Tehaunui avait déambulé dans le festival, au milieu des stands, sans trop s’attarder sur quoi que ce soit. Il flânait, sans trop se soucier d’autre chose que de son fils qui dormait tout contre lui. Il n’avait pas vraiment fait attention au monde autour de lui, sauf quand il avait aperçu son beau-frère. Jamie est rapidement devenu un ami à qui il pouvait se fier, en qui il avait toute confiance. L’un des rares dont il ne se plaignait jamais de croiser. Ils étaient fait du même bois, se comprenaient et n’avaient pas forcément besoin de parler, de combler les silences. Le grand bavard qu’il était remerciait le garde forestier ! Un instant, Tehaunui se demande s’il aurait été saluer Grace s’il l’avait aperçu. Serait-il aller saluer Melody ? Sans doute pas. Il ne veut jamais s’imposer, l’hawaïen. Madame La Maire était certainement trop occupée. Et la blondinette n’aurait peut-être pas apprécié d’être vue avec l’un des professeurs du lycée… « Non. » répondit-il simplement à la question que lui retourne Moïra. Ils se rapprochent alors de Jamie. Pendant que celui-ci s’enquiert de comment va la jeune maman, Tehau ne peut s’empêcher de lancer un regard derrière eux. Vers l’endroit où l’inconnu avait filé. Juste pour voir où l’énergumène était parti. Pas emmerder une autre femme, il espérait. Il reporte son attention sur la discussion entre sa petite-amie et son beau-frère. Il ne peut s’empêcher un petit rire. « On va dire ça… » L’esprit mal placé… Si les deux avaient cette idée, d’autres l’auraient aussi ! « T’es coincé là toute la journée ? » A attacher des gens ensemble… Si Tehau n’est pas franchement tourné activité, surtout avec un nouveau-né avec lui, il avait surtout noté d’autres stands bien plus intéressants… « J’ai vu des gens avec des gaufres et une montagne de chantilly. Ca, ça me parle comme activité ! »

Arrivée au stand de Jamie, je l’empresse de le saluer chaleureusement et de lui demander des nouvelles. Le futur marié me répond qu’il va bien avant de me retourner la question. « Ça va très bien merci ». En aucun cas je ne voulais me focaliser sur ce qu’il venait de se passer. Je préférais en rester là où j’étais en arrivant au festival. C’est à dire de bonne humeur. Devant le stand de Jamie, impossible de ne pas remarquer le matériel présent et nécessaire pour l’activité proposée, alors je décide de le taquiner un peu concernant les attaches. Je ris légèrement face à la réponse qu’il donne. Apparemment Tehaunui l’avait déjà taquiné avant moi sur ce détail. « Du tout, nous sommes des anges... » dis-je avec un clin d’œil plus qu’amusé.

Jamie nous demande ensuite si d’autres activités nous ont inspiré. Tehaunui répond qu’il a repéré des festivaliers avec des gaufres et de la chantilly. Ce genre d’activité lui parlait. Je ris légèrement, amusée par la remarque du jeune hawaïen. Une de mes mains était toujours posée dans le dos de Tehaunui, je lance un regard amusé en direction de Jamie. « Depuis l’arrivée d’Elio je n’ai pas vraiment eu le temps de me mettre  derrière les fourneaux comme j’aime tant le faire. J’ai l’impression que ça manque à quelqu’un... » dis-je en désignant le jeune papa d’un léger signe de tête. Il est vrai que depuis la naissance d’Elio, les repas, enfin si on pouvait appeler ça ainsi, était toujours pris sur le pouce. Et encore quand c’était possible de terminer. Alors dès que l’occasion se présentait de déguster un mets, quel qu’il soit, Tehaunui ne se privait pas.

