Drôle d’humeur, chez Ángel. L’homme qu’on connait réservé se révèle particulièrement mélancolique sous ce joli soleil de printemps, plongé dans des pensées très éloignées de ses rêveries habituelles. Le décès de sa mère demeure une blessure dont la douleur est toujours plus ou moins présente, parfois simplement mise en arrière-plan du reste. Or, se souvenir de sa dernière visite dans une église ne peut que ramener cette souffrance sur le devant de toutes ses pensées et de tous ses ressentis. « Enfin…Bref. » Des mots-meubles, uniquement voués à occuper l’espace et combler le silence. Maladroitement, Angie tente de les accompagner d’un sourire. Même s’il est habitué à être un interlocuteur tout à fait navrant, il se sent bien battre des records dans la tournure que prend la conversation avec Chase. « Pardon, j’ai pensé… » Qu’au-delà de la plaisanterie, le plus jeune voudrait partager quelque chose de personnel, peut-être ? Fronçant un peu les sourcils, le brun préfère refermer la bouche et détourner les yeux. Il n’a pas su saisir correctement la perche au bon moment, motif suffisant pour ne plus prononcer un mot de la journée selon son propre code de personne extrêmement embarrassée d’elle-même en toutes circonstances et particulièrement en celle-ci où Chase le remet à sa place. Avant de reprendre pour cette fois se livrer, ce qui du coup surprend encore plus Ange qui peine définitivement à comprendre la dynamique de cet échange.

« Oui, je comprends. C’est vrai que les gens d’ici sont particulièrement gentils. » D’accord… Merci pour cette intervention, monsieur-inintéressant. Il est mal à l’aise, Angie. Ça ne l’aide pas à trouver quoi que ce soit de pertinent à dire. « Ça me fait plaisir d’aider aussi, même si je n’appartiens pas non plus à la paroisse. » A peine mieux. Son regard cherche un point auquel s’ancrer tandis qu’il réfléchit à s’exprimer à son tour au sujet de sa foi, après tout c’est thématique, et surtout il ne voudrait pas donner l’impression de ne pas rebondir sur les paroles de son interlocuteur. Cette fois, c’est cependant par l’arrivée de son patron que le new-yorkais est coupé dans son élan et dans sa respiration, bien obligé de tourner la tête lorsque Chase le désigne d’un geste. Une grimace, un regard pour son accoutrement. Jeans et t-shirt sales, loin des costumes élégants dans lesquels il s’enferme à longueur de jours ouvrés pour se fondre dans le décor de la DeWitt. Dire qu’il a honte serait un euphémisme et d’ailleurs, Castiel DeWitt ne leur a même pas encore dit bonjour que les joues d’Angie sont déjà rouges vif.

« Monsieur DeWitt » articule-t-il avec respect tout en fixant ses yeux sur ses chaussures, remarquant du coin de l’œil l’état catastrophique de la chemise de son patron sans évidemment oser s’y attarder. « Je… » Une tentative pour formuler un début d’explication sur sa présence et le jardinage, comme poussée par l’envie de se justifier même si on ne lui a fait aucun reproche. Difficile d’entendre les compliments ou encouragements lorsque l’on est à ce point habitué aux quolibets. Et si les échanges se sont progressivement détendus avec Castiel DeWitt, force est de constater qu’un peu de terre de son côté et un peu de… soda ? de l’autre suffisent à rebattre toutes les cartes de la timidité maladive. Le moindre imprévu et tout l’équilibre patiemment construit au cours des derniers mois bascule. Imprévu que l’homme d’affaire explique rapidement dans un rire auquel Ange s’associe sans conviction. « Mince, c’est… Je note de ne pas me jeter sur ce stand. » Quelle angoisse, Ángel. Mais que bafouiller de mieux en la circonstance ? Heureusement pour lui, personne ne semble faire particulièrement attention à son embarras. Malheureusement pour lui, cet embarras ne fait que débuter et s’engage sur une pente particulièrement raide. Le rapport. Le fameux rapport pour lequel il a accepté d’aider Chase, le rédigeant en fait entièrement à sa place. S’il y a une chose à savoir au sujet d’Angie, c’est qu’il n’est pas bon menteur. Voire, il est carrément très mauvais pour les cachoteries et arrangements avec la vérité, or c’est exactement ce dont relève ce dossier pour lequel Castiel DeWitt félicite chaleureusement son collègue. Conséquence directe et inévitable : de rouge, le brun passe à cramoisi et semble commencer à se fondre dans le sol sous l’effet de la chaleur tout à coup insupportable.

