Hailee Burrows vous l’affirmera : elle ne déteste pas les gens. C’est l’Humanité avec un grand H qu’elle trouve détestable. Elle l’affirmera certes mais ne le défendra pas corps et âme. Quelque part, ça l’arrange que vous pensiez ça d’elle. Parce que paradoxalement, elle en fait quand même beaucoup pour quelqu’un qui ne croît plus en son prochain. Elle n’oserait jamais refuser de l’aide ou se montrer désagréable avec quiconque l’approche.
Ceci étant dit, la voilà qui se prépare à sortir. Ce soir, c’est l’inauguration du cinéma Stowe et elle a entendu dire qu’un documentaire sur la ville allait être passé à cette occasion. Sa curiosité d’historienne a tout de suite été piquée. Elle n’aime pas tant les grands évènements, surtout qu’elle sait pertinemment que ce genre de soirée va rameuter une bonne partie de la ville… Et c’est tant mieux. L’historienne aime bien aller au cinéma, et ça lui fait plaisir de voir que celui de la ville n’est plus menacé par la fermeture.

En route vers le cinéma Stowe, Hailee croise toutes sortes de personnes. Des jeunes, des moins jeunes, des personnalités de la ville comme madame la Mairesse. Oui, il y a du beau monde ce soir, c’est ce qu’elle constate en arrivant devant l’édifice. C’aurait été dommage qu’il soit détruit, se dit-elle.

L’historienne passe la porte en se faisant toute petite. De nature très discrète, elle ne souhaite pas se faire remarquer et ne cherche même pas à savoir si des personnes qu’elle pourrait connaître se trouvent à l’intérieur du cinéma. Elle était pourtant sûre d’être arrivée pile à l’heure pour pouvoir rentrer dans la salle de projection directement et ne pas avoir à faire la conversation… Alors, pour essayer de passer le temps, elle se dirige vers le buffet. S’occuper avec ses mains et avoir l’air de savoir où elle va sont autant de petites choses qui l’empêchent d’avoir l’air socially awkward, bien qu’elle le soit indubitablement. Face aux petits fours, elle croise une personne qui lui semble familière. Elle a déjà dû croiser tout le monde ici de toute façon. Elle sourit à l’homme aux cheveux roses en lui adressant un silencieux « Bonsoir. » et prit un petit four pour, donc, passer le temps. Vivement qu’on annonce la possibilité de rentrer dans la salle.

Soudain, c'est qu'elle aurait pu retrouver la foi car, comme ci on avait entendu ses prières, Ian Carter, le nouveau propriétaire du cinéma Stowe, leur donne la permission d’aller se placer. La brune soupire de soulagement aussi discrètement que possible et se glisse à l’intérieur de la salle noire. Elle se place sur le côté, sachant que ses places là sont le plus souvent désertées et attend sagement le début de la projection.

@Peter Black  

Résumé :