Moïra va très bien, selon ses dires. Peut-être pas l’exacte vérité, très bien c'est un peu fort après l’épisode qu'elle vient de subir, mais ça rassure Jamie qui acquiesce comme s’il la croyait à cent pour-cent. Que ces deux-là soient sages comme des anges, en revanche, il n’y croit pas beaucoup. Il va plutôt dire que les deux on l’esprit bizarrement tourné, oui, puisque Tehau lui donne raison. Il ne manque pas de le regarder droit dans les yeux quand il réagit à l’expression de Moïra. « Le seul ange ici, c'est lui. » Son index pointe sur Elio endormi dans son écharpe, imperturbable. Au cas où ce ne soit pas évident. Ça, Jamie est sûr que ni Tehaunui ni Moïra ne dira le contraire. Quant à savoir s’il est coincé là, le garde forestier sourit à l’idée de prendre une pause pour se balader avec eux avant même que son cerveau interprète la question comme telle. Il ne voudrait pas s’imposer. « Non, j'peux faire un break, ils s’en sortiront sans moi. » Il jette un œil aux collègues derrière lui, leur faisant signe. Les gaufres. Le genre d’activités qui plaît à son beau-frère. Pas surpris, Jamie. Il l’imagine plus en déguster que sautiller les pieds joints lors d'une chasse au trésor. Moïra et lui s’en amusent. « Ça tombe bien, je sais où est le stand. » L’avantage d’en tenir un lui-même et d’arriver tôt pour tout préparer. Il a bien repéré les lieux et a vu les camions et autres fourgonnettes arriver. Que sa belle-soeur surenchérisse élargit son sourire à l’encontre de l’hawaïen. « Faudrait pas laisser un tel géant mourir de faim. » Il répond à la brune mais c’est dans le dos de son ami que sa main donne une tape amicale. Moins forte qu’à l’accoutumé pour ne pas perturber le sommeil de son neveu. Et c'est comme ça qu’il passe de l’autre côté du stand et les entraîne vers le camion de gaufres, un dernier regard complice au couple. « J'vous en paie une ! » Allez. Ça lui fait plaisir. Naturel chez Jamie d’offrir quelque chose, comme pour compenser sa présence. Partager un moment avec eux un cadeau en soit qu’il veut rendre. « Avec supplément chantilly, j'suppose ? » Qu’il demande rendu devant, le regard passant de Moïra à Tehau et de Tehau à Moïra avant de passer commande.

@Tehaunui Kealoha & @Moïra Miller

Deux clans se créent. Mon fils prend le parti de la Oxburry et Ewen prend le mien. On en rit avant de poursuivre notre chemin. Ça fait un moment qu’on a passé un aussi bon moment, Cody et moi. Disons que ses visites sont souvent brèves et que je ne peux pas toujours en profiter au maximum. Deux jours, ça passe trop vite. Aujourd’hui, ça me fait plaisir de le voir rigoler avec Nicki. Il rit souvent, mais moins depuis quelque temps. Il comprend que la situation est tendue entre Caitlin. Malheureusement, il se trouve au milieu de nos incessantes disputes et une partie de lui le sait. Il me l’a déjà dit. Aujourd’hui, on repart à zéro le temps d’une journée. De simplement profiter de ce moment et oublier le reste. « C’est bien ça qui m’inquiète. » plaisante-t-il pour appuyer les propos de la jeune femme. Non, elle n’est pas sage. Je le sais très bien, j’ai souvent été témoin - et participant - de ses bêtises. Sauf que là, nous sommes parents et tuteurs, accompagnés de deux enfants bien curieux. Nous sommes les modèles à suivre. Reste à savoir si on a envie de prendre ce rôle à cœur en cette belle journée d’été ou si, nous aussi, on se permet de se lâcher un peu. « Au pire, je dirai que tu m’as ensorcelé et que je n’ai pas eu le choix. » On s’entend, une bière ne me fera rien et ne nuira aucunement à ma façon d’être avec Cody. Mais ces temps-ci, avec l’histoire de la garde, je remet beaucoup en question mes actions, par peur que ce soit retenue contre moi.

