C'était l'été et c'était sans doute l'un des plus heureux depuis longtemps. Les médicaments pour sa dépression fonctionnaient bien, ça avait été un peu chaotique au début mais elle se sentait remonter la pente, sa psy lui proposait même de commencer à diminuer les doses. Elle se sentait mieux dans sa tête, mieux dans son corps. Allison passait son temps à parcourir la campagne, la chaleur la rendait de bonne humeur alors que son oncle ralait sur la température qui montait sur les chantiers. Buck aussi souffrait du chaud, chien du nord qu'il était, le carrelage de la salle de bain était devenu son meilleur spot dès qu'il rentrait chez eux et Alli passait la brosse dans son pelage tous les soirs ce qui était un ravissement pour l'animal. Le reste de la journée, il suivait Ben partout. Parfois, quand il ne pouvait pas l'emener pour une raison ou une autre, il le laissait à sa nièce qui était ravie de se retrouver avec lui. Ils avaient trouvé une belle harmonie tous les trois au fil des mois. Ben travaillait beaucoup mais il revenait souvent le midi pour manger avec elle. Même lui, il avait l'air d'aller mieux. Elle avait ses amis, la vie était douce dans le village. Ben lui avait acheté un vélo alors elle allait souvent flaner dans le centre-ville, lire dans les parcs, quand elle ne restait pas chez elle à chiller devant la téle en mangeant des pop-corns ou jouer sur l'ordinateur. Un mode de vie sain et rassurant pour l'adolescente.

Ce jour-là, Ben lui avait promis de terminer plus tôt et d'aller prendre un verre en ville avec elle. Mais comme souvent, un chantier s'était éternisé et il aurait du retard et l'avait-il prévenue forcément trop tard, elle était déjà arrivée. Mais ce n'était pas bien grave, l'adolescente aux cheveux blonds foncés attachés en une simple queue de cheval, avait laissé sans maquillage sa peau et ses prunelles brunes. Elle était vétue d'un pentalon coloré rosé avec des fleurs et d'un crop-top noir sans décolleté et recouvrant ses épaules, mais montrant une partie de son dos. Elle avait terminé sa tenue par des spartiates noires. Ses ongles étaient faits avec un simple vernis doré. On voyait que c'était une adolescente qui prenait relativement soin d'elle mais elle faisait son âge et ça lui convenait tout à fait. Alli n'avait pas tellement hâte de grandir, souhaitant profiter de chaque année qu'elle avait pour se découvrir, vivre simplement. Mais là, elle tourne en rond. Alors au bout de cinq minutes à faire des aller-retour, elle décide de pousser la porte de l'éco-Lizzie, un nom qui l'avait toujours intrigué. Bien sûr en bonne adolescente de son temps et surtout en tant que nièce de Ben, Alli est particulièrement sensible à la cause écologique. Bonjour ! s'exclame-t-elle joyeusement. Elle regarde autour d'elle et finit par voit une jolie vendeuse qui a l'air d'avoir l'âge de son oncle - donc assez vieille mais ça va - qui termine avec une cliente. La cliente finit par partir et Alli se rapproche du comptoir. Bonjour. Je passe souvent devant chez vous - enfin devant cette boutique - et je me demandais quel était le concept de votre magasin ? Alors, je me suis dit autant rentrer et demander. Ça ne vous dérange pas ? Elle regarde la dame. Elle ne la connaît pas, ou si elle l'a déjà croisé dans Redwood mais il ne semble pas qu'elles se soient parlé. Je... c'est pas pour le lycée ou je sais pas quoi, je ne vous enregistre pas en cachette, c'est vraiment par simple curiosité. Se permet-elle d'ajouter, elle se demande pourquoi elle dit ça, sans doute qu'elle avait regardé trop de séries policières récemment. Ça y est, elle avait à peine ouvert la bouche, elle passait déjà pour une weirdo.

Alli adore immédiatement cette personne. Elle n’avait pas trop fait attention au ventre de la femme jusqu’à ce qu’elle s’assoie sur sa chaise. Elle voudrait bien l’aider mais elle ne sait pas trop comment faire. Elle jette un regard vers la porte, se disant qu’elle ne serait définitivement plus visible depuis la rue. Elle suit la dame. Une limonade ce serait parfait affirme l’adolescente. Puisque apparemment Ben est trop en retard pour en prendre une avec elle, elle en prendra une avec la dame de la boutique, ça sera sa petite vengeance. Elle regarde le ventre de la femme, mais elle ne sait pas ce qu’elle est censé dire quand celle-ci dit qu’elle va rouler. On dit quoi aux femmes enceintes ? Félicitations ? C’était un peu tard là, non ? J’ai pas peur d’être mangée, répond-t-elle en riant. Je vais juste envoyer que je suis ici parce que j’attends quelqu’un qui est en retard ! Les garçons, on ne peut pas leur faire confiance ! s’exclame-t-elle comme si elle connaissait les garçons alors que ce n’est pas du tout le cas. Mais ses copines disent ça, alors elle le dit aussi. Elle envoie à Ben qu’elle est rentrée dans la boutique éco-Lizzie et qu’elle l’attend là parce que la vendeuse lui a proposé une limonade, ELLE !

Elle est contente de son message et range son téléphone. Je vais faire le service, vous avez l’air bien encombrée avec… Elle ne sait pas comment l’appeler alors elle dit… votre ventre. Ben dit souvent qu’elle manque de tact. Elle répond qu’elle dit simplement les choses comme elle les pense et que le monde se porterait mieux si tout le monde était aussi franc qu’elle. Mais dans des cas comme ça, elle aimerait mieux avoir appris à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. Alli sert les deux verres puis prend le sien et navigue dans la pièce en écoutant la jolie femme discuter. C’est incroyable. Vous devez être agile de vos mains ? Moi je casse tout ce que je touche. J’essaie pourtant. Ce n’est pas si horrible que ce qu’elle dit, elle se débrouille plutôt bien pour une adolescente même, mais quand on a un oncle comme Ben qui transforme tout ce qu’il touche en œuvre d’art – de son point de vue – elle a l’impression d’avoir la délicatesse d’un éléphant. Pourtant il est patient avec elle. Mais j’aime bien les tâches de précision. Ça, ça me va. murmure-t-elle en caressant un vieux meuble. Ça lui rappelle un peu l'atelier de Ben ici. Elle lui demande si elle a des questions, bien sûr, qu’elle en a. Elle en a même trop.  Du coup, vous réparez ? Et quand vous arrivez pas à réparer ? Et vous avez fait des études pour ça ? Mais vous vendez des objets aussi ? Comment ça se passe ? Vous faites des brocantes ? Ou on vous fait des dons ? Vous êtes un peu comme une petite ressourcerie en fait ? Je pourrais vous donner un coup de main si vous voulez ? J’ai du temps à donner avant la rentrée. Et vous êtes… euh… enceinte ? Elle espère soudain qu’elle n’a pas juste un gros problème d’aérophagie parce qu’elle se sentirait vraiment bête. Enfin je sais que vous avez pas le droit de faire travailler n'importe qui mais... Moi, je peux faire des petits trucs, je suis pas si maladroite que je l'ai dit. Elle a besoin d'occuper et elle se sent curieusement bien dans cette boutique.

Allison acquiesce d'un signe de tête, elle ne compte que que sur elle-même oui... et sur Ben aussi quand même mais elle ne le dit pas. Elle aime passer pour une jeune fille forte et indépendante, mais dans les faits, elle sait qu’elle est très dépendante de son oncle. C’est peut-être à son âge que les adolescents se séparent de leurs parents, veulent prendre leur indépendance, ce n’est pas son cas, elle a besoin de Ben. Elle sert les verres. Oublie de remettre la bouteille de limonade au frais. Elle écoute Liz. Je ne sais pas si je suis maladroite, mais peut-être justement pas assez… patiente ? A son âge, rien n’allait assez vite, elle voulait tout réussir tout de suite et passer des heures à poncer un meuble ce n’était pas possible pour elle. Elle se dit que cette dame s’entendrait bien avec son oncle. Bien sûr, Alli n’a pas lu le Redwood Echo, ce matin, sinon, elle aurait fait rapidement le rapprochement. Personne ne lui a dit non plus que son oncle était mentionné. Ça ne tarderait pas sans doute, elle adorait lire les petites informations de ce journal, elle trouvait ça incroyable que cette petite ville en ait un. Mais elle avait terminé une série qu'elle adorait ce matin, on ne pouvait pas tout faire.