« Ah euh oui ah euh ah bon ? oh c’est… wow, fé-félici… félicita… tions Chase. » Il manque d’oxygène, cet air, non ? En tout cas, Ange a bel et bien l’impression d’étouffer tout à coup. Par réflexe, il cherche le nœud de sa cravate pour le défaire avant de se rappeler qu’il n’en porte pas ; C’est simplement le poids de ce mensonge qui lui serre la gorge. Ce mensonge. Et si Castiel finissait par l’apprendre ? Déjà qu’il aura fallu laborieusement gagner la moindre once de crédit… Comment lui faire encore confiance pour quoi que ce soit, après une telle trahison ? Si les doigts de trouvent aucune cravate, ils finissent cependant bien par se trouver entre eux pour se tordre dans un geste nerveux qui dissimule mal -voire pas du tout- le gouffre de remords dans lequel le malheureux new-yorkais vient de tomber. « B-bien sûr ce serait… » La bouche s’ouvre, se ferme, grimace. Appelez une ambulance, ce type risque de tourner de l’œil d’une seconde à l’autre. « Ce serait… su-super que tu… enfin qu’on… je vais regarder si… » S’ils pourraient collaborer sur un projet ensemble ? Pourquoi pas, en soi. Angie apprécie Chase, il est content de l’avoir pour collègue. Tout comme il était content de l’aider et regrette désormais si amèrement de ne pas avoir osé noter son nom quelque part, même en tout petit, même en toute dernière page – parmi celles qu’on ne lit plus.

  mention de violences

En bonne éponge émotionnelle, le brun ressent bien que la vibe est un peu off. S’il est plutôt bavard d’habitude, il tente de s’assurer que son collègue allait bien. Visiblement dans ses pensées, Chase tente une autre approche, peut-être un peu plus humoristique, mais à nouveau, ses compétences relationnelles semblent lui faire défaut aujourd’hui.  Lui-même ne sait plus quoi dire, tente de relancer la conversation en espérant créer quelque chose, en abordant justement sa foi, après avoir hésité un instant, tout en expliquant les raisons pour lesquelles il avait envie d’aider aujourd’hui, ça lui tient à cœur d’avoir l’impression d’être utile, et de ne pas constamment être celui dans le besoin. La réponse d’Angel le fait sourire. Il n’en rajoute pas, se disant que le sujet ne devait pas plus l’intéresser que cela. On repassera pour le bounding time. De toute façon, l’homme de la journée et qui semblait faire angoisser Angel au plus haut point s’approchait d’eux. Dans un sens, Chase en est presque soulagé. Il se souvient des propos de son collègue et fait vite de se rhabiller avant de saluer l’homme d’affaires. Le plaisir est partagé, m’sieur DeWitt. Qu’il lui répond avec un sourire plus grand cette fois-ci, de ceux qui voient le positif partout. Il ne relève pas forcément la remarque au sujet du Pasteur, car premièrement, il ne le connaissait pas plus que ça, en tout cas pas intimement et deuxièmement parce que dans la mesure où ils ne se connaissaient pas non plus, il prenait cette note plus comme une affirmation qu’une demande de justification.  Castiel s’adresse ensuite à Angel qui semble avoir perdu l’usage de la parole. Lui, il relève le ton friendly du boss, et le décalage avec la manière dont le plus jeune recevait ses propos était flagrante. Un peu perplexe, il ne sait que penser, mais reprend le train de cette conversation en cours au moment où tous deux s’amusaient de la péripétie de chemise du businessman. Il se joint à eux à cet instant.   C’est noté, c’est plus safe du côté des tulipes. Plaisante-t-il tandis que l’homme se rapprochait davantage de lui pour le…féliciter. L’homme au débit de paroles rapide enchaîne à ce sujet. Lui il retient surtout qu’apparemment il n’avait pas bien compris la consigne et qu’il s'attendait à moins de sa part. En somme, qu’il avait fait perdre son temps au pauvre Angel. Chase est bien évidemment content, pas tant pour lui, mais s’imagine tout de même (à tort?) que cela devait faire plaisir à son collègue d’entendre un retour aussi positif sur son travail. Il aimerait bien pouvoir rectifier le tir, et lui dire la vérité mais l’homme enchaîne au point où Chase se dit qu’il attendrait son tour, la main enfantine légèrement redressée comme à la recherche du bâton de la parole. Angel le félicite. Le malaise est toujours palpable. Alors s’il n’en perd pas son sourire de labrador, le masseur qui déteste mentir, se dit que c’était probablement juste un mauvais moment à passer. Il en a vu d’autres. Il sursaute légèrement à sa tape - qu’il sait pourtant être amicale. Un souvenir, et le cœur qui s’accélère. La main qui punit n’est pas celle qui a atterrit sur son épaule aujourd’hui. Le temps passe, et c’est le soudain silence qui le fait revenir à l’instant présent. Il déglutit, mais la vérité est plus importante à son sens que des compliments ou les conséquences qu’elle pourrait avoir sur sa propre carrière. Il s’en remettra, c’est un survivant, au pire. Sa main se resserre nerveusement sur sa propre nuque.   Oh monsieur DeWitt je mérite pas vos éloges. Il se pince la lèvre inférieure. La vérité c’est que j’voulais pas vous décevoir, et je me sentais pas à la hauteur d’la tâche, en tous cas j’pensais pas que c’était juste une feuille à remplir… Qu’il explique honnêtement, en baissant un instant les yeux. Pourtant, il en a fait des études universitaires - bon, plus pour les fêtes qu’autre chose, mais le brun se pense trop débile pour pouvoir pondre lui-même ce genre de dossiers. J’ai demandé de l’aide à Ángel, qui comme vous l’savez est très compétent et professionnel, et tout. Pas comme lui, en somme, dans ce contexte qui préfère se contenter de son cahier des charges actuel. S’il y avait quelque chose qui pouvait le sauver, dans certaines situations, c’était sans doute sa tchatche et son côté touchant. Quand il s’agit des autres, il est plus doué pour les élever vers le ciel. Pas certain que son collègue apprécie réellement d’être mis en avant, mais Chase ne peut s’empêcher, dans son envie de rétablir les choses et redonner à César ce qui lui appartient en cherchant à croiser le regard de son interlocuteur. Si y a quelqu’un qui mérite, c’est Ángel, pas moi. J'ai juste appuyé sur print. Alors, s’il assume, pour la forme il ajoute : J’voulais pas être malhonnête, je suis vraiment désolé. L’optimiste espérait que ça puisse passer mais était assez réaliste pour s’imaginer qu’il avait aussi pu tout foirer en l’ouvrant aujourd’hui.

Après l’incident de la boisson gazeuse, Grace était ravie de pouvoir penser à autre chose et surtout, se dépêtre de toutes les questions des hommes un peu trop curieux – et une curiosité qui n’était clairement pas saine. Et en même temps, Asael avait raison par ses dernières paroles avant qu’elle ne se détourne. Pourquoi tant d’attention envers sa femme hospitalisée ? N’était-ce pas pour son bien ?  Elle n’était pas dupe, elle connaissait certaines rancœurs à l’encontre du pasteur, certaines qui ne dataient pas d’hier. Mais elle avait bien d’autres chats à fouetter pour le moment et elle préféra se détourner pour échanger avec d’autres bénévoles et paroissiens, à commencer par Benedict qui se trouvait déjà en compagnie d’une jeune femme que Grace connaissait bien, elle aussi. Elle adressa un sourire bienveillant à Samantha, en se souvenant combien cette dernière avait pu aider son fils des années plus tôt, puis s’excusa de sa maladresse auprès de Benedict, même s’il n’avait absolument pas été touché par la boisson. « Ce doit être ça ! Ou une intervention divine, au choix » plaisanta-t-elle en songeant à quel point cet incident tombait à pic. « Oui, on a de la chance de vous avoir » confirma-t-elle quand Samantha fit remarquer qu’il en avait déjà fait beaucoup. « C’est précisément à ça que sert cette journée. Donner un coup de main, réaliser quelques petits travaux… et se rendre compte de la masse de travail qui nous attend. Et ensuite, revenir pour poursuivre le chantier » expliqua-t-elle, amusée. Grace appréciait ces journées solidaires, elles étaient nécessaires pour le bien de la paroisse comme pour celui des habitants, mais elle n’oubliait pas que la majorité des actions se déroulait dans l’ombre, tout au long de l’année. Et avec son emploi du temps de ministre, elle avait peur de ne pas en faire assez.

