Tu ne sais pas à quel point Alonso comprend ta relation avec Coco. Tu sais qu'il la respecte, qu'il vous respecte mais tout semble tellement évident avec lui qu'il n'a jamais eu besoin de te le confirmer. Sans doute que s'il te le disait, tu finirais desséché à forcé d'avoir pleuré. D'avoir pleuré d'amour pour cet homme qui t'offrait tant. Non, il n'y en a pas... Même si Coco avait du s'absenter pendant ta convalescence, même si elle était partie bien plus longtemps parfois. Mais tu ne pouvais pas te dire qu'elle ne reviendrait pas. C'était sans doute ta plus grande peur, au fond. Ca ne pouvait pas arriver, parce que l'amour que tu portais à Coco était bien trop important. Et Coco n'était pas rancunière. Tu ne faisais rien pour la blesser, et si ça arrivait, elle te pardonnait puisqu'elle devait savoir que tu ne l'avais pas voulu.

Cette discussion te fait un bien fou. C'est tellement important pour toi de te sentir aimé, compris et respecté mais c'est tout aussi important que Coco le soit, sinon tu sais que ta relation ne fonctionnera pas. Te sentir aussi heureux te donne envie d'aller bien, forcément, ça ne suffira pas pour le reste de ta vie, ce sera si simple, mais toi, tu le crois, parce que tu crois toujours que ton bonheur l'emporte sur ta maladie, ce qui n'est malheureusement pas le cas. Mais tu as besoin de le croire, sinon, tu n'y arriverais pas. Tu ne guettes pas tes prochaines crises, tu n'attends pas le prochain moment où la dépression reviendra s'installer. Il te serait impossible de vivre avec cette peur constante. Tu espères, tu espères toujours que tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Parce que tu es un optimiste, tu te bats beaucoup, beaucoup trop parfois. Etre avec Alonso est un petit miracle parce que tu n'as plus à te battre autant, tu peux vivre, simplement vivre. Quel homme merveilleux. Et tu avais eu cette chance infinie de le rencontrer et de lui plaire.

Le repas se finit, tu as bien mangé. Vraiment bien mangé pour toi. Tu te sens même un peu lourd. Alonso paie, tu lui fais une moue désapprobatrice. De toute façon, le repas de ce soir sera aussi entre vous deux alors tu pourras te rattraper. Vous sortez, il fait bon, le soleil frappe ta peau et y dépose une douce chaleur agréable. Tu mets tes lunettes de soleil pour pouvoir regarder vers le ciel et profiter un peu de sa chaleur. Je suis prêt, et si je suis avec toi, je suis certain que ça ira. C'était une épreuve certes, mais une épreuve courte, une simple formalité pour beaucoup, un peu plus pour toi. Vous entrez dans le taxi, tu poses ta tête contre son épaule et tu soupires, ta main a pris la sienne et vos doigts s'entrelacent. Tu as donné l'adresse évidemment, alors le chauffeur peut vous conduire et vous annonce qu'il y a un peu de route. De toute façon, ça devrait se passer simplement non ? Je signe ce qu'il faut signer chez le notaire, et puis la maison n'est plus à moi... Je veux juste la revoir, pas la visiter. Ces gens y avaient installé leur propre vie depuis longtemps maintenant. On devra tout de même rentrer pour signer je suppose... Pendant le trajet, tu lui parles un peu plus de Daniel, de ses manies, de son rire aussi car tu adores les rires des personnes que tu aimes. Tu lui parles de vos habitudes, de quelques anecdotes mais toujours possitives.

Vous vous rapprochez, tu le sais, tu reconnais. Et puis la même entrée se profile, le taxi s'arrête. Tu paies la course puis vous descendez. Tu restes à regarder cette entrée, toujours la même et le numéro toujours le même. 2167. Tu sonnes à l'interphone, tu te présentes et on vous indique qu'on va venir vous chercher. Le portail s'ouvre déjà automatiquement mais tu attends là et tu observes la maison. Elle est belle hein ? Tu deviens nostalgique, d'un coup. De l'extérieur, tout est pareil, ou presque. Tu vois que certains arbres ne sont plus présents, tu remarques quelques changements minimes. Le locataire vous accueille avec le notaire, un homme qui semble avoir autour de votre âge, il te tend la main. Monsieur Toone ? Enchanté. Vous êtes venu avec avocat supplémentaire ? Il se tourne vers Alonso et lui tend aussi sa main. Non... Je suis là avec mon compagnon. Tu souris, Alonso avait la carrure et le sérieux d'un avocat, c'était certain. Le locataire a un tendre sourire. Le mien nous attend à l'intérieur. Tu tournes ta tête vers Alonso, c'est bête mais tu te sens tout de suite un peu soulagé... Que cette maison continue d'abriter l'amour de deux hommes. Tu sais que c'est idiot, que l'amour n'a pas de genre mais... Tu aimes l'idée, c'est plus fort que toi.

