tw : sexe, soft bdsm

Alonso accélère vitre le rythme. Tu le regardes faire, tu le regardes déboutonner sa chemise et l'ouvrir pour dévoiler son torse. Un torse que tu connais déjà par cœur mais que tu aimes toujours autant voir s'offrir à toi. Il s'agit de ton torse, celui dont Alonso se sert pour te permettre de te reposer dessus, ce torse si fort que tu aimes avoir contre le tien. Alonso reste doux, malgré tout. Parce qu'au fond, il prend le contrôle parce que tu en as besoin, mais tu as aussi besoin de cet Alonso doux, de ces mots qui te cajolent et te rassurent.

Il décide. Tu ne dis rien, ça va de soi. Quand il te demande si tu en as vraiment envie, cette fois tu prends la parole, la seule que tu puisses prendre. Oui, Alonso. Tu réponds d'une voix plus rauque, bien plus suppliante aussi. Une voix qui l'implore presque à aller plus rapidement, même si tu n'as pas le droit de demander. Il se frotte contre toi, tu as tellement envie de lui dire de ne pas attendre. Se retenir fait parti du jeu, tu ne penses qu'à ça, qu'à cette frustration qui te fait un bien fou. Tu penses aux cordes aussi, à ces liens qui t'empêchent de bouger pleinement, au contact contre ta peau. Tout est délicieux. Il rentre en toi rapidement, tu dois te contenir pour ne pas gémir comme il te l'a demandé. C'est si prompt. Tu aimes tellement quand tu ne dois faire que lui obéir. Alonso est un amant à la fois strict et doux, personne n'a été ainsi avec toi. Jamais. Ils étaient soit l'un, souvent l'autre. Il vient mettre sa main contre ta gorge, tu voudrais tellement lui montrer que ça te plait. Tu ne peux qu'ouvrir la bouche, laisser ta tête en arrière et ne rien laisser filtrer. Avec tout ce qu'il te donne, tu lui dois bien ça. Il te libère de ton silence, tu ne te prives plus. Tu gémis, tu ne dis rien car tu as juste le droit de gémir et tu le sais. Tu gémis pour qu'il l'entende, tu gémis aussi parce que tu n'en pouvais plus d'attendre Alonso en toi, il a été gentil de ne pas te faire patienter plus longtemps. Ton corps frémit, ta tête est complètement ailleurs. Tout tes sens sont en émoi. Tu voudrais le sentir en toi des heures durant, qu'il t'épuise tant que tu ne pourrais pas quitter cette foutue chambre pour laquelle tu as fait des remarques en arrivant. Mais l'excitation est telle, ses ordres sont si directes que tu jouis rapidement. Comme il le demande, tu le sens prendre en vigueur en toi, même si tu viens de jouir, tu aimes cette sensation qui vient pendant que l'orgasme n'est pas totalement redescendu. Tu n'en peux plus. Ton corps a été sollicité, ton esprit encore plus. Tu ne peux pas bouger, tu es toujours à sa merci. Tes mains sont toujours au dessus de la tête, tu reprends ton souffle. Tu le regardes. Tu voudrais tant lui dire à quel point tu l'aimes mais il n'a pas dit que le jeu était terminé. Tu espères que ce n'est pas un oubli et qu'il continue toujours. Oui, Alonso. Tu réponds simplement. Parce que c'est ce que tu veux et aussi parce que techniquement, tu ne peux rien dire d'autre. Tu aimerais lui dire que le jeu continue en dehors du sexe. Pour la journée entière... avec une pause pour Coco, évidemment. Mais tu ne peux rien dire. Tu dois attendre qu'il décide.

Cela ne dérangeait pas Alonso d’être décideur, il sentait Jeff particulièrement fragile et il devait orienter son assistance pour que son compagnon puisse retrouver l’envie de faire ses propres choix. Ce n’était pas encore le cas, il l’entend à son dernier oui, il l’entend car Jeff ne dit toujours pas non. Il vient l’embrasser tendrement. La mise en scène avait été longue et délicieusement frustrante et le sexe avait été brutal mais libérateur pour les deux hommes. Ce contrôle sur Jeff, il l’adorait, il l’adorait d’autant plus qu’il était empreint de respect, d’amour et qu’il ne l’oubliait jamais. Il n'oublie pas qu'il ne contrôle pas uniquement pour le plaisir qu’il y prend, il contrôle pour que Jeff puisse aussi prendre lui-même du plaisir et réussir à trouver un certain équilibre dans le jeu.

Il se rend compte qu’il n’a même pas totalement ôté sa chemise. Très bien, je te détache, puis on ira se doucher tous les deux. Il se remet par-dessus Jeff pour délier ses mains d’abord. Puis il descend du lit pour délier ses pieds. Il galère dix secondes de plus un peu sur l’un des pieds du lit qui s’est un peu trop resserré. Mais il finit par tout retirer et les enrouler proprement. Il regarde Jeff avec un sourire pendant qu’il manipule les cordes. Va-y, je te rejoins dans cinq minutes. Cela permettra à Jeff d’avoir tout de même un peu d’intimité s’il en a besoin dans la salle de bain.