Hum... J’aime bien faire des randonnées, je me suis inscrite à la boxe aussi, j’aime bien cuisiner, et puis lire des romans policiers ou des thrillers, écrire aussi. Je me dis que j’aimerais bien être policière, vous voyez, inspectrice, résoudre les crimes, mettre les criminels en prison… Faire en sorte que la vie des gens soit plus paisible. Elle raconte ça, elle ne sait pas trop si ça intéresse la gérante du magasin mais bon. Elle n’a pas vraiment de passion, alors elle meuble. Lizzie lui demande si elle a des questions alors forcément, oui elle en a et curieusement la jeune femme arrive à répondre à tout. C’est assez impressionnant pour une adulte d’arriver à la suivre. Ça ne doit pas être évident d’arriver à vivre de ça, ça à l’air de demander beaucoup de temps entre le magasin, les réparations, vous devez être épuisée. Pourtant la boutique avait l’air de bien tourner, en tout cas elle était propre et belle. Vous avez étudié en Angleterre ? Trop bien !!!  s’exclame la jeune fille qui n’est jamais allée au-delà de la sortie scolaire à Boston. C'était comment ? Les anglais ne sont pas trop... anglais ? Vous avez raison, l’écologie, c’est tout ce qui nous sauvera… Je savais même pas que ça pouvait s'étudier, enfin maintenant que vous le dites ça fait sens. Mais ça doit être trop intéressant ! Elle fait des gestes quand elle parle, bouscule une pile d'objet qui vacille mais elle a le réflexe de tout rattraper donc rien ne tombe. Pardon... s'excuse-t-elle.

Alli rougit quand elle lui dit qu’elle est effectivement enceinte. Ça se voyait tant que ça qu'elle avait peur de la vexer ? C’est que des femmes enceintes, elle n’en côtoie pas beaucoup et elle a peu de souvenirs de sa mère enceinte de Tim. D’ailleurs, elle en a de moins en moins de souvenirs de sa mère, enfin… Si des milliers, mais ils sont de moins en moins nets. Avant, elle aurait pu redessiner ses moindres traits, aujourd’hui, ses souvenirs se matérialisaient surtout par les albums photos qu’elle avait d’elle. Liz parle de rémunération et Alli la détrompe immédiatement. Ah non, mais je ne disais pas ça pour de l’argent, ce serait bénévole. J’ai du temps toute seule en ce moment. Alors, je me disais que je pourrais vous donner un petit coup de pouce, ça me ferait une expérience ! Ça m’occuperait et puis, j’aime bien votre boutique, vous avez l'air passionnée, ça fait plaisir de voir des adultes comme vous, qui aiment leur métier... comme son oncle aussi... Elle aimerait elle aussi être une adulte accomplie, mais c'est difficile de se projeter encore pour elle. et la limonade est bonne ! ajoute-t-elle d’un ton enjoué. Il faudrait qu’elle en parle à Ben. Elle laisse une seconde quand la dame parle de ses parents. Elle commence à avoir l’habitude bien sûr, entre l’école, les parents de ses amis, mais elle n’aime pas voir le visage triste des gens quand elle dit qu’elle n’en a plus. Ça ne posera pas de problème pour mes parents, j’en suis certaine. Elle ne voyait pas Ben lui refuser une action de bénévolat au profit d’une boutique de sa ville.

Je… devait-elle dire qu’elle ne rencontrerait jamais ses parents, que son père était inconnu, que son père adoptif était mort dans un feu et que sa mère s’était tuée dans un hôpital psychiatrique ? Hum… Peut-être pas, les adultes étaient trop sensibles et cette dame enceinte devait être encore plus fragile. Ils ne sont pas vraiment... disponibles, ne vous inquiétez pas pour eux. Ce n'était pas totalement un mensonge, non ? Elle affiche un grand sourire et change de conversation. L’éco-Lizzie, du coup, c’est vous Lizzie ? C’est très drôle comme jeu de mot, j’aime beaucoup. Elle aussi elle voudrait une boutique à son nom ce serait trop classe ! Elle y réfléchirait. Au fait, moi c’est Al, ou Alli, comme vous préférez, ravie de vous rencontrer Lizzie. Elle pose son verre sur la tablette et vient serrer la main à la femme comme si elle la rencontrait pour de vrai. Elle continue son petit tour. Elle voit un jouet d’enfant en bois, une sorte de canard avec une ficelle, tout simplement, qui est cassé, il lui manque une aile. Oh, j’avais le même quand j’étais petite, pauvre caneton. Elle le caresse doucement, comme s’il était un peu vivant. Elle se demande un instant où est passé le sien.

Carrément pour les romans, s'exclame-t-elle. Faudra qu'on se partage nos listes ! Elle lui fait un clin d'oeil. Plus sérieusement  mes journées sont bien remplies oui. Je vois quelques copines mais j'ai quand même hâte de reprendre les cours. De voir d'autres gens, rencontrer de nouvelles personne. Comme vous par exemple. Et puis pour la police... oui, enfin c'est une idée comme ça mais... En réalité les derniers mois avaient été desastreux et l'idée de faire l'effort d'aller demander des renseignements lui avait paru insurmontable. Mais Liz avait raison de ne lui dire qu'elle devrait commencer à demander des informations. Oui, j'irais voir ça à la rentrée ! C'est curieux quand même parce qu'elle se dit, qu'avec son travail, elle devait connaître aussi son oncle. Elle se dit que c'est différent certainement mais ils avaient des passions communes de fou quand même. Réparer des vieux trucs, Ben passait son temps à faire ça. Mais elle évite de parler de son oncle, parce que ça sous entend que ses parents ne sont pas là et même si c'est un petit village et que tout le monde le saura ou peut-être même le sait déjà... Elle... n'est pas à l'aise avec l'idée. C'est génial, j'adore, même avec de l'aide, c'est trop chouette ce que vous avez fait. confirme l'adolescente. Vivre ses passions... Est-ce qu'on pouvait vraiment faire ça et être heureux ? Est-ce que les passions ne se transformaient pas un jour en contraintes et cessaient de l'être ? Alli se pose souvent ce genre de questions. Elles papotent de la boutique, des études, Liz répond à ses questions, Alli est heureuse d'avoir psssé la porte de cette échoppe.

Je passerai oui ! Elle s'imagine déjà avoir le droit de revenir ici, caresser les vieux objets, imaginer ce qu'ils pourraient être, peut-être même regarder Lizzie travailler. Alli finit par se présenter, puis continue sa découverte. La dame lui dit qu'elle peut réparer le canard pour elle. C'était un jouet d'enfant... elle était bien trop vieille pour s'amuser avec ça. Mais... c'est vrai que ça lui rappelait de bons souvenirs. Elle le prend délicatement et le donne à Lizzie avec son aile cassée. C'est bizarre cette dernière a un drôle de regard. Pourtant Alli a l'impression d'avoir été très bonne menteuse, alors pourquoi cette femme la regarde-t-elle comme si elle en savait soudain plus sur elle ? Elle se fait peut-être des idées peut-être que le canard lui fait penser à quelque chose de triste. Alli finit enfin par s'assoir sur le canapé. Elle ne sait plus trop quoi faire de ses mains. Vous aussi vous aviez un jouet comme ça quand vous étiez petite ? demande-t-elle à tout hasard.

Elle ne sais pas trop quoi faire de ses dix doigts en attendant la réparation de l'objet. Je me permets de regarder si on m'a répondu. Elle sort son téléphone Ben a lu mais ne lui a pas répondu. Ça l'étonne un peu. Son oncle n'est pas du genre à lui lâcher des "vu". Ah non, il écrit. Je suis là dans 5 min, je t'attendrais dehors. Elle tique un peu. Elle regarde Liz, elle regarde son portable. Elle se dit quand même que c'est l'occasion de les faire se rencontrer si elle doit venir faire quelques trucs ici, du ménage ou échanger des livres. Mais... Elle soupire. Lizzie... je... En fait, je vis chez mon oncle et... elle sourit parce que parler de Ben est toujours source de joie, beaucoup plus depuis le début de la thérapie. Enfin si vous voulez lui parler... vous savez pour le coup de main que je peux vous donner... Enfin c'est comme vous voulez. Mais c'est... euh... à lui qu'il faut s'adresser plutôt. Mais il est gentil, je pense vraiment que ça ne posera pas de problème. Ça peut être plus tard, bien sûr, je ne veux pas vous forcer la main. Mais euh pour info, je dois le voir dans cinq minutes. Elle sent son cœur qui bat un peu plus vite. Elle essaie de ne pas avoir l'air trop mal à l'aise et la regarde dans les yeux pour savoir ce qu'elle pense. Elle n'a pas mentionné le fait que ses parents n'étaient plus là, mais ce n'était pas nécessaire, non ?