Le monde est petit. Oui. Jamie ne l’aurait pas dit en riant, lui, mais il ne compte plus le nombre de fois qu’il s’est fait la réflexion depuis qu'il vit ici. Depuis toujours, en fait. En cet instant, c’est étriqué qu’il le trouve, le monde, étouffant, aussi, quand il attend que le temps passe, le bras accroché à la taille de Grace. Au moins, il peut compter sur elle pour meubler la conversation et sauver les apparences. Elle a toujours su mieux y faire que lui et heureusement pour elle. Elle a hâte, lui aussi, mais pas pour les même raisons. De son côté, il s'est montré réticent au projet depuis ses débuts, redoutant le résultat plus qu’autre chose. C’est pour éviter un débat qui l’obligerait à prolonger le face à face Grace Aspen qu’il acquiesce d’un sourire poli. Il reste muet jusqu’à l’apparition de celle qui se présente comme la nouvelle capitaine de police et qui accroche d’un coup d’un seul l’attention de toutes les têtes. Autrement dit, ce qui serait son pire cauchemar, à sa place, mais là c’est une question de survie.
« Vraiment. » Qu’il se retrouve alors à répéter, un brin amusé par sa remarque. N’a-t-il donc jamais eu la tête de l’emploi sans qu’il ne l’ait jamais su ? Ou bien a-t-il une tête de menteur ? « J’espère que le documentaire vous y aidera, d'une certaine manière. » Après tout, quoi de mieux pour se familiariser avec la ville comme elle dit qu'un reportage sur sa triste histoire ? On ne se familiarise pas à Redwood Hills comme à n’importe quelle bourgade, surtout en venant d’ailleurs… « Si vous voulez. Peut-être après le film. » Il faudrait oui, pour lui aussi, pour sa tranquillité d’esprit, ce dont elle ne doit pas se douter. Il se demande si lui souhaiter bon courage serait de trop, trop décourageant, quand Grace donna le feu vert pour s’éclipser. « J’te suis. » Ce qu’il fait, sa main sur ses hanches donnant l'impulsion, lâchant un « Bonne séance ! » à l’intention de toutes et ça, juste avant que le rose lui monte au joue. La jeune Katey qui peine à tenir debout lui donne un air de déjà-vu. Non, pas encore, pas cette-fois, pas devant Aspen. Pas que Jamie croit en une sorte de lien étrange entre les jeunes femmes blondes et les chevilles fragiles, ni  qu’il imagine l’employée de Mairie modèle tomber à son tour sous son charme, mais il ne prendra pas le risque d'en avoir le coeur net, de raviver certains souvenirs non plus.
« Un plaisir, huh ? » Qu’il lance discrètement à l’intention de Grace une fois qu’ils approchent du buffet, goguenard. La joie que ce moment soit derrière eux sans doute. Au moins ça y est, Grace a vu la fameuse influenceuse. D’ailleurs, il ne dirait pas non à une coupe de champagne. Ne lui laissant l’occasion de répliquer, il s’éclipse pour réapparaître avec deux coupes dans les mains. « Va falloir récupérer l’as du flipper. » Jamie pense à voix haute, la coupe pas entièrement descendue quand le propriétaire des lieux termine son discours. Il le cherche du regard tout en examinant où se trouve la salle, certains qu'il les cherche déjà.

Grace avait très, très hâte que la projection commence enfin pour fuir cette ambiance de plus en plus tendue. Elle parvenait aisément à donner le change et à faire mine que tout allait bien, mais elle ignorait combien de temps elle tiendrait. Ainsi, elle trouva l’excuse de vouloir se rapprocher du buffet avant le début de la séance et entraîna dans son sillage Jamie. Par chance, Katey et Aspen ne les suivirent pas, poursuivant leur route de leur côté. Quant à Jenna, Grace aurait tout le loisir de la retrouver par la suite. Elle esquissa un sourire devant la remarque pleine de sous-entendus de Jamie et répliqua « Tu trouves que j’en ai trop fait, c’est ça ? » un rire gêné lui échappa. Jamie voyait parfaitement clair dans son jeu, et elle supposait qu’Aspen également, même si elle n’était plus dans les parages pour le confirmer. Elle attrapa un petit four alors que Jamie se détournait pour récupérer des coupes de champagne. Quand il réapparut pour lui en tendre une, elle s’exclama « Oh, merci, j’en rêvais ! J’aurai au moins besoin de ça pour oublier ce qui vient de se passer. C’était tellement… brrr. Tellement gênant. Je préfère ne pas y repenser » elle but une longue gorgée de champagne et se doutait que l’alcool risquerait de lui donner rapidement mal au crâne, mais qu’importe. Heureusement qu’Ian Carter intervint au même moment pour prononcer un bref discours les invitant à rejoindre la salle de projection, elle avait donc tout le loisir de se changer les idées. A la fin, elle approuva d’un hochement de la tête et, alors qu’elle commençait à chercher Marlon du regard, elle le vit arriver en trombe et lui adressa un chaleureux sourire. « Allons nous installer, pour trouver de bonnes places » mais pas question de renoncer à sa coupe de champagne non plus, elle y reste accrochée avec toute l’énergie du désespoir.

Dans la salle, les spectateurs s’installaient déjà, impatients et fébriles, mais les conversations ne se tarissaient pas encore. Comme l’avait dit Ian, ils avaient encore un peu de temps avant le début du documentaire. « Ici, ce sera parfait » décréta-t-elle en désignant les fauteuils dans lesquels elle rêvait de s’avachir. « Oh, je sais que j’apparais dans le documentaire, ça va me faire tellement bizarre de me voir à l’écran, je ne suis pas certaine d’être prête à ça ! » ce n’était pas la première fois qu’elle parlait devant les caméras ou était interviewée, en tant que maire de Redwood Hills, cela arrivait parfois, mais quand même. Cette fois, c’était différent. Et elle redoutait un peu le résultat final. « Alors, Marlon, tu approuves les jeux du cinéma ? » le jeune garçon semblait encore sur son petit nuage, elle en déduisit donc que la réponse serait positive.  

@Jamie Whelan  

Ce n'est pas le problème - une sentence attendue et pour autant difficile à décoder, alors que je lui envoyais de nouveau un regard en biais teinté d'embarras. Pourquoi ne pouvait-elle pas se réjouir pour nous ? C'était compliqué, de faire avec nos propres craintes en plus du jugement des autres, mais cela faisait partie du jeu, pas vrai ? Sauf que ce n'en était pas un, jeu, et que j'aurais volontiers clamé que c'était de loin le rôle de ma vie, que j'y mettais le coeur, la tête, la moindre parcelle de mon corps aussi, parce que je tenais tellement, tellement à elle. Teddy. Et tout ce qui nous attendait à l'avenir, incluant cet enfant. Alors, ce problème ? En levant les yeux vers ma fée, non loin là-bas, un éclair de compréhension me traversait, peut-être. Mais comment lui demander si c'était cela dont elle voulait parler sans avoir l'air complètement idiot ? Après tout, tout le monde en cette ville savait que le trublion Munroe trainait avec la Faraday en tout bien tout honneur depuis l'enfance, c'était dans l'ordre des choses, inscrit dans nos ADN mêmes et presque dans le décor de Redwood Hills. « Tu sais, c'est pas... » Ce que ce n'était pas en resterait là, pour le moment, tandis que la place était faite à l'un des maestro de la soirée pour le discours officiel d'inauguration. Je me taisais avec un mélange de soulagement et de confusion, accordant mon attention au propriétaire des lieux. Le discours de Ian Carter était accueilli par une vague d'applaudissements à laquelle je me joignais, avant que Joe ne reprenne immédiatement la parole. Touché, mais pas coulé, non, non. « Du fait que ton meilleur ami presque-comme-un-frère de toujours aura un bébé d'ici quelques mois et deviendra une personne très sérieuse qui manque cruellement de sommeil. » Répondais-je d'un seul coup, songeant que cette tactique répondrait peut-être aux interrogations de la jeune O'Hara plus que ne le feraient des explications frontales. Quant à Wanda, les confiseries semblaient la préoccuper bien davantage que nos histoires de famille. « Et s'il en reste, on gardera des rouges pour Teddy. » Bon enfant, la distribution des bonbons ne pouvait qu'être acte de paix. Pas vrai ? « C'est lesquels, tes préférés, Joe ? » Peut-être que cela lui montrerait qu'il n'y avait vraiment, vraiment pas matière à se faire des idées, à moins qu'elle soit attachée aux bonbons verts ou rouges, et dans tel cas, la compétition risquait d'être rude !

@Wanda Faraday (pnj) @Joe O'Hara