Alonso profite des cinq minutes pour ranger ses affaires, remettre le fauteuil où il était car il gêne un peu le passage. Il rejoint Jeff dans la salle de bain, ils se lavent, il en profite pour le caresser. Lui dire de l’embrasser. Ce baiser langoureux dans la douche fait du bien à Alonso. Pouvoir faire ce dont il a envie avec Jeff, lui demander simplement dès qu’il le désire… En sortant de la douche, Alonso donne ses nouvelles instructions à Jeff. Habille-toi pour la soirée. On va aller aux plages de Santa Monica comme prévu. Mais, je ne veux pas entendre parler de ton ex. Tu as le droit de penser à lui mais dès qu’une anecdote te vient, je veux que tu me serres ma main, plus l’anecdote est importante, plus tu pourras serrer fort ma main. Mais je ne veux pas l’entendre. Tu penses que tu peux faire ça ? Alonso se change et met un nouveau pantalon et une nouvelle chemise. Ça lui fait du bien. Il commande le taxi. Je t’autorise de nouveau à me parler comme tu l’entends pour le moment. Mais parle-moi avec respect. Il fait comprendre à Jeff qu'il garde le contrôle sur lui. Une fois que tu as fini de t’habiller et de te maquiller, viens me voir. Il lui dit de se maquiller parce qu'il sait que Jeff aime le faire et qu'il veut qu'il se sente bien et qu'il se sente beau. Quand Jeff revient jusqu'à lui, Alonso l’enlace tendrement et l’embrasse. Il le regarde de la tête aux pieds. Tu es parfait. lui glisse-t-il à l’oreille. Il le prend par la main, ferme l'appartement derrière eux et l'amène au taxi.

Le sexe est terminé, mais pas le jeu. Parfois, il n'y avait même pas de sexe. Tu as besoin de lâcher prise et tu sais le faire de cette manière. Parce que le plaisir que tu prends à perdre le contrôle est plus fort que le reste. Tu n'as plus d'angoisses, tu ne penses plus parce que souvent, tu n'es pas autorisé à le faire. Et ça te va. C'est contrôlé. Tu as ton safeword, tu sais qu'Alonso n'utilisera pas le pouvoir qu'il a sur toi, contre toi. Tu le laisses défaire tes liens, les cordes ont été parfaites. Quand tu pourras t'exprimer, il faudra que tu le lui dises.

Tu quittes Alonso, tu jettes un regard sur cet homme si beau, cet homme que tu aimes tant. Cet homme que tu as blessé... Non, tu ne dois pas y penser. Tu es déjà nu alors tu te regardes quelques instants dans le miroir. C'est toujours compliqué pour toi, cette étape. Mais moins. Moins parce qu'Alonso te montre un peu plus chaque jour à quel point tu es désirable. Alors tu t'approches, tu regardes tes défauts, surtout tes défauts d'abord. Tu les effleures, ta peau est encore sensible par endroit. Tu te demandes un instant comment il aime tant ce corps. Tu te reprends, ce n'est pas le moment pour ça. Tu apprécies un peu plus ce que tu vois, tu tentes de le voir avec ses yeux. Puis tu entres dans la douche, tu y restes sans te savonner, juste sous l'eau, jusqu'à qu'il te rejoigne. Tu le nettoies, tu prends soin de sa peau. Tu ne dis rien, toujours rien. Le baiser qu'il t'offre est rempli d'envie, tu l'acceptes et tu lui offres autant qu'il te donne. Tu adores ce qu'il se passe entre vous. Il te demande de bien t'habiller, d'être beau, pour lui, pour que les autres puissent aussi apprécier votre couple. Tu veux être fier et digne de tenir sa main. Oui, Alonso. Tu réponds avec un peu de malice dans le timbre de ta voix cette fois. Le jeu continue, il n'est plus sexuel mais il est toujours aussi plaisant. Tu te prépares seul. Tu enfiles une nouvelle tenue. Ta dernière mais les autres ne sont pas sales. Il t'a dit de te faire beau, tu as compris que tu devais te changer et c'est ce que tu fais. Tu prends soin de toi Tu te maquilles bien sûr. Tu mets même un rouge à lèvre rouge, que tu portes rarement quand tu es Jeff. De quoi faire briller ta barbe, mais la faire briller de blanc et d'argent et tu maquilles également tes paupières d'un rouge un peu moins prononcer. Tu te regardes une fois que c'est fini et tu te trouves beau. Tu arrives à le penser et à sourire. Tu espères qu'Alonso te trouvera beau lui aussi.

Tu sors, tu peux parler maintenant mais pour le moment, tu laisses Alonso le faire. Avoir l'autorisation de parler ne signifie pas avoir l'audace de le faire en premier. Tu le laisses te regarder, tu adores ce regard sur toi. Je dois bien être au moins parfait pour être digne de ta compagnie. Tu réponds, par respect mais aussi parce que tu le penses. Alonso était de ces hommes qui n'avaient pas besoin d'artifices pour être merveilleux. Tu le trouvais si beau, au réveil, concentré sur sa lecture, même quand il coupait des tomates. Une beauté naturelle et perpétuelle, qui s'était alliée avec le temps qui passe. Tu le suis, tu te laisses guider. Ne pas penser, ne pas se poser de questions. C'est tellement reposant pour toi. Tu en avais tellement besoin. Vous arrivez au Taxi, Alonso te laisse monter en premier, tu l'en remercies, tu t'installes et tu le laisses décider d'où vous irez. Je t'aime tellement. Tellement fort, tu ne pouvais que fondre d'amour pour cet homme qui te comprenait si bien, qui n'avait pas peur ou honte de répondre à tes besoins.

Le trajet se fait, quand vous arrivez, tu laisses Alonso sortir en premier et il t'aide à sortir ensuite. Tu le laisses décider de la route à prendre, tu ne connais pas vraiment l'endroit où vous êtes descendu, il te ne dit rien. Mais en commençant à marcher, tu serres sa main une fois en voyant le restaurant de Tacos préféré de Daniel. Toujours présent. Tu peux presque l'imaginer à une table mais tu préfères ne pas le faire. Est ce que ça te plairait de faire un tour à le foire ? Les jeux où l'on pouvait gagner des peluches et des choses inutiles, un autre plaisir de Daniel. Mais tu ne le dis pas, tu n'exiges pas. C'est Alonso qui décide. Tu sens quelques regards sur vous, surtout de la curiosité pour ton maquillage, mais rien de très appuyé. Toi, tu trouves qu'on devrait regarder Alonso. Ces gens là sont aveugles.

Selon Alonso, son partenaire avait besoin de deux choses : se sentir en sécurité dans sa relation actuelle et commencer à faire le deuil de sa précédente relation. C’est étrange parce que lorsqu’il ne prenait pas le contrôle, Alonso s’interdisait de penser à la place de Jeff. Il lui laissait de l’espace, de la liberté, il lui disait oui à presque tout, s’il voulait le tableau démesuré de Coco, s’il voulait des meubles de son ancienne maison, s’il voulait lui parler encore et encore de Daniel, il lui aurait dit oui. Parce qu’il met Jeff au même niveau de pensée que lui, sa réflexion vaut bien la sienne. A présent qu’il contrôle, il réfléchit différemment. Il réfléchit en termes de bien-être cognitif pour Jeff. Pas ce qu’il veut, mais ce dont, il a besoin. En l’occurrence, il ne lui demandera jamais d’oublier Daniel, Daniel fera partie de lui sans doute toute sa vie, mais il veut qu’il comprenne que ce sont des souvenirs, des souvenirs passés et que l’important aujourd’hui sont les souvenirs qu’il crée avec lui. Il ne veut pas entendre qu’aujourd’hui, il serait encore avec Daniel. Encore ou pas, il n’en saura jamais rien car cette relation était finie, définitivement finie. Les souvenirs devaient rester ce qu’ils étaient.

Il sourit à la réponse de Jeff quand il lui dit qu’il est parfait. Il ne répond pas, mais il caresse simplement sa joue d’un air heureux. Il laisse Jeff monter dans le taxi, referme la porte derrière lui. Il y a un jeu qui est proche de ce qu’il fait avec Coco. Mais cette dernière est totalement différente. Il sent pour l’une des premières fois du week-end Jeff enfin à l’aise. Jeff lui dit qu’il l’aime, Alonso vient prendre sa main et la porte à ses lèvres. C’est lui qu’il l’aime si fort, pense-t-il. Dire qu’il avait l’impression que Jeff ne lui faisait plus confiance et là, son partenaire se remettait entièrement à lui. Il n’en abuserait pas, il n’en profiterait pas comme d’autres avaient pu en profiter. Dans ces circonstances, Jeff était son trésor et il le considérait comme tel, il l’aimait et il le protégeait car il n’était plus capable de se défendre tout seul. Ils descendent assez proches du ponton de Santa Monica, là où se situe la fameuse fête foraine, puis la promenade piétonne avec les artistes de rue. Ils marchent tranquillement, il sent une première pression de la main de Jeff et il y répond par la même pression. Il veut faire comprendre à Jeff qu’il est là, qu’il ne le laisse pas seul avec ses émotions.

Ca me plairait oui. Guide-moi. Il laisse Jeff lui montrer le chemin même s’il y a des panneaux qui leur indique la direction. Il comprend vite pourquoi Daniel préférait le vélo, tout est immense et démesuré. Ils arrivent à la plage, elle s’étend à perte de vue et avancent sur le ponton de la fameuse fête foraine. Il y a quelques montagnes russes, un carrousel, une grande roue fonctionnant à l’énergie solaire, un panneau indiquant la fin de la route 66 et beaucoup de jeux d’adresses pour gagner des peluches ou des lots. Alonso se balade. Il montre du doigt un jeu de tape la taupe, ou de lancer de fléchette sur des ballons. Au début, il se force un peu, il paie des tickets à Jeff, le regarde faire, puis il joue aussi avec lui. Il ne demande pas s’il l’a fait avec Daniel ou non, il se doute que oui, certains jeux doivent être nouveaux tout de même. Il lui impose les jeux qui lui plaisent, quand il voit que le regard de Jeff se perd un peu trop, il vient le voir et ils changent d’attraction de façon directive. Ils finissent avec une belle peluche licorne violette à la crinière arc-en-ciel qu'Alonso offre à Jeff. Il ne fait pas attention aux regards que l’on peut lancer à son compagnon ou à leur couple. Ils s'amusent et ça lui est bien égal. D'ailleurs, il y a d'autres couples gays, il en a repéré certains.

J’ai envie de faire la grande roue. Pour cette fois, tu as le droit de me dire oui ou non selon comment tu te sens par apport à l’attraction. Il ne sait pas si c’est quelque chose de trop personnel peut-être quelque chose qu’il faisait beaucoup avec Daniel, il ne veut pas réveiller de souvenirs trop complexes à gérer. Serre ma main mon amour, n’oublie pas, je suis là… Si c’est non, je t’emmène ailleurs. lui murmure Alonso, il caresse doucement ses cheveux. Il garde sa main dans la sienne. Il ne veut pas laisser Jeff se perdre dans ses souvenirs.