On se dirige vers le stand à boisson, non sans récolter un commentaire d’une petite dame qui les croise. Philip échappe un rire avec Nicki. « On ne sous-estime pas le chapeau de cowboy. » lance-t-il, riant de nouveau au prochain commentaire de son amie. « Ça te servira d’argument lors de ta prochaine rencontre avec la travailleuse sociale. » Nicki ferait une bonne mère. Ce n’est pas la petite dame ou la travailleuse sociale qui peuvent en juger. Elle ne montre pas souvent ce côté maternel, mais il est bien présent. Je le vois. Au stand, je fais comme elle et me prends une bière, ainsi qu’un jus pour Cody. À mon tour de couvrir la facture. Ne laissant aucune chance à la blondinette de le faire, je sors rapidement ma carte pour la taper contre l’écran de la petite machine tendue par le commis. Leur boisson servie, les deux garçons se lancent dans de grandes conversations existentielles sur les Lego. Je les regarde, sourire aux lèvres, repensant à ce qu’a dit la dame. « Ça me manque, parfois, d’être une petite famille. Même si c’était compliqué avec Caitlin vers la fin, on a eu de beaux moments avec Cody. » Étant trop jeune à cette époque, le petit ne s’en rappelle pas, mais à certains moments, il était possible de croire que ça allait marcher, cette vie à trois. « C’est difficile de m’imaginer faire ça avec quelqu’un d’autre. » Autant qu’il la déteste par moment, elle reste le visage qu’il voit quand il pense à ce genre de chose. Elle fut la seule, ça compte pour beaucoup.


@Nicki Oxburry

Si j’avais appris une chose sur le fils Black, c’était qu’il n’y avait pas moyen de lui faire changer d’avis lorsqu’il avait quelque chose en tête. En l’occurrence, il s’agissait de cette sacro-sainte confiture aux poires et, cette fois, je me contentais d’un sourire narquois. Si ça ne fonctionnait pas avec lui, peut-être aurais-je éventuellement l’occasion de tester la conviction de la confiturière en personne. « Okay, Peter. Je sens que je ne gagnerai pas contre toi. Pas à ce jeu-là en tout cas, mais ne pense pas que j’oublie ma victoire écrasante au chamboule-tout. » Plaisantais-je de bon coeur, tout de même ravi d’offrir des places de théâtre à sa famille ou lui. Chacun ses spécialités. L’une de celle des Black semblait être cette bonne entente entre eux malgré les désaccords, tout le contraire de la dynamique Hawkins-Munroe. «Les mères… » Autant le dire, je pensais plutôt à Teddy, qui venait de revêtir ce titre pour la deuxième fois, pour notre fils. Ellen restait loin de mes pensées, à cet instant, histoire de m’éviter de trop m’enfoncer sur une voie que je préférais ne pas emprunter. Peter était gentil, mais il demeurait un inconnu, et je ne comptais pas m'étendre sur ces complications avec lesquelles je vivais depuis un peu plus de trente-deux ans maintenant.
Les retrouvailles d’avec les responsables de cette situation, pour le moins loufoque, ne se faisaient pas attendre bien plus longtemps. Il ne m’était pas bien difficile de sourire, face à l’expression embarrassée de Peter, surtout. Martha Black avait cette bonne humeur contagieuse, même si cela était en quelque sorte aux dépens de son fils. « Attends, attends… Je peux t’avoir deux places pour toi aussi, et l’invité de ton choix. » Flèche décochée, rien que pour le plaisir de voir sa mère s’extasier à cette idée si j’avais bien compris. Changer le mal de place était une stratégie comme une autre et je préférais voir à l’oeuvre l’affection qui crevait les yeux entre Peter et sa mère que devoir penser à cette manie incompréhensible qu’avait la mienne de se comporter comme une personne tout à fait différente lorsqu’elle se trouvait avec qui que ce soit d’autre, comme elle le faisait à cet instant avec Martha. Parfait, je haussais un sourcil en ne pouvant m’empêcher de jeter un œil à ma mère, attentif à sa réaction. « Mais de mauvaise humeur, il ne faut pas l’oublier, Martha. Personne n’est parfait. » Pour sa part, Peter opposait à sa mère une phrase qui nous prenait sans doute par surprise, Ellen et moi, alors que nous échangions un regard circonspect. « Quelqu’un veut des glaces ? » Que je lançais alors en apercevant un stand au loin, autant nous changer à tous les idées à présent, les glaces ne décevaient jamais.

hj: