarte au frais et posa la bouteille sur le plan de travail en se tournant vers le brun. « Je vous comprends. » Dit-elle en souriant. Elle faillit même rire comme une adolescente en comprenant qu’il était bien célibataire. Enfin, de ce qu’elle avait compris de ces quelques mots. « Oui, j’aime plutôt ça. Je tiens ça de ma mère. Ca me permet de ne pas penser à autre chose, d’être focalisée et j’adore le travail de précision. » Ce n’est pas pour rien qu’elle rêvait d’ouvrir sa propre boutique, la tenir, la gérer… Cette idée venait d’émerger dans son esprit depuis quelques semaines et il fallait qu’elle arrive à la mettre sur papier pour proposer un projet à sa banque. Enfin, ce n’était pas le sujet, le sujet se trouvait devant elle et mon Dieu, qu’il était beau et agréable à regarder. Et à discuter, bien sûr. La brune s’affairait, préparait les derniers petits détails de ce dîner qui, au fond, lui importait beaucoup. Benedict lui faisait de l’effet, elle ne pouvait pas le nier, en sa présence, elle se sentait comme une adolescente. Le rouge lui montait facilement au visage, la chaleur s’emparait d’elle. Bref, une vraie femme amoureuse quoi. Oui, elle avait eu un coup de cœur, un coup de foudre en quelque sorte. Elle se sentait revivre, apaisée.
Un murmure lui parvint et elle tourna légèrement la tête pour regarder Ben. Avait-elle rêvé ? Peut être, enfin elle n’allait pas lui demander de répéter, ça ne se faisait pas. Puis Liz parlait bien seule de temps en temps peut être que ça arrivait aussi à Benedict. Qui sait ? Revenant près de la cuisine, elle ouvrit plusieurs tiroirs avant de tomber sur le tire-bouchon. Il lui faudrait du temps pour mémoriser exactement où était rangé tel ou tel accessoire. Une fois trouvé, elle le tendit au brun et posa son regard sur lui quelques secondes de trop, de quoi la rendre perturbée. Il la déstabilisait trop à son goût et c’était une bonne chose, ça voulait dire qu’elle était sûre de ce qu’elle pouvait ressentir pour lui, non ? Lizzie sourit, maladroitement et se recula de deux pas pour pouvoir respirer normalement et ne pas montrer son trouble au chef de chantier. Après tout, elle se faisait peut être des idées sur une potentielle relation entre eux… Tellement absorbée par son regard, sa gestuelle, elle ne vit pas qu’il mit quelques gouttes sur le plan de travail, ce n’est que lorsqu’il ouvrit la bouche pour s’excuser qu’elle comprit. Liz essuya les deux petites gouttes à l’aide de l’éponge et retourna à sa place pour saisir le verre qu’il venait de lui servir. Au fond, elle aimerait arrêter de tourner autour du pot et l’embrasser. Voilà ce dont elle avait envie. Liz était comme ça, entière, elle ressentait, vibrait… et là tout de suite, elle le voulait lui. Une flamme chaude était en train de s’allumer dans le creux de son ventre et elle ressentait un désir pour cet homme. Leurs verres s’entrechoquèrent et elle sourit face à ses compliments. Bon, c’était sur sa maison mais c’était pareil, non ? « Je vais essayer de trouver un autre projet. » Commença-t-elle en guise de réponse et de poursuivre. « Ca m’embêterait de ne plus vous croiser, à vrai dire. » Elle posa son regard vert sur lui, un regard animé par de l’affection, du désir. Lizzie venait de lui faire une petite révélation après tout… Elle espérait qu’elle ne se trompait pas sur les signes qu’il lui envoyait depuis tout à l’heure. Sinon… sinon elle finirait en boule dans son lit, ce n’était pas si grave.
Alors oui, elle poussa le bouchon un peu plus loin en lui faisant comprendre qu’elle était ravie d’être tombée sur lui. Et son cœur faillit sortir de sa poitrine quand Ben lui répondit que lui aussi. Ce n’était qu’une phrase mais pour Liz, ça voulait dire beaucoup. La brune était certaine qu’elle ne se trompait pas. Il se passait bien quelque chose entre eux. Elle avala sa salive et soupira légèrement pour se reprendre, c’est comme si elle venait de prendre un shot d’adrénaline et qu’il fallait l’évacuer. Sauf, que là, tout de suite, elle ne pouvait rien faire pour qu’attendre.
Le temps était comme suspendu, Liz à ses lèvres, à lui tout court. Un silence régnait dans sa maison mais ce n’était pas lugubre, au contraire, c’était chaud et doux, tendu mais une tension qu’on souhaitait, qu’elle appréciait. Sa main se retrouva dans celle de Ben et elle manqua de lâcher un petit cri tellement elle était en joie de pouvoir sentir sa peau contre la sienne. Lizzie se retint de fermer les yeux pour apprécier ce moment encore plus. Ses yeux regardèrent leurs mains entrelacées et elle sourit avant de relever la tête vers Benedict en reprenant son sérieux, prête à l’écouter. Ca se trouve, il allait la renvoyer balader, lui dire qu’elle se faisait des idées. Il était trop gentil pour lui mettre un stop si froidement, alors il prenait des pincettes. Son cerveau bouillonnait, soufflait le chaud et le froid. Merde, elle attendait ! Liz était comme une gamine attendant d’ouvrir ses cadeaux de noël. Et voilà, il parlait et son cœur se remit à battre vite, fort. Elle ne s’était donc pas trompée. Mais elle attendait la suite pour être sûre, restant de marbre même si à l’intérieur, c’était la folie. Puis le coup de grâce et elle ne put se retenir de s’approcher de lui, de poser sa deuxième main libre sur le haut du torse de Ben. La brune était maintenant sûre qu’ils s’appréciaient. Alors elle s’approcha de lui, planta son regard de braise dans le sien et posa ses lèvres sur les siennes car elle n’en pouvait plus d’attendre. Sa main se libéra de celle de Ben pour aller se poser sur le cou de celui-ci, c’était doux, chaud… Elle l’embrassa quelques secondes, un baiser qui en demandait un autre, une caresse qui en demandait une autre mais il fallait se retenir. Lizzie s’écarta de lui, légèrement et sourit. « Vous me plaisez aussi beaucoup Benedict mais je crois que vous venez de vous en apercevoir. » Souffla-t-elle en riant légèrement. Gênée de son acte mais qu’elle ne regrettait pas. Sa main attrapa son verre de vin pour boire une bonne gorgée. Toutes ces émotions… elle n’arrivait plus à raisonner normalement. « Je pourrais vous embrasser encore je crois mais ça ne serait pas raisonnable. » Elle sourit et sentit ses joues s’enflammée face à ce qu’elle venait de dire. Liz ne voulait pas brusquer Ben et surtout, elle ne savait plus agir dans ces moments-là. Retourner à la cuisine ou bien prolonger ce moment si unique ? Elle ne savait pas, elle laissait la balle dans le camp de Benedict.

Elle aime aussi cuisiner lui dit-elle et son sourire s’élargit. Il est ravi d’apprendre des choses qu’il ne savait pas sur elle. Il hoche la tête. Et moi donc..., le souci du détail, voilà ce qui pouvait laisser Ben réveillé toute une nuit, une cote qui n’était pas bonne, un élément qu’il n’arrivait pas à placer correctement. Leurs échanges transpiraient de la tension amoureuse qui les habitaient tous les deux. Ben offre un cadeau de crémaillère à Lizzie, leur main se touche, leur cœur se heurtent à leur poitrine. Son murmure s’entend puisqu’elle se retourne. Ben fait mine de rien, mais le bout de ses oreilles rougit. Il se déteste parfois mais dès que son regard se pose sur elle, son esprit oublie déjà qu’il est idiot et ne pense plus qu’à elle.