La foire semble plaire à Alonso. Tu es ravi. Vous flânez un peu, tu profites du bon air marin puisque la plage est juste à côté. Tu léger vent chaud qui se lève de temps à autre. C'est toi qui joue en premier, mais tu n'es pas excellent. C'est étrange parce qu'en réalité, tu arrives à profiter, à songer un peu à Daniel sans que ça ne prenne tout ton esprit. Tu te souviens juste de quelques moments, tu prends plaisir à faire certains jeux, son préféré étant le tir à la carabine mais tu ne touches aucun ballon et ça te fait bien rire. Pourtant, tu t'es concentré, tellement que tu sortais ta langue en tentant de viser ces fichus ballons de baudruche qui ne faisaient que bouger. Enfin... Alonso vient à ton secours et te gagne une peluche affreusement kitch que tu adores. Tu lui fais une gros câlin puis tu lui fais tendre les pattes vers Alonso, comme si elle venait lui en demander un à son tour. Oh mon bellâtre Italien, viens dans mes bras... Tu as pris une voix excessivement aiguë, bien entendu. Tu fais se retourner la peluche vers toi. Mais voyons Agatha ! Tu as décidé que ce serait son nom apparemment. Tu vois bien qu'il s'agit d'un bellâtre espagnol ?! Agatha hausse ses épaules inexistantes, du moins, tu tentes de le lui faire faire. Alonso a bien raison. Tu dois te rattacher au présent et non au passé. Le passé devait rester à sa place, tu n'y pouvais plus rien. Et tu pouvais beaucoup blesser les personnes du présent, comme tu l'avais fait avec ton compagnon. Alors là, tu ne penses pas au passé, tu te souviens de ces endroits avec Daniel, mais comme d'un souvenir, pas comme quelque chose que tu regrettes et que tu voudrais vivre de nouveau avec lui. ce que tu veux vivre maintenant, ce sont des tas d'aventure avec Alonso. La grande roue ça me va, Agatha se mettra ses grosses pattes velues devant les yeux si elle a peur. Tu le lui fais faire quelques instants. Tu aimes bien les grandes roues, elles sont calmes et te coupent un peu du monde. Si te couper du monde te faire rester avec Alonso, alors c'est encore mieux.

En t'approchant, tu serres sa main, plusieurs fois de suite. Pas parce que Daniel aimait la grande roue mais justement, parce qu'il craignait à chaque fois où vous vous en approchiez, comme maintenant, parce qu'il n'aimait pas du tout l'attraction, elle le mettait mal à l'aise et lui donner l'impression d'être piégé. Mais il y était allé, quelques fois, pour te faire plaisir. Alors c'est plus son anxiété sur la route pour arriver juste en bas du grand édifice de fer qui te fait penser à lui. Daniel se rappelait à voix haute que c'était très sûr, qu'il n'y avait presque jamais d'accidents et aucun répertorié sur celle là. Il faisait même une prière avant de monter alors qu'il n'était pas croyant. Mais tu n'en fais pas, tu n'en as pas besoin pour te souvenir de cela. Et Alonso n'a pas la même appréhension alors tu te fixes sur lui et son assurance. Tu aimerais lui parler de cette petite manie qu'avec Daniel, bien sûr, mais tu n'as pas le droit et ça te va. Parce que ne pas avoir le droit signifie que tu dois passer à autre chose, t'échapper de tes souvenirs. Alonso, lui ne craint pas la grande roue, tu le regardes l'observer. Tu poses Rapidement Agatha sur un banc juste devant vous et tu sors ton téléphone pour le prendre en photo. Tu fais en sorte d'avoir la roue en fond et tu prends un petit temps pour regarder l'image. Tu penses que c'est autorisé pour toi, car si tu créés un souvenir, c'en est bien un avec ton  Alonso. On en prendra une avec toi en haut et Agatha. Tu ranges ton téléphone et reprend la peluche contre toi. Vous faites la queue. Tu passes ton temps la tête posée contre son épaule, dès que vous ne bougez pas. Tu te sens bien de nouveau, ta vie te parait si belle d'un coup.

C'est à votre tour, vous montez dans la nacelle et tu as de la place pour installer Agatha. Ce n'est pas comme à Londres, les nacelles sont petites, vous êtes seuls dedans et elles bougent un peu plus. Elles ne sont pas en verre également. Vous commencez à monter, tu regardes l'horizon qui se profile derrière l'océan. La mer est si calme, si paisible vue d'ici. C'est notre avenir que l'on voit Alonso, un océan paisible et pourtant autour de lui se profile des tas de couleurs différentes, des teintes plus marquées, d'autre plus ternes... Des petites douceurs de jaunes et d'orangés... Mais toujours posé sur le calme bleu et rassurant de l'océan. Tu ris légèrement. Alonso est doué pour ce genre de tirades, mais pas toi et tu le sais. Tu  tentes toujours de faire de ton mieux, vraiment, tu envies souvent cette sensibilité si fine qu'il a avec les mots.

Si Jeff est respectueux, ce n'est clairement pas le cas de la peluche Aghata. Ça fait beaucoup rire Alonso. Qu'est-ce qu'il déteste ce mot pompeux de "bellâtre". Mais il ne dit rien, parce que son principal objectif, dans toute cette après-midi est le bonheur de Jeff et si jouer et se moquer avec cette peluche le fait rire alors c'est le plus important pour lui. Fais attention à ce que tu dis Aghata sinon, tu repars avec tes copines du stand de doudous ! gronde-t-il gentillement. Jeff accepte facilement la grande roue. Alonso sait que ça lui plait, il se souvient que c'est lui qui avait demandé le London Eye's. Mais il s'inquiète des souvenirs de Daniel et en effet, quand ils s'approchent la main de Jeff se serre dans la sienne plusieurs fois. Il tourne la tête vers lui, son cœur palpite légèrement d'inquiétude mais Jeff en profite pour le prendre lui en photo. Il sourit à l'objectif puis regarde la grande roue. Depuis son accident cardiaque, il ne peut plus faire les attractions fortes, de toute façon il sait aussi que Jeff ne les aime pas particulièrement. On fera un selfie tous les trois. Il vient chercher la main de Jeff. Dans la queue, Jeff pose sa tete contre son épaule, il embrasse ses cheveux doucement.

Cette situation leur fait du bien à tous les deux. Ils ne peuvent blesser l'autre dans cette configuration et si c'est le cas, si Jeff le blesse, Alonso pourra immédiatement le recadrer. Par contre, si Alonso blesse Jeff alors ce dernier ne peut pas vraiment lui dire, c'est aussi pour ça qu'Al fait particulièrement attention à son compagnon. Ils montent dans leur nacelle privée. Jeff a l'air d'être plus confiant dans l'avenir, il les compare à cet océan infini. Comme cet horizon, notre amour n'a aucune fin et aucune limite. ajoute-t-il avec douceur, il lui dit parce que sa précédente relation a pris fin et c'est une manière pour lui d'ancrer Jeff dans la réalité. L'océan pouvait paraître paisible mais en réalité, il fallait parfois affronter de grandes vagues qui menacaient de les ensevenir.

Embrasse-moi Jeff. demande-t-il alors que la nacelle monte toujours et se stabilise pour laisser grimper d'autres personnes. On peut les voir, de loin ou des autres nacelles, mais ça lui importe peu. Il caresse sa barbe pendant ce baiser qu'il fait délicieusement durer et qui lui donne envie de son compagnon de nouveau. Tu m'excites beaucoup... glisse-t-il à son oreille en posant la main de Jeff sur son pantalon. C'est une information comme une autre, il n'en fait rien mais il veut que Jeff le sache. Laisse-moi corriger ton maquillage. car il a légèrement bougé au niveau des lèvres pendant le baiser. Il me regarde avec douceur puis dépose un doux baiser sur ses lèvres, il ne peut pas s'en empêcher, enfin, il passe son pouce juste sous sa lèvre inférieure pour retirer un peu de rouge. Tu nous prends en photo quand on remonte ? demande-t-il, il prend Aghata contre lui. Ils sont en train de redescendre mais ce n'est pas leur unique tour, la grande roue est lancée et tourne doucement.

La vue est magnifique... murmure-t-il en regardant à l'extérieur de la nacelle puis en posant les yeux sur Jeff. Il sort son téléphone et prend une photo uniquement de Jeff, puis il le laisse prendre quelques photos dont une où ils s'embrassent tous les deux, sans regarder l'objectif. Aghata tient un peu la chandelle avec ses grands yeux inexpressifs de licorne en peluche. La photo rend très bien, Alonso l'adore. Une fois qu'ils sont descendus, il cherche une pièce dans son portefeuille. Je te propose un peu de hasard pour la suite. Je sais que tu avais une idée de restaurant. Mais je te propose de lancer une pièce. Face, on continue de se balader puis mange au restaurant favori de ton ami mais on ne va pas au garde meuble aujourd'hui. Pile, on va maintenant au garde-meuble mais tu me choisis ensuite un restaurant que nous aimons tous les deux mais à l'opposé de ses goûts à lui. il estime que faire ces deux pèlerinages coup sur coup est trop difficile pour Jeff. Trop difficile pour lui aussi. Il ne sait sincèrement pas s'il est prêt à gérer Jeff dans le garde-meuble mais il se dit que s'ils sont toujours en jeu, ce sera plus simple.

Il lance la pièce et la retourne sur le dos de sa main. Pile. murmure-t-il. Il ne demande pas à Jeff s'il se sent prêt, les dés ont decidé de toute façon. Il regarde le chemin, le local est en centre-ville. C'est direct, ils n'ont qu'à prendre le métro, ça leur changera du taxi. Alonso gère la partie logistique du métro et donne son ticket à Jeff. Il prend soin de lui, lui tient les portes, passe sa main dans son dos sur sa jolie chemise rouge à carreaux. Il sait que ça va être difficile alors il demande à Jeff de lui décrire les scènes que Coco a fait ici. Ça l'interesse et ça leur change les idées. Ils arrivent devant le batiment contenant toute sortes de box à l'intérieur. Avant de rentrer, Alonso prend Jeff face à lui. Jeff... À l'interieur, on reste une heure maximum et tu auras le droit de me raconter trois anecdotes sur Daniel et toi, pas plus. Et je te laisse décider de ramener à Redwood trois souvenirs. Pas plus non plus. Ça peut être un meuble, une statue, un tapis, un album photo, un bijou... je me fiche de la taille de ce que tu souhaites prendre mais je veux que ça se limite à trois choses. Et le tableau de Coco compte déjà pour un. Il sait qu'il est exigeant mais limiter son choix est aussi pour lui un moyen pour qu'il canalise ses pensées. De toute façon, le reste restera au box pour le moment. Ils cherchent le box de Jeff et arrivent devant le numéro que leur a indiqué les locataires. J'ouvre. indique Alonso avant de glisser la clé dans la serrure. La lumière s'allume automatiquement. Il paramètre son portable. Une heure pas plus, c'était déjà beaucoup mais l'espace était bien rempli.

Agatha est un bon moyen pour toi pour te permettre un peu plus, d'être un peu plus taquin avec Alonso. Ca te fait doucement sourire, ça te fait du bien aussi. Ce jeu de rôle, tu devrais y songer plus souvent. Ca permet réellement de te canaliser, tu ne penses plus à rien et surtout pas à cette prison qu'est pour toi parfois le passé. Bien sûr, ça ne réglait pas tout, mais ça évitait des crises, comme plus tôt dans la journée. Tu fais mettre les patounes poilues d'Agatha sur ses yeux, comme si elle avait peur.

L'attente dans la queue n'est pas très longue. Il te dit que vous allez faire un selfie. Oui, Alonso. Tu réponds avec un peu de malice de nouveau. Tu sais que tu peux parler librement mais tu aimes l'idée que tu ne puisses dire que ces deux mots là. Alors tu continues quand tu le peux. tu te sens un peu poète dans votre nacelle. Alonso y répond et tu viens te blottir contre lui. Il vient ensuite t'embrasser, te caresse la jambe et t'indique à quel point il a encore...envie de toi. Ca te fait sourire, tu le trouves très coquin mais ça te plait... Sans doute aussi qu'avec le temps où vous n'avez rien fait, il tente de se rattraper. Il vient ensuite toucher délicatement ton visage, tu te laisses faire, tu attrapes son poignet et vient caresser son avant bras avec tendresse.

Des photos sont prises, plusieurs, sur plusieurs angles pour que tu puisses choisir. Tu le prends aussi lui en photo, tu les regardes brièvement. Le tour se termine dans la douceur, tout comme il avait commencé. Une nouvelle parenthèse que tu as fortement apprécié. Que ton esprit a fortement apprécié. Tu descends avec lui presque à regrets, mais les regrets s'estompent bien vite quand il te propose un jeu. Quel homme d'une intelligence incroyable. Comme ça, tu ne te blâmeras pas d'avoir du choisir, tu ne pourrais pas en vouloir à Alonso également. Ce sera la faute du hasard, de cette pièce qui tournoi dans l'air avant de se reposer dans la main d'Alonso. Tu laisses la pièce décider donc. Pile. Vous allez au garde meuble. Ton cœur fait un bon, c'est ce que tu voulais, au fond. Pile... Tu répètes dans un soupire et tu souris. Ca te fait repartir un peu dans tes souvenirs, tu te demandes ce que tu allais y trouver. Tu te laisses guider, vous discuter, ça te sort un peu de tes pensées. Le métro est pratique. Tu aimerais qu'il y en ait un à Redwood parfois, puisque tu te refuses de conduire. Tu glisses à Alonso que vous pourriez vous acheter un cheval avec ce que tu as touché, l'idée te fait rire tant elle est saugrenue. Mais tu arrives à rire de cette situation et c'est déjà un début.

Ton rythme cardiaque s'accélère. Tu sais de quoi tu t'approches. Alonso te bloque, il te met de nouvelles restrictions. Tu comprends, tu hoches la tête comme un enfant le ferait après avoir compris les consignes. Tu en as besoin, tu aurais pu te perdre des heures et des heures dans ce box. Tu as le droit de citer trois anecdotes, trois objets. Non, deux car tu as déjà le tableau. C'est dur. Trois ? Pourquoi pas cinq c'est tout de même mieux cinq comme chiffre... La porte métallique du garde-meuble est juste à côté, Alonso te remet gentiment en place, il a dit trois, alors ce sera trois. Une heure, trois objets, trois anecdotes Tu te répètes mentalement plusieurs fois de suite, pour être certain que ça rentre bien dans ton esprit.

Vous arrivez devant le box. Alonso l'ouvre et tu vois toutes les affaires. Bien sûr, tu reconnais un tas de choses. L'émotion de gagne. C'est tout ce qu'il reste de Daniel à part les souvenirs que tu en as et ça te submerge d'un coup. Un tas de choses insignifiantes pour la plupart des gens, entreposées dans un box. C'est ce qu'est Daniel après tout, un souvenir et ses affaires ne sont plus que des reliques. Tu t'approches, tu entres et tu prends en main une maquette d'un bateau à voile qu'il aimait énormément. Il y a son nom de noter dessus : La divine. C'était en référence à Coco. Un bateau très élégant, sur lequel tu as fait de somptueuses croisières et sorties en mer. Tu te demandes s'il a été vendu... Surement et on a du lui donner un nouveau nom tu imagines. Daniel disait que je devais être comme l'eau. Que tout le monde en avait besoin, que je devenais ce besoin primaire chez ceux que je touchais comme lui. Il disait qu'une fois qu'on avait été avec moi, on avait du mal à se défaire de moi, que quelque chose nous faisait toujours revenir à moi.... Je n'ai jamais vraiment compris mais peut être qu'il était comme moi et qu'il faisait des comparaisons foireuses. Mais tu trouvais ça beau, tu trouvais ça tellement beau qu'on te dise que tu étais nécessaire à la vie des autres. Alors tu te fichais de ses maladresses.

Tu reposes le bateau, tu n'as pas besoin de cette maquette. Tu regardes autour de toi, tout te rend triste dans cette pièce, tout te rappelle qu'il n'est plus là. Tu te rapproches d'un tas de vêtements, des costumes surtout. Tu y plonges ton visage, ils portent encore son odeur. Là, tes larmes coulent. Alonso n'a rien dit sur tes larmes mais peut être que tu n'as pas le droit. Il deux reste deux objets et deux anecdotes, tu songes doucement. Mais tu es perdu, tu ne sais pas quoi prendre. Il y a un tas de choses, ces choses qui sont à toi maintenant mais ces choses là sont maudites parce que si elles sont à toi, c'est parce que Daniel n'est plus. Tu fais non de la tête. Je ne sais pas si je veux prendre quelque chose... C'est trop dur, trop dur de choisir ce que je vais laisser ? Et si je faisais le mauvais choix ? Et si je regrette ensuite ? Je ne sais pas Alonso, je ne sais vraiment pas. Et tu commences à paniquer, c'est léger pour le moment mais tu n'as tellement pas eu de choix à faire aujourd'hui que de l'avoir pour autant d'objets est un peu trop en une fois.

Alonso s'attendait à ce qu'il y ait beaucoup d'affaires, et en effet, il y en a beaucoup. Jeff commence par une maquette de bateau, Alonso reste à l'entrée. Il ne bouge pas mais reste à l'affut, il sent que ça peut déraper, parce que Jeff commence immédiatement avec une annecdote. Parce qu'il voit bien que très vite il s'y perd.

Ce n'est pas que la comparaison n'est pas jolie mais elle fait sourire Alonso dans la manière dont l'amène Jeff. Parce qu'il tient un bateau entre ses doigts et donc, il pensait au début qu'il parlait de l'eau de la mer. Apparemment non. Il parle de l'eau potable, de l'eau tout court. Sans doute qu'il faisait des drôles de comparaison comme Jeff en effet, ou alors c'était Jeff qui retranscrivait cette explication de manière décousue. Mais il note, Jeff est comme l'eau, indispensable à la vie. Il ne juge pas, mais en effet, cette comparaison lui parait hasardeuse. Ils devaient sans doute bien se comprendre, Jeff et Daniel, il n'en doutait pas... Il se demande si Jeff redisait à ses ex des déclarations d'amour qu'il lui avait faites à l'époque où ils étaient ensemble... Jeff s'approche des costumes et commence à les sentir et fondre en larmes.