Imitant les deux autres, elle leva le nez vers l’église et son cœur se gonfla d’affection pour cette dernière. Pour cette ville, qui était la sienne depuis toujours ou presque. Longtemps, elle s’était considérée comme une véritable new-yorkaise, pendant vingt ans, avant qu’elle ne réalise ce qu’elle avait toujours su en réalité. Son cœur appartenait à Redwood Hills. Du coin de l’œil, elle aperçut Peter qui lui faisait signe et elle hocha la tête. Il vaquait à ses propres occupations, sans doute qu’elle ne tarderait pas à faire de même. « Je suis contente de te voir, j’espérais bien te croiser aujourd’hui » dit-elle en se retournant vers Samantha, n’ayant pas eu le temps de lui glisser un mot avec toutes ces péripéties. Et puis, elle vit s’approcher June Austen du stand de ravitaillement et son regard s’éclaira. La jeune femme ne semblait pas oser les interrompre, mais Grace s’exclama « Bonjour, June ! » elle connaissait bien cette dernière, notamment grâce au club cuisine auquel elles participaient toutes les deux. Et naturellement, comme Grace avait un radar à bébés, elle ne put que se pencher vers la poussette pour observer la petite fille à l’intérieur. « Oh, Lydia a encore grandi depuis la dernière fois, elle est absolument adorable » un avis bien peu objectif de la part de l’avocate qui adorait les bébé et regrettait chaque jour que sa fille de trois ans et demi ait déjà quitté ce stade.  

résumé:

Samantha sourit, la conversation dérive sur la météo mais ça ne gêne pas à celle qui a l’habitude d’entendre des choses bien plus difficiles. C’est une pause cérébrale, en ce beau dimanche qu’elle sait apprécier à sa juste valeur. Elle ne peut donc qu’acquiescer avant de lui confier vouloir se rendre utile mais que ses propres peurs semblent la couper dans certains de ses élans solidaires. Une chance pour elle, Benedict n’est pas du genre à vouloir pousser les autres dans leurs retranchements et suggère d’éviter de la faire grimper sur une échelle. La blonde ne peut que lui en être reconnaissante, tandis que Grace ne tardait pas à les rejoindre. Si Benedict avait le sentiment de ne pas faire assez, les deux femmes sont d’accord pour dire qu’il a fait ce qu’il pouvait et que c’était déjà très bien. Il confie aimer restaurer d’anciens meubles, une anecdote qui ne rentre pas dans l’oreille d’une sourde. J’en prends bonne note, j’adore la récupération mais je n’ai pas encore les compétences pour. Elle sourit, dans une autre vie, peut-être aurait-elle pu avoir ce genre d’activités avec sa sœur, qui elle, en revanche semble très douée de ses mains mais leur réalité était toute autre. Acceptation difficile. Elle chasse cette pensée pour laisser son regard se perdre sur cette belle paroisse. Comme le disait Ben, c’était aussi l’occasion de rencontrer ses voisins et d’entretenir cette relation communautaire.

Grace, se tourne dans sa direction et sa remarque lui arrache un sourire plein de douceur. Sa main se pose sur son bras, affective. Oh moi aussi ça me fait super plaisir, il faudrait qu’on aille boire un café à l’occasion. Alors qu’elle allait la féliciter à nouveau, son attention se porte sur une jeune femme qu’elle salue. Samantha sourit et tout comme Benedict, l’accueille en soufflant : Bonjour, l’odeur du brownie qui lui faisait tout autant envie. Il sent très bon, je me réjouis de le goûter ! Cependant, pour l’heure, il semblerait qu’il faille retourner aider. Le regard attendri vers la petite tandis qu’elle est soudainement reconnaissante, et choisit de prendre la main tendue par Benedict. Avec plaisir, un enthousiasme qui, bien que sincère, s’ajoute d’une précision : Si t’es patient, je suis pas sûre d’exceller. Pas comme lui, en tout cas, mais l’important était de participer, right ? Elle attend que Benedict lui emboîte le pas pour retourner à leurs activités tandis qu’elle souffle, à la recherche de plus de précision : Alors, qu’est ce que je dois faire exactement ? Elle est scolaire, prendra ses indications à la règle, évidemment.

résumé:

Dans la paroisse, Leo termine de rédiger son message. Il ne sait pas si plus tard il aura l’occasion d’échanger quelques mots avec Castiel mais s’imagine qu’il est peut-être plus judicieux de le faire dans un contexte où certaines oreilles ne traînaient pas. Son regard se relève finalement, surpris de la présence d’une femme qu’il ne connait pas spécialement - c’est plus lié à son manque d’investissement qu’autre chose car il ne parvient pas à la resituer. Force est de constater que Suzy est une paroissienne. A défaut de se méfier davantage, il saisit l’occasion qui lui semblait être une aubaine, à savoir d’essayer de la soudoyer pour qu’elle lui ouvre la porte du bureau du Pasteur. Il n’avait pas spécialement prévu de forcer la porte mais en bon opportuniste, le charmeur tente comme il le peut de convaincre la jeune femme avec son récit plutôt crédible sur son besoin de trouver du bicarbonate.  Déception. L’inutile lui répond par la négative, bien que désolée de ne pas pouvoir répondre à ses attentes.   Vous pensez ? Il lui semblait être le type de personnes plutôt bien équipées. Il n’insiste cependant pas, reconnaissant de loin la voix de Peter. Aux dernières nouvelles, il était en compagnie du Pasteur lorsqu’il s’était éclipsé; loin d’avoir envie d’être pris en flagrant délit, il abandonne son idée opportuniste. Je comprends, je ne voudrais pas être intrusif. Il sait quand il faut savoir battre en retraite. Il s’éloigne, décide tout de même d’entrer dans la salle de bain. Il voit que Suzy est toujours à proximité tandis qu’il essaie de rendre sa peau moins collante sous le jet du robinet. Pas grand chose à faire en réalité, il songe à s’éclipser, action qu'il entreprend en s'avançant pour quitter la paroisse.

Avec autant de prestance qu’il est permis d’avoir dans une telle situation, Castiel tente de décoller sa chemise empoissée de sa peau, mais rien à faire, le tissu semble avoir absorbé chaque fibre de son épiderme. Il passe un doigt entre son col et son cou, histoire de ne pas sentir ce truc poisseux. Peine perdue. Il s’en doutait, mais a tout de même tenté. Il lui tarde de rentrer se laver et se changer.
Ses pensées moroses s’éloignent vite en voyant @Ángel Ortega et @Chase Mason les mains dans la terre. Il a pris le temps de féliciter Chase pour son excellent travail, et qu'elle n’est pas sa surprise lorsque celui-ci lui avoue que le dossier a été fait par Angie.
Un sourire étire ses lèvres.
« Je vous remercie pour votre franchise, Monsieur Mason. C’est une qualité que j’apprécie énormément. Beaucoup n’auraient pas eu le courage d’avouer et auraient gardé les félicitations comme acquises. »
Et de ceux-la, l’homme d’affaires en croisent beaucoup trop. La charge de travail demandée les démasque rapidement.
Il pivote légèrement vers Angie, qui est aussi rouge que les fleurs du massif qu’il désherbe.
« J’apprécie ton attitude. Ce sont des valeurs que la DeWitt encourage. L’entraide. C’est primordial pour avoir de bonnes équipes. Je suis fier de toi. Et de ton travail. Je savais que tu serais une excellente recrue.»
Tout en regardant le jeune homme, Castiel ne comprend pas pourquoi son ami ne voit pas les qualités de son fils. Dès qu’ils se parleront, il en profitera pour lui dire tout le bien qu’il pense d’Ángel et de son implication dans son travail.
« Messieurs, je vous souhaite une bonne journée. Mes obligations m’appellent. »
Il adresse un clin d’œil à Ángel.
« Encore merci de votre franchise monsieur Mason. Il faudra que je prenne quelques minutes lorsque je passerai au Valhalla ou au Point afin que vous me fassiez un petit topo oral de ce que donne votre nouvelle activité. Pas besoin d’une étude de marché. Juste me dire simplement ce qu’il en est.»
Un grand sourire barre son visage tandis qu’il tourne les talons pour rejoindre sa voiture. Avant de quitter la paroisse, il va saluer Martha, puis @Peter Black  . Castiel cherche du regard Leo. Ne le voyant pas, un léger froncement de sourcils assombri sa face. Il n’a aucune confiance en @Asael O'Neil .
Malgré ses réticences à retourner lui parler, Castiel se force à se montrer poli. Après avoir trouvé sa cible, il se dirige vers O’Neil et extrait un bout de papier collé et ratatiné de la poche de sa chemise tandis qu’il l’agite mollement devant l’homme d’église.
« Je crois que c’est tout ce qu’il reste de mon obole pour votre paroisse.»
C’est avec une certaine malice qu’il regarde le bout de papier.
« N’ayez crainte, je vous en ferai parvenir un autre. C’est avec regret que je dois partir. Un avion m’attend. Mes amitiés à Anahid. »
La mine dégoûtée, il regarde l’habitacle de son bolide et son costume, puis avec un haussement d’épaules fataliste, il se glisse à l’intérieur.
Avant de démarrer, il renvoie un message à @Leo Jensen  .

Castiel Je quitte la fête. Fais gaffe à toi, on n’est jamais trop prudent avec ce genre d’individu.

résumé:

Qu’il peut être agaçant, ce petit Black… Bien qu’habitué, le pasteur ne doit pas moins prendre sur lui pour afficher un sourire calme et prêter oreille attentive au débit insurmontable de paroles. Se servir de ses propres sermons contre lui, quelle audace ! Cependant, il faudra bien reconnaître qu’Asael a été bon pédagogue : Peter a parfaitement compris le sens de ses mots. Quant à savoir si mentir pour permettre à Anahid serait réellement une bonne chose… C’est une tout autre histoire. « J’apprécie de constater que vous êtes très attentif pendant les prêches, cher Peter. » Antiphrase de circonstance, le pasteur retient le soupir qui lui aurait volontiers échapper. Toute cette discussion l’ennuie à vrai dire particulièrement, lui qui n’avait pas prévu que cette fête se transforme en enquête sur sa vie privée. Que les paroissiens peuvent être curieux ! C’en est usant. D’ailleurs, la majeure partie de leur curiosité demeure un véritable mystère aux yeux du vieil homme. « Je crois que vous vous trompez… Tous les membres de sa famille peuvent lui rendre visite. Simplement pas les paroissiens. » Un sourire et cette question qui lui revient : pour qui se prend-il, ce Peter Black ? Sauf preuve du contraire, il n’a aucun lien de sang avec son épouse. Quant aux rares personnes qui en ont encore, aucune ne vit toujours à Redwood Hills. Asael a beaucoup de défauts mais il est loin d’être idiot : évidemment qu’il n’aurait jamais pris ce risque.

Cependant, il sent bien qu’il ne gagnera pas cette partie ici et maintenant contre le petit Black qui s’obstine. Allons bon. En proposant de se fier à Martha, le pasteur pense pouvoir différer le moment de rendre des comptes et potentiellement s’en sortir. Réfléchissant à la suite de cette stratégie improvisée, il suit donc le jeune homme dans l’église à la recherche de sa mère. Évidemment, elle est affairée à la tâche – elle. « Bonjour Martha. » Un sourire bienveillant, de ceux qu’Asael feint particulièrement bien. La situation est vite expliquée, la réaction ne se fait pas attendre. Comme prévu, madame Black déborde d’un enthousiasme qu’Asael pense pouvoir tourner à son avantage. « C’est bien sûr parce qu’elle a toujours été tant aimée que l’absence de mon épouse nourrit désormais de si grandes rumeurs… Je n’en prends pas ombrage. » Ce qui est vrai, au fond. Il aurait préféré que cette absence soit plus discrète, mais ne peut se plaindre de constater que sa merveilleuse épouse manque à tant de personnes. Elle lui manque, à lui, en premier lieu. « Eh bien, j’avais prévu de lui rendre visite le mois prochain. J’ignore en revanche comment nous vous ferons rentrer, les services qui s’occupent d’elle connaissent bien sûr tout de son arbre généalogique, alors… A moins de contacter sa dernière sœur vivante qui habite désormais au Texas, je ne saurais comment faire. » Et il ment bien, Asael. Sait parfaitement manier les tonalités de sa voix pour exprimer le doute ou la déception, maîtrise chaque tressaillement de ses lèvres en une moue tout à fait crédible. Cela laisse au moins un mois pour trouver une solution qui semble d’emblée compromise : la pirouette ne lui parait pas trop mauvaise.
 
C'est à ce moment que DeWitt interrompt l'échange, tendant au vieil homme un bout de papier détrempé. « Je vous remercie. » Cette fois, la voix est sèche. Voilà qu'à cause de ce fichu Black, Asael a raté l'occasion de coincer DeWitt ! Sa nonchalance et son orgueuil ont le don d'exaspérer le vieil homme qui serre entre ses doigts les restes du chèque partant en lambeaux. « Généreux mais pas toujours de la plus grande des politesses »note-t-il à l'adresse de Martha une fois DeWitt parti.

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