Vous empruntez l'allée que tu connais bien. Vous verrez, la maison n'a pas beaucoup changé... On a gardé quelques uns des meubles et surtout les statues, mon compagnon les adore. Bien sûr, elles vous appartiennent mais on aimerait vous les racheter avec la maison. C'est un si bel endroit. Ton cœur se serre un peu plus, alors, la maison allait un peu ressembler à ce que tu te souvenais d'elle ?Vous entrez, le salon se situe toujours sur la gauche. Les meubles ont changé mais restent dans la même veine. Le buste d'un homme barbu est présent à la même place où tu la connus alors tu t'en approches directement et tu viens passer ta main sur sa barbe. Bonjour mon vieil ami... Tu pousses un long soupire. Tu supposes que celle ci fait partie des statues qu'ils souhaitent garder mais... Tu ne sais pas, elle a une signification particulière. On s'installe ? Le compagnon ne semble pas être là, peut être se prépare-t-il, peut être est-il en cuisine ? Tu ne sais pas mais tu t'installes sur le canapé.

Alonso se doute que Jeff tente de se rassurer dans la voiture, il lui dit que ça se fera simplement. Il ne sait pas, il en doute un peu. Se séparer d’un bien qui a autant compté était difficile. Il le savait pour l’avoir vécu avec Sonia. Bien sûr que dans le fond, ce n’était qu’un papier mais revenir dans un endroit peuplé de souvenirs… Jeff lui parle de Daniel, Alonso écoute, il pose des questions parfois, ça lui fait plaisir d’entendre son compagnon se libérer sur cette relation. Il imagine que comme dans tous les couples, il n’y avait pas que du positif, mais il ne dit rien, il ne cherche pas le négatif, ça ne sert à rien de rappeler les mauvais moments quand il y en avait eu autant de beaux.

Il s’attendait à ce que la maison de Jeff et Daniel soit belle, mais elle est au-delà de ça. C’est une maison d’architecte incroyable. Et Jeff ose dire que la maison de sa famille dans le Vermont est grande – trop grande pour eux – quand il a vécu ici ? Il tourne la tête vers Jeff quand celui-ci lui dit que la maison est belle. Elle est incroyable… Il se demande quel métier faisait Daniel, était-il riche héritier ou un artiste connu ? Un acteur ? Un sportif ? Alonso tend la main au notaire et au locataire et se présente. Son avocat, non, son compagnon. Le locataire a également un conjoint. Ils empruntent l’allée et la main d’Al passe doucement dans le dos de Jeff. C’est effectivement un endroit magnifique. Ils allaient rentrer dans la maison, un peu plus que ça même, ils allaient rentrer dans un musée de souvenirs… Le locataire dit qu’elle a peu changé. A l’intérieur, c’est aussi beau qu’à l’extérieur. Si Jeff a vécu ici dans les premières années après leur appartement minable à New York. Il comprend pourquoi il l’a vite oublié. Mais cette pensée loin de l’attrister le fait sourire. C’est magnifique et l’idée que Jeff et Coco aient vécu dans un tel palace l’impressionne beaucoup. Il repense au fait que Jeff en a « hérité ». Ils avaient donc tous les deux vu le notaire pour être le légataire l’un de l’autre. Le mariage homosexuel en Californie n’était sans doute pas encore légal quand Daniel était décédé.

Jeff s’éloigne de lui instantanément pour aller saluer une statue au fond du salon. Le geste qu’il fait en la touchant provoque un léger frisson à Alonso. Qu’est-ce que ce buste représentait pour lui ? L’avait-il acheté avec Daniel ? Daniel lui avait-il personnellement offert ? Il ne laissera pas Jeff vendre n’importe quoi. Il n’était pas son avocat mais s’il avait encore des souvenirs à récupérer ici… Ils s’installent sur le canapé. Alonso regarde encore autour de lui, extrêmement impressionné par la grandeur et la beauté des lieux. On était loin du charme rustique du Vermont.

Le compagnon arrive avec un plateau contenant des coupes de champagne vides, une bouteille dans un seau à glaçon et des petits fours, Alonso le reconnait immédiatement et se lève. Il s’agit de l’acteur de films d’action, Jeremy Renner. Monsieur Renner ? il ne s’y attendait pas. Alonso avait suivi un peu son accident, il y avait un peu moins de deux ans qui l’avait depuis empêché de continuer à tourner, quoiqu’il ait vu qu’il allait bientôt reprendre. Je vois que j’ai encore des fans, c’est rassurant, vous pouvez vous asseoir vous savez. Alonso se rassoit tout sourire tout à coup et l’homme vient leur serrer la main. Lequel d’entre vous est Monsieur Toone ? Votre maison est fantastique, merci de bien vouloir nous la vendre. Puis l’homme vient s’assoir dans les fauteuils à côté de l’autre locataire. Alors, vous en étiez où ? demande-t-il. Nulle part mon chéri, nous t’attendions.

Les deux hommes se sourient discutent, il y avait une vraie complicité entre eux et Alonso est assez ému de rentrer dans le quotidien de quelqu’un qu’il a vu de nombreuses fois au cinéma. Le notaire commence à présenter le bail, refaire l’état des lieux de la maison, des pièces, des meubles et des statues également qu’ils avaient fait estimer. Le prix de la maison qu’ils proposent donnent un léger vertige à Alonso. Le notaire leur tend les papiers, leur propose de faire le tour de la maison pour vérifier si tout est en ordre et qu'ils n'ont rien oublié qui pouvait lui appartenir. Al vient tout de même glisser à l’oreille de Jeff. Mon cœur, s’il y a des statues ou des meubles que tu veux ramener chez nous, que tu ne veux pas vendre… Tu n’as aucune obligation de tout laisser ici. Même pour Jeremy Renner, il ne laisserait pas Jeff dans la difficulté. Nous vous laissons discuter entre vous, bien sûr. Vous pouvez aller à l'étage vous serez plus tranquilles. Alonso interroge Jeff du regard, est-ce qu'il a vraiment envie de faire le tour de la maison et de monter à l'étage ?

Tu es ravi que la maison plaise à Alonso. Bien sûr, tu n'as jamais pensé à revenir y vivre et tu en serais bien incapable. Mais... Tu te dis que s'il voit où tu as vécu, il sera rassuré sur ta vie sans lui. Au moins une partie.

La statue te rappelle bien des souvenirs et c'est pour cela que tu t'en es approché. Tu la laisses ensuite, un peu à regrets pour venir t'assoir sur le canapé avec Alonso. Tu viens tenir sa main, ce n'est pas ici qu'on viendrait vous dire quoi que ce soit. Tu ne penses pas en tout cas. Tu croises tes jambes aussi, parce que c'est une habitude pour toi et que tu le fais sans trop y penser. Tu étais en train de regarder un tableau sur un mur, un tableau que tu ne connaissais pas, quand le fameux compagnon arrive et fait se lever Alonso. Apparemment, il le connait et tu fronces les sourcils parce que de ton côté, il ne te dit pas grand chose. C'est un bel homme c'est certain, mais les bels hommes ne te donnent pas tout le temps envie de regarder des films d'action et tu n'en es pas friand. C'est moi. Tu réponds en tendant ta main à ton tour, tu souris parce que tu imagines Alonso fan de quelqu'un que tu ne reconnais même pas.

La discussion s'installe autour de la maison, tout a déjà été rédigé pour que cette entrevue ne dure pas des heures. Tu laisses Alonso regarder les papiers, tu sais que tu n'y comprendrais rien. Mais tu vois le prix proposé et tu te dis que personne ne peut vouloir arnaquer une autre personne en lui donnant tant d'argent. Ca te passe un peu au dessus de la tête. Tes comptes, tu t'en fiches un peu. Peut être qu'Alonso devrait regarder un jour, s'il le voulait bien. Tu songes à tes souvenirs ici, plutôt, à quoi ressemblait la maison comme tu la connues. A ce moment où vous aviez fait l'amour sur la peau de bête posée au sol, à côté de la cheminée. Mais il n'y a plus de peau de bête. Hm ? Tu reprends tes esprits. Oh. Je ne sais pas. Tu es toujours nostalgique, rempli d'émotion. Mais tu penses à quelque chose en particulier. Un cadeau que Daniel vous avez fait, à Coco et à toi, mais un cadeau qu'il s'était donné également. Est-ce que... Est-ce que vous auriez acheté la maison avec un tableau ? Un tableau plutôt imposant représentant une dragqueen ? Les hommes se regardent et se sourient. Bien sûr, le tableau se trouve à l'étage, en haut des escaliers. Nous aimions l'idée qu'elle accueille nos invités qui restaient pour la nuit. On ne voulait pas qu'elle soit vue par tout le monde, juste des invités un peu plus particulier... Mais... Il se concentre sur toi. Mais ne rajoute rien de plus. Oui, c'est moi dessus. Enfin. Coco est représentée. Tu t'adaptes toujours pour parler de Coco aux gens que tu ne connais pas. J'aimerai bien le revoir. Tu ne voulais pas monter, pas explorer les lieux. Tu as encore des tas de questions. Est ce qu'ils ont des choses qui appartenaient à Daniel uniquement ? Tu ne sais pas, tout était resté ici et tu ne t'en es pas occupé. Tu t'en veux maintenant. Ta douleur avait été trop forte. Peut être que tout a été donné, ou pire, détruit. L'idée te serre le cœur. Maintenant ? Propose Jeremy, le compagnon du locataire actuel. Il n'a même pas eu le temps de servir les coupes de champagne, décidément.