Al s'approche, vient doucement le prendre dans ses bras. Il écoute ses craintes. Il savait que ça ferait beaucoup pour lui. Ce qui est ici, reste ici, ça ne part nulle part, on ne le revend pas, on ne le jete pas. Ça sera ici et ça t'attendra. Si tu te trompe, on revient, on repose l'objet et on en prend un autre. Mais il ne voulait pas qu'il plonge dans la tristesse. Il réfléchit tout en caressant sa barbe. Je vais t'aider. D'accord ? Il prend sa main dans la sienne, viens la porter à ses lèvres. Choisis quelque chose que tu peux porter sur toi, un bijou, quelque chose de petit, que tu peux mettre sur toi ou ta saccoche quand tu sors, quelque chose que tu serais fier de montrer. Ensuite, deuxième objet, choisis quelque chose que tu pourras consulter mais que l'on ne pourra pas exposer, on a déjà le tableau pour ça. Et enfin, je te laisse, choisir quelque chose pour moi. Tout ceci t'appartient. Ce n'est plus à lui, c'est à toi, Jeff. Donc, prend quelque chose et offre-le moi. Il le regarde doucement. Il sait qu'il vient d'ajouter un objet, mais si c'est pour lui, ça ne compte pas. Va-y doucement tu as le temps, je suis là. Si ça ne convient pas, tu le reposes. Si tu le gardes en main plus de vingt secondes, j'estimerais que tu le le prends. Il reste à ses côtés prêt à récupérer s'il passe trop de temps sur quelque chose. Chaque fois que tu as choisi un objet, tu as le droit de m'embrasser. il caresse lentement son dos, espère qu'avec ces contraintes, l'esprit de Jeff n'aura pas le temps de tourner trop longtemps.

Une simple maquette de bateau, des vêtements portant encore son parfum malgré les années... C'était déjà trop pour toi et tu n'avais presque rien vu de ce garde meuble. Alonso vient te voir, te rassurer surtout. Il a raison, personne ne viendra mettre le feu à ce box quelconque parmi tous les autres box du lot. Il faudra en payer la location bien sûr, mais tu pouvais bien le faire, peut être pour le reste de ta vie même.

Alonso t'aide à te recentrer, il te parle d'un objet à porter, un objet un peu plus personnel et un objet pour lui. C'est une bonne idée. Surtout la dernière. Réunir tes deux plus belles relations ensemble. Comme c'est poétique. Tu essuies tes larmes, tu as un hoquet mais tu te contiens, Alonso est là, il te promet même un baiser après chaque choix. Et si je choisis rapidement, j'ai le droit à un baiser bonus ? Tu te souviens de ce qu'il t'a dit dans la petite nacelle de la grande roue. Tu m'excites beaucoup... Tu t'accroches à cette parole parce qu'elle t'encre dans la réalité d'aujourd'hui, pas dans tes souvenirs de ce couple qui n'est plus et qui ne sera plus jamais. Tu espères qu'un jour, tu seras capable d'aller voir sa tombe, y déposer un baiser du bout des doigts. Tu en auras besoin à un moment, tu le sais. Mais pas maintenant. Oh Daniel, comme tu aurais aimé rencontrer Alonso. Tu songes doucement.

Tu regardes à nouveau autour de toi, quelque chose à porter. Quelque chose que tu seras fier de porter. Tu laisses donc les vêtements, à regret et en poussant un soupir. Tu regardes quelques petites choses, mais tu ne t'attardes pas trop, car si tu t'attardes trop tu n'auras plus le choix. Puis tu remarques une petite boite carrée, d'un orange vif. Tu reconnais la marque, une des préférée de Daniel. Hermès. Tu l'ouvres et tu y découvres son écharpe favorite, elle aussi porte un peu de son odeur encore. Elle est colorée, avec des motifs qui se confondent quand on la porte autour du cou car repliée. Tu viens la caresser du bout des doigts. Tu te souviens de cette belle écharpe qui lui allait si bien. Quel homme élégant. Les secondes défilent. Alors tu te décides. Je prends cette écharpe. Tu l'avais portée, quelques fois déjà et tu seras fier de la porter à nouveau c'est certain. Fier aussi d'indiquer sa provenance. Tu refermes la boite orange, dépose en baiser sur l'intérieur de tes doigts et vient poser ta main sur le haut de la boite, comme si tu venais lui donner ce baiser. Tu la tends à Alonso pour qu'il la pose et la réserve pour après. Tu accueilles son baiser avec joie, un soulagement aussi. Tu as toujours cette peur en toi, tout de même, que ça soit trop pour lui, tout ça. Il te faut quelque chose de plus personnel maintenant, quelque chose que tu garderas.

Tu continues de regarder, il y a trop de choses ici, trop de choses qui lui ont appartenu et que tu connais aussi. Forcément, puis que tu l'as connu jusqu'à la fin de sa vie. Il n'a rien accumulé de plus que ce que tu connais déjà. Tu tombes sur un carnet, il est bombé, rempli de feuilles qui dépassent. Le carnet est simple, noir et tenu par un élastique qui parait solide. Tu ne l'ouvres pas parce que tu sais ce qu'il y a à l'intérieur. Cette fois, tu n'hésites pas. Je prends aussi ce carnet, pour moi. Tu n'en dis pas plus à Alonso, tu sais que c'est le carnet de voyage de Daniel, celui de ses idées, ses idées d'écritures parfois, ses idées de robes aussi souvent. Il avait un don pour dessiner de si jolies robes, tu choisir les tissus, les mesures. Les tiennes évidemment. Et toi, tu te chargeais ensuite de réaliser celles qu'il voulait voir apparaitre sur Coco. C'était personnel et tu pourrais peut être réaliser certaines des robes que tu n'avais pas pu faire avant son décès. Tu sers le carnet contre ta poitrine, tu fermes les yeux, l'émotion te gagne à nouveau alors tu te forces à le donner lui aussi à Alonso. Tu souris car tu sais que tu as le droit à un second baiser. Tu gardes tes lèvres contre les siennes un peu plus longtemps pour celui-ci.