Ben ouvre le vin, il ne s’y connait pas encore beaucoup, il écoute surtout les conseils du caviste, mais il aimerait bien en apprendre plus, il se dit que ça pourrait être bien de s’y intéresser dans les prochaines années. Ils trinquent, portent un toast à la maison et boivent une première gorgée. Les mots de Lizzie… Ces mots le font vibrer, comme un écho à ses propres pensées… Ca m’embêterait de ne plus vous croiser, à vrai dire. Ben pose son verre, prend sa main, la main de Lizzie, rien que ce contact est électrisant, il prononce les mots, les mots qui n’étaient pas sortis depuis leurs trois derniers rendez-vous et qui pourtant lui brulaient les lèvres. Vous plaisez beaucoup. C’est peu de le dire… Depuis les dernières semaines, Lizzie est présente dans son esprit à chaque fois qu’il se pose, à chaque fois qu’il s’arrête de travailler, à chaque fois qu’il s’assoit sur son canapé. Elle est partout et elle est surtout là, ce soir devant lui. Ben a tellement envie d’être plus proche d’elle et le regard qu’elle lui lance fait fondre toutes ses défenses. Elle pose sa main sur son torse, elle doit sentir comme son cœur s’emballe à ce toucher. Il la voit s’approcher, oh qu’est-ce qu’il l’aimait cette femme qui prenait les devant. Il voit son envie, il voit sa force, il l’admire, la désire tout à la fois. Il sent qu'elle libère sa main de la sienne pour se loger dans son cou. Alors qu’il frisonne, il fait glisser l’une de ses mains dans ses cheveux, l’autre se pose sur ses côtes dans une longue caresse, son esprit se vide, son corps se rapproche du sien mais elle dessert l’étreinte, les yeux de Ben restent fermés une demi-seconde de plus. Elle va le rendre fou, c’est certain, voilà son esprit pouvait être posé à l'entrée de la maison, il ne voulait plus le revoir, il n'en avait plus besoin. Elle était là, elle, c'est tout ce dont il avait besoin. Voilà qu’elle rit. Ah, je vous plais ? J’ai cru m’apercevoir à un moment, mais je vous avoue que c’était presque imperceptible..., répond-t-il avec un large sourire pour la taquiner. Le mot divine apparait dans son esprit pour la qualifier. Avait-on vu un début de soirée aussi parfait que celui-ci ?

Lizzie, je n’ai pas vraiment envie d’être raisonnable, là tout de suite, souffle-t-il d’une voix un peu roque. Il n’a plus vraiment faim ou en tout cas pas de nourriture. Pas maintenant. Elle a ouvert une porte qu’il ne peut pas refermer tout de suite. Il s’approche, lui fait poser son verre sur le comptoir et caresse sa joue avec le dos de ses doigts. Il ne lui saute pas dessus, non Benedict est bien plus doux, plus joueur que ça, il la regarde, il prend son temps, il s’amuse du désir qui monte tous les deux en eux. Son sourire s’élargit de plus en plus, il pose son autre main de l’autre côté de son visage puis, n’y tenant plus, il se penche pour l’embrasser une nouvelle fois. Pas son initiative à elle, la sienne à lui, un partout, balle au centre. Le baiser est plus langoureux, plus doux que la première fois, il n’y a plus d’urgence, la seule urgence est celle que leur corps leur impose, il prend le temps. Il se détache d’elle, le cœur brulant. On va sur le canapé ? demande-t-il doucement, il prend les deux verres et vient les poser sur la table basse. Ils s’assoient, il la regarde de nouveau, comment ne pas tomber amoureux d’une femme comme elle, si belle, si douce… Sa main vient passer l’une de ses mèches de cheveux derrière son oreille. Il l’embrasse encore une fois, une fois sur les lèvres, une fois dans son cou, juste brièvement, comme pour se rappeler de ce qui vient de se passer. Je peux peut-être… Te tutoyer maintenant ? propose-t-il avec un sourire un peu amusé. Il voudrait que cette soirée ne s’arrête jamais.

Juin 2018
Son cœur s’emballait rien qu’en le regardant. Lizzie était pétrifiée et excitée en fait. Sentir sa main dans la sienne, sa peau contre ses doigts… Elle sentait son cœur gonfler de ce quelque chose qu’elle ne ressentait plus depuis un moment. La brune ferma les yeux pour savourer ce moment, le rendre unique, s’en souvenir à tout jamais. Car on ne sait jamais quand arrivera la fin d’une histoire s’il y en a une. Alors il faut savourer, se souvenir et c’est ce qu’elle fait, la brune, elle profite. Lizzie venait de franchir ce pas si infime qu’il restait entre eux et ça faisait du bien. Un sourire s’installa sur ses lèvres fines, sentant le souffle de Ben contre sa bouche. Mon dieu, elle pourrait continuer encore et encore. Elle leva les yeux sur lui, ce regard si doux et énigmatique. Elle en avait rêvé tant de fois, elle rêvait de pouvoir poser ses lèvres sur les siennes, chose faite à présent. « C’est que je n’étais pas sûre de vous plaire. » Souffla-t-elle en baissant la tête, préférant rougir dans son coin que d’assumer son côté fleur bleue. Car Liz l’est, fleur bleue et là, ce qu’elle ressent pour Benedict, c’est un coup de foudre et ça lui fait peur et en même temps… elle a envie d’en découvrir plus, de se lancer.
La proximité entre eux est réduite au minimum, elle peut sentir les battements du cœur du brun sous sa paume et ça la touche. Ses grands yeux de biche croisent les siens, ardents, remplis de désir. Effectivement, si Liz lit entre les lignes, il n’a pas envie d’être raisonnable. Mais qui a envie de l’être dans ce genre de moment ? Elle ne sait pas trop quoi faire, comment faire à présent ? Elle se sent gauche, timide. Son cœur manque un battement quand ce dernier touche son visage, elle sent de nouveau cette sensation au creux de son ventre, celle qu’elle voudrait sentir chaque jour à présent. Puis ses lèvres touchent les siennes et elle se sent emportée par un tourbillon d’émotion qu’elle ne connaissait plus, qu’elle redécouvre avec plaisir, envie. Sa langue est douce, il sait y faire pour embrasser une femme. Lizzie est conquise, aux anges, elle voudrait que ça ne s’arrête jamais. Et pourtant, ce baiser prend fin. La brune replace une mèche de cheveux derrière son oreille, se tourne vers Benedict, incapable de dire quoi que ce soit pour l’instant. Elle le suit vers le canapé un peu retournée par ce qu’il vient de se passer. Deux baisers en un temps records, ses doigts sur sa joue, sa main dans la sienne. Des frissons la parcourent et elle se retient de s’ébrouer pour chasser ce surplus d’énergie qui vient de la traverser.
Il recommence, doucement, puis encore ses lèvres sur les siennes, dans son cou. Mamamia. Elle fond sur place. Lizzie pourrait s’abandonner tout de suite dans ses bras à vrai dire. Mais elle se reprend, après tout, on ne s’offre pas ainsi si facilement. « Bonne idée pour le tutoiement. » Dit-elle en souriant, plongeant son regard dans le sien. Elle se sent si … petite et adolescente en cet instant que ça la fait rire. Elle attrape son verre et tend l’autre à Benedict. « Je pensais que ce moment n’arriverait jamais ! » Souffle-t-elle en buvant une gorgée de son vin. Elle sent encore ses joues devenir rouges, le vin sûrement cette fois-ci. La lumière du soleil couchant plonge dans le salon pour donner une ambiance encore plus cosy et intime. Elle n’aurait pas pu rêver mieux, la brune comme soirée. « Vous… enfin, tu es si… je n’ai pas de mot. » En fait, Liz ne veut pas être ridicule pour parler de ce qu’elle ressent. Trop fleur bleue sans doute, la peur d’être jugée. « Le dîner était un prétexte pour savoir si tu viendrais et pour voir si c’était bien réciproque, cette attirance. » Voilà elle passe aux aveux. On ne peut pas lui en vouloir, c’est plutôt bien trouver comme idée, non ? Elle ne s’attendait juste pas à ces grandes émotions elle. Et à l’envie de l’embrasser, encore. A le toucher, une fois de plus. A sentir sa peau sous ses doigts, pour le connaître d’avantage. Elle veut l’entendre parler de lui, de sa famille, de sa vie, de ce qu’il fait en dehors du travail. Bref, Liz veut le connaître mais là tout de suite, ce qu’elle veut, c’est lui. Et l’alcool lui fait défaut. Rajouter le manque de nourriture et la terrible envie de l’embrasser… Le cocktail émotionnel ne peut être qu’explosif pour la brune.

Juin 2018
C’est déconcertant Liz ne sait plus trop ce qu’elle doit faire ou penser. Agir simplement ? Ce ne serait pas raisonnable ! Ses yeux se plantent dans les siens, elle s’y noie encore. Elle déglutit, péniblement parce que la seule envie qu’elle a, c’est de l’embrasser. De sentir ses lèvres contre les siennes. Le rouge lui monte aux joues, encore mais elle ne peut pas cacher ce qu’elle ressent. Lizzie est comme un livre ouvert, tout le monde peut lire en elle. Incapable de mentir, incapable de cacher sa peine, sa joie, son bonheur. Bref, il n’est pas difficile pour Benedict de deviner les envies et les sentiments de la brune. « Je vois ça, oui. » Elle secoue la tête, se pince les lèvres en riant face à cette phrase lourde de sens. « Enfin… bref, oublie ce que je viens de dire. » Elle est gênée mais pour une bonne cause. Ca lui fait bizarre de ressentir de nouveau ces sentiments. Ca lui fait du bien, ça la fait vivre à nouveau. « Je n’ai pas vraiment envie que ça s’arrête. » Ca commence si bien ! Liz a des papillons dans le ventre quand il la touche, son corps s’électrise rien qu’en le regardant. Bref, la brune est complètement sous le charme. Et il lui faudrait bien un seau d’eau pour revenir sur la terre ferme !
De nouveau elle se laisse embarquer par ses lèvres, sa douceur, son touché. Elle n’en peut plus. La raison voudrait qu’elle s’écarte, qu’elle reprenne son service pour le dîner de ce soir. Sauf qu’elle ne veut pas être raisonnable. Ca fait des jours qu’elle ne cesse de penser à lui, de pouvoir le toucher, le découvrir et il est là, chez elle… Liz se mord les lèvres, respire un peu plus vite quand sa main caresse sa hanche. Merde alors… elle se laisse complètement faire, ne luttant pas. A quoi bon ? Puis il s’écarte et là elle respire normalement à nouveau. Que d’émotion ! Elle le regarde et voit qu’elle n’est pas la seule à être dans cet état-là. Elle rit, nerveusement. « Non, t’en fais pas. » Souffle-t-elle en se redressant, reprenant un peu de contenance. Ca va vite et pas assez en même temps. Liz est complètement sous le charme. Jamais le premier soir, qu’on dit. Mais en même temps… Elle secoue légèrement la tête, le regarde de nouveau en souriant. « Ce que j’ai envie de faire n’est pas très catholique. » Elle admet son envie profonde, celle de découvrir son corps, de le sentir contre le sien. Et d’un autre côté, la raison voudrait qu’elle retourne en cuisine pour les servir. « Mais j’ai ce gratin aux courgettes, tomates, feta, pâtes qui ne va pas tarder à sonner. » Elle entend la sonnerie du four et rigole en se levant.[color=#990066] « Je n’ai pas envie que ça noircisse mais… on pourrait peut être reprendre après ? »[ /color] Elle arque un sourcil, sérieuse, déposant un baiser sur ses lèvres. Puis elle se lève, le regarde avec des yeux pétillants. Ses pas la mènent au four, elle sort le gratin le pose et respire longuement avant de poser ses maniques et de retourner auprès de Benedict où ses lèvres se posent sur les siennes avec envie, empressement. Ses mains se posent autour de son visage, elle caresse sa nuque, prolonge ce baiser langoureux. Au final, elle va sauver son gratin et sauter à l’étape : reprendre là où ils venaient de s’arrêter. C’est ce qu’elle veut et si elle ne se trompe pas, c’est ce qu’il voulait aussi et veut toujours. Une de ses mains descend le long de son torse souriant à travers ses lèvres. Son corps s’anime, se réchauffe au fur et à mesure que les baisers s’échangent. La faim est présente, cruellement présente même…