Vous vous levez, les deux hommes passent devant vous alors tu prends un instant Alonso dans tes bras, tu es très ému, plus que ce que tu pensais. Tu trembles légèrement. Tu ne dis rien. Ils vous mènent à l'étage, à l'escalier en tout cas et vous laisse y monter seuls. Tu passes le premier et tu aperçois rapidement le portrait de Coco. Plus tu t'en approches, plus l'émotion te gagne. Il s'agit de Coco, dans une robe classique des années 20, qui prend la pose sur un fond décoré comme à l'époque. Un fauteuil avec de beaux pieds ornés de dorures, un canapé qui lui ressemble. Une imposante horloge dans le fond. Du marbre est peint pour le sol, il y a aussi une table basses et quelques éléments de décoration. Coco prend un air un peu hautain et distant, comme elle aime parfois le faire. Elle est coiffée d'une perruque blonde, à la coupe typique de l'époque. Elle porte une robe bleue nuit qui ressort divinement bien, le peintre savait maîtriser son art. Des gants de soie noirs, une plume au dessus de son front, attaché par un serre tête. Elle porte un long collier de perles blanches. De véritables perles qu'elle avait toujours adoré d'ailleurs. Elle a dans sa main un porte cigarette, la cigarette semble allumée car un peu de fumée s'en échappe. Tu sais que c'était pour la pose, parce que Coco ne fume pas.

Revoir ce tableau te fait quelque chose. Vraiment. Tu déglutis, tu t'en approches et tu l'admires de haut en bas, sans savoir quoi dire.

Alonso se demande si Jeff a demandé une estimation indépendante de son côté du bien. Jeff a l'air de le laisser regarder les papiers donc surement pas. Ils ont fait deux estimations par des agents immobiliers de la ville. Il aurait été mieux que Jeff regarde ça de plus près mais... il le voit que son compagnon est ému et que ça  serait compliqué de retarder la vente. Tout à l'air correct, de toute façon, ce serait difficile de refuser une telle somme car le prix proposé est dans la fourchette des agences, plus le prix des oeuvres d'art. Jeff a l'air un peu perdu dans ses pensées, dans ses souvenirs peut-être même.

Il demande un tableau, un tableau de Coco, de lui. Alonso sourit, c'est toujours amusant comme Jeff parle de Coco aux inconnus. Le tableau serait toujours là, alors ils montent et Alonso le découvre, la découvre plutôt. Daniel avait eu le bon goût d'immortaliser Coco dans sa jeunesse
style années 20 . Jeff s'approche. Alonso reste deux pas derrière, puis au bout de quelques secondes, il s'approche et vient prendre la main de Jeff doucement. Elle est magnifique... C'etait un tableau magnifique, réalisé avec bon goût. Il se rend compte, d'autant plus avec ce tableau, qu'il s'agit de la maison de Jeff. Sa maison. Louée, certes, mais sa maison tout de même. Chez lui, avec ses souvenirs... des souvenirs vieux d'au moins dix ans. Nous n'avons rien osé vendre de ce qui vous appartenait. Nous avons tout mis dans un garde meuble au cas où vous voudriez récupérer la maison telle qu'elle était. Je vais vous donner l'adresse et les clés c'est de l'autre côté de la ville. Ne vous inquiétez pas vous avez le temps pour les prendre. Alonso tourne la tête vers le locataire et le remercie beaucoup. Un garde meuble remplit de souvenirs de Daniel... Est-ce que Jeff allait pouvoir tenir ? Vous voulez récupérer ce tableau ? demande Jeremy. Qu'en penses-tu Jeff ? Ça te plairait ? Il leur faudrait une grande maison pour mettre un tableau de cette taille... et une décoration adaptée.

Tu t'étais promis d'être fort. Pour Alonso surtout, parce que tu n'avais pas envie de l'inquiéter. Pour Daniel aussi, parce qu'il te savait fragile, parce qu'il se serait senti coupable de te mettre dans de tels états. Mais se convaincre de quelque chose et le faire réellement était tout autre chose. Tu hoches la tête, ta main dans celle d'Alonso à présent. Magnifique Coco, la représentation que s'en faisait Daniel, également. Tu en es certain en revoyant cette peinture, si Daniel n'avait pas eu cet accident, tu serais encore ici avec lui, peut être ailleurs, mais avec lui. Tu ne l'aurais jamais quitté et probablement qu'il ne l'aurait jamais fait. Mais tout ceci était une autre histoire, pas ton histoire. La sienne s'était arrêtée, et tu ne pouvais que le regretter. Est ce que tu regrettais aussi d'avoir vécu après lui ? Oui, tu l'avais regretté. Des tas de fois même. Tes crises étaient devenues si violentes après sa disparition. Et c'était pourquoi tu savais que tu en ferais toujours, parce que tu te sentais si fort avec Daniel, si certain de tout... Et pourtant, il était parti. On te l'avait enlevé plutôt. Alors, tu te disais que même pleinement heureux, tu pouvais sombrer à nouveau. Sa perte avait beaucoup influencé ta manière de voir les choses, beaucoup de négativité surtout. Maintenant, tu ne t'attendais plus à être simplement heureux, tu pensais que d'être heureux n'était qu'une phase, une phase trop fragile pour s'y attacher.

Tu as envie de laisser couler tes larmes mais la voix d'un des nouveaux habitants de la maison se fait retentir. Tu prends une grande inspiration pour rester digne. Tu sais que Daniel ne t'en aurait pas voulu de pleurer à ce moment là, mais tu te contiens tout de même. Tu fais oui rapidement de la tête. Bien sûr que tu veux retrouver tout ce que tu peux de Daniel. Des photos, des vêtements, son odeur même peut être. Le tableau est si beau, tu le regardes encore. Tu ne pouvais pas le laisser chez des inconnus, même s'ils semblaient être de très bonnes personnes et qu'ils l'avaient honoré. Oui. Tu fais oui de la tête en même temps. Je vous remercie parce que je trouve qu'il aurait été dommage de le laisser aussi dans un garde meuble. Vraiment. Coco est faite pour être admirée et elle l'a été grâce à vous. C'était un bel hommage pour Coco, pour l'amour que Daniel lui portait aussi. Les deux hommes semblent émus, peut être parce qu'ils constatent à quel point tu es ému aussi. On nous a raconté l'histoire de cette maison, quand on est venu dedans et vous voyez... Jeremy est toujours touché par tout ce qui se rapproche du domaine artistique. Artistique et Queer encore plus. Il rit un peu, Jeremy confirme et ajoute. Ne le répétez à personne mais j'ai même raconté quelques fois que je connaissais le modèle peint sur le tableau... c'est chose faite maintenant. Pour toi, il n'a pas réellement rencontré Coco, mais il t'a rencontré toi mais tu es toujours très indulgeant avec ceux qui ne savent pas. Tu es tout de même soulagé. Soulagé que cette maison semble toujours abriter de l'amour, tu regardes encore le tableau quelques instants. Orion ? C'est Jeremy qui parle. Tu fronces les sourcils. Tu as proposé à nos invités de rester pour ce soir ? Tu as bien entendu, Orion ? Le hasard et le destin s'étaient tapés dans la main pour se moquer de vous. Tu te rapproches d'Alonso et tu passes un bras dans son dos, tu viens lui chuchoter rapidement dans l'oreille. Il s'appelle Orion... Puis tu déposes un rapide baiser dans son cou. C'est gentil, on avait envie d'être un peu tous les deux. Tu regardes Alonso, peut être qu'il aimerait bien, peut être qu'il se dirait que ce serait plus facile pour toi d'avoir un peu de temps dans cette maison, de passer une soirée à rire... Mais tu ne pouvais pas lui prendre cette soirée.

Il le voit à quel point Jeff est ému. Il reste là avec lui mais c'est compliqué de savoir exactement quoi faire. Il aimerait lui laisser le temps de digérer toutes ces émotions. Parce que, comme Jeff avait dit, il aurait vécu toute sa vie avec Daniel s'il avait pu. Alonso avait encore du mal à se positionner par rapport à cette information. Il ne pouvait pas être jaloux d'un mort, il ne pouvait pas non plus complètement se réjouir car une partie de lui se disait qu'il aurait raté tous ces derniers mois avec Jeff, et d'un autre côté c'était rassurant de savoir que son compagnon avait vécu de belles années avec Daniel. L'homme parle de l'histoire de la maison queer et artistique ? Il faudrait qu'il demande à Jeff ce qu'il en était.

Il s'appelle Orion, ça fait sourire Alonso. Jeff insiste. J'ai entendu... répond-t-il en chuchotant avec un grand sourire. Oui, merci beaucoup, mais nous avons des plans pour ce soir et des lieux à découvrir. Jeff lui avait promis de lui faire visiter le Los Angeles de Daniel, puis peut-être qu'il voudrait passer au garde meuble, cet après-midi ou demain matin. Puis, il y avait cette balade avec Coco de prévue... Si vous voulez un peu de temps, nous pouvons signer les papiers demain, vous pouvez revenir à midi. apparemment ce n'est pas un probleme de faire venir le notaire un dimanche, Al imagine que pour ce genre de montants ils pouvaient bien se déplacer un dimanche. Comme ça, ça vous laisse le temps de réflechir. Jeff devait avoir eu la proposition financière depuis un moment mais Alonso la découvrait et il n'était pas contre le fait de relire tous ces papiers à tête reposée. Et pour le tableau, nous le feront décrocher et nous vous l'enverrons dans la semaine par transporteur. Décidemment l'argent n'avait pas l'air d'être une question ici. Alonso était vraiment plongé dans un autre monde. Il se demande s'ils pourraient ne pas faire directement construire leur maison à Redwood pour qu'elle corresponde à l'exigence de Jeff.

Les futurs propriétaires en profitent pour leur faire faire le tour de la maison. Ils montrent les changement à Jeff. Chaque pièce est grandiose. Alonso est vraiment très impressionné et comprend bien le prix de ce domaine. Ils terminent avec le jardin tout aussi impressionnant avec cette belle piscine. On ouvrira le champagne demain alors. plaisante Orion. Alonso les salue avec chaleur. Dire que c'est Jeremy Renner qui sera le propriétaire du bien de Jeff et qu'il a un compagnon masculin. C'est très drôle de le savoir. Il est vraiment dans un autre univers. Tu aurais préféré revenir ce soir pour le dîner ? demande Al en sortant une fois qu'ils repartent. Une fois le portail fermé derrière eux, il ouvre doucement ses bras pour accueillir Jeff qui devait avoir eu un sacré paquet d'émotions à l'intérieur. Je suis là... il embrasse sa joue tendrement.

Tu es un peu absent lors de la visite. Parce que tout a changé, parce que tu as le portrait de Coco qui te reste en tête et des tas de souvenirs autour qui reviennent avec lui. C'est beau bien sûr, décoré avec gout mais ce n'est pas comme tu l'as connu alors tu n'es pas très objectif. Peut être que le garde meuble te captivera un peu plus, c'était même certain. Tu réponds simplement quand on te pose des questions. Demain ça sera très bien. Tu as songé un instant à revenir dans la soirée mais ça devait être la votre, puis celle d'Alonso et Coco. Tu aurais le temps de t'y préparer, ainsi.

Vous saluez les deux habitants de ton ancienne maison -celle qui est toujours la tienne pour le moment d'ailleurs- et vous pouvez regagner le portail. Quand vous êtes dehors, tu t'appuies dessus quand il se referme. Tu fais non de la tête doucement. Non... Demain c'est bien, c'est très bien. Tu es encore dans tes pensées, tu souris un peu tristement parce que revenir ici te fait remonter tant de souvenirs. Tu viens te mettre contre Alonso, tu profites de la chaleur de son torse, de la bienveillance de son étreinte et tu poses ta tête contre son omoplate. Tes bras viennent l'entourer à la taille. Tu es reconnaissant de l'avoir pour cette épreuve. Peut être que tu l'aurais laissée trainée des années encore, si tu ne l'avais pas eu à tes côtés. Je sais... Je sais. Merci. Tu relèves la tête vers lui, tu n'as pas versé de larmes cette fois mais tes yeux brillent. Quand tu regardes Alonso, tu vois tout l'amour que tu lui portes, toute la chance que tu as de l'avoir avec toi... Et tu vois aussi que si tu as cette chance, c'est parce qu'une autre vie s'est éteinte. C'était triste, tellement triste mais tu n'y pouvais rien. Alonso n'y pouvais rien non plus et tu n'avais pas envie qu'il se sente responsable. Tu sais, pour Chacha. C'était sa danse préférée et j'adore danser aussi alors quand il a fallu lui trouver un nom... J'avais envie à ce moment d'emmener un peu de Daniel partout avec moi. Même si la petite chienne ne l'avait jamais connu, l'idée t'était venue naturellement. Peut être que c'est trop pour Alonso, mais tu as aussi gardé des choses de lui après votre séparation. Tu ne fais pas trop attention à ses choses là. Tu te détaches de lui. Alors, la prochaine étape ? Tu tentes un léger sourire. Tu as un peu oublié l'ordre des choses.

Il entoure Jeff de ses bras et son compagnon lui rend son étreinte. Il le remercie. Il ne le fait pas pour un merci. C’est compliqué pour lui de savoir quoi faire, quoi dire, de ne pas prendre cette tristesse pour lui. Oui, Daniel avait compté et oui, il y avait des répercutions. Mais Alonso avait deux enfants adolescents qui montraient clairement à Jeff qu’il avait eu aussi une vie heureuse avant lui. Que lui aussi, si des évènements dramatiques n’avait pas touché sa famille, il ne serait pas avec lui à l’heure qu’il était. Jeff lui parle de Cha-Cha. Tu adores danser, hein ? ça l’étonne un peu. Depuis qu’ils étaient ensemble, son compagnon ne lui accordait que des slows alors même qu’Alonso aurait cherché à danser plus. A l'époque, oui, Jeff dansait beaucoup même, aujourd'hui, il prétextait souvent être fatigué ou ne pas en avoir l'énergie. Curieusement, c’est ce qu’il retient de cette confidence. Qu’il ait nommé son chien en l’honneur de Daniel, qu’il ait envie de ramener un tableau de Coco énorme qui le ferait penser à Daniel tous les jours, ainsi que sa photo sur leur tableau des personnes importantes, il essaie de ne pas trop y penser pour le moment... Il allait sans doute récupérer des meubles du garde meuble, contrairement à sa relation avec Sonia dont Alonso avait gardé le moins possible de souvenirs, Jeff semblait avoir envie de recréer l’espace qu’il avait perdu avec Daniel… De recréer peut-être une partie de sa vie avec lui. De garder le souvenir que s'il avait vécu, il ne serait pas avec Alonso. Le fait que Jeff se replonge dans cette vie parallèle là, le blesse un peu, bien sûr. Jeff était du genre à toujours dire qu'il ne fallait pas s'accrocher à ce qui n'a pas été, ce n'est pas le cas en ce moment.

Prochaine étape les lieux favoris de Daniel, ou le garde-meuble, comme tu souhaites. Ce week-end est pour toi, tu l’agences comme tu l’entends. répond doucement Alonso. Bien sûr qu’au fond, toute cette attention autour de cet homme, ce Daniel, le laisse curieux et un peu sur la réserve. Il garde pour lui ses questions, laisse venir Jeff, car il se rend compte que Daniel est partout sans qu'il ait été nommé dans la manière de voir la vie, dans ses crises, même dans son chien. Il y a, pour Al, une distance nécessaire à avoir avec tout ça et il tente tente de la prendre, essayant de mettre de côté son égo pour laisser la place aux souvenirs de Jeff. Son compagnon ne veut pas le quitter, mais il aurait aimé que Daniel vive. Et il sait qu'une une partie de lui - malgré cette histoire de baguette magique - une partie de lui aurait aimé ne jamais avoir à revenir avec Alonso parce qu'il serait resté avec Daniel. Et cette partie de lui commençait à amasser les souvenirs pour les faire rentrer dans leur quotidien, dans leur vie, dans cette future maison qu'ils n'avaient même pas et Al savait qu'il fallait qu'il se décale et laisse de la place à ce fantôme là, parce que Jeff semblait ne lui jamais avoir donné la place qu'il méritait.

Tu aimes danser oui. Mais il est vrai que tu ne l'as pas fait depuis longtemps avec Alonso. Parfois, il t'est difficile de ne pas rester bloquer dans le passé et la danse...la danse te fait penser à Daniel. Tu sais que tu ne devrais pas, qu'Alonso aussi avait le droit de danser avec toi. J'aime ça oui. Tu te sens un peu coupable, de lui avouer quelque chose qu'il sait probablement déjà et que tu n'as pas su lui offrir pour le moment. Il allait falloir que tu avances, pour Alonso, pour toi aussi, parce que rester avec tes souvenirs n'était pas ce qu'il y avait de plus sain pour toi.

Mais tu n'y songes pas pour le moment, tu penses où vous allez aller. Tu hésites. Le garde meuble pourrait te donner beaucoup de peine, tu le sais, et en même temps, le faire en premier te permettrait de retirer ce poids. Peut être qu'après la visite de ton ancien logement, il valait mieux d'abord visiter des lieux avec du monde, tu ne sais pas. J'ai bien besoin de passer par ses endroits favoris avant le garde meuble, tu me connais, je vais l'ouvrir et... Tu ne termines pas ta phrase. Tu voulais dire que ça sera difficile pour toi. Daniel aimait beaucoup quand on se promenait près des plages de Santa Monica en vélo... Bon tu me connais je râlais un peu pour le vélo... Mais c'était bien, il y a une fête foraine, beaucoup d'artistes de rues, c'était un endroit qu'il aimait beaucoup. Et comme il faisait souvent beau, vous y alliez souvent. Avec des amis parfois, mais souvent que tous les deux. Daniel insistait toujours pour les vélos et tu ne comprenais pas, mais c'était surtout plus pratique pour se déplacer qu'en voiture.

Tu passes ta main dans son dos, tu viens doucement le caresser. Mais si ça te va toujours... Peut être que si tu me proposais de faire tout les endroits que tu adorais faire avec Sonia... Tu laisses une seconde passer, deux. On peut tout aussi bien juste passer une journée tous les deux et faire ce qui nous plait. Il fallait que tu arrêtes de ne songer qu'au passé, Daniel te le disait parfois, même s'il avait accepté que tu n'oublies jamais totalement Alonso.

Il aime ça, mais sans doute que ça le faisait trop penser à Daniel. Combien de temps avaient-ils vécu tous les deux ? Le rationnel Alonso tente de calculer. Ils s’étaient quittés vingt-deux ans, sur ces vingt-deux années, il en avait vécu six ans non consécutifs avec Russell, disons sur une période de neuf ans… A l’intérieur de ces neuf années, il y avait eu Piotr aussi au moins un an peut-être ? Puis, il y avait eu d’autres relations entre lui et Daniel, comptons deux ans, entre Russel et Daniel, peut-être quelques années aussi car, il y avait eu aussi le fameux catcheur Caleb. Et puis, il avait quitté Russell définitivement, il y avait quoi, deux-trois ans ? Tout ça réuni… Il estime qu’il a du vivre au moins cinq-six ans avec Daniel ? Peut-être un peu plus car il avait compté large. Al et Jeff étaient restés un peu plus de huit ans ensemble à New-York. Peut-être que Jeff avait fait aussi ce temps-là aussi avec Daniel ?

Jeff lui dit qu’il a « besoin » de passer par les endroits favoris de Daniel avant le garde-meuble. Il comprend tout à fait ce que Jeff veut dire. Passer aux meubles après la maison, ça serait peut-être trop difficile… Al ne sait pas trop si Jeff veut louer des vélos où s’il en parle simplement pour le souvenir… Alonso ne fait pas de commentaire, il sourit simplement avec douceur. Il ne veut pas dire des « moi aussi, j’aime beaucoup la plage et les fêtes foraines », il passerait pour quoi franchement… Il ne peut pas répondre un simple « c’est bien » non plus. Il ne dit rien du coup, laissant Jeff faire le tri dans ses souvenirs. Il passe sa main dans son dos. Alonso a un sourire, les endroits qu’il adorait faire avec Sonia… Il ne proposerait jamais de faire ça à Jeff. Il… n’a pas pensé à ces lieux depuis des années, les bons moments passés avec Sonia… Il les a relégué dans un coin éloigné de sa mémoire, il n’y pense jamais. Il ne veut pas entendre son rire revenir dans sa mémoire, il ne veut pas se souvenir de leurs échanges, de leurs moments de tendresse, de leurs balades et des lieux qu’ils aimaient. Il baisse les yeux vers le trottoir. Cette simple phrase lui fait un drôle d’effet, rien que l’association des mots « adorer » et « Sonia ».

Il secoue la tête. Ils n’en sont pas là. Il ne montrera pas son ancienne maison avec Sonia à Jeff, il ne lui montrera pas les coins qu’elle adorait, il n’exposera pas les photos de lui qu’elle aimait… Rien que penser à tout ça lui fait tout à coup très mal. Il a un léger mouvement de recul pour retirer la main de Jeff de son dos. Il ne comprend pas lui-même pourquoi il réagit avec tant de fermeture sur son mariage. D’ailleurs, il n’en parle jamais, il avait avoué à Jeff qu’il dansait beaucoup avec elle au cours de leur mariage, mais il n’avait même pas dit que savoir monter à cheval venait aussi de cette période-là. Tout ce qui entourait Sonia était son jardin secret, un jardin scellé qu’il n’ouvrait jamais. Sonia, ce n’est pas comparable, Jeff. dit-il un peu durement. Daniel n’aurait jamais voulu rompre avec toi, tu l’as dit, tu le répètes. Une histoire d’amour qui ne se serait jamais éteinte. Moi, Sonia m’a quitté, elle a piétiné notre histoire, il n’y a rien de beau à raconter. C’était faux, bien sûr qu’il y avait de très beaux moments à raconter. Des moments tristes où ils s’étaient soutenus, des moments de joie où ils étaient heureux à s’en exploser le cœur, à n’avoir que l’amour comme horizon, des moments de connivence intellectuelle forts où il avait l’impression que personne ne pouvait le comprendre aussi bien qu’elle. Des moments qu’il n’avait jamais vécu avec Jeff. Sonia n’aurait jamais critiqué le choix de l’appartement, ils se seraient baignés immédiatement dans la piscine et se seraient chamaillés pour savoir qui plongeait le mieux dans l’eau. Bien sûr que lui aussi, il aurait eu des anecdotes à raconter si elle était morte en plein milieu de leur histoire, peut-être même qu’il penserait aujourd’hui comme Jeff pour Daniel que leur amour n’aurait jamais pris fin.

Non, les plages de Santa Monica, c’est bien, tu as dit que tu en avais besoin. Il sourit à Jeff mais ne vient pas rechercher le contact physique. Un grain de sable avait enraillé la machine mais il essayait de retrouver son rythme. Ils allaient voir les lieux préférés de Daniel, puis le garde-meuble, puis le restaurant préféré de Daniel et Coco pourrait aussi lui parler de lui. Ça ne le dérangeait pas. Ils accueilleraient ce que Jeff voulait de lui dans leur espace commun, parce que cette histoire était belle. Il repense un instant à Flora, est-ce qu’il voudrait montrer à Jeff les coins où il avait vécu avec elle s’il en avait l’occasion ? Il ne sait pas. Ce jardin-là, il en avait entrouvert la porte en Espagne, il avait montré des photos à Jeff, mais… Il ne sait pas, il n’a pas envie d’y penser pour le moment. D’ailleurs, il n’a pas à y penser, ce week-end n’est pas pour lui, il est pour Jeff, Jeff et ses souvenirs avec Daniel. Il fallait qu'il arrête d'être aussi égoïste. Je commande le taxi. dit-il en essayant de prendre un ton plus doux et en sortant son téléphone.