Maintenant, tu dois choisir quelque chose pour Alonso. Alonso est un homme élégant, très beau, alors tu penses en premier aux costumes. Mais... C'était peut être trop ? Oui surement un peu trop. Ton regard finit par se poser sur quelques ceintures, tu reconnais les boites Louis Vuitton. Tu en ouvres une, puis une autre. Sur la troisième, tu t'arrêtes. C'est une belle ceinture à motif florales, dans les tons rose et blanc, elle est réversible et bien plus classique de l'autre côté. Tu ne sais pas pourquoi mais tu te dis qu'elle serait parfaite pour Alonso. Elle est belle, d'un raffinement incroyable comme lui et... L'objet en lui même est évocateur. Tu lui tends la ceinture. Est-ce qu'elle te plait ? Tu demandes tout de même. Tu ne voudrais pas lui imposer quelque chose qui ne lui plaira pas.

Comme souvent, Alonso est surpris que ça fonctionne que ce qu'il propose calme vraiment Jeff, le fait se sentir plus en sécurité. Il hoche la tête en lui promettant un baiser bonus s'il est assez rapide. Mais il ne veut pas que Jeff aille trop vite non plus, il fallait trouver l'équilibre entre le drame et le jeu, commencer le deuil tout en l'allégeant, juste suffisemment pour que Jeff n'ai pas envie de pleurer toutes les larmes de son corps cette nuit quand le jeu aura cessé. Il pense ça, mais il sait qu'il y a de grandes chances pour que ça arrive. Jeff... sa façon de lui faire confiance, de se donner à lui... Il n'a jamais vécu ça avec personne. Alonso est discret, taiseux même pour certains, il ne donne que rarement son avis, si on ne lui demande pas. Il ne cherche que rarement le conflit, il n'est pas lisse pour autant car son esprit bouillonne souvent sous ses cheveux noirs. Mais il ne décide pas pour les autres. A part... A part aujourd'hui, à part avec Jeff, à part pour Jeff.

Jeff se saisit d'abord d'une boite Hermès. Un beau foulard. Il avait déjà hésité à en offrir à Jeff et s'était dit que c'était trop. Daniel ne devait pas se poser la question, il devait en acheter comme il achetait des nouveaux crayons. Quelle vie avait-il vécu avec Daniel, c'est drôle quand on y pense, quand il pose son regard, il voit, comme lorsqu'il était précédemment dans la maison, cette prédominance du luxe partout. Ce besoin de dépenser l'argent qu'il avait en trop. Une dragqueen, même une très bonne, ne gagnait pas autant d'argent. Jeff lui donne le foulard et Alonso l'embrasse. Cette idée là était bonne, pour tous les deux. L'embrasser l'ancre dans le réel, dans le fait qu'ils sont là tous les deux.

Jeff revient rapidement avec un carnet de notes qui déborde. Voilà qui paraissait en effet très personnel, il a du mal à lui donner, le baiser sonne cette fois comme une récompense. Son compagnon le garde un peu plus contre lui lors du baiser qui soulage bien plus qu'il ne voudrait Alonso. Puis, il le laisse repartir avec un sourire. C'est son moment, le moment où Jeff lui offre quelque chose qui a appartenu à Daniel. Quelque chose qui appartient à Jeff et qui lui appartiendra à lui. Il le voit chercher, le fait qu'il ne prenne pas quelque chose au hasard pour se débarasser le rassure. Il joue le jeu jusqu'au bout. Il lui ramène une magnifique ceinture. Louis Vuitton, décidément, cet homme avait beaucoup d'argent mais aussi beaucoup de goût. Elle me plait beaucoup mon amour... réversible, un côté joyeux et fleuri, un côté sombre et austère, ça lui plait. Il s'y reconnait un peu et la qualité était incroyable. Une ceinture en plus c'était... intime.

Il la pose à côté de la boite Hermès et du carnet. Il ne compte pas la mettre tout de suite. Un jour, pas maintenant, ça serait bien trop tôt. Tu as bien choisi. Je suis très fier de toi. Il caresse sa joue, sa nuque, puis dépose un baiser sur ses lèvres doux et tendre. Ça va mieux ? Il n'attend pas la réponse et vient l'embrasser de nouveau cette fois-ci plus profondément. Je t'aime tellement Jeff... ajoute-t-il. Il en a besoin, il a besoin de lui dire, il a besoin de lui faire sentir aussi, que le décès de Daniel n'était pas la fin de sa vie. C'était douloureux mais il faudrait vivre avec cette douleur. Il est heureux de savoir qu'ils ne vont pas dans le restaurant de Daniel, qu'ils vont dans un endroit pour eux, rien que pour eux, très éloigné d'ici. Il ne sait pas comment ça va se passer mais il se dit aussi que cette idée était bonne. Peut-être pas pour Jeff mais pour lui, parce qu'il a besoin de penser à autre chose.

Il a hâte aussi de se balader avec Coco, elle lui montrerait sans doute un aspect de Daniel qu'il ne connaissait pas. Tu es très courageux. On va pas tarder à y aller ? demande-t-il doucement en se détachant de lui. Il lui reste encore dix bonnes minutes ici et il n'a pas donné toutes ses anecdotes, mais Al se dit qu'il n'y a pas besoin de les forcer, elles viendront quand il le voudra.