Allison rit à l’évocation de l’ours en peluche. Vous ne le réparez pas celui-là ? dit-elle en sachant très bien qu’il y a des choses qu’il faut réparer et d’autres qu’il faut laisser avec les traces du passé. C’était ainsi, tout n’est pas réparable. Elle reçoit un autre message de son oncle qui lui dit qu’il va rentrer dans la boutique finalement. Il n’a pas l’air très décidé, c’est rigolo à lire. Ben est expressif dans ses textos autant que dans sa vie réelle, dans sa façon de parler. C’est quelque chose d’assez tacite entre eux, de rester dans l’émotion l’un et l’autre, de ne pas se fermer, de ne pas essayer de cacher. Enfin… Bien sûr que Ben lui cache des choses, mais elle sait que ce ne sont jamais des choses qui pourraient l’impacter elle. Il a changé depuis qu’elle voit la psy, il est aussi allé à des groupes de paroles de son côté, il a fait des efforts pour se montrer plus vulnérable avec elle. Elle avait de la chance dans son malheur d’avoir un oncle comme Ben. Un pilier et un soutien sans faille, même si, il était souvent en retard à cause du travail.

Elle finit à avouer à Liz qu’elle vit chez son oncle. Parce que bah… Ben va venir et ce serait bizarre de le présenter comme autre chose que ce qu’il est. Elle ne mentionne pas le décès de ses parents. Même si elle arrive à en parler maintenant de manière un peu plus libre, comprenant que ce n’était pas une honte, mais plutôt un fait marquant de sa vie, qu’elle ne partagera qu’avec des gens en qui elle a confiance. La femme se lève, elle a l’air de ne pas être en grande forme. Elle prononce tout son prénom en entier. Allison ? C’est curieux, elle aurait pu avoir un autre prénom, comment savait-elle ? Et elle mentionne aussi qu’il aurait des raisons de ne pas venir travailler ici ? Elle penche la tête sur le côté, intriguée. Ce n’est pas du tout le discours que Liz tenait il y a quelques minutes. Vous connaissez Ben ? demande-t-elle tout à coup. Elle se redresse aussi et se lève pour s'approcher de Liz qui a l'air un peu perdue. Ça ne la dérange pas qu'elle connaisse son oncle, même si c’est troublant que ça tombe maintenant dans la conversation. A quel moment avait-elle fait le lien entre elle et son oncle ? Elle se sent désolée d’avoir menti, la femme savait-elle aussi que ses parents n’étaient plus là ? Liz veut lui répondre mais la porte sonne. Ah. fait simplement Alli, il était bien possible que ça fasse déjà cinq minutes qu'elle a reçu le texto.

Elles se regardent l’une, l’autre sans bouger, jusqu’à ce que Alli reprenne un peu ses esprits. Elle s’approche et vient poser sa main sur le bras de Liz. Ça va ? Vous vous sentez mal ? Vous voulez vous rasseoir ? demande-t-elle. Des pas se rapprochent. Des pas qui connaissent bien la boutique apparemment. Alli, Liz ? Vous êtes là ? demande une voix qu’elle connait bien. Oui, oui, on est là ! répond Allison. Mais Ben n'entre pas immédiatement. Je peux entrer ? demande prudemment la voix. Alli est suspicieuse, elle regarde Liz, savoir si elle va répondre. S'ils se connaissent, ils en font des manières ! Elle se demande si… Dans sa tête, tout va très vite et puis elle en a lu des romans à l'eau de rose : ils ont des passions très communes quand même et Ben qui a proposé d’attendre devant la boutique, puis qui a changé d’avis alors que Liz regardait aussi son téléphone. Il y a quelque chose de louche entre ces deux adultes. Il entre. La façon dont il regarde Liz confirme l’impression d’Allison, ils se connaissent c'est sûr. Il s’approche assez rapidement voyant que la femme et l'adolescente sont proches l'une de l'autre et Liz le visage mouillé. Ça va Liz ? Tu as un coup de chaud ? Il pose sa main sur le front de Liz, elle n’a pas l’air d’avoir de fièvre. Il la retire immédiatement comme s’il n’aurait pas dû ou que Liz était un être de feu. Il est gêné, ça se voit. Il pose sur Liz puis sur Alli un regard inquiet. Toi, ça va, Alli ? demande-t-il en lui souriant maladroitement. Alli lâche Liz, sur laquelle elle avait laissé sa main, pour s’approcher de son oncle et pose sa tête sur son bras. Ca va bien Ben, t’inquiète. On est des femmes fortes tu sais, pas besoin d'hommes pour nous protéger. Elle fait un grand sourire complice à Liz. Du coup, vous vous connaissez… Bien ? demande l’adolescente en s’éloignant d’un pas. Ben rougit et jette un regard à Liz. Alli, elle, se délecte de la situation qui a l’air plus compliquée qu’elle ne le pensait.